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 hassanny ▲ it all feels right

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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyDim 12 Nov 2017 - 0:03

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Hassan & Ginny

Je n’arrivais pas encore facilement à y croire. La nuit, je me réveillais souvent en sursaut, la poignée d’heures où j’arrivais à poser la tête sur l’oreiller se voyait troublée par des bribes d’inquiétude, l’impression que tout était trop beau, que rien de ce qui avait pu se passer le jour d’avant et l’autre d’après n’avait de sens. Que Noah était toujours malade, que son séjour à l’hôpital était pour préserver le pire, plutôt que pour couver le meilleur. Que tout ceci n’était qu’un des rêves par centaine que j’avais pu faire le mois dernier, que le réveil serait brutal, difficile, inconcevable. Et pourtant. C’était bien ce qu’on me confirmait, chaque fois que je croisais le regard confiant des infirmières, les bons mots et encouragements des médecins. Noah allait vivre. Sur papier, sur ses petites pattes chancelantes. L’opération s’était passée comme un charme, et son petit corps de battant avait dès les premières heures de réveil montré les signes les plus prometteurs d’un rétablissement dans les normes. Ce n’était pas encore tout fait, il restait tant à signer, à tester, à vérifier, mais il n’avait jamais été aussi heureux, aussi souriant de toute sa courte vie. Les larmes de bonheur qui perlaient au coin de mes paupières me faisaient l’effet du plus beau, du plus doux, du meilleur soulagement du monde. Mon bonhomme, l’amour de ma vie, ma raison d’être avait encore une fois été plus fort encore que je l’avais imaginé, espéré. Et il me rendait si fière, à agir comme la grande personne qu’il avait été forcée de devenir, trop jeune pour devoir se soucier du moindre détail. Il écoutait à la lettre ce qu’on lui demandait, il faisait preuve d’une patience exemplaire même si on le gardait encore sous observation, il était ce que je ne serais jamais, et un jour, il ferait bénéficier le monde de tout cet amour, toute cette soif de vivre qu’on lui avait enfin rendue, justice ainsi faite. Quelques jours à peine après la greffe de rein, j’avais de suite commencé à nous chercher un nouveau nid. Le divorce signé, il ne restait qu’à régler les derniers détails avant de pouvoir aller de l’avant, Edward et moi. Les parents écartés, oubliés, Matt qui tente de se refaire une place, de regagner ma confiance, non sans savoir que le chemin sera long, ardu, pas impossible, mais difficile avant d’être à nouveau considéré comme il devait l’être. Mais ça irait. De meilleurs jours étaient à venir, ceux que je dédiais à Noah, ceux que mon fils méritait plus que quiconque. Mes affaires s’entassaient toujours entre l’atelier et le loft, mais ce ne serait qu’éphémère. La surprise que je réservais au gamin était immense, irréaliste, mais à peine suffisante pour rattraper toutes ces années qu’il avait passé confiné dans un lit d’hôpital. Une vraie maison, un vrai chez-soi, un endroit qui nous appartienne à nous seuls, où on décide de tout, où chaque pièce est notre royaume, où on se sent comme les rois du monde. Il aurait toute la place pour grandir, un environnement où je n’aurais aucune tendance à décliner, un terrain neutre pour s’enraciner, pour faire le plein d’énergie, pour se sentir à notre place. Enfin.  

« Et ici, je vais faire tomber ce mur, pour avoir toute la lumière du jardin. » je pointe de l’index, incertaine de ce que ça demande, mais assez objective pour savoir que ça ne devait pas être impossible. Évidemment, j’avais fait venir un inspecteur sur les lieux, avant de faire l’offre d’achat. Évidemment, j’avais écouté ses conseils religieusement avec la certitude que je faisais le bon choix, que tout se rythmait à merveille. Mais j’avais tout de même besoin d’un second avis. « Là, ce sera le living - je veux construire une grande bibliothèque pour y mettre toutes ses BDs. » le côté manuel d’Hassan n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde, et je savais pertinemment que je l’invitais en terrain connu lorsque je lui avais demandé, sans plus de cérémonie, de m’accompagner à la maison lorsque j’avais prévu y passer en fin de journée. Depuis l’annonce de la rémission de Noah, je pouvais jurer que j’avais vu un coin de son regard s’illuminer, qu’il était probablement tout aussi soulagé que moi, que tout le monde, que mon fils survive. Vive. Sachant que je l’embarquais dans un secret professionnel, d’état presque, il jouait le rôle de l’espion à merveille, me jurant d’un regard que Noah ne saurait rien avant la grande révélation. « La cuisine est petite, mais ça fait son charme. »  mes pas nous guident aux abords de la pièce en question qui, malgré son espace restreint, est emplie de lumière. En soit, la demeure était habitable, un peu laissée à l’abandon par ses propriétaires - une jeune famille ayant eu besoin de plus de place pour leurs jumeaux à venir - mais ce n’était pas catastrophique. Certes la peinture était défraîchie, l’extérieur avait besoin d’être solidifié, les divisions laissaient à désirer et l’escalier était incertain, mais en somme, ça ne me semblait pas irréalisable. « Attend de voir, à l’arrière du terrain... » ce qui constitue pour moi le summum, l'apothéose. Et j’entraîne le jeune homme à ma suite, parcourant les quelques mètres de pelouse trop longue, mal entretenue vers une remise d’une grandeur raisonnable, presque un garage, où je prévoyais créer tout un monde, un atelier en bonne et dûe forme, un local de partage, d’échange. Cette construction là était un peu plus imposante que mon autre atelier, et me promettait déjà du rêve. Profitant du soleil qui plombe sur la demeure, sur les oiseaux qui chantent, sur ce moment, là, où tout me semble possible, où tout est plus beau encore que n’importe quoi d’autre, je pose la question qui dictera la suite.  « Alors docteur, on peut la sauver, ou je me suis complètement fait rouler? »
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyJeu 4 Jan 2018 - 19:19

Le regard glissant attentivement d’un détail à un autre, le brun observait avec infinie précaution le brouillon de nid douillet que Ginny lui présentait avec un doux mélange d'excitation, d’appréhension, d’hésitation chaque fois qu’ils passaient d’une pièce à l’autre de la demeure. Dans chacune leurs pas à tous les deux résonnaient de l’absence de meubles et d’effets personnels, qu’Hassan devinaient encore entassés dans l’atelier que la jeune femme gardait jalousement comme un terrier que l’on cachait pour y préserver son jardin secret … À moins qu’ils ne s’entassent plutôt chez le père de Noah, il ne savait pas trop, il n’avait pas demandé, il n’avait pas besoin de savoir. Parlant du petit garçon, justement, il n’était pas là mais demeurait pourtant le centre de l'attention, la tête de la mère fourmillant déjà des idées qui transformeraient cette maison vide en havre de paix pour l’enfant trop habitué désormais à la monotonie tempérée du décor hospitalier. « Et ici, je vais faire tomber ce mur, pour avoir toute la lumière du jardin. » La concentration à nouveau optimale tandis que ses yeux courraient le long du mur en question pour se faire une idée de la faisabilité de tous ces projets énoncés à la file indienne, Hassan laissait parfois échapper un murmure pensif, un acquiescement marmonné, ou un regard songeur tandis que son pouce et son index venaient frotter contre sa barbe avec réflexion. « Là, ce sera le living – je veux construire une grande bibliothèque pour y mettre toutes ses BDs. » Continuant leur tour du propriétaire tandis que le soleil de la fin d’après-midi venait baigner les pièces offrant une vue sur le jardin, ils avaient fait un court crochet par la cuisine, petite mais faisant son charme, avant que la jeune femme n‘attrape le bras du brun pour les entraîner vers ce que les fenêtres ne permettaient pas d’admirer du jardin. « Attend de voir l’arrière du terrain … » Promettait-elle déjà avec une impatience presque enfantine tandis qu’ils retrouvaient l’extérieur et sa chaleur estivale, encore un brin étouffante mais tellement agréable pour Hassan que le soleil apprivoisait tel un tournesol. L’herbe asséchée crissant sous leurs chaussures courrait sur plusieurs mètres à l’arrière de la maison, mais plus que le terrain c’était surtout la remise chancelante plantée au fond qui euphorisait Ginny et retenait toute son attention « Laisse-moi deviner, tu ne comptes pas t’en servir pour remiser un râteau et une vieille tondeuse à gazon ? » avait d’ailleurs commenté le brun avec une pointe d’amusement, tandis que laissant passer quelques secondes de réflexion la jeune femme en arrivait finalement à la question fatidique, celle qu’elle se retenait de poser depuis le début de leur tour du propriétaire pour être certain d’obtenir une réponse qui se ferait avec toutes les cartes en main pour Hassan « Alors docteur, on peut la sauver, ou je me suis complètement fait rouler ? » Volontairement il avait conservé le silence quelques instants, avec l’impression factice de peser grandement le pour et le contre quand en réalité son avis sur la question était déjà fait et bien fait … Mais non, il y avait malgré tout le plaisir de voir Ginny scruter sa réponse ou le moindre sourcillement de sa part avec incertitude, avant qu’il ne se fende d’un sourire véritable en mettant fin à son supplice « La seule chose dont cette maison avait besoin ce sont tes bonnes idées. » mais ajoute bien vite avec un peu plus de raison « Et une bonne grosse dose d’huile de coude, aussi, on ne va pas se mentir. La tienne et la mienne, déjà, mais quelques paires de bras occasionnelles et supplémentaires ne seraient pas de trop. » Et dans un coin de sa tête l’idée de demander une participation à Qasim avait déjà germé, sans qu’il ne l’évoque à voix haute pour ne pas piéger son aîné dans une combine qu’il n’avait pas encore accepté. « Tu as déjà décidé quand est-ce que tu allais l’annoncer à Noah ? » avait-il finalement questionné avec une pointe de curiosité non dissimulée. « Tu dois avoir tellement hâte qu’il sorte de cet hôpital. » Un sourire s’était dessiné sur ses lèvres, pensif mais aussi bienveillant, Hassan ne pouvant que se contenter d'imaginer comme ces derniers mois, ces dernières semaines avaient dû sembler longues à la mère rongée d’inquiétude qu’elle était devenue par la force des choses. « Tu sais je … » Marquant une courte pause, le temps de dompter ses hésitations, il avait repris « Je comprendrais très bien si ton fils et toi vous décidiez de laisser tout ça derrière vous, et qu’il y ait des endroits et des gens qui à terme fassent aussi partie de ce ménage … Mais est-ce que ça t’embêterait si je continue à prendre des nouvelles de vous, de temps en temps ? » Parce qu’il faisait un peu partie du packaging, au fond. La maladie de Noah, l’hôpital, les infirmières, la greffe qui avait semblé ne jamais venir … Hassan se tenait au milieu de tout ça, de souvenirs que mère et fils avaient certainement envie d’oublier, et malgré tout le brun avait le cœur qui se serrait d’imaginer la jeune femme et son garnement appartenir à la catégorie des choses qu’il laisserait définitivement derrière lui à l’aube de la nouvelle année qui arrivait.
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyMer 17 Jan 2018 - 5:58

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Hassan & Ginny

Il l’entend, dans mes mots, le voit dans mes expressions. Il le sait sans même demander, à peine en portant attention. Il s’en doute très fortement, et c’est ça qui est beau, qui est doux, presque miraculeux. Je vais bien. Je vais foncièrement bien, pour l’une des premières fois depuis très longtemps. La tête qui déborde de projets et les mots qui s’emballent, les pas qui le guident à travers la demeure, qui lui présentent les derniers développements, qui tirent profit de son oeil averti pour ratisser les coins, pour relativiser les idées de grandeur. Et une pointe d’humour nous guette alors que c’est le jardin, puis la remise qui nous accueillent, et déjà je fais volte-face, la main sur la poignée, tirant la grande porte de bois qui grince pour lui faire état de mon plan faussement machiavélique. « J’ai pensé y entreposer ma drogue. Là, ce sera la cocaïne, et plus loin, les cachets. » le sarcasme s’additionne d’un éclat de rire bien senti, l’humour qui revient par vague, maintenant que je me sens un peu plus moi-même dans cette marée d’histoires rocambolesques que j’ai fini par laisser derrière, le coeur léger. « Le soleil est incroyable ici, le matin. Mes étudiants vont être bouche bée. » et je me doute bien qu’il sait exactement ce dont il en retourne, les différents canevas empilés sur les côtés, les établis appuyés sur les murs, les restes de matériel, de peinture, de pinceaux que j’ai accumulés à l’ancien atelier pour tout emmagasiner ici le temps d’y faire du ménage, de l’ordre. Je n’ai pas oublié les manigances de Noah d’inclure Hassan à l’une de mes classes, et il serait bien naïf de croire que cela ne reviendra pas éventuellement sur la conversation. Mais pour le moment, ce sont les choses sérieuses qui prônent, et la réalité qui nous couve. Il est optimiste son diagnostic, il me rassure, et même si j’avais fait en conséquence pour ne pas me retrouver à charge d’une foire aux malheurs, l’entendre de la bouche de quelqu’un qui avait le moindrement de bases en la matière n’agrandit mon sourire que plus encore. « Je suis prête à travailler, chef. J’ai même acheté une ceinture pour mettre des outils, et un casque. » la voix qui chante, le doigt qui pointe, maintenant que mon équipement de pacotille traîne sur l’étagère, là, en périphérie. Mais qu’il arrête tout de suite de croire que je ne prends pas ses conseils au sérieux. Hassan remarquera d’un seul coup d’oeil que l'effort ne me fait pas peur, que l’élaboration d’un nid pour ma famille est au centre de mes priorités et que j’y donnerai tout ce que j’ai et plus encore pour y arriver. L’impression que ce travail en sera un sur mon coeur, sur ma tête aussi - comme un chemin de croix, comme une absolution vers une vie meilleure, loin des problèmes, loin de tout ce qu’on a pu endurer durant ces dernières années. Ce à quoi le jeune homme fait allusion, alors que je m'affaire à jouer distraitement avec quelques croquis qui avaient été balayés par notre entrée un peu plus tôt. À quel point j’ai hâte que Noah sorte de l’hôpital est incalculable bien sûr. Du moins, le tout est évident, et mes mots sont trop sérieux, trop droits pour que j’arrive à cacher tout l’enthousiasme, à contenir la boule de chaleur, d’amour qui se niche dans mon ventre. « Dans l’idéal, ce sera dès qu’il sera libéré de l’hôpital. D’ici deux semaines environ. Je sais que les rénovations ne seront probablement pas terminées, mais il voudra sûrement aider lui aussi, pour le peu que je le laisserai traîner près d’un marteau. » et un rire supplémentaire, avant de poser mon regard sur lui, d’accrocher mes iris aux siens. Un voile qui passe, un ange qui l’accompagne, et Hassan devient subitement un peu trop sérieux à mon goût, le drame bien loin de tout ceci, voulant l’y garder du moins. « Tu penses que tu serais ici si je voulais te sortir complètement de notre vie? » ma voix est douce, un brin taquine, et je tente de la couver du regard le plus tendre, le plus avenant que je puisse avoir en banque. La pique est trop facile, l’ambiance est trop étrange pour que je laisse tout de même passer. « Et puis, j’ai encore besoin de toi pour au moins quelques mois, faut que je me comporte gentiment. »  de retour à ses côtés, je désigne le tout d’un haussement d’épaule entendu, avant de reprendre contenance, et d’alléger son coeur au mieux. « Tu as fait partie du beau, Hassan. T'as fait beaucoup plus que ce pourquoi tu étais là à la base, et pour aucune raison précise, autre que d’être présent. » bien sûr, il était assigné à l’équipe bénévole de l’étage, bien sûr, il avait un pourquoi, une suite logique. Néanmoins, il avait été bien plus qu’un visage bienveillant de passage, qu’une histoire toutes les deux semaines. Le lien qu’il avait su créer avec Noah, et avec moi au passage, était beaucoup plus beau, plus fort que ce qu’on aurait pu croire. Il était humain, simple, blanc, si immaculé, et si nécessaire. Pour nous deux. « Et pour ça, je t’en serai toujours éternellement reconnaissante. » un membre de l’équipe, un allié, un support, un tuteur. Tout dans mes mots, dans mon expression, dans ma voix le remercie, comme de nombreuses autres fois avant, et même après. N’était-il pas ici, aujourd’hui, pour nous aider à solidifier nos nouvelles bases? N’avait-il pas su prouver sa valeur, son amitié, à chaque étape difficile du parcours de Noah? Du mien? « J’ai commencé quelques plans, là. Rien de bien glorieux, y’a des doodles partout parce que ça m’a inspiré une toile, mais en gros, c’est comme ça que je vois le truc. »  et retour au programme principal, maintenant que mon esprit en plein capharnaüm voit la pile de papiers posés à l’entrée. Mes doigts agités lui tendent les croquis, les photos, les inspirations, plan bien plus visuel que mes propres paroles ne lui expliqueront. Ce n’est que quelques minutes plus tard, alors qu’il s’installe à ma gauche dans le jardin, sur les chaises de bois que j’y ai disposées pour profiter des journées nouvelles d’été que je prends un temps de pause évident à notre conversation pour lui demander, de but en blanc. « Comment est-ce que tu vas? » malgré sa verve, malgré son enthousiasme, malgré ses quelques ratures, il y a quelque chose qui cloche, quelque chose qui vaut la peine que je le ramène à l’ordre, ou du moins, que je lui tende une oreille. Il l’a fait si souvent pour moi, l’heure est venue de lui rendre l'ascenseur.  
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyDim 4 Fév 2018 - 13:12

La remise – slash cabanon, slash futur atelier – n’était pas bien grande, elle semblait même se faire toute petite face à la maison qui la surplombait, mais on voyait déjà dans le regard de Ginny que l’emploi qu’elle en aurait été tout trouvé. Une véritable évidence, cachée sous deux couches de plaisanterie, d’Hassan tout d’abord puis de la jeune femme, qui enchérissait en lui ouvrant finalement la porte un brin grinçante de son petit coin de paradis encore en chantier « J’ai pensé y entreposer ma drogue. Là, ce sera la cocaïne, et plus loin, les cachets. » A la boutade avait répondu un sourire narquois, tandis qu’empli d’un peu de curiosité le brun laissait quelques instants son regard vagabonder sur la pièce et l’attirail qui s’y entassait en donnant l’impression d’attendre impatiemment le jour de son baptême. Toiles, pinceaux, peintures et autres joyeusetés dont l’ombre se projetait sur le sol avec douceur en ce soleil de fin d’après-midi. « Le soleil est incroyable ici, le matin. Mes étudiants vont être bouche bée. » Elle mentionnait cela un brin rêveuse, et presque comme si elle avait intercepté les pensées d’un Hassan qui avait acquiescé en souriant. « Technique infaillible de fidélisation de la clientèle, je vois. » La taquinerie laissant sa place à un retour au jardin, Ginny avait refermé la porte du futur atelier et repris tout son sérieux au moment de se risquer enfin à demander son verdict au brun concernant la dose de censé dans l'achat de cette maison. Et outre une masse de travaux conséquente pour donner vie aux idées qu'elle avait déjà par dizaines, Hassan ne voyait là qu'une affaire rondement menée. « Je suis prête à travailler, chef. J’ai même acheté une ceinture pour mettre des outils, et un casque. » Et ce n'était même pas de la boutade, constatait-il tandis qu'elle désignait le dit matériel, attendant sagement dans un coin que vienne l'heure de son utilité. S'avançant déjà vers du concret, le projet restait néanmoins marqué par l’absence de l’un de ses principaux acteurs, pas encore là et pas encore dans la confidence. « Dans l’idéal, ce sera dès qu’il sera libéré de l’hôpital. D’ici deux semaines environ. Je sais que les rénovations ne seront probablement pas terminées, mais il voudra sûrement aider lui aussi, pour le peu que je le laisserai traîner près d’un marteau. » Et d’arborer un sourire à nouveau, Hassan s’imaginant déjà sans mal le garnement sauter sur la moindre occasion de mettre la main à la pâte et de participer au ravalement total de cette baraque vide pour en faire son royaume et celui de sa mère. « On lui trouvera bien quelques trucs à faire, loin de tout ce qui coupe ou écrase. » Des tâches plus simples, qu'il suffirait de présenter comme primordiales pour que Noah s'en contentent pendant que les grandes personnes manieraient le marteau ou la masse.

Ouais, c’était un beau projet qu’avait Ginny, et cela faisait chaud au cœur d’Hassan que de pouvoir y apporter sa contribution, de pouvoir se rendre utile. Reste qu'il y avait toujours cette crainte un peu latente d’y voir son baroud d’honneur, le dernier coup de main avant de glisser lentement vers la case des choses qui rappelleraient à la jeune femme et à son fils la période trouble dont ils se sortaient à peine. Le brun ne jetterait jamais la pierre, il savait, il comprenait, mais la probabilité pinçait son cœur malgré tout. « Tu penses que tu serais ici si je voulais te sortir complètement de notre vie ? » Il ne mouftait pas, la question probablement rhétorique mais la réponse pourtant moins évidente qu’il ne le voudrait. « Et puis, j’ai encore besoin de toi pour au moins quelques mois, faut que je me comporte gentiment. » Un sourire échappait à Ginny, léger, un autre à Hassan, plus incertain, parce que quand bien même il n’en partagerait rien elle ne serait pas la première, ces derniers temps, à l’avoir laissé croire qu’il avait une place pour la lui confisquer ensuite, sans crier gare et sans remords. « Tu as fait partie du beau, Hassan. T'as fait beaucoup plus que ce pourquoi tu étais là à la base, et pour aucune raison précise, autre que d’être présent. Et pour ça, je t’en serai toujours éternellement reconnaissante. » Est-ce que c’était plutôt les mots ou plutôt la douceur dans le ton et l’expression ? Reste qu’Hassan avait provisoirement senti le poids de l’incertitude quitter ses épaules, remettant les doutes à plus tard et hochant la tête comme pour clore ces quelques instants où la confiance en lui et l’optimisme avaient fait défaut. « Ça me fait plaisir de le savoir. Que j’ai pu me rendre utile d’une quelconque façon. » Ça lui faisait du bien de l’entendre aussi, même s’il ne le disait pas de peur de paraître égoïste ou trop demandeur d’attention, quand il n’était pas celui qui en avait besoin.

Avec cette même volonté de rendre à la conversation sa légèreté Ginny lui avait fait la fleur de diriger la conversation ailleurs, vers les croquis éparpillés çà et là et qui témoignaient à eux seuls de l’imagination qui avait déjà travaillé dans la tête de la jeune femme. D’à quel point cette maison n’était que le reflet de tous ces changements qu’elle souhaitait apporter à sa nouvelle vie, à la nouvelle vie qu’elle partagerait avec son fils. « J’ai commencé quelques plans, là. Rien de bien glorieux, y’a des doodles partout parce que ça m’a inspiré une toile, mais en gros, c’est comme ça que je vois le truc. » Lui tendant quelques feuillets et lui laissant le loisir de les observer et le temps de les comprendre à son aise, elle les avait finalement menés à nouveau au jardin où ils s’étaient installés sur les deux chaises qui semblaient presque n’attendre qu’eux. Avec le soleil chaud sans être brûlant pour les accompagner et donner à cette fin de journée une impression de quiétude agréable. « T’as pas chômé. » avait-il commenté du bout des lèvres, les yeux allant d’un dessin à l’autre, l’esprit concentré et prudent. « T’as une préférence sur ce par quoi tu veux commencer ? Les pièces ou les choses dont tu veux t’occuper en priorité ? » Lui était d’avis que la pièce à vivre était ce qui, à première vue, demanderait le plus gros travail et mériterait donc peut-être d’être envisagé en priorité. Mais il préférait avoir l’avis de la jeune femme avant de donner le sien, parce qu’après tout c’était elle qui aurait le dernier mot. « T’as de quoi écrire ? Comme ça on pourrait faire une liste des fournitures à acheter. Pour les outils j’en ai déjà pas mal à la maison, mais on pourra toujours louer le reste … » Inutile qu’elle se ruine là-dedans, surtout pour des outils dont elle ne se resservirait peut-être pas par la suite. L’esprit affairé, et bien trop satisfait à l’idée d’avoir de quoi s’occuper, le brun avait à peine détaché son regard des croquis lorsque la jeune femme avait finalement questionné « Comment est-ce que tu vas ? » et si de prime abord le ton ne l’avait pas interpelé, l’impression d’être observé l’avait convaincu de relever la tête « Moi ? Bien, pourquoi ? » Parce qu’elle n’en était pas convaincue, sans doute, ou tout du moins c’était ce que laissait sous-entendre le regard qu’elle lui avait lancé presque aussi tôt, dude, pas de ça avec moi. « J’ai si mauvaise mine ? » Soit cela soit elle était particulièrement perspicace, probablement un mélange des deux, allez savoir. Reposant un temps les croquis avec un bref soupir, le brun avait simplement admis « J’ai juste eu pas mal de trucs à gérer ces dernières semaines. Mais rien d’insurmontable. » Surtout pas par rapport à elle. C’était tellement simple de trouver ses propres problèmes futiles, face à une mère dont l’unique enfant avait navigué entre la vie et la mort pendant des jours. Les miettes de son cœur n’étaient pas grand-chose face à la douleur d’une femme qui avait failli tout perdre, et ça l’aidait à relativiser dans un sens. À rester humble.
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyMer 14 Fév 2018 - 16:08

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Hassan & Ginny

La présence d’Hassan à mes côtés a ce petit effet de baume calmant, de douceur, de figure rassurante, nécessaire. Il m'avait toujours inspiré ce calme olympien du plus loin que je me souvienne, entre les enfants malades à l’étage, entre les différents moments particulièrement difficiles avec Noah, entre les hauts et les bas, les montagnes russes pour lesquelles il s’était investi corps et âme à nos côtés depuis presque 2 ans. Il avait beau savoir se faire discret, il avait beau insister sur l’espace qu’il nous laissait, en temps de crise comme en temps de bonheur, mais sa présence ici, avec moi, et pour le reste de nos vies, pour aussi longtemps qu'il le désirait n’était même pas négociable, même pas questionnable. Il l'avait gagnée, il l’avait méritée, et au-delà de tout ça, je me sentais plus que choyée, emplie de gratitude qu’il ait accepté de venir partager mes idées folles aujourd’hui, qu’il ait tenu à nous faire une place dans la sienne de vie, malgré tout, maintenant. « Alors, enregistre-le bien profondément. Tu nous as été essentiel, et tu nous le seras encore. Pas juste pour la plomberie ou pour la peinture. » les rénovations ici ne sont que la pointe de l’iceberg, et je tente de le couver du regard le plus doux, le plus chaleureux que j’ai en banque, sentant bien là, ce petit voile, ce filtre noir qui caresse ses rétines, que j’ai exhibé bien trop souvent moi-même, que j’ai tenté de cacher, maîtrisé comme personne à quelques moments-clés. Je me jure d’y revenir, de chasser ses doutes, ou du moins, de les balayer du revers de la main. Il ne méritait pas d’être laissé pour compte, il ne méritait pas d’être pris pour acquis, et ça, bien plus que simplement parce qu’il avait amené avec lui son sens pratique, son sens manuel, son sens du détail. « J’ai été inspirée, disons ça ainsi. » le rire d’Hassan est communicatif et je laisse mes propres éclats lui répondre, à peine gênée qu’il me trouve enthousiaste, qu’il note mes plans, mes suggestions, tout ce qui attend ces 4 murs, là, qui s’érigent sous nos yeux. Il faut dire que je l’avais rêvé ce nid, que je l’avais espéré chaque jour depuis la naissance de Noah, y ajoutant une brique mentale, un papier peint en pensée, un paysage en espoir. Il avait fallu près de 7 ans, deux pays, ue santé qui s'effrite, un divorce, un coma pour que je me trouve ici, dans ce jardin, à détailler chaque bribe du bâtiment acheté quelques jours plus tôt, chaque défaut que je transformerai gaiement en qualité. Alors oui, j’étais heureuse, empressée, motivée. Et il ne le voyait que trop. « Le living me semble un bon départ, considérant qu’il prend le plus de place, et que c’est la pièce qui saute aux yeux directement à l’entrée. »  j’adore le fait qu’Hassan joue à l’adulte avec moi et qu’il finit par poser les questions qui tuent, les questions qui piquent, à savoir par où on commence. Un bref coup d’oeil aux plans, un brainstorm avec moi-même et une étude sérieuse des lieux suffisent à ce que je lui fournisse ma réponse, attendant une confirmation qu’il me donnera d’un hochement de tête. « La cuisine pourrait sûrement attendre, sachant que je risque de tout brûler dès qu’on y installera le four... » et c’est bien malgré moi que je m’emballe, remettant ma propre décision en jeu, rigolant de bon coeur, avant de m'interrompre, de réfléchir à voix haute, et surtout de lui prouver, là de suite, qu’il est plus que demandé au front, qu’il est plus qu’un simple allié. Sans lui, j'en serai encore la tête sous les plans et les outils dans 10 ans, et j'en doute à peine. Le brun m’accompagne quand je fais l’inventaire du matériel disponible, les quelques outils que j’ai pu gratter chez des voisins, chez moi, chez Tad, Edward même qui m’a prêté des trucs dont il ne savait même pas se servir lui-même - il y avait toujours quelqu’un au loft qui le faisait à notre place, qui était payé pour ça. Néanmoins, beaucoup de travail, de sueur, et d’effort ne me font pas peur, et c’est avec le regard brillant que je le confirme à nouveau à Hassan, prête pour la prochaine aventure.

Le soleil est bon sur la terrasse, et j’en profite pour y inviter mon ami, pour nous y installer question de poursuivre la discussion, de le faire à l’air ambiant de Brisbane, là où la brise accompagne nos quelques confessions. Les siennes, surtout, maintenant que de ma voix qui chante, de mes rétines qui dansent, je lui demande comment il se porte. C’est trop facile de se laisser emporter par les distractions, c’est trop simple de faire comme si je n’avais pas remarqué cette faiblesse, ce doute, ce manque plus tôt, cette confiance qui s’étiole. « Pour ça. » que je m’explique, le rire qui tente de le soulager, et ma réponse qui coupe avec ses quelques phrases en suspens, ce stress que je lis sur son visage pour l’une des premières fois depuis que je l’ai rencontré. « Hassan, je… il y a quelque chose que je dois te dire. » de l’entendre parler de son quotidien, de le savoir aux prises avec une histoire de coeur particulièrement difficile, de savoir exactement ce que ça fait, de perdre son amour, de perdre cette idylle du passé à laquelle on s’est accrochée, je décide d’y aller tout de suite de franchise. Maintenant qu’il est plus que le bénévole, maintenant qu’il est un ami, un vrai, un cher, l’un de ceux qui s’est hissé tout en haut du palmarès, c’est nécessaire pour moi de faire table rase, surtout sachant tout ce que je sais, surtout encaissant tout ce que j’ai pu encaisser. Et j’inspire, et je prends le temps de réfléchir à mes mots, à la façon de cracher le morceau avant qu’il ne soit trop tard, d’expliquer mes couleurs, de lui prouver que jamais je ne prendrai le parti de personne, mais que je serai toujours là s’il a besoin.  « Et il n’y a pas de bonne façon de le faire, alors je vais juste retirer le pansement de suite, et voir après si tu ne veux pas user du marteau pour faire autre chose que solidifier les escaliers. » il verra dans mon ton, dans ce sourire presque forcé, ce rire qui a du mal à sortir que j’anticipe au pire, que la débandade entre Saul et Jamie m’a bien servi de leçon - plus jamais je ne tenterai de me voiler la face, de penser naïvement que mes bonnes intentions sont suffisantes pour sauver le monde une personne à la fois. « Je connais Joanne. » pas besoin de préciser son nom de famille, il saura à mon ton que je parle bien d'elle. Ce n’est pas nécessaire, ce n’est pas suffisant, et c’est déjà assez que de lui rappeler la petite blonde qu’on a en commun, et qui, si je me fie à ce qu’elle a pu me dire quelques jours plus tôt, est probablement l’un des trucs à gérer qu’il mentionnait plus tôt. « C’est une longue histoire, et je t’épargne les détails, mais… je la connais. Et je sais aussi pour tout ce qui a pu arriver entre vous deux, avant et… récemment. » j’inspire longuement, sachant très bien que contrairement à toutes les autres fois où on a pu être ensemble tous les deux, tous les trois, rares ont été les conversations aussi lourdes de sens, pointant autant sur la nostalgie et le difficile. « Je déteste me mêler de ce genre de choses et je ne le ferai plus jamais, je te le promets. » pas mes affaires, pas mes oignons, pas mon rôle, pas ma place, pourtant j’insiste encore un peu, parce que je sais ce qu’il traverse, parce que je me souviens seconde après seconde ce moment où Ezra a disparu de ma vie, et toutes les séquelles que cela a pu laisser malgré les années qui passent, et surtout après l'avoir retrouvé en Australie dès que l’on y a remit les pieds. « Mais si tu as besoin de te vider le coeur, si tu as envie de ventiler, si tu veux être écouté, sache que je suis là. Et que je ne jugerai pas. » jamais au grand jamais je ne me donnerai l’importance, la justesse de juger qui que ce soit dans leurs histoires. « Je sais ce que c’est que de perdre l’amour de sa vie. Je sais le vide que ça laisse, les repères qui partent, la douleur qui ne veut jamais vraiment s’en aller. »  pour ça, justement. Et si mes iris le couvent à nouveau, ce sont mes mots qui tentent de soulager ce qui reste, de calmer les effluves, de lui assurer ma place envers et contre tout. « Et si je peux faire quoi que ce soit pour alléger un peu ton coeur, n’hésite surtout pas. » 
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyDim 4 Mar 2018 - 12:29

Les idées de Ginny sur comment modifier, moduler et aménager cette maison trahissaient à elles seules un projet nourri depuis bien plus longtemps que la signature de cet achat, depuis ce qui se comptait peut-être en mois, peut-être même en années, et concrétisait enfin un idéal resté longtemps de l'ordre de l'abstrait et de l'éventuel. Et si Hassan s'amusait volontiers de ce déferlement d'idées livrées en bataille ce n'était pas sans un sourire attendri pour aller avec, car la jeune femme avait bien meilleure allure à se projeter dans ce renouveau qui les attendait elle et Noah que durant cette période de flottement où tout n'avait plus tenu qu'aux machines de l'hôpital et l'investissement des médecins. « J’ai été inspirée, disons ça ainsi. » Il voyait bien, adhérait en silence, et souriait en contrepartie avant de s'enquérir de ses volontés, et de ce qu'elle souhaitait abattre en premier pour donner le départ à la métamorphose de son nouveau coin de paradis. « Le living me semble un bon départ, considérant qu’il prend le plus de place, et que c’est la pièce qui saute aux yeux directement à l’entrée. » avait-elle commencé par indiquer, marquant un temps d'arrêt avant de reprendre « La cuisine pourrait sûrement attendre, sachant que je risque de tout brûler dès qu’on y installera le four ... » Le rire était communicatif à nouveau, et se saisissant de papier et d’un crayon tendu par la jeune femme pour lister les nécessités Hassan avant répondu sur le ton de la boutade « Je vais finir par te donner des cours de cuisine, en échange de tes cours de peinture. » Bien plus enclin on s’en doute à lui apprendre à faire fonctionner un four sans mettre le feu à la maison qu’à tenir un pinceau en espérant en tirer quoi que ce soit de productif. Docilement pour l’heure avait-il suivi Ginny tandis qu’elle se lançait dans un inventaire de ce qu’elle avait ou n’avait pas, le brun notant dans un coin les quelques manques à combler par ci par là, auprès des connaissances de la jeune femme ainsi que des siennes. Et comme depuis le début il s’y attelait avec application, avec une rigueur qui frôlait presque la tentative pour noyer tout ce qui aurait pu venir parasiter son esprit ou sa concentration, tout y compris les bleus à son âme et les écorchures encore fraîches à son cœur, que Ginny avait pourtant décelé dieu sait comment et désigné d’un « Pour ça. » empreint de sa pudeur habituelle. Et c’en était déroutant dans un sens, cette capacité à lire entre les sourires de façade et l’emploi des banalités comme arbre pour tenter de cacher la forêt, quand au plus près d’Hassan on continuait à n’y voir que du feu. Éludant, minimisant, il pensait malgré tout encore passer au travers des mailles du filet jusqu’à ce que la jeune femme n’adopte le ton des mauvaises nouvelles. « Hassan, je … Il y a quelque chose que je dois te dire. » Fronçant les sourcils, il avait offert un sourire incertain et rétorqué « Ça a l’air sérieux. » presque dans l’espoir qu’elle désamorce et retire l’air grave sur son visage. Au lieu de ça elle avait donné l’impression de buter sur les mots, de ne pas savoir comment les choisir et comment les manier, arborant l’air honteux de celle qui avait quelque chose à se reprocher. « Et il n’y a pas de bonne façon de le faire, alors je vais juste retirer le pansement de suite, et voir après si tu ne veux pas user du marteau pour faire autre chose que solidifier les escaliers. » Maintenant elle l’inquiétait, et d’angoisse il sentait les battements de son cœur accélérer désagréablement. « Je connais Joanne. » Elle … pardon ? « C’est une longue histoire, et je t’épargne les détails, mais … je la connais. Et je sais aussi pour tout ce qui a pu arriver entre vous deux, avant et … récemment. » Elle savait pour tout, mais il ne savait pas vraiment ce que signifiait ce tout et ce qu’elle savait ou non, elle lui épargnait les détails mais ne suscitait alors que plus de questions, et l’égoïste sensation d’avoir trouvé là une épaule vierge de tout ce qu’avait été sa vie d’avant, celle dont faisait partie Joanne, s’effritait pour laisser l’amère sensation d’être toujours celui qui perdait, d’être encore celui dont on se jouait. « Comment tu … Depuis le début, tu savais ? » Et il imaginait maintenant, Joanne ne perdant sans doute pas une nouvelle occasion de se donner un rôle immaculé en maniant les faits et les mots à son avantage, et Ginny qui acquiesçait à l’étiquette de mauvais, d’intrus que la blonde lui aurait attribué pour justifier ses soubresauts d’opinions et la menace qu’elle avait décidé qu’il serait pour sa progéniture, comme si. Il était un peu sur la défensive alors, au moment d’assurer « Mais je doute que tu sache vraiment tout ce qui a pu arriver. » Avant et récemment, peu importe, elle n’avait que la version de Joanne et l’oreille amicale qu’elle y aurait prêté. Et la blonde d’avoir tant de fois osé lui reprocher d’avoir évoqué son nom avec Yasmine, avec d’autres, quand elle ne s’en était à l’évidence pas privée non plus. « Je déteste me mêler de ce genre de choses et je ne le ferai plus jamais, je te promets. » avait alors repris Ginny, dans une visible tentative d’arrondir les angles ou de combler les brèches que son aveu venait de créer dans la confiance d’Hassan, celle pour elle un peu, celle pour lui-même un peu plus. « Mais si tu as besoin de te vider le cœur, si tu as envie de ventiler, si tu veux être écouté, sache que je suis là. Et que je ne jugerai pas. Je sais ce que c’est de perdre l’amour de sa vie. Je sais le vide que ça laisse, les repères qui partent, la douleur qui ne veut jamais vraiment s’en aller. » Hassan écoutait sans répondre, le regard artificiellement accroché par la pointe de ses chaussures et les paroles réconfortantes de Ginny à peine suffisantes pour servir de pansement aux égratignures qu’il portait çà et là au cœur, à l’âme et à sa propre estime. « Et si je peux faire quoi que ce soit pour alléger un peu ton cœur, n’hésite surtout pas. » Ce n’était pas tant de sa sincérité que de son impartialité qu’il doutait, maintenant que Joanne probablement lui avait dressé un portrait peu flatteur de l’homme qu’il était, celui qu’elle regardait avec méfiance et malaise en oubliant un peu vite et un peu facilement qu’elle ne l’avait pas toujours regardé ainsi. « Joanne est très certainement la dernière personne dont j’ai envie de parler, à l’heure actuelle. » avait-il finalement réussi à articuler, le ton morne. « Surtout pas avec une de ses amies. » Parce qu’il n’avait pas besoin d’entendre une énième personne trouver des excuses à la blonde alors qu’elle n’espérait que ça, ne courait qu’après ça, depuis peut-être bien plus longtemps qu’il n’avait su s’en rendre compte. « Et je l’ai perdu y’a longtemps, l’amour de ma vie. Il ne ressemblait pas à celle que tu connais. » Elle le trouverait peut-être sévère, et peut-être aussi irait-elle le répéter à l’intéressée mais à y penser Hassan réalisait que cela lui importait peu, parce que des sentiments qu’il avait si précieusement gardé pour Joanne pendant tant d’années il ne restait presque rien, balayés par le mal que la blonde avait fait en l’utilisant comme un pion dans la petite vie qu’elle rêvait de se construire aux dépends des autres, aux dépends du mal que ses actions pourraient leur faire. Sa Joanne n'aurait pas agi ainsi, fait autant de mal, au fond sa Joanne n'existait plus. « J’ai juste … J’aimerais juste vraiment laisser tout ça derrière moi, et arrêter d’y penser. » Construire de nouvelles choses, de nouveaux projets, de nouvelles relations … Et l’espace d’un instant il avait cru que Ginny en ferait partie, mais Ginny comme le reste le ramenait à Joanne et inconsciemment Hassan en voulait à la blonde de continuer à parasiter son présent après avoir parasité les deux dernières années qu’il avait passé à tenter de se reconstruire. Pour elle, et donc pour rien.
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyJeu 8 Mar 2018 - 23:43

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Hassan & Ginny

À entendre ma voix, il sait de suite que quelque chose cloche. Que je passe en mode confession, en mode difficile. Parce qu’entre nous, on ne prend pas ce ton là, on n’est pas aussi graves, aussi sérieux. Même lorsque Noah frôlait la période la plus difficile de sa vie, jamais je n’avais usé de ce genre d’intonations, misant sur le beau, le doux, le facile avec Hassan, comme avec une bouée de sauvetage. Et c’est probablement ce qui capte de suite son attention, tout sauf habitué à pareil traitement de ma part. Je me replace sur mon siège, je tente d’aligner mes mots de la bonne façon, consciente que je n’ai qu’une seule chance de faire passer le message assez clairement pour qu’il n’y voit aucune attaque, aucun reproche. Bien sûr qu’il s’inquiète, qu’il fronce les sourcils. Et je laisse aller, pas trop certaine, mais un humour presque léger qui tente de calmer la donne. « Presque autant que ma dégaine pitoyable avec n’importe quel outil électrique. » c’est sérieux, c’est le temps d’avoir la discussion, c’est la fin de l’ère des hochements de tête avertis et des pincements de lèvres lorsqu’un détail lui échappe, et que je l’ai déjà entendu ailleurs. D’emblée, Hassan me demande si je connais Joanne depuis le début, depuis nos premiers pas, à lui et moi. Secouant la tête de la négative, j'éclaircis son interrogation ; qu’il n’aille pas se mettre en tête que j’ai joué à l’espionne d’un côté comme de l’autre, quand tout ceci aurait très bien pu rester dans leur cours à eux, et jamais n’être discuté dans la mienne. « Pas depuis le début. J’ai su il y a quelques semaines à peine que vous aviez été mariés - on n’avait jamais vraiment parlé de ces choses-là, elle et moi. »  parce qu’elle n’avait jamais vraiment eu besoin de se confier à moi, avant. Parce qu’elle encaissait probablement, qu’elle tentait de se sortir la tête de l’eau, ce que je ne comprends que trop pour l’avoir vécu toutes ces années de mon propre côté. Le truc ici, par contre, c’est que je n’ai pas envie de laisser les confidences traîner, de laisser une impression de curiosité mal placée, de rendre Hassan mal à l’aise, bien que malgré mes bonnes intentions, la simple expression fermée qui réside maintenant sur son visage veut tout dire. « Tu sais, je n’aime pas trop poser de questions, creuser ce que les gens ne veulent pas dire. J’écoute, j’essaie d’aider où je peux, mais pour le reste, c’est pas mes affaires. » comme j’ai pu dire exactement la même chose, à la petite blonde, jadis. Je suis là lorsqu’on me demande, je suis à l’écoute si je peux aider, si je peux être d’une quelconque utilité à qui que ce soit. Mais jamais je n’oserai juger, porter mon avis sur la question, aussi à vif soit-elle. Je n’avais aucune liberté là-dedans, et j’avais déjà bien trop d’histoires ponctuant mon quotidien pour me mettre le nez là où celles des autres pullulaient un peu trop.  « Je comprends. » que je soufflerai, non sans une légère pointe de déception. Celle d’avoir trop parlé, celle d’avoir parlé mal. Je n’aurais pas pu garder l’information plus longtemps pour moi sans la lui partager, pour la simple et unique raison que je n’ai plus du tout envie de secrets, dans ma vie. Que ce soit avec Ezra, Edward, Noah, plus rien ni personne n’y passe ainsi - et Hassan, qui a maintenant sa place toute indiquée à mes côtés s’il la veut toujours, mérite de savoir que je ne pars pas en complète innocence dans le récit. Je sais que je risque gros, d’être honnête. Je sais que je risque tout, et qu’il aurait tous les droits de mettre fin à l’après-midi, à tout ce qu’il promet, à notre suite, à nous. Mais il est toujours là, lorsque mes iris s’accrochent aux siens, tentant d’y lire ce qu’il pense de tout cela, ce qui, à ses yeux, reste le résultat à anticiper. « Hassan, je… je sais que c’est difficile à concevoir, mais je ne te dis pas ça pour prendre position, pour afficher mes couleurs, prendre un camp. » de l’entendre me qualifier d’amie de Joanne me fait tiquer, non pas parce que je n’apprécie pas la jeune femme, bien au contraire, mais parce qu’il tend à me mettre dans une catégorie que je n’ai pas choisie, tout simplement parce que selon moi, il n’y a aucune catégorie à choisir. La planète est bien assez grande pour que tous y vivent en harmonie, non? « C’était pas des mensonges tout à l’heure quand je t’ai dit que tu étais important pour nous. Et c’est à cause de ça que je veux m’assurer que tu vas bien, c’est tout. » et j’insiste, peut-être maladroitement, mais de la façon la plus authentique possible. Il verra d’un seul coup d’oeil que j’y tiens, à ce qu’on a bâti. Que j’y tiens, à son amitié si solide, à ses épaules si fortes, qui ont porté beaucoup plus qu’il n’aurait dû, durant les derniers mois. Il mérite de savoir ce que je sais, il mérite aussi d’être convaincu que ce qu’il a sous les yeux, ici, c’est une alliée. C’est plus que la maman d’un gamin malade, qu’il a su entourer d’amour et de gratitude durant tous ces longs mois. Naïvement, j’espère que d’un seul regard, il comprendra. « Pas besoin de me parler d’elle, pas besoin de me parler de vous deux, de votre passé, d’avant, de quoi que ce soit qui y est lié... » le tout m’est tellement non nécessaire, obsolète. Parce que leur vie reste la leur, leur jardin secret, leur intimité, et la précision est immanquable. « C’est à toi que je parle là, et à personne d’autre. »  et à son coeur, et à ce qu’il a envie de me partager, ce qu’il a envie d’expier. Mais je ne force pas. Lorsque Hassan annonce que ce chapitre est clos, fermé, page tournée, j’acquiesce, je laisse aller. Il sait, il est au courant, je saurai être patiente, je saurai me montrer présente, s’il souhaite encore que je le sois. « On fait ça, alors. » et d’un geste, je me lève, conclusion forcée qu’il semble tout de même apprécier. Un sourire, et on balaie du revers. Mes prunelles se posent sur la façade de la maison, sur un projet comme un autre, commencer à quelque part, occuper nos esprits, occuper le reste. « Et ça tombe bien. Parce que j’ai des planches à aller arracher sur la galerie, et c’est une activité qui se fait très, très bien en silence. » dans un soupir, un sourire, la journée coule de source.

« Hassan...? » paniquée, alarmée. Les yeux grands ouverts, la bouche en forme de O dubitatif, et le mur qui s’étend sous mes yeux de façon plus terrifiante encore que ce que j’aurais pu croire. Deux semaines qui se sont écoulées déjà depuis le début des travaux, deux semaines à côtoyer le Jaafari plusieurs heures d’affilées, à voir Tad manier un marteau comme le ferait un ninja de la rénovation des temps modernes, à entendre Qasim grogner contre la rampe de l’escalier qui semble vouloir se moquer de lui à chaque nouveau clou planté. Deux semaines à choisir les matériaux, à me sentir surveillée en tout temps ou presque, ma maladresse maintenant connue de tous sur le chantier pour avoir été vue et revue dans toute sa splendeur un nombre incalculable de fois. « HASSAN!  » pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas ma vie qui est en jeu, alors que j'appelle le brun à la rescousse, et que je finis par entendre ses pas pressés passer de la cuisine à la chambre de Noah. Il a appris à ne jamais me laisser seule trop longtemps pour cause de gaffe monumentale à la clé, et le spectacle auquel il aura droit lorsqu’il passera le pas de la porte est tout autant digne de mention. « Je pense que j’ai fait une gaffe. » ce qui était bien, dans l’achat de pot de peinture, c’était la simplicité du truc. On note le numéro sur un petit papier, on tend à la personne en charge à la quincaillerie, on reçoit le pot en question, on repart et on l’applique. La couleur me semblait ok, lors de la première application, longue barre qui fait toute la hauteur du mur. Un peu trop flashy à mon goût, mais qui sait, au séchage, elle perdrait sûrement un peu de lustre, non? La peintre qui se retrouve devant le trait de l'horreur, qui, même après des années à manier les couleurs et les pinceaux a fait l’erreur de croire que c’était juste une impression. Que le petit vert menthe sympa du magazine trouverait sa palette après une application de ce genre de vert jaunâtre bouteille dont seules les boissons gazeuses artificielles et additionnées d’aspartame devaient se retrouver couronnées. Et merde. Au moins, je sais qu’il rira, en voyant la grosse ligne qui orne le mur, tout comme celles dont j’ai réussi à colorer mon visage, à peine 5 minutes après avoir eu le pinceau entre les mains.
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyJeu 5 Avr 2018 - 4:33

Les mots de Ginny lui avaient donné matière à cogiter à de longues reprises. À réfléchir sur lui-même, sur ce que devait être sa vie maintenant qu’il se trouvait délesté de la plus importante composante de sa vie d’homme, lui qui s’était toujours senti être devenu l’adulte qu’il était aujourd’hui au contact de Joanne, et qui devait désormais composer avec la pléiade de sentiments qu’il n’aurait jamais imaginé nourrir un jour à son égard. À commencer par cette rancœur profonde, envers elle et envers ce qu’elle avait fait de lui, envers l’amertume et l’animosité qui s’étaient creusées une place dans un coin de son être quand des années durant il avait tenu ces sentiments et leur négativité loin de sa façon de vivre. Hassan n’était pas homme à cultiver la haine ou le ressentiment, parfois il lui semblait presque pouvoir entendre la voix de son père répéter inlassablement dans un coin de sa tête qu’il fallait savoir se montrer pardonneur et miséricordieux, et tel le serpent qui se mordait la queue c’était de ne pas réussir à appliquer ce principe à son ex-femme qui nourrissait une partie du ressentiment qu’il avait à son égard. Il n’aimait pas ce qu’elle avait fait de lui, n’acceptait pas ce que ces deux dernières années avaient changé chez lui, et pressé par la volonté et l’espoir de s’en défaire le brun n'aspirait à rien d’autre qu’à laisser tout cela derrière lui, ne plus laisser Joanne parasiter ses pensées, son quotidien, ses relations ; Il valait mieux que ça, il fallait qu’il se le répète pour y croire, mais il valait mieux que ça. Et s’il avait ce jour-là laissé Ginny sur une note plus fraîche que la conversation n'avait débuté, la bonne foi et les intentions louables de la jeune femme n’avaient pas mis longtemps à s’imposer comme une évidence, lui faisant même regretter d’en avoir un instant douté et valant de plates excuses auprès de la concernée lorsqu’ils s’étaient revus la fois suivante, avant un accord tacite de laisser ce sujet qui fâchait loin de leurs conversations. Et peu à peu, à nouveau, la légèreté s’était refait sa place au gré des travaux de rénovations qui avançaient et de l’année scolaire qui menait à son terme.

La chaleur estivale s’invitait, étouffante, tandis que dans les jardins de Logan City les décorations fleurissaient sur les pelouses ou sur les fenêtres. Allongé sur le sol de la cuisine, le joint en caoutchouc coincé entre ses lèvres et les mains prises dans la tuyauterie dessous l’évier, le professeur terminait de palier au problème de fuite qui laissait un peu d’eau s’évacuer dans le placard lorsque le « HASSAN ! » lancé comme un appel au secours l’avait fait sursauter et manquer de peu la bosse sur son front. Laissant là joint et clef à molette il avait sauté sur ses pieds et monté deux par deux les marches de l'escalier, certain qu’elle n’avait pas besoin de manier le marteau pour entreprendre de repeindre un mur mais craignant malgré tout de retrouver la propriétaire des lieux avec un pouce écrasé. Soulagement donc, quand dans un premier temps il l’avait trouvée en un seul morceau, avant de s’attarder sur son air de dépit et sur le « Je pense que j’ai fait une gaffe. » qui l’avait accompagné. Le regard glissant du pinceau qu’elle tenait à la main au mur où elle avait entamé sa besogne, il avait d’abord porté une main à son cœur en faisant valoir « Tu m'as fait peur, j’ai cru que tu t’étais esquinté quelque chose. » avant de réellement s’intéresser au fond du problème. Au mur, la zébrure verte jurait avec le reste de la pièce et affichait une teinte qu’Hassan avait accueilli avec un brin de perplexité « J’me rappelais pas que c’était cette teinte-là que tu m'avais montré … » s’était-il alors permis de faire remarquer, sans oser pointer du doigt le côté criard de ce qui s’étalait au mur, parce qu’au fond il n’était pas question de ses goûts à lui. Au regard que lui avait lancé Ginny les points s’étaient pourtant finalement reliés entre eux dans son esprit et le brun avait repris « … parce que ce n'est pas ce que tu m’avais montré, c'est ça ? » Et il commençait donc à entrevoir où se situait la gaffe. Reculant d'un ou deux pas, comme s’il espérait donner une seconde chance au vert en se mettant en perspective, il ne s’était senti que moyennement convaincu au moment d’hasarder « C’est pas si pire … » alors qu'en toute honnêteté ce n’était pas bien convaincant. « Okay, c'est un peu agressif. » Particulièrement pour une chambre, dont le but premier était d'apaiser et de reposer … et tout un mur de ce vert criard, ce n’était qu’un aller simple pour les migraines ophtalmiques, à la longue. « Mais je valide les peintures de guerre, en revanche. » Les bras se croisant, il avait affiché un sourire amusé face à la traînée verte qu’elle arborait sur le visage, comme s’il s’agissait là de la marque de fabrique de l’artiste qui sommeillait en elle le reste du temps. « Referme le pot, va. Y’aura qu’à le ramener à la quincaillerie et voir s’ils peuvent l’échanger. Quoi que Noah apprécierait peut-être d’avoir l’impression de dormir dans l'estomac de Hulk. » Il se moquait vaguement, gentiment. Et songeait maintenant à l’heure qui tournait, à leurs besognes qui avaient avancé et à ce verre de citronnade qu’elle lui avait vendu comme clôture à leur labeur.
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Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyLun 16 Avr 2018 - 20:00

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Hassan & Ginny

Je n’y peux rien, et dans la panique, c’est le nom du seul adulte responsable dans la demeure que je hurle, comme si c’était l’évidence, comme si sa seule présence à mes côtés arrangerait tout, réparerait ma bévue, repeindrait les murs à ma place. Hassan était le héros du jour depuis plusieurs jours consécutifs, et si jamais il ne m’avait fait faux bond depuis le début de son engagement à faire de ces rénovations autre chose que mon death wish, il aurait très bien pu s’envoler une fois les dernières tâches dangereuses accomplies. Une fois l’électricité, la plomberie, les outils tranchants et le dernier filage installé. Pourtant, il était toujours là, fidèle au poste, le sourire aux lèvres, et les pas qui se précipitent à ma porte comme si un feu s’était déclaré dans la nouvelle chambre de Noah, comme si la panique était telle qu’il ne pouvait pas prendre le risque de me laisser sans surveillance trop longtemps de crainte de me retrouver sous une poutre ou les pieds dans le plâtre fraîchement appliqué. « Pas aujourd’hui. » que je nie, rangeant dans la seconde mes mains derrière mon dos lorsque le Jaafari me demande si c’est à une nouvelle blessure que j’aie eu droit pour m'écrier de la sorte. Bien sûr que je cache la coupure sotte que je me suis faite en ouvrant distraitement le pot de peinture d’un mouvement maladroit, et la pièce de métal utilisée pour accomplir le crime qui siège au sol, à mes pieds. Si son esprit de déduction a bien vite rattrapé le fait que je ne lutte pas pour ma survie, mes mots et son regard par-dessus mon épaule, découvrant avec horreur le résultat qui colore l'ancien papier peint. Et son rire que je devine, que j’ai envie de partager, que mon égo qui n’est jamais vraiment bien solide rattrape à la dernière seconde. C’est un non piteux que je fais de la tête, enfant prise sur le fait, et Hassan qui encore une fois se retrouve devant une de mes nombreuses bêtises. « Rigole pas.  »  je suis presque déçue, je suis presque sérieuse, je le suis presque et je le jure, avant de pouffer de rire à mon tour. Sans sa présence ici pendant tous les travaux, j’ignore à quoi aurait ressemblé le semblant de maison que j’aurais fini par offrir à Noah à sa sortie officielle de l’hôpital. Des semaines durant, des efforts soutenus, de l’aide en quantité industrielle et jamais je n’avais dénoté de l’ennui dans son regard ou même dans celui de quiconque autre passé combler les trous et aider à sa façon. J’étais vraiment entourée d’amis en or, qui malgré mes erreurs répétées revenaient se pointer le bout du nez chaque matin sans même que je le demande, sans vouloir son reste. Et pour ça, je leur en serais éternellement reconnaissante. « Je suis sûre que j’ai dit le bon numéro à la quincaillerie, je suis sûre que... » pourtant, c’est au sol que mon regard se vrille maintenant, alors que je me penche, farfouille à travers les plastiques recouvrant le plancher, cherchant le fameux papier d’où était venu le malentendu, que suggère Hassan innocemment, ne me mettant pas le blâme sur les épaules alors qu’on sait tous les deux que c’est très probablement ma faute. « … on dirait un 8, hen? » elle est basse ma voix, elle se cherche, elle doute, et surtout elle sait bien que oui, ça a l’air de tout sauf d’un huit. D’un trois, d’un deux griffonné, d’un neuf bien avant d’être un huit. Et merde.  « J’aurais dû y aller avec ma première idée. » mais ce n’est pas abattue que je finis par me redresser, un rire échangé et un regard complice plus tard maintenant qu’Hassan propose de repeindre le tout façon Hulk et son intérieur. Ç’aurait pu, oui, ç’aurait été drôle un temps - jusqu’à ce que je n’en puisse plus d’entendre mon gamin de 8 ans me piquer le sourire aux lèvres sur le fait qu’encore une fois, ma tête en l’air avait serti son mur d’autre chose que le plan originel. « Bouge pas, deux secondes. » et ma tête tourne, mon esprit se précipite, autant que mes pas hors de la pièce, et je file à toute vitesse vers la trappe du grenier que je tire d’un geste, grimpant probablement trop rapidement les escaliers, manquant de me casser le cou 1.25 fois sur le chemin. C’est le chaos en haut, c’est une boîte qui tombe sur mon passage, quelques items qui craquent alors que j’ignore si le son se rapporte plus à quelque chose de cassé en 10 morceaux, ou en 30. Mais je m’applique, mais j’ai les sourcils froncés, l’air de défi, la recherche qui est intense et nécessaire et l’item que je suis venue trouver qui siège là, évident, que j’empoigne avant de refaire le chemin inverse. Un bleu sur le front de l’avoir cogné sur le plafond en redescendant les escaliers du grenier sans gêne plus tard, et me revoilà devant Hassan l’air de la fillette qui sait exactement quelle tornade elle peut être quand elle ne fait pas attention. « Un mur tout blanc, tout neuf. » que je statue, sérieuse, posant le pot de peinture que je suis allée chercher au sol, l’ouvrant minutieusement. « Qu’il pourra colorer lui-même. »  et j’explique la suite des choses, parce qu’en soit, du blanc dans la chambre d’un enfant, c’est pas la meilleure idée, c’est plus que salissant, c’est assez stupide pour finir par être recouvert de gribouillages, de coloriages improvisés ; ce que, justement, je souhaite. Le plan initial c’était ça, avant que je me laisse tenter par des photos de magazine qui ont fini par faire germer l’idée d’un vert doux pour ce mur-là. Mais voilà que la vie en a décidé autrement - pour ne pas dire ma tête en l’air - et que mon fils se retrouvera avec tout un grand, un immense canevas rien que pour lui et son imagination. Le rêve que j’entame à l’instant, profitant de la présence d’Hassan pour me surveiller le temps que je me remets à mes pinceaux.

« J’aimerais que tu sois là.  » quelques minutes plus tard, et la confirmation que le vert mutant sera bien vite de l’histoire ancienne. Ma tête se tourne vers mon ami qui est toujours dans les parages, et c’est un fin sourire qui orne mes lèvres alors que je poursuis. « Quand Noah va voir la maison, pour la première fois. » c’était l’évidence depuis qu’Hassan avait accepté de m’aider à mettre la maison sur pied, mais jamais on n’avait vraiment abordé le sujet. Voyant la date d’échéance qui approchait à grands pas, sachant que bien vite, on donnerait le dernier tour à pusieurs semaines de travail effréné, il m’apparaissait plus que normal de lui dire à voix haute, de lui préciser, d’insister surtout. Connaissant à quel point il était humble, il se déroberait probablement si je ne lui avais pas demandé d’emblée - et à mes yeux, voir la réaction de mon fils une fois qu’il pourrait enfin emménager dans sa maison, dans son nid, son cocon, était immanquable. « Y’a probablement plus de sueur et de labeur de ta part que de la part de quiconque d’autre ici. »  et je justifie doucement, le regard toujours plongé dans celui du brun, avant de faire un bref aller retour vers le pot de peinture pour remplir mon bac à nouveau et retourner peindre pour un tour. Son silence, son calme, sa réflexion me donne l’impulsion d’insister, parce que “non” n’est pas une réponse plausible à mes yeux. « … je veux que tu sois là. Que tu vois l’air qu’il fera, quand on lui montrera tout ça. » c’était ça, la plus belle récompense. C’était ça, le plus beau cadeau, le plus gros merci, la meilleure paie. Et je sais que mon ami le méritait tellement, je ne doutais pas une seule seconde qui l'apprécierait de tout son coeur. « Et je te jure de faire la sourde oreille tant que je n’entendrai pas un oui franchir tes lèvres. » je papillonne des cils avant de retourner à ma tâche, maintenant plus que motivée à en finir pour offrir le résultat final à mon bambin.

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hassanny ▲ it all feels right Empty
Message(#)hassanny ▲ it all feels right EmptyJeu 17 Mai 2018 - 10:11

Il avait tenté le sérieux, fait son possible pour conserver le semblant d’impassibilité nécessaire sur son visage au moment de commenter la couleur non pas choisie mais définitivement subie qui zébrait désormais le mur de la future chambre d’enfant, mais malgré le « Rigole pas.  » mollement maugréé par Ginny avec dépit la situation lui avait arraché un rire, suffisamment communicatif pour qu’elle ne le rejoigne à son tour quelques instants plus tard. « Je suis sûre que j’ai dit le bon numéro à la quincaillerie, je suis sûre que ... » avait-elle finalement assuré d’un air boudeur, attrapant comme pour apporter la preuve de sa bonne foi le bout de papier qu’elle avait utilisé pour passer commande après de l’employé de la quincaillerie, et questionnant d’un ton que le brun trouvait pourtant plus incertain qu’il n’aurait dû l’être « … on dirait un 8, hen ? » Jetant un œil au supposé huit, le regard en coin remontant vers Ginny avec une pointe de désolation, il s’était mordu la lèvre pour ne pas rire à cet air enfantin de bêtise à demi avouée et s’était contenté de demander « Tu tiens vraiment à ce que je réponde à cette question ? » comme si les faits parlaient d’eux-mêmes. Et ils parlaient, clairement. Le soupir las, la voilà donc qui arguait, pensive, battant en retraite d’un « J’aurais dû y aller avec ma première idée. » qui ne changerait de toute façon plus le problème. Et alors qu’Hassan s’apprêtait justement à faire remarquer que de la même façon qu’un coup de peinture avait contrecarré ses plans un autre pouvait très bien régler le problème, la jeune femme avait entrouvert la bouche avec l’air de celle dont l’ampoule venait de s’éclairer au-dessus de son crâne, l’idée jaillissant d’un seul coup et la faisant s’exclamer « Bouge pas, deux secondes. » pour le planter là l’instant d’après. L’entendant qui tirait la trappe – du moins le bruit y ressemblait – qui menait au grenier et grimpait deux par deux les marches pour se balader bientôt au-dessus de sa tête, laissant derrière elle une traînée d’objets qui chutaient, de cartons qui s’écrasaient au sol dans un semi-fracas en provoquant chez Hassan une grimace et un « Tout va bien là-haut ? » incertain, Ginny était réapparue l’air de rien en traînant avec elle un autre pot de peinture. Un pot de peinture blanche, rien à voir donc avec ses désirs de vert jusqu’à présent évoqués. « Un mur tout blanc, tout neuf. » L’air qu’arborait l’acolyte de chantier trahissait sa dubitation, bien qu’il se serait probablement exécuté sans broncher parce qu’au fond ce n’était pas sa maison et donc pas ses choix, mais il avait finalement suffit qu’elle ajoute « Qu’il pourra colorer lui-même. » pour que le regard d’Hassan s’illumine à nouveau avec intérêt. C’était un parti pris, de risquer que les murs de cette pièce soient à terme recouverts de gribouillages plus ou moins adroits, mais contre toute attendre … « Okay, je crois que j’adore vraiment beaucoup trop cette idée. » Probablement parce qu’il savait qu’à l’âge de Noah, il aurait adoré cette option de pouvoir décorer à sa guise les murs de sa chambre, et ce même si ses talents pour le dessin étaient à la mesure de ce qu’on lui connaissait … c’est-à-dire quasiment inexistants.

L’idée maintenant arrêtée, et Hassan en ayant presque oublié la plomberie qu’il avait laissé en suspens dans la cuisine, l’un et l’autre s’étaient armés d’un rouleau pour recouvrir non seulement la tentative avortée de vert criard mais aussi le reste du mur donc le blanc sale et usé se retrouvait progressivement remplacé par un autre, neuf et entêtant. « J’aimerais que tu sois là.  » Le pinceau en l’air, il avait questionné Ginny du regard sans comprendre quel bout manquant à cette phrase il avait loupé « Quand Noah va voir la maison, pour la première fois. Y’a probablement plus de sueur et de labeur de ta part que de la part de quiconque d’autre ici. Je veux que tu sois là. Que tu vois l’air qu’il fera, quand on lui montrera tout ça. » Remarquant à peine la goutte de peinture qui, dégoulinant du rouleau était venue terminer sa course sur l’une des converses usées qu’il réservait exclusivement à ses créneaux de travaux salissants, il avait senti l’envahir une vague de chaleur au goût de gratitude rapidement suivi pourtant d’une incertitude que Ginny avait décelée avant même qu’il ne l’ait formulée « Et je te jure de faire la sourde oreille tant que je n’entendrai pas un oui franchir tes lèvres. » Ouvrant la bouche pour formuler un fond de protestation, il n’avait finalement pas sorti le moindre mot et s’était contenté de rester là, quelques secondes de plus le pinceau en l’air et l’expression dubitative, avant qu’un fin sourire ne lui échappe « Puisque je suis soumis à un odieux chantage, je vais être obligé d’accepter. » Trempant à nouveau son rouleau dans la peinture pour reprendre la besogne, il avait laissé passer un silence d’une seconde ou deux avant de glisser un second regard en coin vers Ginny, laissant en suspens un « Maintenant … » Obtenant son attention, il avait détourné les yeux l’air de rien pour s’intéresser à nouveau au mur en laissant échapper « Il faut juste espérer que d’ici là tu n’auras pas les deux mains bandées et les deux jambes dans le plâtre. » Et juré, il avait presque vu venir le coup de peinture dans sa direction et la tâche blanche coagulant dans ses cheveux tandis qu’il rendait à la jeune femme la monnaie de sa pièce, le sol dieu merci protégé par une bâche qui semblait n’avoir attendu que cela, le moment où les adultes se laisseraient submergés par leur facétieuse âme d’enfant.
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