A new association Il faut dire que les choses se passent mieux dans ma vie professionnelle que dans ma vie sentimentale. Alors que célèbre ma nouvelle association avec Eireen Murrough, eh bien je pleure encore la décès de ma femme. Même si huit mois se sont écoulés, je ne m'en suis pas remis. Vais-je un jour m'en remettre? J'en doute fort bien, mais je n'ai tout de même pas le choix de faire des pas en avant. C'est donc dire que je ne peux ainsi pas mettre ma carrière sur pause. Si je n'ai pas une carrière fleurissante, qu'ai-je d'autre? Certes, j'ai ma fille. Une petite Charlotte énergique et intelligente qui illumine chacune de mes journées. Mais au-delà de cette famille désormais détruite par l'arrivée subite de la faucheuse, je n'ai que mon emploi. Je ne suis pas prêt à me lancer à la recherche d'une partenaire de vie ni de commencer à élargir mon cercle social. Ma solitude et l'alcool m'accompagnent fructueusement dans le prolongement de ce deuil. Il faut croire que je ne trouve pas les meilleures solutions pour faire taire la tempête... Néanmoins, ce soir est un jour de fête. J'essaie de mettre les pensées sinistres loin dans ma tête. Je les fous dans un placard que je verrouille à double tournant et je m'éloigne à grandes enjambées. Ce soir, je profite. Je profite de la soirée d'ouverture de ce cabinet dans lequel je vais désormais m'investir corps et âme. Je mettrai enfin mon nom sur la carte brisbanienne (sans être prétentieux, il y figure déjà, mais un peu plus de publicité n'a jamais tué personne!). Coupe à la main, je porte un toast avec ma très chère associée. C'est la première fois depuis des lustres que j'affiche un sourire franc sur mon visage. Je suis entièrement heureux que nous ayons été remis en contact, elle et moi. J'ai le sentiment que nous accomplirons de grandes choses ensemble et que nous saurons nous démarquer des masses. Il faut voire les choses en grand, n'est-ce pas? Cela veut donc dire se permettre d'avoir des projections optimistes. "N'espère pas. Elle dura longtemps", lui dis-je en lui faisant un clin d'oeil au moment où nos coupes se cognent l'une contre l'autre. Je porte le mousseux à mes lèvres et profite de son somptueux goût. Nous n'avons pas opté pour du champagne bon marché, au contraire. Mes goûts très raffinés en alcool ne m'auraient jamais permis une telle bêtise. J'ai ainsi proposé de mettre le paquet. Et pour tout dire, mes papilles gustatives n'en sont pas du tout déçues. Je remercie nos invités de leur présence et ceux-ci reprennent leurs conversations. "La soirée s'annonce pas mal arrosée pour certains...", dis-je à l'oreille d'Eireen en rigolant légèrement, mon regard pointant en direction de l'un de nos fidèles clients qui semblent déjà être tombé dans l'ivresse... et dans les bras de notre secrétaire.

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A new association Ne me demander pas de me mettre des limites lorsqu'il vient temps de boire. Le terme 'limite' n'a jamais été dans mon vocabulaire. Enfin, jusqu'à aujourd'hui. Je n'ai pas particulièrement envie de faire mauvaise figure à cette soirée devant mes employés et mon associée. Ce serait dommage qu'elle ait envie de rompre notre association après avoir découvert quel genre d'alcoolique frivole je suis. Je décide ainsi de boire très lentement mon second verre, sachant très bien qu'un troisième suivra. Aussi bien repousser les prochains verres à plus tard, lorsque je serai forcé de rentrer chez moi à la fin de la soirée. Car si je m'écoute, je risque de finir de l'autre côté du bar à trinquer directement dans les bouteilles. Imaginez un peu la scène! Triste? Oui, je sais. Mais c'est malheureusement comme ça que je suis depuis les derniers mois. Alcoolique et mélancolique. Je ne suis qu'un triste homme qui subit le tsunami causé par le violent séisme qui a tout détruit sur son passage. Plutôt que de chercher de l'aide, je me laisse partir à la dérive, tout simplement. Je porte encore la coupe à mes lèvres. Je passe ma langue sur ces dernières pour savourer le goût du champagne minutieusement choisi. Putain que c'est délicieux. Je ris de bon coeur avec elle après cette blague que j'ai fait. Je trouve déjà rassurant qu'elle se plaise à mon humour. À mon grand bonheur (ou pas), elle me rappelle le fait que nous devrions passer pour le ménage aux petites heures du matin. Certes, j'ai maintes et maintes fois songé à requérir aux services d'une compagnie de nettoyage, mais le budget pour cette soirée a déjà atteint son sommet. Remontons-nous les manches, comme on dit! "Je vais venir tôt demain. Par contre, j'aurai ma fille avec moi, mais elle se fera sage." Les joies d'être père monoparental: ne pouvoir que très difficilement se libérer. D'une certaine façon, j'aime passer mes weekends avec Charlotte, car il s'agit du seul moment où je peux réellement être avec elle étant donné mon horaire de travail chargé. Poupées et jouets pour l'accompagner, elle risque de ne pas dire mot pendant que nous nettoierons l'immense pièce.

A new association Ah le superbe ménage. Voilà ce sur quoi porte désormais notre discussion. Tandis que nos employés et invités s'amusent comme des fous, nous discutons déjà du branlebas de combat du lendemain. Nous devrons lever nos manches et nettoyer l'endroit de fond en comble afin de remettre les lieux dans leur état original. Nous ne sommes quand même pas des porcs, si? Alors vaut mieux s'assurer que tout soit remis dans l'ordre et qu'il n'y ait pas trop de traces de la débauche de la veille. Considérant que nous sommes le weekend, j'informe mon associée que j'aurai ma fille avec moi. Je n'aime pas la faire garder le weekend, car elle passe déjà tout son temps chez son parrain ou chez la gardienne en semaine, après l'école. Le fait que ma femme soit décédée ne me donne pas le droit de négliger ma fille, et ce, même si j'ai un horaire chargé. J'apprécie le temps que je passe avec elle pendant mes journées de congé et essaye d'en profiter le plus possible, même si cela veut dire faire du ménage avec elle. D'ailleurs, elle a une collection de jouets qui rendrait de nombreux enfants très jaloux et qui pourra la divertir pendant que nous nous affairons à notre emmerdante besogne. "Elle a eu cinq ans il y a deux mois", lui dis-je en prenant une troisième coupe de champagne. Ouais, il faudrait peut-être que je commence à ralentir ma vitesse de consommation. Après tout, il ne faudrait quand même pas que je finisse sur le bar en train de chanter comme un ivrogne. Que diraient nos clients et employés? Je dois garder toute ma tête, moi! "Ça ne me surprendrait pas. Elle est très serviable", lui dis-je avant de porter le délicieux nectar à mes lèvres assoiffées. Non, pas vraiment. Son parrain a été aimable et a accepté de la garder." Son parrain que je ne porte pas dans mon coeur depuis le décès de ma femme. J'essaie de contenir mes émotions face à lui en présence de Charlotte, mais il m'est difficile de ne pas lui montrer que je lui en veux terriblement. Et je crois sincèrement que je lui en voudrai toute ma vie. La soirée se poursuit comme prévu. Les gens semblent réellement s'amuser et profiter de l'alcool à volonté. Cette soirée nous aura coûté très cher, mais il faut croire qu'elle en aura valu la peine. Il faut faire parler de nous si nous désirons connaître un bon départ et attirer les clients. Je crois que cette association sera fructueuse et que je ne regretterai pas de m'être lancé en affaires avec Eireen.