Si mon travail était parfois éprouvant, difficile, il était aussi tout le contraire. Passionnant, motivant et il me faisait surtout voir le bon côté de la vie. Si mon enfance n'est pas classique, d'un modèle à suivre, j'avais rencontré des personnes remarquables. La première famille qui m'avait un jour accueilli chez elle était les Martins. J'avoue que j'avais bien plus Alex dans mes souvenirs que Stella. Elle ne pensait surtout qu'à elle avant de penser aux autres mais Alex lui avait été le premier homme que je pouvais considérer comme un père. Il était présent, aimant. Nous étions complices et j'avais l'impression qu'il s'appuyait sur moi pour lui remonter le moral lorsque la vie n'était pas rose dans son couple. J'avais cru comprendre que la seule raison pour laquelle ils avaient fini par accepter d'être une famille d'accueil était parce qu'ils n'arrivaient pas à avoir des enfants. Malgré les différents recours auxquels ils ont fait appels. Je m'y voyais dans cette petite famille. Puis, Stella n'était pas si horrible que cela. Je suis persuadée qu'elle était simplement triste et qu'un enfant aurait pu effacer tous ses malheurs. Elle était blessée, rien d'autre, je crois.
A l'âge de onze ans, une bonne nouvelle venait d'être annoncée à la famille. A l'âge de onze ans, on me mit dehors sans état d'âme. Un bébé pour prendre ma place. C'était difficile pour moi de comprendre si jeune qu'on m'arrachait à une famille à laquelle j'étais attachée. Un dernier regard lorsque la voiture s'éloignait de leur maison et c'était la dernière fois que je les voyais. Je n'avais emporté avec moi qu'une seule photo. La parfaite photo de famille. Cette journée nous étions allés dans un parc d'attraction. Pour une fois, Stella avait été joyeuse, souriante et moins capricieuse qu'elle n'avait l'habitude d'être. Alex était tout aussi heureux et moi, j'étais aux anges. Si j'avais à montrer cette photo à quelqu'un aujourd'hui, tout le monde me dirait à quel point nous avions l'air heureux, à quel point je ressemble à Stella. C'est vrai qu'on se ressemblait beaucoup, mais seulement en apparence. D'ailleurs, beaucoup me prenaient pour sa propre fille et avec du recule, je crois que ça la blessait ça aussi. Peut être que je lui renvoyait juste ce qu'elle n'aurait, normalement, pas pu avoir. Heureusement pour elle, le destin lui a offert ce dont elle avait toujours rêvé. J'ignorais si leur enfant était une fille ou un garçon.

En rentrant du travail, je passais pas le parc de Logan City. J'aimais prendre ce chemin, c'était agréable quand j'avais du temps. On devait passer la soirée ensemble avec Loan mais je n'étais pas pressée. Le nez baissé vers mon téléphone, alors que je relève les yeux, je crois un homme au visage très familier. Il était en compagnie d'une jeune femme, plus jeune que moi d'une dizaine d'année. Je m'arrête alors net et me retourne pour le suivre du regard. " C'est pas vrai." Je pense que j'aurai pu reconnaître ce visage dans trente ans encore. Je fais quelques pas en arrière et l'interpelle. " Alex?" au pire,c'est pas loin et tant pis, personne ne se retourna, les gens penseront que je parle toute seule. Mais, il se retourne et je vois bien sur son visage qu'il me reconnait, lui aussi. "Alex! J'en reviens pas!" je crois que j'ai envie de pleurer, d'émotion, une charge émotive intense, positive. Je m'approche de lui, heureuse de le voir. Il a pris une vingtaine d'année depuis qu'on s'était vu la dernière fois, mais il n'avait pas vraiment changé, juste un peu grisonnant, mais ca lui allait bien. Il était toujours aussi bel homme, le genre d'homme qui pourrait plaire à n'importe qui et dont on est assez fier quand on se croit être sa fille.

Les yeux rivés sur son téléphone, Lola sors de l’université d’un pas assuré sans regarder ce qui se trouve autour elle. Elle est pressé, impatiente, au point de ne pas faire son traditionnel snapchat de fin de cours, le bruit des klaxons de voitures attirent son attention, elle sursaute et s’arrête juste devant un taxi qui semble s’énerver derrière la vitre en faisant de grand geste. Elle soupire, levant les yeux au ciel avant de traverser la route se fichant totalement des insultes désormais audibles du chauffeur de taxi. Elle s’arrête un instant pour relire le message qu’elle a reçue plutôt aujourd’hui, une partie d’elle doute toujours au fil de la lecture, son père veut la voir, il veut profiter de son passage en ville pour prendre un café ou faire un tour avec sa fille, ce qui arrive très rarement. Malgré son incertitude, l’idée de voir son père la remplie de joie, face à lui elle est à nouveau la gamine aux boucles rousses, la petite princesse à papa, l’enfant insouciante qui était persuadée que rien ne pouvait éloigner un parent de son enfant. L’heure défile, elle est en retard comme toujours, elle grimpe dans sa voiture garé un peu plus loin et quitte Toowong en direction du parc de Logan City. Elle fredonne les paroles du dernier hit de Justin Bieber en jetant de nombreux coups d’œil à l’heure qui défile à son gout bien trop vite ; le temps passe, les musiques défilent sur son application et son quartier de destination se dessine à l’horizon. Elle arrive finalement avec cinq bonnes minutes de retard, courant presque sur ses talons pour être sûr de ne pas le manquer, pour être sûr qu’il ne s’en aille pas pour dix minutes de retard. Légèrement essoufflé, Lola arrive au parc, son regard se balade à droite puis à gauche avant de repérer son père assis sur un banc plongé dans la lecture d’un message ou d’un e-mail un peu plus loin. Un large sourire étire ses lèvres alors qu’elle approche de lui, un peu nerveuse « Bonjour papa » elle se mord l’intérieur de la joue n’arrivant pas à se rappeler de la dernière fois qu’elle avait passé un moment en sa compagnie. Les yeux d’Alex quitte son téléphone pour croiser ceux de sa fille, il a l’air d’aller bien du moins il sourit en la regardant « Salut princesse, t’es superbe, ça a été les cours ? » il semble cliquer sur envoyer avant de ranger son téléphone dans la poche de sa veste. Elle attend d’avoir pleinement son attention pour lui répondre même si lui dire la vérité sur ses études et l’université n’est pas envisageable « Oui super, tout va bien » elle ment avec aisance lorsqu’il s’agit de la médecine et de la faculté sans doute parce qu’une part d’elle reste persuadée qu’avec un peu de chance elle pourra y arriver. Il avoue être fier d’elle avant de l’inviter à marcher avec lui, ils discutent, de tout de rien, de son boulot, de la raison de sa visite à Brisbane, de la nouvelle fille qu’il fréquente en ce moment même si elle sait qu’elle ne la verra jamais et que cette histoire ne durera pas plus d’un mois. Etre avec son père lui fait du bien, elle a presque l’impression de ne jamais l’avoir quitté, d’être une fille normal avec un père normal ; elle profite même de cet instant de complicité pour prendre une photo avec lui qu’elle publie sur ses réseaux sociaux. « Alex ? » elle arque un sourcil et se tourne en entendant le prénom de son père mais aucun visage n’attire son attention, sans un mot elle continue il y a plus d’une personne portant ce prénom pense-t-elle en se mettant à lui parler de sa relation avec Sara, évidemment elle ne lui parle pas des larmes, des rendez-vous manqués et des disputes régulière qui remplissent une bonne partie de leur histoire. « Alex ! Je n’en reviens pas ! » il se tourne cette fois et l’expression sur son visage est aussi étrange que cette nouvelle mode de claquette à fourrure. Il échange un regard avec Lola avant de poser son regard sur la jeune femme qui se trouve devant elle « Euh, bonjour Noa… je suis vraiment désolé je suis avec ma fille et je n’ai pas le temps de discuter » il le connait, c’est évident puisqu’il prononce son nom mais Lola comprend au son de sa voix qu’il n’est pas à l’aise et qu’être face à la brune le rend nerveux une ex probablement, ou une fille d’un soir pense-t-elle en jetant un œil à son téléphone avant de rapporter son attention sur son père qui reprend la parole « On doit y aller maintenant » il est froid, distant mais surtout gêné.

J'avais beaucoup de mal à placer des mots sur les sentiments que je ressentais. Alex avait été la première personne qui aurait pu être un père. La première personne qui m'avait réellement apporter de l'amour comme si j'étais sa véritable fille, comme si il n'avait personne d'autre à aimer plus que moi. C'était un réconfort indescriptible quand on a à peine dix ans. Avoir été arrachée à cette famille avait créer un gros gouffre en moi. J'étais déjà très peu sociable, très renfermée, de grandes difficultés à m'ouvrir aux autres, mais ca avait été bien plus difficile ensuite. Sans compter la suite lorsque j'étais chez les Coopers avec Aiden. Heureusement, Hasna était entrée dans ma vie et m'avait changé pour de bon. Elle m'avait presque fait oublier mes blessures d'enfance. Mais je repensais quand même souvent à tout ça. Si je pouvais éviter à des enfants de vivre ce calvaire, je le ferait avec grand plaisir, mais les baguettes magiques n'ont pas encore été inventé et Harry Potter n'existe qu'à travers des livres et des films. Il était impossible de supprimer toute la misère du monde avec toute la meilleure des volonté. Il était par contre possible de changer certaines choses, d'améliorer, un peu, la vie de certaines enfants, c'est pourquoi je m'épanouissait dans mon travail. Mais c'était infime.

Alex me reconnu. J'étais à la fois surprise, mais pas tant. J'imaginais qu'un père pourrait reconnaître son enfant sans l'avoir vu même des dizaines et des dizaines d'année. Il n'était pas mon père mais j'aimais le penser ainsi. « Euh, bonjour Noa… je suis vraiment désolé je suis avec ma fille et je n’ai pas le temps de discuter » Ce n'était toute fois pas la réaction que j'aurais pu espérer. Je regardais alors cette jeune femme à ses côtés. Qu'elle était belle. Grande, mince, d'une crinière de feu. Je crois que j'aurais aimé être rousse mais j'aimais trop mes origines inconnues pour devenir aussi blanche. Mais, c'était donc elle, c'était donc une fille. Cette fille. J'avais du mal à la quitter des yeux. J'hésitais... devais-je être verte de jalousie? Possible, en les voyant si complices, bras l'un en dessous de l'autre. « On doit y aller maintenant » C'est assez expéditif. Il n'avait pas l'air à l'aise. Je regardais de nouveau sa fille. J'imaginais que j'avais droit à un peu plus de reconnaissance, un peu plus que quelques secondes, quelques mots d'échanges. Tu ne fais pas les présentations? Je déglutis. J'étais blessée, attristée. C'était comme si, nous n'avions jamais vraiment partagé de moments complices nous non plus. L'arrivée de cette fille avait donc balayé tout souvenir me concernant. Je plante mes yeux sur son visage.  Je m'appelle Noa. mais elle le savait déjà. Je n'avais pas envie de regarder Alex, je sentais qu'il allait m'en dissuader. J'avais le sentiment qu'elle ignorait mon passage dans sa famille.  Comment va Stella? j'avais bien l'intention de lui faire comprendre que j'en savais pas mal sur eux. J'étais sans doute maladroite, j'ignorais comment m'y prendre vraiment. Mais il était impossible pour moi d'être rejetée ainsi. C'était assez difficile.

En recevant le message de son père, Lola avait d’abord cru à une erreur, sans doute parce que partager un moment avec ce dernier était aussi rare qu’une éclipse solaire. Mais il était là, assis sur un banc les yeux rivés sur son téléphone absorbé par sa lecture ; Lola l’observa pendant quelques secondes avant d’approcher avec un large sourire sur le visage, la simple idée de rester quelques heures avec lui la rendait heureuse. Après un bref moment dans ses bras, la jeune femme se dégagea gentiment échangeant un regard tendre avec son père qui la questionna sur ses études et sur l’ensemble de sa vie ; ne souhaitant pas l’inquiéter elle laissa lui répondit par un mensonge assez naturel. Ils firent quelques pas ensemble, à ses côtés elle se replongea dans les balade du dimanche après-midi qu’elle avait partagé avec ses parents près du lac, assez rare mais toujours parfait. Elle pensa à sa mère qu’elle n’avait pas vu depuis une éternité, curieuse, elle se demanda si son père lui avait parlait dernièrement, elle fut sur le point de poser la question quand une sublime brune fit son apparition. La brune ignora Lola, elle semblait connaitre son père et être heureuse de le voir, Axel lui était mal à l’aise, comme si cette rencontre était la dernière chose dont il avait besoin. Connaissant parfaitement son père, Lola imagina aisément que cette fille était l’une de ses nombreuses conquêtes, elle était le type de femme qui plaisait à son père, une femme fatale. Lola resta en retrait, levant les yeux au ciel en l’entendant se confondre en excuse pour échapper à cette discussion, elle rapporta son attention sur ce dernier lorsqu’il se servit d’elle pour mettre un terme à cette rencontre. La jeune brune, elle ne semblait pas d’accord « Tu ne fais pas les présentations ? » elle jeta un coup d’œil à son père dont le visage semblait dépérir de plus en plus « Je m’appelle Noa » la rousse afficha un léger sourire en la regardant, elle ignorait ce que cette Noa attendait de cette rencontre mais par politesse elle se présenta à son tour « Lola » dit-elle en sentant le regard de son père un brin nerveux. Au fur et à mesure des secondes, le stress d’Alex se transféra sur Lola qui était de plus en plus mal à l’aise face au duo dont elle ignorait la naissance « Comment va Stella ? » elle lança un regard vers la jeune femme, comment pouvez-elle connaitre l’existence de sa mère, elle ne vivait pas ici et elle était bien trop dur pour avoir des amies si jeune. Tout ce qu’elle avait pensé depuis l’apparition de Noa tomba à l’eau, elle ne pouvait pas être l’une des petites amies de son père et parler de sa mère avait autant de naturelle « Bien, je suppose, on a divorcé » dit-il simplement sans oser regarder Lola dans les yeux. Discrètement, Lola sorti son téléphone fouillant dans les divers réseaux sociaux de son père la présence de Noa mais rien, elle n’était ni son amie, ni quelqu’un qu’il suivait. Qui est-elle ? pensa-t-elle en croisant le regard de la brune « Je suis désolée, je n’ai pas bien compris, vous êtes qui au juste ? » c’était direct, sans détour, et elle espérait que la réponse de la brunette le soit aussi.

Lola, mignon. En réalité j'aurai du m'en souvenir, ca me revient d'un coup. Lola, j'en avais entendu parlé de ce prénom. Je savais que si un jour Alex et Stella aurait du avoir une fille, c'est ainsi qu'ils l'auraient appelé et voilà qui était fait. Lola était magnifique mais c'était une évidence en voyant ses deux parents, le contraire aurait été surprenant. Je voyais bien que la situation était étrange. Alex faisait une telle tête, c'était grillé que Lola n'avait jamais eu vent de mon existence et de mon passage dans la vie de ses parents. J'ignore pourquoi, était-ce une honte d'accueillir une enfant orpheline? Ils avaient aussi surement retirer les quelques photos de nous trois affichées dans le salon et sur le frigo. Il n'y avait plus aucune trace de mon passage chez eux. Balayée. Comme morte. C'était assez difficile à entendre et à comprendre.  « Bien, je suppose, on a divorcé » Alex était froid, distant. Cette nouvelle avait beau ne pas me surprendre, elle me faisait quand même un pincement au cœur. Avec du recul, il est sûr qu'un homme comme lui n'avait rien à faire avec Stella. Ils étaient deux opposés, rien ne semblait les rapprocher, les unir. Il me semble que Lola était bien la seule chose qu'ils avaient en commun : une fille. Et encore, je ne serai pas étonnée de savoir que Stella et elle ne soient pas les meilleures amies du monde. Si elle avait agit avec elle comme avec moi... mais une fois encore, je l'ignorais. Je n'étais pas sa fille, ce n'était pas pareille, pourquoi comparer finalement? Désolée... ou pas en réalité. Je pense qu'il en était mieux ainsi.

Je me demandais ce que je faisais là. Ce qu'il m'avait pris de l'avoir interpellé après tout ce temps. J'aurais du me douter que la jeune femme avec qui il était n'était pas une gamine qu'il se tapait, que c'était simplement sa fille. Je crois que si j'aurai adoré faire sa connaissance, c'était plus compliqué que ça. Elle ne savait pas qui j'étais, je n'étais rien pour elle alors qu'elle semblait être beaucoup pour moi. C'est elle qui m'avait "mise à la porte ". « Je suis désolée, je n’ai pas bien compris, vous êtes qui au juste ? » bonne question. Alors qu'Alex se décomposait, au moment même où elle posa cette question, il planta son regard droit dans mes yeux. Il était sans appel, je ne devais pas dire à Lola qui j'étais. Peu importe. Quelqu'un sans importance, visiblement. j'avais un noeud dans la gorge en prononçant ces mots. C'était assez difficile pour moi. Alors que j'étais ravie de le revoir, lui semblait me voir comme un boulet qui déboule de nul part. Qu'il se rassure, je n'ai pas l'intention de gâcher sa vie, je repartirais à présent aussi vite que j'étais arrivée. Je suis désolée, c'était une mauvaise idée. Je vais vous laisser.  

Pour la première fois depuis longtemps, Lola se senti de trop. Elle ignorait totalement l’origine de la relation entre son père et cette fille pourtant elle avait la sensation que quelque chose de fort les unissaient, comme si la brune était le plus gros secret de toute sa vie. Mais pourquoi cacher un plan cul ? pensa-t-elle en croisant le regard de Noa qui ne semblait pas réellement surprise d’apprendre le divorce des parents Martins « Désolée... » sans savoir l’expliquer, Lola était persuadée qu’il s’agissait du premier mensonge de la jeune femme puisque même si elle en avait souffert, la rousse s’était senti soulagée lorsque ses parents lui avait appris leur divorce. Elle détourna son attention, jetant un coup d’œil à son téléphone et plus précisément à ses réseaux sociaux qui était indispensables dans sa vie. Ce n’est qu’après avoir élaboré de nombreuses théories que Lola se décida de poser la question qui lui brulait les lèvres qui était-elle et que voulait-elle ?. Son père changea de couleur, comme si la question de son fille était de trop, elle l’était peut-être mais elle s’en fichait totalement, elle voulait savoir, c’était plus fort qu’elle « Peu importe. Quelqu'un sans importance, visiblement » elle arqua un sourcil, ce n’était pas la réponse qu’elle attendait. La rouquine se tourna vers son père qui semblait à la foi soulagé et désolé, cela n’avait à ses yeux aucun sens, elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi son père se montrait si froid et distant envers cette fameuse Noa. « Je suis désolée, c'était une mauvaise idée. Je vais vous laisser » elle se tourna vers la brune, puis vers son père qui lui n’avait pas quitté la jeune femme des yeux « D’accord, c’était cool de vous rencontrer » elle menti à son tour puis se tourna vers son père qu’elle attrapa par le bras sans lui laisser le temps de répondre. Elle fit plusieurs pas dans la direction opposé baladant son regard autour d’elle avant de rapporter son attention sur son père qui n’avait pas dit un mot « Elle est jolie, j’ignorais que tu avais de si bon gout » dit-elle avec un petit sourire en coin qui en disait à cet instant long sur ses pensées « Lola, mêle toi de tes affaires » il soupira en posant son regard sur elle « T’es vraiment chiant quand tu t’y mets tu sais ? » finalement sa journée parfaite semblait partir en fumée.

Il fallait que j’arrête de me faire des scénarios. Que j’arrête de penser que le monde dans lequel je vivais était tout rose. J’avais vécu bien assez d’expériences douloureuses pour savoir que ce n’était pas vrai. J’en voyais même tous les jours dans mon travail. Loin d’avoir des témoignages positifs chaque jour. Mon quotidien c’était la misère. Pas la mienne, celle des autres. Aucune des personnes que je ne pouvais accompagnait n’avait une belle vie, si non, elles n’auraient pas besoin de moi. Ces personnes, justement, me ramenait à la réalité chaque jour, me confrontait à une vie difficile et peu charitable, peu clémente. Alors parfois, je me disais que j’avais de la chance, beaucoup de chance. Finalement, j’avais croisé les chemins de personnes qui m’avaient permis d’être ce que je suis aujourd’hui. Quel leurs souvenirs soient bons ou mauvais.  Que ce soit ces familles d’accueil qui avaient tout fait pour me donner le peu d’amour qu’elles pouvaient, ou tout l’amour qu’elles avaient, ou que ce soit Aiden, ce garçon que je n’oublierai sans doute jamais et qui m’avait terrifié pendant ces courtes années qui, à cet âge, m’avaient parue terriblement longues. Il y avait aussi mes amis, qui m’apportent du bonheur à chaque moment passé avec eux. Sans oublié Hasna qui m’avait permis de m’ouvrir au monde, m’ouvrir aux autres, d’être sociable surtout.

Comment avais-je donc pu me dire que si un jour je devais retrouver Alex ou même Stella, ceux-ci allaient m’ouvrir leur bras, comme si des années ne s’étaient pas écoulées ? J’étais un mystère pour tout le monde. L’enfant terrible, le secret inavouable. Je pouvais le comprendre pour Cailin mais dans ce cas précis, j’avais du mal. Je n’étais pas leur fille, je n’étais pas un monstre. J’étais qu’une pauvre gamine, orpheline et surtout très seule. D’un revers, ils m’avaient donc balayé de leurs vies. « D’accord, c’était cool de vous rencontrer » Cool… j’ignore si c’était le bon mot… Je tourne les talons, la gorge nouée, le cœur compressé. Qu’est ce qui clochait avec moi ?