| Like Superman again - Carlisle |
| | (#)Dim 3 Sep 2017 - 2:55 | |
| Mon métier me demandait parfois de prendre des risques. Enfin, c'est plutôt moi qui m'impose d'en prendre. J'avais appris que pour apprivoiser des jeunes en errance, il fallait se mettre à leur niveau, apprendre leur langage de rue, leur coutumes, ne pas les infantiliser, ne pas les prendre pour des idiots. La rue étaient pleine de codes qui pouvaient paraître différent de ce qu'on connaissait, lorsqu'on avait une vie sans soucis, avec un toit sur la tête. Ce jour là, je devais retrouver Mika. Un jeune qui a été mis hors de chez lui il y a maintenant neufs mois. Le problème étant qu'il est mineur. Une tonne de démarches administratives ont du être mises en place, ses parents doivent comparaître en justice et moi, je suis censée l'accompagner. Mais je sais d'avance que ce ne serait pas facile. Il avait fait un rejet total de ses parents. Il avait attendu pendant de longues années que ses parents fasses ses valises et les mettent dehors, ce jour était arrivé et les services sociaux s'étaient vite rendu compte de la situation. Poussés à bout, ils étaient perdus, pensaient qu'il n'y avait plus aucune solution. Mika lui, s'en frottait les mains, il s'amusait à voir ses parents dans une telle détresse. Il rejetait tout le monde, il était agressif, violent verbalement et physiquement. Ca avait été difficile pour moi de créer un contact avec lui et la relation de confiance n'était toujours pas établie. Il me voyait comme le grand méchant loup, moralisatrice, celle qui veut le bien de tous mais qui se fou de lui. Il avait raison, je voulait le bien de tous, parfois un peu trop mais j'étais loin de me foutre de lui. Il était pas obligé de retourner chez ses parents s'il ne le voulait pas mais en même temps, il ne pouvait pas rester là. Squatter des appartements n'était pas une solution, c'était surtout illégal et ça pouvait lui causer beaucoup d'ennui. Je lui avait donné rendez vous devant un abris bus qui se trouvait à proximité du logement où il était en ce moment. Lorsque j'arrive, sans être trop surprise, il n'est pas seul. Il est accompagné de deux jeunes hommes, plus âgés que lui, de cinq ans environ, ils ont plus de la vingtaines. Ils me regardent comme si j'étais un bout de viande, comme s'ils avaient décidés de s'amuser, j'allais être leur jouet. Je souffle et m'approche, me demandant pourquoi je n'étais pas venue accompagnée. Salut Mika. Salut... dis-je en m'adressant aux deux autres, pour ne pas les ignorer non plus. C'est elle alors? Ouais, t'as raison, bonnasse! C'est quoi ton blase? On connaissait mieux pour phrase d'approche. Je sens que j'allais pas m'en sortir facilement. Mika faut qu'on y aille, on va être en retard. Mais y a le temps. Personne est pressé. Et Mika veut pas bouger. Alors si t'as envie de passer du bon temps avec lui, va falloir passer du bon temps avec nous. J'ai pas l'habitude de passer du bon temps avec les jeunes que j'aide. Du moins, pas dans le sens où tu l'entends. Donc, tu vas calmer tes pulsions d'adolescent qui a sa poussée d'hormone. Oh, t'es qui toi pour parler comme ça, connasse! Fais pas la maline, ca va pas être un bon moment pour toi, c'est clair! Mika restait en retrait et j'avais déjà compris que j'allais repartir bredouille. Les deux autres jeunes hommes quant à eux étaient bien trop chaud à mon gout. J'ignore si c'était de l'intimidation ou s'ils allaient vraiment mettre leurs menaces à exécution. Bon, aller, j'ai pas de temps à perdre! Je vais à la voiture, j'attendrai cinq minutes et je m'en irai. dis-je à Mika. Peut être qu'il se déciderait à me rejoindre ensuite. Je fais demi-tour mais une main me saisi le coude et m'attire vers elle de manière agressive. J't'ai dis qu'on avait tout le temps! là, je regrettai clairement de ne pas avoir pris de cours de self défense. Ce mec avait l'air décidé et moi, j'étais bien flippée. Lache moi ou je hurle! j'avais l'impression que ca ne lui faisait pas bien peur. |
| | | | (#)Mer 6 Sep 2017 - 8:37 | |
| Le pilote s’apprêtait à vivre un mois de Septembre relativement chargé. Ses missions allaient l’amener sur divers continents, et le tenir éloigné longtemps de l’Australie. Lorsqu’Amal avait eu connaissance de son planning, elle n’avait pas pu s’empêcher de soupirer. Le calcul avait été rapide ; elle avait vite compris que son fiancé ne serait pas beaucoup présent, au cours des prochaines semaines. Carlisle n’avait pas jugé bon de commenter la situation, par peur qu’elle s’envenime davantage ; depuis quelques temps, leur entente n’était plus aussi évidente. Ils traversaient une crise, c’était un fait : tous deux étaient très accaparés par leurs carrières respectives. Ce schéma n’avait jamais réellement posé problème au couple ; malheureusement, ces derniers temps, ils ne semblaient plus être sur la même longueur d’onde. Si Carlisle ne s’inquiétait pas de la situation, ça ne l’empêchait pas d’être peiné ; il n’aimait pas être en froid avec Amal, surtout pour des raisons indépendantes de leur volonté. Il n’aimait pas les conflits ; il espérait sincèrement que les choses s’arrangeraient progressivement, sans heurt, sans douleur. Le pilote regarda sa compagne se préparer, et enfiler avec aisance ses talons hauts. « Amal, attends. » Dit-il à voix basse, alors que sa fiancée s’apprêtait à refermer la porte derrière elle. Son gobelet de café à la main, elle obtempéra – mais manifesta son empressement. En quelques enjambées, Carlisle était à sa hauteur. « Tu veux aller dîner avec moi, ce soir ? » Demanda le pilote. Il se pencha en avant, réclamant un baiser qui tarda à venir – la faute à un gloss pailleté qui menaçait de le grimer pour les prochaines heures. « S’il te plait. Ça me ferait plaisir. » Souffla-t-il avec douceur, osant même un léger sourire. Attendrie, Amal posa une main sur sa joue et déposa un ultime baiser au coin de ses lèvres. En s’éloignant, elle lui promit qu’elle ferait de son mieux pour se libérer. Carlisle hocha la tête. Étrangement, il n’y crut pas.
Il avait pris sa bécane, baissé la visière de son casque, et avait brutalement accéléré. Il avait besoin de prendre l’air, de rouler pendant des heures, et de penser à autre chose. Il avait besoin de déconnecter ; il ne supportait plus le silence pesant qui régnait dans son appartement. Il ne comprenait pas l’acharnement d’Amal à se tenir éloignée loin de lui, alors que leur couple se détricotait lentement. Il se demanda, une énième fois, si sa vie avait un sens. Il avait eu beau vieillir, cette question n’avait jamais cessé de le hanter. Il prit un virage, puis un deuxième, et accéléra franchement en voyant la ligne droite qui s’étendait à perte de vue. Cependant, une scène – altercation ? – l’obligea à ralentir. Sur le côté de la route, à proximité d’un arrêt de bus, plusieurs personnes semblaient être plongées dans un débat houleux. Carlisle ralentit, et fut surpris de reconnaître Noa Jacobs. Convaincu que quelque chose ne tournait pas rond, le pilote n’hésita pas : il s’arrêta à sa hauteur, prêt à la tirer d’un mauvais pas. Les sifflements et autres quolibets l’accueillirent, mais il ne s’en formalisa pas. « Noa ? » Le pilote était surpris ; il ne s’attendait pas à recroiser une personne de son passé. Et surtout pas son ex petite-amie. Il coupa le moteur de sa moto, posa un pied par terre, et ne tint pas compte des regards noirs et des sifflements désobligeants des trois jeunes hommes. Il en avait vu d’autres, et ce n’était pas trois lascars qui allaient l’intimider. « Tout va bien ? » Demanda-t-il en retirant son casque, sans quitter des yeux Noa. Il attendait une réaction de sa part, mais ne perdit pas de vue les autres – il savait que s’il relâchait son attention, ils n’hésiteraient pas à profiter de la situation. « Viens. » Dit-il en tendant une main ferme vers son ancienne petite-amie. Sa voix était douce, mais sans appel ; si Noa n’acceptait pas cette main tendue, l’Australien se chargerait lui-même d’aller la chercher. Il retira son casque, qu’il lui tendit. « Monte. » Il valait mieux qu’ils filent, avant que la situation ne s’envenime encore davantage. « C’est moi, ou tu as le chic pour te mettre dans de sales situations ? » Demanda l’Australien en souriant légèrement. Le pilote prenait la situation avec humour, mais savait très bien que son arrivée avait été salvatrice. Il pouvait encore voir la poigne du jeune homme, ferme, sur l’avant-bras de Noa. |
| | | | (#)Ven 8 Sep 2017 - 5:54 | |
| Sa main se refermait fermement sur mon bras. Mes menaces ne semblaient pas lui avoir fait peur. Comme s'il savait que j'aurai beau crier, ça n'allait interpeller personne ou alors, il était bien connu dans le quartier et il était le caïd dont tout le monde flippait.Et j'avoue que moi aussi, il me faisait bien flipper. Ses yeux semblaient être dénuée de toute émotion bienveillante. Il n'était pas décidé à me laisser tranquille. Bah vas-y, cri. J'ai bien envie de voir le fond de ta gorge, ca risque de me donner des idées. il me donnait surtout envie de vomir. Il était répugnant et ses allusions l'étaient aussi. J'étais incapable de réagir à ce qu'il disait, mon regard en disait long cependant. Mes yeux ne s'étaient pas posé une seule fois sur Mika, je m'occuperai ensuite de son cas mais là, il fallait surtout que je me sorte de cette galère. « Tout va bien ? » Je n'avais rien remarqué avant que cette voix qui me semblait familière nous interpelle. Carlisle. J'avais aussitôt un sentiment de sécurité qui s'emparait de moi. La main qui empoignait mon bras se relachai et j'en profitai pour me retirer et faire un pas en arrière. « Viens, monte! » ca ressemblait à un ordre mais je ne me faisais pas prier. Je vais vers lui pour grimper à l'arrière de sa moto. Comme par hasard, les deux jeunes hommes et Mika n'avaient pas réagit. Comme si la carrure et le charisme de Carlisle imposait le respect et la soumission. Je pris le casque qu'il m'avait tendu et me mis sur ma tête. Je m'accrochais à sa taille sans hésiter, prête à ce qu'il file à vive allure, loin de tout ça. Je ne me retournais pas mais j'entendais Mika derrière moi. Arrête mec, déconne pas! j'ignorai de quoi il parlait mais alors que je me tourne pour voir, je vis un couteau bien aiguisé dirigé vers nous. Vas-y! Il ne fallait pas qu'on traîne avant qu'il ne soit trop tard. J'avais réellement peur que la situation ne dérape encore plus. Carlisle relance le moteur et démarre au quart de tour. Je sentais qu'on s'éloignait assez pour être réellement en sécurité. J'allais appeler mon supérieur pour le prévenir que ma journée était fini. Je n'irai bien sure pas au tribunal et il était hors de question que je repasse au bureau ensuite. J'avais eu ma dose d'émotion pour la journée. Je sentais que la pression redescendait et mes nerfs se relâchaient. Je sentie alors mes larmes couler sur mes joues sous le casque. J'avais vraiment eu la peur de ma vie. Mais derrière mon ex, j'avais l'impression qu'il n'était plus possible qu'il m'arrive quelques chose. Il tombait à pique et m'avait réellement sauvé cette fois ci. Après quelques minutes à rouler ainsi, il fini par poser son pied à terre. « C’est moi, ou tu as le chic pour te mettre dans de sales situations ? » il prenait ça avec humour alors que moi, j'étais encore une boule de nerf. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour autant. Je descends de sa moto, retire mon casque en ayant crainte de voir mon maquillage couler sur mes joues. Je m'étais calmée doucement mais j'avais les yeux encore humides. Je te le fais pas dire! dis-je en grelottant presque. J'avais besoin de me poser pour que tout redescende vraiment. Désolée, j'dois être pitoyable. je passais mes mains sur mon visage, pas vraiment fière de moi. En tout cas, merci... |
| | | | (#)Mer 20 Sep 2017 - 7:17 | |
| Carlisle avait quitté l’armée depuis plus de dix ans, maintenant. Il avait rangé son uniforme au placard, et ne l’avait jamais ressorti. Parfois, c’est vrai, il lui arrivait de regarder son sac kaki pendant quelques secondes de silence. Pour lui, il s’agissait plus d’une forme de recueillement que de regret : quitter l’armée de l’air avait été salvateur, en ce qui le concernait. Il avait pu se consacrer exclusivement à sa passion – le vol. Contempler le monde, en tout petit, depuis le ciel. Etre ébloui par le soleil, une fois au-dessus des nuages. Il avait cherché un poste adapté à sa passion, et avait postulé chez Cathay Pacific. Impressionnés par son curriculum vitae, déjà bien rempli alors qu’il n’avait pas encore trente ans, ses supérieurs n’avaient pas longuement hésité avant de l’embaucher. Il avait néanmoins pris soin de poursuivre son entraînement sportif – faire du jogging régulièrement, de la musculation quotidiennement, et aller surfer au cours de l’été. Toutes ces heures passées à se garder en forme pourraient aujourd’hui lui servir d’une façon particulière. Il jugea d’un regard rapide la situation ; seul, ou presque, contre cinq gars qui mourraient d’envie d’en découdre. S’il ne pensait pas démériter face à eux, il préféra néanmoins ne pas prendre un risque inconsidéré. Lorsqu’il sentit les doigts de Nina s’agripper à ses hanches, le pilote donna un brusque coup d’accélérateur. Il mit le plus de distance possible entre le danger et eux, et veilla à ne pas être suivi. Il avait roulé pendant une bonne dizaine de minutes. A toute allure, ses pointes d’accélération dépassant outrageusement les limites fixées par la loi. Il n’en avait rien à faire ; la tension qui émanait de Noa était suffisamment forte pour qu’il puisse la ressentir. Il ne s’arrêta qu’après un moment, et descendit de sa moto pour faire face à son ancienne petite-amie. Il avait vainement essayé de détendre l’atmosphère – un échec cuisant. « Noa… » Murmura-t-il, sentant son estomac se tordre à la vue de son amie. Elle tremblait de froid et, automatiquement, Carlisle retira sa veste pour la déposer sur ses épaules. L’Australienne avait échappé au pire, et semblait en prendre progressivement conscience. « Il n’y a rien de pitoyable là-dedans. » Souffla-t-il d’une voix douce. Il était comme ça, Carlisle : gentil, prévenant, délicat. Il faisait partie de cette catégorie de gens empathiques. Il savait écouter, réconforter, panser les plaies. Il était l’ami dont on a tous cruellement besoin, quand la situation dérape. Noa avait les yeux baissés, et semblait accuser le coup. Ses épaules, qui se soulevaient et s’abaissaient à une cadence régulière, indiquait qu’elle pleurait. Le contrecoup des événements, sans aucun doute. « Ça va aller. » Promit-il d’une voix douce, qui se voulait rassurante et réconfortante. Il hésita une seconde, puis passa une main sur la nuque de son amie. Il la massa quelques secondes, lui laissant tout le temps nécessaire de se remettre de ses émotions. « Viens par-là. » Finit-il par dire, s’approchant d’elle pour la serrer dans ses bras. Il déposa son menton sur le sommet de son crâne, et caressa ses cheveux de manière mécanique. « Tu veux parler de ce qui vient de se passer ? » Évacuer lui ferait peut-être du bien, après tout. |
| | | | (#)Ven 29 Sep 2017 - 5:21 | |
| Un ange tombé du ciel, super man qui arrive au secours de la pauvre nana en détresse. Le gros cliché de l'ex qui arrive pile au bon moment pour te sauver. Peu importe ce que c'était, ça m'avait sortie d'une belle galère et je pense avoir rarement eu si peur. Maintenant que j'étais loin et en sécurité, mes nerfs lachaient. J'avais beau paraître forte, je savais surtout que je ne devais pas perdre la face, ne pas montrer que j'avais peur en face de gaillards comme eux. Ils étaient comme des vampires, utilisent la peur des gens pour se nourrir et se sentir encore plus fort. Écraser les plus faibles pour se sentir vivre. En réalité, ils étaient faibles, ils étaient pitoyables et cachaient sans doute une grande souffrance. En ce qui concerne Mika, je pense qu'une discutions sérieuse avec lui était inévitable, fallait il encore qu'il accepte de me rencontrer à nouveau. Je verrai ça plus tard. Carlisle posa sa veste sur mes épaules, j'avais presque oublié qu'il était si avenant. « Il n’y a rien de pitoyable là-dedans. » Sans doute, mais je n'aimais pas me montrer faible face à quiconque. Je pleurai toujours seule, en silence, je ne mêlais personne à mes problème. J'aimais être cette nana pleine de vie, qui amuse la galerie, qui semble sûre d'elle. Montrer mes faiblesses donnaient une image de moi plus vulnérable, je n'avais pas envie qu'on s’apitoie sur mon sort. Je resserrai la verste de Carlisle contre ma poitrine et soufflait pour me calmer. « Ça va aller. Viens par-là. » me voilà ni une ni deux collé au torse de mon ex et j'avoue que son attitude rassurante me faisait du bien à ce moment là. Je me laissais faire et doucement, je me calmais. « Tu veux parler de ce qui vient de se passer ? » Je ne réponds pas tout de suite, j'avoue apprécier le moment et en profiter un peu. Je glisse ma main entre nous pour sécher une dernière fois les larmes qui coulaient sur ma joue. Ca va aller. Un petit sourire finis par se dessiner sur mon visage et je me retire doucement de son étreinte. Merci en tout cas... j'ai vraiment flippé... j'étais venue pour le taf en fait. Mais bon, du coup, je crois avoir finis ma journée. Je n'allais pas me rendre à cette audience vu que Mika avait refusé de me suivre et je n'avais rien de prévu ensuite. Après cette dose d'émotion, impossible pour moi de retourner au bureau, j'en informerai mes collègues plus tard. |
| | | | (#)Mer 4 Oct 2017 - 7:10 | |
| Dans son métier, Carlisle était sans cesse mis en danger. Son rôle de pilote l’obligeait à prendre des risques ; il mettait sa propre vie en péril, et tenait celles des passagers entre ses mains. Les moments les plus critiques étaient, évidemment, les décollages et les atterrissages. Cependant, contrairement à Noa, le pilote n’était pas directement confronté à la menace : elle était plus insidieuse, plus mesquine. Noa, en revanche, pouvait la voir arriver. Elle avait le temps d’anticiper, de s’extirper d’une situation inconfortable, de fuir si cela devenait trop problématique. Sauf ce soir : prise au piège, l’Australienne n’avait eu d’autre choix que de faire face. D’affronter les malfrats qui s’étaient imposés à elle. En vain : Carlisle était soulagé d’être intervenu au bon moment. Il se demanda, pendant une fraction de seconde, de ce qu’il serait advenu de son ex petite-amie s’il ne s’était pas pointé. Il préféra chasser les images qui s’imposaient à son esprit ; ledit Mika l’aurait probablement bouffée toute crue, et n’aurait eu aucune pitié pour celle qui devait, normalement, lui venir en aide. Il était sur la mauvaise pente, et ses fréquentations n’étaient visiblement pas les meilleures. A court de mots, Carlisle opta pour l’action ; délicatement, ses bras s’enroulèrent autour du corps de Noa. Il la serra doucement contre son torse, et embrassa le sommet de son crâne avec tendresse. La pauvre ne méritait pas ça. Le choc avait dû être relativement marquant. « Que va-t-il advenir du jeune dont tu t’occupes ? » Demanda-t-il, alors qu’elle s’éloignait au bout de quelques secondes. Il fut soulagé de constater qu’elle affichait un mince sourire, et que ses larmes avaient cessé de couler. Elle lui expliqua ensuite qu’elle était venue pour le travail, et que sa mission avait dû être écourtée. « Ça t’arrive souvent, ce genre de truc ? » Demanda l’Australien, surpris que l’on puisse laisser une femme, qui plus est seule, aller à la rencontre de personnes dangereuses. Le Mika en question n’avait rien d’un ange, mesurait vingt centimètres de plus que sa tutrice, et devait peser deux fois son poids. « Tu ne peux pas essayer d’être assistée, à l’avenir ? » L’interrogea le pilote, alors qu’il faisait les cents pas sur la route. Noa lui indiqua ensuite qu’elle mettait fin à sa journée de travail – une sage décision, selon Carlisle. « Tu veux mon téléphone pour prévenir ? Ou que je t’amène sur place ? » Proposa l’héritier Bishop, prêt à reprendre la route pour rendre service à son amie. En tout cas, une chose était sûre : il ne la laisserait pas là seule, sur le bord d’une route déserte. « Ou tu préfères qu’on aille manger une glace sur la plage ? » Suggéra-t-il en souriant. Comme au bon vieux temps, songea-t-il avec nostalgie. A plusieurs reprises, quand ils sortaient ensemble, Carlisle avait été chercher Noa à la sortie de ses cours en fin de semaine pour l’emmener manger une glace sur la place. La récurrence avait transféré ce moment en un rituel, qu’ils avaient gardé jusqu’à la fin de leur relation. « Je peux aussi te ramener chez toi, si tu veux. » |
| | | | (#)Jeu 12 Oct 2017 - 20:46 | |
| Petit à petit mon pouls reprenait un rythme normal. Je me calmais et c’était en grande partie grâce à Carlisle. Comme il avait toujours su faire. Même lorsque j’étais encore étudiante, il avait ce don de m’apaiser pendant les périodes stressantes, les examens, les attentes de résultats. Peut-on me rappeler pourquoi ne nous sommes plus ensemble à présent ? Je pourrais confier Carlisle à n’importe quelle nana qui me demanderait des conseils, qui voudrait rencontrer un homme qui ne la prendra pas pour une idiote. Il n’y aura surement pas de jalousie de ma part, lui et moi avions vécu notre histoire et elle était bel et bien terminée. Je savais passer la main, je reconnaissais la grandeur de ce mec. J’ignorais où il en était à présent. S’il était célibataire ou en couple, marié ou simplement en union libre. Je ne l’avais pas recroisé depuis bien longtemps et nous n’avions pas pris la peine de nous demander en ami sur les réseaux sociaux. Et même si j’étais accro à ces choses-là, j’allais rarement stalker les réseaux de mes vieilles connaissances ou petits amis. Sauf soirée nostalgies avec des amis. « Que va-t-il advenir du jeune dont tu t’occupes ? » J’haussais les épaules. « Je pense pas porter plaintes, il a assez de malheur qui lui tombent dessus… c’est un mec paumé. Mais, je pense surtout que je vais passer la main. Je ne me sentirai pas capable de suivre son dossier après ça. Mes collègues s’en chargeront, c’est pratique courante… » . « Ça t’arrive souvent, ce genre de truc ? » « C’est bien la première fois. Mais on est quand même souvent confronté à la violence de la rue… des insultes, des gestes obsènes… rarement des violences physique comme celle-ci. En même temps… ca fait partie du jeu… » enfin, si on pouvait appeler ça un jeu. Mais c’était propre à la mission de mon service, aller dans la rue, rencontrer les jeunes qui s’y trouvent, tenter de les aider. On n’était forcément pas toujours bien reçu. On commençait à être connu dans le coin, donc c’était plus simple qu’à une periode… mais les jeunes estiment n’avoir besoin de personne pour les aider, encore moins de travailleurs sociaux qui débarquent avec leurs grands sabots, donneur de leçon, moralisateur… on était tout sauf ça mais c’était l’image qu’ils avaient de nous. A nous de faire en sorte que ça change… « Tu ne peux pas essayer d’être assistée, à l’avenir ? » « C’est une discussion que je dois avoir avec mes collegues… c’est sans doute facile à imaginer, bien plus compliqué à mettre en place, on manque déjà cruellement de moyen… être deux à chaque déplacement, c’est difficilement envisageable, mais c’est à discuter… » de plus en plus de dossier à traiter, de demande auxquelles répondre, moins de budget, et toujours autant de professionnel… mais on s’accroche. . « Tu veux mon téléphone pour prévenir ? Ou que je t’amène sur place ? Ou tu préfères qu’on aille manger une glace sur la plage ? » Je souris à cette proposition de glace sur la plage. « J’ai mon téléphone, t’en fais pas. Je vais les appeler. Et partante pour une glace ! » je lui fais signe de m’excuser et m’écarte de deux mètres pour appeler mes collègues afin de les prévenir de la situation. Très compréhensifs, ils ne sont bien sûr pas contre ma décision et me souhaitent bon courage. Je raccroche et reviens vers Carlisle. « C’est tout bon ! Merci encore ! » Je reprends le casque entre mes mains. « C’est partie ? » |
| | | | (#)Ven 17 Nov 2017 - 7:02 | |
| « Je suis content d’entendre ça. » Avoua Carlisle, sincèrement soulagé. Pendant un moment, il avait cru que Noa s’entêterait à poursuivre avec ce gamin. Ce qui, à son sens, était clairement une mauvaise idée : il avait dépassé les bornes une fois, il n’hésiterait pas reproduire son geste. Heureusement pour Noa, l’Australien avait été au bon endroit, au bon moment ; cette chance ne se reproduirait probablement pas à l’avenir. « Être paumé n’est pas une excuse à tout, Noa. » Répliqua Carlisle, ne pouvant complètement cautionner les propos de son amie. Et il était bien placé pour en parler : lui-même n’avait pas toujours été au meilleur de sa forme, bien au contraire. Pourtant, il n’avait jamais fait preuve de violence envers les autres – il s’était concentré sur sa petite personne, se détruisant à petit feu. « Mouais. » Répondit le pilote, peu convaincu par les propos de son ancienne petite-amie. Carlisle ne comprenait pas la violence ; pire encore, il ne la tolérait pas. Pour lui, la violence n’était que le résultat d’une faiblesse, qu’aucun mot ou aucune preuve ne pouvait masquer. La violence, c’était la réponse facile au conflit. « Méfie-toi quand même. Il ne faut pas que ça devienne une habitude. Parce que crois-moi, il n’y a rien d’habituel là-dedans. » Fit remarquer Carlisle en haussant les épaules. Noa était supposée tendre une main amicale, salvatrice dans certain cas. Elle était là pour aider, pas pour servir de punching ball. Le côté chevaleresque de Carlisle ne tarda pas à resurgir, lorsqu’il demanda à Noa si elle ne pouvait pas effectuer ses visites de contrôle à deux. Elle semblait sceptique, mais le pilote espérait que tout serait pour le mieux pour eux. « J’imagine. » Admit Carlisle, conscient que les moyens financiers de leur structure n’étaient pas extensibles. « Ne prends pas trop de risques inconsidérés quand même. » Plus facile à dire qu’à faire, c’était évident. Mais que quelqu’un d’extérieur le lui rappelle, ça ne pouvait pas faire de mal. Naturellement, le pilote chercha à changer les idées de Noa. Il ne voulait pas la voir préoccupée, inquiète de ce qu’il venait de se passer. Il sourit quand elle opta pour la glace, et l’invita à remonter sur sa bécane. « Go. » Confirma-t-il, avant de démarrer. Ils roulèrent pendant quelques minutes, Carlisle se dirigeant vers la plage. Il slaloma entre les voitures arrêtées, prises au piège des bouchons, et poursuivit son chemin. Il savait pertinemment où aller – la plage qu’ils fréquentaient à l’époque, lorsqu’ils étaient encore ensemble. Une toute petite plage, facile d’accès, mais peu fréquentée parce qu’éloignée des commerces. Le pilote s’arrêta sur le parking, et récupéra le casque qu’il avait prêté à Noa. Ensemble, ils se dirigèrent vers le marchand de glace, rattrapant le temps perdu. « Alors, tu deviens quoi depuis le temps ? » Dix ans s’étaient écoulés depuis leur dernière entrevue ; les choses avaient eu le temps de changer, d’évoluer. Avait-elle terminé ses études ? que faisait-elle exactement maintenant ? Etait-elle mariée ? Avait-elle eu des enfants ? Quels étaient ses projets, ses envies pour l’avenir ? Mille questions trottaient dans la tête de Carlisle, mais il se laissait le temps nécessaire pour les poser. En attendant, le glacier attendait sa réponse. « Chocolat. » La gourmandise, un des défauts qu’il tentait – vainement – de combattre. |
| | | | (#)Ven 24 Nov 2017 - 2:07 | |
| « Être paumé n’est pas une excuse à tout, Noa. » C’est vrai, Carlisle a raison, et j’avais sans doute parfois envie de trouver une excuse à tout, des circonstances atténuantes, mais la violence n’était en rien une réponse. J’avais besoin de recule pour tout ça, besoin de prendre de la distance pour pouvoir réellement me positionner et savoir quelle attitude adopter, autant de manière personnelle que de manière professionnelle. Pour l’instant, la meilleure solution m’avait paru être de faire un break. Et mon ex petit ami était là pour m’accompagner dans cette pause. J’écoutais ses conseils, ses réponses avec beaucoup d’attention. J’avais toujours apprécié chez lui cette forme de sagesse qu’il avait. Surement lié à son expérience passée. « Je ferai attention, compte sur moi. » je lui répondis avec sincérité. Je savais bien qu’il ne serait pas là à chaque fois que j’aurai des problèmes. Si ses interventions avaient des airs de super héros qui tombait à pic, c’était loin d’être vraiment le cas. Je n’étais pas Lois Lane qui pouvait appeler son Clark à chaque fois qu’une broutille lui arrivait, dommage. Quelle chanceuse cette Lois, toujours sortie d’affaire. « Go. » Nous voilà en route pour aller déguster une glace sur la plage, excellente proposition. La glace l’était en tout cas, ensuite, pour ce qui est de reprendre une de nos anciennes habitudes, j’étais plus sceptique. J’étais parfois du genre à être très nostalgique, surtout ces derniers temps, en voyant mes amis avancer dans leur vie, avoir des enfants, des responsabilités. En dehors de mon travail, je n’en avais pas autant. Je tentais de me raccrocher à ces dix années passées, voulant repartir en arrière pour ne pas culpabilisé d’être au point mort. Et Carlisle avait croisé mon chemin pile dans ces années que je voulais retrouver… « Alors, tu deviens quoi depuis le temps ? » Justement, quelle question… que devient-elle. Pas grande chose. Mais pour autant, elle ne détestait pas sa vie. « Quelques choses ont changé… quand on sortant ensemble ; je faisais mes études pour travailler dans le tourisme… si tu te souviens… et comme tu le vois, j’ai changé de voie depuis. Educatrice spécialisée et on me le renvoie bien… » dis-je en tentant de dédramatiser la situation. « Célibataire depuis … assez de temps déjà ! » on pouvait le compte en plusieurs mois et bientôt j’allais fêter ma première année de célibat. « Jamais été mariée, jamais eu d’enfant, je suis libre comme l’air, semble-t-il. En attente d’avoir assez d’argent pour pouvoir me payer à nouveau un beau voyage comme j’aimais les faire ! ça fait 5 ans que je ne suis pas partie… c’est terriblement long ! » mais, j’allais vite remédier à ça. Une fois devant le glacier, Carlisle prend son parfum préféré, qui n’a pas changé. Si j’aimais changer de parfum à chaque fois, pour en goûter de nouveaux, lui avait toujours pris le même. « Mangue pour moi. » c’était fruité et ça me semblait léger. Et j’avoue adorer la mangue. En attendant que le glacier prépare nos cornets, je me tourne vers mon ex-petit ami. « Et toi ? » je me demandais s’il était marié et s’il faisait partie de ces gens qui avaient une vie de famille parfaite, c’est comme ça que je l’imaginais.
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| | | | (#)Lun 4 Déc 2017 - 0:02 | |
| Carlisle ne s’autorisa à lâcher l’affaire que lorsque Noa lui promit de faire attention à elle. Il avait dû user et abuser de tous les stratagèmes possibles et imaginables, et de tous les arguments qui lui étaient venus en tête. Le pilote, séparé de son ancienne petite-amie depuis plus de dix ans, avait eu le temps d’oublier que Noa était une femme déterminée, qui ne lâchait jamais rien. Elle se battait pour ce qu’elle jugeait être juste – comme ça avait le cas aujourd’hui, alors qu’elle se doutait pertinemment que la situation n’était pas sans danger. Cette persévérance avait toujours plu à Carlisle ; il aimait les femmes de caractère, qui ne se laissaient pas faire et qui avaient du répondant. Il laissa un sourire passer sur ses lèvres, avant de lui tendre son casque et de l’inviter à enfourcher sa moto. Plutôt que de se séparer sur cette étrange (et inespérée) entrevue, ils avaient choisi de passer un petit moment ensemble. Naturellement, Carlisle avait proposé à Noa d’aller manger une glace – un moment qu’ils avaient déjà partagé à de nombreuses reprises par le passé, et qu’ils avaient toujours apprécié. Ce rituel marquait toujours la fin d’une semaine, souvent chargée (plus pour Noa que pour lui, d’ailleurs), et leur permettait de faire le point. Le pilote roula pendant une petite dizaine de minutes, puis se gara à proximité de leur glacier préféré. La conversation s’engagea naturellement, et Carlisle lui posa quelques questions concernant sa vie. Qu’était-elle devenue ? Que s’était-il passé de majeur dans sa vie ? Avait-elle rencontré quelqu’un ? Etait-elle mariée, mère ? Mille choses pouvaient se passer, en dix ans. « Je me souviens. » Affirma le pilote en hochant la tête. Visiblement, elle n’avait pas poursuivi dans la voie qu’elle avait initialement choisie. « Qu’est-ce qui fait que tu as changé d’avis ? Ras-le-bol du tourisme ? Ou coup de cœur pour un autre job ? » Demanda-t-il, curieux d’apprendre quel avait été son cheminement. Généralement, les gens faisaient le chemin dans le sens inverse – ils se dirigeaient du métier d’éducateur spécialisé vers quelque chose de plus cool, de moins prenant et moins stressant. Carlisle hocha la tête, alors que Noa lui faisait le bilan de sa vie sentimentale – calme plat, visiblement. Et aucune obligation, puisqu’elle n’avait pas eu d’enfant. « Tu voudrais partir où ? » Interrogea le pilote. Il savait que la plupart des gens travaillaient pour s’offrir des escapades aux quatre coins du monde. Nombreux étaient ceux qui voulaient trouver leur petit bout de paradis sur terre, leur endroit préféré, où ils pouvaient déconnecter complètement de la réalité. Carlisle, lui, avait l’immense chance d’avoir parcouru le monde grâce à son travail. Il avait vu des endroits plus magnifiques les uns que les autres. Vu des paysages à couper le souffle. Goûté à des spécialités plus ou moins exotiques. Et quand il était en vacances, il pouvait partir où bon lui semblait. Il profitait dans la joie et l’allégresse des largesses offertes par Cathay Pacific. Il commanda sa glace, attendit que le glacier leur donne leurs cornets, et paya l’ensemble. Ils firent quelques pas en direction de la plage, et Carlisle répondit finalement à Noa. « Après notre séparation, je me suis encore laissé un peu de temps avant de trouver du travail. Et puis je suis revenu à mes premiers amours – voler. Du coup, j’ai postulé chez Cathay Pacific, qui était ravi de pouvoir récupérer quelqu’un ayant une formation militaire. Je suis donc pilote de ligne depuis une dizaine d’années, maintenant. » Expliqua Carlisle. Il ne regrettait aucunement ce choix de vie. Son statut de soldat avait finalement été trop lourd à porter, trop difficile à gérer. S’il avait continué, il aurait probablement été droit dans le mur. Ce poste chez Cathay Pacific lui avait permis de joindre l’utile à l’agréable, et il en était ravi. « En parallèle, j’ai rencontré quelqu’un. Elle s’appelle Amal, et bosse chez Hannah, je ne sais pas si tu connais. On est ensemble depuis dix ans, et fiancé depuis trois ans. » Déclara Carlisle. « Il est question qu’on fasse un enfant, mais nos carrières respectives sont pour le moment trop prenantes pour que ce projet aboutisse. » |
| | | | (#)Jeu 7 Déc 2017 - 21:31 | |
| Dire que j’étais censée travailler, être dans un tribunal à écouter les jugements sur des situations familiales. C’était toujours des moments très difficiles. Les parents étaient vraiment mis devant leur responsabilité et leurs obligations et parfois les sentences étaient déchirantes. Pourtant, des mains tendues, des chances, ils en avaient, mais des fois, le dernier recours était le placement, c’était la chose la plus difficile à entendre pour des parents et encore plus pour les enfants. Ils avaient beau être dans une misère indescriptible, ils n’en voulaient jamais à leurs parents, enfin, c’est plutôt qu’ils pourraient leur trouver toutes les excuses du monde pour quand même pouvoir rester avec eux. Ils avaient beau aussi leur en faire voir de toutes les couleurs, peu importe les raisons, l’amour d’une famille était parfois très grand. Enfin, voilà, au lieu d’être dans un lieu que je portai peu à mon cœur, j’étais ici, à la plage, mangeant une glace, et en excellente compagnie. « Qu’est-ce qui fait que tu as changé d’avis ? Ras-le-bol du tourisme ? Ou coup de cœur pour un autre job ? » « C’était pas vraiment un ras-le-bol mais finalement, quand tu vois les coulisse… et puis vendre du rêve à des gens qui sont jamais partie, qui mettent toutes leurs économies pour le voyage de leur vie… non. J’avais presque envie de leur monter un voyage sans passer par ces agences qui pompent le moindre centime ! Et puis, j’me sens bien plus utile en faisant ce métier, aussi difficile qu’il puisse être ! J’aime le fait de défendre vraiment quelque chose, tu vois … » On m’avait déjà dit une fois que je ne faisais pas ce métier pour les autres mais pour moi, pour me prouver que j’étais quelqu’un de bien, altruiste et surtout me donner bonne conscience. J’étais loin d’être d’accord avec ça même si je ne peux pas nier être fier de faire ce métier et être contente du travail que j’accomplie mais c’était loin d’être une démarche égoïste. « Tu voudrais partir où ? » bonne question. J’étais déjà allée sur tous les continents mais je n’étais jamais partie en Amérique du Sud, le Pérou, le Chili, la Bolivie m’attiraient énormément. « Je pense aller en Amérique du Sud, la réelle destination reste à déterminer. T’y es déjà allé ? » Autant prendre des expériences des uns et des autres et je savais que les différents travails de Carlisle lui avaient aussi permis de voir du pays. Ce qu’il me confirme ensuite. « Après notre séparation, je me suis encore laissé un peu de temps avant de trouver du travail. Et puis je suis revenu à mes premiers amours – voler. Du coup, j’ai postulé chez Cathay Pacific, qui était ravi de pouvoir récupérer quelqu’un ayant une formation militaire. Je suis donc pilote de ligne depuis une dizaine d’années, maintenant. » pilote de ligne, je trouve que ça lui va plutôt bien. « Tu as toujours adoré les uniformes ! » dis-je en plaisantant. Je le laisse poursuivre. « En parallèle, j’ai rencontré quelqu’un. Elle s’appelle Amal, et bosse chez Hannah, je ne sais pas si tu connais. On est ensemble depuis dix ans, et fiancé depuis trois ans. Il est question qu’on fasse un enfant, mais nos carrières respectives sont pour le moment trop prenantes pour que ce projet aboutisse » Voilà qui mettait de nouveau Noa face à sa petite vie, sans mec, sans nana, sans gosse alors que tout le monde autour d’elle était plus ou moins posé, avec des vies plus ou moins bancale aussi mais tous étaient dans une situation plus sérieuse qu’elle. « Eh bien… fiancé depuis trois ans ! Félicitations ! » ceci dit, trois ans me semblait être long. «pourquoi vous n’êtes toujours pas mariés ?! » peut être était-ce indiscret. |
| | | | (#)Lun 11 Déc 2017 - 4:58 | |
| Carlisle avait été surpris d’apprendre que Noa s’était détournée du domaine touristique. Il avait toujours pensé que c’était sa vocation, et qu’elle adorait ce qu’elle faisait. Être au contact des gens, les orienter, les conseiller, faire de leur rêve quelque chose d’inoubliable : sa place était centrale, essentielle même. Finalement, elle lui expliqua les raisons de son changement de voie. « C’est le lot de beaucoup de métiers. » Fit remarquer Carlisle en haussant les épaules. Mais il comprenait les propos de Noa ; on pouvait parfois être écœuré par ce qu’il se passait en coulisses. Il l’avait lui-même ressenti lorsqu’il travaillait à l’armée, et c’est d’ailleurs en partie pour cela qu’il avait décidé de prendre le large. Il avait effectué des centaines de missions pour l’armée de l’air – que ce soit en tant qu’éclaireur, ou directement sur le terrain – mais avait fini par avoir l’impression que son action était vaine. Les choses ne bougeaient pas, ne changeaient pas, et ne montraient même pas le moindre signe d’évolution. Le pilote s’était lassé, et avait fini par tout envoyer valser. Il avait choisi de se réorienter – partiellement cependant, puisqu’il avait décidé de continuer sa carrière de pilote. Il s’était rendu chez Cathay Pacific, confiant, et avait eu raison : il avait eu le poste, et officiait désormais chez eux. « Je trouve ça bien qu’il y ait des gens comme toi. Des gens qui soient prêts à se battre pour défendre des causes justes. » Déclara-t-il en souriant. Il avait toujours su que Noa avait un caractère bien trempé. Elle se battait pour des causes qui lui tenaient à cœur, avec force et détermination. Le pilote avait toujours trouvé cela admirable. Leur discussion se poursuivit naturellement, et ils parlèrent des voyages que Noa aimerait faire. L’Amérique du Sud ; la nouvelle destination en vogue. « Bon choix. » Affirma le pilote en hochant légèrement la tête. Elle ne serait pas déçue. « Ouais. J’ai été au Brésil, en Uruguay, en Argentine, au Venezuela et en Colombie. » Enuméra-t-il en fronçant les sourcils, se demandant s’il n’avait pas oublié un pays en cours de route. Il conseillait vivement la Colombie, qui avait le mérite d’être un pays chaleureux et dépaysant. « L’Uruguay et l’Argentine sont des pays semblables à l’Australie. Développés, s’intégrant complètement dans la mondialisation, ce qui n’est pas le cas du Venezuela ou de la Colombie. Et comme en ce moment, le Venezuela n’est pas au meilleur de sa forme… » Des grèves et autres soulèvements populaires avaient rendu le pays instable. De nombreux vols en direction de Caracas avaient été purement et simplement supprimés des propositions de voyage, parce que le pays était trop incertain. Personne ne voulait prendre de risque avec les ressortissants étrangers. Noa posa ensuite quelques questions sur la vie privée de Carlisle, et ce dernier n’eut aucun mal à lui répondre. Il n’avait rien à cacher. « Pas toi, peut-être ? » Répondit-il automatiquement, amusé par la situation et son prétendu goût pour les uniformes. Ce n’était pas forcément faux, d’ailleurs : il avait toujours eu le plus profond respect pour les gens qui représentaient l’autorité, pour les gens qui portaient l’uniforme. Et il était fier de faire partie de ce club, plus ou moins élitiste. « Merci. » Dit-il en souriant, touchant mécaniquement l’anneau qu’il portait à l’annulaire gauche. Signe de son engagement, à la fois physique et moral, auprès d’Amal. Signe de leurs sentiments, de leur vie commune, de leur amour, tout simplement. « Je t’avoue qu’on a toujours manqué de temps. » Expliqua-t-il en haussant les épaules. Pour certains, trois ans pouvaient sembler être une éternité. Ce n’était pas le cas du pilote ou de sa compagne ; ils étaient trop occupés pour voir les jours défiler. « Nos carrières respectives ont toujours été primordiales. On se mariera un jour. Quand on aura le temps de préparer une cérémonie digne de ce nom. »
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| | | | (#)Lun 25 Déc 2017 - 0:08 | |
| « Je trouve ça bien qu’il y ait des gens comme toi. Des gens qui soient prêts à se battre pour défendre des causes justes. » J’avais toujours trouvé que ces métiers du social étaient une noble cause. Je crois que mon histoire personnelle y était pour quelques chose. Mon enfance surtout, alors peut être que cette nouvelle voie était la suite logique. J’avais croisé bon nombre de travailleurs sociaux dans mon enfance. A cette époque, je n’y voyais que des personnes qui étaient là pour me dicter ce que je devais faire, à me trouver de nouvelles familles où me caser sans vraiment se soucier de ce que je voulais vraiment. Jusqu’à ce que je tombe sur cette nana, cette éduc qui m’avait vraiment pris son sous aille, qui m’avait écouté, qui avait compris que je ne voudrait jamais d’une famille qui remplacerait la mienne, que je me foutai même de savoir qui étaient mes parents, je les detestais, je les detestais plus que tout de m’avoir abandonné, de m’avoir laissé à ce destin, de me faire subir tout ça. Balader à droite et à gauche, comme un chaton qui se retrouvait dans une famille et arrivé le moment où ils n’en voulaient plus, il le laissais abandonné dans une forêt, livré à lui-même. C’était ce sentiment que j’avais, que si une famille ne voulait plus de moi chez elle, c’était par ce qu’elle s’était lassé, rendu compte qu’une gamine, c’est pas si facile à gérer. En même temps, j’étais pas une gamine facile, renfermée, je parlais peu, j’étais pas la plus agréable, la plus sociable. C’était compliqué pour moi tout ça. Mais cette nana avait su me parler, avait su me faire comprendre que c’était pas ça. Que les familles dans lesquelles j’allais, elles étaient pas là pour être mes parents justement, elles n’étaient qu’un passage dans ma vie et que moi, je devais voir plus loin. Et finalement, le vrai sens du travail social, je ne l’ai compris que bien plus tard. Je ne l’ai compris qu’une fois que j’étais mieux dans mes baskets, qu’une fois que j’allais bien. Du coup, j’en veux pas à ces mômes chez qui je débarquais du jour au lendemain pour améliorer leur quotidien, ils ne s’en rendaient pas compte, mais je savais qu’un jour, ils comprendraient. « Merci. » je crois que cette réponse suffisait amplement, car il était sincère ce merci, et il était même reconnaissant. J’étais curieuse, j’avais envie de m’assoir là, d’écouter simplement ses récits de voyage. Sans doute, ils allaient me permettre de faire un réel choix pour ma futur destination. Et il avait déjà pointé des détails importants. « L’Uruguay et l’Argentine sont des pays semblables à l’Australie. Développés, s’intégrant complètement dans la mondialisation, ce qui n’est pas le cas du Venezuela ou de la Colombie. Et comme en ce moment, le Venezuela n’est pas au meilleur de sa forme… » La Colombie me semblait alors être la destination idéale. Je n’avais pas envie de débarquer dans un pays où je retrouverai des similarités avec l’Australie que je ne connaissais que trop bien. Même si l’Argentine et l’Uruguay devaient être des pays magnifiques, j’avais envie d’un dépaysement totale. « Alors parles moi de la Colombie… » « Pas toi, peut-être ? » je souri. Touché, il avait bien raison, j’avais un faible pour les uniformes et au moment où nous sortions ensemble, j’avoue que le voir débarquer de temps en temps à la fac alors qu’il avait toujours sa tenue professionnelle, ca me faisait toujours un peu craquer et en même temps, j’étais fière devant les autres. Je me sentais un peu privilégiée. Il me parle alors de sa relation. « Nos carrières respectives ont toujours été primordiales. On se mariera un jour. Quand on aura le temps de préparer une cérémonie digne de ce nom. » Les espoirs n’étaient donc pas vains. « J’espère que ça arrivera. » même si finalement, j’avais tendance à me dire que s’ils n’avaient pas trouvé de temps depuis cette poignée d’années, quand allaient ils pouvoir en trouver… « Alors cette glace ? » dis-je en me disant que la mienne avait un goût particulier. Comme si, elle n’était pas aussi bonne qu’il y a quelques années en arrière. Pas mal d’autres choses avaient changé depuis.
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| | | | (#)Sam 30 Déc 2017 - 4:35 | |
| « Je t’encourage vivement à être vigilante, si tu pars seule en Colombie. » Le pilote préférait mettre Noa en garde ; même si la Colombie était un pays de plus en plus sûr, il restait quelques problèmes conséquents. Sans tomber dans le cliché, on pouvait dire que certains lieux étaient toujours occupés et contrôlés par les cartels. Des bandes adverses œuvraient, souvent la nuit. Les armes étaient partout, et il n’était pas rare d’entendre un coup de feu venir briser le silence de la nuit. « Tu ne risques rien, ou presque, la journée. Il y a des plages magnifiques, les gens sont chaleureux et accueillants. » C’était en tout cas le souvenir qu’avait Carlisle de la Colombie. Il avait été ravi d’aller au contact de ce peuple chaleureux, qui sortait tout juste d’une guerre interminable. La violence avait longtemps jalonné leur histoire, mais les réseaux finissaient par sauter, les uns après les autres. Après la tempête, le calme : le pays était prospère, la population très jeune, et les ambitions de chacun étaient bien réelles. Ce n’était d’ailleurs pas un mauvais point ; ça avait permis au pays d’entrer dans la catégorie, prisée, des pays émergents. « Leur cuisine est divine, aussi. » Comme beaucoup de latinos, les Colombiens mangeaient épicés – ce qui n’était pas pour déplaire au pilote. « Et ils savent faire la fête comme personne. » La musique était entraînante, chantante, rythmée. Les Colombiens savaient profiter de la vie, on ne pouvait pas leur retirer ça.
« J’espère aussi. » Assura Carlisle, avant de hausser les épaules. En réalité, c’était surtout pour Amal qu’il accepterait de se plier aux préparatifs et au stress d’un mariage. Il savait que ça comptait pour elle, et qu’elle rêvait d’un mariage en grande robe blanche. Même s’il n’y avait que très peu de chance pour que son père l’amène à l’autel, le pilote savait que l’idée que se faisait Amal du mariage était très traditionnelle. Elle souffrait peut-être de l’absence de sa famille, mais compenserait autrement – avec la famille qu’elle s’était choisie, à savoir ses amis. « Mais si ça n’arrive pas, ce n’est pas si grave. Je n’ai pas besoin d’une signature sur un morceau de papier pour me sentir lié à Amal. » Expliqua le pilote, avec sincérité. Ils étaient ensemble depuis dix ans, et vivaient ensemble depuis presque autant de temps. Ils étaient complices, ils partageaient des tas de choses, ils se faisaient confiance ; Carlisle n’avait pas besoin de plus.
« Toujours aussi bonne. » Déclara l’Australien, mangeant le dernier morceau de cône qui lui restait entre les doigts. Cette petite escapade, imprévue, lui avait sincèrement fait plaisir. Il ne s’était pas attendu à revoir Noa, mais constater qu’elle allait bien et qu’elle semblait heureuse suffisait à le faire se sentir bien. « Mais en même temps, je ne suis pas très objectif… Tu connais mon amour pour le chocolat. » Plaisanta-t-il en souriant. Il prenait toujours soin d’en avoir une tablette à proximité. Dans son casier chez Cathay Pacific, dans son bureau à Brisbane, voire parfois dans la table de nuit de sa chambre. « Et la tienne ? » Demanda-t-il en souriant. Il se souvenait bien que Noa testait toujours des parfums différents. La sonnerie de son téléphone le tira de leur conversation ; il s’excusa d’un geste, et répondit à son supérieur hiérarchique. Il s’éclipsa pendant quelques secondes, puis revint auprès de Noa. « Je dois me rendre chez Cathay Pacific pour un changement de planning. » Expliqua le pilote, sincèrement navré de devoir écourter leur entrevue. « Je te redépose au passage ? » Proposa-t-il.
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| | | | (#)Lun 8 Jan 2018 - 9:24 | |
| Chacun des arguments qu’avançait Carlisle ne pouvait que me convaincre à m’y rendre. Peut-être que j’allais pouvoir embarquer Cameron avec moi aussi. Il n’avait jamais vraiment voyagé et cette nouvelle aventure pourrait être la notre. Je n’en avais pas encore parlé avec lui mais je suis certaine qu’il serait partant. Depuis le temps qu’il nous dit vouloir partir à l’autre bout du monde, découvrir de nouvelles contrées, de nouvelles cultures. Et s’il partait avec moi, je serai vraiment heureuse. On était amis depuis plus de quinze ans, on avait vécu ensemble, en colocation, on se connaissait par cœur, les faiblesses et les points forts de l’un et l’autre n’avaient aucun secret pour nous et je savais qu’on serait de parfait compagnon de voyage. Je gardais ça pour moi et j’attendais le bon moment pour lui demander. Et comme je sais que son couple bat de l’aile, ça pourrait être d’ailleurs rapidement le bon moment. « tu sais parfaitement comment me convaincre ! » les plages, les gens accueillants, la cuisine et surtout, le sens pour la fête. C’est exactement ce dont j’avais besoin. Une immersion totale chez l’habitant, un besoin de détente et en même temps de folie ! Je n’étais jamais sortie avec quelqu’un au point de vouloir m’engager avec… enfin, en tout cas, ca faisait bien longtemps. On pouvait peut être faire exception et oublier Coni qui s’était montré être la pire ordure. Peut-être qu’à cette époque, j’aurai pu me voir quelques longues années avec lui. Même si notre relation ne rimait à rien, avec du recul. Mais j’étais bien incapable de m’en rendre compte. Il habitait à Gold Coast et moi, chaque weekend je m’y rendais alors qu’il n’avait jamais fais l’effort de venir me voir. Chaque weekend, je rêvais de ce jour où on habiterait ensemble. Jusqu’à ce que … plus rien. J’avais eu du mal à m’y faire, j’avais eu du mal à comprendre, à remettre tout en ordre mais il n’était plus là. Et aujourd’hui, j’avoue ne toujours pas comprendre mais au moins, je sais que cette histoire ne nous aurait menés nulle part. Alors être en couple avec quelqu’un depuis dix ans… finalement, marié ou non, c’était sans doute un détail et quand Carlisle me dit qu’il n’a pas besoin d’un bout de papier avec une signature pour croire en son histoire, il a surement raison. « Je te souhaite tout le bonheur que tu mérites ! » Je crois que n’importe qui pourrait acheter le cœur de Carlisle avec un peu de chocolat, mais un très bon chocolat. C’était sa petite faiblesse, mais c’était une mignonne faiblesse et ca me faisait sourire. « Et la mienne, sans plus. J’en avais un meilleur souvenir, en tout cas ! mais ca reste une bonne glace ! » oui, il fallait quand même être difficile. Une sonnerie retenti et, ne reconnaissant pas la mienne, j’en conclu que c’était le téléphone de Carlisle. Ce qu’il confirma en le sortant de sa poche et répondant. Je terminais ma glace en attendant. « Je dois me rendre chez Cathay Pacific pour un changement de planning. » Je me redressais, comprenant que nous allions en finir ici. « Je te redépose au passage ? » C’était gentil de sa part de me proposer, c’est vrai que nous n’étions plus à côté de mon quartier du coup. « Je veux bien, si ca te fais pas un trop gros détour. » ca ne semblait pas le déranger, et puisqu’il l’avait proposé de toutes façons. Je mange le cone de ma glace en retournant vers sa moto et il me ramena chez moi. J’étais à la fois heureuse d’avoir pu partager ce moment avec lui et en même temps, vu les circonstances, encore un peu perturbée. Me retrouver seule ensuite était compliqué…
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| | | | | | | | Like Superman again - Carlisle |
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