Ca y est, j’avais enfin mon code en poche. A vrai dire je ne craignais pas de rater cette épreuve, il ne s’agissait que d’apprendre des questions et des réponses par cœur. Je profitais de chaque temps mort pour me plonger dans ma bible du moment : le code, justement. Enfin terminé, enfin mis de côté, j’allais pouvoir souffler un peu et vraiment me poser pendant mes pauses. Antony avait été surpris lorsque je lui avais annoncé que j’étais enfin décider à apprendre à conduire. Pas très convaincu, il n’avait pas vraiment compris l’interet tout de suite, trouvant que mon vélo et les taxis m’étaient largement suffisant mais comme dit Milena, c’était un pas de plus vers l’indépendance et la liberté, bien que je n’étais pas 100% convaincu moi non plus. Fait est que ca y est, j’ai l’examen et que ma première leçon de conduite a été programmée il y a une semaine avant déjà. Sortant de là, mon moniteur m’avait assuré qu’il avait rarement vu aussi boulet que moi. Je m’étais contenté de lui répondre que je payais pour apprendre et qu’il n’avait aucun droit de me juger ainsi. J’étais allée voir la secrétaire pour exiger de changer de moniteur, il semblerait que ce soit impossible pour le moment. J’allais donc être ce boulet pendant plusieurs semaines avec lui. En réalité, ça m’angoissait beaucoup.
SMS – Milena, je sors de l’autoécole, c’est l’angoisse, l’enfer ! Je vais avoir besoin de toi ! Tu peux venir me chercher, on va sur un parking, une route déserte et tu m’apprends à conduire ?! Pitié ! je suis à deux doigts de tout lâcher.
Cette idée ne venait pas de moi et il est vrai que le moindre prétexte aurait pu me faire faire marche arrière. Milena me répondit assez rapidement pour me dire qu’elle viendrait me chercher. Ca semblait la faire rire mais j’étais loin de trouver ça drôle. Je comptai à présent sur elle pour être plus pédagogue. Elle savait y faire avec moi de toute façon. J’avais confiance et j’espère qu’elle avait aussi confiance en moi en retour. J’imaginais que oui, si non, elle n’aurait pas accepté.
La voilà en bas de ma rue, je descends avec une boule au ventre quand même. Je m’installe côté passager en sachant que d’ici quelques minutes, j’allais être à sa place et là je me rends compte qu’il n’y avait pas de pédale à cette place. Pas un second rétroviseur pour avoir une meilleure vision non plus. J’allais être seule face à ce volant avec uniquement moi aux commandes. « Je crois que c’est une mauvaise idée en réalité ! » J’aurai pu commencer par dire salut simplement. Les portes de verrouillent automatiquement. « Bon, on va juste faire un tour, rapide, et on rentre ! » Je me penche vers elle quand même pour embrasser sa joue en guise de bonjour. « Tu sais pas dans quoi tu t’embarque ! »

Tranquillement installée chez toi, tu profitais de ce jour de congé bien mérité. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas pris une journée où tu pouvais rester chez toi vu le retard que tu avais accumulé lors de ton arrêt suite à ta blessure à la jambe. Malgré le fait que tu étais en congé, tu passais la matinée à t’occuper de différents volets administratifs pour le cabinet. C’était reposant pour toi vu que tu avais fait une petite grasse matinée et que tu le faisais tranquillement en te laissant distraire par des appels et des messages. Tu répondais donc à plusieurs invitations mondaines en les entrant dans ton calendrier puis tu t’occupais de vérifier la comptabilité, le flow de clients et ce genre de chose. Tu étais tranquillement en train de prendre un café quand tu reçus un message d’Eva : Milena, je sors de l’autoécole, c’est l’angoisse, l’enfer ! Je vais avoir besoin de toi ! Tu peux venir me chercher, on va sur un parking, une route déserte et tu m’apprends à conduire ?! Pitié ! je suis à deux doigts de tout lâcher. Un sourire en coin se dessina sur ton visage quand tu lus ce sms. Tu avais revu rapidement Eva depuis votre sortie au bar, elle était venue te voir à l’hôpital mais elle avait été occupée depuis et tu étais ravie de voir qu’elle commençait très sérieusement à suivre cette petite liste que vous aviez montée toutes les deux. Et pour Eva d’apprendre à conduire était en haut de la liste. Les débuts étaient toujours compliqués, tu pouvais comprendre que ton amie ne se sente pas très à l’aise. Tu décidais de lui répondre : Prend une grande respiration, je passe te prendre dans trente minutes. Cela te laissait le temps de finir de te préparer et d’aller chercher Eva qui habitait dans ton quartier donc pas très loin. Finissant rapidement ton café, tu rangeais les différents dossiers sur lesquels tu travaillais en laissant sur la table ceux qui devaient être traités à ton retour avant de filer dans ta chambre te coiffer et te maquiller. Tu étais habillée d’un jean et d’un petit chemisier détestant traîner en jogging même quand tu n’allais pas sortir. Tu n’en possédais d’ailleurs aucun. Une fois prête, tu pris les clés de ta voiture et une fois ton loft fermé, tu pris la direction de l’appartement de ton amie que tu avais prévenue de ton arrivée prochaine. Cette dernière t’attendait devant la porte de l’immeuble et ne tarda pas à entrer dans la voiture. « Je crois que c’est une mauvaise idée en réalité ! Bon, on va juste faire un tour, rapide, et on rentre ! Tu sais pas dans quoi tu t’embarque ! » Tu lui fis la bise avant de laisser échapper un petit rire. C’était plus fort que toi ! Tu pouvais sentir à quel point elle était stressée et à quel point elle se prenait la tête autour de cette histoire de conduite. « Respire Eva, respire. » Lui dis-tu un sourire taquin sur le visage avant de démarrer la voiture. Tu allais l’amener en dehors de Brisbane sur un parking de randonnée puis il y avait des routes peu empruntées dans le secteur qui feraient l’affaire. « Je suis certaine que ça va t’être bénéfique tu verras. Je suis déjà super contente que tu aies décidé de te lancer. » Lui dis-tu le plus sincèrement du monde. « Comment tu vas ? » Lui demandas-tu ensuite alors que vous quittiez petit à petit la ville.

J’en viens à me dire que si j’ai finis par m’inscrire dans cette auto-école c’est parce que Milena m’a poussé à le faire. Alors j’estime qu’elle devait être présente dans ces moments-là. Je me doutais qu’elle le serait de toutes façons, mais elle, plus que quiconque devait me soutenir. M’accompagner pour aller conduire sur les grandes routes désertes à quelques kilomètres de Brisbane était la moindre des choses. J’en avais déjà parlé rapidement à Antony mais il ne semblait pas me soutenir dans ce sens. Il ne comprenait déjà pas vraiment pourquoi j’avais ce besoin soudain de prendre des cours de conduite. Lui dire que c’était une galère pour moi allait le conforter dans son opinion.
« Respire Eva, respire. » elle se fou de moi et en réalité, je le comprends. Je crois que j’étais vraiment ridicule. Passer le permis semblait être une banalité pour la plupart des personnes que je croisais. Quand je voyais ces autres élèves, à peine âgés de 20 ans qui montaient sereins et confiants dans ces voitures alors que c’était une grosse épreuve pour moi, c’était l’incompréhension totale. «Je suis certaine que ça va t’être bénéfique tu verras. Je suis déjà super contente que tu aies décidé de te lancer. Comment tu vas ? » Je la laisse démarrer et je l’observe en même temps, tout me semble si facile. « J’ai l’impression que j’ai pas vraiment eu le choix… » et pourtant, si. Milena n’avait fait que me pousser, me faire des propositions mais finalement, c’était comme un pact et ne pas mettre une croix à côté de ces choses qu’elle m’a dit de faire, c’était comme ne pas tenir ma parole. Je n’étais pas pressée, j’avais le temps pour faire tout ça, chaque chose au bon moment. Le permis m’avait semblé être la facilité dans un premier temps. Faire ça me permettait de repousser le reste. Ca allait finir par arriver mais… pas maintenant. «Mais si non, ca va oui… » Rapidement, on s’était déjà éloigné de notre quartier. « et toi ? Comment tu te sens ? Tu m’as l’air plutôt en forme ! » Elle m’avait fait bien flipper quand j’ai appris qu’elle était à l’hôpital. Elle et Priam d’ailleurs. Je ne sais pas quel moyen, ils s’étaient trouvés tous les deux dans ce même train qui avait déraillé. Une histoire bien flippante. A cette même période d’ailleurs, j’avais moi-même connu une histoire de fou avec ce psychopathe du bateau Hungry Jack. L’affaire était toujours en cours, moi et d’autres victimes nous étions portés parties civiles pour porter plainte contre ce fou et la chaine de fast food également. Je n’en parlais pas souvent mais cette soirée m’avait quand même marqué. Mais ce n’était pas le sujet. « On a choisi la date de notre mariage… » je glisse comme ça. Nous en avions discuté avec Antony alors que je n’avais toujours pas su lui dire pour ma stérilité. « Le 7 juillet 2018, tu peux déjà réserver ta date !»

Voir Eva n’avait pas été une priorité ces derniers temps. Tu courrais dans tous les sens essayant de rattraper ton retard d’un côté comme d’un autre sans avoir l’impression d’y arriver. Et pourtant, c’était bien le cas. Tu avançais petit à petit sur toutes les tâches administratives que tu n’avais pas pu faire durant ta convalescence car elles demandaient de se déplacer d’un côté puis de l’autre puis de revenir au point de départ et … Bref, d’aller dans tous les sens. Au milieu de tout ça tu avais tes clients alors quand Eva t’avait appelée pendant ton jour de congé, c’était avec grand plaisir que tu allais la retrouver même si c’était pour lui apprendre à conduire et mettre ta chère et tendre Mini Cooper entre ses mains. Voiture presque ancienne aujourd’hui, c’était un modèle cher à ton cœur, ta première voiture que tu t’es promis de changer quand ce sera nécessaire, quand tu auras des enfants tout simplement. Mais ce jour n’est pas prêt d’arriver et tu commences à te demander s’il arrivera un jour. Ton cœur se serre à cette pensée mais tu te forces à penser à autre chose sur le chemin jusqu’à l’immeuble d’Eva. Heureusement vous n’habitez pas très loin et l’entrée d’Eva dans ta voiture te change les idées. Elle a l’air stressée et cela t’amuse. Tu as passé ton permis il y a tellement longtemps que tu ne peux t’empêcher de trouver cela drôle. Tu t’étais mise à conduire avec tes parents à quinze ans puis tu avais passé le permis à seize ans comme toute américaine qui se respecte. A New-York cela ne t’avait pas servis à grand chose à part à partir en vacances avec des amies mais quand tu as déménagé à Berkeley, tu as été bien contente de savoir te servir d’une voiture. « J’ai l’impression que j’ai pas vraiment eu le choix… » Elle l’avait eu pourtant. Tu ne lui avais pas mis le couteau sous la gorge car depuis votre discussion, vous n’aviez fait que discuter via vos appareils électroniques. Oui, tu avais un peu poussé ton amie mais pas de là à la forcer. « Ne dit pas n’importe quoi, au fond je suis certaine que tu en avais envie. » Lui dis-tu avec un clin d’œil alors que petit à petit la voiture sort de la ville et des embouteillages. Conduire est naturel pour toi, tu te demandes si tu es réellement la meilleure personne pour aider Eva aujourd’hui mais tu feras de ton mieux en essayant de te rappeler des conseils de ton père. « Mais si non, ca va oui… et toi ? Comment tu te sens ? Tu m’as l’air plutôt en forme ! » Ah oui, ton accident … Tu essayais de laisser tout cela derrière toi mais c’était presque impossible. Il revenait toujours te hanter d’une manière ou d’une autre et pourtant … Aujourd’hui tu es totalement guérie, c’est l’essentiel. « Je le suis. J’ai complètement récupéré, je peux essayer de laisser tout cela derrière moi désormais. » La seule chose qui restera est cette cicatrice sur ta cuisse. Elle sera l’éternel rappel de cet événement, la marque qui ne s’en ira jamais. Mais tu feras avec, tu apprendras de toute manière, ce n’est pas comme si tu avais le choix. Alors que vous commenciez à être loin de la ville, Eva te dit : « On a choisi la date de notre mariage... Le 7 juillet 2018, tu peux déjà réserver ta date ! » Ta réaction est immédiate. Tu laisses échapper un petit cri. Tu aurais aimé la prendre dans tes bras mais c’est impossible, tu ne peux lâcher le volant. Tu es super heureuse de l’apprendre et bien sûr que tu seras là. « C’est génial Eva ! Dès que j’ai accès à mon téléphone j’enregistre la date, je ne veux manquer cela pour rien au monde ! » Dis-tu toute excitée à l’idée d’aider Eva dans cette préparation. Cependant, tu ne pus t’empêcher de lui demander : « Tu l’as dit à Anthony ? » Tu ne pouvais pas t’empêcher de penser que le choix de cette date ne pouvait concorder avec une telle annonce. Tu es persuadée qu’Anthony l’épousera malgré tout mais il risque d’avoir du mal à accepter la nouvelle au départ, tout comme Eva non ? « On est arrivé. » Finis-tu par dire alors que tu garais la voiture sur un grand espace vide où Eva allait pouvoir s’en donner à cœur joie.

« Je le suis. J’ai complètement récupéré, je peux essayer de laisser tout cela derrière moi désormais. » Elle avait raison, ça ne servait à rien de voir par le passé et si elle s’était vraiment remise, autant aller de l’avant. Elle allait mieux et ca n’était surement pas si traumatisant. Je me demandais juste si elle allait remettre les pieds dans un train de sitôt. Pour moi, il était évident que je n’allais pas remonter à bord d’un bateau avant bien longtemps. L’angoisse avait était bien trop présente et même si finalement, ce n’était pas le bateau en lui-même le souci, je me suis dit qu’en cas de croisière en mer, il serait impossible de prendre la fuite en cas de prise d’otage ou si quelqu’un pétait aussi les plombs comme ça avait été le cas. J’ai pensé à beaucoup de choses et tous les scenarios possibles surtout. Les paquebots et compagnie, non merci. Ce n’était pas non plus mon rêve de faire une grande croisière de rêve donc, c’était pas plus mal. Celle dont m’avait déjà parlé Antony n’était pas prête de voir le jour non plus. Mais, il comprendrait certainement.
Je lui annonce la date de mon mariage et va arriver bien plus vite que je ne le pense, à mon avis. Quand je me projette, j’ai déjà l’impression que c’est demain. « C’est génial Eva ! Dès que j’ai accès à mon téléphone j’enregistre la date, je ne veux manquer cela pour rien au monde ! » Je savais bien que cette annonce la mettrait en joie. «  J’espère que je peux aussi compter sur toi pour venir choisir ma robe ! » si certains allaient compter sur leur sœur ou leur mère, pour moi, c’était sans conteste à Milena que j’avais pensé. Nul ne s’étonnerait de ce choix. « Tu l’as dit à Anthony ? » Je savais bien de quoi elle parlait, bien sur que j’aurai du lui en parler avant que l’on ne se projette ainsi dans le futur, avant qu’il ne se sente pris au piège. « Je vais le faire ! » répondis-je comme si j’étais sure de moi, comme si dès ce soir, en rentrant, j’allais prendre le temps de le faire. C’est exactement ce que je me dis chaque jour d’ailleurs, et chaque jour, je repousse au lendemain et ainsi de suite. Je n’avais jamais autant procrastiné depuis que j’ai appris cette nouvelle. Bientôt un an, bientôt un an que je suis muette, que je mens. « On est arrivé. » Bien, je regarde Milena, déjà prête à me laisser sa place. Je me détache alors et ouvre la portière pour faire le tour de la voiture, que je regardais avec un air désolé d’avance. Je touche la mini du bout des doigts et avec un jeu dramatique, je lui souffle. « ne m’en veut pas… » j’en rajoutais, mais ca dédramatisait la chose pour moi. Je crois que je m’en faisait bien trop pour pas grand-chose. Passer le permis était sans doute d’une grande banalité… pour les autres. Je prends la place de Milena. Réglage du siège, rétro intérieur, rétros extérieurs, je tourne la clé pour démarrer le moteur. Vérification des angles morts, bien qu’il n’y ai absolument personne sur cette route, mais je devais garder les bons reflex. « C’est partie… » me voilà lancée… enfin, ca aurait été le cas si je n’avais pas déjà calé. « Bon… » je regarde Milena, elle allait avoir besoin de patience, mais je lui faisais confiance pour ça. Je repars et cette fois, c’est bon…

Cela fait six mois que l’accident a eu lieu et pourtant, tu as l’impression qu’il te hante encore. Tu ne peux t’empêcher d’y penser quand ta jambe te lance de temps en temps, quand tu te réveilles en sursaut au milieu de la nuit en réalisant que tu es bien vivante ou quand on te demande comment tu te portes, comment va ta jambe. Tu aimerais oublier cet accident, avancer et c’est ce que tu essayes de faire mais c’est plus vite dit que fait n’est-ce pas ? Oui, les choses n’ont pas été simples pour toi mais tu t’es remise sur pied, seule comme tu as toujours eu l’habitude de le faire. Est-ce que cela aurait été plus facile s’il y avait eu quelqu’un pour te tenir la main ? Probablement mais ce n’était pas comme si tu avais quelqu’un pour tenir ce rôle dans ta vie donc sans surprise il avait fallu faire sans. Eva dû comprendre que tu ne voulais pas t’éterniser sur le sujet car elle en changea bien vite pour te parler de son mariage et de la date qui avait été décidée. Tu étais vraiment super contente pour elle parce qu’elle méritait d’avoir un objectif qui allait la rendre heureuse pour oublier le reste. « J’espère que je peux aussi compter sur toi pour venir choisir ma robe ! » Quelle question ! Bien sûr que tu allais l’aider à choisir sa robe si elle voulait de toi ! C’était une évidence ! Tu ne connaissais pas vraiment les meilleurs magasins de robes de mariée de Brisbane vu que tu n’avais pas eu trop l’occasion d’aller faire du shopping dans ces magasins mais tu allais te renseigner et tu allais aider Eva à trouver la robe parfaite. « Tu sais que tu peux compter sur moi. » Lui dis-tu avec un clin d’œil. Cependant, tu ne manquais pas de remarquer que dans l’annonce de cette date, ton amie n’avait pas mentionné une réaction de la part d’Anthony quand à sa stérilité. Cela te faisait toujours étrange de penser qu’Eva ne pourra pas avoir d’enfants mais même si tu doutes qu’Anthony la quitte pour cela, il n’est pas possible qu’il n’ait pas réagit du tout. Donc elle ne doit pas le li avoir dit … « Je vais le faire ! » Tu ne peux t’empêcher de lui jeter un regard en levant un sourcil. Tu gardes ton regard sur elle assez longtemps pour qu’elle te voie mais pas trop longtemps car tu conduisais. Tu n’étais pas réellement convaincue d’une telle chose car Eva semblait reporter sans cesse l’annonce de cette nouvelle. « Il faut que tu lui dises Eva ! Je sais que c’est difficile mais plus tu attends, plus ça le deviendra. » Dis-tu en pensant que plus elle attendait, plus Anthony se sentira trahi. Tu ne veux pas en rajouter alors tu gardes cette réflexion pour toi mais elle est bel et bien là, au fond de ton esprit. Tu comprends les réticences d’Eva, bien sûr que tu les comprends mais attendre n’est pas la bonne solution non plus. Vous finissez par arriver à destination et tu coupes le moteur de la voiture pour laisser Eva prendre place à l’intérieur. « Ne m’en veut pas… » Tu ne pus t’empêcher de laisser s’échapper un petit rire alors que tu prenais place du côté passager de ta voiture. Cela ne t’était encore jamais arrivé, drôle de sensation. Tu laissais Eva démarrer et avancer mais la voiture ne bougeait pas, elle venait de caler. « Bon… » Tu ne pus t’empêcher de la taquiner en lui disant : « Ils ne vous apprennent pas à démarrer à l’auto-école ? » Le sourire en coin présent sur ton visage voulait tout dire. « Allez, réessaye. Détend-toi, tu vas voir ça va venir tout seul. » Tu le pensais vraiment, il ne fallait pas trop réfléchir cela ne servait qu’à plus vous stresser.

« Tu sais que tu peux compter sur moi. » et je l’ai toujours su. Depuis que je connaissais Milena, j’avais enfin une vraie amie, une amie qui pouvait facilement prendre la place d’une sœur. Même si on ne se voyait pas toutes les semaines, qu’on avait passé l’âge d’être pendue à notre téléphone et de s’appeler chaque soir, on savait l’une et l’autre que nous pouvions compter sur l’autre. Je n’avais jamais été déçue par la jeune femme et, j’espère ne l’avoir jamais déçu à mon tour. Il n’y avait aucune compétition entre nous et nos rapports étaient basés sur une amitié saine. Ca me changeait vraiment de ce que je pouvais connaitre dans ma propre famille. « Je connais quelques adresses, on y trouve les plus belles robes de Brisbane !! » J’avais demandé conseil à une vieille connaissance qui je fréquentais régulièrement aux galas où nous nous rendions avec mes parents. Je n’avais aucune limite de prix, je voulais, pour ce mariage, quelques choses de grandiose. Il allait surement se passer dans la propriété des Brownson. Pour le reste, j’allais mettre tout ça entre les mains d’une des meilleures wedding planer de la ville. Je n’étais pas prête à lui faire entièrement confiance pour autant, mais j’allais surveiller tout ça de très près. Concernant mon annonce à Anthony… « Il faut que tu lui dises Eva ! Je sais que c’est difficile mais plus tu attends, plus ça le deviendra. » J’acquiesce. Elle n’a pas tort, elle a même tout à fait raison, c’est très difficile pour moi de lui en parler et ça l’est de plus en plus, la veille encore, il m’en parlait encore. Mais, je suis aussi une très bonne actrice, malheureusement. « Je sais bien… » s’il apprenait que je le savais depuis si longtemps, ça allait être l’enfer. Il fallait que je fasse comme si je venais de le savoir. « Ce soir ! » c’était décidé. Ce soir, j’allais affronter mes responsabilités.
J’étais partie, difficilement, mais maintenant, j’étais bien lancée.  « Ils ne vous apprennent pas à démarrer à l’auto-école ? » « Il faut juste que je m’habitue à ta voiture. Celle de l’auto-école me semble plus facile à démarrer, c’est tout… » Il fallait bien que je me trouve une excuse. « Allez, réessaye. Détends-toi, tu vas voir ça va venir tout seul. » c’est bon, j’étais bien partie. Je suivais cette grande route déserte, ça me rassurait de n’y croiser personne. « Si seulement, on pouvait passer le permis sur ce genre de route, c’est bien moins stressant que la ville ! C’est l’enfer. Entre les vélos, les piétons, les voitures folles… » une fois ce permis en poche, il était presque certains que je continuerai à prendre mon vélo ou le taxi, comme c’était déjà le cas.

Tu étais vraiment ravie de voir que le mariage d’Eva commençait à prendre forme. Elle devait se douter que tu n’allais pas lui refuser ton aide pour sa robe, tu seras d’ailleurs très honorée de l’aider à la choisir. Tu sais à quel point c’est crucial pour la mariée et puis vu le niveau de vie d’Eva, tu ne doutes pas qu’elle essayera les plus belles créations de Brisbane et qu’elle sera magnifique à l’intérieur. A ce jour, tu ne sais toujours pas si tu as réellement envie de te marier. Tu veux une vie de couple, un partenaire, une famille mais est-ce que tu veux te marier ? C’est une question qu’il t’arrive de te poser quand tu traites un divorce particulièrement difficile entre des clients. Tu n’as pas eu le meilleur exemple de vie conjugale avec tes parents non plus ce qui n’aide pas beaucoup. Alors tu ne sais pas, tu verras bien de toute manière, peut-être que tu es condamnée à rester seule toute ta vie. « Je connais quelques adresses, on y trouve les plus belles robes de Brisbane !! » Ca tu n’en doutais pas une seule seconde ! Et puis cela voulait dire que toi aussi tu allais avoir besoin d’une belle robe et il te tardait déjà de te mettre à la recherche de la robe parfaite pour le mariage de ton amie. Mais tu as encore de longs mois pour trouver la perle rare alors tu ne te fais pas trop de soucis à ce sujet. « Je ne doute pas que tu vas nous trouver le plus beau magasin de Brisbane. » Lui dis-tu avec un clin d’œil avant d’amener sur la table le sujet qui fâche. Car tu peux être ravie pour Eva et son mariage mais tu es beaucoup moins enthousiaste quand elle t’avoue ne pas avoir avoué son infertilité à son fiancé. Tu comprends que ce soit difficile à avouer, tu sais de quoi elle a peur mais s’ils se marient et qu’il apprend qu’elle savait depuis tout ce temps, tu as bien peur que les dégâts soient plus importants que ce qu’elle puisse imaginer maintenant. « Je sais bien… Ce soir ! » Tu hoches la tête, peu convaincue malgré le semblant de détermination que tu voyais dans le regard d’Eva. Cette détermination allait-elle amener à une révélation ? Tu n’en sais rien, c’est une excellente question. « Je t’appelle demain pour savoir comment cela s’est passé. » Décidas-tu de lui dire. Un moyen de lui faire comprendre que tu ne vas pas la lâcher. Elle te détestera peut-être mais c’est pour son bien au fond. Tous les secrets finissent par être révélés, mieux vaut prendre les devants.

Eva se mit ensuite au volant et cala à son premier essai ce qui te fit légèrement la taquiner. Cependant, la jeune femme était tellement stressée qu’elle ne sembla pas comprendre ton sens de l’humour ce coup là. « Il faut juste que je m’habitue à ta voiture. Celle de l’auto-école me semble plus facile à démarrer, c’est tout… » Un sourire se dessine sur ton visage. Ce n’est pas grave de caler, cela arrive à tout le monde au départ et puis maintenant les voitures sont faites de telles sortes que tu n’as plus besoin d’éteindre et de rallumer le contact. Une vraie nouveauté pour les nouvelles générations n’ayant pas connu cette galère. Tu décidais de ne pas commenter, laissant Eva démarrer à nouveau et se lancer sur la route. « Si seulement, on pouvait passer le permis sur ce genre de route, c’est bien moins stressant que la ville ! C’est l’enfer. Entre les vélos, les piétons, les voitures folles… » Conduire en ville n’était pas quelque chose de facile. Cela demandait beaucoup d’attention voilà pourquoi tu préférais qu’elle se familiarise avec la voiture et la conduite sur des routes presque désertes avant de retourner affronter l’univers de la ville. « A qui le dis-tu ? J’ai passé mon permis à New-York, j’avais seize ans, je m’en souviens encore. » Tu avais failli ne pas l’avoir mais comme d’habitude, tu refusais d’échouer et après une première faute tu t’étais rattrapée. L’inspecteur avait décidé de te le donner et tu n’avais jamais causé d’accident pour l’instant. Du moins rien de bien grave. « Ne t’en fait pas, ça va aller. Tu te débrouilles pas mal en tout cas. » Lui dis-tu avec un sourire avant d’ajouter : « Alors cette liste, ça avance bien ? Toujours motivée ? » Ne pus-tu t’empêcher de lui demander.

 Milena avait raison de me mettre la pression comme ça. Ce que je ne lui avait pas encore dit aussi, c’est que j’avais laché le morceau et pas à n’importe qui, mais à Lene. Je me demande encore ce qu’il a bien pu me prendre de lui donner une telle information à mon sujet, surtout la manière dont la conversation à viré. Je m’en voulais et j’avais encore la haine contre ma sœur qui allait à présent tout faire pour m’en faire mordre les doigts. Il n’était pas impossible que Simon soit lui-même déjà au courant mais pour le moment, mes parents ne l’étaient pas. Ou alors, ils mentaient très bien et ils se gardaient bien d’aborder le sujet avant que je ne le fasse. Connaissant ma mère, c’était impossible, elle aurait mis les pieds dans le plat sans attendre une seule seconde. J’avais encore quelques cartes en main avant que tout ne s’effondre sous mes pieds. Alors oui, j’allais le faire ce soir. Je n’avais pas d’autre choix. Les rumeurs allaient bon train et j’allais me faire devancer. Ca avait bien trop duré. « Appelle-moi demain oui… » je lui ferais le rapport, je le ferai même peut être ce soir, une fois que ce serait fait. J’ignorai vraiment quelle réaction Antony pourrait avoir… l’anticipation n’était pas mon fort quant aux réactions de l’humain.  « D’ailleurs, ma sœur est au courant… c’est bien la pire chose que j’ai fais jusqu’à maintenant… je regrette bien qu’elle soit revenu de Grande Bretagne. Elle aurait mieux fait d’y rester. » S’il y avait bien une chose que j’avais annoncé tout de suite dans cette liste d’objectif, c’était l’impossible rapprochement avec Lene, en voici encore la preve. De toute façon, je n’avais aucune envie de faire le moindre effort. Cette fille était le diable, cette fille n’était pas ma sœur. Elle n’était rien. J’étais crispée à l’idée de penser à elle à ce moment précis. Mes mains serraient fort le volant, il n’allait pas m’échapper. « Je lui ai dis juste avant que l’ex de mon frère n’accouche. » surement les émotions. Quelles conneries. « enfin, il est plus que nécessaire que je remette de l’ordre dans tout ça. » Mes yeux étaient rivés sur la route, j’étais maintenant bien concentré, du moins, j’en avais l’impression, bien que brouillée par toutes ces pensées. Heureusement qu’en effet, nous n’étions pas en ville, j’aurai sans doute pu créer un accident. « Quelle idée de vouloir passer le permis à seize an… et à New York en plus…» j’avais le double de cet âge et c’était une corvée pour moi. « Alors cette liste, ça avance bien ? Toujours motivée ? » un petit rictus s’échappa de mes lèvres. «  tu vois bien, c’est une catastrophe… on peut dire que les seules choses que j’ai faite, c’est bien grace à toi. La danse, d’ailleurs, j’y suis allée la semaine dernière, seule cette fois, il faut que je m’y tienne plus régulièrement, ca me fait vraiment du bien ! le permis, on peut dire que c’est bon… en ce qui concerne l’appartement, je verrai bien. Chaque chose en son temps. Et puis, ce soir, c’est un grand pas, je crois, le plus gros objectif de la liste. »

A tes yeux, tu ne pouvais pas être une bonne amie pour Eva si tu ne la poussais pas à avouer à son fiancé qu’elle était stérile, particulièrement s’ils venaient de choisir une date pour leur mariage. Ce n’est pas quelque chose qui peut se cacher et qui doit l’être. Certainement qu’à la place d’Eva tu serais toi aussi terrifiée mais tu ne pouvais pas la laisser continuer ainsi. D’ailleurs, dans la liste des choses qu’Eva devait accomplir, il y avait cet aveu qui se trouvait en haut de la liste. Voilà pourquoi, au lieu de t’éterniser sur le choix de la robe de ta meilleure amie tu préférais insister sur l’importance de cette discussion. Tu pouvais voir qu’Eva savait qu’elle n’allait pas avoir le choix mais en même temps elle ne semblait pas complètement convaincue que ce soit le bon moment de le faire. Il n’y aurait de toute manière pas de bon moment pour ce genre de chose. « Appelle-moi demain oui… D’ailleurs, ma sœur est au courant… c’est bien la pire chose que j’ai fais jusqu’à maintenant… je regrette bien qu’elle soit revenu de Grande Bretagne. Elle aurait mieux fait d’y rester. Je lui ai dis juste avant que l’ex de mon frère n’accouche. Enfin, il est plus que nécessaire que je remette de l’ordre dans tout ça. » Ouch … Tu n’as jamais rencontré Lene la sœur d’Eva comme tu n’as jamais rencontré ses frères mais tu as beaucoup entendu parler de cette sœur démoniaque et pas en bien … C’était vraiment dommage à tes yeux que les relations entre la fratrie en soient arrivées là. Tu ne pouvais t’empêché de te demander comment avait réagit Lene pour qu’Eva la préfère à l’autre bout du monde surtout quand elle t’avait confié vouloir faire un pas en avant dans sa relation avec sa sœur. Les choses n’avaient pas dû bien se passer. Tu appris également que le frère d’Eva était enfin papa, Eva allait être une tante formidable mais en même temps tu ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie. « Tu vas faire une merveilleuse tante. C’est une fille ou un garçon ? Les parents sont contents ? » Tu n’imaginais pas une seule seconde la bourde que tu venais de faire mais Eva ne te parlait pas constamment de sa famille alors tu ne pouvais pas deviner non plus. « Qu’est-ce qui s’est passé avec ta sœur ? Comment elle a réagit ? » Lui demandas-tu légèrement curieuse. Après tout, si Eva l’avait mentionné c’était que cela ne la dérangeait pas d’en parler n’est-ce pas ? Tu l’espérais en tout cas car tu ne voulais pas la mettre mal à l’aise. La conversation se tourna ensuite vers le permis et plus exactement ton permis que tu avais passé à New York dès que tu eus seize ans. « Quelle idée de vouloir passer le permis à seize an… et à New York en plus… » Tu ne pus t’empêcher de laisser échapper un petit rire à la remarque de ton amie. Cela t’avait semblé être la norme à l’époque et pas si compliqué que cela. « C’est beaucoup plus simple de passer son permis aux Etats-Unis qu’à Brisbane et puis j’étais ado, c’était un défi. » Lui dis-tu avec un clin d’œil. Alors qu’Eva conduisait, tu lui demandais où elle en était de cette liste que vous aviez mise en place autour d’un verre quelques semaines plus tôt. Tu étais curieuse de savoir ce qu’elle en avait fait. « Tu vois bien, c’est une catastrophe… on peut dire que les seules choses que j’ai faite, c’est bien grace à toi. La danse, d’ailleurs, j’y suis allée la semaine dernière, seule cette fois, il faut que je m’y tienne plus régulièrement, ca me fait vraiment du bien ! le permis, on peut dire que c’est bon… en ce qui concerne l’appartement, je verrai bien. Chaque chose en son temps. Et puis, ce soir, c’est un grand pas, je crois, le plus gros objectif de la liste. » Tu hoches la tête. En effet, ce soir, si elle arrivait à se lancer, ce serait un des plus gros objectifs. C’était un peu pour la pousser dans cette direction que tu avais eu l’idée de la liste alors tu espérais que cela serait efficace. « Courage, tu vas y arriver. » Lui dis-tu en posant ta main sur son bras en guise de réconfort. « Mais je suis super contente que la danse te plaise. Et puis quand tu auras le permis on te trouvera un nouvel objectif. » Lui dis-tu avec un clin d’œil. « Comme essayé de faire la paix avec ta sœur. » Lui dis-tu avec un faux air innocent sur le visage.

  « Tu vas faire une merveilleuse tante. C’est une fille ou un garçon ? Les parents sont contents ? » Bonne question. Peut on considérer que quelqu’un est content lorsqu’il laisse derrière lui le père et son enfant seuls sans donner de nouvelles ? J’imaginais que non. « Ca aussi c’est compliqué… Mon frère se retrouve seul avec Eliott. » en même temps, ça répondait à sa question sur le sexe. « Elle est partie… peu de temps après la naissance. Coup dur pour mon frère. Je vais le voir régulièrement pour lui apporter mon soutien. Et en même temps, ca me fait du bien de pouvoir m’occuper de mon neveux… c’est triste à dire mais j’ai l’impression de vivre une maternité par procuration… et j’ai bien conscience que c’est pas forcément normal et que ca fait un peu psychopathe… je donne pas long feu à Tony pour me foutre dehors dès qu’il me verra débarquer chez lui. » j’espérais ne pas en arriver là, bien sûr. J’avais bien conscience que parfois, je pouvais être envahissante, prendre trop de place auprès de mon frère et me montrer un peu trop directive, au lieu de lui donner des conseils. Mais en même temps, étais-je vraiment bien placée pour lui donner des conseils…  « Qu’est-ce qui s’est passé avec ta sœur ? Comment elle a réagit ? » je secouais la tête à cette question en me remémorant la scène d’hystérie qu’elle m’avait fait à la maternité. « Cette nana est folle. Je pense sincèrement qu’il lui manque des cases et qu’un séjour en HP ne pourrait pas lui faire de mal. Peut être que c’est là que j’aurai du l’envoyer plutôt qu’en Angleterre… » Milena avait déjà eu vent de cette histoire. Après qu’une camarade de classe de Lene se soit suicidé, suite à son harcèlement, entre autres, j’avais fait en sorte que Lene soit envoyé chez notre vieille tante en Europe. Au moins, là-bas, elle n’aurait plus nuit à notre famille ni à personne. Mais elle n’allait pas y rester indéfiniment… il fallait bien qu’un jour elle revienne. Quelle plaie. Bon, je n’avais pas répondu à la question de Milena pour autant. « Elle s’est mise à hurler. Alors que nous attendions la naissance de mon neveu. Elle m’a dit que c’était un cadeau du ciel pour quiconque que je ne sois jamais mère. Qu’il y avait une justice dans ce monde et qu’elle était bien contente qu’il n’y ai pas de gamin qui sorte de mon utérus pour ne pas en faire les mêmes monstres que moi. » je faisais rapide. « Voilà la famille Adams, à croire que l’on porte bien notre nom. » Ce que Lene ignorait c’est qu’à part le simple fait qu’elle émette un avis sur mon existence m’agaçait au plus haut point, ses propos ne m’avaient en aucun cas touché.  « Donc, est ce que tu peux comprendre que là, c’est assez difficile pour moi d’imaginer un quelconque rapprochement avec elle ? En réalité, j’en ai pas besoin. Elle n’a rien d’une sœur pour moi, donc je n’ai jamais souffert de ça. Tu vois ? Famille ou non, elle n’est pas ma priorité. Je crois que la prochaine case à cocher dans la liste sera plutôt de déménager et d’avoir une maison avec Anthony» avec ou sans enfant, Milena avait raison, il était peut être temps que nous ayons notre propre lieu de vie, notre cocon, enfin, s’il voulait encore de moi après que je lui annonce la nouvelle…

Quand Eva te parle de son frère et du bébé qu’ils ont accueilli dans la famille, cela te fait plaisir. Même si Eva ne peut pas avoir d’enfants biologiques, elle sera une merveilleuse tante, tu n’en doutes pas. Vu que ce sujet lui met un sourire sur le visage, tu n’hésites pas à la faire parler de son frère et de son neveu. Cependant, tu ne t’attendais pas à ce qu’elle te dise : « Ca aussi c’est compliqué… Mon frère se retrouve seul avec Eliott. Elle est partie… peu de temps après la naissance. Coup dur pour mon frère. Je vais le voir régulièrement pour lui apporter mon soutien. Et en même temps, ca me fait du bien de pouvoir m’occuper de mon neveux… c’est triste à dire mais j’ai l’impression de vivre une maternité par procuration… et j’ai bien conscience que c’est pas forcément normal et que ca fait un peu psychopathe… je donne pas long feu à Tony pour me foutre dehors dès qu’il me verra débarquer chez lui. » Mince … Avec ta question tu avais mis les pieds dans le plat mais tu ne pouvais pas deviner. En général, un enfant cela se prépare et c’est désiré surtout à votre âge alors tu ne pouvais pas deviner. Que son frère ait besoin de soutient c’était tout à fait normal et tu étais heureuse qu’Eva puisse vivre cette maternité par procuration mais tu ne voulais pas non plus qu’elle souffre de cette situation sur le long terme. Même si son frère n’était pas dans l’optique de se remettre avec quelqu’un, peut-être que cet enfant aura une mère un jour et qu’il faudra qu’Eva lève le pied. Mais tes habitudes d’avocate ont repris le dessus, il ne faut pas voir toujours le verre à moitié vide. « Je suis désolée pour ton frère. Heureusement qu’il t’a. » Et tu étais sincère, Eva était une personne sur qui l’on pouvait compter à cent pourcent. « Si ça peut aider ton frère et que ça te fait du bien, profite. Ton neveu a de la chance de t’avoir. Mais n’oublie pas non plus que tu es sa tante, si ton frère refait sa vie un jour, il faudra couper le cordon. » Tu avais l’impression de jouer l’oiseau de mauvaise augure mais tu voulais qu’Eva l’entende au moins une fois. Pour l’instant, il n’en était pas question et c’était bien normal qu’Eva aide son frère et profite de l’absence de cette mère pour se substituer à cette dernière. Le sujet suivant était un peu moins réjouissant parce qu’apparemment Eva avait parlé de son infertilité à sa cadette, un choix qu’elle regrettait aujourd’hui : « Cette nana est folle. Je pense sincèrement qu’il lui manque des cases et qu’un séjour en HP ne pourrait pas lui faire de mal. Peut être que c’est là que j’aurai du l’envoyer plutôt qu’en Angleterre… » Tu ne sais pas quoi dire face à de tels propos. N’ayant jamais rencontré la sœur d’Eva, tu ne pouvais pas te forger ta propre opinion à ce sujet alors tu restais silencieuse. Eva était en général plutôt rationnelle donc tu avais tendance à la prendre au sérieux à ce sujet. « Elle s’est mise à hurler. Alors que nous attendions la naissance de mon neveu. Elle m’a dit que c’était un cadeau du ciel pour quiconque que je ne sois jamais mère. Qu’il y avait une justice dans ce monde et qu’elle était bien contente qu’il n’y ai pas de gamin qui sorte de mon utérus pour ne pas en faire les mêmes monstres que moi. Voilà la famille Adams, à croire que l’on porte bien notre nom. » Tu reste bouche bée. Tu n’arrives pas à en croire tes oreilles. Sérieusement ? Sa sœur lui a dit des choses pareilles ? Tu pensais avoir un père un peu violent mais ce n’est rien comparé à la portée des paroles que vient de te rapporter Eva. Tu espérais simplement qu’Eva n’en croyait pas un mot. « Tu ne crois pas un mot de ce qu’elle a dit n’est-ce pas ? » Entre les deux sœurs, c’était la guerre depuis longtemps, certainement bien avant que Lene ne s’enfuit avec le fiancé de sa sœur le jour de son mariage. Mais en arriver là ? Comment pouvait-on en arriver là ? « Donc, est ce que tu peux comprendre que là, c’est assez difficile pour moi d’imaginer un quelconque rapprochement avec elle ? En réalité, j’en ai pas besoin. Elle n’a rien d’une sœur pour moi, donc je n’ai jamais souffert de ça. Tu vois ? Famille ou non, elle n’est pas ma priorité. Je crois que la prochaine case à cocher dans la liste sera plutôt de déménager et d’avoir une maison avec Anthony» Tu hoches la tête. Oui, tu pouvais comprendre que ce n’était pas une priorité pour Eva mais tu n’arrivais pas à comprendre comment elles en étaient arrivées là. Sincèrement, ce genre de paroles c’est juste … Tu serais choquée de les entendre même entre deux inconnus. « Comment vous en êtes arrivées là ? » Ne pus-tu t’empêcher de demander à ton amie. Tu ne voulais pas la blesser, simplement comprendre. « Ce n’est pas une priorité je le comprends mais si elle est à Brisbane, vous allez certainement devoir vous croiser surtout si elle veut aussi aider ton frère. Il faudra un jour soit couper tous les ponts soit mettre tout à plat. » Tu ne voyais que ces deux solutions. Tu ne savais pas si Lene voulait aider son frère ou pas, si elle le voyait mais dans tous les cas, ces deux solutions étaient les seules que tu voyais dans leur situation.

J’étais bien consciente que c’était une chance pour mon frère de m’avoir. Quand on pense que Lene ne fait rien d’autre que l’enfoncer dans cette histoire. J’étais présente et étais un réelle soutient pour lui, en tout modestie, je suis sûre qu’il serait déjà abattu si je n’étais pas là pour lui. Si je ne pouvais et ne voulait combler le manque affectif qu’une femme pouvait lui offrir, j’étais présente surtout pour son enfant et pour pouvoir m’occuper de ce bébé qui n’avait rien demandé à personne. Pour ma famille, il renvoyait l’image de la honte. Mes parents avaient très mal vécu l’arrivée de ce nouveau-né, c’était triste à dire. En même temps, j’imagine que si les choses avaient été différentes pour moi, je l’aurais vécu de la même manière. Pire, j’aurais été d’une jalousie incontrôlable. C’est bien de l’admettre non ? « Si ça peut aider ton frère et que ça te fait du bien, profite. Ton neveu a de la chance de t’avoir. Mais n’oublie pas non plus que tu es sa tante, si ton frère refait sa vie un jour, il faudra couper le cordon. » Bien sûr que je couperai le cordon. Bien sûr que je l’encouragerais à se trouver une nouvelle nana, mais à condition de ne pas la trouver on ne sait où sur on en sait quel continent. Qu’il fasse attention à ce qu’il touche. Et pour contrôler la situation, rien de mieux que de lui présenter des jeunes femmes, qui n’ont besoin que d’attention et qui sont issues de familles respectables. « J’ai bien conscience d’être un peu psycho sur les bords, mais si un jour une femme débarque dans la vie de mon frère, t’en fais pas, je saurai lui faire sa place. Enfin, compte sur moi pour avoir un œil sur elle quand même… et pour m’assurer d’où elle vient. S’il se retrouve le même genre de femme que celle qui vient de le quitter… » je préfère ne pas terminer ma phrase. Je suis toujours concentrée sur ma route. Depuis que nous étions parties, nous avions peut-être croisé deux ou trois voitures, pas plus. Je me sentais bien mieux à l’aise au volant de cette Mini que les voitures de l’auto-école. Et surtout, le fait qu’il n’y ai ni piéton, ni feux rouges, ni céder le passage… c’était ça le pied. Il était temps maintenant de faire demi-tour pour retourner là où Milena m’avait laissé son volant tandis que la conversation reprend sur Lene. « Tu ne crois pas un mot de ce qu’elle a dit n’est-ce pas ? » j’haussais les épaules. « Il y a bien longtemps où les mots prononcés par Lene ne m’impactent pas. Attends… je crois même que ça n’a jamais été le cas. » Qui pourrait se soucis de la méchanceté gratuite de cette femme ? Elle avait fait du mal par le passé, une adolescente fragile en avait fait les frais mais il n’en était rien pour moi. « Comment vous en êtes arrivées là ? » Bonne question… « Je crois qu’elle n’était pas encore née que je savais déjà qu’elle allait être la source de bien des problèmes. On ne s’est jamais entendu. » pas comme deux sœurs qui se chamaillent de temps en temps et adorent crier qu’elles se détestent, non, entre Lene et moi il n’y avait simplement rien. Aucun sentiment fraternel ne nous unissait. « Ce n’est pas une priorité je le comprends mais si elle est à Brisbane, vous allez certainement devoir vous croiser surtout si elle veut aussi aider ton frère. Il faudra un jour soit couper tous les ponts soit mettre tout à plat. » « Elle est partout, comme la peste. Je tomberai forcément sur elle un jour. Même si j’aimerai plus que tout la rayer de ma vie, c’est impossible. Mais il suffirait simplement que l’on fasse comme deux inconnues … ne pas se parler, ne pas se regarder. »

Tu plaignais sincèrement le frère d’Eva. Accueillir un enfant dans ces conditions c’était … vraiment pas idéal. Tu te demandais comment il avait pu en arriver là. Une femme avec qui il a une enfant qui disparaît dans la nature. Vraiment, il a du courage pour continuer à avancer tous les jours. C’est dans ces moments là que tu te dis que ne pas avoir d’enfants est peut-être mieux. « J’ai bien conscience d’être un peu psycho sur les bords, mais si un jour une femme débarque dans la vie de mon frère, t’en fais pas, je saurai lui faire sa place. Enfin, compte sur moi pour avoir un œil sur elle quand même… et pour m’assurer d’où elle vient. S’il se retrouve le même genre de femme que celle qui vient de le quitter… » Oui, sur ce point là tu pouvais tout à fait comprendre qu’Eva se montre légèrement sévère sur la femme que pourrait un jour choisir son frère. Mais tu ne te fais pas trop de soucis à ce sujet pour l’instant car tu doutes que ce dernier soit en train de penser à se remettre avec qui que ce soit. Dans sa situation c’est bien la dernière chose à laquelle tu penserais. Cependant, tu étais soulagée d’entendre Eva te dire qu’elle serait capable de laisser ce bébé à son frère et à sa possible future compagne un jour. Tu ne veux simplement pas que ce bébé soit pour Eva quelque chose de néfaste alors que tu peux le voir, il la rend pleinement heureuse. Ils ont de la chance de l’avoir et ça tu en es persuadée. « Je doute que ce soit une préoccupation pour ton frère en ce moment mais je ne me fais pas de soucis, je sais à quel point tu sais être démoniaque quand tu le veux. » Dis-tu avec un sourire en coin. Tu souhaitais bien du courage à cette future demoiselle qui voudra entrer dans la vie de Tony car en plus de ses parents qui ont l’air vraiment horribles, si elle devait convaincre Eva et sa sœur aussi, elle allait se lancer dans un parcours du combattant. Mais Eva te tiendra informée tu n’en doutes pas. La conversation continue sur Lene, la jeune sœur de ta meilleure amie et tu as du mal à croire que des mots pareils aient pu être échangés entre deux sœurs. « Il y a bien longtemps où les mots prononcés par Lene ne m’impactent pas. Attends… je crois même que ça n’a jamais été le cas. » Bon, c’est déjà un bon point parce que si c’était Nunzio qui te sortait des trucs pareils, tu l’aurais frappé mais malgré tout ses mots auraient laissé un impact sur toi, un impact que tu préférais ne jamais connaître. Ta famille n’était certes pas des plus soudée mais il restait un peu d’amour et de respect dans vos relations. « Tu m’en vois rassurée. » Dis-tu sincèrement à Eva parce que vu ce qu’elle traversait, c’était vraiment pas le moment. Tu ne pus cependant t’empêcher de demander à ton amie comment elles avaient bien pu en arriver là. « Je crois qu’elle n’était pas encore née que je savais déjà qu’elle allait être la source de bien des problèmes. On ne s’est jamais entendu. » Tu hoches la tête. Tu peux comprendre mais tu trouves cela un peu triste. Ne jamais pouvoir compter sur sa sœur, ne jamais pouvoir partager un moment complice. Tu trouvais cela dommage pour les deux. Mais il fallait se rendre à l’évidence, elles n’allaient pas pouvoir s’éviter toute leur vie. « Elle est partout, comme la peste. Je tomberai forcément sur elle un jour. Même si j’aimerai plus que tout la rayer de ma vie, c’est impossible. Mais il suffirait simplement que l’on fasse comme deux inconnues … ne pas se parler, ne pas se regarder. » Tu fronçais les sourcils. C’était peut-être la bonne solution mais cela ne te paraissait pas très réalisable. Comment ne pas se regarder ? Comment ne pas se parler ? « Tu es certaine que c’est possible ? Parce que Lene a l’air d’aimer le conflit et a l’air d’aimer appuyer là où ça fait mal. » Peu importe les conséquences d’ailleurs vu qu’elle n’avait pas hésité à s’enfuir le jour du mariage de sa sœur avec le futur marié.

 Si j’avais la Batmobile peut être que passer le permis serait bien plus simple. Se sentir intouchable, plus fort que tout le monde, dans une voiture qui ne craint rien, dans une voiture que les autres craignent. Ça c’est du solide. Ce qui pourrait me faire plus peur en étant enfermé dans une voiture dont j’ai les commandes c’est d’être réellement responsable du véhicule, responsable de la route, des gens que je conduis mais également de tout ce monde que je croise. On est pas seul, on est entouré de dizaines, de centaines de personnes. Un faux pas et tout peut déraper. Je crois que je préférais laisser ça aux autres, cette responsabilité. Pourquoi je faisais ça en réalité ? Etait-ce mon objectif ou celui de Milena ? Le sien, mais elle avait raison, j’en avais sans doute besoin. Enfin, j’en était pas certaine, mais ça pouvait toujours servir… Une chose est sûre, lorsque j’aurai ce papier entre les mains, ma vie n’en serait pas changée. Je continuerai de prendre des taxis ou de me balader à vélo en ville. Un vélo faisait bien moins mal qu’une voiture si j’en perdais le contrôle. Cette fois, nous étions presque arrivées à notre point de départ. J’allais repasser le volant à mon amie et me sentir mieux ensuite. Même si, rouler sur cette route déserte n’était pas si désagréable mais c’était pas ici que je passerai mon examen.
« Je doute que ce soit une préoccupation pour ton frère en ce moment mais je ne me fais pas de soucis, je sais à quel point tu sais être démoniaque quand tu le veux. » Un petit sourire s’afficha sur mon visage, démoniaque, je ne sais pas si c’était le mot, mais on peut dire que je sais mener à bien une mission… j’avais fais mes preuves par le passé. Mais mon frère n’était pas mes parents et ce n’était pas si simple de lui dicter quoi faire. « Exactement, cette fois ci, si ça doit arriver, je ferai en sorte de garder ça sous contrôle. Il est temps que Tony soit un peu plus responsable. Mais je pense qu’il a retenu la leçon. Et j’imagine qu’il n’est pas prêt à se trouver une nana de sitôt. Et surtout, il en faut une qui accepte son enfant. C’est pas gagné. » et en attendant, j’étais tranquille et j’avais le champ libre aussi. En ce qui concerne Lene, c’était une autre histoire. Mais contrairement à Tony et fort heureusement, je ne la croisais que rarement. « Tu es certaine que c’est possible ? Parce que Lene a l’air d’aimer le conflit et a l’air d’aimer appuyer là où ça fait mal. » Je crois que j’aimais ce conflit tout autant qu’elle, comme si, c’était inévitable et à chaque parole prononcée pour la rabaisser était un soulagement. «Tu as raison, c’est compliqué. Et autant pour moi. Mais je crois qu’on ne nous changera pas. Et je pense que c’est bien plus pénible pour les personnes qui nous entourent que pour elle et moi finalement. »