Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
Le bruit de la porte de la chambre qui s’entrouvre, ses pas que je reconnais derrière moi, l’odeur du café bon marché que la machine au coin du couloir distribue pour 50 centimes le gobelet dilué. Je sens son parfum avant qu’il ne passe furtivement à mes côtés, je sens sa présence et son souffle contrôlé, je sens son silence, le mien, notre malaise constant. Mais mes rétines sont incapables de se détacher de la petite silhouette, du corps endormi, de Noah, étendu dans ce lit trop petit, trop froid, trop métallique, impersonnel. Respiration rythmée par le bip sonore incessant, régulier mais agressif. Je hais ce son, et j’en crèverais s’il arrêtait. « Il a rarement été aussi paisible. » malgré la pénombre à travers laquelle la pièce est plongée, j’arrive à discerner le visage de mon fils, paupières closes, respirateur artificiel qui fait tout le travail. Mes doigts s’enlacent à sa petite main encore tiède, dans l’attente de quelque chose, d’une réponse, d’une réaction, de n’importe quoi, même si c’est le peu que ma patience soit en mesure d’offrir, de donner, de subir. Trois semaines sont passées depuis le fameux appel, depuis Justine, la Justine qui avait géré Noah dès le début, l’infirmière attitrée qu’il adorait comme une grande soeur, comme une complice. Elle n’avait pas le même ton lorsque je l’avais eue au bout du fil, pas le même ton que lorsqu’ils s’élançaient dans les couloirs de l’hôpital à la chasse aux peluches, pas le même ton que celui qu’elle prenait lorsqu’elle lui apportait un biscuit supplémentaire en secret, pas le même ton que lorsqu’elle débutait sa journée en chantonnant, changeant les draps. Cette journée-là, je ne l'avais pas salué légèrement, comme d’habitude, en la trouvant au chevet de Noah - pas en train de comploter, pas en train de rigoler, pas en train de planifier leur prochain mauvais coup. Il était faible, il était blanc, il était livide et il n’allait pas, il n’allait plus. Jargon médical qui expliquait la nouvelle dose de médication et ses dommages collatéraux, qui racontait les réactions physiques, qui accompagnait cette apparence crève-coeur qu’il arborait du bout de ses maigres 7 ans. Trop jeune, trop malade, trop tard qu’on m’avait dit, son petit corps complètement à bout, drainé, incapable de poursuivre. La transfusion n’arrivait pas, n’arrivait plus, et on voyait la maladie gagner en force un peu trop vite au goût des docteurs. Ne pas prendre de chance, lui donner tout ce qu’on pouvait, allonger sa vie, calmer son mal, et le plonger dans un coma artificiel le temps de trouver - en espérant que cela arrive rapidement. On lui donnait un mois, plus précisément. Un mois de sursis. Un délai immense et ridicule, 30 jours à le voir souffrir en silence, en sommeil, sans pouvoir rien faire. Une vie et une fraction de seconde, un clignement de paupière et une éternité. Je frissonne, avant de sentir la veste d’Ezra recouvrir complètement mes épaules. Il était venu aussi vite qu’il avait su, et malgré les tensions qui les guidaient, Edward et lui avaient su faire fi de leurs vieilles rancunes pour se succéder à mes côtés, pour ne jamais me laisser seule, seuls, pour tout donner, du moins, ce dont ils étaient capables. Le Beauregard déposa mon café sur la table à ma droite avant de reprendre son propre poste de surveillance, le siège en bordure de la fenêtre. La nuit illuminait un Brisbane sans nuage, et c’était un mois de septembre en pleine effervescence qui accompagnait cette soirée. J’avais pu entendre à travers les couloirs que le feu d’artifice prévu ce week-end en serait un grandiose, et qu’avec un peu de chance on pourrait l’entrapercevoir via les baies vitrées de l’aile ouest où on se trouvait. Justine avait insisté pour garder les rideaux de la chambre 214 grands ouverts, malgré mon désintérêt latent, et je comprenais un peu mieux sa bonne intention alors que je retrouvais cette ville que j’aimais tant en version nocturne, s’illuminer de buildings en décorations festives. Et mes pupilles se lèvent doucement, longeant la cage thoracique de Noah qui se soulève difficilement, terminant leur trajet en se posant sur Ezra, qui n’est pas moins pensif. Évidemment, il n’avait pas menti, il n’avait pas reculé, il était resté. Lorsqu’il m’avait juré être toujours là pour nous, coûte que coûte, il disait vrai, et pour y avoir cru de tout mon coeur, pour l’avoir espéré encore plus, j’étais soulagée de le savoir ici. Il savait qu’à tout moment il pouvait se retirer, il savait que jamais je ne lui en voudrais de ne pas se plonger dans ce raz-de-marré de sentiments contradictoires qu’était notre histoire désormais, et qu’encore plus de pression viendrait lorsqu’il passerait au stade de père, père d’un gamin malade soit dit en passant. Rien de bien reluisant, et la possibilité de s’en dégager s’il l'avait voulu. Mais il était resté, stoïque, solide, maladroit parfait, présent toujours. Ce n’était pas facile d’apprendre à connaître son fils après des années à l’avoir pris pour un mythe, un mirage. C’était encore plus difficile de le faire dans notre situation, en tanguant entre la santé et la maladie, la menace que chaque journée soit la dernière, la charge qui pèse sur nos épaules depuis le récent état de Noah. « Je peux pas croire qu’on est rendus à ça - qu’il a atteint sa limite, qu’on… qu’on en est là. » incrédule, dépassée, démunie. Je montrais rarement cette facette, encore moins à Ezra. J’en avais fait ma mission, ma nécessité, de le rassurer en tout temps, de ne pas lui ajouter le fardeau supplémentaire de devoir me gérer en plus du reste. Me redressant sur mon siège, ne lâchant pas pour autant la main de Noah, je laisse une petite note d’humour, la blague de la dernière chance, qui passe mes lèvres, dans un souffle. « C’était trop de demander un petit sursis? Un rein qui tombe du ciel, c’est pas commun ou quoi? » et je roule des yeux en exagérant, et j’essaie de rire, et je joue de légèreté comme je l’ai fait si souvent, de sarcasme comme si c’était naturel. Mais la gorge se serre, le ventre se tord, les yeux se remplissent et mon pouce se presse un peu plus sur la paume du petit garçon. Ezra dénotera mon malaise probablement plus encore que je ne me l’avouerai, et j’ignore si je me déteste plus de tenter de le cacher, ou de tenter de le lui cacher, alors qu’on s’est juré la vérité toute la vérité. Ravalant difficilement, j’essuie distraitement de ma main libre mes joues, témoins de pire, presqu’étonnée de voir qu’après tout ce temps, il restait encore des larmes, il y avait encore à pleurer. « Pardon, je… je sais juste plus comment gérer tout ça. J’ai plus l’énergie, j’ai atteint ma limite aussi, faut croire. » que je m’excuse, sachant très bien que ce n’est pas nécessaire, ne baissant pas pour autant le regard, ne perdant pas de vue les prunelles azur d’Ezra à l’autre bout de la pièce. Je suis aussi dépitée que résignée, je suis aussi lasse qu’outrée. À croire qu’un coeur pouvait lâcher prise tout en continuant de battre. Le soulagement de vivre autant d’émotions sans que mon fils ne puisse en être le témoin me trouble un peu trop - et a pour résultat de m’horripiler. Horrible ironie. « Ce serait tellement plus facile si on savait ce qui allait arriver maintenant... » que le calvaire prenne fin, qu’il arrête de souffrir, qu’il sache, qu'on sache, pour le meilleur et pour le pire.
Made by Neon Demon
Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
Ezra resta quelques instants à regarder le café de la machine couler, goutte à goutte, dans ce gobelet trop impersonnel, froid, industriel. Il se laissait ce petit instant pour souffler, pour tenter de regarder ailleurs et pour laisser un petit temps de répit à ses pensées. Personne d’autre n’était présent dans cette salle d’accueil, de recueil parfois aussi; la vie à l’hôpital en ce début de soirée était bien calme - trop calme. De ce silence oppressant et non rassurant. De cette absence de bruits qui vous permet que trop bien d’entendre tout ce qui se passait autour. La plupart de la vie de Brisbane avait le regard ailleurs, sur les festivités des dernières semaines et la fête en continue que la ville avait mis en place. Dans quelques heures, peut-être moins - le temps était devenu tellement subjectif et à la fois malheureusement trop présent dans la vie du jeune homme ces derniers temps -, il pourrait entendre les bruits des feux-d’artifices s’élevant au dessus de la ville, illuminant le ciel de mille lumières. Il n’y assisterait pas - et, étrangement, il n’aurait pas voulu pouvoir y assister. Soupirant, il rassembla ses esprits, attrapa les deux petits de verres de plastique chauds avant de prendre la direction de la chambre 214. Lui qui ne venait dans les parages que trop peu auparavant semblait s’être étrangement habitué au chemin à prendre pour retrouver la dite pièce. Une dernière inspiration de courage avant de pousser la porte, d’entrer dans la chambre. La silhouette de Ginny n’avait pas bougé, toujours perchée sur cette chaise de plastique qui avait été installée près du lit. Le silence ici était perturbé uniquement par le bruit régulier des machines qui permettait à Noah, lui allongé dans son lit, de tenter de survivre comme il le fallait. « Il a rarement été aussi paisible. » Ezra ne put garder son regard sur Ginny, allant instinctivement scruter le petit corps inanimé. Ca ne faisait pas longtemps qu’il pouvait se permettre de venir voir Noah, autant; malheureusement, il n’avait pas pu en profiter bien longtemps. Rapidement, trop rapidement, la fameux appel avait retenti de son téléphone. Comme un mauvais rêve qui se déclencherait, comme un cauchemar qui commencerait. A partir du moment où la première sonnerie s’était faite entendre, il avait su. Appelez ça l’instinct paternel, de la clairvoyance ou qu’importe - il avait su. Dans ses entrailles, au plus profond de son sein, son être. Un léger soupire lui échappa alors qu’il déposait le gobelet de café pour Ginny sur la table à ses côtés. Le quotidien d’Ezra avait bien changé depuis qu’il avait appris la nouvelle. Lui qui avait à peine commencé à reprendre un activité à temps plein au garage avait du réduire considérablement ses heures pour tenter de se relayer auprès de Ginny avec Edward, afin de faire en sorte de ne jamais la laisser seule. De jour, comme de nuit. Elle avait su être forte jusque maintenant, garder les épaules dressées et la tête haute - mais son fils était en train de diminuer à petit feu devant ses yeux et elle ne pouvait rien y faire; ça n’allait forcément pas mieux aller dans les temps à venir. Les pensées de la jeune femme devaient résonner au diapason par rapport à celles d’Ezra car un frisson vint la parcourir au même moment. Instinctivement, il déposa sa veste sur ses épaules avant de venir s’asseoir de nouveau sur le fauteuil près de la fenêtre. Le silence était devenu familier, régulier désormais. Comme une mauvaise habitude dont on ne pourrait se séparer. Et le temps qui continuait de s’écouler sans se soucier de tout ce qui pouvait se dérouler autour de lui. « Je peux pas croire qu’on est rendus à ça - qu’il a atteint sa limite, qu’on… qu’on en est là. » Il prit quelques instants, quelques secondes avant de relever son regard vers Ginny. Ezra avait pu clairement sentir tout une slave de frissons venir lui déchirer l’échine aux paroles de la jeune femme. Même si ça ne faisait pas si longtemps que ça qu’il pouvait être enfin au chevet de son fils, il ne nierait pas ressentir des émotions presque aussi puissantes que celles de la jeune femme. Leurs regards se croisèrent, s’accrochèrent, s’écorchèrent. Leurs maux pouvaient clairement se sentirent sur la même longueur d’onde. « C’était trop de demander un petit sursis? Un rein qui tombe du ciel, c’est pas commun ou quoi? » Si ce n’était pas aussi tragique, il aurait peut-être pu en rire. Peut-être. Là, il reconnaissait juste d’autant plus la Ginny qu’il connaissait, celle qui tentait d’échapper à la réalité avec des blague, l’humour comme arme ultime. Un léger soupire s’échappa des lèvres d’Ezra. Muet, c’était sa défense à lui sur l’instant - parce-que de toutes façons, il était tout autant désemparé par la situation, ne sachant comment agir sur l’instant présent pour que ce soit adapté réellement. Le seul moment où il saurait peut-être comment agir, ce serait si un rein tombait réellement du ciel - il le rattraperait sur le champ sans hésiter. « Ginny… » Sa voix était brisée, rocailleuse, abimée par la situation. Il aurait voulu savoir que fair exactement pour palier à Ginny qui perdait pieds sous ses yeux - il n’était pas dupe, encore moins aveugle; il la connaissait toujours. Et les larmes qui se mettaient à couler sur ses joues à elle ne faisaient que serrer davantage son coeur à lui. « Pardon, je… je sais juste plus comment gérer tout ça. J’ai plus l’énergie, j’ai atteint ma limite aussi, faut croire. » Il le croyait volontiers. A voir comment la jeune femme se décomposait, tout en tentant de garder la face, il la croyait sans ciller. Leurs regards continuant de s’accrocher, de se supporter surtout, de tenter de se donner l’un l’autre la force qui manquait à celui d’en face pour continuer d’espérer. « Ce serait tellement plus facile si on savait ce qui allait arriver maintenant... » C’était justement, malheureusement, le genre de choses auxquelles Ezra n’était pas encore habitué à penser. Jusque maintenant, même si c’était l’urgence imminente et que l’horloge écoulant le temps si précieux leur rappelait sans cesse que tout pouvait basculer du mauvais côté, il tentait de garder des pensées positives, autant claires que possible. Surement trop bernées d’illusion, mais il n’arrivait pas à se résoudre à être autant terre à terre que la jeune femme. Il finit par se lever du fauteuil près de la fenêtre pour venir se mettre debout aux côtés de Ginny. Posant une main sur son épaule, à la fois protectrice, supportrice, compatissante. Rassemblant par la même occasion ses pensées, ses émotions - sa colère contre le monde entier, contre lui même,; sa tristesse et son désespoir. « Ginny… » Comme si c’étaient les seuls mots qu’il savait prononcer. Comme un vieux disque rayé. Finalement, il vint délicatement s’asseoir sur le bord du lit, toujours une main sur l’épaule de la jeune femme, venant poser la seconde sur celles étendues sur le lit de son fils et de la femme qui, fut un temps, aurait du être celle de sa vie. « Je suis désolé… » Il inspira une fois, une grande fois, se surprenant à se laisser submerger par l’émotion bien plus qu’il n’aurait du, voulu. « Il est fort. Il tient ça de toi. Et… Qu’importe. Il t’a, toi. J’ai toujours su que tu serais une mère formidable… Tu as été au delà de mes attentes, de ce que j’imaginais. » Parce-que rien que la vérité, toute la vérité s’appliquait toujours ici et s’appliquerait toujours désormais. Ca serait compliqué, parce-que plus ils avanceraient dans le temps et plus les choses seraient lourdes à porter, de plus en plus chargées. Mais s’il y avait bien une personne en qui il avait toujours eu confiance et en qui il ne perdrait jamais foi, c’était bien elle. Et s’il fallait qu’il se force un peu plus à être plus solide, à être le pilier de la situation, alors il le ferait - parce-qu’elle en aurait besoin, qu’importe ce qui viendrait par la suite.
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
Je me mure dans le silence, je me mure derrière ce faux calme, derrière cette lubie d’être la plus forte, d’être courageuse, d’avoir l’espoir, le vrai, le beau, le fort qui me pend au bout du nez. Et la présence d’Ezra dans la chambre, autant peut-elle me rassurer, me calmer, vient m'affaisser lourdement sur ma chaise. La pression de rester de glace, la pression de conserver cette même puissance dont il était si fier jadis, dont j’avais su faire preuve depuis notre retour à Brisbane pour ne pas le brusquer, pour y aller à tâtons, pour donner toutes les chances du monde à notre relation et à celle qu’il pouvait développer avec Noah. Mais plus la soirée avançait, plus le mois coulait, plus le délai se rapprochait, et moins j’arrivais à me contenir, à me retenir. Je savais bien qu’Ezra avait passé le cap d’être pris par la main délicatement, qu’on s’était promis de tout se dire, de ne plus jamais laisser de zones d’ombre entre nous deux, mais voilà que je me maudissais d’avoir faibli si vite, d’avoir été si fragile, de ne pas avoir assuré, d’avoir laissé mon émotion transparaître dans ma voix. À ce stade, il était déjà trop tard et le sceau était brisé, mais je serais toujours déçue d’avoir été de ceux qui ont flanché, de ceux qui ont versé des larmes, de ceux qui n’ont pas encaissé le tout en public jusqu’à la fin. Le réaliser, le laisser couler sur mes joues, le long de ma gorge, le rendait beaucoup plus véridique, beaucoup plus tangible que de simplement le réprimer devant le personnel médical, devant tous ceux qui passaient à la chambre. Mais voilà. Ezra n’était pas comme les autres, Ezra n’était pas les autres. Ezra savait, Ezra comprenait. J’inspire doucement, la gorge brûlante, les membres qui frissonnent. Je capitule et il se lève, il vient nous rejoindre, il se pose entre Noah et moi, sa famille, éclatée, dysfonctionnelle, dont il n’aurait jamais voulu être privé, malgré le fait qu’elle ne lui ait attiré que tristesse et coeur brisé depuis le début. J’ignore pourquoi il s’excuse, j’ignore pourquoi j’en rajoute, mes doigts trouvant sa main, s’y enlaçant, s’y accrochant comme le faisait l’adolescente que j’avais pu être jadis, pour des raisons à des galaxies de celles qui motivaient mon geste aujourd’hui. J’ai eu de meilleurs jours côté force, que j'ai envie d'ajouter, un sourire triste, défait qui s’étire sur mes lèvres. Il aura toujours ce ton de fierté en me qualifiant, il aura toujours cette étincelle dans les yeux, même si je m’écroule, même si je sens mes miettes s’éparpiller à tous les coins de la pièce. Un silence, un long silence, une machine et son bip qui nous répondent, un contact constant, et ma nuque qui s'arque dans sa direction. J’ignore le temps que j’ai laissé entre nos derniers mots, j’ignore la journée qu’on peut bien être, l’heure. J’ignore tout ce qui peut se passer derrière cette porte qui ne s’ouvre que sur des visages familiers, et des diagnostics qui se font attendre, qu’on bafoue, qu’on oublie. J’ignore tout le reste, lorsque je pose mes pupilles sur le visage d’Ezra, lorsque j’essaie de tenir son propre regard, lorsque je me jure qu’il est temps, que je dois y aller, que je dois me confier, que je dois me vider le coeur, la tête, l’âme, le temps qu’il reste, le temps qu’il faut. Il est là, il écoute, il ne jugera pas. J’ai une confiance aveugle en lui, et j’ai besoin de faire taire ces voix, et j’ai besoin de laisser aller, de lâcher prise, d’assumer cette impuissance qui n’en finit plus de me casser. « On avait dit toute la vérité, hen? » ma voix l’implore presque. Avant, j’avais la confidence facile avec Ezra. Avant, il savait tout sur tout, il me connaissait par coeur, mieux que moi-même. Cette sécurité que cela apportait, de savoir qu’on était deux, qu’on était une équipe, avait-elle suivie? Serait-il toujours aussi à l’écoute, aussi présent, aussi patient que maintenant? Je prends une chance, mon coeur n’en pouvant tout simplement plus. « J’ai peur Ez, j’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. » je déteste avoir à lui dire ça, je déteste avoir à lui partager mon fardeau, le clouer ici, le forcer là. Je sais très bien qu’il doit faire des efforts incroyables pour tenir aussi bien, de rester aussi implacable. Je m’excuserai plus tard, lorsque la sensation d’alléger ma tête ne sera plus aussi salvatrice. « J’ai peur que ce soit vraiment la fin, et en même temps, j’ai peur que ce soit pire. Qu’il se réveille, qu’il ait la transfusion, qu’il en garde d’énormes séquelles. » choix cornélien, difficulté morbide. Et si, ni l’une ni l’autre des solutions qui s’offrait à nous était la bonne? Et si on ratait tout? Et si on forçait le destin? J’ai la voix qui tremble, j’ai les yeux qui se gorgent, je poursuis. « J’ai peur qu’il manque tout, j’ai peur qu’il te manque toi, vous deux, ce que vous auriez pu être. » ça aussi, je m’en voudrais toute ma vie. D’avoir été assez sotte pour croire mes parents, pour croire mon frère, pour les éloigner l’un de l’autre. Il n’avait connu Noah que pendant de brefs jours, à peine quelques semaines. Pour finir à son chevet. « J’ai peur que le seul souvenir que tu aies de lui, ce soit ça, j’ai peur que... » l’émotion qui transparaît, le flot de paroles qui trouve sa fin abrupte. Je n'affirmais pas mes craintes ainsi, habituellement. Je ne les assumais pas autant, je ne les articulais pas à voix haute. J'encaissais comme une grande, j’avançais toute seule, volontairement sans personne à mes côtés. Mais voilà qu’il était là, oreille tendue, pauvre Ezra qui devait subir ma descente, qui était le pauvre témoin de ma débandade ce soir, après des heures à ressasser en silence. « J’ai peur de craquer, et que si je craque, ça bousille tout. Qu’il voit à quel point je ne suis pas aussi courageuse que j’aurais dû, qu’il abandonne parce que j’ai perdu espoir. » et voilà le nerf de la guerre, le problème le plus important, celui qui repose sur ma conscience depuis le début. On me qualifiait de mère courage, on me qualifiait de pilier, de figure forte, solide. On m’envoyait des éloges, on m’assurait que j’étais un modèle, que Noah avait de quoi être fier, qu’il puisait son courage chez moi. Qu’arriverait-il, le jour où je dévoilerais qu’il ne s’agissait que d’un masque? Que d’une ignoble carapace que j’avais peaufinée avec les années, et qui cachait un coeur en mille morceaux, une âme au bord du gouffre? « Il faut que je tienne bon. » je me ravise, à peine décidée, sentant les larmes qui coulent tout doucement, de rage, de peur, d'impuissance, de colère, de lâcheté. « Il t’a toi aussi. » pas que moi, surtout pas que moi. Noah avait appris à apprécier Ezra, à le connaître, à vivre à ses côtés. Et malgré la durée si courte de leur relation, la vraie, je ne doutais pas une seule seconde que le gamin apprivoisait la situation avec amour, avec ouverture, avec facilité. « Il… il voit en toi quelqu’un de bien, quelqu’un qui l’aime de tout son coeur. Quelqu’un de plus pour le protéger. » c’était utopique, c’était crève-coeur, mais c’était ce que j’avais lu dans le regard de Noah lorsqu’il avait compris, lorsqu’il avait cumulé ces moments avec le Beauregard, lorsqu’ils avaient pu être ensembles, vraiment. Prenant à mon tour place sur le lit, à côté d’Ezra, un peu plus près de notre fils, je caresse doucement le front du bonhomme de ma main libre, du petit ange endormi, replaçant une mèche rebelle. Le portrait qui aurait pu être si beau, si émouvant. Notre trio réuni se résumait désormais à une pâle copie sur fond de néon qui grésille et de feux d’artifices qui pétaradent à quelques minutes d’ici.
Made by Neon Demon
Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
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RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
L’ambiance enjouée n’était pas au rendez-vous, et pourtant, une partie d’Ezra était heureux d’être là aujourd’hui. C’était étrange, mais c’était vrai. Même si tout autour d’eux était en train de s’effondrer, même si tout semblait incertain - et l’était surement -, il ne manquerait ce moment pour rien. Parce-que, malgré cette organisation branlante, ils étaient une famille. Décousue, incertaine et en détresse, mais ils formaient ce petit cocon qu’ils auraient du avoir des années plut tôt. Et malgré ce que l’avenir leur réservait en douce, ils resteraient ensemble. « On avait dit toute la vérité, hen? » Ezra releva son regard vers Ginny, alors qu’il sent qu’elle était en train de craquer, de se briser en mille morceaux devant ses yeux. Bien avant qu’elle n’ait le temps de s’expliquer, bien avant qu’elle ne commence à parler, il le savait, le sentait. Il avait toujours su parler son langage comme peu dans ce monde. « J’ai peur Ez, j’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. » Son coeur qui se brisait de nouveau, qui continuait de perdre des bouts de lui-même dès qu’elle était en position de détresse. Il se détestait pour ça, d’être toujours si fragile en sa présence, de ressentir absolument tout ce qui la traversait. Ca compromettait son jugement, sa façon de faire et d’être, ça le faisait négocier avec lui même pour ne pas craquer à son tour plus qu’il ne fallait alors qu’il était tiraillé de tous les côtés par ces émotions qu’il n’aurait, malheureusement, jamais voulu connaître. « J’ai peur que ce soit vraiment la fin, et en même temps, j’ai peur que ce soit pire. Qu’il se réveille, qu’il ait la transfusion, qu’il en garde d’énormes séquelles. » Il savait que c’était une possibilité - il se l’était imaginé. Même si une grande partie de lui ne gardait comme scénario que celui où Noah s’en sortait comme neuf, en santé revenant petit à petite; il savait que cette possibilité était aussi d’actualité. Les médecins, les chirurgiens et tout ce petit monde autour d’eux faisaient ce qu’ils pouvaient pour que tout se passe pour le mieux, mais ils n’étaient malheureusement pas des Dieux. Alors oui, il y avait cette possibilité que tout capote, que tout soit bon à jeter même si la transplantation réussissait. Et puis, il y avait toujours cette petite partie dans le après qui nécessitait que Noah accepte ce changement dans son corps, qu’il réussisse à trouver au fond de lui toutes les forces nécessaires pour revenir à lui, en santé. Beaucoup de paramètres qui rentraient en comptes, beaucoup de petites choses qui pouvaient si facilement mal tourner. La situation en elle-même pouvait très mal tourner, même. « J’ai peur qu’il manque tout, j’ai peur qu’il te manque toi, vous deux, ce que vous auriez pu être. » Une nouvelle vague d’émotion prit part d’Ezra, qui la repoussa comme il le put pour ne pas faiblir à son tour. Là, Ginny avait besoin de lui, elle avait besoin de vider son sac et son coeur et il se devait de tenir, fort. « J’ai peur que le seul souvenir que tu aies de lui, ce soit ça, j’ai peur que... » Venant doucement resserrer son étreinte sur la main de la jeune femme, il commença à tracer des petits cercles avec son pouce, rassurant, présent. « Shh… Ginny, ne pense pas comme ça, s’il te plait… » Bien sur qu’il le regretterait amèrement si le seul souvenir qu’il avait de son fils, c’était ce petit bout de chou attaché à des machines dans un hôpital. Il s’en voudrait d’avoir été trop con, d’avoir eu le coeur brisé trop rapidement et de ne pas avoir envisagé la possibilité de se bouger plus que ça, parce-qu’il lui en voulait trop à l’époque pour que ça se passe. « J’ai peur de craquer, et que si je craque, ça bousille tout. Qu’il voit à quel point je ne suis pas aussi courageuse que j’aurais dû, qu’il abandonne parce que j’ai perdu espoir. » Comme un coup de massue qui assomme tout sur son passage, Ginny venait de lui livrer exactement ce qu’elle ressentait sur le coeur, au plus profond, au plus intense. Parce-qu’à ses yeux, tout ce qui importait, c’était que le petit comprenne qu’elle était là, qu’elle y croyait plus que tout, que tout irait bien. Les larmes qui coulaient, en écho à son cri du coeur, montrant à quel point elle avait tout donné et que maintenant, tout s’écroulait comme jamais. Parce-que l’espoir avait toujours été là, l’avait toujours mené par le bout du nez, et qu’il était en train de faire ses bagages au fur et à mesure que le temps s’écoulait toujours davantage. « Tu es la personne la plus courageuse à ses yeux, Ginny. » Alors il se laissa aller de son côté aussi. Parce-qu’après tout, tout se jouait maintenant, dans l’instant, car demain était un autre jour et que personne ne pouvait prédire s’ils seraient encore tous les trois réunis pour le partager, le ressentir, le vivre. « Il n’a même pas eu besoin de me le dire pour que je le comprenne de moi même. Et… » Il prit une inspiration, détournant son regard quelques instants vers Noah. « Même s’il voyait en cet instant toute cette peur… Il ne t’en voudrait pas, et je sais qu’il ferait en sorte d’aller mieux pour que toi tu ailles mieux. » Il l’avait compris à l’instant où il les avait vu ensemble. Ils formaient un duo inouï, absolument fabuleux, comme on en trouvait peu. Parce-que même si une bonne partie de son histoire à lui, à Noah, reposait jusque dernièrement sur des mensonges racontés par sa propre mère - qui n’avait pas eu le choix -, il n’avait jamais douté d’elle. Son regard n’avait jamais été teinté de cette couleur, de cette aura particulière qu’avait une personne qui doutait. Il avait toujours eu cette foi inébranlable en cette mère qui tentait de son mieux pour lui. « Il faut que je tienne bon. » Sa voix n’était pas sure, emplie d’incertitudes quand à la position qu’elle voulait réellement adopter dans cette situation. Tiraillée entre ce qu’elle voulait faire et ce qu’elle devait faire. Les larmes, silencieuses, en témoignaient bien. Délicatement alors, parce-qu’il ne pouvait s’empêcher de faire tout ce qui était en son pouvoir pour toujours être là pour elle, pour la protéger coute que coute, Ezra vint recueillir du bout des doigts quelques larmes, tentant d’effacer comme il le pouvait son chagrin. « Tu n’es pas obligée de toujours tenir bon, tu sais… Tu as le droit de ne pas être bien aussi, de douter. Il ne faut pas te sentir mal pour ça… » Elle avait été si forte jusque là, elle avait tout fait pour que tout se passe au mieux, pour que tout tente de reprendre un ordre normal dans l’univers qu’un moment de faiblesse était plus qu’excusable venant d’elle. Parce-qu’elle avait toujours été là, à ses côtés. « Il t’a toi aussi. » Les lèvres d’Ezra vinrent se pincer en une mince ligne. Elle avait surement raison, mais il se sentait tellement impuissant dans cette situation face à tout ce qu’elle avait traversé, elle. Il n’avait pu être présent que quelques semaines dans toute cette histoire, ça lui semblait si peu, si mince. « Il… il voit en toi quelqu’un de bien, quelqu’un qui l’aime de tout son coeur. Quelqu’un de plus pour le protéger. » Les paroles de Ginny lui allaient droit au coeur. Il se doutait qu’il n’aurait pas eu grand mal à aimer cet enfant dont il avait séparé beaucoup trop tôt dans le vie, il n’en avait jamais douté; le point le plus délicat était que Noah voit en lui la personne que Ginny avait toujours connu - et non celle qui pouvait être colportée par les dires du reste de la famille McGrath. Si du moins ils avaient dénié parler de lui, même sans le nommer, durant toutes ces années - il doutait bien que non. « Je ferai tout pour vous, Ginny. » Toute la vérité, rien que la vérité, les masques qui ne cessaient de tomber petit à petit, les barrières qui semblaient être affaiblies par la difficulté de la situation. Ezra ne s’était jamais douté qu’il arriverait un jour de nouveau à s’ouvrir autant, à se dévoiler comme il le faisait aujourd’hui. La vie lui avait bien fait comprendre pendant longtemps que plus on s’exposait, plus on risquait de s’écorcher à la fin, de finir en miettes. Mais avec elle, tout prenait une autre tournure, une autre forme, quelque-chose de plus rassurant même en se retrouvant au milieu du chaos. Son regard allant de son fils à Ginny, en allers-retours, son coeur qui tentait de s’accrocher comme possible à ce qui restait d’espoir, de lutte, pour prouver tout cet amour qu’il voulait donner. Ils en valaient grandement la peine - et, malgré tout, ironie de la situation il pouvait comprendre pourquoi Edward était resté auprès d’eux malgré tout ce qu’ils avaient été forcés de faire, à deux. Les feux d’artifices finirent par se faire entendre au delà de la fenêtre, assez pour attirer quelques instants l’attention d’Ezra vers eux. Et inspirant un grand bol d’air, il finit par se tourner de nouveau vers Ginny, attrapant délicatement ses deux mains dans les siennes. « Viens. » Ce n’était pas prévu, pas dans les plans et ça semblait tellement déplacé pour la situation, mais il fallait qu’ils emplissent de nouveau leurs coeurs d’un peu de joie, de simplicité. Se levant du lit, ne lâchant pas les mains de Ginny, il l’amena lentement auprès de la fenêtre, la plaçant devant le spectacle qui s’élevait au dessus de la ville, insouciante, admirable. Parce-que la situation était merdique, c’était sûr, mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait qu’ils s’arrêtent de respirer. C’était compliqué, dur à réaliser et à imaginer alors que leur fils, le fruit de leur amour, restait étendu sur son lit, beaucoup trop calme aux yeux d’Ezra. Mais il le fallait. Il leur fallait de nouveau de l’espoir, de la vie. « Tu te rappelles, ces soirées où on s’amusait à se cacher des regards pour aller observer les étoiles ? » Parce-que ça y ressemblait, ce soir, là tous les deux à avoir les yeux rivés sur les feux qui s’élèvent dans le ciel avant de mourir aussi rapidement, futilement que fut leur existence. C’était certainement une version plus adulte et largement plus teintée de tristesse, mais c’était peut-être dans ces petites choses là que l’espoir pouvait, tel le phoenix, renaître de ses cendres.
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
Je sais bien, qu’Ezra tente d’adoucir mes tremblements, d’alléger mon coeur, d’effacer les quelques larmes qui naissent à la commissures de mes paupières. Mais il me connait trop bien, il me connait par coeur, il sait pertinemment que c’est tout sauf à mon habitude, de baisser les bras aussi vite. « Pas quand il est encore un enfant… pas quand il a besoin d’un pilier sur qui se tenir coûte que coûte. » c’était pas à Noah de se solidifier, de me donner le courage nécessaire. C’était pas à lui de me supporter, ni à personne d’autre. Jamais je n’aurais même osé croire que mon fils ait à soupçonner ne serait-ce qu’un infime soubresaut de ma part, qu’une larme furtive, qu’une faiblesse. Il ne méritait pas ça, et à travers, je m’étais juré de ne plus jamais laisser une cassure me pousser à bout. L’épisode de la tentative de suicide me restait bien sûr en travers de la gorge. Ça, et la promesse de toujours être la plus forte, la plus courageuse, la plus solide de son entourage. « C’est pas mon rôle, de flancher. C’est pas moi, d’abandonner. Jamais. » je secoue la tête, j’essaie de me convaincre, de ravaler, mais c’est difficile, affreusement lourd, pesant, et sur les épaules, et sur le coeur. Le Beauregard qui tente de panser, qui multiplie les contacts, qui est partout et nulle part, et ma silhouette qui est fuyante, trouillarde. Les lèvres se pincent, les yeux s’humidifient encore, je ne suis pas très belle à voir, pas très stoïque. Mais j’y crois. De toute la puissance qui me reste. Le blond qui se presse un peu plus, la rythmique des machines qui comble les silences, qui accompagne sa confession aussi. Celle que j’aurais tant voulu entendre, 7 ans plus tôt. Celle qui m’arracherait presque un hoquet, si je ne me faisais pas violence pour tout réprimer, pour nier, pour consoler. « Je ferai tout pour vous, Ginny. » Comme je l'avais espérée, celle-là. Comme j’avais voulu l’entendre, dès l’annonce de ma grossesse jusqu’à notre départ pour Londres. Qu’il le crie à ma fenêtre, qu’il l’hurle alors que je posais le pied sur l’autel, qu’il l’assume envers et contre tous, contre eux. Elle est loin cette Ginny-là, elle a quitté mes souvenirs, elle ne me rappelle plus rien, si ce n’est un coeur brisé et des espoirs déchus. Ce à quoi je fais fi, pas le bon moment, pas la bonne vie à remettre sur le tapis, à regretter, à ressasser. Et je me surprends à lui sourire, le premier vrai sourire, sincère, doux, que j’ai partagé dans cette chambre depuis bien longtemps. « Tu sais, je t’obligerai jamais à rien faire, à rester, à endurer tout ça. » comme je ne l’avais pas forcé à me suivre, à m’empêcher de partir, à nous retenir. « Mais si tu n'étais pas là, j’ignore ce que ça donnerait. » c’est la stricte vérité, de nouveau. Il savait bien que je ne m’autoriserais jamais à le scotcher auprès de nous, à lui foutre son statut de père en travers de la gorge là où la situation se corse, là où c’est tout sauf jouable, possible de respirer, de sortir la tête de l’eau. Au-delà de tout ça, c’est avec tout le respect, avec tout l’amour du monde que je lui concède que, comme jadis, sa présence m’est chère, nécessaire. Pas juste parce que le petit corps qui nous côtoie possède chacun notre ADN, mais parce qu’il a toujours été ma partie manquante, mon âme soeur. Il avait apprivoisé ce qui semblait impossible à taire, il avait calmé, il avait donné, il avait su. Je ne serais pas la même, celle qu’il a sous les yeux maintenant, s’il n’avait pas été là il y avait des années de ça, à me tendre la main, à me faire confiance, à me pousser un peu plus chaque jour hors de ma coquille. Au même titre qu’aujourd’hui, qu’au fil des semaines. Le naturel avec lequel il était revenu dans ma vie, la place qu’il lui était dû qu’il avait repris non sans heurts, c’était ça que je chérissais, ça qui m’aidait à avancer, maladroitement certes, les larmes à la clé, mais tout de même. « J’ai déjà vu, et j’ai pas du tout envie de le revivre. » parce que même si c’était tabou, même si la simple mention de tout le stratagème dont avaient oeuvré mes parents nous brisait un peu plus le coeur l’un l’autre, il me semblait évident de le mentionner, et surtout de tout faire en mon pouvoir pour éviter de sombrer à nouveau dans ce que serait la vie sans mon équipier, sans mon partenaire, sans Ezra. L’esprit plus léger, ou plus lourd, j’ignore encore où je me situe, je le suis des yeux maintenant qu’il se lève du lit, qu’il erre dans la chambre, qu’il repasse quelques minutes plus tard pour m’inviter à le suivre. J’ignore où il souhaite m’attirer, j’ignore ses raisons, ce qui se trouve à l’extérieur même de cette chambre, et en tout bien tout honneur, je m’en balance à outrance. Doigts enlacés, nuque un peu moins relâchée qu’à mon habitude, je traîne des pieds, nonchalante, finissant par me poster près de lui, à la fenêtre. Mes rétines suivent les siennes, je le laisse guider mon attention sur la ville, la nuit, les couleurs, les éclats. Les feux d’artifice qui sont lancés, les festivités qui battent leur plein, et Ezra qui se la joue nostalgique. Une esquisse de sourire couronne mes lèvres, et même si je le sens nerveux, inconfortable, je joue le jeu. Parce qu’il tente au mieux, parce qu’il veut faire vivre le beau, parce qu’il mise sur ce qu’on a d’heureux, sur du positif, sur ce qui reste, même minuscule. Ma tête se blottie naturellement contre son épaule, après que j’ai tiré complètement les rideaux et ouvert la fenêtre adjacente. « Jena qui fait diversion le temps qu’on grimpe sur son toit. » qu’il m’entendra ajouter, la voix de coton, la mémoire qui travaille. Notre alliée de l’époque, qui avait su nous cacher mieux que quiconque des yeux inquisiteurs de mon frère. « Les bières piquées dans le frigo de son père, les bonbons verts et jaunes, les acidulés. » le houblon que je troquais contre les friandises qu’Ezra triait toujours avant de me filer le sac. Les détails, les bribes, et je laisse mes pupilles suivre les pétards illuminant le ciel devant nous. Ils avaient bien raison, la vue d’ici sur les feux était imprenable. Un silence de plus, un ange qui passe et je romps la pause en soupirant, honnête. « C’est égoïste, mais parfois je... » et j’inspire, parce que même encore après toutes ces confessions, je me jauge toujours légèrement avant d’avancer, d’articuler quoi que ce soit en sa présence. Réflexe stupide - il ne m’a jamais semblé aussi à l’écoute, aussi présent, aussi avide de m’entendre que maintenant. « J’aurais eu envie qu’on montre à Noah tous les endroits où on passait notre temps. Où tout allait bien, avant. » le parc où on se rejoignait après mes classes. La librairie d’occasion qu’il avait trouvée au détour d’une ruelle cachée le jour de ma fête. Le vieux café français à l’autre bout de la ville où on organisait nos rendez-vous clandestins. Notre historique, aussi mélancolique soit-il. « Qu’il sache qu’il est né de gamins un peu trop cons, mais qui s'aimaient beaucoup. Qu’il a pas tout brisé, qu’il est probablement la plus belle chose qu’on ait pu faire tous les deux. » j’ai la jauge vide, le coeur qui s’effrite un peu plus. « Qu’il… a été. » que je me corrige, la voix qui se casse, la tête qui se cache dans le cou d'Ezra. Là où mes sanglots seront presque étouffés. Presque.
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Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
« Pas quand il est encore un enfant… pas quand il a besoin d’un pilier sur qui se tenir coûte que coûte. C’est pas mon rôle, de flancher. C’est pas moi, d’abandonner. Jamais. » Ezra préféra faire une petite moue, d’une façon que Ginny ne pouvait lire d’où elle était. Certes, elle se devait d’être forte parce-que la situation pourrait aller mieux, mais pas de suite. Certes, elle se devait de résister parce-que oui son fils en avant besoin. Elle se devait de tenir bon pour elle-même, pour l’image qu’elle renvoyait, pour la femme forte qu’on pensait. Mais elle avait le droit de se laisser aller, de ne pas être bien à son tour et d’avoir besoin de craquer. Ce n’était pas réellement le même registre, mais c’était ce que Ezra avait retenu après la mort de son frère. Oui, il se devait d’être fort pour que James puisse puiser sa nouvelle force en ses frères. Oui, il se devait de tenir parce-que même quand on ne le voulait pas, la vie continuait d’avancer. Mais il avait aussi compris que parfois, craquer était la meilleure des solutions pour tenir. Tombe pour mieux se relever; échouer pour mieux réussir. Ginny finirait par le voir, par le comprendre. Il lui faudrait du temps, mais au plus profond de lui Ezra savait que ça viendrait. Et même si elle n’arrêter pas de lui répéter qu’il pouvait abandonner la partie quand il le voulait, il serait là à chaque moment, chaque étape, il n’abandonnerait pas. Il avait déjà laissé sa famille lui glisser entre les doigts une fois - pas deux. Doucement, tranquillement, il finit par relever la jeune femme du lit à son tour pour qu’ils puissent venir tous les deux se poster devant la fenêtre. Un geste qui pourrait simple, anodin dans certaines situations. Mais aujourd’hui, Ezra tentait de retrouver l’espoir qui leur manquait pour continuer correctement d’avancer. Il n’était pas doué pour ces choses là, normalement. Il préférait plutôt être celui qui sourit et acquisse parce-que la situation lui semble correcte plutôt qu’être celui qui dirige, qui improvise. Parce-qu’ils ne croyaient plus depuis trop longtemps aux contes de fées et aux happy ending. Aujourd’hui pourtant, ils en avaient besoin. « Jena qui fait diversion le temps qu’on grimpe sur son toit. Les bières piquées dans le frigo de son père, les bonbons verts et jaunes, les acidulés. » Un léger sourire vint parcourir les lèvres d’Ezra, en écho à celui de la jeune femme, alors que cette dernière vint poser délicatement sa tête contre lui. Presque comme avant, le bon vieux temps, comme si rien n’avait changé. « Heureusement que tu étais majeure déjà à l’époque, j’aurai été dans un délit sans fin sinon. » Parce-que leur relation de l’époque était déjà assez compliquée sans qu’ils aient besoin d’en rajouter une couche. Bien sur, personne ne l’aurait su, donc personne n’aurait pu reprocher quoi que ce soit si le jeune fou amoureux qu’il était à l’époque avait ramené des bières à son amoureuse mineure. Sauf qu’apparemment, comme tout finissait toujours par se savoir, ça aurait été à ce moment là qu’il aurait eu à prendre ses jambes à son cou. Mise enceinte, qui plus est dans cette situation. Un silence presque réconfortant finit par venir s’installer quelques instants autour d’eux. Comme un temps de répit, un nouveau bol d’air frais. Les feux continuaient leur mise en scène juste sous leurs yeux alors que la vue n’aurait surement pas pu être mieux d’en bas. « C’est égoïste, mais parfois je... » Les yeux d’Ezra décrochèrent du spectacle d’au delà la fenêtre pour atterrir sur Ginny, qui continuait de s’ouvrir, se livrer, comme jamais elle ne l’avait fait depuis qu’ils s’étaient retrouvés. Et pourtant, ils tentaient, jour après jour, de ne pas garde leurs pensées, leurs ressentis pour eux. Car s’ils voulaient restés soudés et forts, il fallait qu’ils puissent complètement se comprendre l’un l’autre. « J’aurais eu envie qu’on montre à Noah tous les endroits où on passait notre temps. Où tout allait bien, avant. Qu’il sache qu’il est né de gamins un peu trop cons, mais qui s'aimaient beaucoup. Qu’il a pas tout brisé, qu’il est probablement la plus belle chose qu’on ait pu faire tous les deux. » Les souvenirs anciens se mélangèrent à ceux inventés suite aux paroles de Ginny dans la tête d’Ezra, comme s’il pouvait revoir les scènes qu’ils avaient déjà vécu mais avec Noah à leurs côtés cette fois ci. Comme si c’était aussi simple d’imaginer, en quelques sortes, la vie qu’ils auraient pu avoir - heureux, ensemble, en santé. Et chaque image qui s’imposait à lui, chaque sensation qui s’infiltrait à travers son coeur ne faisait qu’alourdir ce dernier. La réalité rattrapant toujours la fiction, lui rappelant à quel point oui, ils auraient pu. Ginny dut avoir la même sorte de pensées car il pouvait presque sentir son corps se réduire et se détruire à la fois, contre lui. Alors qu’elle prononçait presque avec honte d’autres mots comme pour appuyer ses suggestions. « Qu’il… a été. » Sa tête qui vient prendre refuge davantage contre lui avec qu’Ezra, naturellement, par réflexe, vint passer ses bras autour de la jeune femme. Il pouvait sentir les sanglots de la jeune femme venir arroser son pull, inonder à la fois son coeur à elle et à lui de chagrin. Et parce-que de toutes façons, il ne voyait plus aucun avantage à se retenir, à ne pas se laisser aller comme il venait justement de le dire à Ginny, une larme vint finir son parcours le long de la joue d’Ezra. Unique, au début, tellement silencieuse; suivie par la suite du reste du bataillon, comme si ces petites perles salées ne savaient pas faire cavaliers seuls bien longtemps. Il aurait voulu, ô Ezra aurait tellement voulu pouvoir prononcer de suite des paroles rassurantes, des mots qui pourraient venir réchauffer le coeur de Ginny. Le sien de toutes façons, il ne comptait plus trop dessus depuis longtemps, il l’avait laissé à l’abandon. Mais il aurait voulu pouvoir sauver celui de Ginny alors qu’elle se réduisait en larmes dans ses bras. Mais le silence perdura quelques instants de plus, peut-être un instant de trop même, avant qu’il ne puisse retrouver le courage de prononcer quelques mots sans que sa voix ne tremble de trop, sans qu’elle ne se brise à la moindre pensée. « Qu’il est, Ginny… Qu’il est, il est toujours… » Que dire de plus de toutes façons, alors que toutes les options qu’il avait à dispositions n’étaient que de belles illusions ? Oui, il y avait ce risque qui prenait beaucoup trop de place dans cette aventure. La mort était quelque-chose d’inévitable, de toutes façons - mais qu’avait-elle de bon à arriver trop tôt ? A s’immiscer dans la vie des gens et surtout d’un gamin de sept ans ? La vie n’était juste pour personne, paraissait-il. Certains devaient quand même naitre plus chanceux que d’autres. « Il s’accroche, il tient à aller mieux. Il est fort… Plus fort que nous, je suis sur… » Parce-que présentement, de Ginny ou d’Ezra, aucun d’eux ne pouvait rattraper l’autre. Comme si leurs coeurs résonnaient en symphonie sur une mélodie conçue par leur tristesse, leur désespoir. Et les sanglots qui se mêlaient, et les larmes qui s’ajoutaient plus le temps passait. Des secondes, des heures, il pourrait avoir coulé des siècles qu’Ezra resterait positionné de la sorte, supportant avec le peu de forces qui semblaient bien continuer de se battre en lui à supporter Ginny. A tenter d’avoir les paroles qu’il faudrait entre deux sanglots. « Il… Il ira bien, il doit aller bien… Il… » Des inspirations prises à la volée pour tenter de mieux respirer, de sortir la tête de l’eau. « Nous avons encore du temps… Tu sais. »
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Et c’est comme si toute la pression du monde quittait mes épaules. C’est un long, un immense soupir qui accompagne le premier flot de larmes qui trouve enfin sa place, qui lave mes joues, qui laisse aller tout ce qui reste. Rien à voir avec les quelques bribes de pleurs que j'essuyais distraitement depuis le début de la soirée, depuis l’appel de Justine. J’en perds le souffle, j’en perds le nord, j’en perds l’équilibre presque, la constance. Et Ezra ne bouge pas, stoïque. Ezra qui resserre sa poigne, qui me rapproche de lui, qui tente d’être plus fort, d’être là, de protéger, d’apprivoiser. Bien évidemment qu’il laissera couler ses propres larmes, bien sûr qu’il cédera, quelques minutes plus tard. Ce n’est plus le jeu de celui qui saura tenir le plus longtemps, ça ne l’a jamais été de toute façon. J’ignore qui se retient sur l’autre, qui s’y appuie, qui supporte. C’est au creux de son cou que je me blottis sans aucune envie de m’en défaire, y trouvant le peu de réconfort dont j’ai besoin, si vraiment cela peut changer quoi que ce soit. L’impuissance dans toute sa splendeur, celle qui détruit, celle qui démunise. Parce que peu importe notre amour, notre espoir, notre confiance, nos belles paroles, rien ni personne ne pouvait faire quoi que ce soit. Dans quelques jours, ce serait la fin. Dans quelques jours, plus rien n’aurait d’importance, dans quelques jours ce petit bonhomme que j’avais appris à aimer plus que ma propre vie ne serait plus des nôtres, et on devrait apprendre à vivre sans lui, à vivre avec ces souvenirs, avec la nostalgie de ce que sa vie aurait pu être. Le mauvais rêve en continu, l’impression que je me réveillerais du cauchemar demain matin, que tout ceci n’était qu’un mirage, qu’une mauvaise blague, qu’une histoire ridicule qu’on raconte à tous ceux qui se plaigne de leur petit quotidien, de leur vie bien rangée, de leur routine ennuyante. J’échangerais tout ceci, je vendrais toutes mes possessions, je lâcherais prise sur tous mes rêves si j’avais ne serait-ce que le plus mince, infime espoir que Noah survive. Je m’en balancerais, d’être heureuse, accomplie, amoureuse, si ça me ramenait mon fils. Sourcils froncés, mâchoire qui se contracte, j’espère, je prie si fort, peu importe qui m’entendra, qui m’enverra un signe, un seul, un unique, qui me dira en quoi tout ceci résultera. Ce qui nous arrivera, ce qui lui arrivera, ce qui nous attend. Je n’en pouvais plus d’attendre, j’étais vidée, épuisée, détruite, cassée. Brisée en mille morceaux, et Ezra ne s’en rend compte que trop bien, mon corps de chiffon qu’il doit retenir, qu’il doit garder près, qu’il serre de toutes ses forces en sachant très bien qu’à la moindre fuite je m’effondrerai. Et plusieurs minutes passent, avant que je finisse par reprendre mon souffle, avant que l’étreinte me semble un peu moins nécessaire à ce que je ne m’écroule pas au sol. Avant que je me dégage de la nuque d’Ezra, avant que je lève mon regard vers lui, visse mes prunelles aux siennes. Une pause, un arrêt sur image, un ralenti, où le feu d’artifice reflète sur sa joue, où il me semble tout aussi accablé que moi, tout aussi impuissant. J’ai le coeur qui se brise de le voir dans un tel état par ma faute, de ne pas avoir pu lui offrir au moins ça de bon, un fils en santé, un fils qu’il aurait connu dès le premier jour, un fils qu’il aurait tellement mérité. Une famille, la sienne, envers et contre tous. « Ezra... » que je commence, incertaine encore de ce que je veux dire, promettre, affirmer, assumer. Mais je n’aurai pas le temps d’aligner mes mots, de faire le lien entre ce qui veut sortir, et ce que je dois retenir. Je n’aurai pas le temps, parce qu’un bip se fait entendre, et pas de ceux auxquels on est habitués. Ceux-là, je pourrais les nommer un par un, vous dire de quelles machines ils proviennent, pourquoi, comment, de quand à quand. Je les ai tous mémorisé au cas où, je les connais par coeur, je les connais les yeux fermés, les oreilles en berne. Non. C’est strident, c’est rapide, c’est une urgence, et c’est ce qui me suffit pour dégager des bras du Beauregard, pour m'élancer vers le lit de Noah, l’air probablement plus paniqué encore que je ne l’ai jamais eu. « Ezra?! » comme un cri du coeur, qui se perd à travers tous les signaux sonores qui y mettent du leur. On passe bien vite la porte, des infirmières d’abord, une ou dix ou cent, je ne les compte même plus. « Qu’est-ce qui se passe? » je veux une réponse, n’importe quoi. Je veux savoir, je veux comprendre, je ne veux plus de noir, plus jamais de noir, que du blanc, aucun gris. Je veux et j'exige, je crie presque, je tremble, je m'essouffle. « Reculez, s’il-vous-plaît. » et j’obéis, docile, m’heurtant au passage à Ezra, à un meuble, à quelque chose qui m’empêche de me liquéfier sur place, de disparaître. « Non… » que je finis par m’entendre souffler, comme une impulsion qui vient de l’intérieur, qui tarde à sortir, à s’assumer, à se réaliser. Comme si faire la paix avec tout ceci était trop, comme si j’espérais, comme ce qu’Ezra avait dit tout à l’heure soit vrai. Qu’il vive, que Noah vive, toujours, qu’il s’en sorte. « Non, non, non, non... » et je secoue la tête vigoureusement, dans le déni total, incapable de baisser les bras, me redressant avec les épaules bien droites, la stature qui me revient. J'essaie d'insuffler tout ce qui me reste de courage, de force, de puissance. On allait s’en sortir, il le fallait, il le fallait tellement. Je ne pourrais pas survivre à cette cassure, je ne pourrais juste pas m’en relever, en sortir indemne, moi-même, juste, vraie. Pour lui, pour moi, pour nous. « Pas maintenant, pas ici, pas comme ça... » je refuse, je refuse du haut de mon absence de pouvoir, je refuse de toute mon incapacité, de toute mon impuissance, de tout ce que je n’ai pas, de tout ce que je n’ai plus.
Made by Neon Demon
Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
Le temps passa, lentement, les enlaçant comme un vieil ami qu’on retrouve après un moment passé séparés. Comme si, pour une fois, il jouait en leur faveur, comme si’l venait les rassurer, les apaiser. Même si les larmes coulaient pour Ginny comme pour Ezra, même si ça faisait toujours mal au coeur, c’était presque libérateur. Ca poussa Ezra à se laisser aller un peu, à s’ouvrir un peu plus plus, à tenter de trouver des mots justes, des paroles rassurantes. C’était bancal, c’était fragile mais c’était malheureusement ce qu’il avait de mieux en réserve pour le moment. Alors, quand Ginny releva le regard vers lui, il n’avait pas honte qu’elle le voit comme ça. Pour une première fois peut-être, laisser sa tristesse transparaitre lui paraissait presque normal. « Ezra... » Il était toute ouïe, prêt à écouter les paroles de Ginny. Sauf que le temps semblait, une nouvelle fois, retourner sa veste contre eux. Ce fut presque sans surprise, après tout dans cette situation ils semblaient toujours perdants. Un bip, un bruit, qui ne fit pas réagir Ezra aussi vite qu’il aurait fallu peut-être. Il mit un temps, un instant avant que son coeur ne s’emballe un peu trop rapidement dans sa poitrine, sentant cette arrivée massive d’adrénaline. Cependant, s’il n’avait pas su réagir rapidement de son côté, c’était le contraire de la part de Ginny. La jeune femme avait quitté presque aussitôt ses bras pour se ruer sur son petit bonhomme, en direction des bruits qui parcouraient désormais toute la pièce en pleine liberté. « Ezra?! » Son ton de voix était sans appel - c’était déchirant à entendre. Il n’y avait aucun doute quant à l’état dans lequel la jeune femme se trouvait en ce moment même. La panique et la peur transpiraient de ses yeux, la trahissant devant n’importe qui. « Qu’est-ce qui se passe? » Le personnel médical arriva bien trop rapidement dans la chambre pour Ezra, qui commençait enfin à sortir de ses pensées floues et cotonneuses dans lesquelles il avait pu se glisser, l’espace d’un instant, avant que ce petit moment de paix soit perturbé. Des blouses blanches qui se succédaient sans qu’il puisse les nommer - il n’avait jamais été bon à ce jeu là de toutes façons. « Reculez, s’il-vous-plaît. » La jeune femme qui venait de s’adresser à Ginny lui semblait être une des infirmières, arrivée en tête pour palier au problème. Ginny finit d’ailleurs par s’exécuter assez rapidement, se heurtant à la chaise qui se trouvait derrière elle. Ca grouillait de partout, ça s’agitait, ça bougeait tellement vite qu’Ezra s’en voulait de ne pas être déjà auprès de Ginny pour la soutenir. Il parcourut cependant rapidement les quelques mètres qui les séparaient, venant l’entourer doucement, délicatement de ses bras. Les gens s’agitaient autour d’eux alors que le bruit persistait comme s’il ne se préoccupait absolument pas du bazar qu’il créait autour de lui. « Non, non, non, non... » La jeune femme finit par s’agiter quelque peu dans ses bras, comme reprenant de la prestance - chose qu’Ezra n’arrivait absolument pas à faire, ne comprenant toujours pas si la situation était aussi grave qu’elle le laissait paraître. Il n’avait jamais été aussi lent à réagir de sa vie, même le jour où Ginny lui avait annoncé être enceinte, il avait mis moins de temps que ça avait de sourire de nouveau. Là, c’était comme s’il se laissait porter par le flot autour de lui, comme s’il n’était pas apte à demander à son corps de faire quoi que ce soit comme mouvement. Et Ginny qui semblait comprendre vraiment bien plus rapidement que lui. « Pas maintenant, pas ici, pas comme ça... » Pas maintenant… Le coeur d’Ezra se serra quand son cerveau crut enfin comprendre ce qu’il se passait. Même si son état général semblai démontrer qu’il avait déjà plus ou moins compris qu’un péril imminent était présent. Noah était en danger - en réel danger. Pas celui qui planait depuis des semaines et des mois au dessus de leur tête. Non, un vrai, un palpable dans l’air. Il menaçait de rendre son dernier souffle à tout moment - et la seule chose qu’Ezra arrivait à faire, c’était de rester planter là, tentant par il ne savait quel moyen de retrouver un contact physique avec Ginny pour se rassurer, pour qu’elle le pince ou qu’elle lui dise que tout allait bien aller. Il se jurait même d’avoir senti une larme s’échapper et couler le long de sa joue. « Non… » Sa voix était plus absente que jamais, comme déjà hantée par un fantôme qui n’était pas encore déclaré. Et ce fut justement à ce moment là que le bruit cessa. Le calme plana pendant quelques secondes dans l’air avant de laisser place à des soupirs de soulagement de la part de l’équipe médicale, désormais presque au complet dans la chambre. Ezra lui n’avait en revanche pas exactement compris ce qu’il venait de se passait, même si son coeur semblait ralentir sa course sur place qu’il avait commencé quelques minutes plus tôt. « Alors ? » Il faillit sursauter en entendant sa propre voix; il ne s’attendait pas à pouvoir réagir de nouveau si vite. Mais il fallait dire que le silence, dans ce cas là, était plus pesant que les paroles - même si les médecins en venaient à apporter une mauvaise nouvelle. Ne pas savoir, c’était bien pire que de devoir encaisser une nouvelle, quelle qu’elle soit. Le seul homme présent finit par lever la tête vers l’une des femmes à sa droite, comme s’il attendait qu’elle se prononce, attendant son feu vert pour faire ou dire quoi que ce soit. Passant sa main sur son visage, elle finit par tirer un petit sourire timide. Il semblait à Ezra qu’il s’agissait du médecin de Noah. « C’était un stress général pour rien. Il a du bouger et ça avait débranché une électrode. Je suis désolée pour ce moment… » Elle laissa sa phrase en suspend, comme s’il n’y avait pas besoin d’en dire plus pour décrire ce qu’il venait de se passer. Ezra savait que les paroles du médecin était du bon et des bonnes nouvelles. Il savait qu’il devrait se calmer, et c'était ce que son coeur semblait faire. Sauf que son cerveau rattrapa le reste de son corps et commença lui juste à comprendre ce qu’il se passait. Venant passer à son tour une main sur son visage, ce fut comme une espèce de rire nerveux qui vint s’emparer de lui. « C’est rien alors, rien du tout… » Il avait parlé à voix basse et il y avait fort à parier que même le médecin n’avait pu entendre ce qu’il venait de dire. Peut-être même que seule Ginny avait pu l’entendre. Mais ça lui suffisait, il n’avait pas besoin que toute la chambre comprenne à quel point il émergeait seulement de la stupeur dans laquelle il s’était figé durant tout cet instant d’angoisse générale. Car, si quelque-chose de malheureux était vraiment arrivé ce soir, il n’aurait pas été à la hauteur de la réaction attendue, il n’aurait pas été à la hauteur du moment présent pour sûr.
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
J’ignore ce qui se passe, aussi attentive puis-je l'être. Des bruits d’un côté, des gestes de l’autre. C’est la panique contrôlée et c’est mon souffle qui s’accélère, c’est la pression d’Ezra tout contre moi qui est nécessaire, et c’est cette sensation d’étouffer, d’être prise au piège qui renchérit. Tout me fait l’effet d’être mis en scène, des infirmières au médecin, de Noah à nous, tous des acteurs, un script précis, irréel, qui joue avec nos émotions, qui joue avec nos nerfs. Je tremble et je pleure, ou je suis immobile et impassible. Je parle et je crie, ou je suis silencieuse et effacée. Rien n’est facile, pourtant tout est limpide, et si je ne ressentais pas ces bras, là, enlacés autour de ma taille, me retenant fermement de m’écrouler, j’aurais pu abandonner beaucoup plus vite. Et cette poussée de chaleur qui naît au creux de mon ventre, cette rage de vivre qui articule mes supplications, qui m’arrache un sursaut. Ce n’est pas moi qui s’articule sous leurs yeux, c’est le pilote automatique qui se met en marche, qui arrime les coups, qui essaie de garder contenance. Ezra parle et je ne l’entends pas, je ne l’entends plus. Mes prunelles sont vissées à Noah, plongeant dans un brouillard, dans une pénombre tout ce qui se passe autour de lui, ce qui se déroule, ce qui le pousse vers le précipice, ce qui le ramène. De longues minutes, secondes, heures, passent et je n’ai plus conscience de rien d’autre que lui, juste lui, toujours lui. Puis, on nous rassure. Malfonction de l’équipement, erreur de parcours, un détail, une bribe ridicule qui nous a donné un avant-goût de la fin, sensation âpre dans ma gorge, goût amer, dégueulasse. « Tout va bien, tout va bien, tout va… » que je répète encore et toujours, un peu plus lentement, pour m’en convaincre. L’onde de choc qui a amené le personnel dans la chambre, qui a tout stoppé, même les feux d’artifices dehors, même les discussions, même les rêves. La chambre se replonge à nouveau dans la noirceur, dans le calme. On nous propose de sortir prendre l’air, de se changer les idées, de voir ailleurs un peu. On sent le malaise, la tension, le stress, la peine. Et j’obéirai, docile, lorsqu’Ezra m’entraîne à la cafétéria, lorsqu’il me prépare un thé, lorsqu’il s’installe face à moi, en silence, breuvage chaud qui j’avalerai en silence, perdue encore une fois dans ma tête, dans mon monde. Et si. Ce sera comme ça, lorsque ça arrivera. Lorsqu’il sera temps, lorsqu’on ne pourra plus éviter l’inévitable, lorsqu’on devra lâcher prise. Lorsque Noah devra nous quitter. Et je prie, je supplie, j’implore en silence que ce soit rapide. Un dixième de seconde, un claquement de doigt. Si on en vient là, faites qu’il ne souffre pas. Nous, on s’en contrebalance, mais lui…
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Le robinet laisse échapper le bruit distinctif d’une goutte d’eau qui tique encore et encore au fond du lavabo. Il fuit. La salle de bain est vide depuis plus d’une heure, occupée simplement par ma routine, par mon rituel. D’abord, une longue douche, bouillante, qui semble délier chaque muscle qui a pu se tendre, se contracter, se resserrer au fil du dernier mois. Des courbatures que je ne me reconnaissais pas, lorsque j’arque la nuque, que je cambre les hanches, probablement pour avoir dormi les dernières heures sur plus inconfortable encore que le lit de fortune qu’on m’avait installé dans la 214. Les chaises de la salle d’attente aux urgences sont faites de plastique et de métal, elles n’épousent pas le dos, elles laissent une sensation raide sur le bassin. Le dernier de mes soucis. Le jet d’eau chaude avait balayé, rincé mes quelques mèches, complétant le nettoyage, soulageant ces poches de fatigue, de peine, de stress sous mes yeux. J’avais fouillé pendant de longues minutes dans le sac de vêtements propres qu’Edward avait fini par m’apporter deux semaines plus tôt, comprenant que je ne quitterais plus la chambre de Noah jusqu’à la fin. Un sourire triste, las avait pris place sur mes lèvres, lorsque j’étais tombée sur cette robe qu’il avait mise là, à travers les pulls de laine vieillots et les jeans tachés de peinture. Un tissu doux, une couleur neutre, mais une forme jolie, qui épousait ma silhouette sans me rendre mal à l’aise. Le vêtement avait passé comme une charme sur ma tête, descendant le long de mon corps, masquant presque ma carrure rachitique, maigrichonne pour faute d’avoir l’appétit dans les talons depuis des semaines. On s’étonnera sûrement de me voir passer un trait de mascara sur mes cils, ainsi qu’une ligne de rouge mes lèvres. C’était pourtant ce que j’avais décidé quelques jours plus tôt, après avoir croisé Joanne à la cafétéria. Pour Noah, je serais forte jusqu’au bout. Pour Noah, je serais belle, je serais la plus belle et la plus confiante, la plus grande, la plus solide. Mes rétines s’accrochent au reflet que me renvoie la glace. Malgré mes traits tirés, malgré mes épaules frêles, malgré mon mal, j’étais jolie. Noah me trouverait jolie. J’ignore presque ce soupir qui longe ma gorge, ramassant ce qui reste de mes affaires, quittant le silence réconfortant de la salle de bain pour retrouver le brouhaha de l’hôpital quelques couloirs plus tard. Le dernier droit, la dernière indécision. Mon fils derrière les portes battantes du bloc opératoire, mon fils sous le bistouri, mon fils et ce rein venu du ciel, qui lui redonnerait la promesse d'une vie qu’il avait toujours méritée. Rien n’était encore fait, tout pouvait encore basculer, mais on ne pouvait plus rien faire désormais. La providence avait donné son signe, maintenant, la patience était légitime. Ed avait dû retourner au bureau en urgence, et c’était enragé qu’il nous avait laissés. Je savais qu’il ferait tout en son possible pour revenir le plus vite possible, je savais que la situation l’horripilait au plus haut point, de ne pas être près de nous. Aucun doute qu’il ferait au mieux. « Je… j’ai profité des installations. » ma voix trouve l’attention d’Ezra, qui semble somnoler à son tour sur les sièges de la salle d’attente. Seul, comme nous tous. Et un sourire qui l’accueille alors qu’il émerge doucement, que ses prunelles trouvent les miennes. Et c’est la suite qui s’emballe, qui vient briser ce moment, qui chasse toute contenance de mon visage, toute quiétude. Le médecin attiré à Noah tourne, là, à droite, et finit par se poster à nos côtés. Je sens les doigts d’Ezra trouver les miens, je le sens debout, à mes côtés, comme tant de fois maintenant. « Monsieur et madame McGrath. » j’aurais pu rire devant la mention, devant ces mots si injustes, si erronés, si compliqués. Mais je suis muette, avide du moindre détail pouvant me préciser la situation du gamin. Sa voix est douce, elle calme. « Je ne vous ferai pas attendre plus longtemps, je sens que vous avez atteint vos limites. Tout s’est déroulé comme prévu. Noah va bien. » il me faudra un bref moment avant d’assimiler cette phrase, avant de ressentir ce frisson dans tout mon corps, ces larmes qui montent, cette pression de la main du Beauregard dans la mienne. « Il se repose pour le moment, il est encore sous médication pour assurer un réveil en douceur et un minimum de douleur suite à l’opération. » mes yeux se remplissent de larmes, mon coeur manque un tour et cette chair de poule qui n’en finit plus de caresser ma peau, de retourner tout à l’envers, de m’affaiblir pour me renforcer. « Je reviendrai vous voir lorsqu’il sera en salle de réveil. Comptez encore quelques petites heures avant de pouvoir le retrouver. » pour de bon. Le retrouver, pour de bon. « Oh, seigneur... » le regard bienveillant du médecin finit par nous couver, avant qu’il s’éclipse à son tour, nous laissant vivre les émotions qui suivront. Et je soupire, et je tremble, et je suis euphorique, et je suis submergée.
Made by Neon Demon
Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
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RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
La suite de l’échéance avait été lourde, longue et pesante. Comme des serres se refermant sur eux petit à petit - et ils étaient des victimes consentantes dans l’histoire. La dernière semaine, bien sûr, avait été la plus compliquée, la plus difficile à supporter. Ezra s’était forcé à retourner travailler en journée pour ne pas devenir fou, pour tenter de s’occuper les mains et l’esprit et ne pas péter un plomb à tourner en rond dans les couloirs de l’hôpital. Au garage, de toutes façons, ils étaient tous au courant de l’état des choses. Et comme un accord silencieux avait été passé entre tous: si le téléphone d’Ezra sonnait et qu’il n’était pas à portée de sa main, ils se devaient de décrocher. Par la suite, même, s’il le fallait il l’escorterait jusque l’hôpital pour qu’il puisse y être à temps - pour quoi exactement, ils ne savaient pas, mais s’il devait y être il ne se devait pas d’être en retard. Une fois le soleil derrière l’horizon, Ezra ne rentrait pas chez lui en revanche, c’était à ce moment là qu’il partait pour l’hôpital. Il ne se rappelait plus la dernière fois qu’il avait dormi dans un lit, un vrai; qu’il avait pris une douche autre que par courtoisie pour les gens qu’il croisait, ni la dernière fois qu’il avait pris un repas presque correct. Les cernes se creusaient, les sourires s’effaçaient au fur et à mesure pour laisser place à cette mine terne et aigrie qui ne lui allait pas si bien. Mais qui, là, était nécessaire. « Toujours rien pour l’instant ? » Levant les yeux de son portable, Ezra regarda l’un de ses collègues qui s’inquiétait pour lui. Soupirant et tirant une petite moue, le jeune homme vint délicatement secouer la tête. « Rien pour l’instant, non… » Il n’avait pas eu de nouvelles de Ginny pour le moment - il tentait de se dire que c’était pour le mieux, que pas de nouvelles, bonne nouvelle -, et il ne savait pas s’il voulait réellement en avoir. Car, à tout moment, elle pouvait aussi l’appeler pour lui demander de venir car c’était juste fini. Soupirant de nouveau, Ezra écrasa sa cigarette avant de retourner dans l’atelier. S’occuper était réellement la meilleure des solutions de toutes façons. Au moins, son attention était détournée intentionnellement pendant quelques instants, même si ça ne durait jamais très longtemps. Cependant, aujourd’hui, il eut à peine le temps de remettre la tête sous le capot qu’il entendit son portable sonner. Il n’avait même pas besoin de regarder le nom qui s’affichait sur l’écran, il savait que c’était elle. Il pouvait le sentir à travers tout son corps, à la façon dont les frisons venaient lui parcourir la colonne vertébrale. Le silence autour de lui se fit instinctivement, alors que Ginny commençait à parler à peine avait-il décroché le combiné. « Je… j’ai profité des installations. » Difficilement, Ezra rouvrit délicatement les yeux pour tomber sur une Ginny sortant de la douche, parée d’une robe qui lui allait à merveille et un sourire sur le visage. Instinctivement, le sourire d’Ezra vint faire écho à celui de la jeune femme. « T’as eu raison, j’aurai peut-être du en faire autant… » Baissant les yeux sur sa propre tenue, il se rappela qu’il portait toujours son bleu de travail, par dessus lequel il avait juste enfilé un gros pull qui traînait dans l’atelier pour ne pas mourir sous la climatisation des couloirs de l’hôpital. Il avait l’impression d’avoir attendu ici depuis des jours dans cette tenue vraiment non-adaptée, alors que seulement des heures s’étaient écoulées. Mais l’intervention semblait longue, quand vous étiez un parent dans l’attente de la poursuite ou non de la vie de votre enfant. Ginny avait atteint son côté lorsque le médecin vint les interrompre dans ce seul moment presque normal qu’ils partageaient depuis des jours. De suite, la main d’Ezra vint agripper celle de Ginny alors qu’il se levait à ses côtés. Si le médecin de Noah venait les voir, il n’y avait que deux possibilités - les deux stressaient Ezra au plus haut point. « Monsieur et madame McGrath. » D’ordinaire, Ezra se permettait de rectifier ce genre de petit détail - mais détail important car il marquait bien le fait que la vie l’avait bien séparé de Ginny et de Noah; car les deux à l’heure actuelle auraient été appelé Beauregard si tout avait dénié se passer comme planifié. « Je ne vous ferai pas attendre plus longtemps, je sens que vous avez atteint vos limites. Tout s’est déroulé comme prévu. Noah va bien. » Le médecin semblait continuer de parler par la suite mais le cerveau d’Ezra avait décidé de ne plus suivre les mots prononcés. Pour le moment, ses oreilles en venaient à siffler, ses yeux en venaient à piquer parallèlement au fait que son coeur eut un gros loupé - comme s’il s’était arrêté quelques instants pour repartir de plus belle par la suite. Noah va bien. Dieu, comme il avait attendu longtemps qu’on puisse au moins une seule fois dans sa vie lui dire ça. Depuis que Ginny était de retour à Brisbane, personne ne lui avait jamais dit qu’il allait bien. Certains jours, il allait mieux - mais ce n’était jamais bien. Les larmes vinrent s’emparer de ses joues bien avant qu’il puisse le réaliser, et ce ne fut que lorsqu’il sentit la petite main frêle de Ginny trembler dans la sienne que son regard reprit de la contenance, qu’il réussit à diriger son regard vers le bout de femme qui avait été porteuse principale de la situation. « Oh, seigneur... » La voix de la jeune femme semblait encore difforme aux oreille d’Ezra mais ça confirmait qu’il ne rêvait pas. Ginny avait entendu la même chose que lui et le soulagement l’envahissait aussi à son tour. Dans sa vision périphérique, il lui semble que le médecin les quitte, mais son attention était toute focalisée sur toute autre personne. Alors instinctivement, délicatement, les bras d’Ezra vinrent prendre le corps tremblant, ému de Ginny contre lui. Après tant d’attente, tant de peur et d’espoirs gâchés; après des heures à pleurer et des journées à angoisser; suite à ces mois et années gâchés, trop vite écoulés. Ils y étaient enfin - Noah était sain et sauf, hors de portée de cette putain de maladie de merde. Ezra ne savait combien de temps ils avaient pu rester de la sorte. Les larmes coulaient comme par miracle, comme si c’était encore possible. Le soulagement en chacun pouvait se sentir à des mètres à la ronde - tout l’hôpital pouvait sentir à quel point la pression se dégageait enfin. A un moment enfin, le jeune homme se dégagea légèrement, timidement Ginny de ses bras afin de l’observer - lui parler - pouvoir dire quelque-chose d’appropriée. Après tout, ils étaient enfin parents d’un enfant avec une espérance de vie plus longue qu’un paquet de céréales entamé. Et en cet instant, à ce moment précis, la beauté qui émanait de Ginny le troubla plus qu’à l’accoutumé. Parce-que même si les larmes avaient fait couler son mascara qu’elle avait pris soin d’appliquer après dans semaines à l’oublier, elle était belle; même si tout son petit corps tremblait sous la pression relâchée, elle était belle. Comme si quelque-chose de nouveau se libérait en elle, autour d’elle - un nouvel aura d’une bonté meilleure que celui précédant. Quelque-chose qui mit Ezra plus en confiance qu’habituellement, qui l’attirait davantage vers la jeune femme. Alors non, ce n’était ni le moment ni les bonnes circonstances, mais la vie avait tellement été agitée et incertaine ces derniers temps qu’il s’en fichait grandement en cet instant de s’il agissait comme il le devait ou comme il en avait envie. Les mains d’Ezra vinrent encercler le visage de Ginny et, la seconde suivante, ses lèvres se posaient sur celles de la jeune femme. A la fois baiser délicat et plein d’urgence, il avait l’impression d’embarrasser la jeune femme de nouveau pour la première fois. Libérant son coeur de cette cage, le temps d’un instant, dans laquelle il avait pris soin de l’enfermer ces dernières années. C’était reprendre une nouvelle bouffée d’air frais, revenir en vie complètement après avoir été trop longtemps privé d’oxygène. Et c’était aussi complètement osé, à la limite de l’interdit. Il l’avait rapidement compris en la revoyant, Ginny n’était plus sienne depuis bien longtemps. La page avait été tournée et une nouvelle histoire avait commencé. Mais aujourd’hui, au milieu des émotions ressenties mélangées et du côté fatal de la situation, il n'avait pu s’en empêcher. Assez rapidement, cependant, il se reculait de nouveau de Ginny, ne lâchant pas son regard des pupilles. Pas un mot, pas un geste supplémentaire - rester là à la regarder lui suffisait amplement pour le moment.
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
L’annonce du médecin n’a même pas le temps de faire son chemin jusqu’à mes neurones que déjà, je sens Ezra s’agiter à mes côtés, me prendre dans ses bras, se mouvoir, s’emporter. J’ai les quelques mots qui passent en boucle, comme si je devais prendre tout le temps du monde pour les assimiler, la bande enregistrée qui répète et rejoue, qui statue que l’état de mon fils, de notre fils, est stable. Qu’il vivra. Comme si je ne comprenais plus les sensations qui voyagent à travers mon corps, comme si j’étais dans un état second, à observer la scène, à la décortiquer, l’analyser. Ce sont plusieurs années qui viennent de s’envoler de mes épaules, et je jurerais que je respire un peu mieux, que mon souffle est plus profond, moins saccadé, moins court, que jadis. Un coup d’oeil vers le jeune homme qui vit son émotion d'une manière beaucoup plus extravertie que la mienne, mais ce n’est pas sans reconnaître la douceur d’une larme, puis d’une autre sur ma joue, la sienne. On dit que les nerfs ont la faculté de s’étirer, de se tendre, de s’allonger, de se courber avec le temps. On dit que face à un stress, une angoisse, une torpeur, ils se contractent pour devenir du béton, solides, intouchables. Et qu’au moindre signe de relâchement, ils laissent aller avec eux le sang, l’oxygène, la lymphe, partout à travers le système, ressenti de chaud, de froid, d’entre les deux. Je suis là, stupide, effacée, à tenter de comprendre ce qui rend mes jambes si molles, mon visage si bouillant, mes mains si moites, à imaginer le corps de Noah sous respirateur, cette fois la bonne, cette fois dans l’attente d’un réveil prometteur, et d’une vie en supplémentaire. Et ce n’est que lorsque je lève la tête vers Ezra, fin prête - ce que je crois, bien humblement - à ouvrir la bouche, à articuler, à processer la nouvelle, que j'anticipe le mouvement qu’il s’apprête à faire. De mes hanches, de son accolade, ses mains font maintenant le trajet inverse, remontant vers mes épaules, ma nuque, mon visage. Son regard qui est chaleureux, qui rassure, qui adoucit, comme tant de fois avant, et ce sourire, fin, beau, tellement beau, que je reconnaîtrais parmi des dizaines. Je ne mets pas très longtemps à comprendre que le résultat de sa propre réflexion mènera à ses lèvres se posant sur les miennes. Et même si je profite de la fraction de seconde nécessaire pour décortiquer le tout, esprit d’analyse en situation tendue, je manque tout de même un battement puis un autre lorsque le contact de sa peau se fait plus pressant, plus pressé. Bientôt 9 ans de séparation, d’éclats, de crises, de larmes. Bientôt 9 ans à vouloir le détester, à tenter si fort d’être déçue, dégoûtée, acharnée de ne pas l’avoir revu plus tôt, de l’avoir laissé filé. Une décennie presque, et une seconde plus tard, je l’oublie. Une seconde plus tard, c’est le souvenir du tout premier baiser qui remonte, celui qui nous avait surpris tous les deux, celui qui ne venait pas au bon moment, qui dérangeait, qui détonnait, mais qui semblait si naturel, si nécessaire, quand on avait compris. Quand on avait eu le déclic, quand j’étais passée de la p’tite soeur de Matt à plus, beaucoup plus. Quand il n’était pas que le meilleur ami de mon frère, mais mon univers tout entier. Un baiser sobre et délicat, furtif, trop long pour être une erreur, trop court pour que je revienne décemment ici, pour que le choc ne soit pas douloureux, abrupte, lorsqu’Ezra se dégage, lorsqu’il esquisse un pas puis un autre vers l’arrière. « Et moi, je pensais bêtement qu'après l’annonce du médecin rien d'autre ne pourrait me prendre de court... » je comble le vide, son regard posé dans ma direction me rendant presque aussi mal à l’aise qu’à l’époque, timide. Les joues rosées, les lèvres qui se pincent sans que je ne le contrôle, et son parfum qu’il a laissé dans mon sillage. « Ezra, je… je sais pas pour toi, mais je pense qu’on devrait mettre ça, sur pause. Arrêt sur image. » je me doute bien qu’il n’a pas l’intention de se lancer dans des effluves à n’en plus finir ici. Il me connaît par coeur, il sait prestement qu’une démonstration du genre dans un lieu public me donner de l’urticaire. Qu’Edward est à une fraction de seconde de tourner le couloir, si je me fie à mon timing légendaire. Et surtout, il sait exactement ce que je vais ajouter, ce que je vais justifier. Parce que je serais prête à tout parier qu’il pense exactement comme moi sur ce coup-là. « Ce dont je rêve pour l’instant, c’est de retrouver Noah. De le prendre dans mes bras, de réaliser ce qui arrive. » pas de déception, pas de refus, rien du tout. Ce n’est ni l’endroit ni le moment pour partir en vrille, pour me demander si ce geste signifie autre chose, pour l’espérer à demi-mots, interdite. Parce que ce serait trop compliqué, certainement, et parce qu’on a déjà donné pour l'entièreté de ce chapitre et même le suivant. C’était immanquable que l’un ou l’autre de nous deux ressentent ce genre de pulsion à un moment précis, c’était inévitable que nos vieilles habitudes si ancrées jadis refassent surface en temps de crise. Je ne lui en veux pas, je ne m’en donne pas le droit, ayant répondu bien que timidement à son embrassade. Aussi coupable que lui, si ce n’est plus pour ne pas avoir totalement assumé le geste. Mes doigts trouvent à nouveau les siens, l’invitant à me suivre sur les sièges de la salle d’attente, là où je l’ai trouvé plus tôt, là où on risque de passer les plus longues heures de notre courte vie dans l’attente du verdict final, et des retrouvailles tant attendues avec le gamin. Ezra finit par s'asseoir, je fais de même, et évite de laisser le silence se loger entre nous une nouvelle fois. Bienveillante, je ramène son attention sur ma petite personne, la blague facile, le coeur tellement plus léger. « Sinon, je suis particulièrement fière d’être passée par l’arrêt brossage de dents, y’a quelques minutes. » parce qu’en vrai, j’étais pas mal certaine que le capital magie - s’il y en avait un - de la scène vécue plus tôt aurait passé directement aux oubliettes s’il avait eu à se frotter à une haleine de chacal. Mon index pianote sur sa paume, danse sur ses phalanges, caresse du revers. La musique ambiante me semble pleine d’espoir, les vieilles rediffusions à la télé suspendue au plafond sont nettement plus viables maintenant qu’elles ne sont que le compte à rebours avant Noah. Avant nous, et avant lui. « Tout va bien. » des mots que j’avais répétés encore et encore, à la totalité des gens ayant pu passer à mes côtés à un moment ou un autre de la maladie de Noah. Parfois sans grandes convictions, à d’autres moments suppliante, finalement avec un peu plus de confiance. Et maintenant, avec tout l’amour du monde dans la voix. « Tout ira bien maintenant, pour vrai. » et je me fichais du reste, des complications qui viendraient, du divorce, de mes parents, de Matt. Si j’avais pu survivre à ça, j’étais en mesure de me relever de n'importe quoi d’autre. Le complexe du super-héros qui m’atteindrait de plein fouet si je le laissais faire - et j’en ai presque envie.
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Ezra Beauregard
les adieux volés
ÂGE : trente-neuf étés colorés, né une certaine fête nationale australienne de quatre-vingt cinq. STATUT : le second mariage en grandes pompes est tombé à l'eau, et certains s'amuseront surement à lui dire 'on t'avait prévenu' en apprenant le comportement qu'a eu sa future-ex-femme dans son dos. MÉTIER : il n'est plus question de travailler aux côtés et/ou pour lily, donc machine arrière: il faut de nouveau qu'il se pose pour savoir que faire de toutes ces entreprises qui portent son nom sur le bail. LOGEMENT : #159 third street (logan city), où il a mis les affaires de lily sur le pas de la porte et a fait changer les serrures de la maison. tous les enfants vivent avec lui, dans un capharnaüm sans temps-mort. POSTS : 52573 POINTS : 120
TW IN RP : deuil, fausse-couche, maladie infantile (rémission), tromperie. ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : la famille avant tout › n'était pas donneur compatible de rein, don qui avait pour but de sauver son fils › cora coverdale est la plus belle, et bee scott beauregard › a rencontré son fils (2017); coup de foudre au premier regard, comme on dit › après une longue lutte pour le petit, pour Ginny, et finalement pour lui, Noah est enfin tiré d'affaire de cette maladie qui a failli lui coûter la vie grâce à une greffe de rein (octobre 2017).CODE COULEUR : cornflowerblue. RPs EN COURS :
EZRAUDEN › My loneliness is killing me, and I must confess I still believe. When I'm not with you I lose my mind. Give me a sign. Hit me, baby, one more time.
surprise:
RPs EN ATTENTE : charlie #2 › ginny #26 RPs TERMINÉS :
AVATAR : sam claflin. CRÉDITS : fassylover (avatar) › nobodys (profil gif) › RENEGADE (signature icons) › stairsjumper (le petit géranium+userbars) › harley (crackships ezrauden). DC : damon williams, la lueur de l'ombre (ft. rudy pankow) › malone constantine, le prix du vice (ft. jack lowden) › ruben hartfield, le problème à trois corps (ft. harry styles) › millie butcher, les enfants du silence (ft. zendaya coleman) › maxwell eames, le silence des agneaux (ft. matt smith). PSEUDO : luleaby. INSCRIT LE : 07/04/2015
Take all the courage you have left, it was not your fault. It was your heart on the line, I really fucked it up this time. Didn't I, my dear? I tremble for yourself, my boy, you know that you have seen this all before. I'll never settle any of your scores, your grace is wasted on your face, your boldness stands alone among my wreck.
Les lèvres de Ginny avaient ce goût particulièrement salé de la personne en train de verser des larmes, de celle laissant aller les nerfs ou le chagrin. Son visage entre les mains d’Ezra était si frêle, si affaibli qu’il avait presque peur de lui en briser tous les os rien qu’au simple contact; il portait les traits tirés de celui qui avait souri trop longtemps en prétendant que tout allait bien. Mais surtout, la façon dont Ginny - malgré elle ou non, telle était la question - se retenait, restait en retrait sur ce baiser qui faisait comprendre à Ezra qu’il avait surement été trop loin. Mais, il s’en fichait. Elle le savait, il le savait - elle était la seule personne au monde avec qui il était aussi naturel, autant transparent. Et il ne voyait pas ce moment là être différent du reste. Ce fut pour ça que ses lèvres ne mirent pas longtemps avant de s’étirer, doucement, une fois qu’il eut pris une distance raisonnable de Ginny. « Et moi, je pensais bêtement qu'après l’annonce du médecin rien d'autre ne pourrait me prendre de court… » Son sourire à lui s’étire un peu davantage; son regard ne lâchait pas la jeune femme. Il savait qu’il avait l’air d’un idiot présentement, l’attitude niaise de la sorte. Mais il s’en fichait - car tout rentrait dans l’ordre, d’une certaine manière. « Ezra, je… je sais pas pour toi, mais je pense qu’on devrait mettre ça, sur pause. Arrêt sur image. » Il semblerait donc que les années ne l’aient pas changé. La Ginny qu’il connaissait par coeur et aimait tant était de retour devant lui, à trop réfléchir, à trop penser, à s’en tordre les neurones sans jamais en finir. Mais c’était de tous ces petits détails dont il était tombé amoureux à l’époque, qu’il avait appris à apprivoiser au fur et à mesure. Et aujourd’hui encore, il connaissait par coeur la façon dont elle tournerait la situation, il s’osait même dans sa tête à deviner les paroles qu’elle allait pouvoir lui dire, la raison du malêtre en elle qu’elle pointerait du doigt. Elle aurait raison - Ginny avait quasiment tout le temps raison de toutes façons. « Ce dont je rêve pour l’instant, c’est de retrouver Noah. De le prendre dans mes bras, de réaliser ce qui arrive. » Les pupilles d’Ezra sondaient le regard de la jeune femme comme s’il la découvrait pour la première fois - on pourrait même dire qu’il la dévorait du regard. Mais ce fut son sourire qui finit par changer, devenant plus tendre, plus taquin aussi à la fois. « Je sais. » Ses mots étaient doux et il n’ajoutera rien par la suite. Parce-qu’il n’avait pas besoin d’en dire plus sur la situation pour le moment, tout était déjà expliqué pour aujourd’hui. Ils auraient largement le temps de se poser et d’en parler, il aurait largement le temps de mettre une fois de plus son coeur à nu. La seule chose qu’il ne dirait pas, et il en était sûr d’avance, c’était qu’il était désolé - car ce serait mentir, distordre la réalité. Par la suite, la chaleur des doigts de Ginny venant entrelacer les siens se fit sentir, et ils retrouvèrent tour à tour leurs places sur les chaises de plastiques devenues comme plus confortable par miracle; surement le poids de l’attente en moins sur les épaules faisait que le temps et l’espace en devenait que plus confortables. Entre Ginny et lui, le silence était revenu comme naturellement, tout léger et réconfortant. Il aurait pu s’écouler des heures sans qu’Ezra n’ose ouvrir la bouche, prononcer le moindre mot. Mais ce fut comme si les pensées de Ginny les rattrapèrent, comme si elles revenaient dans l’ordre des choses - ordre qu’il avait volontairement brisé pour laisser parler ses pulsions internes, ses émotions nouvellement nées. « Tout va bien. » Il avait relevé doucement le regard vers la jeune femme, sa main toujours dans la sienne; il vint y tracer de délicats cercles de son pouce, geste se voulant au plus apaisant. « Tout ira bien maintenant, pour vrai. » Soupirant d’aise - la lassitude avait largement passé son chemin -, Ezra vint délicatement passer son bras autour des épaules de la jeune femme, embrassant cette fois ci le dessus de son crâne. « Tout va bien, oui. Il va bien. » Il ne l’ajouta pas, mais dire que Noah allait bien impliquait forcément qu’ils allaient, de leurs côtés, aller eux aussi bien. Les coeurs allaient pouvoir être recollés, renforcés pour faire face aux prochaines épreuves qui leur paraitront surement plus légères, plus faciles. Et même si Ezra pouvait sentir au fond de lui cette peur qui faisait machine arrière, une partie de lui ne pouvait s’empêcher de continuer d’analyser la situation, de comprendre pleinement. Il avait toujours plutôt été du genre à agir avant de penser, à souvent prendre du recul que plus tard. Le recul, là pour la situation, il l’avait maintenant. Noah allait bien, et il irait bien. Il était tiré d’affaires, la solution qu’ils avaient tant attendue était arrivée comme par miracle - un cadeau de noël en avance. Resserrant légèrement l’étreinte sur la main de Ginny, toujours tendrement, Ezra s’autorisa un nouveau petit soupire de soulagement. « C’est fini, Ginny. » Même si la réalité était plus compliquée que ce qu’il avait prévu à s’imaginer, que le cerveau avait tendance à ne pas vouloir ne voir que le bien - oui, le calvaire était terminé. Ou du moins la partie la plus compliquée s’en était allée au moment où le médecin avait commencé à s’exprimer. Médecin qui revint les voir deux petites heures plus tard pour leur annoncer que Noah était de retour dans sa chambre, qu’il était correctement réveillé et que tout allait bien - vraiment bien, cette fois. Il leur toucha deux mots durant le trajet jusque la 214 sur l’intervention, mais Ezra devait avouer que son attention n’y était pas trop et qu’il tentait de capter du regard le moindre signe de son fils, la moindre image qui lui confirmerait les dires du professionnel. Car, comme jamais, l’instant paternel était ressenti plus que jamais. Ça le prenait dans les tripes et à plein poumons - la moindre chose qui pourrait venir à l’encontre de la bonne nouvelle ne durerait pas longtemps dans cette vie s’il fallait remette les choses à leur place pour le futur.