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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyLun 23 Oct 2017 - 12:29


gaïa & vittorio
now that it's all said and done

What you said when you left just left me cold and out of breath. I fell too far, was in way too deep, guess I let you get the best of me. Well, I never saw it coming, I should've started running a long, long time ago. And I never thought I'd doubt you, I'm better off without you more than you, more than you know. ☆☆☆



Fallait trouver une solution, prendre une décision, fallait qu’il fasse un choix. Rester, ou partir. Mais pour aller où, ensuite ? C’était la question qui le retenait à chaque fois, celle qui avait gain de cause, parce que s’il ne se sentait pas à sa place ici il n’y avait aucune raison qu’il se sente à sa place ailleurs … Sa place était à Rome, nulle part ailleurs, et de tous les endroits de la terre c’était le seul où il avait la certitude de ne pas pouvoir remettre les pieds. Alors quoi ? Alors Brisbane. Brisbane et Kaecy qui n’en avait que faire, Brisbane et Liviana qui ne voulait rien de lui pas même ses mots, Brisbane et Nino qui le suivait à la trace comme les ennuis vous collaient à la peau. Brisbane et le colocataire plus absent qu’un fantôme qui pourtant s’étonnait encore que sa femme ait préféré mettre les voiles que de rester mariée à une ombre, Brisbane et l’employeuse qui vadrouillait dieu sait où sans rien dire, sans rien demander, et lui faisait douter que ce boulot qu’elle lui avait dégoté il le conserve très longtemps, finalement. « Oh, Cannelloni, tu bailles aux corneilles ? » D’un geste sec l’italien avait refermé la porte de son casier, et lancé à l’autre occupant du vestiaire un regard assassin « Ça va, relax, j’déconne. » Ouais, et comme il pouvait le voir Vittorio était absolument mort de rire. « Cazzo a te. » Ignorant probablement totalement que son interlocuteur venait de l’envoyer se faire foutre, l’homme avait vaguement levé les yeux au ciel mais préféré ne pas s’attarder, ayant probablement eu vent – comme une bonne partie des habitués du club – du scandale qu’avait fait Nino lors de son passage ici quelques semaines plus tôt. Une preuve de plus – s’il en fallait une – que les conneries de son cadet finissaient toujours par lui retomber dessus. Mais si elles permettaient aussi que l’on préfère lui foutre la paix plutôt que de lui chercher des emmerdes, ma foi, Vittorio estimait que c’était un mal pour un bien. Les habits de ville troqués contre un tee-shirt gris et un pantalon de full-contact bleu et blanc, l’italien était finalement remonté à l’étage sans laisser aucune de ses affaires dans son casier, la paranoïa dont l’accusait Bob ayant au fond sa part de vérité.

Avec l’absence de Cora le jeune homme avait du temps libre à ne plus savoir quoi en faire, et usé d’arguments et de persuasion pour obtenir quelques créneaux supplémentaires à la tête des cours de self-defense proposés par la salle ; Une rentrée d’argent sur laquelle il ne crachait pas, dans un cadre qui lui donnait un peu moins l’impression d’être un éléphant au milieu d’un magasin de porcelaine. Un peu, seulement ; Il restait l’étranger du coin, malgré ça. Mais un étranger dont l’accent exotique et les conseils avisés parvenaient malgré tout à drainer quelques assidus, du pain béni pour la salle de sport qui n’allait pas cracher dessus elle non plus. Son heure d’avance habituelle lui permettant de s’échauffer tranquillement et de sortir sans se presser le matériel d’entraînement nécessaire durant la séance, Vitto avait entrepris de réveiller ses muscles avec application, chevilles, genoux, hanches, taille, épaules, coudes, poignets, doigts, nuque. La respiration d’une lenteur contrôlée et l’attention sur les sensations de chacun de ses muscles plutôt que sur les pensées extérieures qui le parasitaient. Elles n’avaient pas leur place sur un ring, un tatami ou n’importe quoi d’autre ; On laissait ses tracas aux vestiaires, il pouvait encore entendre l’Ancien lui rabâcher ça à chaque entraînement, pas comme un vieux qui radotait mais plutôt comme un vieux sage dont les conseils valaient de l’or. Sans plus y prêter attention Vitto s’était mis à siffloter un air du pays, l’esprit s’allégeant au fil des secondes tandis qu’il recomptait les sangles de résistance et les protège-tibias. « Hey Vitto ! » Ayant attiré son attention, Donnie avait repris à la volée « Une signora pour toi à l’entrée. Bellissima. » Et l’italien d’arquer un sourcil avec suspicion. A part Cora il ne voyait pas bien qui pourrait le chercher, dans l’immédiat. Et Cora était sur un autre continent et un autre fuseau horaire, actuellement. « Elle a dit ce qu’elle voulait ? » Haussant les épaules le gérant avant secoué la tête « Te parler, qu’elle m’a dit. Mais hey, c’est pas un lieu de rencontre ici, okay ? » Message reçu. Acquiesçant sans broncher, le barbu avait remis ses baskets abandonnées au pied du tatami et avait rejoint le hall du club de sport avec un savant mélange de suspicion et de curiosité.

Y’avait eu ce quart de secondes avant d’arriver où Vitto s’était dit que la surprise ne pourrait de toute manière pas être plus mauvaise que lorsqu’il avait découvert Nino sans crier gare, mais finalement lorsque son regard s’était posée sur la silhouette qui patientait à l’accueil, les ongles pianotant contre le comptoir avec impatience, il avait compris que pire mauvaise nouvelle que son cadet : il y avait. « Cosa stai faciendo qui ? » Le ton sifflant, le jeune homme avait parcouru les derniers mètres le séparant du comptoir et surtout de Gaïa, dont l’allure cabossée ne l’avait pas ému pour deux sous ; En d’autres circonstances, peut-être, mais plus maintenant. « Amène-toi ! » avait-il préféré lancer toujours en italien, avant de la saisir vigoureusement par le bras pour l’emmener un peu plus loin. Il n’avait pas besoin d’un second esclandre aux yeux et aux oreilles de tout le monde, et Donnie avait beau être un bon gars il avait déjà été catégorique à ce sujet.
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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyMar 24 Oct 2017 - 12:13

Vittorio & Gaïa
now that it's all said and done

En descendant de l’avion, je cligne des yeux. Aveuglée par le soleil, après avoir passé des heures recroquevillée dans cette boîte de conserve volante, les jambes raides comme jamais, je descends les marches lentement, faisant bien attention à où je mets les pieds. Amochée comme je suis, une chute dans les escaliers m’enverrait sûrement directement à l’hôpital. Je suis impatiente, pestant  à voix basse contre les autres passagers, qui marchent trop lentement à mon goût.
En attendant que ma valise arrive sur le tapis roulant, je regarde un peu autour de moi, tentant de penser à autre chose qu’à mon envie de meurtre envers les personnes chargées de décharger les bagages. Je suis certaine qu’ils prennent tout leur temps, juste pour nous faire enrager. Et je tombe sur mon reflet, ce qui a pour effet de me faire trembler légèrement. De colère surtout.
Si mon oeil a bien dégonflé ces derniers jours, il est toujours cerclé d’un violet sombre et d’un peu de vert. L’autre pommette est de la même couleur, à quelques nuances près, et mon arcade a beaucoup souffert de certains coups. Mes lèvres sont encore sensibles, douloureuses, et à l’image du reste de mon corps, en train de cicatriser. Voyant que les bleus qui parsèment mes bras intéresse grandement ma voisine d’infortune, une petite dame âgée d’origine asiatique, je les croise compulsivement, délaissant mon reflet dans une vitre pour le tapis roulant. Où ma valise vient de faire son apparition.

Sans attendre plus, je m’en saisi, et sors de l’aéroport presque en courant. Hélant un taxi, je lui donne l’adresse de l’hôtel où j’ai réservé une chambre.
Une fois arrivée, je pose ma valise sur le bureau, dans un coin de la pièce. Je m’empresse de rejoindre la salle de bain, pressée de prendre une douche qui pourra laver les nombreuses heures de vol qui s’attardent sur ma peau. L’eau chaude m’apaise un peu, et au bout d’un moment, je me retrouve complètement détendue. Serviette d’un blanc immaculé enroulée autour de mon corps, je vais m’assoir sur l’immense lit de la chambre d’hôtel, avant de farfouiller dans mon sac à main. J’en sors une lettre, pliée en quatre, un peu abimée, un peu tachée. Je sais parfaitement ce qu’il y a dessus. Un nom, un prénom, et deux adresses, griffonnées à la hâte au stylo à bille après un coup de fil ce celui qui a réussi à trouver ces informations pour moi. Au vu de l’heure, l’une des deux adresses reste plus probable que l’autre. Alors il n’y a plus qu’à. Maintenant, après des heures de voyage depuis Rome, je suis au bon endroit, dans le bon pays, et si j’en crois l’adresse, je ne mettrais pas trop de temps à me rendre à l’endroit où je pourrais enfin régler mes comptes. Enfilant un jean délavé et un débardeur blanc moulant, je sors dans la rue, le papier froissé avec son nom dans ma poche. Peu importe le regard des autres, peu importe si le bleu de ma peau attire les regards, et fait se retourner les gens. Mon esprit est déjà ailleurs.

Quand j’entre dans la salle de sport, je suis aussitôt assaillie par une odeur lointaine de sueur. Un peu hésitante, ne sachant pas si je suis au bon endroit même si je l’espère, je m’approche du comptoir qui semble servir d’accueil, où un homme était en train de lire des papiers. En m’entendant approcher, il lève la tête.
« Oui? »
Je prends une petite inspiration, avant de lui répondre.
« Je cherche Vittorio Giovinazzo. On m’a dit qu’il travaille ici, est-ce que c’est le cas? »
L’homme en face de moi a un sourire étrange, et il hoche la tête. En se levant, il me demande d’attendre ici, pendant qu’il va le chercher. Et quand il s’éloigne, je recommence à respirer. Je suis au bon endroit. Soufflant un bon coup, j’attends sagement, en essayant de garder mon calme, les yeux rivés au sol. Incapable de rester totalement immobile, je pianote frénétiquement de mes ongles sur le comptoir. J’entends quelqu’un approcher, et avant même de lever la tête, je sais que c’est lui. Ça y est, on y est.
De loin, je vois qu’il ne m’a pas encore aperçue, et il semble légèrement inquiet. Mais quand ses yeux croisent les miens, son regard change. Il semble hésiter un court instant, ralentissant un peu.
« Salut, Vitto. »
Il sépare alors les derniers mètres qui nous séparent, tout en persiflant.
« Cosa stai faciendo qui ? »
Et ces simples mots, crachés en italien, suffisent à me faire perdre mon calme.
« Come non lo sai! »
Sans attendre une seconde de plus, il me saisit le poignet sans douceur, avant de me balancer un ordre qui ne fait que me mettre encore plus en rogne.
« Amène-toi ! »
Toujours en italien. Peut être pour que les autres personnes présentes ne comprennent pas, peut être plus simplement parce qu’il n’y pense même pas, la colère dominant le reste. Sa poigne furieuse me fait un mal de chien, et le fait qu’il me tire à sa suite met mes côtes au supplice.  Je retiens de justesse un gémissement de douleur. N’ayant pas la force physique pour lui opposer une résistance, je n’ai pas d’autre choix que le suivre, alors qu’il m’emmène à l’écart. Nous arrivons dans une petite salle inoccupée, et Vitto claque la porte derrière nous.
« Lâche-moi! »
Il me regarde dans les yeux, avant de s’exécuter. Moins d’un mètre nous sépare. Prise d’un accès de rage due à l’humiliation qu’on vient de me faire subir, je lui frappe le torse, paumes à plat. Malgré la colère qui m’habite, le coup le fait à peine vaciller, et il ne recule que de deux petits pas. Il est bien trop musclé pour moi, je l’avais presque oublié. Je frissonne.
« C’est bon, tu es content? Tu as pu jouer au mâle dominateur devant tous les hommes de la salle? »
Me forçant à retrouver un semblant de calme, tentative sans résultat pour le moment, je me rapproche encore un peu, et, levant la tête, je cherche son regard. Et le trouve.
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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyJeu 2 Nov 2017 - 1:54

Le souvenir désormais légèrement estompé de Gaïa laissait à Vittorio une saveur douce-amère, rendue à nouveau plus amère que douce par ce débarquement improvisé en forme de mauvaise surprise. Là où il l’avait laissée la jeune femme n’était plus que l’actrice principale de la comédie lui ayant coûté sa place, son emploi, son avenir tout entier … Elle avait semé ses catastrophes et déversé son venin, et tout cela aurait dû s’arrêter là. Pas que Vittorio n’ait digéré, ou accepté, mais il avait faute de mieux la sagesse de savoir qu’on ne revenait pas en arrière et que ce qu’il avait perdu il ne le récupèrerait pas. Ne restait qu’un ressentiment profond pour l’artisane de sa chute, presque une haine profonde, que sa présence vénéneuse en terres australiennes venait de réveiller avec fulgurance et l’avait fait aboyer ses questions tel un chien de garde alors que le « Salut, Vitto. » prononcé l’air de rien crispait le moindre de ses muscles en une rage difficilement contenue. « Come no lo sai ! » Elle osait. Après avoir réduit sa carrière en cendres, piétiné si ce n’était la confiance au moins le respect mutuel qu’il pensait s’être instauré entre elle et lui au fil des mois, des années à se côtoyer, elle osait jouer à la plus maligne et venir distiller son venin à des milliers de kilomètres de leur ring habituel. Et le prendre pour un imbécile, par la même occasion, car c’était mal le connaître que d’imaginer qu’il l’accueillerait autrement qu’en la traînant sans ménagement dans son sillage simplement pour mieux pouvoir la confronter à l’abri des regards, à l’abri des commérages de ceux qui n’avaient pas à connaître les tenants et les aboutissants de la vie de « Cannelloni » avant qu’il ne débarque ici. « Lâche-moi ! » Soit, à peine atteint par les petits poings qu'elle était venue frapper sur son torse avec énervement, il s’était exécuté sans chercher à cacher la pointe de dégoût qu’elle lui inspirait par sa simple présence, et le rictus mauvais tandis qu’elle reculait à peine libérée de son emprise. « C’est bon, t’es content ? Tu as pu jouer au mâle dominateur devant tous les hommes de la salle ? » Pas impressionné pour deux sous par cette petite crise qu’elle semblait décidée à lui jouer, il s’était contentée de la toiser de toute sa hauteur tandis qu’elle venait se planter devant lui presque avec provocation. Un sourire mauvais s’étirant sur ces lèvres que la dernière entrevue avec Nino avait laissées fendues, il avait osé un regard chargé de sous-entendus au moment de siffler entre ses dents « T’as toujours un peu aimé ça, avoue. » pour le simple fait de la voir réagir à ce qu’elle prendrait probablement pour une provocation.

Il n’y avait pas dans la voix de la jeune femme plus de volonté évidente d’enterrer la hache de guerre que dans celle de Vittorio, et s’il ne se serait probablement pas fait prier pour mettre fin à ses espoirs si tel avait été le but de sa visite, il n’en était au final que plus méfiant. Gaïa n’était pas de bon augure, la seule erreur du barbu avait été de l’oublier à une certaine période, et s’il y avait bien une chose que l’on ne pouvait pas retirer à l’italien c’était sa capacité à ne pas refaire deux fois la même erreur. Se plaisant à conserver la distance indécente entre elle et lui, il laissait les mots lui échapper d’un ton âcre et peser chacun avec lourdeur sur les épaules de la journaliste. « Je ne poserai pas la question une troisième fois. Qu’est-ce que. Tu fous. Ici ? » C’était pas le hasard, qu’elle n’essaye même pas d’emprunter cette excuse pour espérer se tirer du mauvais pas dans lequel il n’hésiterait pas à la mettre suivant la teneur de sa réponse. Y’avait ce code d’honneur qui disait qu’en tant que représentant de la gente masculine on ne levait pas le petit doigt sur une représentante du sexe opposé, mais de son point de vue à lui le code d’honneur ne s’appliquait pas si en lieu et place d’une femme on faisait face à une vipère. Ce que Gaïa était assurément, à ses yeux. « Ne crois pas que j’hésiterai un seul instant à te traîner dehors par les cheveux pour te mettre hors de ma vue, alors ton excuse a plutôt intérêt à être bonne. » Et c’était elle qui l’avait cherché, au fond. C’était elle qui avait décidé de faire de lui un voyou avant tout, un voyou avant l’homme respectable qu’il s’était saigné aux quatre veines pour tenter de devenir, alors il n’était plus temps de venir lui reprocher d’agir comme tel avec elle. Elle l’avait voulu, elle l’avait cherché. Elle le méritait. « J’vois qu’on n’a pas chômé à se faire d’autres amis en mon absence, en tout cas. » s’était-il même permis de susurrer d’un ton moqueur en laissant le bout de son index glisser contre la lèvre qu’elle portait gonflée, et que le reste de son allure laissait deviner comme n’étant pas l’œuvre d’une simple maladresse. « On a encore énervé les grandes personnes ? Bousillé quelques carrières au passage, éventuellement ? » Ça avait toujours été son souci, à Gaïa, incapable de ne pas mettre son nez là où il ne fallait pas, et toujours avec ces méthodes de rapaces qui rendaient à Vittorio les journalistes si méprisables dans leur ensemble. Elle bouillonnait intérieurement, il n'avait pas besoin de la connaître aussi bien pour le voir, et s'était à nouveau reculé pour éviter toute démonstration de mécontentement de la part de la jeune femme, l'air narquois sur son visage sans autre but que la provocation, ignorant la petite voix tout au fond de sa tête lui susurrant qu'il aurait malgré tout bien refait le portrait de celui qui avait levé la main sur elle ... Comme s'il n'y avait que lui, et personne d'autre, en droit de sortir de ses gonds face à elle.
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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyJeu 2 Nov 2017 - 19:35

Vittorio & Gaïa
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Avec un sourire en coin, l’air mauvais, il semble prendre plaisir à me regarder de haut. Dans sa voix, une bonne dose de sous-entendus.
« T’as toujours un peu aimé ça, avoue. »
Mon coeur rate un battement. Putain. S’il commence à partir sur ce terrain là, ça va très facilement dégénérer. Tentant désespérément de garder mon calme, je me rapproche encore, montant sur la pointe des pieds, approchant mon visage du sien, pour lui chuchoter à l’oreille.
« Si je me rappelle bien, un changement de rôle de temps en temps ne te déplaisait pas, au contraire… »
Provocation, provocation… Avec un sourire satisfait de voir une lueur de trouble passer rapidement dans ses yeux, je redescends pieds à plat, mais cette fois-ci, Vittorio me paraît moins grand qu’avant. Il ne cherche pas à reculer, pour mettre de la distance entre nos deux corps, bien au contraire. Il semble se complaire à se rapprocher encore de quelques petits centimètres, l’air avide de me voir perdre le peu de sérénité qu’il me reste. Quand il reprend la parole, il appuie sur presque tous les mots de sa pauvre phrase, comme si ça allait avoir plus d’impact sur moi, dans ma petite tête.
« Je ne poserai pas la question une troisième fois. Qu’est-ce que. Tu fous. Ici ? »
Je lui souris, ravie de voir qu’il commence à s’impatienter. Ce qui me gêne plus, c’est qu’il n’ait pas encore compris. Bon sang, il ne va pas admettre ce qu’il s’est passé par lui-même. Il n’y a plus qu’une solution maintenant. Je vais le mettre face à ses actes, et voir s’il a l’audace de nier être impliqué. Parce que ça ne peut venir que de lui. Il n’y a que lui qui semble me détester à ce point, lui seul qui pourrait avoir envie de me voir morte. Voyant que je ne réponds pas, lui décide de continuer à parler.
« Ne crois pas que j’hésiterai un seul instant à te traîner dehors par les cheveux pour te mettre hors de ma vue, alors ton excuse a plutôt intérêt à être bonne. »
Mon sang ne fait qu’un tour, et je perds mon calme. Excuse? Excuse pour quoi hein? Pour m’être fait tabasser quasiment à mort avant qu’on me laisse en sang sur le trottoir?
« Oh ça je n’en doute pas un instant, je sais très bien que tu en es capable. La question, c’est est-ce que cette fois-ci tu le feras toi-même? »
Son regard change. Mais je n’y prête plus attention, tremblant de fureur. Qu’il essaye de me mettre à la porte pour voir. Cette fois-ci je suis alerte, et surtout le combat est -un peu- moins inégal. Je ne le lâche plus des yeux, le défiant d’essayer ne serait-ce que d’essayer de me sortir. Mais finalement, il n’en fait rien. Du moins, pour l’instant.
« J’vois qu’on n’a pas chômé à se faire d’autres amis en mon absence, en tout cas. »
Il se moque, laissant un doigt s’attarder sur ma lèvre abîmée, me faisant frissonner. De douleur, bien sûr… Je ne bouge pas d’un pouce, toujours cette lueur de provocation brûlant au fond de mes yeux.
« Tu as vu? Mais tu les connais sûrement, ces nouveaux amis, Vitto. À moins que ce soit des inconnus? »
Il ne semble pas comprendre, au premier abord. Il semble même intrigué, sûrement en train de jouer la carte de l’ignorance. Et ça ne fait que démultiplier ma colère. Je ne veux qu’une chose, qu’il admette. Alors que je m’apprête à répliquer, il est plus rapide.
« On a encore énervé les grandes personnes ? Bousillé quelques carrières au passage, éventuellement ? »
Son commentaire me fait perdre tous mes moyens en à peine une seconde.
« Tu sais que ce n’est pas ce que je voulais… »
Je cherche autre chose à dire, sans succès. Mais lorsqu’il recule légèrement, son sourire narquois sur les lèvres, je perds à nouveau mon calme, comblant une nouvelle fois l’espace. Depuis tout à l’heure, nous n’avons jamais été aussi près l’un de l’autre que maintenant.
« Mais arrête ton cinéma, d’accord? Personne d’autre que toi ne m’en veux au point de vouloir me voir morte! Mais alors quoi, malgré la haine profonde que tu me voues, tu n’as pas eu le cran de venir faire le sale boulot toi-même? »
Il a l’air de tomber des nues. Quant à moi, pour la première fois depuis le début de cette dispute -parce que nous ne voilà la face, c’en est une- je romps notre contact visuel, soudainement incapable de supporter ses yeux sur moi. Fulminant, ma respiration est heurtée, et je suis à deux doigts de pleurer. Mais c’est tout bonnement hors de question. Merde! Alors je secoue la tête.
« En attendant, ça a raté. Quand ils m’ont laissée en sang sur les pavés, j'étais encore en vie. Dommage, tout est à refaire! »
Et je cherche à nouveau à capter son regard, ayant définitivement banni l’envie de pleurer, le coeur battant. Qu’il essaye seulement de nier. Après tout, il n’y a que lui pour m’envoyer au diable.
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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyVen 17 Nov 2017 - 1:45

Les pensées filaient à toute allure mais le visage, lui, se voulait aussi imperturbable qu’on pouvait l’espérer quand la source de vos maux avait le culot de se présenter devant vous pour parader. Parce qu’il ne souhaitait pas s’y tromper, avec son visage cabossé et ses airs de biche apeurée Gaïa espérait peut-être dans un élan de naïveté lui soutirer pitié ou regrets, mais ni l’un ni l’autre n’émanaient de Vittorio tandis qu’il la traînait sans ménagement jusqu’à là où leur discussion serait à la bruit des oreilles et des yeux les plus indiscrets. Et la voilà, déjà lancée sur son numéro de bonne femme outrée que les principes de parité intéressaient soudainement lorsqu’ils servaient ses intérêts. « Si je me rappelle bien, un changement de rôle de temps en temps ne te déplaisait pas, au contraire … » Et la voilà qui sifflait à son tour ses répliques avec acidité, provocatrice, piquante comme dans ses souvenirs mais aussi agaçante comme il s’en rappelait tout autant. Le rictus indéchiffrable – entre amertume et satisfaction – pour seule réponse il avait laissé couler, impassible, toisant la journaliste de toute la hauteur qu’il lui était donné d’avoir parce qu’il avait posé une question et qu’il ne la laisserait pas en paix tant qu’il n’aurait pas obtenu la réponse qui en découlait. Ils étaient sur son terrain à lui, désormais, à Rome elle se sentait peut-être le pouvoir de faire la pluie et le beau temps au rythme des articles assassins qu’elle faisait publier, mais à Brisbane elle n’était rien du tout et il n’y avait plus une once de bon sentiment qu’il puisse à voir à son égard pour s’empêcher de la traiter avec le peu d’égard qu’il accordait aux gens comme elle. « Oh ça je n’en doute pas un instant, je sais très bien que tu en es capable. La question c’est, est-ce que cette fois-ci tu le feras toi-même ? » Y’avait dans le ton qu’elle avait employé quelque chose d’accusateur qui ne plaisait pas au jeune homme, l’insinuation d’un comportement qui ne serait qu’une répétition quand pourtant jamais il ne s’en était pris à elle. A ses affaires, un peu, à ce vase brisé dans son salon et auquel elle tenait peut-être, qui sait, mais jamais à elle, et si l’on en jugeait par l’état de son visage elle n’avait pas eu besoin de ses services pour écoper d’une raclée qui lui pendait sûrement au nez depuis longtemps. « Tu as vu ? Mais tu les connais sûrement, ces nouveaux amis, Vitto. À moins que ce soit des inconnus ? » Bien sûr, parce que Vittorio connaissait tous les voyous de Rome et de sa banlieue, cela va sans dire. « J’te conseille vivement de ranger tes insinuations, ma grande. On n'est pas à Rome, ton venin vaut rien ici. » s’était-il alors entendu siffler d’un ton presque menaçant, on ne peut plus décidé à ne pas la laisser user ici de la même perfidie par laquelle elle s’était déjà illustrée là-bas.

L'esprit fusait en silence en attendant, il se questionnait, tentait de comprendre ce qui pouvait bien avoir décidé la jeune femme à parcourir des milliers de kilomètres pour l’importuner comme si elle ne s'était pas suffisamment illustrée dans ce domaine par le passé. Est-ce que cela ne relevait que d'une obsession malsaine de sa part ? Ou bien était-elle seulement naïve au point de s'imaginer pouvoir lui demander de l'aide à lui, comme si à la simple vue de son visage cabossé il allait subitement lui avouer une appartenance au milieu qu'il aurait jusque-là nié, et lui offrir une aide qu'elle ne méritait pourtant absolument pas ? On ne venait pas manger dans la main dans laquelle on avait craché. « Tu sais que ce n’est pas ce que je voulais … » S'était-elle d'ailleurs justifiée mollement à ce sujet lorsqu'il l'avait mis sur le tapis, sans qu'il n'en croit un seul mot. « Bien sûr. Tu me rendais juste service en me faisant de la publicité gratuite, c'est ça ? » Fallait peut-être qu'il la remercie aussi, tant qu'à faire. Non, tout ce qu'elle méritait c'était la gifle qu'il se retenait de lui coller en se répétant intérieurement que son job ici était plus important qu'elle, qu'elle ne valait pas le coup qu'il se mette en mauvaise posture. « Mais arrête ton cinéma, d’accord ? Personne d’autre que toi ne m’en veux au point de vouloir me voir morte ! Mais alors quoi, malgré la haine profonde que tu me voues, tu n’as pas eu le cran de venir faire le sale boulot toi-même ? » Le masque d'impassibilité s'était fêlé un instant, remplacé par l'incrédulité « En attendant, ça a raté. Quand ils m’ont laissée en sang sur les pavés, j'étais encore en vie. Dommage, tout est à refaire ! » Le blanc qui avait suivi pouvait bien avoir duré des secondes ou des heures, Vittorio ne savait pas trop, mais à l'instant même où les éléments s'étaient reliés entre eux dans son esprit et sans qu'il ne puisse l'empêcher, un éclat de rire lui avait échappé. Le véritable rire, celui qu'on ne parvenait pas à retenir, et qu'il n'avait calmé qu'après plusieurs secondes tandis que le regard furibond de Gaïa montrait qu'elle, en revanche, ne trouvait pas ça drôle. « Allez, j'te donne au moins ça, t'es plutôt convaincante quand tu veux, j'ai presque marché. » Presque, oui, parce que contre toute attente il ne la prenait absolument pas au sérieux. « Mais si c'est ma pitié ou ma compassion que tu attends tu frappes à la mauvaise porte, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, pour rester poli. » Mais la journaliste n'en démordait pas, ne bougeait pas d'un pouce, et semblait attendre après des aveux circonstanciés. Un silence à nouveau, et Vittorio qui finalement reprenait un air plus sérieux en se rendant à l'évidence. « Dio mio, t'es vraiment sérieuse ? » Et le pire c'est qu'il avait dû se retenir de ne pas rire à nouveau, fallait un sacret toupet pour se croire ainsi le centre de l'univers « Y'a que dans ta tête Gaïa, que j'ai une armée de sbires sous le coude prêts à aller se salir les mains pour moi. Dans la vraie vie j'étais très bien de mon côté de la loi, avant que tu ne viennes cracher sur mon nom ! Mais t'as que ce que tu mérites au fond, on peut pas remuer la merde chez les autres sans finir par mettre le nez dedans. » Et il ne fallait pas attendre après lui pour être désolé pour elle, clairement. « Rentre chez toi Gaïa, j'peux rien pour toi, et même si je pouvais quand on me la fait à l'envers on est rayé de la carte. Mais tu verras, les menaces de mort et l'impression d'avoir sans cesse quelqu'un sur les talons, on s'y fait. » Faux, on ne s'y faisait pas, sans quoi Vittorio n'aurait peut-être pas décidé de fuir si loin. Elle n'avait pas idée de ce qu'elle avait mis à ses trousses avec son article, perdre son boulot ce n'était que le sommet de l'iceberg … Mais à l'époque cela lui semblait probablement dérisoire, ce n'était pas sa vie qui avait été mise en danger.
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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyLun 4 Déc 2017 - 22:33

Vittorio & Gaïa
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La colère luisant dans ses yeux, il me fixe, semblant prendre plaisir à me dominer de sa hauteur, alors qu’il persifle.
« J’te conseille vivement de ranger tes insinuations, ma grande. On n'est pas à Rome, ton venin vaut rien ici. »
Il fulmine sur place, et je suis étonnée de constater qu’il a encore assez de volonté pour se retenir de me sauter dessus pour m’étrangler. Quand je lui avoue une nouvelle fois que la dernière chose que je voulais était de lui nuire, il me rétorque à nouveau la même phrase que d’habitude, juste tournée un peu différemment.
« Bien sûr. Tu me rendais juste service en me faisant de la publicité gratuite, c'est ça ? »
Je ne sais pas pourquoi je continue à me justifier devant lui, encore et toujours. Ce n’est pas la première fois. Mais ce dont je suis certaine, c’est que c’est la dernière avant un sacré long moment. À quoi bon essayer de raisonner quelqu’un d’aussi borné? Soupirant, je hausse les épaules, rompant le contact visuel, marmonnant un juron en Italien. Tant pis, pour l’instant je n’essayerai plus de lui faire comprendre mon point du vue, puisqu’il à l’air si déterminé à camper sur sa position. Mon comportement l’énerve, l’agite, il est frustré, en colère, et semble se retenir de plus en plus de m’en coller une. Qu’il essaye seulement. Il peut très bien me mettre une gifle, j’espère au moins que s’il essaye, il ne sera pas surpris du retour. Et puis je perds mon calme, tentant de lui faire avouer qu’il est impliqué dans mon agression, avec autant d’aplomb que je peux montrer. Et quand j’ai fini ma tirade et que je l’observe, le coeur battant fort dans ma poitrine, je vois son masque qu’il veut imperturbable se fissure. Il semble comme hésiter un instant, alors que de longues secondes passent, nous baignant dans un silence assourdissant. Et puis, je l’entends pouffer. Il ne peut retenir un éclat de rire bruyant, sorti de nulle part. Bon sang, s’il y a une réaction que je n’avais pas envisagé de la part de Vittorio, c’est bien celle-ci. Et le voir ainsi, prit d’un fou rire qu’il ne peut pas contenir, ne fait que raviver ma fureur. Au bout d’un moment, il se calme, et le voyant un peu plus détendu, presque souriant en fait, je n’ai qu’une envie, c’est de le mettre par terre.
« Allez, j'te donne au moins ça, t'es plutôt convaincante quand tu veux, j'ai presque marché. »
Sous mon masque de colère, je me décompose. Il ne me croit pas. Il a peut être envisagé un quart de seconde -celui avant de commencer à rire- que je puisse dire la vérité. Mais finalement, il a décidé de ne pas me croire.
« Ravie que tu me trouves au moins encore une qualité. »
Malgré le sarcasme, il continue sur sa lancée.
« Mais si c'est ma pitié ou ma compassion que tu attends tu frappes à la mauvaise porte, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, pour rester poli. »
Je ne bouge pas d’un pouce, je ne suis même pas sûre d’avoir respiré depuis qu’il a arrêté de rire. Je ne veux qu’une chose, qu’il avoue. Personne d’autre au monde, ne m’en veut à ce point. Le sourire de Vittorio se fane peu à peu, et il finit par redevenir sérieux, avant de briser le silence qui s’était installé.
« Dio mio, t'es vraiment sérieuse ? »
Je n’y tiens plus, et perds à nouveau mon calme. Il est loin le temps où je parvenais à garder mon sang froid en toutes circonstances. Il a réussi à me faire sortir de mes gonds, si facilement.
« Évidemment que je suis sérieuse Vitto! Tu crois vraiment que je viendrais jusqu’ici juste pour te faire une petite surprise? Tu crois que je me suis fait tabasser pour le plaisir, peut-être? »
Et je le vois qui se retient pour ne pas rire à nouveau. Trattenetemi vado a strangolarlo! Il plonge à nouveau son regard dans le mien, comme si comme ça ce qu’il était sur le point de me dire allait mieux passer.
« Y'a que dans ta tête Gaïa, que j'ai une armée de sbires sous le coude prêts à aller se salir les mains pour moi. Dans la vraie vie j'étais très bien de mon côté de la loi, avant que tu ne viennes cracher sur mon nom ! Mais t'as que ce que tu mérites au fond, on peut pas remuer la merde chez les autres sans finir par mettre le nez dedans. »
« Arrête, tu exagères là. Je sais très bien que tu n’as pas d’ « armée de sbires » comme tu dis. Rappelle-toi que je te connais un minimum, Vitto. Mais même si je sais que tu me hais, oh ça je l’ai compris, je ne pense pas que tu veuilles me voir dans un cercueil. Mais bon sang il n’y a que toi qui m’en veuille à ce point. Personne d’autre au monde! »
Je mime les guillemets de mes mains, marque une courte pause, essoufflée, avant de reprendre.
« Je sais que tu m’en veux énormément, que tu t’es senti trahi, je sais. Je ne te dirais jamais assez combien je suis désolée. Et de toute façon, tu n’en as plus rien à faire. J’ai compris. Tu me dis que tu n’as rien à voir là dedans, je te crois. Mais si ce n’est pas toi, alors je ne vois vraiment pas. »
Je ne le regarde plus, j’en suis tout bonnement incapable. Et je me sens ridicule, oh combien insignifiante soudain.
« Rentre chez toi Gaïa, j'peux rien pour toi, et même si je pouvais quand on me la fait à l'envers on est rayé de la carte. Mais tu verras, les menaces de mort et l'impression d'avoir sans cesse quelqu'un sur les talons, on s'y fait. »
Je laisse échapper un petit rire. Reculant enfin de quelques pas, m’appuie contre la porte toujours close. Et ne tarde par à répliquer.
« Bien sûr, on s’y fait. Et c’est pour ça que tu t’es fait la malle, que tu t’es tiré à l’autre bout du monde. Ne me mens pas. Si c’était vrai, tu ne serais pas là aujourd’hui. »
Je ne peux m’empêcher de croiser les bras sur la poitrine, incertaine. La colère est retombée, à nouveau. Et même si je sais qu’à la moindre remarque, qu’à la moindre pique ça repartira de plus belle, pour l’instant je suis juste fatiguée. Et vaguement inquiète. J’ai décidé de le croire. Mais alors bon sang, s’il n’est pas derrière tout ça, c’est que je n’ai plus aucune piste. Et je suis peut être bien plus dans la merde que je ne le pensais. Je cherche son regard à nouveau.
« Pourquoi tu t'es enfui, Vitto, si les menaces de mort sont des choses auxquelles on s’habitue? »
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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyMar 16 Jan 2018 - 23:21

La présence de la journaliste en face de lui, et même sur le sol australien de façon plus générale, faisait à Vittorio l'effet d'une vaste blague. Il n’y avait rien, aucune raison valable et aucun hasard assez gros pour justifier que la jeune femme soit venue cracher son venin sur qui que ce soit aussi loin de chez elle, aussi loin de ce qu’ils avaient toujours connu. Parce qu’il la connaissait un peu au fond, la donzelle, elle pouvait bien se rêver en justicière au-dessus de tout et de tous, la vérité c’est qu’elle et lui étaient faits dans le même moule et qu’elle n’avait ni leçon à lui donner ni jugement à lui opposer. Alors pourquoi ? Pourquoi avait-elle quitté Roma la bella pour venir se frotter à lui et le mépris qu’il possédait désormais pour elle et ce qu’elle représentait, défendait ? Et pourquoi ce cinéma, cette tentative sans queue ni tête de jouer à la victime d’un complot dont il serait le commanditaire, comme s’ils étaient dans un polar de mauvaise facture … Non, elle le faisait marcher. Et lui, lui il avait presque mordu à l’hameçon. « Ravie que tu me trouves au moins encore une qualité. » Elle insistait encore, le sarcasme se mêlant à une patience qui s’amenuisait tandis qu’elle réitérait ses accusations, n’en démordant pas. Et l’air moqueur du napolitain, peu à peu, de se muer en une incertitude qui transparaissait sur les traits de son visage malgré ses efforts pour la masquer, et continuer de faire croire qu’il ne s’en souciait pas, ne s’intéressait pas. « Évidemment que je suis sérieuse Vitto ! Tu crois vraiment que je viendrais jusqu’ici juste pour te faire une petite surprise ? Tu crois que je me suis fait tabasser pour le plaisir, peut-être ? » Et elle, que croyait-elle ? Il fallait un coupable alors elle osait se pointer ici sans ménagement, l’accuser, ajouter une nouvelle corde à son arc, et tenter contre vents et marées de le faire rentrer dans cette case de grand méchant loup ? Elle prenait ses rêves pour des réalités, ses rêves d'avoir démasqué son coupable autant que ses rêves de le voir endosser le costume de criminel qu’elle avait taillé pour lui sur mesure.

Mais il n’avait pas pris le large à des dizaines de milliers de kilomètres pour être à nouveau au centre de sa comédie, et s'il ne cautionnait pas l’intimidation quelle qu’elle soit et à l’égard de qui que ce soit, méthode de voyous comme il en existait des tas, il n’avait ni le temps ni l’envie pour plaindre la situation dans laquelle Gaïa s’était embourbée. On récoltait ce qu’on semait, et en journaliste qui se respectait elle avait semé la discorde, récoltant le fruit de la vengeance qui en découlait souvent. Qu’y pouvait-il, lui ? Rien. « Arrête, tu exagères là. Je sais très bien que tu n’as pas d’armée de sbires comme tu dis. Rappelle-toi que je te connais un minimum, Vitto. Mais même si je sais que tu me hais, oh ça je l’ai compris, je ne pense pas que tu veuilles me voir dans un cercueil. Mais bon sang il n’y a que toi qui m’en veuille à ce point. Personne d’autre au monde ! » Le rictus agacé faisant foi, il avait déroulé le tapis rouge de son mépris pour la jeune femme dans le grincement de dents qu’il lui avait adressé en guise de première réponse. « Oh je ne prie pas pour t’y voir, mais crois bien que si tu te retrouvais entre quatre planches je ne verserai pas une seule larme pour ta mémoire. » Ou du moins tentait-il de s’en persuader, pas certain de le croire lui-même mais ayant à cœur que elle au moins y croit. À son désintérêt total et à l’absence de regrets sans rien d’autre à gratter sous la surface. « Mais tu es loin, tellement loin du compte. C’est ça pour toi, la haine ? Tu penses que j’ai de l’énergie à dépenser pour te haïr, toi … ? La seule chose que tu m’inspires c'est du mépris, Gaïa, c'est tout ce que tu peux encore obtenir de ma part. » Le mépris d’une femme pour qui il avait su avoir du respect ainsi que – c'est vrai – une certaine affection. Erreur de débutant, confiance qu’il aurait mieux fait de garder enfermée sous clefs, on ne l’y reprendrait plus. « Je sais que tu m’en veux énormément, que tu t’es senti trahi, je sais. Je ne te dirais jamais assez combien je suis désolée. Et de toute façon, tu n’en as plus rien à faire. J’ai compris. Tu me dis que tu n’as rien à voir là dedans, je te crois. Mais si ce n’est pas toi, alors je ne vois vraiment pas. » Lui pensait plutôt que, trop heureuse de pouvoir lui faire porter le chapeau, elle n'avait simplement pas cherché ailleurs. Et haussant vaguement les épaules, l’air de lui rappeler que ce n’était plus son problème désormais, il avait répondu « Y’a que toi qui peut le savoir. À force de fourrer ton nez n'importe où tu as énervé quelqu’un, tu dois bien avoir ta petite idée. » Ou au moins quelques pistes, elle se qualifiait elle-même de journaliste d’investigation après tout, elle n'avait qu’à investiguer. « Mais soit sûre d’une chose, si on avait voulu te tuer tu ne serais plus là. Ils finissent toujours le travail. Si t'es encore là c’est qu’on a simplement voulu te filer un avertissement, alors si tu veux un conseil : passe à autre chose. » Elle ne ferait pas le poids, seule. La criminalité romaine fonctionnait ainsi, la criminalité italienne fonctionnait ainsi. Comme toute criminalité pyramidale qui se respectait, elle devait bien le savoir.

Estimant quoi qu’il en soit s’être déjà montré suffisamment généreux en lui délivrant ce conseil, l’italien n’avait désormais qu’une hâte : que la jeune femme débarrasse le plancher avant que quelqu’un ait la mauvaise idée de venir voir ce qui se passait dans ce bureau. Et malgré lui il n’avait pu empêcher l’amertume et l’acidité qu’elle lui inspirait de transparaître dans une dernière réplique moqueuse, un avant-goût de ce qui l’attendrait maintenant qu’elle aussi avait quelqu’un aux trousses. « Bien sûr, on s’y fait. Et c’est pour ça que tu t’es fait la malle, que tu t’es tiré à l’autre bout du monde. Ne me mens pas. Si c’était vrai, tu ne serais pas là aujourd’hui. » Le regard restant impassible pendant une seconde ou deux, Vittorio peinait à comprendre qu’elle n’ait pas saisi l’ironie dans son ton et dans ses paroles, et compris qu’il n’avait saisi qu’une nouvelle occasion de lui rappeler les dégâts que ses décisions avaient eu dans son existence à lui. « A l’évidence, les coups t’ont fait perdre ton second degré. » avait alors fait remarquer en arquant un sourcil, avant d’hausser les épaules. Soit, quelle importance, qu’elle aille au diable. « Pourquoi tu t'es enfui, Vitto, si les menaces de mort sont des choses auxquelles on s’habitue ? » insistait-elle pourtant encore, l’italien croyant presque déceler un brin d’inquiétude dans son regard et dans le son de sa voix. Le sourire amer s’étirant sur ses lèvres tandis qu’il la toisait, là, se tenant entre la porte et lui avec l’air d’être plus frêle qu’à son arrivée tonitruante. « T’as aucune idée de ce que tu as déterré avec ton putain d’article, pas vrai ? » Non, bien sûr que non. Gaïa l’éternelle justicière, en quête perpétuelle de vérité, parce que la vérité ne pouvait pas faire plus de mal que de bien, pas vrai ? « Tu sais comment ils m’appellent maintenant, à Scampia ? Il dannoso. » Le nuisible, le nocif. « Et tu sais ce qu’on leur fait là-bas, aux nuisibles ? » Elle devait bien avoir sa petite idée sur la question, sans qu’il ne juge nécessaire de devoir lui faire un dessin. « Me jeter en pâture à la presse comme tu l’as fait … C’est comme si t’avais balancé un steak au milieu d’un banc de requins. C’est l’odeur du sang qui les attire, c’est comme ça qu’ils fonctionnent. J’irai pas grossir la liste des juges et des procureurs qu’on abat comme des chiens au pied d’un immeuble ou à la sortie d’un bar. Quello, mai. » Alors il fuyait, l’instinct de survie se confondant avec la lâcheté, et l’impression d’avoir construit l’équilibre précaire de ses ambitions sur des sables mouvants qui avaient eu vite fait de tout ensevelir.
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Message(#)now that it's all said and done (gaïa) EmptyMer 17 Jan 2018 - 20:47

Vittorio & Gaïa
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J'ai toujours cette question dans la tête, inscrite en lettres de feu dans mon esprit. Si ce n'est pas lui, alors qui? J'ai beau réfléchir, encore et encore, et me torturer mentalement pour trouver un nouveau coupable si on peut dire, pas un nom ne ressort du lot. Mais à cet instant, je vois pas. Je ne vois pas...! Il faudra bien pourtant, qui sait si mes agresseurs en avaient bel et bien fini avec moi... C'est la voix de l'Italien qui me tire des mes sombres pensées.
« A l’évidence, les coups t’ont fait perdre ton second degré. »
Oui peut être bien. Dans une autre situation, j’aurais sûrement percuté en entendant le ton de sa voix. Pas cette fois-ci, tant c’est le fouillis dans mes pensées. Mais sans me démonter, je le relance, lui demandant pourquoi il a fui Rome. Peu à peu, je me sens perdre pied. Toutes les certitudes que j’avais, sur mon agression, sur le pourquoi de ma venue ici, tout est en train de s’effriter lentement. Et en même temps, une inquiétude grandissante m’a saisit à la gorge. Et j’ai beau tenter de dissimuler cette angoisse, de l’enfouir au plus profond de moi-même, quand il me fixe, j’ai l’impression qu’il peut lire mes émotions comme si j’étais un livre ouvert. Je garde un petit espoir qu’il ne sait plus décrypter les signaux de mon corps, qu’il sera incapable de déceler les légers tremblements dans ma voix. En attendant, j’observe sans un mot le sourire qui s’étire sur ses lèvres, alors que je me sens de plus en plus fébrile face à lui.
« T’as aucune idée de ce que tu as déterré avec ton putain d’article, pas vrai ? »
Si, bien sûr que si. Et ce qui est sûr, c’est que je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Ce que je sais, c’est que si j’avais su que les conséquences seraient aussi alarmantes, que ça prendrait autant d’ampleur, j’aurais peut être agit autrement. Peut être que j’aurais légèrement modifié l’article… Peut être. Je secoue la tête. De toute façon, à cet instant, jamais je n’avouerai que j’ai sûrement eu tort. Même si je me sens de plus en plus coupable face à l’homme qui a, certainement, été le plus touché par mon papier.
« Tu sais comment ils m’appellent maintenant, à Scampia ? Il dannoso. »
Je continue à le fixer, cherchant quoi dire, sans le trouver. Et de toute façon, si je savais quoi lui répondre, est-ce que j’aurais réussi à émettre un son? Il continue sur sa lancée, sa voix me défiant presque de trouver quelque chose à redire, d’essayer de me défendre à nouveau.
« Et tu sais ce qu’on leur fait là-bas, aux nuisibles ? »
Pas besoin de beaucoup d’imagination pour le savoir. À Scampia comme ailleurs, les nuisibles ne sont pas les bienvenus. On s’en débarrasse le plus rapidement possible, à coup de chaussure, de tapette, ou de poison. Une multitude de moyens, tous plus efficaces les uns que les autres. Ils sont justes légèrement différents quand le nuisible est un être humain… Je frissonne malgré moi.
« Tu devrais savoir que ce n’est pas parce que quelqu’un a dit quelque chose que c’est vrai. »
Je m’appuie sur une jambe, puis sur l’autre, nerveuse. Je sens le masque impassible et déterminé que j’affiche depuis le début de notre rencontre commencer à tomber en miettes. De plus, il ne semble pas avoir fini d’argumenter.
« Me jeter en pâture à la presse comme tu l’as fait … C’est comme si t’avais balancé un steak au milieu d’un banc de requins. C’est l’odeur du sang qui les attire, c’est comme ça qu’ils fonctionnent. J’irai pas grossir la liste des juges et des procureurs qu’on abat comme des chiens au pied d’un immeuble ou à la sortie d’un bar. Quello, mai. »
Quel gâchis ce serait… Sérieusement. L’image qu’il décrit me perturbe beaucoup. Beaucoup plus que je ne l’aurais souhaité. Ce genre de cadavres, j’en ai déjà vu, et un bon nombre. J’ai écris des articles là-dessus, décrivant le plus fidèlement possible ce qu’on m’avait laissé voir. Le souvenir de certaines de ces scènes macabres me donnerait presque la nausée. Imaginer Vitto à la place de ces personnes n’en est que plus dérangeant encore. Je n’ai jamais souhaité ça, et je ne le souhaite toujours pas. Prenant une inspiration, je relève enfin les yeux pour le regarder en face.
« Peu importe ce que l’on peut dire sur toi, tu n’es pas un nuisible, Vitto. Tu devrais le savoir mieux que quiconque. Et je suis presque sûre que c’est le cas. Alors pourquoi est-ce que tu te laisse marcher sur les pieds? »
N’ayant plus rien à ajouter, je l’observe encore un instant, détaillant les traits de son visage avec attention. Alors je baisse les yeux et lui tourne le dos, la main sur la poignée de la porte, que j’actionne. Je marque un temps d’arrêt, le temps d’une longue seconde. Puis je jette un dernier regard rapide à l’homme derrière moi, avant de sortir de la pièce. Une fois sortie, j’ai presque l’impression de pouvoir respirer à nouveau. Je suis complètement épuisée par cette conversation,  cette dispute même, et certains ont dû en entendre une partie, au vu des regards qu’on me lance alors que je traverse la salle, vers la sortie. Je n’ai qu’une hâte, quitter la salle de sport au plus vite. Une de ses phrases tourne en rond dans ma tête. Passe à autre chose. Un bon conseil, sûrement. Mais est-ce que j’en serais seulement capable?
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