J'avais toujours voulu participer à des émissions télé, être dans le public. J'avais il y a peu de temps tenté ma chance pour m'inscrire à une émission bien connue où un grand prestidigitateur venait hypnotiser des peoples. Cette émission avait le don de me faire rire. J'avais laissé mon mail et mes coordonnées sur un site sans vraiment croire que j'allais y participer. Ça m'était même sortie de la tête mais quelques jours plus tard, on m'avait personnellement appelé pour me demander si j'étais toujours intéressée. Bien sure que je l'étais. J'avais tout de suite pensé à qui pourrait m'y accompagner : Hasna ou même Camille mais ni l'un ni l'autre n'était disponible à la date qu'on m'avait indiqué. Il faut dire que les enregistrement était en pleine journée et pour des personnes qui avait des emploi du temps classique, il était compliqué de se libérer. Hasna travaillait et Camille lui, même s'il ne travaillait pas, il devait s'occuper de sa fille. Mais je crois surtout qu'il a peur de se faire hypnotiser. 


Le jour J était arrivé, je me retrouvais seule avec mon petit papier d'invitation. C'était beaucoup moins fun d'y être seul mais même mes collègues ne pouvaient pas, à vrai dire, si moi j'étais dispo, ça voulait bien dire que eux, ils travaillaient. Une seule absence à la fois était autorisée et même pour cette excuse, notre chef n'avait pas voulu faire d'entrave à son règlement. Tant pis. Ca n'allait pas m'empêcher de m'amuser. J'avais hâte de savoir quels seraient les invités tien. Nous n'avions eu aucune indice à propos de la présence des starlettes de la télé. Surprise surprise! Avant de nous installer en salle, nous avions tous eut droit à un petite jus de fruits en guise de bienvenue. On nous avait aussi très bien briefer sur les attitudes à adopter à la télévision. Ne pas bailler la bouche grande ouverte, rester droit sur son siège, ne pas gesticuler dans tous les sens, ne pas parler à voix haute, éviter même de parler d'ailleurs. Comme j'étais seule, ca n'allait pas être difficile pour moi. Nous voilà tous en route pour aller nous installer, on nous avait donné des numéros pour s’asseoir à des places bien précises. A ma grande surprise, j'étais tout devant, premier rang, une caméra pas très loin de moi. J'avais l'impression que j'allais apparaître souvent, heureusement, j'étais pas trop mal habillée et j'avoue avoir été chez le coiffeur juste avant de venir, histoire d'être présentable si justement, ce cas de figure se présentait.


Le prestidigitateur arrive sur le plateau, il fait ses essayage son et lumière, tout semble bien se passer et juste avant de commencer, il veut faire des testes sur le public pour voir qui est vraiment réceptif à l'hypnose.Vous allez poser vos pieds à terre, rester bien droit. Rapprochez vos mains. Serrez les bien fort. A trois, vos mains seront collées, vous ne pourrez plus les séparer. Tout le monde semble s’exécuter, moi aussi d'ailleurs. Je reste concentré sur sa voix. En réalité, je suis persuadée que je ne suis pas réceptive. Je suis persuadée que tout ça n'est pas vraiment réel et que les personnes qui se disent réceptives le font exprès. Seulement, lorsqu'il prononce le mot "trois", il m'est impossible de décoller mes mains les unes des autres.C'est pas vrai! Je suis vraiment surprise. Je regarde alors les personnes autour dont les mains se séparent assez facilement, et moi, impossible. Je me tourne vers ma voisine de droite qui elle aussi semble ne pas pouvoir les éloigner. 

Alors que mes doigts semblent collés les uns aux autres par une force que j'ignore, le prestidigitateur semble vouloir trouver ses nouvelles proies, de quoi sans doute amuser la galerie pour faire patenter tout le monde en attendant l'arrivée du présentateur et des célébrités. " Bien, je vois que certains d'entre vous sont très réceptifs à l'hypnose. Et cela tombe bien, j'ai besoin de deux personnes du public pour me rejoindre et prendre part au spectacle. Alors, qui vais-je choisir... " Comme presque chacun, je fais celle qui ne se sent pas concernée, hors de question que j’aille sur ce plateau pour être le bouffon du public. Alors que l’hypnotiseur fait le tour des spectateurs pour trouver ses cibles, je prie pour qu’il ne me voit pas. Je prie pour que mes mains se délient de suite, afin d’être sûre qu’il ne me prenne pas. Je balaie la salle d’un regard et j’ai finalement peu de chance d’être prise. Nous sommes assez nombreux. J’ignore si certains le font exprès, s’ils ont tellement envie d’être sélectionner ou si tout le monde se retrouve comme moi. " J'ai trouvé! Les deux superbes jeunes femmes, avec les numéros 7 et 8, venez donc me rejoindre ! Nous venons donc d’éliminé presque 50% du choix possible. Deux superbes femmes… A vrai dire, je ne me sens pas concernée car j’ai aucune idée du numéro de mon fauteuil. Je n’avais pas fait attention à celui-ci. Je m’étais contentée de me laisser guider par la nana qui s’était saisie de mon invitation et m’avait indiqué où m’asseoir. Mais lorsque je remarque que ma voisine se lève, je regarde dans mon dos et apperçois en effet le numéro 7. C’est donc moi. C’est une blague ? Une caméra cachée ? Non, les caméras étaient bel et bien visibles et j’ignore si nous allions être filmer, mais je savais déjà que j’allais entendre parler de ça longtemps. Etait-ce pour faire des essais ou allons-nous passer à la télé ? J’espérai que ce ne soit pas le cas et dans le cas contraire, je ne pouvais rien dire car j’avais signé l’autorisation de diffusion de mon image sur les écrans audio-visuel. Quelle idée… Je me lève, même si je m’étais interdit de participer à ça mais dans l’élan et en voyant l’enthousiasme des personnes autour de nous, j’avais cette sensation que je n’avais pas le droit de refuser.

Nous voilà toutes les deux au milieu du plateau, debout, les mains toujours liées. Ma partenaire semble être aussi à l’aise que je le suis. Nos mains peuvent enfin se lâcher. Je laisse mes bras tomber le long de mon corps. Je me tourne alors vers le public, comme on nous demande de faire et il n’y a plus qu’à attendre que tout le monde termine d’applaudir. Quelle sensation étrange d’être ici, au cœur de l’attention. L’homme en costume, maitre de la cérémonie nous demande rapidement de nous présenter. Je suis Noa, j’ai 34 ans, je blague sur le fait que je ne suis pas très à l’aise et il passe à cette autre femme. Elle se présente à son tour, Caitriona, pas sûr que je puisse retenir un prénom pareil. Elle a deux ans de moins que moi et me soutien dans mon malaise. Au moins, nous sommes deux. . « Nous allons pouvoir commencer. Cette scène n’est pas tournée pendant le direct mais elle sera diffusée à la fin de l’émission » c’était la petite précision qu’il nous glissait comme si ca allait nous permettre de nous détendre. Il se place juste derrière nous. « Je vais vous plonger dans un état d’hypnose, vous allez vous sentir bien, vous allez écouter ma voix, rien que ma voix. Je sens sa main se poser sur mon front. « et vous allez vous endormir. Un sommeil profond. lumière noire, plus d’image. Pourtant, j’entends encore ce qu’il se passe, j’entends encore sa voix.

Je me demande quand cette séquence sera diffusée au grand public. Je me demandais aussi comment mes amis, ma famille ou même mes collègues allaient réagir en voyant ça. J'ignorai ce qui allait se passer ensuite mais je savais que ca n'allait pas être facile à assumer. Ayant déjà vu cette émission les fois précédente, c'est toujours tordant de ridicule. J'étais bon public, je riais de tout et de rien, je pouvais être pliée en voyant deux hommes se faire un câlin contre leur gré, être pliée en voyant une célébrité persuadé qu'elle est nue devant des spectateurs en délire. Je me demandais ce qu'il nous réservait. Ce que je savais c'est que j'allais en entendre parler pendant pas mal de temps. Ce que j'espérai c'est que les personnes avec qui je travaille, ces jeunes que j'accompagne dans leur galère ne tombent pas dessus... c'était surement perdu d'avance. Si un le voyait et les autres non, la vidéo ne tarderait pas à tourner. Pourquoi étais-je venu ici ?! Maintenant, c'était trop tard, je n'avais plus qu'à assumer tien...

Au sol, incapable de quoi que ce soit, je me sens totalement impuissante et c'est une sensation réellement étrange. Il parait qu'il est impossible de nous faire faire quelques chose qui nous mettrait en danger. Impossible de nous faire sauter d'un pont, impossible de nous faire du mal physiquement, impossible de faire du mal à quelqu'un si nous ne l'aurions jamais fais, sans être sous hypnose. Le corps et l'âme semblent être bien fait, même notre subconscient prenant le dessus, le conscient lui n'est jamais très loin. J'ignorai si ça devait vraiment me rassurer, je ne l'étais pas tellement.
- À présent, vous allez vous concentrer sur ma voix, encore un peu plus. Écoutez. Quand je claquerai des doigts, vous vous réveillerez, vous ne pourrez plus vous regarder sans rire, et cela vous sera impossible de vous arrêter. Et cela à un, deux, trois! a trois, me voilà reveillée. Je me relève et alors même que mon regard se pose sur Caitriona, je me mets à rire. Un fou rire comme ça faisait longtemps que je n'en avait pas eu. Et elle aussi rit, elle rit autant que moi. Et ces rires semblent être si communicateurs qu'ils s'étendent à l'ensemble des spectateurs. Enfin non, ils se moquent de nous, ils rient de nous. J'en ai des crampes à l'estomac, je me tiens le ventre et me pli en deux, je ris et c'est impossible de m'arrêter. Si seulement il y avait eu une blague, une chute, mais rien et au fur et à mesure j'ai l'impression que ce rire devient presque naturel. J'en pleure même, je me retourne et alors j'arrive à me calmer, je souffle et quand je regarde à nouveau ma partenaire de scène, c'est repartie de plus belle. Une main de pose à nouveau sur mon front. - Dormez. bim, écran noir, plus rien. Cette fois, je sens que je ne m'écroule pas au sol, je reste stoïque, un piquet. - Dormez. je l'entends une seconde fois. Cette fois, ce n'est pas pour moi. Je sens les battements de mon cœur qui ralentissent, impossible d'ouvrir les yeux.- Lorsque vous allez vous réveiller à nouveau, vous serez deux chimpanzés, la mère et son enfant, très proche, vous vous cherchez les poux. A trois... un, deux et trois, mes yeux s'ouvre, je regarde partout autour de moi et cette fois, je vois ma maman. Je m'approche d'elle pour lui faire un gros calin. Ma démarche n'a rien de celle d'un humain, les jambes pliées, je suis vraiment un singe...

Je me laissais pouiller les cheveux sans rien dire, ca me semblait même plutôt agréable mais j'avais surtout conscience de ce que j'étais entrain de faire et du ridicule de la situation. Malgré ça, il m'était impossible d'agir autrement. Je n'avais aucun contrôle de mes agissements et j'avais beau voir tous ces gens qui riaient autour de nous, j'étais quand même un singe et me comportait comme tel. - Dormez. Mon acolyte est la première à se replonger dans son sommeil. Je la vis s'éteindre completement et c'était ensuite mon tour. Je me retrouve à nouveau dans le noir complet, tétanisée. Je me demandais combien de temps ça allait encore durer. Combien de temps nous allions être la risée du public et de cette émission. Pour le moment, ça allait encore, même si nous étions ridicule, mais nous ne pouvions pas parler de malaise pour autant. - Cette fois-ci quand vous vous réveillerez, vous serez plongées dans la pénombre, dans l’ambiance angoissante d’une maison abandonnée depuis des années… Une maison réputée… Hantée. Je me réveille et aussitôt je me colle à Caitriona. J'ai une peur bleue des maisons hantées, une peur irrationnelle des fantômes et des esprits. Je n'ai jamais rigolé avec ça, je n'ai jamais appelé un esprit avec une planche Ouija. J'ai toujours fuis les soirées qui dérapaient et où mes amis, gamins voulaient jouer avec l'haut de-la. Impossible pour moi de rester calme ici. J'entendais des bruits de pas, de craquement, de courant d'air. Je me cachais, je profitais de ne pas être seule, je ne voulais rien voir, je préférais rester dans le noir. J'avais terriblement peur. Attention, devant vous se trouve une porte, il faut l'ouvrir. Vous n'avez pas le choix. Je secoue la tête, non non, je ne veux pas ouvrir cette porte. Vas-y toi! Je me mets derrière elle et la pousse vers cette fameuse porte. On a pas le choix, on doit l'ouvrir, mais elle d'abord. Je souffle derrière elle, cachée comme une enfant se cacherait derrière sa mère parce que son grand frère lui cherche des ennuis.