You deserve the whole universe and I'm just a star
But I'm a creep, I'm a weirdo, what the hell am I doing here ? I don't belong here. Don't care if it hurts, wanna have control, want a perfect body, want a perfect soul.
Je n'y ai pas vraiment cru quand ce matin j'ai vu que j'avais un message de Nathan. J'étais étonné de moi-même de ne pas avoir déjà oublié, vu tout ce que j'ai pris pour faire passer l'idée de ce garçon qui hante ma tête depuis que je l'ai rencontré et que ça s'est fini en tête à tête avec ma bière et moi. A vrai dire, je comprend mieux la décision qu'il a pris au pub, partir en découvrant la vérité, que la décision qu'il a pris en voulant me revoir pour qu'on parle. J'appréhende un peu ce qu'il va me dire, comment ça va se passer et je ne sais même pas pourquoi je suis comme ça d'ailleurs. Il ne me doit rien, et moi non plus d'ailleurs mais je ne sais pas, il y a ce truc, pas moyen de mettre un mot dessus, ni vraiment moi-même de savoir exactement ce que c'est, mais c'est spécial. Je n'ai pris depuis hier soir, je commence un peu à le sentir, je me mord un peu l'intérieur de la lèvre, c'est mon tic universel, aussi bien parce que je suis quelque peu en manque mais aussi parce que je suis un peu... Stressé ? Quand je vous dis qu'avec ce garçon il m'arrive des trucs bizarres. Il voulait un endroit calme, pour pouvoir parler sans être dérangé, du coup on a opté pour le parc. C'est un endroit calme, apaisant, en plus on a de la chance, il y a un beau soleil, ce matin il est tombé quelques gouttes mais là on est juste bien. Je marche dans le parc en cherchant Nathan des yeux, l'odeur de l'herbe mouillée vient chatouiller mes narines, ce qui me fait un bien fou. Je finis par apercevoir le brun, et je m'avance vers lui, les mains dans les poches de ma veste. Il est comme dans mes souvenirs, avec ses cheveux, ses yeux envoûtants, lui tout entier qui laisse transparaître, même de loin, sa gentillesse sans limites. J'arrive à sa hauteur après une marche qui semble être passée vite, ou lentement je ne sais pas trop. Je lui souris, d'un sourire un peu gêné aux vues des dernières choses que nous nous sommes dîtes. « Salut. » Je ne sais pas vraiment quoi dire, d'un côté j'ai un peu envie de foncer tout de suite dans le vif du sujet, mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit politiquement correct alors je me contente de l'accoutumée : « Ça va ? » avant d'ajouter, « Tu préfères qu'on se balade ou qu'on se pose ? » Je tiens à ce qu'il soit à l'aise, après tout c'est lui qui voulait me parler, alors autant qu'il se sente bien pour le faire sereinement.
Et voilà, le SMS était envoyé. Si j'ai donné suite à cette rencontre qui s'est finie sur une note désastreuse, ce n'était pas sur un coup de tête mais une décision mûrement réfléchis. J'ai laissé passer deux jours, eu plusieurs conversations avec Myrddin pour, au final venir sur la conclusion de tout de même tenter. Au mieux je réussi et Cole sera plus serein, au pire ça ne réussit pas, je tomberais de haut mais je me rattraperais. De toute manière, à force de vouloir se protéger sois-même, on fini par avoir peur et la peur n'a jamais rien réglée. N'est-ce pas le moment de faire ce que Cole, justement, m'a dit qui était bien ? Sortir de ma zone de confort. Ça passe ou ça casse, y a qu'un seul moyen de le savoir et ce n'est pas en restant là, seul chez moi, que ça ira mieux. La réponse ne tarde pas à arriver. Sobre, presque froide. Mais m'attendais-je réellement à voir des smiley partout ? Non, clairement pas. Je lui réponds donc tout aussi sobrement et mon cœur rate un battement lorsqu'il me dit qu'on se retrouve à 16h dans le parc.
Évidemment, je suis en avance. J'ai laissé mon fauteuil à l'appartement et j'ai décidé de sauter le pas et partir, appuyé sur mes béquilles. C'est la première fois que je sors marcher seul. C'est flippant et même temps ça fait du bien. Deux pas de franchit en une journée, c'est assez incroyable, le premier étant de prendre les devant envers Cole. Le deuxième, c'est la marche. Et le troisième ? On verra comment Cole réagira, chaque chose en son temps. Ainsi, assis sur le banc, je commence à stresser, sentant la pression monter en moi. Déjà que je manque de confiance en moi en temps normal, mais alors là c'est pire. Parce que clairement, ce Cole ne me laisse pas totalement indifférent. S'il n'y avait pas eu cette histoire de drogue, je pense qu'on aurait fini comme Lou le voulait : dans un de nos lits. Avec une suite ? Sans lendemain ? Jamais je ne le saurais.
Un mouvement sur ma droite me fait tourner la tête et mon cœur manque un battement en reconnaissant Cole. Je déglutis difficilement et me redresse lorsqu'il arrive vers moi. « Salut » dis-je en lui adressant un petit sourire avant d'hausser les épaules quand il me demande si ça va et si je préfère qu'on aille se balader ou qu'on se pose « Je … on peut se balader un peu si tu veux, ça me dérange pas » dis-je avant de me redresser. J'attrape mes béquilles et prends appui sur le banc pour me lever avant de me stabiliser. Je désigne le chemin et commence à marcher avec une facilité que je trouve assez déconcertante je dois l'avouer. Mais peu importe.
Nous marchons quelques instants, silencieux avant que je ne décide de prendre mon courage à deux mains. «Écoute Cole » dis-je en m'immobilisant, ne parvenant pas encore à marcher et à parler en même temps «Je … comme dis dans le sms, je tenais à m'excuser pour ma réaction au bar la dernière fois. Je …. » je pince les lèvres, hésitant « C'était vraiment pas cool de ma part. Je veux dire, tu t'es confié sur un thème vraiment important, je suppose qui ça a dut te demander autant de courage que ça m'a demandé de te parler de l'incendie » je pince les lèvres et lève mon regard sur Cole «C'était pas cool de ma part de t'avoir laisser en plan à ce moment là » je grimace légèrement « Et puis ce … c'est pas ta faute. Enfin, pas totalement et ...» je me tais, hésite puis prends une profonde inspiration « Si t'as besoin d'aide ou de soutient ou je ne sais quoi, je veux être là pour toi» dis-je d'une traite avant de baisser à nouveau mon regard, trouvant le sol tout à coup beaucoup plus intéressant que le reste.
Le voir sans son fauteuil me fait un peu bizarre, tout comme ça me fait un peu bizarre de le voir marcher à côté de moi maintenant, presque comme si de rien n'était, à chaque pas il m'impressionne un peu plus. Il m'avait dit la dernière fois qu'il pouvait marcher, mais je n'aurai jamais cru aussi bien, au point qu'il préfère qu'on se balade plutôt que de rester assis. Pendant un moment on marche juste comme ça, sans vraiment se parler, le silence s'installe de lui-même, et il n'est pas vraiment gênant, je sais qu'il réfléchit pour trouver les mots justes, et moi je réfléchis à ce qu'il va bien pouvoir me dire. Il finit par s'immobiliser, peut-être parce que c'est un peu compliqué de se concentrer sur sa marche et sa parole en même temps. Je fais un pas de plus que lui, le temps de me rendre compte qu'il s'est arrêté, et je me retourne vers lui pour le regarder. Il me regarde, et il est là, il s'excuse, se pince les lèvres entre chaque phrase avec ce petit air bien à lui, et il me dit que ce n'est pas ma faute et qu'il veut... être là pour moi ? Mon cœur manque un battement, sans vraiment que je comprenne pourquoi, pourquoi il me fait autant d'effet, pourquoi je pourrais juste marcher dans le silence avec lui sans me lasser. Mais je ne veux pas. Je ne veux pas qu'il m'aide, ou qu'il soit là pour moi, il compare même mes conneries avec l'incendie dont il a été victime, je ne peux simplement pas le laisser faire ça. Parce qu'il est tellement gentil, il voit tellement le bien partout, même en moi, mais ce qui m'arrive, c'est ma faute. Lui est un battant, il est là devant moi, droit dans ses bottes, debout grâce à ses béquilles, et moi je suis là, à avoir des frissons parce que ça fait 15 heures que je ne me suis pas piqué. Je me suis déjà rendu à l'évidence, je suis une cause perdue, et je ne veux pas que lui tombe dans les désillusions comme moi je l'ai fait par le passé, comme je continue de le faire dans les moments où ça va un peu mieux, quand je me dis que peut-être si j'avais quelque chose qui m'attendait je pourrai m'en sortir. Il regarde le sol, comme si il avait presque honte de ce qu'il venait de dire, il regarde le sol comme moi je l'ai fait quand je lui ai révélé ma situation il y a deux jours. Mais la situation est très différente, il ne devrait pas faire ça, parce qu'il n'a pas de raison d'avoir honte, ou d'avoir peur de me regarder. A moins que ce soit juste trop dur pour lui de me regarder. Je ne sais pas vraiment, mais après avoir laissé le silence prendre possession de nous après son explication, je m'avance vers lui. Je ne réfléchis pas et je fais simplement les choses comme elles viennent, ma main vient d'elle même se glisser sous son menton pour relever doucement sa tête et je peux maintenant le regarder dans les yeux. Sa peau est douce, un peu comme une peau de bébé, exactement comme je l'imaginais.Ce contact m'aide. Ça m'aide un peu, ça m'aide à me convaincre moi-même que ce que je suis sur le point de dire est la bonne chose à faire, même si une partie infime de moi aurait envie de lui dire le contraire. « T'as pas à t'excuser, pas du tout, et surtout ne pense pas que la situation dans laquelle je suis n'est pas de ma faute. » Ma main retombe le long de mon corps, mais mes yeux continuent de soutenir son regard, et bon dieu ce que j'aimerai lui dire que je veux qu'il reste, qu'il soit là, pas qu'il m'aide, mais simplement qu'il soit là. Mais je ne peux pas, simplement parce que j'aurai trop peur de le détruire comme je me détruis, qu'il se brûle les ailes en essayer de me sortir de mon trou, qu'il se perde en essayant de me trouver. « Je suis pas... Bien pour toi, tu pourras pas m'aider Nathan, ça va te rendre dingue de voir qu'à chaque fois je retombe, que c'est toujours la même. Ça va te faire du mal. Et c'est... C'est pas ce que je veux. » Je détourne un instant les yeux, parce que c'est difficile pour moi, d'admettre ça, je ne comprend pas ce qui m'arrive parce que je suis déjà attaché à ce garçon, comme si je le connaissais depuis des années. Je déglutis, je respire un coup avant de reposer mon regard sur lui et d'ajouter, « Et j'aurai aimé pouvoir moi être la bonne personne pour être là pour toi, pour t'aider avec tout ce qui se passe dans ta vie, et si j'avais su que me droguer m'aurait empêché d'être cette personne là, j'aurai... J'aurai jamais commencé. Mais ça s'est pas passé comme ça... Et j'en suis désolé. Vraiment. Et j'aimerai te dire que si t'es là j'y arriverai, je m'en sortirai, mais la vérité c'est que j'en sais rien. Et ça aussi, j'en suis désolé... » Ce monde aurait été idéal, c'est inédit pour moi de penser comme ça, c'est la première fois que je dis ce genre de chose, en plus à un mec que je connais depuis trois jours. Mais il y a ce truc à propos de Nathan, qui doit sûrement donner à n'importe qui l'envie de l'aimer, d'être là dans les moments où il en a besoin, et même dans les moments où il n'en a pas besoin d'ailleurs. Ma gorge se serre et cette fois je suis définitivement obligé de détourner le regard, de peur de finir par craquer et lui dire de rester avec moi si mes yeux se perdent trop longtemps dans les siens.
Dire cette phrase à haute voix, me fait comprendre la sincérité avec laquelle je l'ai dites. Oui, je veux être à pour Cole. Je veux qu'il comprenne ce que ça fait d'avoir un ami sur qui il peut compter, lui montrer le bonheur que ça peut être d'être soutenu en toute circonstance. En suis-je réellement capable ? Seul l'avenir nous le dira. Mais pour ça, il faut déjà lui laisser une chance à cet avenir. Je vais tout faire pour y arriver, sans pour autant promettre la lune. Sauf que Cole, lui, ne semble pas de cet avis.
Alors que le silence s'est à nouveau installé entre nous, il s'approche et passe une main sous mon menton pour m'obliger à relever le regard sur lui. Je lève la tête, plonge mon regard dans le sien et me noie quelques instants dans ce regard brun, dans lequel on lit une profonde tristesse qui m'enserre le cœur. Je déglutis et sens ma gorge se nouer lorsqu'il me dit que je n'ai pas à m'excuser et qu'il ne faut pas que je crois que ce n'est pas de sa faute, que ce n'est pas une bonne idée non plus car il n'est pas un homme bien pour moi. Je ne pourrais pas l'aider et ça va me rendre dingue, que ce n'est pas ce qu'il veut. Un léger sourire vient enjouer mes lèvres. C'est déjà un bon début ça, au moins il se rend compte de tout ce que ça implique. Il me dit alors que s'il avait connu mon avis sur les drogues il n'aurait jamais commencé. Adorable. Mais il ne pouvait pas savoir que j'allais débarqué, moi. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je ne lui en veut absolument pas. Bien au contraire ! Mon sourire ne me quitte pas, encore moins lorsqu'il me dit qu'il ne sait pas si ça ira mieux si je suis là.
Et lorsqu'il détourne le regard, je lâche une béquille qui tombe au sol et pose, à mon tour ma main sur son visage. «Cole … » dis-je avec douceur alors que je plante mon regard dans le sien « Je ne te promet rien, je ne dis pas que ça sera facile, mais je t'en supplie, laisse moi t'aider. D'une manière ou d'une autre, je sais pas. Je ...» je me mordille légèrement la lèvre inférieure puis prends une profonde inspiration « J'ai déjà perdu quelqu'un dans une over dose» soufflais-je finalement « Je … je ne veux pas que ça recommence » je déglutis difficilement. Car oui, bien que cette même personne m'ait poussé à faire une tentative de suicide, je me rappelle de Daniel surtout comme étant quelqu'un que je n'ai pas pu sauvé. Ce n'est pas la même situation qu'avec Cole, loin de là. Daniel était hermétique, fermé à n'importe quelle tentative d'aller mieux. Cole, lui, ça se voit qu'il est a bout, qu'il a déjà ce désir d'aller mieux.
«On … on ne se connaît pas mais je … je sais déjà maintenant que je ne supporterais pas le jour où Lou ou quelqu'un d'autre m'annoncera que tu es mort » je lâche son visage et me recule un peu «J'ai envie d'au moins essayer, s'il te plais. Ce … c'est important pour moi » mais n'est-ce là pas aussi un raisonnement tout à fait égoïste ? Peut-être que Cole n'a vraiment pas envie d'aide ? Peut-être qu'il veut finir sa vie dans un squat de camé en over dose après avoir plané trop longtemps ? Dans ce cas, je ne pourrais vraiment pas l'aider et il sera effectivement plus judicieux de ma part de m'éloigner. «je ne sais pas où ça peut nous mener, mais je sais qu'on ne perd pas grand chose à essayer, tu crois pas ? » oh y a juste moyen que j'y passe émotionnellement parlant, mais à part ça, ça va.
Il sourit quand je lui parle, de ce sourire doux et simple, je ne sais pas vraiment pourquoi d'ailleurs parce que je suis en train d'essayer de lui dire de partir, de me laisser là, que je n'en vaux pas la peine, mais lui me sourit. Avec tout la bonté du monde. Alors que mon regard se détourne et que je m'attends à ce qu'il s'en aille, qu'il me laisse comme il avait bien fait de le faire la première fois, mais la seule chose que j'entends c'est sa béquille qui tombe au sol et sa main qui vient trouver ma joue. Il me regarde, intensément, profondément, comme si il pouvait lire dans mes pensées. Il commence à me supplier de le laisser l'aider et tout mon être est comme submergé par ce garçon, par ses mots, par ses envies, et j'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur, je sais qu'il ne s'attend pas à un miracle, je le sens dans la façon dont il parle mais rien ne peut le préparer à la difficulté qu'il va affronter. Moi, je sais ce que ça fait, j'ai déjà essayé, les tremblements, la tête à l'envers, la perte de poids, les sautes d'humeurs, et tout qui va avec. Et c'est là, alors que je pense à ça, que je pense au fait que dans le fond il ne sait pas vraiment de quoi il parle, qu'il m'annonce qu'il a déjà perdu quelqu'un des suites d'une overdose. Mon cœur se serre d'un coup alors que je vois la difficulté avec laquelle il m'annonce ça, je pense à ce qu'il a dû vivre, bien sûr je connais des gens qui sont morts à cause de la came, mais jamais des gens vraiment très proches. Et puis de toutes façons c'est pas comme si j'avais des tonnes d'amis proches de toute façon. Et je sens comme un poids sur mes épaules alors qu'il me dit qu'il ne supporterai pas que ça m'arrive. Justement, c'est ça dont j'ai peur, c'est exactement ça que je ne veux pas. « Comment je suis censé "essayer" avec une forte possibilité que ça ne se passe comme je le veux, si en plus je sais que tu ne t'en remettras pas si il m'arrive quelque chose ? » Je l'interroge du regard, les sourcils un peu froncés, l'air préoccupé, parce que ses mots me font envisager d'essayer à ses côtés, malgré la peur qui me ronge. Mais je ne veux pas qu'il en souffre, même si je sais que c'est inévitable. « Je comprend que c'est important pour toi mais... C'est important pour moi de ne pas t'entraîner avec moi, que tu ne te sentes pas coupable si tu n'arrives pas à m'aider comme tu le voudrais... » Je comprend qu'il veut faire ça pour lui aussi d'un côté, peut-être pour pouvoir se concentrer sur autre chose que lui-même, peut-être aussi pour compenser la perte de cette fameuse personne qu'il a perdu sans parvenir à la sauver. Je ne sais pas, je ne comprend pas ce qui le pousse à vouloir autant essayer, ce qui le motive autant, ce qui lui donne envie de me sauver de moi-même.
« Moi je n'ai rien à perdre c'est sûr... Mais toi oui. T'as une vie, Nathan, une vraie vie, tu recommences à marcher, tu reprends tes études, regarde toi, tu dois pas gâcher tout ça pour un camé comme moi, crois moi tu n'en as pas envie. » Combien de fois mes parents me l'avaient répété, cette phrase, qu'ils ne pouvaient pas se permettre de se saigner pour un gamin comme moi, irrécupérable. Maintenant je comprend pourquoi ils me disaient ça, parce qu'ils voulaient se protéger, à juste titre dans un certain sens. Et aujourd'hui c'est à moi d'essayer comme je peux de pousser ce garçon qui veut m'aider, ce n'est pas facile pour moi, mais je fais comme si je savais exactement ce que je faisais, comme si c'était presque inné pour moi, parce que c'est plus facile comme ça, je n'ai pas le droit de lui montrer que j'aimerai pouvoir être avec lui, que toute cette discussion est comme un coup de marteau permanent dans mon esprit. « Je vais essayer, d'arrêter, mais je... Je ne veux pas que tu m'aides, je veux pas que tu sois mon bâton de vieillesse avant l'heure, je veux pas que tu te gâches la vie avec moi, parce que c'est ce qui va passer si tu m'aides. Alors, moi, je vais essayer... Tu pourras être là si tu en as envie, mais t'as pas d'obligation, je suis pas ton cas à sauver, je dois me sauver moi-même. » Je ne lui ferme pas la porte, bien au contraire, je le laisse entrer, parce que je sais que ça compte pour lui, comme il me l'a dit, c'est important. Alors je ne lui ferme pas la porte. Je lui dis simplement que je veux pas qu'il soit mon médecin ou mon tuteur de cure ou je ne sais quoi d'autre. Sa présence suffira, il n'aura besoin de rien faire, juste exister me suffira. Si je sais qu'il est là, pas loin, peut-être que ça pourrait marcher. Peut-être qu'il pourrait être la motivation que j'ai cherché pendant si longtemps. Je garde cette pensée pour moi, je ne veux pas qu'il sente cette responsabilité, simplement qu'il soit lui, quelque part, dans le coin.
Je sors de mes pensées pour revenir à la réalité, mes regard se pose sur sa béquille toujours à terre, je m'abaisse pour la ramasser, en me disant que ça sera peut-être plus simple pour lui de ne pas se baisser, et je lui tends, avec un léger sourire, qui semble anodin dans cette situation, mais qui est presque là pour le remercier de tout ce qu'il m'a dit avant.
Plus j'y penses et plus je trouve que mes supplications sont tellement égoïstes. Si je veux aider Cole, c'est en parti pour moi-même, pour avoir la conscience tranquille si jamais il lui arrivait quelque chose. Le sauver ? Pourquoi pas. Même si je sais que j'en serais incapable, j'aimerais essayer. J'aimerais qu'il me laisse faire, qu'il me fasse confiance. Ça passe ou ça casse, on ne peut jamais savoir à l'avance ces choses là. Tout ce que je sais c'est que ma décision est prise : je veux l'aider et je veux qu'il me laisse faire.
Mais lui ne semble absolument pas de cet avis. Au contraire. Il me demande comment il peut me laisser faire si les chances que je ne me remettrais pas d'un échec. Il dit qu'il me comprends, mais aussi que c'est important pour lui de ne pas m'entraîner là-dedans, que je ne devrais pas me sentir coupable si je n'y arrive pas. Il argumente avec le fait que j'ai une vie, moi et je baisse le regard, non pas par honte, mais par ennuie. Je n'ai pas envie de gâcher ma vie pour un came comme lui ? Est-il dans ma tête pour être sûr de ce qu'il avance ? Je ne pense pas. «C'est faux. » profitais-je du silence qu'il instaure après sa prise de parole «Oui, j'ai une vie, mais toi aussi tu en as une ! Merde Cole, tu as 26 ans, tu as la vie devant toi. Tu ne peux pas abandonner tout ce que tu peux vivre simplement parce que tu refuse mon aide » dis-je, plus fermement que je ne le pensais. « Je ne dis pas que je pourrais te sauver, tu es le seul qui en est capable. Mais je veux que tu sache que je serais là, que je te soutiendrais si jamais tu décides de trouver de l'aide» Je soupire doucement puis relève le regard sur lui lorsqu'il reprends la parole.
Il ne veut pas s'appuyer sur moi, ne veut pas que je sois 'son bâton de vieillesse', mais il me dit clairement qu'il ne me repoussera pas. Il ne veux pas que je le considère comme 'un cas à sauver' car il est persuadé que je n'y arriverais pas. Très gentil, adorable. Il s'inquiète bien plus pour moi que pour lui, ce qui me prouve sa bonne foie. Il finit tout de même par se baisser et me tendre la béquille qui est tombée au sol lorsque je l'ai lâchée avant. Je la prends en main, joue distraitement avec l'appuie puis relève mon regard sur Cole. Un regard emplie de détermination.
«tu sais Cole, on a tous besoin d'un ami sur lequel s'appuyer, au le sens figurer comme au sens propre. » reprenais-je « Je ne peux pas t'aider, c'est toi qui dois prendre une décision et te laisser aider. Mais moi je peux te soutenir comme je peux. Je peux être là pour toi si tu en as envie, simplement parler autour d'une bière dans un bar, au cinéma ou assit confortablement chez l'un ou l'autre. Je ne veux pas décider à ta place, je n'en ai pas la possibilité, alors ne décide pas non plus à ma place s'il te plaît» je fixe mon regard dans le sien « Je vais t'aider, je vais t'offrir tout le soutien dont je suis capable de te donner. Mais ...» je pince les lèvres, le moment crucial arrivant «Si jamais tu décides de ne pas te faire soigner ou de ne rien faire pour essayer de te guérir, je ne pense pas que tu me reverras » dis-je, essayant de garder un ton neutre, presque ferme, alors que mon cœur se brise à chaque mot qui sort de ma bouche. Je ne veux pas abandonner Cole à son propre sort, mais je ne veux pas non plus me laisser entraîner dans une histoire sans fin, dans cette spirale infernale dans laquelle je suis déjà tombée une fois et de laquelle j'ai mis presque deux ans à m'en sortir « Alors ?» demandais-je avec douceur après un petit silence, pendant lequel le temps semble s'être arrêter.
C'est faux. Ses paroles sont comme un mur qui me met face à mes peurs, peur de ce qu'il me restera une fois que tout ça sera fini, de ce qu'il reste à la fin, de ce qui m'attend si j'arrive à revenir dans la vraie vie. Ce qu'il dit résonne en moi, et quand moi, je lui parle, il m'écoute, ses yeux plongés dans les miens, avec ce regard déterminé qui me fait comprend qu'il n'est pas prêt de lâcher l'affaire. Ce regard déterminé que j'ai vu tant de fois déjà dans les yeux de ceux qui avait essayé de m'aider par le passé. Ce regard qui était si souvent suivi des regards déçus, fatigués, lassés. Et tout ça, ça représentait tout ce que je ne voulais pas voir chez Nathan. Son regard reste fixé dans le mien, même quand c'est lui qui me parle, même quand c'est lui qui me parle doucement, qui m'explique son point de vue, qui me demande de ne pas décider à sa place. Et sa réponse se finit sur une question, mon cœur qui se serre, et un poids sur mes épaules. Un poids qui semble presque se rependre dans le silence qui s'installe autour de nous. Alors ? Sa question reste dans l'air, peut-être que si il y avait eu du vent ce jour là elle aurait pu s'envoler et me laisser tranquille, me laisse profiter d'un moment avec Nathan sans que j'ai l'impression d'être torturé. Alors ? Est ce que j'en suis capable ? Est ce que j'ai la volonté, le courage, la forcé nécessaire pour résister à l'appel de mon échappatoire de toujours ? Est ce que je suis capable de changer de vie, d'effacer et d'oublier celle que je vis depuis si longtemps ? Alors ? Et puis, au final est ce que je fais ça pour moi ou pour Nathan ? « Je... Je sais pas Nathan, je pense qu'il faut que je réfléchisse je suis pas sûr que ce soit le genre de décision qui se prend un cinq minutes je... Je voudrai pas te faire de promesses que je peux pas tenir. » Je déglutis difficilement, mon regard toujours planté dans le sien, je peux presque sentir mes genoux trembler, parce que j'ai peur que ça ne lui suffise pas, que moi je ne sois pas assez, ou peut-être que je sois trop. Mais l'honnêteté primera toujours sur le reste, comme je l'ai fait lors de notre premier rendez vous, alors pourquoi changer maintenant. Pourquoi lui promettre que j'en suis capable alors que moi-même je n'en sais rien. Dans le fond si je voulais simplement lui faire plaisir bien sûr que je lui dirai que je peux le faire, que je peux même commencer maintenant si il le veut, et que demain tout sera fini. Mais ça ne marche pas comme ça. Je ne marche pas comme ça. « Je veux pas te décevoir, tu sais. » Je détourne le regard, pour me relâcher, je passe ma main à l'arrière de mon crâne, profitant de la sensation de mes doigts qui passent dans mes cheveux, plus pour me donner une contenance qu'autre chose. Je ne sais pas ce qui m'arrive, je ne sais pas ce qui fait que je suis presque prêt à faire tout ça pour un garçon que je ne connais qu'à peine, je ne comprend pas ce qui le rend si spécial à mes yeux, ni ce qui lui donne à lui envie de m'aider, de rester à mes côtés, même quand tout semble jouer contre moi. Sa dernière phrase avant son "Alors" résonne encore moi, ce qui plane au dessus de moi, le fait que si je ne change pas, ce n'est même pas la peine de le revoir. Quand je vois à quel point la première fois qu'il m'a laissé à cette table, j'ai senti comme un vide, un vide singulier, que même la plus grosse défonce de ma vie n'a pas réussi à combler. Sans que je comprenne pourquoi ni comment j'avais déjà un vide avec la forme de Nathan dans mon univers. Un vide que je ne veux pas ressentir à nouveau. Et je sais qu'alors, je n'ai qu'une seule solution. Difficile à admettre pour moi. « Et... euh... Ça me ferait chier. » Je dis ça comme si ce que je voulais dire était évident. « De pas te revoir, je veux dire. » J'ai presque l'impression que ça m'arrache la gorge, que ça me brûle, une brûlure qui prend toute la place dans mon être, et que je n'arrive pas à contrôler malgré tous les efforts que je fais pour le repousser, pour lui donner envie de partir, pour le convaincre de s'enfuir. Je veux que ça soit moi qui lui dise de partir, que d'une certaine façon ça soit presque ma décision, parce que j'ai peur de ce qui arriverait si c'était lui qui partait, de lui-même. Si il prenait vraiment la décision de me laisser. Peut-être que ce que je viens de lui dire lui paraîtra anodin, d'ailleurs. Mais c'est ma façon à moi d'exprimer ce que je ressens. Ma façon à moi de m'avouer que ce garçon me plaît plus que de raison.
J'hoche doucement la tête lorsqu'il me dit que ce n'est pas une décision qu'il peut prendre là, tout de suite, sans y avoir réfléchis. Je ne le comprends que trop bien et j'accepterais plusieurs jours de réflexion de sa part. Mais alors, que dois-je faire jusque là ? Me tenir loin de lui ? Rester auprès de lui et apprendre à le connaître ? Et si sa réponse est négative, dois-je réellement rester loin de lui ? Je soupire doucement et me recule un peu « Je comprends» dis-je en hochant la tête « Et je … enfin, tu as mon numéro en tout cas, tu … tu me tiendras au courant, ok ?» demandais-je, tout à coup bien moins sûr de moi.
Je ne suis déjà pas très à l'aise en temps normal, alors si en plus je dois m'affirmer de cette manière aussi longtemps, pas étonnant que je perde assez rapidement mes moyens. Je l'observe reprendre contenance en se passant une main dans les cheveux et sourit légèrement à l'idée qu'un jour je le ferais aussi. Il finit par m'avouer que ça le ferait chier que je ne veuille plus le revoir et cette révélation fait rater un battement de mon cœur. « Moi aussi ça m'embêterait de ne plus te revoir» avouais-je en me passant une main sur le bras.
Je fini par prendre correctement appui sur mes béquilles et plie légèrement la jambe droite pour la soulager un peu avant de regarder vers le bout du chemin « ça te dit qu'on continue un peu ?» demandais-je en relevant mon regard sur Cole « ou est-ce que tu préfères faire demi tour ?» je regarde vers l'arrière et évalue rapidement la distance que nous avons déjà parcourue tout en me disant que si on continue le retour sera sans doute laborieux pour moi. D'autant plus que je dois encore faire tout le retour vers l'appartement. Cela dit, ce n'est pas en m'en tenant qu'à ce que je ressens que je parviendrais à m’améliorer physiquement «Je serais pour continuer encore un peu » dis-je finalement. Et je pense que je le ferais, avec ou sans Cole.
J'ai l'impression que sa confiance s'ébranle un peu, ce que je comprend. Il aurait sûrement plus apprécié que je lui dise de suite ce qu'il voulait entendre. Mais je ne triche pas, pas dans la vie en générale, et pas avec lui non plus. « Bien sûr, je te tiendrai au courant. » Je lui souris doucement, peut-être un peu soulagé que cette conversation touche à sa fin, ce n'est pas de tout repos de réfléchir à sa vie comme ça. Et puis ça ne m'arrive pas souvent donc il faut que je m'y habitue. Mon sourire s'agrandit quand il m'avoue que lui aussi serait bien embêté de ne pas me revoir. J'ai l'impression d'avoir 15 ans, à me voir comme ça, tellement je ne peux m'empêcher de garder ce petit sourire idiot plaqué sur mon visage. Bien sûr, je sais que ça ne sera pas facile, peu importe ce que je décide de faire et ce que je finis par vraiment faire, mais je sais aussi que ces paroles, sourires et attentions ne sont pas anodines, qu'elles viennent de son côté ou du mien. Et ça suffit à permettre à ce sourire idiot de rester sur mon visage largement plus longtemps que d'habitude, sans être perturbé par une de mes pensées de camé. Il me regarde, me demande si je préfère continuer ou faire demi-tour, mais je sais très bien qu'il a envie de continuer alors je ne vais pas me priver de le faire avec lui après tout, ça devrait nous faire du bien de peut-être parler de sujets plus légers, ou même de juste apprécier le silence du parc. « On peut continuer encore un peu. » Je pose mon regard sur lui, là, avec ses béquilles, son sourire et ses yeux posés sur moi. Je regarde le ciel l'espace d'un instant, sans vraiment savoir trop pourquoi, Nathan doit sûrement se dire que c'est pour vérifier qu'il ne va pas se mettre à pleuvoir soudainement, mais je pense que pour moi c'est peut-être plus pour remercier la bonne étoile perdu quelque part là haut, la bonne étoile qui, même si je ne sais pas vraiment si elle m'appartient, a envoyé Nathan sur mon chemin. Alors on continue à marcher dans le parc, à une allure modérée, tout en parlant de tout et de rien, l'esprit un peu plus léger qu'avant.
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