Elle ne savait pas du tout ce qui se passait avec Colin. Elle ne le connaissait pas assez pour se permettre d’émettre la moindre supposition. Ce qu'elle savait, c'était que les deux frères étaient complètement différents. Probablement parce qu'ils n'avaient pas été élevés ensemble. Célia se faisait un peu de souci pour sa sœur. Jusque là, on ne pouvait pas dire que Selina avait eu de la chance dans ces histoires d'amour. Et cela inquiétait sa sœur. Elle voulait laisser le bénéfice du doute à Colin. Pour l'instant. Après tout, c'était sa sœur qui était la mieux placée pour savoir si cela allait bien se passer ou non. Et elle faisait confiance en sa sœur. Aux mots de Duncan, Célia esquissa un mince sourire. « C'est bien que tu te remettes au footing. Quand le bébé sera là, on pourra à nouveau faire quelques kilomètres ensemble. » Ils avaient l'habitude de courir un peu quand ils en avaient le temps tous les deux. C'était agréable. Et ça manquait un peu à l'antiquaire. Elle continuait à faire ses séances de yoga tous les jours mais rien de plus. Encore une fois, elle restait plutôt tranquille, sans faire trop d'excès. « En tout cas, j'espère que ça se passera bien entre vous. » Au moins si Duncan arrivait à le décrypter, c'était déjà une bonne chose. Puis à la remarque du médecin. Elle esquissa un autre sourire. « Je dis ça surtout parce que je te connais comme personne et oui, parce que tu as apporté aussi du melon. C'est un petit plus que j'apprécie. Tu fais toujours très attention aux autres. » Et ça, c'était une qualité qu'on ne pouvait pas retirer à Duncan. Et voilà il était un très bon médecin. Ce dernier lui attacha le bijou autour du cou. Célia n'était pas très bijoux, breloques. Elle en mettait parfois mais tout comme le maquillage, moins elle en mettait, mieux elle se portait. Mais elle savait que ce pendentif n'allait pas la quitter. Parce que c'était un très beau cadeau et aussi parce qu'elle aimait sa simplicité et le fait qu'il allait se marier à n'importe laquelle de ses tenues. « C'est ce que tu fais alors, quand tu pars au Mali ? Tu fais dans la prospection maintenant ? » La jeune femme esquissa un sourire amusé quand Duncan lui expliqua qu'il avait trouvé cette pierre par hasard. Bien sûr, elle plaisantait. Elle savait tout le travail que le médecin accomplissait quand il partait en Afrique. Cela lui faisait toujours un peu peur. Mais elle savait que c'était pour la bonne cause et que le Mali était sa deuxième maison. Duncan y était encore très attaché. Et elle pouvait très bien le comprendre. Elle le laissa couper le gâteau tandis qu'elle débarassait un peu la table. « J'aimerai connaître son secret également. » Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de l'antiquaire quand elle pensa à la mère du médecin. Elle se disait d'ailleurs que cela faisait un petit moment qu'elles ne s'étaient pas vues. « Il a l'air très bon en tout cas. » Elle n'avait pas trop à s'interroger sur la qualité du gateau. Elle savait que Duncan avait fait pas mal de progrès en cuisine. Et qu'il utilisait des produits plus sains. Célia n'était pas du genre à obliger qui que ce soit à adopter son mode de vie. Même si elle savait que c'était ce qu'il y avait de meilleur pour la santé. Mais voir Duncan préparait quelques plats ici et là, végétariens ou même végans, cela lui faisait plaisir. Célia trinqua ensuite avec le médecin. « Merci. » Elle prit une gorgée de la coupe avant d'ajouter : « Encore une année de plus. Où passe le temps ? » Elle soupira un peu. Quand ils étaient jeunes, ils avaient l'impression de ne pas grandir. Mais maintenant, elle avait la sensation que le temps lui filer entre les doigts. « Mais tu restes quand même plus vieux que moi. » Elle se mit à sourire tout en gardant ses yeux sur lui. Elle aimait le charrier. Et puis ils passaient une bonne soirée, hors de question de songer à toutes les petites choses qui fâchent. Ils s'installèrent ensuite à la table pour déguster ce bon gâteau. Célia avait piquer sa fourchette dans le met sucré avant de la mettre en bouche. « Il est vraiment très bon, bravo. » Sucré, fruité, mais léger. La jeune femme n'était pas friand de tout ce qui était trop sucré, mais là, il y avait un juste équilibre dans les saveurs. Puis après un silence, elle reporta son attention sur Duncan. Elle le connaissait depuis des années et elle savait quand quelque chose n'allait pas. Et elle avait bien remarqué depuis son arrivée, ce petit quelque chose dans ses yeux. « Comment vont les enfants ? Tu as pu voir les petits ? » Et en parlant de petits, elle parlait bien sûr de Kendra, Rami et surtout de Hawa qui avait une place particulière dans le cœur du médecin.
Mais qu'est ce qui prenait tout d'un coup à tout l'entourage de Duncan ? Tout le monde voulait courir avec lui, il n'y échapperait pas. 2018 serait sous le signe du footing et peut-être qu'il dirait enfant adieu aux courbatures qu'il avait régulièrement à cause de l'irrégularité de ses efforts. Cependant, il acquiesça en souriant. Après tout, s'il allait arrivé à suivre le rythme avec Andrew et Colin, ça devrait être d'autant plus sympathique avec Célia et surtout ça faisait un très long moment qu'ils ne s'étaient pas retrouver tous les deux pour courir. Pour ce qui était de Colin, c'était effectivement très difficile de le décrypter car il avait l'air d'être le genre de personne à tout garder pour lui et au final ça lui faisait un super point commun avec Duncan.
- J'espère aussi mais si jamais ça ne passe pas, j'aurais au moins essayer. Je n'aurais plus de regrets de ce coté là.
Parce que oui, Duncan avait quelques regrets. Maintenant qu'il était devenu adulte, il se rendait compte que d'avoir couper les ponts avec son père lui pesait toujours un peu plus chaque jour. Il voulait en parler avec Colin mais il préférait attendre le bon moment. Son père avait dû changer. Aussi bien physiquement que mentalement. Il devait être un tout autre homme et même si ça ne lui plairait peut-être pas, ça lui enlèverait ce sentiment de regret, il le savait. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il répondit simplement au fait de prendre soin des autres.
- J'essaye, du mieux que je peux.
Prendre soin des autres avait toujours été une vocation pour lui depuis son plus jeune âge alors c'était tout à fait normal qu'il n'est jamais dévié de cette voie. Elle lui parla ensuite du Mali et il se mit à rire.
- J'arrive à re-découvrir le pays à chaque fois que j'y vais, c'est plutôt magique non ?
Il acquiesça ensuite vivement lorsqu'elle parla de la mère de Duncan. Elle avait une mémoire impressionnante pour tout un tas de chose. Au moins, Duncan n'avait pas besoin d'agenda pour se souvenir de ses rendez-vous. C'est un fils à sa maman, je n'y peux strictement rien. Il s’installa à coté de Célia après avoir servi les deux parts de gâteau et lever sa coupe pour lui souhaiter enfin son anniversaire comme il se doit. Le gâteau était plutôt bon, ouf, ça le fit sourire alors qu'il avalait sa première bouchée.
- Merci.
Il fronça ensuite légèrement les sourcils en ajoutant sur le ton de la plaisanterie.
- Pas merci pour cette remarque mais tu sais quoi ? J'ai lu que les plus belles années pour un homme était après trente ans. On peut donc dire que je suis à l’apogée de ma beauté ? M'ouais, bon si on veut quoi.
Duncan sourit avant de boire un peu de son verre. Célia lui parla ensuite des enfants au Mali. Effectivement ça lui poser un certains cas de conscience en ce moment mais il ne pensait pas que ça le parasiter au point qu'elle puisse s'en rendre compte comme quoi, elle le connaissait vraiment très bien.
- Kendra et Rami vont très bien. Hawa a été placer à l'orphelinat. Personne ne peut la prendre, elle pleur beaucoup. J'étais partagé entre passé tout mon séjour avec elle ou ne pas du tout aller la voir pour qu'elle ne pleur pas encore plus à on départ.
Duncan releva ses yeux vers Célia en attendant comme une réponse qui réglerait toutes ces interrogations qu'il pouvait avoir mais ça lui faisait mal de savoir qu'elle grandirait dans un orphelinat.
Elle ne sait pas comment elle aurait réagi si elle avait appris l'existence d'un demi-frère ou d'une demi-soeur. Elle s'entendait très bien avec ses frères et sa sœur. Mais il était clair qu'ils n'avaient pas du tout le même caractère. Parfois cela faisait des étincelles. Mais ils se connaissaient assez pour savoir que les disputes ne duraient pas, ou comment atténuer les susceptibilités des uns et des autres. Dans le cas de Duncan, c'était différent. Puisqu'il ne connaissait rien de Colin. Et que Colin ne connaissait rien de Duncan. Alors forcément l'approche n'était pas pareille. Surtout qu'ils avaient quand même deux caractères diamétralement opposés. Ce qui n'arrangeait pas les choses. En plus, Colin n'était pas du genre bavard alors forcément, même pour Duncan qui avait la verve facile, il s'agissait quand même de marcher sur des œufs. Célia aimerait que les choses s'arrangent entre les deux frères. Mais Duncan, tout comme elle-même, ne pouvait pas obliger Duncan à faire ce qu'il ne voulait pas. Il avait vécu plus de trente ans comme fils unique alors ce n'était peut-être pas très simple pour lui de faire une place au médecin. « Avec un peu de temps et de patience, je suis certaine que ça va finir par coller. » Colin savait que Duncan était là. Et c'était bien le principal. Après s'il avait besoin de temps, il suffit qu'il en prenne un peu. C'était un moindre mal pour sauver une relation qui, au final pourrait être très chouette. Célia s'était toujours dit que son meilleur ami raté quelque chose à avoir des frères et sœurs. Mais la vie faisait qu'il n'en avait pas eu. Pourtant, Duncan était un chouette frangin. Colin allait finir par s'en rendre compte. Aux paroles suivantes du médecin, l'antiquaire esquissa un sourire amusé. « Oui, j'avoue que c'est assez incroyable. » Redécouvrir un lieu à chaque retour, c'était plutôt une chouette expérience. Cela faisait des années maintenant que Célia n'était pas revenue au Mali et cela lui manquait un peu. Cette année, elle aurait du le rejoindre pendant les vacances, sauf qu'on lui avait tiré dessus. Cela avait chamboulé son quotidien. Puis elle avait fini par reprendre le travail, sans avoir réellement un peu de temps pour voyager. « Parfois cela me manque nos soirées au coin du feu ou les visites au village. » C'étaient de très beaux souvenirs et Célia les chérissait chaque jour un peu plus. Et puis elle n'oubliait pas toutes les amitiés qu'elle avait pu lier avec les locaux. Elle avait rencontré de très belles personnes. Dommage que le pays soit encore aussi instable qu'il y a quelques années. Des forces de la coalition étaient sur place mais ce n'était pas encore ça. Puis elle ne pouvait s'empêcher de sourire aux mots suivants de Duncan. « C'est vrai, vous les hommes, vous avez tendance à vous bonifier en vieillissant. Alors comme tu es à l'apogée de ta beauté, il faudrait peut-être penser à te caser. » Elle avait esquissé un nouveau sourire. Cela la faisait rire. Duncan était un bel homme alors elle ne comprenait pas pourquoi il n'avait jamais eu de relations sérieuses. C'était dommage parce qu'elle était certaine qu'il rendrai une femme très heureuse. « Aucune jolie infirmière n'a réussi à te kidnapper pour un dîner en tête à tête ? » Célia savait très bien comment cela fonctionner. Quand elle était encore médecin, elle avait été témoin de quelques histoires entre médecin et infirmière ou même entre médecin et médecin. En même temps, le personnel médical vivait quasiment à l'hôpital alors forcément. La conversation était devenue un peu plus sérieuse quand Duncan aborda son séjour au Mali et le fait qu'il avait vu Hawa à l'hôpital. Célia appréciait beaucoup la petite fille et elle était tout aussi peinée que le médecin de la savoir à l'orphelinat. « Tu as essayé de te renseigner sur la famille qu'il pouvait lui rester ? » Célia soupira un peu avant de reprendre après avoir bu une gorgée de son verre. « J'aimerai te dire qu'elle va s'habituer à l'orphelinat, mais je n'en suis pas certaine. Même si je n'ai aucun doute sur le fait que l'équipe s'occupe très bien d'elle, ce n'est pas un endroit pour qu'un enfant puisse grandir sereinement. » Et ils en étaient tous les deux conscients. Ils étaient adultes et ils avaient assez de recul sur ce genre d'histoire pour avoir un avis là dessus. « Qu'est-ce que ton cœur te dit ? » Qu'est-ce qu'il ressentait vis à vis de tout ça ? Elle savait que Duncan avait le cœur sur la main. Qu'Hawa avait une place dans sa vie et qu'il avait lui même du mal à prendre ses distances avec elle.
Duncan laissa le sujet de son demi-frère de coté. Pas qu'il ne voulait plus en parler mais ils en avaient fait le tour et pour conclure, le temps ferait qu'ils se rapprocheront ou non. Comme le disait Célia, le plus important c'était qu'ils sachent tous les deux que l'autre existait et qu'il était là en cas de besoin. Ils parlèrent ensuite du Mali, c'était un chouette pays quoi que l'on puisse en dire. Parfois les pays africains étaient mal vu mais c'était mal vu par des gens qui s'obstinaient à ne rien à voir. Duncan échappa un léger rire en ajoutant.
- On pourrait faire un feu dans ton jardin mais ça ne serait définitivement pas pareil, c'est sûr.
Il était capable d'un peu près tout pour faire plaisir à Célia. Surtout ces derniers temps, avec la perte d'Axel, il était vraiment aux petits soins, dès qu'il le pouvait. Même si Célia était bien entouré, Duncan avait toujours cette crainte qu'elle puisse se sentir seul comme lui pouvait parfois le ressentir dans cette grande maison qu'il habitait. Elle était beaucoup trop grand pour un seul homme mais il était sentimental et cette maison, il avait fini par beaucoup l'apprécier. Célia enchaîna avec le fait qu'il devrait finir par se caser s'il était à l’apogée de sa beauté et un petit sourire en coin, il répondit.
- Je crois que j'ai bien trop peur qu'on me brise le coeur.
Et c'était vrai, sa mère avait beaucoup souffert lors du départ de son père et cela l'avait beaucoup affecté sans qu'il s'en rende compte. Par conséquent, ses relations amoureuses se finissaient toujours de la même façon. Il y avait aussi le fait que Duncan avait la fâcheuse tendance à fréquenter des jeunes femmes avec qui il savait qu'aucun avenir n'était possible. D'après lui, c'était plus facile ainsi.
- Je te mentirai si je te disais que cela n'était jamais arrivé mais de là, à penser à un avenir à deux…
Duncan fit une grimace en fronçant l'ensemble de son visage. Il y avait une marge. Une marge immense qui séparer Duncan de tous ses rancards mais peut-être qu'il finirait par trouver la femme de sa vie. Peut-être qu'il l'avait sous les yeux mais qu'il refusait simplement de l'admettre. Comme toujours, il aime se compliquer la vie lorsqu'elle peut être simple. Le sujet était maintenant un peu plus sérieux.
- Oui. Il n'y avait qu'une personne mais pas vraiment proche et avec déjà cinq enfants. Elle n'avait ni assez d'argent, ni assez de place pour prendre Hawa.
Ce que son coeur lui disait été bien compliquer dans la mesure où un jour il pensait que c'était une bonne idée et le lendemain plus vraiment une alors en d'autres termes, pour le moment, il n'avait encore rien fait et Célia était la première personne à qui il en parlait.
- Mon coeur, il me dit de la ramener en Australie mais c'est bien plus compliquer que ça non ?
Leur échange continua comme ça encore un bout de temps. Duncan quitta Célia un peu plus tard dans la soirée pour rentrer chez lui. Si jamais il y avait un soucis, elle n'avait cas l'appeler et dix minutes plus tard à peine, il serait là.
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