jamissan + Will I know the end when I need it?

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Message(#)jamissan + Will I know the end when I need it? EmptyMer 20 Sep 2017 - 6:23


─ Will I know the end when I need it?
I'm choosing my scars, oh. Will I know love when I need it? How in my mind darkness, putting me to sleep. Smother the voices in my head. Closure.

Que mes débuts à la tête de la rédaction de GQ soient laborieux ne m'angoissent pas autant que de remettre les pieds chez ABC pour finaliser la transition. Relire les petits caractères en bas des nombreux contrats signés en six ans ici, chercher la petite bête autour d'une table, cerné d'administratifs aussi ravis de m'avoir vu partir après mes frasques des deux dernières années qui entachaient ces trois lettres respectables, autant que de me faire revenir afin de m'en faire baver une dernière fois pour la route. Et contrairement à d'habitude, je me rends dans l'arène en traînant des pieds, nullement prêt à en découdre, abattu par la simple idée d'être la cible des regards, soupirant la défaite d'avance. Car l’énergie, la volonté, je ne l’ai plus. J’ai fini de me débattre, quelle utilisé après tout ? Ces boulets à mes pieds se détachent un à un, non sans mal, non sans garder des bouts de moi avec eux. Mais le plus dur est enfin en train de passer, je veux croire que j’en ai terminé avec tout ce qui me ralentissait. Un jour, bientôt, j’ouvrirai les yeux en homme nouveau, je retrouverai mon optimisme, je soufflerai les cendres d’une renaissance sur mes épaules. Plus de cigarette, disait le médecin, petite consommation ou pas ; pourtant elle brûle au bord de mes lèvres, la fine barrette de tabac, tandis que j'admire, pour la dernière fois j'espère, la vue depuis la terrasse de l'étage de la radio. Je suis venu en avance, j’ai fait le tour des étages, des bureaux, des studios. J’ai salué les quelques personnes qui, à mes yeux, le méritaient. J’ai pris des nouvelles ici et là, notamment du règne de Nina qui tient les rennes seule désormais. Ariane devrait faire un stage de quarante-huit heures ici pour comprendre que je ne suis pas le pire patron des deux. Quoi qu'il en soit, mon ancienne collègue semble s'en sortir. J’ai été attristé d'apprendre le départ de Nathan, sa tendance à endosser le rôle du Calimero de l'équipe ne le rendait pas moins compétant et sympathique. Il s'en est allé avec pertes et fracas m’a-t-on raconté. Au final, Nina a eu des débuts difficiles autant que moi. Mon assistante a été recyclée à la compta. On a gardé quelques affaires qui m'appartiennent dans une armoire de l’open space, bien planqués. Le monde a tout simplement continué de tourner, et je ne me sens pas particulièrement regretté, autant que je ne regrette pas cet endroit non plus. Je termine ma cigarette, dernière bouffée de courage dont j’écrase le mégot dans le cendrier prévu à cet effet, puis je retourne à l'intérieur, dans l’éternel brouhaha de la rédaction, mélange de conversations téléphoniques, de radio qui tourne en fond et de télévisions en simultané. Dernières accolades, puis j'emprunte l'ascenseur vers les plus hauts étages, là où tous, mêmes les patrons anciens et actuels, redoutent de se rendre et grimpent en domptant la boule qui leur tord le ventre. C’est une longue réunion qui débute dans l'une de ces belles et grandes salles toute en baie vitrée, là où le regard ne peut s’empêcher de s’égarer entre les buildings voisins ; néanmoins, l'air respirable reste dehors et l’on étouffe au dedans, coincés dans des cravates trop nouées, des chemises trop boutonnées. J’ouvre peu la bouche, j'observe tour à tour les différents directeurs et responsables qui m'entourent avec une profonde indifférence. Je n’étais pas leur plus grand fan avant, et cela n’a pas changé entre temps. Je laisse parler comme un enfant que l'on sermonne. J’ai l'esprit ailleurs, quelque part entre tout ce que je pourrais être en train de faire à mon travail actuel plutôt que de perdre mon temps ici, et perdu dans un passé proche aux allures de mirage, le fantôme du baiser de Joanne flottant sur mes lèvres, son visage entre mes mains, et le rythme décadent de mon coeur qui ne sait que croire, que penser, que souhaiter et quels espoirs nourrir -aucun serait la réponse la plus sage. Je suis partout sauf dans l'instant présent. Au final, j'attends surtout que mon avocat fasse le nécessaire pour jeter tout ceci derrière moi et que nous n’ayons plus jamais à en parler.Cette réunion dure une éternité.  Je signe n’importe quoi, n’importe où pour enfin avoir la paix. Un point à la ligne, une page qui se tourne définitivement, et un soupir de soulagement que je ne retiens pas une fois l’affaire rondement menée pour tous. Parlant d'affaires à régler, de chapitres à clore ; il m’en reste une. Plus qu'une pour enfin aller de l'avant. C’est donc d’un pas décidé que je retourne dans les bureaux, dans les étages des chaînes de télévision, demandant ici et là ; “Sauriez-vous où je peux trouver Hassan Jaafari ?” supposé être dans les locaux aujourd’hui. Le genre de choses sur lesquelles on se fait renseigner lorsque l’on cherche à éviter une personne au quotidien, ou, pour cette fois, lui mettre la main dessus. On m’indique enfin une petite salle de réunion où il est supposé se trouver. A travers le plexiglas de la cloison, je l’y vois seul devant un ordinateur. Comme s’il m’attendait, comme si la scène était prédite dans les didascalies. Et si habituellement sa présence, constamment perçue comme une menace, me poussait à le bousculer à la moindre occasion, je n’ai cette fois aucune raison d’entrer avec mes gros sabots. C’est plutôt le coeur lourd que je frappe à la porte, me faisant assez petit pour qu’il m’autorise à entrer sans savoir de qui il s’agit. Ce n’est qu’une poignée de secondes, et pourtant mon estomac est déjà retourné. Je sens les frissons froids de la fièvre, tous les symptômes de la détresse. C’est un pansement à arracher, me dis-je. Une bonne fois pour toutes. J’appuie sur la poignée, révèle mon identité. Je n’ai pas envie de prétendre quoi que ce soit, je ne suis pas ici pour écraser, menacer, jouter. J’en ai assez, tout simplement. Et c’est un type las, fatigué, désarmé qui prend place dans une chaise devant Hassan, croise les doigts, et cherche les bons mots pour terminer cette histoire. “Vous avez gagné.” je souffle avec un maigre sourire triste. Ce qui est suffisant pour que cette pression me quitte, non pas comme un poids que l’on ôte avec soulagement, mais comme le garrot qui contenait le saignement. “Même si… vous allez me dire qu’il n’y avait pas de compétition, ou quelque chose dans ce goût-là, ce qui n’a franchement plus d’importance. Ce serait même plutôt vrai. Il n’y avait pas de compétition, parce que pour elle, ça a toujours été vous… Elle n’a jamais tourné la page, ni enterré ses sentiments, et j’en avais beaucoup trop conscience pour réussir à le supporter. Je voulais juste que ce que j’avais à proposer lui suffise. Et ça n’a pas été le cas. Vous l’aimiez toujours aussi, n’est-ce pas ? Alors c’était… écrit, quelque part, d’une certaine manière. C’était une évidence. Quelque chose… que je ne peux pas combattre. Pas que j’en ai encore l’énergie.” J’en ai bavé. Plus à cause de Joanne et des espoirs qu’elle a déçus que par la faute d’Hassan. Même si ce fut en suivant ses conseils que la chute s’est accélérée. J’ai envie de lui dire qu’il avait tort, que je n’aurais pas dû la quitter et me rayer de sa vie en pensant que cela la rendrait plus heureuse. Néanmoins, si je suis enclin à lui dire de vive voix que je ne suis plus de la partie, je ne serais sûrement jamais résigné à lui avouer que je l’ai écouté dans un premier temps. Drôle de fierté. “Je voulais juste vous dire que je ne ferai plus partie du paysage. Je tiendrai mon rôle de père auprès de Daniel, et vous pouvez… vous donner cette nouvelle chance, vous et Joanne. Vous n’aviez pas besoin de mon autorisation mais, vous savez, je préfère vous le dire en toute honnêteté. Vous l’aimerez mieux que moi.” J’abandonne, ne sont pas le genre de mots qui traversent mes lèvres, jamais. Même s’ils traduisent ce discours, même s’ils suffiraient, je ne les prononcerai pas. Hassan n’en a pas besoin pour comprendre. Un simple coup d’oeil à ces épaules basses, ce dos voûté, ce regard trop plein d’émotion, permet de voir à quel point il m’en coûte et cette sensation de laisser tomber toute une partie de moi. Je suppose que cela est, de ma part, un ultime prix à payer.
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Message(#)jamissan + Will I know the end when I need it? EmptyMar 26 Sep 2017 - 8:53

Nadia n’avait pas de bonnes nouvelles, non. Nadia tournait autour du pot, dodelinant la tête avec hésitation, semblant plus embêtée qu’elle ne l’aurait dû, et délaissant finalement les banalités et autres plaisanteries usées pour mettre le doigt sur le nœud du problème. Il avait peut-être récupéré son passeport – pas sans user du temps et de l’énergie à l’ambassade, à Canberra – mais cela ne changeait rien : Hassan Jaafari n’était plus le bienvenu en terres iraniennes, Hassan Jaafari se payait un aller-simple pour une cellule de prison s’il lui prenait l’envie de remettre un pied là-bas. Nadia était désolée, Hassan aussi, elle se démenait pour un problème sans solution et cherchait des réponses à des questions qui n’en avaient peut-être pas mais dont lui avait malgré tout besoin. Fallait qu’il accepte, qu’il digère … qu’il en parle aussi, peut-être, mais à qui, et à quoi bon ? Dérivant à peine sur autre chose, la conversation avait été interrompue par des coups frappés à la porte, et promettant de la rappeler plus tard en arrachant à la va-vite les écouteurs de ses oreilles, Hassan avait fermé Skype et switché sur sa boite mail avant d’inviter la personne qui attendait de l’autre côté de la porte à entrer. Un choix presque regretté lorsque l’identité du visiteur s’était dévoilée, le brun abaissant finalement l’écran de son ordinateur pour l’éteindre. Pas d’air triomphant ou de rictus moqueur sur le visage de Keynes, néanmoins ; Rien de ce qu’affichait d’ordinaire le britannique s’ils avaient le malheur de se croiser, et Hassan pourtant ne s’en était pas pour autant senti moins las à l’idée d’une nouvelle joute verbale pour laquelle il n’avait ni énergie ni temps à consacrer. Car Jamie était toujours là, avide de montrer les crocs et toujours prêt à user et abuser du verbe, comme pour se rassurer, comme pour se grandir un peu alors que la médisance ne faisait que lui donner l'air un peu plus petit à chaque fois. Sauf aujourd'hui ; Aujourd'hui ni sourire mauvais ni mise en bouche assassine à ces conversations qui n'en étaient pas, et un regard presque fuyant que les épaules basses terminaient d'accentuer. Bien que sans l'y avoir invité formellement Hassan était resté impassible lorsque le journaliste avait pris place en face de lui ; Cette salle n'était pas plus à lui qu'à un autre, et faute d'un quota d'heures qui le justifierait il se contentait d'en faire un bureau de fortune lorsqu'elle n'était pas occupée. Un endroit silencieux où travailler et exploiter au calme les ressources que la chaîne mettait à sa disposition.

Il aurait pu y aller de son propre commentaire, démarrer l'échange et mettre le feu aux poudres, mais ce n'était pas sa manière de faire. Il n'avait pas à cœur la volonté de tourmenter l'homme qui se tenait face à lui, quand bien même la réciproque s'était souvent révélée vraie. « Vous avez gagné. » Arquant un sourcil, presque tenté de chercher où se situait le piège dans cette apparente tentative d’endormissement, il s'était contenté d'un « Pardon ? » circonspect. Si Keynes avait quelque chose à dire qu'il le fasse, Hassan n'entendait pas jouer aux devinettes. « Même si … vous allez me dire qu'il n'y avait pas de compétition, ou quelque chose dans ce goût-là, ce qui n'a franchement plus d'importance. Ce serait même plutôt vrai. Il n'y avait pas de compétition, parce que pour elle, ça a toujours été vous … Elle n'a jamais tourné la page, ni enterré ses sentiments, et j'en avais beaucoup trop conscience pour réussir à le supporter. Je voulais juste que ce que j'avais à lui proposer lui suffise. Et ça n'a pas été le cas. Vous l'aimiez toujours aussi, n'est-ce pas ? Alors c'était … écrit, quelque part, d'une certaine manière. C'était une évidence. Quelque chose … que je ne peux pas combattre. Pas que j'en ai encore l'énergie. » Plusieurs fois le brun avait tiqué, presque eu envie de l'interrompre, mais s’en était empêché pour laisser Jamie aller au bout de son propos. Il attendait la chute, à vrai dire, le moment où le britannique récupèrerait son rictus moqueur et lui demanderait « Vous y avez cru, pas vrai ? » de son air triomphant de mauvaise foi. La chute pourtant ne venait pas, et au lieu de ça après une pause microscopique durant laquelle il avait semblé déglutir avec difficulté, la conclusion avait pris une autre tournure « Je voulais juste vous dire que je ne ferai plus partie du paysage. Je tiendrai mon rôle de père auprès de Daniel, et vous pouvez … vous donner cette nouvelle chance, vous et Joanne. Vous n’aviez pas besoin de mon autorisation mais, vous savez, je préfère vous le dire en toute honnêteté. Vous l’aimerez mieux que moi. » On peinait à reconnaître celui qui, d’ordinaire, ne serait rentré dans cette pièce que pour le simple plaisir de le déranger et sans se formaliser de la volonté d’Hassan de ne pas alimenter le débat.

Scrutant son interlocuteur un court instant sans pouvoir s’empêcher de se demander ce qui pouvait bien être à l’origine d’un tel revirement de comportement – ce genre de chose arrivait rarement sans un coup de pouce extérieur – le brun lui avait concédé d’un ton calme « Ça n’avait effectivement rien d’une compétition. » Il l’avait deviné, et Hassan préférait le rappeler. Pas de compétition, parce que son but ultime n’était pas de pourrir la vie de son interlocuteur – quoi qu’il en pense – et que Joanne n’était pas un prix qu’on se disputait comme deux chiffonniers. « Et bien sûr, que je l’aime. Je ne sais pas si ce sera encore suffisant, peut-être que ça ne le sera pas plus pour moi que pour vous, même si j’espère qu’il en sera autrement … Mais on ne se défait pas de Joanne, et si vous aussi vous l’aimez autant que vous le dites alors vous voyez très bien de quoi je veux parler. » Même si ça le dépassait, lui, qu’on puisse prétendre aimer quelqu’un mais avoir eu les mots et les gestes qu’il avait eu envers la blonde ; Ça lui glaçait encore le sang, le souvenir de Joanne lui répétant les mots et leur portée – idiote, ingrate, pathétique, il disait que je lui donnais des envies de meurtre – les bleus, la gifle, ça le rendait malade, d’y repenser, et imaginer qu’il y avait de l’amour au milieu de tout ça c’était trop lui demander. Accorder exceptionnellement le bénéfice du doute au concerné aujourd’hui, c’était tout ce dont il se sentait capable, c’était tout ce qu’il accepterait. « Quant à ce qui concerne Daniel … » Faisant mine de pas voir le regard crispé que lui avait lancé Jamie à l’évocation de son fils, Hassan avait continué « Joanne m’a expliqué que vous refusiez de le voir, actuellement. Et je n’entends pas vous dire comment vous occuper de votre fils, je ne me le permettrais pas, mais … Peu importe vos griefs envers moi, ou envers sa mère, Daniel ne mérite pas d’en être un dommage collatéral. » Et ce serait mentir que d’affirmer qu’Hassan ne se sentait pas coupable à ce sujet. « Faites-le pour lui, faites-le pour vous-même … Mais ne gâchez pas du temps que vous pourriez passer en sa compagnie, c’est du temps qui ne se rattrapera pas. Ce qui se passe entre vous, Joanne, moi, ça ne doit pas empêcher cet enfant de profiter de ses deux parents, et ça ne doit pas non plus vous empêcher de voir grandir votre fils. » Ayant tout du long fait preuve d’un ton volontairement posé, comme pour mettre de l’eau dans son vin et faire preuve d’une bonne volonté se voulant réciproque, le professeur avait marqué une pause, et finalement abandonné un léger soupir. « Écoutez … Je ne vais pas tenter de vous faire croire que mon opinion envers vous n'est plus ce qu’elle est. Mais je n’en ai pas moins conscience que Joanne et vous êtes irrémédiablement liés l’un à l’autre par l’existence de Daniel, et si c’est votre crainte sachez que peu importe mes sentiments ou mes espérances vis-à-vis d’elle, il n’a jamais été question pour moi de vous mettre des bâtons dans les roues à ce sujet. » À défaut d’une situation idéale il était prêt à participer à l’élaboration d’une situation qui soit arrangeante pour tout le monde. Probablement pas sans que chacun – surtout eux deux, à vrai dire – ne soit forcé de prendre sur lui, mais enfin, s’il le fallait.
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Message(#)jamissan + Will I know the end when I need it? EmptyVen 29 Sep 2017 - 13:35


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À peine l'homme face à moi ouvre-t-il la bouche qu'un rictus grimaçant s'installe sur mon visage. J’avais presque oublié sa voix, et à quel point ce son était irritant. J’avais oublié son besoin d'être le gentil, le meilleur des deux. Je ne doute pas que c'est ainsi qu'il ne considère par rapport à moi ; meilleur. En revanche, interrogez-le directement, et il ne l'admettra pas. Il ne se le permettrait pas, n’est-ce pas ? Cela ne serait pas gentil. Me retenant de rouler des yeux, je laisse Hassan souligner que nous n'avons jamais été en compétition, motivé par un autre point de vue que le mien ; on ne se bat pas pour une personne. Fort bien. Mes ongles s'enfoncent dans ma paume sous l'impulsion d'un douloureux pincement au coeur ; je n’étais pas préparé à l’entendre admettre qu'il aime Joanne, à recevoir ces mots comme une claque, bien plus difficiles à avaler une fois prononcés tout haut que lorsque cette affection se résumait à une idée abstraite. Si la jeune femme s'appliquait tant à rebâtir leur relation alors il était logique que ses sentiments étaient partagés, mais je n’avais jamais cherché à explorer cet aspect de la situation. J’expulse Hassan de mes pensées à chaque occasion, comme s'il était le monstre sous le lit, dans le placard, dissimulé dans l'obscurité sous l'escalier ; celui qui risque de vous sauter dessus si vous allumez la lumière d'une maison plongée dans le noir. Peur, paranoïa, tout ce qu'il m'inspire est susceptible de me pourrir l'existence, alors je l'occulte. Aujourd'hui, face à lui, je tente de faire la paix, plus avec mon angoisse d'être remplacé qu'avec l'homme en soi. Dans le coeur de Joanne, il ne m’a d'or et déjà laissé qu'une petite place dédiée au statut de père de Daniel. Et aux yeux du petit garçon, rien n'était encore fait -mais je le craignais bel et bien, contenant au mieux le dégoût qui me noue la gorge en l'imaginant dans la même pièce que mon fils, lui souriant, lui parlant, et Daniel l'appréciant en retour. Je serre les dents, je prends sur moi l'envie de frapper du poing sur la table pour faire évacuer la frustration de savoir que Joanne se montre si transparente avec Hassan à propos de la difficulté que j'éprouve à exercer mon droit de garde alors que cela ne le regarde pas. Qu'il y aille de son commentaire à ce sujet n’est qu'un peu plus irritant. Une partie de moi veut faire taire celle qui me pousse à croire que je finirai bel et bien par être remplacé au sein de ma propre famille ; il finira par avoir une place dans la vie de mon fils, et sa seule présence me mettra des bâtons dans les roues, qu'il le veuille ou non. “Daniel est ce que j’ai de plus précieux au monde… Et la manière dont je gère ma relation avec lui se passe de vos… conseils.” dis-je en détournant le regard. Parce que je suis coupable, coupable d'être un mauvais père, d'être absent, d'être incapable de passer plus de deux heures avec Daniel sans me sentir déchiré de l'intérieur. Et j'aimerais en être capable, pour lui, pour moi, pour les moments que nous ne devrions pas rater ensemble comme Hassan le dit si bien. Et en effet, cela est si facile à dire. “Vous ne savez pas de quoi vous parlez. À quel point il est difficile de simplement poser les yeux sur lui, et sur elle, et se dire que votre famille sera ainsi éclatée, désormais et pour toujours.” Tout à chacun, nous avons notre lot de blessures, d'événements à accepter et de peines à oublier, digérer. Mais une chose est sûre ; Hassan ne sait pas, et ne peut pas imaginer, ce que je ressens, ce qui m'empêche d'être à la hauteur, qu'importe ce qu'il a traversé lui-même. Je n’ai pas à m'expliquer, me justifier, et quémander du temps auprès de lui. Ses paroles sont, de toute manière, au delà des limites de ce qu'il devrait se permettre. “Mais restons en au moment où vous disiez que vous ne vous permetteriez pas de me dire comment m'occuper de mon fils, cela vous a rendu moins… insupportable, pour une seconde.” dis-je en croisant les bras, cynique pour couvrir la culpabilité, acide pour sembler juste un peu moins abattu. Qu'il ne tourne pas le couteau dans la plaie alors que je plie le genou face à lui. Je soupire à nouveau. Je pensais que pareille conversation me serait plus bénéfique que cela, qu'elle le serait pour nous deux. A l'inverse, j’ai le coeur plus serré que jamais. Une peine innommable que je contiens, mais qui m'étouffe, qui m'étourdit, me coupe le souffle. “Que nous le voulions ou non, je crois bien que nous sommes condamnés à faire partie de la vie l'un de l'autre.” j’ajoute avec un faible sourire. N’y avait-il pas comme une interdépendance dans ce système désormais ? Nous avons besoin l'un de l'autre pour créer et maintenir un équilibre qui convient à tous, parvenir à former un bonheur susceptible de s'instaurer dans la durée. Fort heureusement cela ne nous oblige pas à nous apprécier.
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Message(#)jamissan + Will I know the end when I need it? EmptyJeu 5 Oct 2017 - 9:36

L'initiative du journaliste laissait Hassan perplexe, et il peinait à n'y voir qu'une preuve de bonne volonté ou une tentative de mettre les choses à plat … Il y avait chez lui – outre sa tendance à laisser ses poings partir trop vite – un fond de mesquinerie dont il ne s'était jamais caché, et le brun ne croyait pas à un soudain revirement de situation venu de nulle part. Mais si Jamie était à nouveau venu pour le simple plaisir de lui faire perdre son temps, la chute tardait à arriver et il cachait pour le moment bien son jeu ; Assez pour qu'Hassan ne soit tenté de prendre au sérieux son numéro de beau joueur déclarant forfait comme si tout cela n'était qu'une vulgaire partie de tennis. Il ne croyait pas en la sincérité des bonnes intentions du britannique, voilà tout, et pourtant au moment de répondre il avait pris le parti de jouer le jeu parce qu'il prenait lui-même plus facilement le parti de l'apaisement que de l'huile qu'on jetait sur le feu avec une délectation malsaine. C'était ce qu'il souhaitait, un apaisement, une situation qui permettrait à Joanne de ne plus se ronger les sangs, à lui-même de ne plus se sentir comme l’indésirable pièce rapportée de la situation, et à Daniel de ne plus être la victime collatérale des querelles des adultes environnants. Et s'il avait tenté de choisir ses mots avec attention au moment de le signifier cela n'avait pas empêché Jamie de réagir farouchement « Daniel est ce que j'ai de plus précieux au monde … Et la manière dont je gère ma relation avec lui se passe de vos … conseils. » Regardant ailleurs, voulant faire croire qu'il ne voyait pas l'éléphant dans la pièce, il avait ajouté d'un ton pincé « Vous ne savez pas de quoi vous parlez. À quel point il est difficile de poser les yeux sur lui, et sur elle, et se dire que votre famille sera ainsi éclatée, désormais et pour toujours. » Un brin excédé par la volonté de Jamie de se conforter dans le mélodrame de son existence – et qu'il avait lui-même crée, au cas où il l'aurait oublié – Hassan avait vaguement roulé des yeux au moment de répondre « Et vous n'avez pas idée de ce qu'on se dit au moment de faire une croix sur son mariage et sur toute une vie de projets à deux parce qu’on a perdu à la loterie médicale, la belle affaire, vous êtes venu là pour compter les points ? Chill out. » Ça non plus ce n'était pas une compétition, et s'il n'était venu que dans l'espoir d’apitoyer Hassan en tentant de démontrer à quel point il souffrait il ne frappait pas à la bonne porte, il n'aurait pas sa compassion. Tout juste une once de pitié que le brun était prêt à accorder à sa carcasse d'homme qui contemplait un désastre qu'il avait créé lui-même. « Mais restons-en au moment où vous disiez que vous ne vous permettriez pas de me dire comment m'occuper de mon fils, cela vous a rendu moins … insupportable, pour une seconde. » Et le voilà qui soupirait, comme un enfant à qui l'on aurait forcé de serrer la main à son adversaire après une bagarre de cour de récréation. Un peu las, Hassan s'était reculé pour s'appuyer sur le dossier de sa chaise et avait haussé vaguement les épaules « Les décisions que vous vous sentez capable de prendre concernant votre fils ne regardent que vous. Je trouverais simplement dommage que Daniel pâtisse d'une éventuelle volonté de votre part de punir sa mère … Mais s'il n'en est rien, ma foi, ce n'est plus de mon ressort. » Et si l'idée que la situation perdure le désolait – pour la mère et le fils bien plus que pour le père – le professeur n'avait aucunement l'intention de se battre contre des moulins à vent en tentant de jouer un rôle actif dans la résolution de cette affaire. Elle ne le concernait pas, là-dessus toutes les parties du procès étaient d'accord … Mais son bonheur à lui passait par le bonheur de Joanne, et ce dernier ne serait pas envisageable tant que son fils ne pouvait pas grandir entouré de ses deux parents. Comme s’il lisait dans ses pensées – et dieu merci ce n’était pas le cas – Jamie avait fini par faire remarquer « Que nous le voulions ou non, je crois bien que nous sommes condamnés à faire partie de la vie l’un de l’autre. » entre cynisme et amertume. Et condamnés, c’était bien le mot. Fataliste dans sa gestuelle autant que dans le rictus qui venait de fendre son visage, le brun avait fait remarquer « Faut croire que le karma ne nous mettait pas sans cesse sur la route de l’autre sans raison. » Et il fallait au moins cela pour qu’Hassan l’accepte sans trop sourciller, le karma il ne se contentait pas d’y croire, il s’en méfiait comme de la peste, autant qu’il se méfiait de Jamie dans un certain sens. Mais bon, qu’il ne s’attende pas non plus à ce qu’Hassan s’en réjouisse ou lui sert la main, cela restait une épine dans son pied, aussi unilatérale soit-elle. Dire que fut un temps il avait eu une once de reconnaissance pour ce type.
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Message(#)jamissan + Will I know the end when I need it? EmptyJeu 5 Oct 2017 - 17:19


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Les premières impressions sont parfois les bonnes, et peuvent se laisser remettre en question. S'il était évident que mes intentions en m'essayant face à Hassan aujourd'hui étaient pacifistes, pour ainsi dire, celui-ci semblait s'accrocher et trouver matière à entretenir la piètre image qu'il a de moi parce chaque mot, chaque geste et chaque souffle émanant de ma personne. Il n'était rien pouvant lui souffler un doute qui me soit favorable, et bien que j'aurais aimé qu'il soit capable de voir toute ma sincérité et d'accepter mes mots tels qu'ils étaient, sans méchanceté, sans cruauté, sans le cynisme dont j'ai pu faire preuve jusqu'à présent vis-à-vis de lui, je ne suis pas non plus touché par son obstination à demeurer aveugle. Après tout, une seule bonne action en demi-teinte ne peut racheter tout ce qui fonde son mépris, et pour être tout à fait honnête, l'opinion de cet homme à mon sujet m'importe bien peu. Je balaye ses conseils et son avis du revers de la main, je ne peux m'empêcher d'être amer. Hassan sera toujours l'une des raisons, l'un des facteurs de ma chute à mes yeux, mais pour le moment, il est aussi le plus proche de Joanne, et peut-être le seul de nous deux en mesure de la rendre plus heureuse. Cette année passée fut difficile, faite de remous violents. Il était clair désormais, limpide et indéniable qu'aucun retour en arrière n'est possible, aucune rédemption. Il ne reste nul autre possibilité que de regarder devant soi, et malheureusement, devant moi se tient le présent, la fatalité. Malgré toute mon amertume, je retiens et ravale toute l'aigreur dont je pourrais faire preuve face à Hassan. Je me rappelle que je ne suis pas ici pour lui faire la guerre, mais pour rendre les armes ; alors je prends sur moi l'envie de lui clouer le bec, de hausser le ton. Comme il l'avait dit, son opinion à mon propos n'allait pas changer de sitôt, que je m'avoue vaincu ne changerait rien. C'est une étape dont j'ai besoin plus que lui, un moyen de faire la paix avec mes pertes, d'enfin amorcer un long deuil de cette vie que je souhaitais avoir avec Joanne et Daniel. Il n'y a pas de compétition, je me rappelle, me répète. Pas lorsqu'il n'y a qu'un seul challenger. Le temps semble s'allonger comme pour me garder plus longtemps dans cette pièce en sa présence, me forcer à respirer son air, subir son regard, sa voix. Le temps qui s'étire, se joue de moi, l'espace qui déforme la pièce et rend la porte de sortie hors de portée. J'ai bien peu de choses auxquelles me rattacher et Daniel en fait partie. Étrangement, les rôles me paraissent clairs par rapport au petit garçon, et je ne devine pas d'intention de me prendre ma place chez Hassan. Uniquement un malentendu sur ce qui m'empêche de le voir autant que je le devrais. « La punir ?... » je répète, surpris un court instant avant de me rappeler qu'il n'y a rien d'étonnant à ce que le professeur pense cela de moi. « Non, Joanne mérite d'être heureuse et… aimée par quelqu'un qui sache la traiter comme il faut. » Je ne sais pas s'il serait moins dur à digérer qu'elle souhaite refaire sa vie et tombe amoureuse d'un autre s'il s'agissait d'un homme qui ne soit pas son ex-mari. J'imagine que cela n'aide en rien, mais dans le fond, je suis tout simplement trop possessif, trop amoureux pour la laisser partir. Du moins, jusqu'à présent. Et si ma jalousie et mes sentiments n'ont pas changés, mon accablement a pris le dessus ; voilà nos chaînes brisées. Quant à Daniel, il a besoin d'un père que je ne peux pas être pour le moment. Mais comme Hassan l'a compris, cela ne le regarde pas. Qu'importe si nos vies sont liées malgré nous, si notre bonheur dépend un peu l'un de l'autre ; nous ne sommes pas faits pour nous apprécier, nous n'avons pas été mis sur le chemin l'un de l'autre dans ce but, et le scénario choisi par le destin est des plus cruels, des plus tortueux, plus encore que nous ne pouvons le concevoir. « J'aurais préféré que le karma ne se mêle pas de ça. » je réponds avec un petit rire nerveux. Pas que je m'attendre à ce que Hassan partage ce rire avec un peu d'ironie. Quitte à se détester autant se serrer les coudes et le rendre plus supportable au nom de la femme que nous avons en commun ? « Je vous la confie. Ne merdez pas. » Cela ressemble à un accord tacite signé à contrecœur, et uniquement par acquis de conscience. Nous pouvons bien essayer, le premier pas est déjà fait. Du mois ais-je essayé, avec un taux de réussite mitigé. Il n'est plus question pour nous de forcer au-delà de ce point, et il apparaît clairement que nous n'avons plus rien à nous dire. Quelque chose me retient sur ma chaise pourtant et rend mes membres lourds. Mes doigts tapotent sur la surface de la table, ils canalisent un peu de nervosité, de frustration, de toute cette soupe d'émotions qui laisse un goût pâteux sur la langue. J'ai la gorge sèche, et plus de mots à offrir. J'ai les paupières lourdes, les yeux secs, et l'envie de les fermer dans l'espoir de me réveiller d'un mauvais rêve. Je sens un tremblement, la peine qui me secoue et me crispe, le trou béant, grand ouvert dans ma poitrine qui attends que je tombe corps et âme dans son obscurité, là où je ne pourrais plus entendre, plus voir, plus sentir. C'est un peu comme s'il prenait forme peu à peu, comme s'il m'enveloppait, me parcourait. Je sens son trajet, le frisson froid qui rend fiévreux, grimper le long de mes jambes, assécher mes poumons, paralyser mes bras et engourdir ma tête. Je crois deviner cette perle de sueur froide glisser discrètement sur mon front. Machinalement, je me lève et entreprends de quitter la salle ; mon mouvement est aussitôt avorté par ce vertige qui me force à prendre appui sur la table. Mes jambes n'ont soudainement pas plus de consistance que du coton et me laissent tomber lentement au sol. Il est bien trop tard lorsque je réalise que le mal qui me serre la poitrine n'est pas qu'une simple peine de coeur. Quoi qu'il en est une d'un tout autre ordre. Haletant, perdu au milieu de cette pièce qui tourne à toute vitesse sur elle-même, qui plonge dans le brouillard puis dans la nuit, je ne songe même plus à mesurer l'intensité de la douleur qui me fait perdre la tête. « Appelez de l'aide. » j'implore alors qu'il me paraît de plus en plus difficile de respirer, de penser, d'être conscient -ce que je ne suis plus la seconde suivante. Ainsi, au pire moment, le plus critique, le plus terrifiant, la seule personne qui puisse m'aider, mon seul espoir de m'en sortir, n'est autre que celui que je hais le plus au monde.
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Message(#)jamissan + Will I know the end when I need it? EmptyMer 11 Oct 2017 - 18:55

La mauvaise foi et l'esprit de provocation dont avait inutilement abusé l'homme empêchaient Hassan de ne voir dans sa soudaine recherche de consensus qu'une preuve de bonne volonté. Il y avait forcément autre chose derrière, un dessein caché, quelque chose que Jamie avait en tête et qu'il se gardait bien de dévoiler … À moins que tout cela ne soit qu'une tentative de sa part pour se donner bonne conscience. Solution la moins pire aux yeux du professeur, elle aurait au moins le mérite de vouloir dire que l'homme en face de lui se savait fautif de quelque chose. L'incrédulité furtivement passée sur le visage du journaliste lorsqu'Hassan avait énoncé l'éventualité que son refus de voir son fils ne soit rien de plus qu'un moyen pour lui de punir Joanne, qui en serait forcément affectée, ne lui avait pourtant pas échappé « La punir ? … » Qu'il ne lui fasse pas répéter une seconde fois « Non, Joanne mérite d'être heureuse et … aimée par quelqu'un qui sache la traiter comme il faut. » Cela les rendait au moins d'accord sur quelque chose, s'était-il entendu penser sans juger nécessaire de le faire remarquer et de creuser un peu plus le cynisme ambiant. C'était déjà beaucoup que de devoir se résoudre à se côtoyer à intervalles réguliers, à vrai dire, et sans grande surprise la perspective ne semblait pas les enchanter ni l'un ni l'autre. « J'aurais préféré que le karma ne se mêle pas de ça. » Si Jamie s'était fendu d'un léger rire teinté d'amertume, le rictus succinctement apparu sur le visage d'Hassan était plus discret, plus prudent. Tomber d'accord sur le cas d'un intérêt commun – ce qu'était Joanne – était une chose, plaisanter avec quelqu'un qui avait commis des choses qu'il ne cautionnait pas et même condamnait totalement en était une autre, et le brun n'avait pas pour projet actuel de franchir la limite entre les deux.

Peut-être parce qu'il avait compris que la conversation n’apporterait rien de supplémentaire et n'irait pas plus loin, Jamie avait fini par lâcher sur le ton de la conclusion un « Je vous la confie. Ne merdez pas. » qui avait douloureusement rappelé à Hassan leur première entrevue, et la manière dont le brun avait tourné les talons en demandant simplement le cœur lourd « Prenez soin d'elle. ». Malgré ça le journaliste était resté vissé à sa chaise, laissant son interlocuteur en attente de quelque chose d'autre qu'il aurait eu à ajouter, sans qu'aucune autre phrase ne sorte de sa bouche. S'éclaircissant la gorge et faisant mine de rouvrir l'écran de son ordinateur comme pour décider Jamie à tourner les talons, il avait vaguement froncé les sourcils en le voyant se relever de sa chaise avec difficulté, et momentanément mis son mépris de côté pour demander « Vous allez bien ? » en le voyant chanceler. Mais Jamie ne semblait pas l'avoir écouté, à vrai dire il ne semblait même pas l'avoir entendu et avait blêmi d'un seul coup, Hassan ayant tout juste le temps de lâcher un juron en bondissant de sa chaise pour l’attraper par le col de sa chemise et lui éviter de heurter le sol tête la première. Basculant sur le dos, l'homme avait l'expression de celui dont la respiration devenait difficile et suffoquait à moitié lorsqu'il avait articulé « Appelez de l'aide. » en agrippant sa chemise au niveau de sa poitrine. Extirpant son téléphone de la poche de son jean le brun avait composé le 000 avec fébrilité en questionnant « Jamie ? Vous m’entendez ? Jamie ? » Mais non, Jamie n'entendait rien ou tout du moins s’il entendait quoi que ce soit il n’était plus en état de le faire savoir. Les quelques secondes d'attente avant d'avoir quelqu'un au bout du fil lui avaient semblé durer des heures bien qu'il n'ait eu que le temps de détacher les deux plus hauts boutons de la chemise du britannique.

Docilement le brun s'était laissé guider par les instructions de l'opérateur puis du médecin au bout du fil, répondant à ses questions, suivant ses indications avec automatisme – en sentant malgré tout ses mains trembler en constatant que non, Jamie ne respirait pas – envoyant une journaliste qui passait dans le couloir chercher le défibrillateur du hall d’entrée et prévenir le vigile et l’accueil de la situation et de l’arrivée des secours, laissant non sans soulagement le dit défibrillateur prendre le relais du massage cardiaque et cédant sa place à peine l’équipe de secours débarquée dans la pièce. Quelque part au milieu de tout cela Hassan avait presque fini par en oublier l’identité de l’homme inanimé au sol, et quand la réalité l’avait frappé à nouveau il s’était demandé s’il était supposé prévenir Joanne. La question était devenue d’autant plus pertinente lorsque le secouriste l’avait questionné sur les éventuels antécédents médicaux ou traitements de Jamie, et secouant la tête pour indiquer qu’il n’en avait pas la moindre idée le brun était sorti dans le couloir pour composer le numéro de Joanne, partagé entre le fait de ne pas savoir comment lui présenter la situation et le fait qu’elle aurait peut-être les réponses aux questions du médecin ; Une sonnerie, deux, cinq, puis le répondeur. Raccrochant sans laisser de message il avait répété l’opération deux fois sans succès, et finalement laissé un simple message « Joanne ? C’est Hassan, rappelle-moi quand tu auras ce message, c’est urgent. » après s’être éclairci la gorge pour tenter de camoufler son trouble. Jetant un œil à sa montre il en avait conclu que la blonde était probablement au travail, et savait très bien qu’elle gardait son téléphone en silencieux pour n’y jeter un œil que lorsqu’elle n’était pas occupée. « Vous l’emmenez où ? » Il n’avait pas eu le temps de rentrer à nouveau dans la salle de réunion que l’équipe de secours ressortait en sens inverse, Jamie chargé sur une civière « Au Saint-Vincent. » Hésitant quelques secondes sur la conduite à adopter, le brun avait finalement récupéré ses affaires à la va-vite dans la salle et filé à moto jusqu’à l’hôpital après être une énième fois tombé sur le répondeur de Joanne.

Et la blonde à son tour était tombée sur le sien plusieurs fois en tentant de le rappeler, Hassan composant à nouveau son numéro à peine descendu de moto « Jo’ ? Oui, je sais j’étais sur la route. […] Moi oui, mais je … Jamie a fait un malaise chez ABC. Faudrait que tu viennes. […] Au Saint-Vincent, je viens de me garer. » Il n’était même pas certain qu’elle l’ait entendu lui dire de faire attention sur la route avant de raccrocher, et pourtant dieu sait que ce n’était pas le moment de conduire à tout allure et de risquer un accident. Il ne savait même pas ce qu’il allait pouvoir lui dire lorsqu’elle débarquerait, à vrai dire il ne savait même pas bien ce qu’il faisait devant l’hôpital … Ou plutôt si, il savait très bien pourquoi, il n’avait pas envie de laisser Joanne faire les cent pas dans le hall des urgences toute seule. Il lui suffisait de se rappeler l’état dans lequel elle s’était mise lorsqu’il avait terminé aux urgences après un match de rugby – qu’il n’avait pas terminé – quelques années en arrière … Ce n’était pas sans raison s’il avait employé le mot « malaise » plutôt qu’autre chose.
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Message(#)jamissan + Will I know the end when I need it? EmptyJeu 12 Oct 2017 - 7:44


will i know the end when i need it ?
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La régulation des ambulances recevait des centaines d'appels par jour. Des personnes paniqués face à des symptômes qui effrayaient, qui surprenaient et qui ne savaient pas quoi faire. D'autres qui avaient des idées noires,  ou des tendances suicidaires, qui étaient victimes de toute sorte de violence et qui ne trouvaient pas d'autres moyens d'être écoutée, si ce n'était en composant ce numéro. Enfin, il y avait les urgences minimes, celles dont la régulation se lassait parfois alors qu'ils pouvaient traiter d'autres urgences. Mary-Ann était médecin régulateur et il ne lui fallut pas plus d'une poignée de secondes pour déclencher une équipe médicale adaptée pour prendre en charge au plus vite un arrêt cardiaque. Dans ces cas-là, les excès de vitesse de l'ambulance étaient tout à fait justifiés. Médecin et infirmiers prirent en charge Jamie dès leur arrivée sur les lieux – qui, forcément, avait attirré l'attention de bons nombres d'employés–. L'un des ambulanciers se chargeait de dégager un peu la foule, agacé de voir toutes les issues encombrées. Pendant que l'un des infirmiers massaient, le médecin urgentiste se chargeait d'intuber le patient afin de dégager les voies respiratoire. Ainsi, un autre soignant pouvait assurer par la suite la ventilation artificielle à l'aide d'un BAVU (Ballon Auto-remplisseur à Valve Unidirectionnelle). D'un autre côté, un autre infirmier lui posait deux voies veineuses périphériques auxquelles il rattachait des hydratations à grosses molécules (permettant ainsi d'augmenter plus rapidement la tension une fois que l'activité cardiaque aura reprise)– et ce n'était pas ce qu'il y avait de plus compliqué étant donné que Jamie avait un excellent capital veineux. Enfin, au bout de quelques minutes, il retrouvait un rythme cardiaque régulier et sinusal. La tension artérielle n'était pas bien haute, avoisinnant les 8/4, mais c'était amplement suffisant pour le médecin pour choisir de le transférer tant qu'il était dans un état stable. Une fois sur le brancard, le médecin appelait rapidement quelques uns de ses confrères, en leur établissant le tableau clinique qui les aiguillait tous sur un infarctus du myocarde compliquée d'un arrêt cardio-respiratoire. Jamie fut rapidement évacué du bâtiment d'ABC afin d'être transféré à l'hôpital, sous le regard perplexe des employés qui avaient pu assister, de près ou de loin, à tout ceci.

C'était une journée principalement composée de réunions pour Joanne. Il fallait que tout soit accordé pour les prochains événements, les prochaines expositions. Ils étaient déjà exigeants au Museum of Brisbane, mais ici ils étaient particulièrement pointilleux, dans le véritable souci du détail. Ils cherchaient constamment de la nouveauté, que ce soit dans l'enrichissement de leur collection ou dans le renouvellement de l'agencement. Optimisation de l'espace, rendu esthétique, budget tout de même restreint –quoi que l'un des principaux donateurs, Henry Connor, semblait laisser qu'ils avaient plus de moyens qu'ils ne voulaient l'admettre–. Henry restait impassible sur certains détails et il pouvait se le permettre de l'être étant donné l'implication qu'il avait pour ce musée. Joanne avait très peu échangé avec lui jusqu'ici, mais elle était parfois déroutée par le contraste entre sa très grande gentillesse, ses encouragements constants, son exigence et sa droiture. Pendant les discussions, la jeune femme eut à un moment une drôle de sensation, un sentiment d'oppression qui durait plusieurs minutes. Une boule au ventre, comme un mauvais pressentiment. Bien que perplexe, cette sensation finit par lui passer, ou peut-être l'avait-elle oublier en voulant se concentrer sur ce qui se disait autour d'elle. Henry invitait régulièrement Joanne à parler, celle-ci n'osant pas vraiment ouvrir la bouche étant la dernière arrivée. Durant la réunion, elle sentait son téléphone vibrer plus d'une fois. Elle jetait rapidement un oeil sur l'écran, voyant qu'il s'agissait d'Hassan. Il devait pourtant savoir qu'elle travaillait le jour-là. Elle n'aurait décroché que si c'était la crèche qui l'appelait. Une fois la réunion terminée, elle échangeait quelques mots avec Henry avant que celui-ci ne doive s'en aller, et ce n'était qu'à ce moment là qu'elle voyait toute une liste d'appels manqués, dont un numéro qu'elle ne connaissait pas. Le premier message vocal qu'elle entendait était celui d'Hassan, bien perplexe. Les sourcils froncés, elle tentait de le rappeler ensuite quatre ou cinq fois tout en marchant en direction de son bureau avant de parvenir de l'avoir au bout du fil. Et heureusement parce qu'après cet appel, elle était incapable de tenir debout, elle s'installait donc sur son fauteuil. Un malaise ? Jamie ? Non ce n'était pas possible. C'était elle qui était sujette à ce genre de choses, pas lui. C'était plus grave que ça, elle le savait. Joanne se rendait à l'évidence et elle sentait une panique l'envahir. Une angoisse indescriptible, réalisant alors que l'étrange sensation qu'elle avait eu plus tôt n'était peut-être pas si anodine que ça. Les mains tremblantes, elle récupéra ses affaires et ses clés de voiture. Voilà qu'elle avait oublié d'écouter un second message vocal, du numéro qui n'était pas enregistré sur son téléphone. "Miss Joanne Prescott ? Je suis Emily, infirmière au St Vincent Hospital. Nous vous contactez car votre numéro est celui indiqué en cas d'urgence dans le dossier de Mr. Jamie Keynes. Je vous prie de me rappeler dès que vous recevrez ce message, merci." Ecouter ce message juste avant de démarrer la voiture n'était certainement pas le plus judicieux à faire, tout comme elle n'avait pas entendu Hassan lui dire de faire attention sur la route.

Malgré les quelques imprudences de Joanne, le trajet a été fait sans accident, et c'était aux urgences qu'elle avait retrouvé son ex-mari. L'angoisse l'empêchait de se concentrer correctement. Le médecin ne l'avait même pas encore approché pour lui expliquer ce qu'il s'était passé qu'elle était déjà en larmes. Puis il lui parlait d'arrêt cardiaque, d'infarctus du myocarde, de bloc opératoire, de suivi rapproché. Beaucoup de termes qui faisaient peur d'un coup et qui provoqua chez elle un moment d'absence. Un instant pour réaliser la gravité de la situation avant de perdre tous ses moyens et de pleurer de manière incontrôlable. Elle ne voulait pas s'asseoir mais elle tenait à peine sur ses jambes. Au bout d'un moment, Hassan l'y avait tout de même obligé. "Est-ce qu'il va mourir ?" finit-elle par demander au médecin, le regard quasi suppliant. "Nous faisons tout notre possible, Miss Prescott." Pas de oui, pas de non, pour ce genre de questions. Pas tant qu'il y avait cette incertitude qui plânait au dessus. Les médecins n'étaient pas des dieux, bien que certains pensaient l'être. Ils se battaient constamment pour sauver des vies, pour un grand nombre d'entre eux, la mort n'était rien d'autre qu'un échec. Joanne avait perdu le compte du nombre d'heures qu'elle avait passé là, à attendre la moindre nouvelle. Mais jamais à un moment Hassan ne s'était détaché d'elle. Il lui proposait régulièrement de boire ou de manger quelque chose, mais elle refusait à chaque fois. Il était là, il était une présence, bien que parfois, on ne savait pas trop quoi dire. Mais on était là, et c'était souvent tout ce qui comptait. Joanne avait également contacté Irene pour lui demander d'aller chercher Daniel à la crèche, de s'occuper de lui, et la brune lui avait assuré qu'elle prendrait soin de lui aussi longtemps que nécessaire. Au bout d'un moment, le médecin qui s'occupait habituellement de Joanne, le Dr. Winters, s'était concerté avec un de ses confrères afin de la conduire dans la chambre de l'unité dans laquelle Jamie allait être transféré plus tard, afin qu'elle soit un peu au calme. S'il fallait attendre, autant que ce soit dans un endroit plus serein et moins animé que les urgences. C'était à ce moment là qu'elle avait assuré à Hassan qu'elle pouvait être seule. Elle ne voulait surtout pas l'encombrer davantage alors qu'il était déjà resté là tout ce temps avec elle, à la soutenir. Elle l'enlaça chaleureusement en guise d'au revoir, lui soufflant un très sincère "Merci. Merci pour tout." avec une voix tremblante. Joanne avait conscience que c'était grâce à lui que Jamie avait pu être pris en charge rapidement et qu'elle avait pu tenir le coup toutes ces longues heures sans perdre la tête au milieu du mouvement constant des urgences. Etre dans ses bras quelques secondes était aussi un soulagement pour elle. Hassan pouvait qu'elle s'appuyait beaucoup contre lui, marquant ainsi involontairement son épuisement physique et psychique. "Je t'écrirai." lui promit-elle avec un sourire. Pour lui donner des nouvelles, car même si Hassan ne portait pas Jamie dans son coeur, il serait tout de même soucieux de son état, surtout qu'il avait été le premier témoin et le premier intervenant lorsque Jamie avait fait son arrêt.
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