| | | (#)Jeu 14 Sep 2017 - 19:47 | |
| Alors, ce serait aujourd’hui. La pensée de Lene au moment où elle raccroche le téléphone pour se laisser tomber dans son lit en pensant qu’aujourd’hui est le jour où Tony sera papa, où elle sera tante et où il se produit quelque chose sur la planète qui la concerne (du moins un peu). Elle repense aux paroles de Simon, qui vient tout juste de lui annoncer la nouvelle (parce qu’autrement elle ne serait pas au courant) et ne peut s’empêcher de retourner la chose dans sa tête et de se poser tout un tas de question, notamment, celle si elle devrait s’y intéresser ou non. Le fait que Simon ait jugé opportun de la prévenir devrait lui indiquer qu’il serait temps d’enterrer la hache de guerre avec Tony, et que même si elle reste viscéralement convaincue qu’il n’est pas prêt pour avoir un enfant et que cette entreprise est une grosse erreur, il faut qu’elle y aille, qu’elle fasse acte de présence parce que c’est un jour important dans la vie de son frère et qu’elle ne peut pas ne pas être là, parce que c’est le genre de chose qui marque à vie et que ça ferait tâche quand ils se disputent qu’il ait quelque chose à lui reprocher. (Oui, Lene pense surtout à se donner raison pour les années à venir, il n’y a pas de mal.) C’est pourquoi, elle finit par se lever et prendre ses affaires, elle grommelle au passage dans le salon à Matt, affalé sur le canapé, où elle va, sans chercher à lui donner plus d’explication. Ça ne le regarde pas, il a juste à savoir qu’elle prend sa voiture et direction l’hôpital.
C’est avec appréhension qu’elle s’avance vers les portes de la maternité. Quelques secondes durant, l’idée que les parents soient là et qu’une rencontre se passe la rebute assez pour lui donner envie de faire demi-tour. Mais, ce n’était pas sans l’aide de Simon. « Ah, t’es là ! » dit-il en se dirigeant vers elle, un peu comme si elle était son messie, ce qui lui indique que s’il l’accueille comme ça, c’est ce que quelqu’un est là pour lui casser les pieds et pour le moment, elles se doutent que ce sont les parents. « Ouais. Je me suis décidée. Ça va ? T’as pas l’air bien, les parents. » « Oh non, ils ne sont pas venus, ils ne veulent pas. Mais ça va, je descends juste m’acheter un café. Tu m’attends dans la salle d’attente, okay ? » « ça marche. » répond t-elle avant de se mettre en route vers le couloir désigné par Simon. Si les parents ne sont pas là, elle se demande bien ce qui peut le foutre dans un tel état de nervosité. Il ne faut pas plus de dix secondes pour Lene à comprendre quand elle aperçoit Eva, bien droite, en train d’attendre sagement. L’unique place libre est à côté d’elle, et parce que Lene a passé l’âge d’avoir peur de sa sœur et qu’elle n’a rien à perdre, elle prend siège avec le simple regret de ne pas avoir candy crush sur son téléphone pour occuper les prochaines minutes. Vu qu’elle se doute bien que son aînée sait pourquoi elle est venue, elle se permet de poser la question. « Alors ? Ils ont dit combien de temps ça prendrait ? » C’est pas tant le but d’initier le contact, mais juste de savoir combien de temps elles vont devoir rester là. « Simon m’a dit que les parents ne viendront pas. »
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| | | | (#)Lun 18 Sep 2017 - 22:50 | |
| J'étais en pleine préparation de la prochaine émission radio lorsque mon téléphone se met à sonner. Je m'excuse dans un premier temps auprès de mes collègues pour le dérangement et met mon téléphone en vibreur sans prendre la peine de regarder qui m'appelle alors que je suis en plein travail. Tout le monde sait qu'entre 8 heures et midi, il ne vaut mieux pas me déranger. J'entends ensuite que le vibreur se met à faire trembler mon sac à main, il doit sans doute toucher mes clés pour faire un vacarme pareille. Je me permet alors d'y jeter un coup d'oeil et je vois donc le prénom de Tony apparaître. Je remarque aussi les trois notifications d'appels manqués en haut à gauche. Je décroche alors, sous les yeux de toutes ces personnes qui travaillent dans le bureau. J'en ai pour deux minutes. leurs indiquais-je. Je sors de cette pièce. En moins de deux minutes en effet, j'étais de retour. Je suis désolée, je dois y aller. Emma, tu poursuis les recherches sur l'International FireRiver. Et Tom, mets en ligne les derniers articles et podcast, s'il te plait. Je serai là demain, vous savez ce que vous avez à faire! je saisi mon sac et m'en vais au plus vite. Hôpital Saint Vincent, s'il vous plait. dis-je en grimpant dans le premier taxi qui avait accepté de me conduire. Si j'avais fait les premières démarches pour m'inscrire à l'auto-école et passer mon permis, j'étais loin de l'avoir. Pas très à l'aise devant un volant, je crois que j'étais surtout faite pour être sur la banquette arrière comme j'avais toujours su faire. Durant ce trajet, aussi court était il, j'avais pu réfléchir à ce que je pourrais bien ressentir en voyant mon premier neveu. Le premier bébé de la famille. Qui aurait cru que Tony allait être en haut de la liste? Tout le monde avait misé sur moi, sur l’aînée, l'enfant prodige de la famille. Tout le monde avait eu faux, moi la première. Mais j'avoue qu'il m'avait dans un sens rendu service. Depuis qu'il avait annoncé sa future paternité à la famille, j'avais l'impression d'être libérée d'un poids. Cette pression que je ressentais à chaque visite à mes parents. Ça semblait les avoir calmé, même si je savais qu'aujourd'hui, ils ne seraient pas là. Même si je savais qu'ils n'acceptaient pas, qu'ils étaient les premiers à dire qu'il n'était pas prêt, au moins, ils auraient leur petit-fils. Et je savais aussi que dans quelques jours, ils se décideront à venir les voir.
A ma grande surprise, Simon était déjà là. Ca me semblait étonnant. J'imagine que Tony l'avait lui aussi tenu informé et qu'il devait être plus proche que moi pour être là plus tôt. Tu l'as vu? Il y avait autant de complicité entre lui et moi que je ne pouvais en avoir avec des inconnus que je pouvais croiser dans la rue. Simon était le dernier de la famille et il mettait un point d'honneur à faire remarquer son manque de maturité, à chaque instant.Sa façon de jouer le fils parfait et de montrer que lui ne fera jamais rien pour nuire à la famille avait tendance à m'agacer. Je le sentait faux mais au final, je n'avais pas grand chose à lui reprocher. De son côté, j'ai toujours sur qu'il ne pouvait pas me supporter. Notre relation n'en restait alors que cordiale. Non, j'viens d'arriver. Il ne m'était donc pas vraiment utile. J'imagine qu'il ne savait même pas dans quelle chambre ils étaient. Bon, je m'occupe d'aller à l'accueil pour connaitre le numéro de chambre.286, deuxième étage, à droite en sortant de ascenseur puis au fond à gauche. Me dit il avec un air satisfait. Comme s'il se doutait qu'il venait de me surprendre. Il voulait surtout me faire comprendre qu'il n'était pas si idiot. Bien, je m'étais donc trompée à son sujet. Je monte alors jusqu'à la chambre 286 en suivant ses instructions. Il ne m'avait pas suivi. Au moment où je m'apprête à entrer dans cette chambre, une sage femme m'interpelle pour me demander de patienter. Le travail était toujours en cours et la maman était en salle d'accouchement. Je trouverais donc une chambre vide et elle me demandait de ne pas y entrer tant que personne n'était là. Je n'avais donc plus qu'à attendre. Il n'y avait pas beaucoup de passage de ce côté là du bâtiment, les longs couloirs froids et vides me donnaient la chair de poule. Je tentais d'appeler ma mère, me demandant s'ils savaient que Tony allait enfin être papa. C'était le cas, ils le savaient et mes pensées furent confirmée. Ils ne prendraient pas la peine de se déplacer. Voilà que Lene débarque. Je me doutais bien qu'elle viendrait. Elle était aussi proche de Tony que je ne l'étais et il avait cette façon formidable de faire tampon entre elle et moi. Mais je savais qu'aux dernières nouvelles, elle n'avait pas été tendre avec lui quant à sa parentalité. Et de quoi je me mêle? Je m'attendais à ce qu'elle ne m'adresse pas un mot. Qu'elle ne fasse comme si nous étions deux inconnues. « Alors ? Ils ont dit combien de temps ça prendrait ? » J'haussais les épaules, n'ayant pas la réponse. « Simon m’a dit que les parents ne viendront pas. » Ils sont à Melbourne. Papa avait un sommet important. Ils seront de retour à la fin de la semaine. Je suis sûre que s'ils avaient été là, ils seraient déjà avec nous. Je disais une chose et pensais son contraire. J'imagine que cet réunion de la plus haute important tombait à pique pour eux. Une bonne excuse pour ne pas avoir à se déplacer. La même sage femme que tout à l'heure passe à nouveau devant nous. Je me permets de l'interpeller. Excusez moi, sauriez vous nous dire où ils en sont... Pour combien de temps environ, il y en a? La professionnelle me répondit que le travail avait commencé en pleine nuit et que ça pouvait parfois être très long, surtout pour un premier bébé. Elle allait se renseigner et reviendrait vers nous. J'avais la sensation que ça allait être long... que nous allions devoir nous supporter l'une et l'autre dans cette attente. |
| | | | (#)Jeu 5 Oct 2017 - 22:36 | |
| Les bruits d’hôpitaux sont la bande sonore de ce moment. Que tout le monde se prépare à un choc parce que jamais en vingt ans les deux sœurs Adams n’ont pu tenir dans une pièce sans tenter de s’écharper. On devrait même prévenir toutes les personnes qui attendent autours d’elles qu’il risque d’y avoir des blessés et qu’ils feraient mieux d’appeler leur mère une dernière fois. On devrait seulement. Cependant, Lene, toujours en contradiction avec ce qu’on attend d’elle se décide à se la jouer cool, à ne pas provoquer, à agir comme n’importe qui parce que ce n’est ni le lieu, ni le moment pour les sœurs de se battre. Du moins, elle ne commencera pas le combat. « Ils sont à Melbourne. Papa avait un sommet important. Ils seront de retour à la fin de la semaine. Je suis sûre que s'ils avaient été là, ils seraient déjà avec nous. » Ce n’est pas ce que Simon lui a raconté et parce qu’elle s’attend à la vérité, elle n’essaie même pas de faire croire à Eva qu’elle achète cette excuse. (De toute manière, ça lui ferait bien trop mal que cette dernière pense réussir à la berner.) « Simon m’a dit qu’ils ne voulaient pas venir. T’es pas obligée de me faire croire qu’ils sont prêts à jouer les gentils grands-parents. Je les connais. J’avais dit à Tony qu’il ne devait pas s’attendre à du soutien. » Elle hausse les épaules. Elle avait clairement exposé son opinion de la situation. Leurs parents étaient bien trop conservateurs pour accepter un enfant né hors-mariage comme étant un des leurs, surtout si ce dernier était d’une femme venant d’on ne-sait-où et il était certains qu’ils allaient avoir du mal à l’accepter. C’était à Tony d’adoucir la situation, mais quelque chose lui dit dans la scène qu’il est en train de vivre qu’il n’a pas su arranger les choses et que bientôt, ils seront deux à être déshérités. Elle retient simplement une réflexion sur le fait qu’Eva n’est pas mis son grain de sel pour essayer de changer la situation. Quoique, peut-être que dégager Tony du cercle familial l’arrange aussi. Au même moment, la sage-femme passe devant elles dans le couloir, Eva se permet de l’intercepter. « Excusez-moi, sauriez-vous nous dire où ils en sont... Pour combien de temps environ, il y en a? » Visiblement, ça allait être long. Lene ne peut s’empêcher de faire une grimace en pensant à l’atroce douleur que l’on devait ressentir lorsque l’on a une boule de chair de la taille d’une pastèque dans le vagin et qu’en plus de ça, elle met des heures à sortir. Elle retient un cri de dégoût en pensant qu’elle n’aura jamais d’enfant et que ça la dégoûte. Elle s’enfonce dans son siège, avant de se mettra à penser (d’ennui, vu qu’elle n’a rien pour s’occuper) « ça me rappelle la nuit où Simon est né, c’était loooong, et chiant. Je me rappelle même plus pourquoi on avait été obligé d’aller à ‘hôpital pour attendre que maman vêle. » Mauvais terme. Quoique, pour l’opinion que Lene en a. N’empêche que cela semble être un étrange moment pour se rappeler des souvenirs. |
| | | | (#)Mer 11 Oct 2017 - 10:05 | |
| « Simon m’a dit qu’ils ne voulaient pas venir. T’es pas obligée de me faire croire qu’ils sont prêts à jouer les gentils grands-parents. Je les connais. J’avais dit à Tony qu’il ne devait pas s’attendre à du soutien. » Je tentais tant bien que mal de me raccrocher après les branches comme je le pouvais. Lene n’était pas dupe, Simon s’était surement fait un plaisir de lui dire la réelle pensée de nos parents. C’est vrai, ils ne seraient pas venus, c’est vrai que leurs valeurs sont à l’opposé de la situation que nous vivons maintenant. Peut-être, que j’aurai rallié leur cause si pour moi, les choses avaient été différentes. Sans doute très jalouse qu’on me prenne la place du premier enfant à devenir parent. J’étais l’ainée, j’avais une vie stable, un fiancé, une date de mariage qui arrivait à grand pas, un métier parfait. Tout était réunis pour offrir une vie à un nouveau-né, accueillir le premier petit enfant de mes parents. Mais non. Tout n’était pas si parfait, quelque chose, quelqu’un avait décidé que cette vie n’était pas pour moi. Alors je m’étais contentée de me réjouir, de me sentir soulagée. Et même si la situation allait devenir très compliquée pour Tony, ce serait lui qui serait au centre des conversations, aussi terribles soient elle mais moi, on me lâcherait la grappe. « Il avait mon soutien. » et il l’aura toujours. Je n’ai cessé de lui répéter qu’il pourrait compter sur moi. Du côté de sa petite amie, nos relations n’étaient pas très cordiales. Si elle avait tenté plusieurs fois de s’immiscer entre Tony et moi, de trouver sa place, mais je n’étais pas très ouverte à devenir la belle-sœur parfaite. Je l’avais vu plusieurs fois lors de nos conversations sur skype alors qu’il était toujours à l’étranger. Il y a peu de temps qu’il l’avait rencontré, sans doute trop peu pour concevoir un enfant mais comme dit, je crois que la chance de pouvoir donner la vie est un cadeau, pour le mariage, je crois que c’est mieux que personne n’aborde vraiment ce sujet. Nous voilà toutes les deux à devoir attendre, j’ai la sensation que cette attente allait être interminable. Lene et moi n’avions rien à nous dire. Nos dernières rencontres n’avaient été qu’animosité. D’ailleurs, la fréquence devenait de plus en plus soutenue. Je n’avais plus l’habitude de la croiser si souvent en une année. Nous allions devoir garder notre calme ici. De toute façon, je préférais le silence pesant à des disputes inutiles. Ce n’était ni le lieu, ni le moment. J’espérais que Lene s’en rende compte. « ça me rappelle la nuit où Simon est né, c’était loooong, et chiant. Je me rappelle même plus pourquoi on avait été obligé d’aller à ‘hôpital pour attendre que maman vêle. » Contre toute attente, elle brisa ce silence. Et j’étais d’autant plus surprise de voir qu’elle se plongeait dans le passé. « Ça avait duré des heures oui… papa était encore au travail et tante Annaëlle n’en pouvait plus de nous avoir tous les trois chez elle… elle nous avait emmené avec elle pour attendre qu’il se décide à sortir. T’étais pressée et la première chose qu’il a fait quand maman l’a posé dans tes bras, c’est de te vomir dessus… » Je me surprends à me détendre et même à sourire. Nous étions jeunes, des enfants et pourtant, je me souvenais encore très bien de cette scène. |
| | | | (#)Jeu 19 Oct 2017 - 13:03 | |
| « Il avait mon soutien. » Le ciel tremble de la hauteur qu’atteignent les yeux de Lene lorsqu’elle les lève. Si elle n’avait pas été dans un lieu où on l’aurait regardé bizarrement pour ça, elle aurait aussitôt enfoncé ses deux doigts dans sa gorge pour se faire vomir. C’est pas possible les conneries qu’Eva peut débiter pour se donner le genre d’une grande dame et la niaiserie avec laquelle elle est capable de le faire, et en plus face à Lene, la personne avec qui cette crème ne prendra jamais. La jeune femme ne parvient pas à cacher combien ses propos sont ridicule à ses yeux. « Arrête ton char tu veux ! » réplique t-elle, si elle attendait bien une chose de sa sœur, c’était que cette dernière ne joue pas la comédie avec elle et montre son véritable tempérament. « T’as pas besoin de jouer les gentilles avec moi, ça ne prend pas. Et tu ne me feras pas croire que ça ne t’as pas fait chier que Tony passe devant toi pour quelque chose. » même si bon, elle lui cède bien volontiers cette place. Les parents mangeant dans la main de leur ainé, Lene a également bien du mal à croire qu’ils ne seraient pas là si Eva n’avait pas clairement montré son support. « De toute, tu ne changeras pas le fait que cette naissance est une erreur. » conclue Lene en soupirant, propos qui contredisent totalement le fait qu’elle soit là à attendre que son neveu ou nièce vienne au monde. Mais bon, même quand on est elle et qu’on a pas de cœur, parfois on ressent le besoin de faire quelque chose et puis, Tony, elle l’aime malgré ses erreurs. Elle soupire, priant pour que Simon ait la bonne idée de revenir rapidement. Pensant à celui-ci, les souvenirs de sa naissance reviennent à elle. La fratrie était déjà à l’époque en train d’attendre dans une salle d’hôpital l’arrivée du petit dernier. Tous les trois étaient déjà grand, et Lene se rappelle qu’elle s’en fichait pas mal à l’époque d’avoir un petit frère. Maintenant, elle est bien contente de son existence. « Ça avait duré des heures oui… papa était encore au travail et tante Annaëlle n’en pouvait plus de nous avoir tous les trois chez elle… elle nous avait emmené avec elle pour attendre qu’il se décide à sortir. T’étais pressée et la première chose qu’il a fait quand maman l’a posé dans tes bras, c’est de te vomir dessus… » « Ouais, c’était déjà une petite pute à l’époque ce gosse. » râle t-elle, en souriant en repensant à l’époque qui parait plus simple en y pensant. Parlant du loup, Simon apparait devant elles, l’air pressé. « Ca vaaaa, je me demandais laquelle j’allais retrouver en train de planquer le corps de l’autre. » Il rigole. Lene lui fait un doigt. « Bon, j’ai un cours qui va commencer dans une demi heure, je reviens après. J’ai dit à Tony que vous étiez là toutes les deux, il vous demande de vous tenir à carreau au moins le jour de la naissance de son fils. » « C’est bon, on est pas des animaux non plus. » Elle s’agace. Comme si elle n’était pas capable de se tenir alors que c’était l’autre qui commençait toujours les disputes. « Allez, à toute. » ajoute Simon avant de disparaître, Lene croise ses bras et s’en revient au fond de son siège. |
| | | | (#)Lun 23 Oct 2017 - 16:38 | |
| « Arrête ton char tu veux ! T’as pas besoin de jouer les gentilles avec moi, ça ne prend pas. Et tu ne me feras pas croire que ça ne t’as pas fait chier que Tony passe devant toi pour quelque chose. » Il fallait bien que Lene sorte les griffes même dans une telle situation. Elle me prenait de court et si elle savait… peut être devrait-elle savoir, peut-être qu’elle serait enfin calmée. Mais, il était encore très difficile pour moi de lâcher le morceau à ma famille. Pourtant, ça faisait maintenant plusieurs mois que j’avais pris connaissance de ma stérilité, plusieurs mois que je portais ça et autant de mois que je n’en avais pas dit un mot. Je me demandais quel était mon problème, mais je le savais. J’allais décevoir tout le monde, j’allais perdre ma place au sein de cette famille et c’était bien trop difficile à accepter. « Ça n’aurait pas pu être autrement, de toutes manières. » dis-je presque à demi-mot. Tony, Simon ou elle, qu’importe, ils me passeront tous devant pour cette chose là en tout cas. « De toute, tu ne changeras pas le fait que cette naissance est une erreur. » erreur ou pas, le bébé allait naitre dans quelques minutes ou quelques heures et maintenant, il n’y avait plus qu’à le soutenir. Il n’y avait plus qu’à mettre de l’eau dans son vin pour faire croire à cet enfant qu’il est le bienvenu dans cette famille. Lui n’avait rien demandé et personne ne pouvait lui faire payer d’être arrivé trop tôt dans la vie de son père, dans la vie de sa famille car personne n’était prêt pour ça. Qui ne dit rien consent, je ne dis rien. Simon débarque à nouveau de nulle part. « Ca vaaaa, je me demandais laquelle j’allais retrouver en train de planquer le corps de l’autre. » Je me contentai de lever les yeux au ciel alors que ma cadette lui fait un signe démonstratif de sa pensée et de la mienne également. Elle était mieux placée pour se permettre. Je n’en pensais pas moins. « Bon, j’ai un cours qui va commencer dans une demie heure, je reviens après. J’ai dit à Tony que vous étiez là toutes les deux, il vous demande de vous tenir à carreau au moins le jour de la naissance de son fils. » « C’est bon, on est pas des animaux non plus. » Je me posais la question une seconde. N’y avait-il pas une forme d’animosité dans nos relations ? La loi du plus fort, œil pour œil, dent pour dent, c’était tout ce qui résumait notre lien avant d’être vraiment défini comme un lien de sœurs. « Allez, à toute. » « Salut. » Qu’il s’en aille oui, nous le tiendront au courant si la situation avance. Nous voilà à nouveau seule à seule et quelque chose me taraude. Je reste silencieuse mais il va falloir que je brise à nouveau ce silence. Et si justement, c’était le moment ? Le moment pour tout balancer. Je ne savais pas comment m’y prendre mais surtout Lene était bien la dernière personne à qui je voudrais me confier à ce sujet. J’hésite. Quand je veux me lancer, je me dégonfle. « t’y as déjà songé ? A avoir un enfant ? » elle n’était pas casée, n’avait surement jamais eu de relation sérieuse mais qui sait, peut-être en avait-elle quand même envie. J’étais obligée de trouver quelques choses à lui dire, j’avais l’impression qu’elle avait capté que j’avais quelques chose en tête.
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| | | | (#)Mer 25 Oct 2017 - 20:51 | |
| C’est sûr que de voir Eva jouer les parfaites avec elle lui tape rapidement sur le système. Les deux sœurs ont toujours joué un jeu avec les autres, mais s’il y’avait une chose qu’elle avait toujours attendait d’Eva, c’est qu’elle n’en fasse pas de même avec elle. Lene n’avait jamais trompé sa sœur, elle avait toujours vu clairs dans ses jeux. Pour elle, cela devait être réciproque. Ce n’était pas grand-chose, pas une preuve d’une quelconque proximité, juste une reconnaissance mutuelle de l’autre. « Ça n’aurait pas pu être autrement, de toutes manières. » marmonne Eva pour toute réponse à l’agacement de Lene qu’elle réprime aussitôt, se rappelant de sa décision de ne pas semer de discorde entre elles aujourd’hui. « Maintenant que c’est fait, c’est sûr. » commente-t-elle, bien loin d’avoir compris ce que sa sœur insinuait par son commentaire. Pour elle, forcément que maintenant que Tony était en salle de travail, l’ordre des choses étaient bouleversé. Lene conclut donc cette brève conversation en restant sur ses positions, soit que Tony a fait une belle connerie avec laquelle ils allaient tous devoir apprendre à s’accommoder. Le silence résultant de cette conclusion est rompu par Simon qui arrive pour annoncer qu’il s’en va. Lene ne s’empêche pas de lui jeter un regard noir pour l’avoir appeler, demandé de venir et se tirer comme un lâche. Elle ne tarde pas à montrer un geste qui dévoile sa pensée et à partager sa lassitude sur les blagues autour de l’animosité qui la lie à Eva. Lene n’en était plus à s’écharper pour un oui ou pour un non depuis un moment et que l’on ne reconnaisse pas son évolution la soule grandement. « Salut. » apporte Eva pour toute réponse, elle est glaciale et Lene se demande si elle ne devrait pas prendre exemple au moins pour des moments comme ceux-ci. Simon part. Le silence revient. Lene cherche comment occuper la conversation pour que le temps passe plus vite. Eva semble avoir trouvé. « t’y as déjà songé ? A avoir un enfant ? » Les yeux ronds. Elle reste muette un instant avant d’afficher une grimace de dégoûts à l’idée d’avoir un enfant un jour. « Certainement pas. Je préfèrerais avoir le cancer ; » réplique t-elle, en riant nerveusement. Depuis quand ce genre de sujet était à traiter entre elle ? A tout instant, elle s’attend presque à ce que sa sœur lui balance une vacherie sur le fait que le monde se portera donc très bien sans sa descendance. Mais rien ne sort, et Eva parait sérieuse. Lene tente de l’être aussi et ajoute, sincèrement. « J’arriverais jamais à faire passer quelqu’un avant moi. Je le sais, alors je préfère ne pas tenter. » En soi, c’est peut-être là la décision la plus mature que Lene ait eu à prendre dans sa vie. « Je pense pas avoir le matériel pour, et tu le sais très bien. » fait-elle remarquer, une nouvelle fois surprise que sa sœur ne profite de la bonne volonté de Lene aujourd’hui pour l’enfoncer. |
| | | | (#)Ven 27 Oct 2017 - 23:35 | |
| « Certainement pas. Je préfèrerais avoir le cancer ; » Lene était toujours extrémiste. Avoir le cancer, vraiment ? Je ne lui en souhaitais pas autant, et pourtant, je lui avais souhaité tant de fois du mal. J’aurais aimé qu’elle connaisse l’humiliation, qu’elle soit elle aussi harcelé, discriminé, tout ce qu’elle avait fait subir à cette gamine il y a quelques année, je lui avais souhaité tout ce mal. Pas jusqu’au suicide, pas la mort, mais la douleur. Pour qu’elle comprenne car finalement, même après toutes ces années, j’avais encore ce sentiment qu’elle n’en avait rien à faire, qu’elle s’était complètement déresponsabilisé de ça. Pas coupable pour un sous. Je m’étais sans doute résigné à me dire qu’elle était ainsi et que rien ne la changerait. Mon désespoir. Elle n’avait pourtant pas été élevée ainsi. Notre famille était loin d’être parfaite mais nous avions la chance d’avoir une éducation basée sur des valeurs saines, ce pétage de câble n’aurait pas du avoir lieu, jamais. « J’arriverais jamais à faire passer quelqu’un avant moi. Je le sais, alors je préfère ne pas tenter. » ca revenait san doute à ce que je pensais. Lene était tout le contraire de ce qu’elle avait reçu d’une famille comme la nôtre. Elle ne savait pas nous être reconnaissante. L’égoïsme ne faisait pas partie de ce que nos parents nous avait inculqué. Et pourtant… « Je pense pas avoir le matériel pour, et tu le sais très bien. » « Et dire qu’il y a des femmes qui tenteraient tout pour avoir des enfants et qui ne le pourront jamais… » et oui, je trouvais ça tellement injuste. J'aurais aimé que ce soit elle et non mois qui soit stérile. J'aurai aimé ne pas porter ce fardeau alors qu'elle s'en moquait totalement. Lene avait surement toutes les capacités physiques pour avoir un enfant. Les femmes stériles, bien que de plus en plus diagnostiquées ne représentaient pas non plus une grande partie de la population féminine. Je doutais que Lene soit concernée par ce problème. La vie m’avait déjà prouvé à plusieurs reprises qu’elle était injuste, et en voilà encore un exemple. « Mais bon, tu as raison. T’es loin d’être faite pour ça. J’ai du mal à t’imaginer avec un bébé dans les bras. Je suis sure que même ton neveux, ou ta nièce, tu le prendrais pas dans tes bras... » ce genre de personne à faire un pas en arrière quand on leur tend un bébé. Ayant trop peur de le casser ,de le lâcher, ou simplement de le toucher, craintes infondées. La même sage-femme que précédemment vient nous voir pour nous annoncer que le travail avait vraiment commencé et que ce n’allait plus être très long. Elle reviendrait vers nous une fois que la maman sera revenue de la salle de travail. A vrai dire on se moquait bien de la maman, du moins, moi. J’avais surtout envie de voir mon frère avec son bébé dans les bras. J’étais curieuse de voir à quoi il allait ressembler mais surtout j’appréhendais ma réaction. « Ca devient serieux. »dis-je une fois la sage-femme hors de notre champs de vue. Je crois que mon pouls s’accélérait. |
| | | | (#)Mer 15 Nov 2017 - 3:01 | |
| Elle ne s’attendait déjà pas à avoir une bribe de conversation avec Eva, mais encore moins à ce que celle-ci amène la maternité sur la table. Jusque-là, Lene pensait avoir toujours renvoyé une image claire : celle d’une fille qui n’aurait jamais d’enfant et qui ne penserait jamais à en avoir. Ce n’était juste pas pour elle cette fibre maternelle écœurante. Elle ne voulait pas se sentir obligée d’abandonner sa façon de vivre pour qui que ce soit et forcément, un enfant n’avait pas sa place là-dedans. C’est vraiment d’avoir surestimé Eva que de penser que cette dernière saurait tout ça. Quoiqu’il en soit, Lene fait savoir sa position très clairement. Déjà, avoir un neveu n’était en rien ses projets. Sa vie sans bébé est parfaite comme elle est. « Et dire qu’il y a des femmes qui tenteraient tout pour avoir des enfants et qui ne le pourront jamais… » énonce Eva, presque dans son coin, Lene ne sait pas si elle dit pour elle ou pour elle-même. « Et qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? » réplique t-elle grossièrement en haussant les épaules, elle ne voit pas où sa sœur veut en venir et ne cherche pas plus loin. Elles ne vont tout de même pas parler fertilité. « Mais bon, tu as raison. T’es loin d’être faite pour ça. J’ai du mal à t’imaginer avec un bébé dans les bras. Je suis sure que même ton neveux, ou ta nièce, tu le prendrais pas dans tes bras... » Enfin une parole sensée. A se demander pourquoi elle a amené le sujet sur le tapis dès le départ. « Non, comme tu l’as mentionnée, mon expérience avec Simon a suffi à mon subconscient. » souffle t-elle avant de se tourner vers son aînée. « De toute, qu’est ce que ça peut te faire ? C’est pas comme si j’avais l’intention de remporter le trophée de la tante de l’année. Si ça n’avait tenu qu’à moi, ce truc ne viendrait pas au monde. Si tu veux encore une fois passer pour la fille bien qui prend soin des siens, vas-y fais toi plaisir, je ne suis pas là pour ça. » Elle râle, avant de croiser les bras dans son coin. Ses yeux leurrent rapidement sur un magazine qui traine sur la chaise d’à côté, mais l’énorme bébé en couverture la dissuade de l’utiliser pour faire diversion. La sagefemme revient. Apparemment, ça ne devrait plus tarder. Elle parle de la mère, à ce moment, Lene échappe un pouffement, comme si elle s’intéressait à cette dernière. Mourir en couche serait tout ce que mérite cette idiote pour avoir commis la bêtise de tomber enceinte. « Ça devient sérieux. » « Faut croire. » répond Lene, le ton absolument pas plus ravie que ça par la nouvelle. Elle pose les yeux sur sa sœur à ses côtés. La réaction n’est visiblement pas la même. Serait-ce possible qu’Eva soit réjouie de la nouvelle ? Toujours tout pour être en contradiction avec Lene celle là. Toujours est-il qu’elle ne s’y serait pas attendu. Eva n’aime que Eva. « Tu peux me dire pourquoi tu t’agites comme si le messie allait surgir d’entre les cuisses de l’autre idiote ? » |
| | | | (#)Mer 22 Nov 2017 - 15:14 | |
| « Et qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? » C’était trop espérer d’attendre une once d’humanité de la part de Lene. J’ignore pourquoi j’avais des espoirs quant à ça. J’en avais toujours eu. Je lui laissais peu de chance, mais je me disais quelques fois, que les gens finissaient par changer. Par se rendre compte de leur comportement, mais des années plus tard, elle niait toujours toute implication dans le suicide de sa camarade de classe. Se défaussant de toutes responsabilité. Aucun signe de culpabilité. Comment pouvait elle vivre ainsi avec ça sur la conscience ? Simplement car elle n’en était pas consciente… J’avais sans doute fait quelques erreurs dans ma vie, quelques-unes, très peu, mais j’en avais toujours pris les responsabilités, toujours assumé les conséquences. Du moins, presque. On pouvait mettre de côté cet épisode avec Rad mais aujourd’hui, j’en payais encore le prix. Si je n’avais pas assumé devant la justice, je lui avais donné suffisamment d’argent depuis toutes ces années pour payer ma faute. Même si de toutes évidences, j’étais tout aussi victime. Mais, là n’était pas le sujet. Le sujet était Lene et son égoïsme, Lene et son égocentrisme. « Non, comme tu l’as mentionnée, mon expérience avec Simon a suffi à mon subconscient. De toute, qu’est ce que ça peut te faire ? C’est pas comme si j’avais l’intention de remporter le trophée de la tante de l’année. Si ça n’avait tenu qu’à moi, ce truc ne viendrait pas au monde. Si tu veux encore une fois passer pour la fille bien qui prend soin des siens, vas-y fais toi plaisir, je ne suis pas là pour ça. » Je levais les yeux au ciel, je me demandais parfois si elle ne jouait pas le rôle du vilain petit canard. Comme si elle avait besoin de cette place pour se sentir reconnu et existée. Mieux vaut être vilaine que transparente, semble-t-il. Il est vrai que Lene avait la mauvaise place. Le troisième enfant, passée après moi et Tony ne devait pas être évident. Pour s’imposer entre lui et moi, c’était peut-être la seule manière qu’elle avait trouvé… « Avec plaisir. » j’ignore si j’allais être une bonne tante, mais j’allais faire en sorte de l’être. Et en même temps, ce nouveau-né était peut être l’un des seuls bébé que j’allais pouvoir approcher. La sage-femme partie, Lene ne cachait en aucun cas son mépris. Je me demandais pourquoi elle était venue en réalité, puisque visiblement, elle n’en avait rien à faire. « Tu peux me dire pourquoi tu t’agites comme si le messie allait surgir d’entre les cuisses de l’autre idiote ? » « Le messie... » Ou simplement le premier bébé de la famille. Mais elle a raison, j’aurai eu normalement, toutes les raisons pour être jalouse de ne pas avoir cette première place, et en même temps, c’est vrai. Je le suis, envieuse mais cette place ne pouvait pas me revenir, malheureusement. « Je suis stérile. » je lâchais après un silence. Cette phrase aussi courte soit elle venait de sortir de ma bouche comme une bombe. Moi-même je ne l’avais pas vu venir. Peut-être que pour une fois, ca allait lui faire clouer son bec. Mais je regrettais de l’avoir dit. Lene était donc à présent au courant, avant même que mon propre fiancé ne le soit… |
| | | | (#)Sam 25 Nov 2017 - 1:19 | |
| Clairement, elle n’était pas là pour jouer les tantes parfaites et présentes, pour accueillir cet enfant dans la famille comme s’il était l’élément clé, le ciment familial. Il n’était rien de ça. Juste le batard de Tony. Et si ça faisait plaisir à Eva de se mettre en avant et être tout ce que Lene n’aspire pas à être, grand bien lui fasse. Si Lene a longtemps été en compétition avec son aînée pour avoir ne serait qu’un peu de l’attention que ses parents lui offraient, elle n’était plus dans cet état d’esprit et n’aspirait qu’à se faire plaisir à elle-même. Restait Tony dans cette affaire. Lene n’avait simplement pas réussi à le mettre derrière elle comme les autres. Malgré les différents qui les opposent depuis quelques temps, il reste son attache et c’est sûrement ça qui fait qu’elle est là, parce que aujourd’hui, c’est son grand jour et qu’elle ne peut pas être loin. C’est peut-être la même chose pour Eva, qui sait. Peut-être que fidèle à elle-même, l’aînée Adams à mieux cacher ce qu’elle pense. C’est horripilant qu’elle ait vraiment l’air d’aimer être là. « Le messie... » Oui, le Messie, Jésus Christ, ce gars là là qui est attendu par un peu plus de deux milliard de personnes. C’était pas compliqué à se rappeler de lui, maman les amenait à la messe tous les dimanches quand ils étaient plus petit. Lene soupire. Eva reste silencieuse, comme outrée par sa question. « Je suis stérile. » qu’elle lâche comme une bombe, provoquant pas mal de perplexité de la part de Lene qui ignore quoi répondre. Sa première réaction serait qu’elle s’en fout, qu’il y’a la dedans un sacré coup de main de l’univers pour punir Eva de la sorte (parce qu’elle imagine bien que pour miss parfaite, d’avoir les ovules périmés en est une) pour lui avoir pourri les seize premières années de sa vie, puis sa seconde réaction est que cette annonce répond aux questions sur le pourquoi qu’elle ait amené la conversation « bébé » entre elles et finalement, elle se décide d’être un peu désolée parce que c’est quelque chose de définitif et que si elle est là, c’est pour combler un besoin qui ne sera jamais comblé. « Et tu le sais depuis quand ? » demande Lene après avoir été silencieuse un instant, le temps de réfléchir à ce qu’induisait cette annonce. Elle soupire. Elle est à un carrefour de cette conversation où elle pourrait juste utilisercette information comme un pic vraiment cruelle à sa sœur, qui ne se serait probablement pas gênée si les situations avaient été inversées et en même temps, elle est tellement au dessus de ça aujourd’hui. « Tu sais, c’est pas la fin du monde. On vit plus dans un monde où les femmes sont définies par leur capacité reproductrice. » Puis bon, y’a des échappatoires. Mais là, elle serait bête de se dire qu’Eva n’y a pas déjà pensé. |
| | | | (#)Mer 6 Déc 2017 - 12:38 | |
| Lene reste silencieuse face à cette bombe que je venais de lacher. J’étais loin d’attendre d’elle de la compassion, loin d’attendre d’elle de la pitié, rien de tout ça. Je n’attendais absolument rien d’elle. Pourquoi l’avais-je balancé ? Aucune idée. Sans doute pour enfin qu’on arrête de me poser mille questions sur une éventuelle grossesse. Pour que je puisse compter sur sa discrétion pour en parler à Simon, puis que le message arrive enfin aux oreilles de nos parents. C’était un moyen pour moi de fuir simplement mes responsabilités. Je lançais une pierre dans la marre et je n’avais plus qu’à attendre que le reste soit fait. Enfin, connaissant aussi Lene, une deuxième version, plus crédible était possible. Qu’elle n’en parle à personne puisqu’elle s’en moquerait totalement. C’était bien le dernier de ses soucis de savoir que j’étais stérile ou non. Elle n’aurait surement pas assuré son rôle de tante auprès de mes enfants, si j’en avais eu. Et de mon côté, j’aurai tout fait pour qu’ils ne l’approchent pas non plus. « Et tu le sais depuis quand ? » était-ce juste une question parce qu’elle était intéressée ou alors c’était pour combler ce blancs – que l’on connaissait bien – qui s’était installé suite à ma révélation. « Quelques semaines. » ou bien plus que ça en réalité. Mais personne n’avait à savoir depuis quand je gardais ça pour moi. Quelques semaines, plutôt quelques mois, plusieurs mois… bientôt un an à vrai dire. Mais la seule personne dans cette confidence était Milena. « Tu sais, c’est pas la fin du monde. On vit plus dans un monde où les femmes sont définies par leur capacité reproductrice. » J’étais loin de me réduire seulement à ma fonction de reproduction. J’étais une femme d’honneur, une femme de carrière, une femme indépendante, pas seulement une femme avec un corps et des organes reproducteurs mais oui, j’avais toujours eu pour projet de me servir de ces attributs, construire une famille, assurer une belle descendance à la famille Adams. « C’est bien le type de réponse d’une nana qui n’en a rien à faire d’avoir une famille un jour. » Je n’avais pas envie de m’étendre sur le sujet. Je crois bien que c’était assez pour aujourd’hui. |
| | | | (#)Lun 18 Déc 2017 - 23:53 | |
| Forcément, il n’y a pas de mode d’emploi expliquant la façon correct d’agir quand sa sœur –détestée depuis toujours – vous annonce sa stérilité. Lene était partagée par le fait que cette nouvelle était tout sauf vraiment terrible, parce que rien n’empêchait l’adoption ou le recours aux mères porteuses, et le fait que pour Eva, conditionnée depuis toujours à être la réussite incarnée, qui ne peut s’accompagner de deux magnifiques tête blondes, cela ne pouvait être que terrible. Lene était désolée pour elle, et en même temps, cela n’empêchait en rien qu’elle pourrait avoir une famille un jour. « Quelques semaines. » Lene se demande automatiquement si les parents savent. Elle se répond automatiquement en se disant que Simon saurait et qu’il lui aurait partagé la nouvelle, au moins parce qu’il déteste Eva presque autant qu’elle. Mais il n’avait rien fait de tout ça, ce qui laissait supposer que seul Tony devait savoir. Plutôt que de s’aventurer sur ce sujet, parce que parler des parents est la dernière chose qu’elle souhaite, elle tente d’être rassurante – ce qui n’est pas sans prix quand on connait son tempérament – et lui répond que la vie ne s’arrête pas à ça. Y’a pire dans la vie, elle pourrait avoir le cancer. « C’est bien le type de réponse d’une nana qui n’en a rien à faire d’avoir une famille un jour. » C’était peut-être pas la réponse attendue par Lene. A vrai dire, c’était même l’exact opposé. Les yeux grands ouverts, Lene se pince la lèvre pour se retenir d’être trop bruyante. Profiter de ce genre de moment pour lui lancer une pique, surtout, aussi peu effective pour Lene qui à ce moment est plus outrée par les propos de sa sœur, comme si la vie s’arrêtait à la reproduction. « Non, c’est le type de réponse qui provient d’une nana qui ne veut pas devenir une putain de vache à lait et qui espère qu’un jour, les femmes seront reconnu pour autre chose que leur utérus. On pourrait croire que ce qui t’arrive te fasse évoluer et t’aide à réaliser que t’es destinée à être autre chose qu’être la nouvelle poule pondeuse de la famille Adams, mais visiblement t’es encore trop conne et fermée d’esprit pour voir plus loin que le bout de ton nez ! » qu’elle réplique avant de se laisser, prendre son sac et poursuivre « Et tu sais, à y penser, c’est une bonne chose ce qui t’arrive, comme ça, tu transmettras jamais à personne les conneries qui t’ont été inculqué depuis que t’es venue au monde. Ça fera une personne de stupide en moins à naître. » Elle hausse le ton, mais personne dans le couloir ne semble être attiré par ses propos ou juste son ton. « Ce qui t’arrive est une bénédiction du ciel pour l’ensemble de l’humanité, et je dois te dire que t’as même gagné, parce que le bébé qui va naître là, je vais tout faire pour qu’il n’hérite rien de ta façon de penser et avec de la chance, les gens comme toi deviendront bel et bien une espèce disparue. Sur ce, si c’est pour entendre des conneries aussi grosse que maman, je vais attendre dans le couloir ! » elle râle, la bandouillière de son sac, elle file à travers le couloir. Il va falloir qu’elle prévienne Tony qu’elle ne verra peut-être pas son bébé aujourd’hui finalement. |
| | | | (#)Dim 24 Déc 2017 - 16:06 | |
| « Non, c’est le type de réponse qui provient d’une nana qui ne veut pas devenir une putain de vache à lait et qui espère qu’un jour, les femmes seront reconnu pour autre chose que leur utérus. On pourrait croire que ce qui t’arrive te fasse évoluer et t’aide à réaliser que t’es destinée à être autre chose qu’être la nouvelle poule pondeuse de la famille Adams, mais visiblement t’es encore trop conne et fermée d’esprit pour voir plus loin que le bout de ton nez ! » Je n’avais pas vu venir une réponse aussi virulente de la part de Lene. Elle faisait donc partie de ces féminazis qui en avait assez de voir la femme comme une poule pondeuse, comme elle avait l’air de dire. Il y avait une noble cause dans le féministe et j’avais tendance à croire que j’en étais fièrement représentante, étant loin de n’être réduite qu’à ma simple fonction reproductrice, ayant une carrière et des projets encore grandissant mais être une femme était pour moi aussi être mère. Et j’étais persuadé qu’il était possible de marier vie professionnelle et vie familiale tout en étant pleinement consciente de la place des femmes dans notre société contemporaine. Bien sur nous avons grandit avec des valeurs très conservatrice et que je donnerais tout pour ma famille, plutôt pour certaines personnes de ma famille, je ne suivais pas la trace de notre mère, que j’aime tant. Je n’étais pas cette femme au foyer qui se faisait si bien entretenir par son mari. J’étais bien plus que ça et j’en étais très fière. Mais cette vision qu’avait Lene, finalement, ca me faisait rire. Je me demandais qui était la plus conne de nous deux. Elle me faisait bien pitié. « Et tu sais, à y penser, c’est une bonne chose ce qui t’arrive, comme ça, tu transmettras jamais à personne les conneries qui t’ont été inculqué depuis que t’es venue au monde. Ça fera une personne de stupide en moins à naître. » Je ne sais pas ce qui me bloquait pour lui en foutre une. Peut être le fait que nous étions dans un hôpital, que nous attendions un heureux évènement – enfin, ca l’était pour moi, ca ne l’était pas pour d’autre, y compris cette chose qui se tenait devant moi, j’avais du mal à la décrire autrement, elle se donnait en spectacle, elle était ridicule. « Ce qui t’arrive est une bénédiction du ciel pour l’ensemble de l’humanité, et je dois te dire que t’as même gagné, parce que le bébé qui va naître là, je vais tout faire pour qu’il n’hérite rien de ta façon de penser et avec de la chance, les gens comme toi deviendront bel et bien une espèce disparue. Sur ce, si c’est pour entendre des conneries aussi grosses que maman, je vais attendre dans le couloir ! » moi qui avait mis beaucoup d’eau dans mon vin jusqu’à maintenant, je venais de regretter d’avoir oser parler à Lene de ma situation. J’étais verte de rage, contre moi, contre elle, contre toute l’humanité à ce moment même. Pour qui se prenait-elle, qu’allait elle donc faire pour m’empêcher d’approcher ce nouveau-né. Elle qui n’en avait rien à faire jusqu’à présent, qui pensait que c’était une erreur à venir, elle allait soudainement s’y intéresser juste par plaisir de me mettre des bâtons dans les roues, juste par plaisir de me détruire encore un peu. Quelle connasse. Je la regarde sortir de la. Le poing et la mâchoire serrées. J’avais envie de la suivre de lui flanquer une belle rouste, elle me méritait que ça en réponse. Mais j’allais encore être la méchante, la fautive. Je restait là, a bouillir sur place. Je me tourne vers la fenêtre et pose mon front contre la vitre rafraîchit par la climatisation. « Et merde ! » La sage femme arriva dans cette salle d’attente, me regardant de travers, comme si j’étais coupable de la dispute qui venait d’éclater. « quoi ?! » pour qui se prenait-elle elle aussi ?! Elle plongea son regard dans le mien et d’un ton ferme, elle me répondit. « Le bébé est né. » une nouvelle qui m’aurait mit en joie il y a encore 10 minutes, j’étais simplement énervée et incapable de saisir le bonheur de la situation. « Hors de question que vous entriez dans la chambre dans cet état. Vous vous calmez, ensuite, on verra. » et merde, c’était quoi leur problème à tous ?! Il manquerait plus que Lene ne le voit avant moi… |
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