I cannot undo what I have done, I can't un-sing a song that's sung. And the saddest thing about my regret - I can't forgive me and you can't forget.
Mes mains sont bien cachées au fond de mes poches comme à l'accoutumée, mes pieds semblent suivre tous seuls le chemin qui me mène au parc, sans même que mon esprit ait vraiment besoin de réfléchir. Tout se fait machinalement, parce que mon esprit, justement, est trop occupé avec autre chose. Je triture l'intérieur de mes poches avec mes ongles, je sens comme une boule de mon ventre, une boule de stress qui ne fait que monter en moi depuis que j'ai envoyé un message à Nathan. Un stress mélangé à une honte, honte de devoir faire face à ce garçon que j'ai blessé, que j'ai pris à partie comme si il était responsable de tout ce qui a pu m'arriver. Comme si il était responsable de mes propres erreurs. C'est donc un stress honteux que je promène avec moi, comme un boulet accroché à mes chevilles qui rend chaque pas un peu plus difficile. Un poids pénible mais nécessaire, pour me rappeler de qui j'étais, pour ne pas oublier les erreurs que j'ai pu faire sous prétexte que je suis en train d'essayer de les réparer comme je peux. C'est d'ailleurs pour ça, que je voulais voir Nathan. Pour admettre mes erreurs, pour avancer encore d'un pas dans mon sevrage. J'en avais déjà eu l'idée mais c'est depuis les premières séances avec le psy que je me suis dit qu'il était temps de le faire. Pas vraiment que je m'attends à ce que Nathan me pardonne ou je ne sais quoi, parce que je pense que si j'étais à sa place, je ne saurai comment me pardonner. De toute façon, je n'arrive pas à me pardonner moi-même de ce que je lui ai dit. Me camer c'est une chose, mais d'avoir blessé Nathan est sûrement l'une des choses que je regrette le plus, dans le fond.
J'arrive au parc, je fais un petit tour, mais je ne l'aperçois pas, et je me félicite dans un certain sens d'être le premier arrivé d'entre nous deux, pour une fois. Je met alors à l'endroit où nous nous étions parlé la première fois. Le décor a changé à cause de la saison, tout semble différent, même moi, je n'ai plus l'impression d'être la même personne que celle qui est venue à ce même endroit il n'y a pas si longtemps de ça. Je suis presque à deux doigts de trembler tellement j'ai l'impression d'être au bord du gouffre, à un tournant de mon arrêt avec la came. Comme si m'excuser auprès de Nathan était un point clé. Je regarde le ciel en expirant un grand coup, me faisant la réflexion que je me fumerais bien une clope, là maintenant, que je serais moins stressé si je m'étais piqué avant de venir. J'ai l'impression depuis que j'ai arrêté que la came dans un certain sens me rendait la vie plus facile, comme je ne me rendais pas compte de ce que je faisais, de ce qui m'arrivait, de ce que je pouvais dire et de l'impact que je pouvais avoir. Alors que je suis perdu dans mes pensées, je vois au loin Nathan qui arrive et qui s'approche.
Et d'un coup mes épaules se relâchent, le voir m'apaise. Je me rends compte qu'il m'a manqué. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais voir son visage me fait du bien, et je ne sais pas vraiment pourquoi il m'avait manqué mais il a cette aura apaisante qu'il emmène partout avec lui. Et soudain je me rappelle de ce que je lui ai fait, de ce que j'ai pu lui dire, d'à quel point j'ai pu le blesser. Une faille en moi qui s'ouvre encore un peu plus à chaque fois que cette soirée me revient en mémoire. Il s'approche de plus en plus de moi, je lui souris doucement, malgré moi. Nathan arrive à ma hauteur, laissant une distance de sécurité entre nous. Je le regarde, analyse son visage que je trouve un peu creusé par rapport à la dernière fois que je l'ai vu, peut-être parce que la dernière fois ma perception de la réalité était modifiée, je ne sais pas vraiment. Je le détaille un instant, le silence flotte entre nous, jusqu'à ce que je me décide enfin à ouvrir la bouche, même si la voix qui en sort est un peu enrouée car peu utilisée ces temps ci, « Salut... Ça va ? » Question stupide, je m'en veux presque automatiquement mais je vois mal ce que je pourrai d'autre. Pas que j'ai envie de tourner autour du pot, loin de là, mais simplement il faut bien commencer par quelque chose.
Je préfère lui montrer dès le début que je ne veux pas lui faire perdre son temps et que normalement on ne devrait pas en avoir pour longtemps et qu'en suite il sera débarrassé de moi une bonne fois pour toute. Ma voix n'est pas très assurée, mais mon esprit l'est, quant à lui. « Bon, je vais pas y aller par quatre chemins... Je suis venu ici pour te dire que je suis désolé. Vraiment. Pour ce que je t'ai dit, pour la façon dont j'ai réagi enfin pour tout en fait. Et j'ai pas d'excuse qui tienne la route à vrai. Tu... Tu mérites pas, qu'on te traite comme ça, jamais. Et je suis désolé. » Je souffle un coup, pour me calmer, pour reposer ma voix un instant, et aussi pour laisser le temps à mes paroles de flotter jusqu'à lui, de s'imprimer, pour lui laisser le temps d'absorber ce qui est un peu trop pour une seule personne d'un seul coup. Et puis, au bout d'un instant je me sens obligé d'ajouter quelque chose qui me semble essentiel, « Je suis pas là pour te demander de me pardonner, loin de là, juste je te devais ça. Je te devais des excuses et ça réparera jamais ce que j'ai pu faire mais... Je te le devais. Voilà. C'est tout. » Je finis comme ça, pour lui faire comprendre que si il veut partir, maintenant, il peut le faire. Je le regarde dans les yeux, songeant au fait que c'est peut-être la dernière fois que je le vois. Mon coeur se serre un peu plus dans ma poitrine, je détaille son visage dans ses moindres détails pour ne pas l'oublier. Et puis je reporte mon regard sur mes pieds, peut-être par honte de ce que j'ai pu faire, ou peut-être aussi parce que je n'ai pas envie de le regarder et de le voir partir.
Une semaine et trois jours. Voilà le temps que j'ai mis avant d'avoir le courage de reprendre mon portable en main et d'envoyer ce foutu sms à Cole. Cole qui n'a plus donner signe de vie depuis cette désastreuse mésaventure pendant le bal des pompiers. J'avoue que je n'ai pas non plus chercher à avoir de ses nouvelles. Il aurait pu faire une over dose et mourir que je n'aurais pas été au courant. Mais au final deux semaines après qu'il m'ait craché toutes ces atrocités à la gueule, il décide de revenir. Et quelque part ce premier pas signifie énormément pour moi. Et pourtant, c'est la peur qui m'a prise aux tripes et qui a fait que j'étais incapable de répondre quoique ce soit pendant toute une semaine. Mais j'ai finalement décidé de donné suite à l'invitation de Cole. Il veut me voir, qu'est-ce que ça me coûte d'essayer ? Simplement voir ce qu'il à me dire. Je peux toujours décidé par la suite de ne couper les ponts. C'est en mon pouvoir, ça. Il en souffrira peut-être, mais pas autant que j'en souffrirais moi si je venais à trop m'attacher à cet homme.
Ainsi donc, le lendemain de ma réponse, j'arrive, comme convenu, au parc. Sur mes deux jambes, sans béquilles. Ces dernières semaines, nous avons intensifié les séances de kiné et nous nous sommes concentré sur la force et l'endurance, car c'est bel et bien ce qui me manque. Le manque d'équilibre vient d'un manque de force, mais surtout d'un manque de confiance en moi. Et avec une autre technique et une forme de thérapie, Jeff a réussi à m'ôter la peur qui me paralysait plus qu'autre chose. En trois semaines, les progrès on été tellement fulgurant que je me passe totalement d'un quelconque soutient. Ma démarche est encore un peu lente mais de plus en plus fluide et je me fatigue encore assez facilement, mais tout ça, ça viendra avec de l'entraînement.
Ainsi donc, je marche tranquillement dans le parc jusqu'à mon point de rendez-vous avec Cole que j’aperçois assez rapidement. Il me fait un petit signe de la main, je lui répond et il s'approche de moi. Un léger sourire sur les lèvres, j'essaie de trouver quoi dire et suis assez content du fait qu'il parle en premier lui-même, me demandant comme ça va. J'hésite sincèrement à répondre à cette question et je fais bien car au final ce n'était qu'une politesse d'usage. Cole reprend la parole afin de s'excuser clairement et avec toute la sincérité du monde.
Il s'excuse, rejette à nouveau toute la faute sur lui-même. Si Myrddin avait été là, il lui aurait dit qu'il est entrain de se victimiser, mais il n'est pas là et moi j'ai un trop plein d'Empathie pour le coup. Je comprends sa détresse, je me doute fortement comment il peut se sentir. Et malgré tout, malgré le fait que ses paroles m'aient vraiment touché et crevé le cœur pendant plusieurs jours, ça appartient au passé. Et n'ais-je donc pas décidé de laisser le passer où il était ? Je dis toujours que chacun à droit à une deuxième chance, mais Cole l'a déjà eu, cette deuxième chance. Toutefois … qu'en est-il de lui laisser une troisième chance ? Il a l'air tellement sincère dans ses paroles, je ne peux décemment pas lui en vouloir. D'autant plus qu'il a l'air totalement clean. Ou du moins ne donne-t-il pas l'impression de s'être piqué il y a pas longtemps.
« Je ...je sais pas quoi te dire Cole» avouais-je finalement en me passant une main dans les cheveux « Je veux dire … d'un côté je t'en veux, vraiment pour tout ce que tu as dit, d'un autre côté … tu n'étais pas dans ton état normal. Tu ...ce n'est pas totalement de ta faute quoi. » Myrddin me traiterait d'idiot, naïf et dirait de moi que je suis beaucoup trop tolérant. «Tu ...merci. Pour tes excuses je veux dire. Ça me fait plaisir quelque part que tu ais fait le premier pas et je ... » je baisse le regard, pinçant les lèvres et réfléchissant. Hésitant un peu, je pousse une pierre du bout du pied puis prend une profonde inspiration en relevant le regard « J’accepte tes excuses» soufflais-je finalement, me disant que je suis vraiment un peu trop idiot et que je risque de regretter cette décision. Mais c'est plus fort que moi, je ne peux vraiment pas lui en vouloir.
Observant un peu son visage et ses yeux, un léger sourire s'affichant étirant doucement mes lèvres, j'essaie d’apercevoir une quelconque trace de drogues. « ça va ?» demandais-je alors « Tu ...tu es aller trouver de l'aide … ?» mal à l'aise de poser cette question, je parle dans un souffles, me mordillant légèrement la lèvres inférieure et croisant mes bras. Ça aussi c'est plus fort que moi. Je ne veux pas me montrer sur la défensive, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Si je ne faisais que m'écouter, mes yeux deviendraient ronds comme des billes à la vue de Nathan sans ses béquilles, bien perché sur ses pieds. Mais je me contente de le regarder, lui sourire, sans vraiment réaliser correctement l'exploit qu'il accomplit en venant ainsi sans aide quelconque. Je suis heureux pour lui, heureux qu'il progresse dans sa rééducation, même si je n'en doutais pas. S'il y a bien une chose que j'ai tout de suite vue et appris de Nathan, c'est sa détermination sans faille. Il voulait une rééducation efficace, où il pouvait avoir le sentiment de progresser chaque jour même si ça voulait dire une souffrance que peu de gens seraient capable d'endurer. Alors je n'ai jamais vraiment douté qu'il y arriverait. Et je suis content. Tout bêtement, tout simplement. Malgré tout, la raison pour laquelle j'ai la chance de le voir comme ça aujourd'hui me fait vite revenir à la réalité, me fait vite redescendre de l'état dans lequel je me trouvais quelques instants auparavant, l'instant presque de bonheur de le revoir. Je vois qu'il ne sait pas vraiment s'il est supposé ou non répondre à ma première question, et je suis bien content qu'il ne le fasse pas, parce que ça me permet d'enchaîner directement sans me poser de questions, sans avoir la possibilité de détourner du sujet, je ne voudrai pas lui prendre plus de temps que nécessaire. Alors je suis là, je m'entends parler, tout en ayant l'impression de voir mon corps d'un œil extérieur, d'avoir quitté la scène l'espace d'un instant. Je me vois en train de m'excuser, et je me fais la réflexion que même ça ce n'est pas mon fort. Doué pour casser les choses, jamais pour les réparer, ça a toujours été le cas. Je vois la réflexion dans les yeux de Nathan, je me demande bien ce à quoi il peut bien penser, il doit sûrement être en train de se demander pourquoi il a accepté de me voir en premier lieu. Je m'attends à le voir partir à tout moment, à le voir tourner le dos et s'éloigner sans un regard en arrière.
Mais comme d'habitude, il me surprend. Comme d'habitude je manque de vaciller quand j'entends sa voix, quand il me parle avec sa douceur habituelle, que sa main passe dans ses cheveux. Je regarde sa main pour ne louper aucun bout de ce geste que j'aime tant, et je réalise peu à peu, au fur et à mesure qu'il parle ce qu'il est en train de me dire. Il dit que je l'ai blessé, ce dont je me doutais, mais l'entendre me brise encore plus le coeur, tellement je peux entendre et imaginer ce qu'il a dû ressentir. Il me dit que ce n'était pas vraiment de ma faute, ce qui me fait rire dans un souffle en regardant au ciel. Nathan et sa bonté, que le monde ne mérite pas, moi encore moins. Il me remercie, je dois sûrement rougir jusqu'à la base des racines de mes cheveux, je ne sais plus où me mettre, tellement la scène me paraît de plus en plus irréaliste. Il se pince les lèvres, comme si il s'apprêtait à dire quelque chose d'important, je me demande ce qu'il va finir par me lâcher, et il exprime vraiment la dernière chose à laquelle je m'attendais. Il accepte mes excuses. Même le psy n'avait pas pensé à cette alternative. Mes deux doigts se posent sur mes tempes, mes yeux se ferment, comme si j'avais l'impression que j'allais me réveiller pour me rendre compte que tout ça n'était que le fruit de mon imagination. Mes yeux s'ouvrent à nouveau, je m'attends à trouver l'intérieur de ma chambre, mais non, je retrouve bel et bien Nathan, il n'a pas bougé, tout ce que je viens d'entendre est bien vrai. Les mots peinent presque à sortir de ma bouche, « Je... Euh. Je m'étais pas préparé à ça, ça c'est sûr... » Encore une fois une petite voix me dit Cole, tu ne sais vraiment pas t'y prendre quand il faut intéragir avec les autres humains et tu ne devrais pas dire ça à voix haute. Je lui souris doucement, avant d'ajouter le plus bêtement du monde, « Merci. » Je ne sais pas quoi dire d'autre, j'aimerai dire tellement plus, faire tellement plus, mais là, tout de suite, je n'ai rien de mieux que ça. J'avais pensé à tellement d'alternatives différentes, j'étais prêt à repasser dans une descente plus dure que jamais à cause de son départ, j'étais prêt à le regarder partir mais il est toujours là, devant moi.
Il m'observe, un sourire s'étire sur son visage, je me demande ce à quoi il peut bien être en train de penser, sûrement au fait que j'ai une tête encore pire qu'avant. Mais c'est normal paraît-il, d'avoir encore plus une tête de drogué une fois qu'on arrête, c'est le temps que le corps s'y fasse. Au moins, ce matin en me regardant j'ai eu l'impression d'avoir une mine un peu meilleure que les jours précédents, mes cernes sont un peu moins creusées et mes yeux ont l'air un peu plus vivants. Son sourire me fait sourire à mon tour, je vois qu'il me scrute en détails, et je comprend finalement ce qu'il est en train de faire. Il essaye de s'assurer que je n'ai rien pris. Ma supposition se confirme avec ses questions suivantes. Il se mordille la lèvre, ce qui me serre le coeur en me faisant me rendre compte que cette histoire lui tient vraiment à coeur. Ses bras se croisent également, ce qui est plutôt mauvais signe, signe qu'il ne va sûrement pas me croire. Ce que je comprend d'ailleurs, à vrai dire moi aussi parfois j'ai du mal à me croire. Mais j'espère réussir à apprendre à me croire, réussir à faire changer l'image que j'ai pu avoir avant, celle du camé incapable d'arrêter, toujours en train d'essayer de trouver le meilleur mensonge pour se sortir d'affaire. Toutefois j'essaye de ne plus penser à ça, je me contente de lui répondre, en gardant le sourire aux lèvres, même si il ressemble à un sourire un peu plus contrarié qu'auparavant, simplement parce que parler de moi n'a jamais et n'est toujours pas mon fort. « Ça va. Surtout là, maintenant. » Je prends une pause, je sais que je dois en dire plus, mais je ne sais pas par où commencer. Je ne veux pas tout lui raconter, je ne me sens pas prêt à raconter ce que par quoi je suis passé pendant le sevrage, à quel point j'ai eu envie de replonger parfois, à quel point j'ai eu envie de tout arrêter, de faire tout cesser une bonne fois pour toute. A quel point j'ai pu avoir envie de l'appeler, sans jamais me l'autoriser, parce que je ne pouvais tout simplement pas. Je n'avais pas le droit de lui faire ça, je n'avais pas le droit de l'appeler dans ces moments là, je me devais de les traverser tout seul, de revenir seulement quand je serai prêt à être meilleur que ce que j'étais avant. « Je me suis sevré tout seul. J'ai commencé le lendemain de... La dernière fois où on s'est vu. » Ma façon à moi, pudique, de lui dire que c'est ce que je lui ai fait subir qui m'a dégoûté de tout, des drogues mais aussi de moi-même. La seule chose qui a été assez forte pour me convaincre de changer. Maintenant que je me rend compte, maintenant que je le vois là, devant moi, je prend l'ampleur de l'influence que cet homme a eu et a toujours sur moi sans que je parvienne à saisir vraiment pourquoi ni comment. « Et maintenant je suis suivi par une aide professionnelle. Ça fait pas longtemps et j'ai encore beaucoup à faire mais... Le sevrage est une des parties les plus difficiles. Maintenant je veux tenir. C'est tout ce qui compte. » Et c'est vrai, la seule chose pour laquelle je vis est pour faire un jour de plus sans toucher à tout ça, sans m'approcher, en restant clean. Voir Nathan est tellement une bouffée d'air frais dans ce nouvel emploi du temps, je souffle un coup, soulagé d'avoir enfin pu lui dire que j'avais arrêté correctement pour la première fois de ma vie.
Je reporte mon attention sur lui, je regarde ses jambes, je l'inspecte à mon tour de la tête aux pieds et mon sourire se fait encore plus grand alors que je lui dis, d'un ton admiratif : « Et toi alors, comment tu vas ? » Je lui montre également des yeux ses jambes, en ajoutant, « Depuis combien de temps sans les béquilles ? » Mes yeux sont fixés sur lui, je ne peux pas me détourner de lui, de ses grands yeux pleins de bienveillance, bienveillance que je ne pense pas avoir mérité mais que je reconnaissant d'avoir à ce moment précis. Et c'est en le regardant comme ça, avec intensité, clairement, clean pour la première fois, que je comprend. Je comprend que je tiens à Nathan, d'une façon particulière, qui me donne presque le vertige quand j'y pense, quand je pense à ce que je lui ai fait traversé, à ce que j'ai pu lui dire, au fait que j'aurai bien pu ne plus jamais le revoir. Alors, en effet, mon regard est fixé sur lui, comme si il allait partir à tout moment, comme si je risquais de faire une gaffe ou je ne sais quoi. Je suis presque à deux doigts de retenir mon souffle tellement j'aimerai que ce moment dure infiniment, que ses yeux et son sourire reste braqués sur moi pour toujours.
Un petit sourire étire doucement mes lèvres alors que Cole ma dit qu'il ne s'attendait aucunement au fait que j'accepte ses excuses. Ça veut dire qu'il s'en veut réellement et qu'il est vraiment sincère en parlant. Si même lui ne s'attendait à ça, c'est qu'il est au courant que ses paroles ont eu une portée bien plus énorme qu'il ne pensait. Il y a un an encore je pense que ces paroles m'auraient détruites, que si Myrddin n'avait pas été là, je n'aurais pas fait long feu. Car c'est bel et ben la présence de mon meilleur ami qui m'a sauvé. Lui et le fait que je sois allez chez eux le soir même, que j'ai pu me changer les idées en m'occupant un peu d'Arthur. Que je n'ai pas été seul, comme je l'ai été après la rupture avec Daniel. La rééducation m'a aussi permis de ne pas ressasser les pensées noires. Dans tous les cas, j'ai bien mieux réussi à encaisser les paroles de Cole que je ne le pensais.
Lorsqu'il me remercie à son tour, mon cœur manque un battement. J'ai vraiment juste envie de le prendre dans mes bras, le serrer contre moi et lui dire avec sincérité que tout ira bien. Mais je me retiens car ce serait pas judicieux, surtout pas avant que je sache s'il est allé demander de l'aide ou non. Je voix bien que cette question le met mal à l'aise, c'est normal, et je m'en voudrais presque de le mettre dans cet état. Mais j'ai besoin d'avoir le cœur net. Je ne peux tout simplement pas reprendre un réel contact avec lui si je ne sais pas s'il est capable ou non de résister à la drogue.
A sa prise de parole, c'est moi qui suis sur le cul. Il m'apprend qu'il s'est sevré lui-même, qu'il a commencé juste après la dernière fois -ainsi donc les paroles de Myrddin ont peut-être fait leur petit effet ...- que c'était dur mais que c'est passé et que maintenant il est allé demander de l'aide professionnelle «Cole je ... » commençais-je avant de sourire plus sincèrement, secouant la tête ahuris « Je ne sais pas quoi dire. Je … je ne m'y attendais pas » petit trait d'humour en utilisant ses propres paroles contre lui-même. « Franchement je … c'est super cool. Pour toi en premier lieu» j'espère aussi, sincèrement, qu'il le fasse surtout pour lui et non pour moi. «Franchement, bravo. Pour ce premier pas et pour avoir fait tout ça tout seul » je décroise finalement mes bras, me sentant un peu plus à l'aise du coup. « ça fait combien de temps, du coup ? Et c'est quoi comme aide concrètement ?» demandais-je, curieux.
Au final, Cole reprend à nouveau la parole, partant sur un tout autre sujet : moi-même. Il me demande si je vais bien mais surtout il souhaite savoir depuis combien de temps je peux me passer de béquilles. « Ah ça» dit-il en baissant le regard vers mes pieds, haussant les épaules « même pas une semaine» avouais-je en me passant une main sur la nuque «Avec Jeff on a changé de méthode et je ...ouais. Ouais ça me convient bien mieux. J'ai fait un énorme travail moi-même aussi, travail de confiance et soi et tout et final c'était bien là où résidait le problème» je relève mon regard sur Cole «un manque de confiance en moi et en ma capacité et donc la peur qui est plus handicapante qu'un fauteuil roulant » rayais-je avec humour. «Ce même fauteuil que je n'ai plus touché depuis ...la dernière fois qu'on s'est vu » reprenais-je, plus doucement avant d'hausser les épaules «Enfin voilà, je pense que, l'année prochaine, je vais vraiment pouvoir faire la randonné qui me fait de l'oeil depuis plusieurs mois déjà »
Je vois que le fait que je me sois sevré seul du jour au lendemain après lui avoir balancé tout un tas d'horreurs dans la gueule lui fait un effet certain. Il paraît étonné, et à vrai dire, exprimer mon sevrage à voix haute m'étonnerait presque moi-même. Les choses se sont enchaînées si vites, comme si j'avais eu besoin de ce coup de pieds au cul pour réagir, comme si c'était la suite logique des événements. Il essaye de me répondre, ne sait visiblement pas par où commencer. Je suis pendu à ses lèvres, avide de chaque mot qui peut sortir de sa bouche. Il retourne mes propres paroles contre moi cette fois-ci, et je ris doucement dans un souffle. Pour toi en premier lieu. En effet, j'ai fait tout ça pour moi, pour ma vie mais le fait qu'il ne m'évoque que comme un premier lieu me laisse penser qu'il est également heureux pour... Lui ? Ses bras se décroisent et un poids s'envole de mes épaules, je le sens plus détendu et un peu plus ouvert à la discussion. « 2 mois. Un peu plus. 65 jours pour être précis. » Un mélange de fierté et de honte dans un certain sens, parce que qu'est ce que 65 jours dans toute ma vie ? Pas grand chose en effet. Mais ma fierté est belle et bien là, sûrement aussi parce que ça fait presque une semaine que je n'ai pas du tout eu envie de me piquer et que ça ne m'était pas arrivé depuis mes 15 ans. Je continue de satisfaire sa curiosité, ce n'est pas forcément facile à faire, m'ouvrir n'a jamais été mon fort. Mais lui le mérite. C'est la moindre des choses que je puisse faire. Et puis c'est la seule personne avec qui j'ai vraiment envie d'en parler de toute façon. « Et sinon concrètement c'est une psy spécialisée en addictologie. Je la vois deux fois par semaine. Avant c'était trois fois mais on a réduit parce que ça avance bien. » Elle m'aide vraiment, je pense que je n'en aurai pas été capable seul. J'avais besoin de conseil et d'un exutoire, je devais me sevrer tout seul, mais tenir tout seul est tout une autre histoire. « Elle me conseille sur les choses à faire, et puis elle essaye de me faire parler même si c'est pas forcément facile. » Et ça il en savait quelque chose. C'était ce problème de communication qui m'avait fait explosé la dernière fois, tout ce qui avait été retenu si longtemps était sorti d'un coup, sous la mauvaise forme de toute évidence et surtout contre la mauvaise personne. « Mais c'est toi qui m'a aidé Nathan. Je veux dire, si je t'avais pas rencontré, je serai pas là où je suis aujourd'hui et... Je sais pas, je suis pas doué pour dire ce que je ressens mais... Mais c'est grâce à toi en fait. » Je lui souris doucement, mon regard planté dans ses yeux, ses magnifiques yeux qui me regardent et je me retiens tellement fort de ne pas presser son corps contre le mien tellement il m'a manqué. Mais je ne veux pas le brusquer, je ne veux pas lui faire du mal ni quoi que ce soit, je ne voudrai pas gâcher ce moment en faisant un truc de trop ou quelque chose dont il a n'a pas envie.
Lui aussi semble un peu gêné de parler de lui à ce moment précis. Je l'écoute parler, encore une fois impressionné par sa détermination. Il passe sa main dans sa nuque et je me retiens de ne pas fondre tellement j'aime quand il fait ce genre de petits mouvements. Je déglutis difficilement quand j'entends qu'il n'a plus touché son fauteuil depuis la dernière fois. Lui aussi, a abandonné quelque chose ce soir là. Mais je suis heureux pour lui, heureux qu'il ait réussi à atteindre ce qui était son but depuis le début. Comme quoi le travail a vraiment fini par payer. Il m'annonce que l'année prochaine il pourra peut-être même reprendre la randonnée. Cette information illumine presque mon visage, parce qu'il m'avait parlé d'à quel point c'était important pour lui. « C'est génial Nathan. Vraiment. Enfin je veux dire, tu le mérites. » Je lui souris, d'un sourire sincère, « Mais je n'ai jamais douté que tu y arriverai de toute façon. » Et c'est vrai, sa détermination sans faille lui aurait forcément permis d'arriver à son but d'une manière ou d'une autre. Penser à sa détermination me rappelle justement que, étant donné que nous sommes déjà mi-novembre, les cours ont sûrement déjà recommencé, ce qui me titille et me pousse à lui poser une question : « T'as repris tes études, au fait ? » Ma façon de lui faire comprendre que je me rappelle de son envie de devenir architecte, du courage qu'il lui a fallu pour quitter son job. Ma façon de lui dire que même quand je n'étais pas dans le meilleur des états, il était quand même dans mon esprit, que je me souviens de chaque petite parcelle de lui qu'il a partagé avec moi.
Deux mois, donc, que Cole est allé quérir de l'aide. Deux mois qu'il tient et qu'il n'a pas encore faiblit malgré la dureté de la chose. Et rien que moi ça je devrais être heureux pour lui. Et c'est bel et bien le cas. Il le mérite, Cole, de pouvoir s'en sortir. Que ce soit pour seulement lui ou pour quelqu'un d'autre en plus, je ne peux que l'encourager de continuer sur cette voie. Évidemment, je suis quelque part, de façon totalement égoïste, content pour moi aussi car au moins je vais pouvoir continuer à le voir sans crainte. M'intéressant d'un peu plus près à son cas, j'apprends qu'il est suivit par une psychologue spécialisé dans l'addictologie qui essaie de le faire parler ce qui, toutefois, n'est pas vraiment pas simple. Je grimace doucement et hoche la tête, ne pouvant que trop bien le comprendre. « Je ne te comprends que trop bien. Mais faut te forcer à parler, même si ça te semble déplacé et que t'en ressens pas vraiment le besoin, au fond de toi, tu sais que t'as besoin de te confier à quelqu'un qui restera objectif sur toute la ligne» j'hausse doucement les épaules « je veux dire ...je sais ce que c'est, j'ai aussi longtemps été dans ce cas devant une psychologue, mais dès lors que t'as eu le petit déclic, ça va tout de suite mieux» lui assurais-je, totalement persuadé que ce que je lui dis là est la pure vérité.
La suite, elle, est très franchement étonnante. Il me met au même niveau que la psychologue ou d'autre professionnel et me dit que c'est grâce à moi qu'il est là où il est maintenant. Genre, s'il ne m'avait pas rencontré il serait sans doute encore ce camé qui se pique jusqu'à mourir d'une over dose. J'écarquille légèrement les yeux puis rougit avec un petit sourire « Dit pas de conneries Cole» dit-je doucement « Je veux dire ...ce n'est pas parce que tu m'as rencontrer moi que tu as voulu changé, non ?» je l'interroge du regarde «Enfin je sais pas ...je ...ne sais pas comment le dire en fait » je rigole doucement, nerveusement, en me passant une main dans les cheveux « Mais enfin peu importe ...si je suis vraiment à l'origine de ta décision de reprendre ta vie en main alors tu n'imagines même pas à quel point je suis ravi» je lui souris doucement et hausse les épaules.
La suite de la discussion s'oriente vers moi et, encore une fois, Cole me met un peu mal à l'aise en me noyant sous les compliments. Il dit que c'est génial, que je le mérite et qu'il n'a jamais douté du fait que j'y arriverais. «Figure toi que moi j'ai régulièrement douté de moi » rayais-je. Ma non confiance en moi est légendaire, donc normal que je doutais régulièrement de moi-même. Mais peu importe. J'hausse doucement les épaules lorsqu'il parle du fait que je comptais reprendre les études «Je comptais, ouais. Mais avec la rééducation et d'autre petit souci à côtés, j'm'y suis prit un peu trop tard, du coup je ne commence qu'à la prochaine rentrée. Jusque là je comptes me trouver un petit job histoire de pouvoir continuer à payer mon loyer et à manger » car ouais, mine de rien, entre les assurances qui commencent à refuser les séances de rééducation aussi poussée qu'avant sous prétexte que 'ça va mieux', le propriétaire qui à subitement augmenté le loyer et pleins d'autres conneries de ce genre, les fins de mois commencent à devenir un peu serrées si je ne trouves pas de travail assez rapidement.
Il s'intéresse, sincèrement, et chaque parole qui passe ses lèvres est emplie de tous les bons sentiments qui emplissent son être. Je lui parle, limite en me confiant, surtout quand la discussion en vient à toucher le point sensible du moment : les rendez vous chez le psy. Quand j'évoque mes soucis pour parler, il semble comprendre, mais vraiment comprendre, pas comprendre faussement comme peuvent essayer de le faire certaines personnes. Il se met à mon niveau, s'imagine à ma place, et comme il le dit si bien, il ne l'a de toute façon que trop vécu. Je sens qu'il me dit la vérité, ou en tout cas la réalité comme lui la perçoit. Il me parle de déclic, et pour l'instant ça me paraît assez flou. Je suppose que c'est toujours comme ça au début, de toute façon. Tant que je n'ai pas eu ce fameux déclic, je ne pourrai pas vraiment me représenter ce à quoi il est censé représenter. Pendant l'espace d'une fraction d'instant, je me demande si j'arriverai à avoir ce déclic. Et puis je me rappelle que de toute façon, c'est indépendant de ma volonté, alors autant faire ce que je peux et on verra après. Je me veux rassurant auprès de Nathan, après tout, je n'ai pas forcément envie de lui présenter la chose comme si tout était noir, car ce n'est pas le cas. « J'espère qu'il arrivera bientôt ce déclic en tout cas. » Je laisse une petite pause, avant d'ajouter, « De toute façon, même sans parler, y aller me fait déjà du bien, donc je prend et je verrai bien comment ça évolue. » Je lui souris doucement, plantant mes yeux dans les siens.
Ce que je lui avoue par la suite semble l'étonner, et à vrai dire ça m'étonne presque moi-même. Déjà que je ne me reconnais pas forcément beaucoup en ce moment, ce genre de paroles me propulse encore plus loin de ce que à je suis habitue venant de moi-même. Et puis d'un autre côté je me rappelle que je suis en train de parler avec Nathan, et que je lui ai toujours parlé un petit peu de cette façon, à cœur ouvert sans vraiment réfléchir ou penser à garder quelque chose uniquement pour moi. Tandis qu'il me répond je sens que le rouge me monte aux joues, sûrement un soupçon de honte dans un certain sens de ce que je viens de dire. Je l'écoute, je le vois passer à travers différentes émotions alors qu'il essaye de trouver les mots pour exprimer son idée. Je comprend ce qu'il veut dire, alors je me contente simplement de le laisser finir de parler. Je le regarde passer la main dans ses cheveux, son petit tic habituel, comme si il était presque gêné de la situation lui aussi. Je ne peux que trop comprendre qu'il soit gêné d'ailleurs, et je lui souris doucement, tout en essayant de lui répondre un peu comme je peux, « Je sais pas si je dirai à l'origine mais euh... Plutôt un des déclics, on va dire. » Je rigole doucement en réutilisant son expression; histoire de détendre un peu l'atmosphère.
Je sens qu'il n'est pas à l'aise quand je lui parle de lui, quand je lui fais des compliments. Je me sens presque instantanément coupable d'en avoir peut-être fait un peu trop, d'avoir peut-être trop parlé, ou trop vite. Un autre des effets du manque sûrement, le fait de ne plus vraiment savoir quand s'arrêter ou quand on en fait trop. Sa petite raillerie me donne envie de le contredire, de dire quelque chose, mais je me retiens et me contente de secouer doucement la tête. Le fait qu'il n'ai pas pu reprendre ses études cette année me peine pour lui, je passe ma main derrière ma nuque tout en le regardant avant de lui répondre sincèrement, « Ça craint ça... » Et puis je me dis qu'il doit déjà le savoir ça, que ça craint. Alors j'essaye de relativiser un petit peu, même si il n'y a pas grand chose que je puisse dire dans cette situation, « Mais bon faut juste se dire que ça te laisse encore un an pour te préparer... » Ma phrase sonne presque comme une question parce que je ne sais pas vraiment si ce que je suis en train de dire est vraiment très intelligent alors, assez machinalement, mes mains retournent se plaquer au fond de mes poches et mes yeux se reportent sur le bout de mes chaussures. J'hésite à ajouter quelque chose, et puis je finis par ouvrir la bouche, toujours le regard un peu fixé vers le bas, « En tout cas, si un jour t'as besoin de quoi que ce soit... Enfin hésite pas quoi. » Je me mords presque la joue instantanément en parlant, me rendant compte que j'ai sûrement encore parlé sans réfléchir avant.
Oui, le déclic met souvent beaucoup de temps à venir. Je l'ai moi-même vécu dans bien des situations. Ma première confrontation avec un psychologue s'est faite quand j'étais à l'hôpital, que je m'étais réveillé du coma et que je venais d'apprendre que je ne pourrais plus jamais marcher. J'étais tellement en colère contre le monde, contre moi-même, ma mère, le médecin et même mon frère sans comprendre pourquoi. Et évidement, Mr. Johnson, le psychologue, s'en est prit plein la tronche aussi avant de me retrouver, murer dans un silence sans nom. Voilà nos premières session : le silence, le plus complet. Le déclic duquel je parles à Cole n'est venu qu'une fois ma rééducation bien avancé et avant mon retour à la maison. J'ai craqué en pleine séance et cette séance a duré presque deux heures, alors qu'en général en 20 minutes c'était réglé. Depuis, je sais que ce suivi psychologique est nécessaire pour me maintenir à flot et j'ai de moins en moins de mal à faire confiance aux psy. Surtout Mme Jackman, qui me suit ici, à Brisbane, depuis mon arrivée.
Cole me confie tout de même que, malgré tout, aller aux séances lui fait déjà du bien. Ce qui est une très bonne chose. Je ne perds pas mon sourire et soutient sans problème son regard lorsqu'il plonge ses iris bleutées dans les miens. Ce regard est tellement doux et déborde de sincérité que je suis un instant déboussolé. Mais je me rattrape rapidement et m'accroche aux paroles qu'il prononce alors que mon cœur s'affole un peu plus à chaque mot. C'est grâce à moi qu'il en est là. Grâce a moi qu'il a décidé de reprendre sa vie en main. Je ne le crois qu'à moitié mais ça me fait tellement plaisir. Je suis sûr que Cole ne mesure pas l'étendu de l'impact qu'ont ces paroles sur moi. Dans le bon sen du terme, évidement. Je ne suis peut-être à l'origine, mais au moins je suis un de ces déclics.
« C'est déjà une bonne chose» rigolais-je doucement en enfonçant mes mains dans mes poches «Dans tous les cas, je suis content et ...presque fier de toi, que tu ais prit cette décision et que tu arrives à le maintenir surtout » je lui offre un sourire des plus sincère et hausse les épaules alors que je lui explique un peu les changements qui ont gérer ma vie ces derniers temps. J'ai sa compassion lorsque je lui avoue que je n'ai pas eu le temps de voir pour la rentrée mais que je recommencerais donc mes études à la rentrée prochaine. Je ne donne pas suite à ses paroles, mais rougit assez vivement lorsqu'il me dit que je ne devrais pas hésiter si un jour j'ai besoin de lui. Mon regard rejoint celui de mon ami -à savoir : le sol- et mes mains restent bien enfouie dans mes poches. Deux statues, immobiles au milieu du chemin. Ça doit sembler bizarre aux passants. «Je ...j'y penserais » dis-je finalement en relevant mon regard après avoir pris mon courage à deux mains. Je lance ensuite un coup d’œil sur le côté, en arrière puis sur ma montre et déglutis «Je ...vais devoir te laisser. J'ai Myrddin qui m'attend chez lui pour m'occuper de son fils» je me passe une main dans les cheveux puis sur la nuque « ce ...ça te dit qu'on aille se boire un verre un de ces jours ? Ou qu'on se fasse un cinéma, peut-être … ?» demandais-je, peux assurer
Ses paroles sont douces, si douces que j'en viens même à me demander ce qui m'a fait attendre si longtemps avant d'enfin prendre mon courage à deux mains et lui envoyer ce foutu message. Tous ces mots, mais plus encore sa simple présence font que mon esprit peine presque à croire en cette scène irréelle. Presque surnaturelle, improbable pour la plupart, comme si de toutes les parties de cerveau qui meublaient ma boîte crânienne, aucune ne s'était imaginé que les choses tourneraient ainsi. Qu'un jour la came pourrait être loin de mes veines pendant si longtemps. Et une part de mon esprit avait si peur. Peur que cette rencontre se passe tellement mal que tenir ma sobriété se vide de sens d'un seul coup. Que ce soit la goutte de trop, la personne déçue de trop, la faute irrattrapable. La faute qui vient avec sa propre punition sans avoir besoin qu'on lui en donne une. Celle qui pouvait vous tenir éveillé toutes les nuits à se retourner en sueur, les yeux exorbités, le cœur au bord des lèvres. Comme si tout tenait à ça, à cette conversation. C'est con dans un certain sens, parce qu'une partie de moi sait aussi que toute cette histoire n'est pas l'unique raison pour laquelle ma vie a changé. Mais on va dire que dans un certain sens, c'est un peu comme la raison. L'ultime, celle qui a du poids, qui fait pencher la balance un peu plus, le coup fatal à cette éventualité de couper la came qui courait dans ma tête depuis le premier jour où l'aiguille avait touché mon bras. Maintenir. Je souris doucement, sans répondre, parce que je ne veux pas promettre ou même espérer. Je ne veux presque même pas y penser. Me contentant de faire un jour à la fois, une minute à la fois, chaque seconde étant presque une petite victoire sur le passé. Sachant pertinemment que tenir serait le plus dur de tout le processus. Mais pour le moment je lui souris. Parce que sur le moment, là, tout va bien. Pour la première fois l'expression tout va pour le mieux semble presque prendre un sens dans mon esprit.
Et voilà que déjà il doit partir. L'instant m'a semblé passer en un clin d’œil, un coup de vent, le temps d'un battement de cil et hop. Envolé. Mon coeur se serre et se réchauffe presque instantanément quand je me rend compte qu'il essaye de me faire comprendre qu'il veut bien que l'on se revoit. Mon sourire s'agrandit, laissant apparaître mes dents doucement, tellement je suis surpris qu'il soit à l'initiative de cette proposition. Peut-être parce que je me disais que tout cela irait peut-être un peu trop vite, je ne sais pas ? Le rouge me monte un peu aux joues, tandis que je finis par articuler, « Oui, oui, bien sûr, ce serait avec plaisir. » Je lui souris une dernière fois, ajoutant avant qu'il s'en aille, « On se fait ça bientôt. ». Soulagé, léger, je souffle un grand coup en le voyant s'éloigner.