| | | (#)Lun 6 Nov 2017 - 10:41 | |
| Owen venait de recevoir un jeune couple qui était décidé à se marier. Il allait bientôt célébrer son premier mariage et unir pour la première fois deux êtres qui, d’après ce qu’il a vu, semblent s’aimer d’un amour sincère et profond. L’un d’entre eux n’était pas baptisé, l’homme. Issue d’une famille non pratiquante, il n’avait pas été bercé par des chants religieux, il n’allait pas avec ses copains au catéchisme en sortant de l’école. Il ne connaissait que vaguement la vie de Jésus et ce qui composent les deux livres sacrés. Deux possibilités s’offraient donc à lui : se baptiser ou demander une dérogation pour mariage avec disparité de culte. Owen avait bien expliqué les différentes marches à suivre selon les deux cas de figures. Il n’était pas de ces prêtres qui exigeaient que les deux personnes soient catholiques pour accepter de les marier. Lui-même ayant une famille athé, il ne peut que comprendre le positionnement de cet autre jeune homme. Le choix d’un mariage religieux lui convient déjà très bien. Ils se faisaient de plus en plus rare et Owen trouvait cela bien dommage mais il ne jetait la pierre à personne. S’il n’avait pas perdu son père, il doute fortement qu’il se serait tourné vers la religion un jour. Et bien sûr, il ne souhaite de malheur à personne pour devoir en arriver là. La date du mariage était fixée, dans deux mois, Owen fera sa première union. Et pour l’occasion, il faut dire qu’il était assez touché, émotionnel.
Avant de quitter son bureau, en annexe de son Eglise pour aller rendre visite à sa mère, Owen avait quelques lettres à lire. Certaines étaient délicates et remplie de bonnes intentions pour son arrivée mais d’autre l’étaient beaucoup moins. Ce n’était pas la majorité, mais il en avait lu deux qui l’avaient un peu retourné. Il sait bien que l’ancien prêtre manque à beaucoup de fidèle mais il faut bien quelqu’un pour le remplacer. Les manières de faire d’Owen sont surement bien différentes, moins conventionnelles. Il aime les cérémonies animées, où chacun à sa place et peut prendre la parole. Il aime les interactions, utiliser les exemples de la vie courante pour illustrer les passages de la bible qu’il lit et partage. Mais tout le monde ne semble pas être de cet avis. Certains sont plutôt conservateurs et n’ont qu’une envie : qu’il s’en aille. Dommage pour eux, il ne semble pas décidé à laisser sa place de sitôt. Une fois ces lettres lus, il prendra le temps d’y répondre, mais plus tard. Là il devait y aller. Alors qu’il récupéra ses affaires, il entendit frapper à la porte. Il jeta un œil à l’horloge et réfléchis un instant. Ne sachant qui était derrière, il ne pouvait pas ne pas répondre. Il alla ouvrir la porte et quelle surprise en voyant Maitre Grimes. « Vous avez besoin de vous confesser, c’est ça ? » il se doutait bien que ce n’était pas le cas. Et maintenant il regrettait d'avoir ouvert cette porte. |
| | | | (#)Jeu 9 Nov 2017 - 20:18 | |
| Ce procès commençait réellement à t’énerver. Ton client était venu te voir quand sa femme avait quitté le domicile familial avec ses deux filles après avoir surpris son mari dans une position compromettante avec une autre femme. Tu étais bien consciente que ton client n’avait pas le beau rôle dans cette affaire et lui aussi en était conscient. Voilà pourquoi il demandait à avoir ses filles un week-end sur deux en garantissant l’absence de présente féminine et demandait des droits de visite pour le reste du temps à négocier avec sa femme, ou bientôt ex-femme. Le divorce était décidé depuis plusieurs semaines, le partage n’avait causé aucun problème. C’était la garde des deux filles qui était en train de transformer cette affaire en cauchemar. Et le pire dans l’histoire était que les parents avaient réussi à amener la religion dans le procès en faisant intervenir un prêtre comme témoin. Il n’y avait rien de mieux pour te faire sortir de tes gongs. Tu ne l’avais pas vu venir celle-là et s’il y avait une chose que tu détestais c’était comment les jury se faisaient un plaisir de boire les paroles des religieux comme si c’était la vérité venue du ciel. Quelle connerie … Ta mère avait ramené beaucoup de choses de l’Italie mais elle n’avait jamais amené la religion avec elle malgré la croyance forte de ses parents. Tu avais été élevée dans l’athéisme et tu ne comprenais pas ce culte voué à un Dieu dont personne ne peut démontrer l’existence. Mais encore, tu pouvais comprendre que es gens aient besoin de croire en quelque chose. C’était les hommes qui représentaient ces divinités qui te dérangeaient. Oui, ton client avait des tendances BDSM au lit, cachait une bisexualité refoulée mais cela n’impactait nullement sa capacité à prendre soin de ses enfants !
Suite au témoignage du prête, tu n’avais pas eu besoin de faire grand chose pour trouver son adresse. Enfin, celle de son église. Une église catholique dans le quartier de Redcliffe. En général tu ne faisais jamais attention à ce genre de monuments donc tu ne l’avais jamais remarquée auparavant. Tu garais ta voiture sur le parking réservé aux visiteurs et c’est du haut de tes talons hauts et lunettes de soleil sur le bout du nez que tu pénétrais dans l’église. Il n’y avait pas grand monde en pleine journée mais tu trouvais quelqu’un qui t’indiqua le bureau du prêtre où se dernier semblait se trouver. C’est en quelques minutes que tu arrivais devant la porte en question et tu frappais quelques coups à la porte. Tu rangeais tes lunettes de soleil dans ton sac, c’était beaucoup trop sombre pour ça par ici. Le prêtre en question ne tarda pas à t’ouvrir. Baxton, Owen de son prénom d’après ce que tu avais compris. « Vous avez besoin de vous confesser, c’est ça ? » Te confesser ? Il y avait des gens qui faisaient encore une chose pareille ? Non, tu n’avais nullement envie de te confesser et quand tes yeux croisèrent ceux de l’homme en face de toi, tu compris qu’il le savait très bien. « Pas vraiment. J’aimerais vous parler. » Dis-tu avant de rentrer dans le bureau faisant claquer tes talons sur le parquet. Tu savais être exécrable de temps en temps. « Je voulais savoir ce que vous cherchiez à gagner ou à montrer au juste en témoignant dans ce procès. » Oui parce que cela n’avait aucun sens pour toi. Et tu détestais ça. « Mon client n’est pas blanc comme neige mais le priver de voir ses enfants de manière complète semble aller un peu loin vous ne trouvez pas ? » Non, il ne devait pas trouver. Tu allais certainement avoir droit à une prêche mais tu étais venue poser les questions, tu devais assumer maintenant.
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| | | | (#)Mer 22 Nov 2017 - 14:29 | |
| S’il y a bien une personne qu’Owen n’attendait pas dans cette église, c’était bien l’avocat Grimes. Et même s’il se permis de lui demander si elle venait se confesser, il se doutait bien que sa réponse n’était pas positive. Seulement, il ne comprenait pas ce qu’elle gagnerait à venir le trouver ici. Ne pouvait-elle pas le convoquer, ou l’inviter à son bureau, si elle avait besoin de discuter ? « Je voulais savoir ce que vous cherchiez à gagner ou à montrer au juste en témoignant dans ce procès. » Owen ne comprenait pas vraiment le sens de cette question. Il se demandait si c’était vraiment légal de la part d’un avocat de venir poser ce genre de question à des témoins qui ne sont pas du côté de son client. « Il me semblait que la profession d’avocat était encadrée par un code déontologique… j’ai dû me tromper. » ll n’allait pas pour autant la pousser à s’en aller, ni lui fermer la porte au nez. Lui avait une éthique et des valeurs et elles se résumaient aussi à ne pas jeter à la rue ceux qui venaient vers lui, quelle qu’en soit la raison. « Mon client n’est pas blanc comme neige mais le priver de voir ses enfants de manière complète semble aller un peu loin vous ne trouvez pas ? » Owen n’avait pas eu vent de cette sanction. Pour lui, il n’avait comparu à la barre juste pour établir des faits dont il avait été témoin dans le cadre d’un divorce. Il est vrai qu’il n’avait pas pensé aux conséquences quant aux enfants de la victime. « On va réellement parler de ça entre deux portes ? » le prêtre étant certain que le sujet pouvait être très intéressant mais que cela ne regardait personne, surtout pas les passants qui pouvaient se montrer plutôt curieux. « Entrez… » Il laisse l’avocate faire un pas en avant pour pouvoir fermer la porte derrière elle. « J’ai témoigné contre monsieur car, selon moi, frapper sa femme, ou quel qu’être vivant, n’est surement pas humain. Et si la religion ne peut rien faire contre ça, c’est à la justice de rendre des comptes. Et votre client, n’est en effet pas blanc comme neige. Mon silence n’aurait été que complicité. Quant aux enfants, peut-être serait-il plus raisonnable de les éloigner de leur père, le temps qu’il se repentisse, qu’il se soigne. J’ignore ce qui le pousse à être violent ainsi, mais comment vous sentiriez vous s’il exerçait cette violence sur ses propres enfants ? Quelle est votre position, maitre Grimes ? » |
| | | | (#)Sam 25 Nov 2017 - 10:22 | |
| C’était plus fort que toi. Il avait fallu que tu ailles rencontrer ce prêtre aux prétendues bonnes intentions. Il avait témoigné et ne serait pas rappelé à la barre, tu pouvais aller le voir sans que cela change grand chose, simplement pour comprendre sa position, pourquoi il avait fallu qu’il témoigne alors que tu étais sur le point de décrocher un week-end chez papa de temps en temps de manière régulière. Tu n’étais pas complètement inconsciente contrairement à ce que beaucoup pensaient. Oui, ton client n’avait pas le beau rôle dans ce divorce mais il aimait ses enfants et il s’en était toujours occupé dignement donc l’en priver de manière totale et complète en lui donnant des droits de visite orchestrés par la mère qui voulait se venger ne te semblait pas la bonne solution. Un week-end toutes les deux semaines ou par mois ce n’était pas le bout du monde n’est-ce pas ? Mais non, il avait fallu que la bonne femme aille chercher le soutient de son curé … Enfin, tu n’aimes pas la religion c’est un fait mais ce n’est pas le problème ici. « Il me semblait que la profession d’avocat était encadrée par un code déontologique… j’ai dû me tromper. » Tu ne peux t’empêcher de lever les yeux au ciel. Bien sûr que tu le connais le code de déontologie. Tu es la première à le respecter mais le sort de ton client et de ses enfants est presque décidé désormais. Une dernière audience pour essayer de rattraper le coup et leur sort sera entre les mains d’un juge. « Il y en a un. Votre témoignage a été enregistré, vous ne serez pas rappelé à la barre. Je ne suis pas venue pour vous demander de revoir votre témoignage ou quoi que ce soit dans ce genre. » Non, ce qui est fait est fait et il serait bien trop simple de te coincer et de te faire perdre toute crédibilité si le prêtre revenait sur son témoignage chose qu’il ne fera certainement pas car le Seigneur se doit de dire la vérité non ? Enfin, il allait certainement falloir que tu laisses tomber le sarcasme. « On va réellement parler de ça entre deux portes ? Entrez… » Il a certainement raison, cette conversation n’intéresse pas les personnes qui peuvent traîner dans une église à une telle heure. Tu rentres donc dans la pièce en question et tu t’installes sur une chaise présente dans la pièce. Avant que tu ne puisses rouvrir la bouche, le prêtre prit la parole. « J’ai témoigné contre monsieur car, selon moi, frapper sa femme, ou quel qu’être vivant, n’est surement pas humain. Et si la religion ne peut rien faire contre ça, c’est à la justice de rendre des comptes. Et votre client, n’est en effet pas blanc comme neige. Mon silence n’aurait été que complicité. Quant aux enfants, peut-être serait-il plus raisonnable de les éloigner de leur père, le temps qu’il se repentisse, qu’il se soigne. J’ignore ce qui le pousse à être violent ainsi, mais comment vous sentiriez vous s’il exerçait cette violence sur ses propres enfants ? Quelle est votre position, maitre Grimes ? » Tu lèves un sourcil face à ce beau discours. Tu as terriblement envie de lever les yeux au ciel. Ah la confession … Ton client n’a jamais frappé ses enfants, il se fait suivre par un psychologue depuis plus de six mois pour faire amende honorable mais il n’est pas l’homme violent que sa femme aimerait décrire ça tu en es certaine. Tu as passé son entourage au peigne fin, son psychiatre, ses collègues. Non, sa femme veut lui faire payer autre chose et elle va gagner. « Et vous, comment pouvez-vous être sûr qu’il frappe sa femme et ses enfants comme vous semblez si bien le savoir ? » C’était une parole comme une autre, comme toujours. Tu ne peux t’empêcher de repenser aux fois où ton père a levé la main sur toi. Chaque échec jusqu’à tes dix-huit ans avait été accompagné d’un coup plus ou moins brutal dépendant l’affront fait à l’égo de ton père. Mieux valait toi que tes frères et sœurs, tu y avais veillé. « Ecoutez, mon client se fait suivre par un psychologue, il est conscient de ne pas être parfait. Mais conditionner sa capacité à voir ses enfants au bon vouloir d’une mère qui veut se venger c’est lui assurer de ne plus les voir pendant plusieurs années. Nous sommes réalistes, il n’a jamais été question de garde alternée ou quoi que ce soit dans ce genre. Mais un week-end par mois c’était envisageable. » Dis-tu sincèrement car quand on part perdant, il faut savoir demander le minimum pour espérer l’avoir. Demandez-en trop vous n’aurez rien. « Et pour répondre à votre question, je ne cautionne pas la violence. J’en ai moi-même été victime je ne le souhaite à personne. » Dis-tu de manière directe et simple.
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| | | | (#)Lun 11 Déc 2017 - 13:25 | |
| Owen avait du mal à identifier les raisons qui poussaient Grimes à se déplacer jusqu’à lui si ce n’était pour revenir sur son témoignage. Lorsqu’elle lui expliqua qu’elle n’était pas là pour ça, il était dubitatif. Mais il allait lui laisser la chance de s’exprimer afin que la situation soit plus claire. Alors qu’il la laisse entrer pour s’installer dans cette petite salle d’accueil – salle qui servait aussi de bureau, de lieux de rendez-vous, de réunion… - « Et vous, comment pouvez-vous être sûr qu’il frappe sa femme et ses enfants comme vous semblez si bien le savoir ? » Owen ne se serait jamais permis d’avancer de tels propos s’il n’avait pas été un témoin oculaire. Il l’avait d’ailleurs fait comprendre et dit clairement que ce soit à la barre. « N’étiez vous pas présente lors du dernier procès ? J’en ai été témoin, de mes propres yeux. Non contre ses enfants, mais contre sa femme, ex-femme. Dieu la bénisse. » Si l’Eglise condamnait le divorce, dans ces cas-là, il n’y avait aucune autre solution possible et ainsi soit-il. Owen lui n’avait pas une position si ferme face au divorce. L’amour de deux êtres est surement la chose la plus belle qui soit mais une fois que cet amour se dissipe, il peut être très ravageur, rien ne sert de tenir bon quand le bateau coule depuis longtemps. « Elle n’habite pas loin d’ici… et il ne se cache même pas du public. Fenêtres et rideaux ouverts. Si personne n’a semblé bon d’intervenir, la seule solution qui m’est passé à la tête est de sonner chez eux comme si de rien était. » Il ignorait l’effet que ça avait fait ensuite, mais au moins, son client s’était calmé sur le coup. « Je le répète, quant aux enfants, je n’en sais rien… mais cet environnement est loin d’être sain pour eux, quoi qu’il en soit. » « Ecoutez, mon client se fait suivre par un psychologue, il est conscient de ne pas être parfait. Mais conditionner sa capacité à voir ses enfants au bon vouloir d’une mère qui veut se venger c’est lui assurer de ne plus les voir pendant plusieurs années. Nous sommes réalistes, il n’a jamais été question de garde alternée ou quoi que ce soit dans ce genre. Mais un week-end par mois c’était envisageable. » Owen trouve la situation bien complexe et trouve difficilement un positionnement sans pouvoir prendre parti. « J’avoue n’être peut-être pas très objectif même si j’aimerai l’être. C’est une très bonne chose pour le psychologue et je lui souhaite de pouvoir s’en sortir. Mais peut être serait-il mieux d’attendre une expertise qui témoigne en sa faveur, de réels résultats, visible, sur le long terme. Il pourra voir ses enfants ensuite… il me semble aussi qu’il existe des lieux pour permettre à des parents qui n’ont pas de droit de garde de pouvoir avoir des droits de visites tout de même… des lieux surs. » et non enfermés entre quatre murs, à l’abris des regards. « Et pour répondre à votre question, je ne cautionne pas la violence. J’en ai moi-même été victime je ne le souhaite à personne. » Owen en était tout autant désolé pour elle. « mes excuses… » mais il avait du mal à comprendre un tel positionnement de sa part alors. |
| | | | (#)Dim 17 Déc 2017 - 16:37 | |
| Ce genre de procès, ce n’était jamais simple, particulièrement quand on se trouvait dans ta position. Pourquoi ? Parce que toute personne saine d’esprit se ralliera par pure bonté d’esprit avec la personne qui s’est faite violenter. C’est comme ça, c’est la vie, une tradition vieille comme le monde. Et c’est normal. Cette femme a besoin de sortir de cette vie remplie de violence, a besoin d’espace et c’est normal, tu n’as jamais remis en cause ce divorce. Toutefois, tu n’es pas certaine que priver ton client de ses enfants soit la meilleure manière de faire non plus. Il est irréprochable sur ce volet là et tu le sais, tout le monde le sait parce que ton adversaire n’a pas réussi à trouver un témoin pouvant témoigner de cela. « N’étiez vous pas présente lors du dernier procès ? J’en ai été témoin, de mes propres yeux. Non contre ses enfants, mais contre sa femme, ex-femme. Dieu la bénisse. » Tu ne peux t’empêcher de lever les yeux au ciel, c’est plus fort que toi. Sérieusement ? Que Dieu la bénisse ? Non, ce n’est juste pas possible pour toi. Surtout que ce n’est pas Dieu qui la fait divorcer vu qu’il ait contre ce principe mais bien la loi d’Australie. « Elle n’habite pas loin d’ici… et il ne se cache même pas du public. Fenêtres et rideaux ouverts. Si personne n’a semblé bon d’intervenir, la seule solution qui m’est passé à la tête est de sonner chez eux comme si de rien était. Je le répète, quant aux enfants, je n’en sais rien… mais cet environnement est loin d’être sain pour eux, quoi qu’il en soit. » Si, tu avais été là et tu avais bien entendu son témoignage qui était le même que celui qu’il venait de te donner ici. Certes ton client n’était pas l’innocent qu’il devrait être mais comme venait de le dire le prêtre devant toi, il n’avait pas de preuves qu’il frappait ses enfants. « Je n’ai jamais dit que c’était un bon environnement. Le divorce est une bonne chose pour les deux partis. Mais priver mon client de ses enfants de manière totale n’est pas la solution non plus. » Tu pouvais comprendre pourquoi son ex-femme se battait pour la garde complète et totale, bien entendu que tu pouvais comprendre. Mais tu avais aussi eu droit à la version de ton client, tu avais passé des heures à l’écouter te parler de ses enfants et tu avais vu son effondrement quand ton adversaire avait demandé la garde complète et définitive. Parce que tout le monde sait que les droits de visite laissés au bon vouloir du gardien des enfants c’est comme leur dire au revoir. « J’avoue n’être peut-être pas très objectif même si j’aimerai l’être. C’est une très bonne chose pour le psychologue et je lui souhaite de pouvoir s’en sortir. Mais peut être serait-il mieux d’attendre une expertise qui témoigne en sa faveur, de réels résultats, visible, sur le long terme. Il pourra voir ses enfants ensuite… il me semble aussi qu’il existe des lieux pour permettre à des parents qui n’ont pas de droit de garde de pouvoir avoir des droits de visites tout de même… des lieux surs. » Parce qu’il croyait que son témoignage allait pouvoir te permettre de décrocher des droits de visite même en public ? Non, certainement pas. Et quelque chose te disait que la mère irait jusqu’au bout de la démarche car quitte à tout quitter, autant tout quitter pour l’autre bout du monde non ? C’était ça que tu essayais de prévenir en empêchant cette garde car il n’y aura pas moyen de revenir en arrière. Dans quelques années, les enfants seront assez grands pour parler, ils auront grandi sans leur père et à quoi bon ? Ils auront certainement un père de substitution d’ici-là. Quand tu avouas avoir été victime de violence, tu vis l’incompréhension dans le regard de ton interlocuteur. « mes excuses… » Tu n’as pas été frappée régulièrement ou tabassée mais il arrivait à ton père d’avoir la main leste, trop des fois pour une mauvaise note, une mauvaise performante, un échec quelconque. Car c’était la règle chez les Grimes, on n’échoue pas. « Mon père n’a jamais accepté l’échec. C’est une leçon qu’il tenait à m’inculquer à sa manière, seule fille de la fratrie. C’est quelque chose que j’ai appris plus tard, le droit à l’échec. Ma mère a toujours été bien trop aveugle et amoureuse, son plus gros défaut. Mais est-ce que j’aurais aimé ne plus voir mon père du tout ? Non, je ne pense pas. Parce que ce sont les bons moments qui restent finalement, le reste s’oublie. » Tu n’avais jamais tenu rigueur à ton père de ce traitement d’abord parce que tu avais trouvé cela normal. Il t’avait fallu du temps pour comprendre que cela ne l’était pas et même après cela, à quoi bon ? « Je peux voir que vous avez toutes les bonnes intentions du monde. Mais si votre paroissienne gagne la garde complète des enfants et décide de partir vivre à l’autre bout du monde et de demander une ordonnance de non-communication avec interdiction de l’approcher et c’est terminé. Moi je ne peux plus rien faire et lui non plus. » Dis-tu en haussant les épaules. Ce n’était pas pour apitoyer le prêtre qui devait trouver cela normal et juste peut-être. Mais c’était la vérité.
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| | | | (#)Dim 24 Déc 2017 - 14:47 | |
| « Mon père n’a jamais accepté l’échec. C’est une leçon qu’il tenait à m’inculquer à sa manière, seule fille de la fratrie. C’est quelque chose que j’ai appris plus tard, le droit à l’échec. Ma mère a toujours été bien trop aveugle et amoureuse, son plus gros défaut. Mais est-ce que j’aurais aimé ne plus voir mon père du tout ? Non, je ne pense pas. Parce que ce sont les bons moments qui restent finalement, le reste s’oublie. » Si le but de l’avocate était de faire en sorte qu’Owen culpabilise d’avoir témoigner, elle pourrait presque y arriver… Il avait du mal à vraiment saisir le but de sa venue ici. Faire en sorte qu’il revienne sur sa déposition, c’était trop tard pour ça, mais faire en sorte qu’il s’en morde les doigts, là, c’était encore jouable. « J’ai du mal à saisir pourquoi vous venez me dire tout ça maintenant… » après tout, maintenant que toutes les cartes étaient sur table, il ne pouvait plus rien faire, la marche arrière n’était pas faisable. « Je comprends tout à fait votre position… et je suis vraiment navré d’apprendre tout ceci à propos de votre enfance… et en même temps, vous avez fait preuve de résilience, c’est tout à fait notable et remarquable pour vous. Mais peut être que ce n’est pas le cas de tout le monde… certaines personnes sont plus fragiles que d’autres. Vous vous en êtes sortie, vous êtes devenue une grande avocate, une belle carrière est encore devant vous. Vous me semblez être une femme forte, mais, malheureusement, d’autres le sont bien moins que vous. Il n’y a aucun risque à prendre. » Owen tentait tant bien que mal de se justifier, comme il le pouvait. « Je peux voir que vous avez toutes les bonnes intentions du monde. Mais si votre paroissienne gagne la garde complète des enfants et décide de partir vivre à l’autre bout du monde et de demander une ordonnance de non-communication avec interdiction de l’approcher et c’est terminé. Moi je ne peux plus rien faire et lui non plus. » peut être se projetait elle un peu trop loin dans ce cas. Il n’avait jamais entendu dire qu’elle voulait quitter le pays et encore moins qu’elle allait demander ce type d’ordonnance que Milena maitrisait sans doute mieux que lui. « La priorité pour madame est avant tout de mettre en sécurité ses enfants, dans un premier temps. Personne n’a parlé d’aller s’exiler on ne sait où. Elle a toutes ses attaches ici, et ce n’est en aucun cas sa volonté. Rassurez vous sur ce point, et vous pourrez aussi rassurer monsieur. Il n’est en aucun cas question. Tout cela est censé être provisoire. Peut-être avez-vous déjà vu des cas similaires, bien plus grave, mais en ce qui concerne madame, vous avez ma parole. Elle vaut ce qu’elle vaut… prenez la comme vous voudrez aussi. Mais, j’ai vraiment du mal à saisir ce que vous attendez de moi… je doute que vous soyez venu jusqu’ici uniquement pour me dire qu’il est trop tard. » |
| | | | (#)Mer 27 Déc 2017 - 21:16 | |
| Depuis le début vous tourniez en rond. Tu savais que c’était une mauvaise idée de venir mais tu n’avais pas pu t’en empêcher. Il y avait toujours eu quelque chose chez les religieux qui faisait se dresser les poils sur tes bras. Tu ne supportais pas la morale que tu pouvais lire dans leurs yeux. Ils avaient tant d’aprioris sur tout et n’importe quoi et … Enfin, cela n’était pas la question. Tu étais déjà frustrée avec toi-même de t’être confiée ainsi à un prêtre pour en rajouter plus qu’il ne le fallait. « J’ai du mal à saisir pourquoi vous venez me dire tout ça maintenant… Je comprends tout à fait votre position… et je suis vraiment navré d’apprendre tout ceci à propos de votre enfance… et en même temps, vous avez fait preuve de résilience, c’est tout à fait notable et remarquable pour vous. Mais peut être que ce n’est pas le cas de tout le monde… certaines personnes sont plus fragiles que d’autres. Vous vous en êtes sortie, vous êtes devenue une grande avocate, une belle carrière est encore devant vous. Vous me semblez être une femme forte, mais, malheureusement, d’autres le sont bien moins que vous. Il n’y a aucun risque à prendre. » Pensive, cette réflexion te laisse pensive. Est-ce que tu étais une personne forte ? La réponse était oui. Est-ce que tu étais une personne plus forte que beaucoup d’autres ? La réponse serait certainement oui. Tu avais mis en place une carapace bien épaisse qui t’avait permise de te protéger toi ainsi que tes frères. Cela ne servait à rien de discuter car le prêtre en face de toi pensera toujours que laisser ton client voir ses enfants est une mauvaise idée. Tu ne seras pas d’accord avec lui et le cercle vicieux reprendra. Tu aimerais tellement pouvoir voir le monde en noir et blanc comme semblait pouvoir le voir l’homme en face de toi mais quand vous décidez d’être avocat, vous entrez dans un monde peuplé de gris, un monde où ce n’est pas toujours simple de se positionner surtout quand on a un passé qui raisonne avec la situation actuelle. « La priorité pour madame est avant tout de mettre en sécurité ses enfants, dans un premier temps. Personne n’a parlé d’aller s’exiler on ne sait où. Elle a toutes ses attaches ici, et ce n’est en aucun cas sa volonté. Rassurez vous sur ce point, et vous pourrez aussi rassurer monsieur. Il n’est en aucun cas question. Tout cela est censé être provisoire. Peut-être avez-vous déjà vu des cas similaires, bien plus grave, mais en ce qui concerne madame, vous avez ma parole. Elle vaut ce qu’elle vaut… prenez la comme vous voudrez aussi. Mais, j’ai vraiment du mal à saisir ce que vous attendez de moi… je doute que vous soyez venu jusqu’ici uniquement pour me dire qu’il est trop tard. » Cette fois tu retiens un ricanement. Si seulement il savait. Tu n’avais rien à faire de sa parole parce que dans ce cas là elle ne valait rien. Tu avais bien assez vu des femmes ou des hommes promettre de rester dans le coin, de ne pas bouger et dès que la liberté se fait sentir changer les plans au dernier moment et foutre tout le monde dans la merde. Non, il n’y a rien à faire désormais. Tu avais une audience pour essayer de plaider la cause de ton client et tu allais le faire du mieux que tu pouvais mais tu savais que c’était terminé. Tu avais commencé à le faire comprendre à ton client qui était pour l’instant dans le déni mais c’était inévitable, vous ne pouviez pas gagner, pas quand vous aviez si peu sur quoi vous reposer et même si tu trouvais cela injuste. Au final ce sera au juge de décider et tu sais déjà ce qu’il dira. « Pourtant il est bel et bien trop tard. J’ai une dernière chance demain mais nous savons tous les deux que cela ne servira à rien. » Tu es résignée parce que tu as appris que des fois, il faut savoir baisser les armes. Tu vas te battre demain, tout le monde pensera que tu y crois et c’est cette impression que tu donneras jusqu’à la fin mais ce ne sera qu’une impression. « J’aimerais voir la vie comme vous. Il y a le bien et le mal, les gentils et les méchants. Malheureusement je suis née dans cinquante nuances de gris. » Dis-tu avec un petit sourire en coin sur les lèvres. « Je me fiche de votre parole parce que vous ne pouvez pas vous engager pour votre paroissienne. Mon travail est de penser à toutes les possibilités qui pourraient se présenter et croyez-moi, un changement radical de vie n’est pas si rare que vous semblez le penser. » Tu en avais vu d’autre et tu en verras d’autre dans le passé. « Vous avez toujours été prêtre ? » Ne pus-tu t’empêcher de demander. C’est bête comme question mais tu es intriguée. Qui se lancerait dans un métier pareil en son âme et conscience ?
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| | | | (#)Mar 9 Jan 2018 - 16:35 | |
| « J’aimerais voir la vie comme vous. Il y a le bien et le mal, les gentils et les méchants. Malheureusement je suis née dans cinquante nuances de gris. » Il ne pu s'empêcher de lever les yeux au ciel, en référence sans doute à ce film dont toutes les nanas étaient folles. Owen se demandait sur quoi elle pouvait se baser pour avoir un tel jugement à propos de lui. Parce qu’il voulait défendre une femme pour laquelle il avait été témoin des violences de son mari ? Parce qu’il était sûr qu’elle ne s’en irait jamais ? Parce que cette même femme n’avait jamais quitté Brisbane, n’avait jamais quitté la rue dans laquelle elle avait même habité durant sa jeunesse ? C’était sans doute pour lui les arguments qui lui suffisaient. Il y avait sans doute des personnes qui partiraient du jour au lendemin à l’autre bout de la terre, laissant tout derrière eux mais elle, elle n’en avait pas le profil. « Je me fiche de votre parole parce que vous ne pouvez pas vous engager pour votre paroissienne. Mon travail est de penser à toutes les possibilités qui pourraient se présenter et croyez-moi, un changement radical de vie n’est pas si rare que vous semblez le penser. » Sans doute. Mais pourquoi imaginer forcément le pire pour autant ? « Vous avez toujours été prêtre ? » Il était l’exemple en personne qu’un changement radical de vie pouvait avoir lieu mais dans son cas, ça n’avait engagé que sa propre personne. Même si sa famille lui avait, en partie, tourné le dos, il n’avait engagé aucun dommage collatéral. « J’étais dentiste. » cela en étonnant souvent plus d’un. « si vous voulez tout savoir, Maitre Grimes, mon père est mort il y a quelques années. Ce qui m’a plongé dans une dépression profonde. La religion a été ce qui m’a permis de relever la tête. Et quand vous me dites que dans mon monde, il n’y a que le bien d’un côté et le mal de l’autre, croyez-moi, vous vous trompez. Je suis allé au Mali, pour faire de l’humanitaire alors que des guerres civiles éclataient et tuait des innocents. J’ai vu des hommes bons partir à la guerre, des hommes qui n’avaient jamais tuer personne appuyer sur des gâchettes, sans doute pour sauver leur peau. Mais je suis bien placé pour savoir qu’il n’y a ni que du bon, ni que du mauvais dans chacun des côtés. Il y a un moment donné, quelques choses qui nous pousse à agir, à commettre des actes que l’on n’aurait pas omis dans d’autres circonstances. Et je suis certains que les choses peuvent changer. Comme je suis certains que votre client peut guérir des plaies qui le poussent à cette violence. Vous avez d’autres questions ? » |
| | | | (#)Jeu 18 Jan 2018 - 21:48 | |
| Même s’il restait encore une audition avant que le juge ne se prononce, tu savais que tu avais perdu. Tu avais eu une petite chance avant que l’homme ne face de toi vienne donner son témoignage à la barre. Tu avais eu une petite chance qui s’était rapidement évaporée sous tes yeux. Tu lui en voulais, pas parce que tu avais perdu car cela t’arrivait mais parce que tu allais devoir ramasser ton client à la petite cuillère. Il avait mis tous ses espoirs entre tes mains mais tu ne pouvais pas faire des miracles non plus. Ton client avait à peu près tout contre lui et tu avais essayé de le sauver mais … Ce n’était pas suffisant. Tu restais persuadée cependant que le priver complètement de ses enfants et laisser la possibilité à cette femme de s’évaporer dans la nature n’était pas ce qu’il fallait. Malgré la foi du prêtre dans sa parfaite petite paroissienne, tu ne crois nullement que cette femme est aussi sage et tiendra parole pour quelque chose qu’elle ne s’est pas réellement engagé à faire. Alors finalement, tu poses la question que tu as toujours voulu poser à un prêtre. Après tout il semble avoir ton âge ou à peu près. Comment arrives-t-on à cette vie ? « J’étais dentiste. Si vous voulez tout savoir, Maitre Grimes, mon père est mort il y a quelques années. Ce qui m’a plongé dans une dépression profonde. La religion a été ce qui m’a permis de relever la tête. Et quand vous me dites que dans mon monde, il n’y a que le bien d’un côté et le mal de l’autre, croyez-moi, vous vous trompez. Je suis allé au Mali, pour faire de l’humanitaire alors que des guerres civiles éclataient et tuait des innocents. J’ai vu des hommes bons partir à la guerre, des hommes qui n’avaient jamais tuer personne appuyer sur des gâchettes, sans doute pour sauver leur peau. Mais je suis bien placé pour savoir qu’il n’y a ni que du bon, ni que du mauvais dans chacun des côtés. Il y a un moment donné, quelques choses qui nous pousse à agir, à commettre des actes que l’on n’aurait pas omis dans d’autres circonstances. Et je suis certains que les choses peuvent changer. Comme je suis certains que votre client peut guérir des plaies qui le poussent à cette violence. Vous avez d’autres questions ? » Tu venais de l’écouter débiter son discours sans l’interrompre. Alors c’était ça son histoire. La perte d’un être cher et la foi qui l’avait sauvé. Tu restais très dubitative. Tu n’avais pas perdu d’être cher certes mais tu ne voyais pas comment la foi pouvait te sauver de quoi que ce soit. Tu n’as pas besoin de Jésus pour décider de te relever. Tu peux le faire seul parce qu’au bout d’un moment on n’a pas le choix, il faut continuer à vivre. Pour toi, tout est question de courage, de se prendre en charge pour se pousser à aller plus loin. Est-ce que Jésus t’aidera à faire quoi que ce soit ? Non, tu ne le penses pas. Mais tu peux voir que l’homme en face de toi est convaincu de ce qu’il te raconte alors quand il te pose sa dernière question, tu secoues la tête avant de te lever. « Non, je pense que ça ira pour aujourd’hui. Je suis désolée pour votre père. » Tu n’es pas certaine de ce que tu es venue chercher par contre tu es à peu près certaine de ne pas l’avoir trouvé. Ce n’est pas une surprise en réalité mais tu avais espéré tout de même. « Ravie d’avoir pu avoir cette discussion avec vous. » Ce n’était pas toute la vérité mais on t’avait appris à être polie alors tu l’étais. « Et bonne continuation dans votre … carrière. » Dis-tu incapable de savoir si on pouvait appeler cela comme ça dans l’église. Tu ne t’étais jamais renseignée et tu ne le feras pas aujourd’hui. Retrouver la sortie de l’église n’est pas difficile et bientôt tu es de retour dans ta voiture et tu t’éloignes de ce lieu dont tu es incapable de comprendre l’attrait.
the end
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