| (noanwar) the violence caused such silence |
| | (#)Mar 14 Nov 2017 - 21:05 | |
| noa & anwar the violence caused such silenceAnother head hangs lowly, child is slowly taken and the violence caused such silence. Who are we mistaken ? It's the same old theme since nineteen-sixteen, in your head, in your head they're still fightin' ☆☆☆ Le printemps et son taux d’humidité qui battait des records, arrachant une légère grimace de dégoût à Anwar quand le légiste avait fait basculer le corps sur la bâche dans un bruit presque … caoutchouteux. « Il est là depuis longtemps ? » Imperturbable dans son travail, le médecin n’avait pas daigné relever les yeux pour répondre d’un ton évasif « Difficile à dire avec la pluie de ces derniers jours. » Se retenant de rouler des yeux devant tant de précision, le brun avait été rejoint par Banks, le dernier arrivé dans l’équipe, dont la spécialité semblait être d'enfoncer des portes ouvertes « Il est bien amoché, en tout cas. » No shit Sherlock. « Il n’avait pas de papiers sur lui, juste un téléphone – éteint – et des clefs dans une de ses poches. » Donc pas de Qui, pas de Quand … Pas de Comment précis non plus, probablement, les légistes pas du genre à faire des suppositions avant d’avoir fait leur travail en profondeur (sans mauvais jeu de mot). « Les poubelles passent quand ici ? » - « Le lundi et le jeudi, je viens de demander chez le coiffeur en face. » Les mains enfoncées dans les poches de son pantalon, Patton les avait rejoint et répondait partiellement à la question du Quand, puisqu’ils étaient jeudi. « C’est ton jour de chance Banks, aujourd’hui c'est atelier archéologie. » Et si le nouveau venu avait ouvert des yeux ronds, incrédule, ses espoirs qu’on lui parlait sérieusement étaient probablement partis en fumée dès l'instant où, arrivés au poste, ils avaient du enfiler chacun une combinaison pour entamer des fouilles archéologiques … dans le contenu de la benne, séparés en plusieurs sacs poubelles ramenés au hangar du central. Qui ? Dustin Anderson, dix-sept ans. Quand ? La nuit du lundi au mardi, d’après le légiste. Comment ? Perforation de l’estomac probablement effectuée à l’aide d’un tesson de bouteille, toujours d’après le légiste. Casier judiciaire long comme le bras et jusqu’à présent pas signalé comme disparu, le dénommé Dustin vivait à Redcliffe avec une mère, trois sœurs et deux frères dont le plus jeune n’avait que quatre ans. Les accueillant au milieu d’un capharnaüm de vêtements éparpillés, de cartons de pizzas vides empilés et d’une odeur de renfermé persistant dans son appartement, la mère avait accueilli la nouvelle de la mort de son fils avec un fatalisme déconcertant, et sidéré Anwar en questionnant d’un ton morne « Si vous retrouvez celui qui a fait ça il paiera l'enterrement ? » visiblement plus inquiète à l’idée de ce que la mort de son rejeton allait lui coûter que du fait d'avoir perdu un enfant. Au moins avait-elle utile en ce qu'elle leur avait fourni quelques informations de nature à leur donner une ou deux pistes de travail supplémentaires, de quoi espérer que cette enquête n'aille pas grossir les rangs de celles jamais résolues faute d’éléments tangibles. Et voilà comment Noa Jacobs s’était retrouvée convoquée au commissariat un mardi matin, après qu’un lien entre la victime et elle ait été établi et que deux témoignages aient fait état d’une querelle récente entre Dustin et elle. Durant la période où il travaillait aux stups, Annie avait déjà eu plusieurs fois l’occasion de croiser le chemin de la jeune femme. Éducatrice de rue, elle côtoyait presque quotidiennement certains des individus dont Anwar faisait la chasse, et si le policier n’était pas sans ignorer son caractère un peu tranchant il peinait à imaginer la demoiselle frappant et poignardant un adolescent avec un cadavre de bouteille de bière. Mais puisque son ressenti n’était ni une preuve ni un fait infaillible, le brun s’était contenté de tendre une main professionnelle lorsqu’elle avait passé la porte du bureau, escortée par Patton. « Inspecteur Zehri, ma collègue le Lieutenant Patton. Merci de vous être déplacée. » Bien que, certes, lorsque l’on se retrouvait convoqué dans un commissariat on ne se sentait pas vraiment d’autre choix que répondre docilement à l’invitation. « Installez-vous. » lui avait-il ensuite proposé en lui désignant la chaise libre en face de son bureau, tandis que Patton s'installait derrière l’ordinateur du bureau d’à côté. « Pour la procédure je vais vous demander d’énoncer à voix haute à ma collègue vos nom, prénom, date et lieu de naissance, et votre métier. Vous savez comment se déroule une audition ? L’intégralité de la conversation sera retranscrite, imprimée, et on vous demandera de la signer pour la valider. » Ce qu’il se gardait bien de dire pour l’instant en revanche, c’était la raison pour laquelle elle était convoquée ce matin-là. Il attendait de voir si elle devinait, supposait, bref, si elle se sentait ou non la conscience tranquille, à première vue.
Dernière édition par Anwar Zehri le Dim 9 Sep 2018 - 15:34, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 16 Nov 2017 - 23:18 | |
| « Noa ? c’est pour toi. » elle me tend le téléphone comme d’habitude. Je me lève de mon bureau, enfin, pas le mien, celui qu’on partage avec mes collègues. Un téléphone pour cinq, trois ordis pour cinq, tout va bien. Je prends le combiné. « C’est à quel sujet ? » aucune information ne peut m’être dite par téléphone. En tout cas, je sais que je suis convoquée au commissariat l’après-midi même. J’étais persuadée qu’il s’agissait une Nième fois d’une histoire dans laquelle l’un des jeunes que je suivais était impliqué. Mais d’habitude, je connaissais la cause de cette audition. Là, rien. Je raccroche et regarde ma collègue. « Je ne vais pas pouvoir être là cet après-midi. Préviens Denis. S’il te plait. » Par chance, c’était jour de réunion et je n’avais pas de rendez-vous important sur ce créneau. Après cet appel, impossible pour me de rester concentrée. « Je vais prendre une pause. » J’étais nerveuse et j’étais incapable de dire pourquoi. Ma collègue avait trouvé mon envie soudaine de sortir étrange. Il suffisait de voir la manière dont elle m’avait regardé pour le comprendre. Alors que je sortais une cigarette pour fumer tranquillement devant le bureau, deux jeunes en moto passèrent devant et l’un d’eux retira son casque pour crier « Salope ! tu vas crever ! ». et ils disparurent au coin de la rue. Sur le coup, j’avoue ne pas trop comprendre ce qu’il venait de se passer. J’avais bien l’habitude des menaces en tout genre mais devant mon lieu de travail, c’était bien la première fois. Je ne terminai même pas ma clope, l’écrasa contre le cendrier extérieur et rentra à nouveau. « De mieux en mieux… » ma collègue me regarda surprise, se demandant ce que je voulais dire. Je quittais enfin le bureau, direction le poste de police. J’empruntai une voiture de service pour m’y rendre le plus rapidement possible, toujours persuadée que j’étais là pour sortir un des jeunes que j’accompagnais d’une sale histoire. J’entrais à l’interieur. « Noa Jacobs, on m’a convoqué… » on me demande de patienter mais au lieu de me faire attendre comme d’habitude dans la salle d’attente avec tout le monde, on me guida directement dans le bureau d’un des inspecteurs. Je reconnus aussitôt Zehri avec qui j’avais l’habitude de travailler. « Inspecteur Zehri, ma collègue le Lieutenant Patton. Merci de vous être déplacée. » avais-je vraiment eu le choix ? Je m’installe une fois qu’il m’invite à le faire. « Pour la procédure je vais vous demander d’énoncer à voix haute à ma collègue vos nom, prénom, date et lieu de naissance, et votre métier. Vous savez comment se déroule une audition ? L’intégralité de la conversation sera retranscrite, imprimée, et on vous demandera de la signer pour la valider. » tout ça me paraissait bien plus sérieux que d’habitude. Dans le cas d’autres déposition, on allait au but, je donnais ma version des faits, ce que je savais sur le jeune et on s’arrêtait là. Peut être que la procédure, comme il avait précisé, avait changé. J’allais jouer la transparence. « Anita Jacobs, née le 7 avril 1983. Educatrice spécialisée… » voilà pour les réponses attendues, mais il me semblait, que au moins mon métier, il le connaissait. « d’habitude, quand je suis convoquée, je sais au moins pourquoi et pour qui… de qui s’agit-il s’il vous plait ? » |
| | | | (#)Sam 13 Jan 2018 - 16:01 | |
| On pourrait croire qu’Annie était rodé aux auditions – car il ne s’agissait là pas encore d’un interrogatoire – depuis le temps qu’il portait un badge, mais les choses étaient en réalité un peu plus compliquées que cela. D’avoir fait ses armes aux stups lui avait donné une certaine habitude du conflit ouvert, de la joute verbale sur fond de volonté d’être le plus malin des deux, qu’il soit face au guetteur du bas de la chaîne alimentaire ou d’un manipulateur de gros sous à la position plus confortable. Aux homicides les choses étaient différentes, les personnes également, et au bout d’un an Anwar commençait seulement à trouver ses marques et monter sa propre manière de faire. Le fait de devoir convoquer une personne qu’il avait déjà – succinctement – rencontrée dans le cadre de sa précédente affectation pouvait au choix être un avantage ou un inconvénient, et en attendant de se faire un avis à ce sujet le policier avait pour projet d’agir avec des pincettes, servant à la jeune femme après les banalités d’usage le B-A-BA de la procédure entamant n’importe quelle audition de témoin. « Anita Jacobs, née le 7 avril 1983. Educatrice spécialisée … » s’était-elle donc pliée docilement, bien que semblant faire preuve d’un brin de méfiance qu’Anwar préférait mettre sur le compte de la convocation surprise pour des faits dont on ne lui avait pas encore expliqué la nature. Et sans lui laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit la jeune femme avait justement repris avec impatience « D’habitude, quand je suis convoquée, je sais au moins pourquoi et pour qui … De qui s’agit-il s’il vous plait ? » Conservant volontairement une certaine neutralité sur le visage, le policier s’était contenté de jeter un regard vers sa collègue qui, ayant faire une pause dans sa retranscription, s’était permis d’interrompre « Il manque le lieu de naissance. Pour la forme. » adressant un sourire fin à l’éducatrice, la policière avait noté l’information manquante sur son rapport, laissant Anwar reprendre le fil de la discussion et de la question qui venait de lui être posée. « Simples vérifications de routine, pas de quoi vous inquiéter. » lui avait-il assuré en forçant un sourire supposé lui faire comprendre qu’il n’était pas là pour lui créer artificiellement des ennuis – si tenté qu’elle ne se soit pas déjà fourrée dedans toute seule. « C’est un peu comme nous, votre boulot. Vous devez en voir des vertes et des pas mûres, uh ? » Créer un lien, un point d’entente. Créer l’illusion que flic et suspect – potentiel – étaient du même côté si l’on savait regarder en suivant le bon angle. « Vous n’avez eu aucun souci particulier ces derniers temps, ces dernières semaines ? Menaces, altercations ? » Et la partie d’échec qui se mettait doucement en place, avec l’avantage d’avoir un coup d’avance qui permettait de savoir si l’interlocuteur tentait le bluff ou préférait emprunter le chemin sinueux de la franchise. « Si mes souvenirs ne me jouent pas de tours, vous avez déjà dû gérer quelques grandes gueules par le passé, des individus pas toujours acquis à votre volonté de les aider … ? » A certains moments Annie était presque dans la volonté de croire que leurs boulots respectifs n’étaient en fin de compte pas si différents, mais à d’autres moments il lui semblait qu’un gouffre subsistait entre les deux, prévention contre répression. La limite était parfois un peu chiffon, un peu floue, avec maintenant la question de savoir si cela suffisait à pouvoir mener au dérapage. Anita avait-elle dérapé ?
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| | | | (#)Dim 14 Jan 2018 - 13:33 | |
| « Il manque le lieu de naissance. Pour la forme. » J'avais presque oublié cette autre nana qui prenait les notes, telles une assistante. Le mec pose les questions et elle se contente d'écrire tout ce qui sortira de ma bouche, ça pouvait en dire long sur la place de la femme dans ce genre de profession. Enfin, peut être que j'avais tendance à extrapoler un peu trop, là n'était pas de savoir quelle était la parité et les différences traitement entre homme et femme dans la police mais bien de savoir ce qui m'avait amené ici. « Melbourne. » je regardais à nouveau l'agent devant moi. Anwar Zehri, on s'était déjà croisé quelques fois. Ma profession m'amenant à avoir parfois des relations étroites avec les services de polices. Malheureusement, c'était rarement pour des festivités. Il y avait un espèce de conflit d’intérêt entre les services sociaux et la justice. Ceux qui tentent de ramener à la raison des jeunes en errances, paumés, que la vie n'a pas épargné. Et les flics, qui souvent pensent que quand on fait une connerie un jour, il sera difficile de s'en sortir. Une espèce d'étiquette collée sur le dos juste parce que la vie est pourrie, que les choses sont mal faites. Qu'on vient d'un quartier peu fréquentable, qu'on est confronté à un quotidien difficile, cet espèce de destin tout tracé. T'es à peine né que t'es déjà un futur délinquant. Personne ne prend en compte le potentiel, seules les difficultés sont ciblées et pourtant, il y aurait de quoi faire, de quoi valoriser, vraiment. « C’est un peu comme nous, votre boulot. Vous devez en voir des vertes et des pas mûres, uh ? » Un peu comme eux... la seule chose qui nous lie c'est bien qu'on intervient auprès des mêmes personnes. Ceux qui n'ont pas le droit à l'erreur. Mais, il avait raison dans un sens... on pouvait faire face à toutes sortes de cas de figures, des vertes et des pas mûres comme il dit... je me contente de faire un signe de la tête. En réalité, je ne voyais toujours pas où il voulait en venir. « Vous n’avez eu aucun souci particulier ces derniers temps, ces dernières semaines ? Menaces, altercations ? » Menaces, altercations... c'était parfois ma routine. « S'il y a bien une caractéristiques à la prévention de rue, c'est les menaces et les altercations... le fait même de marcher dans les rues peut être une provocation pour ces jeunes... » mais je reviens sur la première partie de sa question. « Mais, j'ai eu un soucis en particulier il y a quelques semaines dont un rapport a été fait à ma hiérarchie, pendant mes heures de travail. Il n'a pas été nécessaire de faire poursuivre cette histoire devant la justice... » implicitement, je demandais donc comment ils auraient pu avoir vent de ce fait. Est ce que la direction avait décidé de porter plainte à ma place ? . « Si mes souvenirs ne me jouent pas de tours, vous avez déjà dû gérer quelques grandes gueules par le passé, des individus pas toujours acquis à votre volonté de les aider … ? » et si on en venait aux faits? Je ne comprenais pas cette manière de tourner autour du pot. . « Est ce que je suis la pour une déposition? De quoi parle-t-on? Monsieur l'agent... » mon regard se plantait droit dans le sien. J'attendais que cette conversation devienne concrète. |
| | | | (#)Jeu 1 Fév 2018 - 17:58 | |
| Depuis son coté du bureau Anwar jaugeait minutieusement la jeune femme assise en face de lui, laissant l'objectivité de la retranscription à son équipière tandis qu'il s'en remettait pour sa part à ses intuitions. Il avait une certaine admiration pour les gens comme Mademoiselle Jacobs, pour les gens qui se mettaient au service des autres de façon générale mais plus particulièrement pour les gens exerçant un métier comme le sien, parfois ingrat, parfois sous-estimé, souvent mal reconnu. Il nécessitait une foi en l'être humain dont Anwar se surprenait à manquer parfois, de plus en plus, la faute probablement à son boulot et au fait qu'il lui faisait côtoyer et constater ce qu'il y avait de pire chez l'Homme. Mais Noa Jacobs restait un être humain elle aussi, tout sauf infaillible, et l'éventualité du pétage de plomb d'une jeune femme à bout de nerfs était une éventualité qu'il ne pouvait pour le moment pas écarter. « S'il y a bien une caractéristiques à la prévention de rue, c'est les menaces et les altercations ... le fait même de marcher dans les rues peut être une provocation pour ces jeunes ... » arguait-elle de son côté avec un certain calme, vérité générale qu'il ne tentait pas de remettre en cause, mais l'évocation d'un Mais qu'il attendait avec plus d'impatience « Mais, j'ai eu un soucis en particulier il y a quelques semaines dont un rapport a été fait à ma hiérarchie, pendant mes heures de travail. Il n'a pas été nécessaire de faire poursuivre cette histoire devant la justice ... » La mention du rapport fait à la hiérarchie avait fait tiquer Anwar, qui déjà dans un coin de sa tête notait la demande de consultation qui pourrait en être faite afin que l'équipe se fasse son propre avis sur la question. Grattant un peu plus loin, cherchant à provoquer une quelconque réaction, il avait malgré tout heurté la patience de la jeune femme, dont le ton s'était subitement fait plus tranchant lorsqu'elle avait demandé « Est ce que je suis la pour une déposition ? De quoi parle-t-on ? Monsieur l'agent ... » Calmement il avait commencé par corriger, machinalement « Inspecteur. » Bien qu'il en aurait usé sans hésitation s’il en avait eu l’autorisation, Anwar ne pouvait pas garder l’éducatrice dans l’ignorance concernant les raisons de sa convocation au poste, aussi devant son refus de coopérer plus tant qu’elle n’aurait pas obtenu de réponse à sa question le policier avait abattu son autre carte maitresse et ouvert le dossier posé à côté de lui. Sans un mot, il en avait retiré les deux photos développées par le laboratoire de la police et les avait posées devant Noa ; La première montrant Dustin Anderson de face, sur la table d’autopsie, et la seconde le montrant au même moment mais de profil. Avant même de répondre quoi que ce soit Annie avait minutieusement observé la réaction de la jeune femme face à ces clichés, persuadé que l’expression de son visage serait plus sincère que n’importe quel mot susceptible de sortir de sa bouche ensuite. Après plusieurs secondes d’un lourd silence, malgré tout, il avait questionné « Vous reconnaissez cet homme ? » Bien sûr qu’elle le connaissait, ils n’auraient pas pris la peine de la convoquer pour la cuisine s’ils n’avaient pas déjà la réponse à cette question, mais entendre ce que Noa avait à dire n’en était pas moins intéressant. « Je pense qu’il est temps que vous me parliez plus en détails de cette altercation que vous avez eu il y a quelques semaines. Celle relatée à votre hiérarchie. » A côté de lui Patton avait l’air dans les starting blocks, sachant pertinemment que ce qu’elle retranscrirait prenait véritablement son importance à cet instant, et qu’elle ne devait pas louper le moindre mot de ce qui se dirait durant cette conversation. Chaque mot pouvait avoir son utilité, chaque mot pouvait compter, le moment venu. Comment Dustin était-il mort, depuis combien de temps, à quel endroit l’avait-on trouvé … Tant de cartes que l’inspecteur n’avait pas encore abattue, persuadé que c’était en ne distillant pas ce genre d’informations sans y réfléchir minutieusement que l’on arrivait le mieux à ses fins dans une enquête de police. « Vous n’êtes entendue que comme témoin, rien de plus. Inutile de vous en faire. » ajoutait-il encore, adressant un bref sourire, désireux de la mettre plus en confiance mais tout aussi désireux de passer au plus vite au cœur de la conversation.
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| | | | (#)Lun 5 Fév 2018 - 15:08 | |
| Inspecteur, argent, officier, capitaine ou que sais-je désolée pour lui si j’avais blessé son égo, il semblerait que dans la police, on tienne à son grade comme à la prunelle de ses yeux. Mais en réalité, pour moi, c’était la même chose. Inspecteur, si ça lui tient à cœur. Très bien. Maintenant, je voulais savoir pourquoi j’étais là. Pourquoi on m’avait convoqué ici. Et apparemment, j’allais bientôt connaitre la réponse. L’inspecteur s’agita devant moi pour sortir une photo de son dossier. Devant moi, deux clichés d’un jeune homme mort, sur une table d’autopsie. A vrai dire, ce genre de clichés pouvaient choquer plus d’une personne, mais ce n’était pas les premiers que je pouvais voir. J’avais déjà été amené à certifier l’identité d’un corps retrouvé, souvent, en cas de suicide, ce qui n’était malheureusement pas si rare dans notre métier. Les jeunes qui se donnent la mort car ils sont épuisés de se battre, épuisé d’être dans un système qui ne les accepte pas. Ça a toujours été très difficile de faire face à ces atroces nouvelles et quand les parents se sentent incapable de se déplacer pour reconnaitre un corps retrouvé dans la rue, on fait appel à nous, on nous demande si le jeune en question pourrait être suivi par nos services… C’est difficile, compliqué, mais ça arrive. Et il faut le faire. Je passe mes mains sur mon visage quand bien sûr, je suis capable de dire de qui il s’agit. Quand je le reconnais. Je ne connais pas son nom, pas son prénom mais je sais qui il est, je n’ai déjà croisé, une fois en particulier. « Vous reconnaissez cet homme ? » je fais un signe de la tête. « Je le reconnais, mais je ne saurai pas vous dire comment il s’appelle, il ne fait pas partie des jeunes que l’on accompagne… » Pour moi, j’avais fait ma part du marché. Je ne pouvais plus rien pour eux à présent… j’étais désolée pour ce jeune homme qui s’était sans doute donné la mort lui aussi. Je pensais qu’ils allaient me laisser partir quand l’inspecteur poursuit. « Je pense qu’il est temps que vous me parliez plus en détails de cette altercation que vous avez eu il y a quelques semaines. Celle relatée à votre hiérarchie. » je fronce les sourcils, comment ça, que veut-il dire par là ? « Vous n’êtes entendue que comme témoin, rien de plus. Inutile de vous en faire. » j’ignorai en quoi mon altercation avec ce jeune pourrait être utile, ce n’était qu’un incident isolé qui avait été géré et aucune suite n’avait été donné. « Vous pouvez toujours demander le rapport à mon responsable. Il vous en donnera une copie. Cette histoire remonte à plusieurs semaines, mon témoignage aujourd’hui sera bien moins complet que les faits relatés à cette période. C’est bien pour ça qu’on fait des écrits dans un délai minimum… si non, on oublie ! » |
| | | | (#)Jeu 22 Fév 2018 - 0:45 | |
| Le duo de photos mises devant ses yeux avait semblé déranger la jeune femme, mais pas suffisamment pour qu’elle n’en détourne immédiatement les yeux, chose qu’aurait fait n’importe quelle personne peu habituée à faire face aux cadavres. L’ennui, c’est qu’à ce stade de la conversation Anwar n’était pas encore en mesure de décider si c’était l’habitude des corps sans vie ou simplement le fait d’avoir déjà vu ce corps-là, qui la rendait si peu impressionnable. Ne niant pas totalement le fait de connaître la désormais victime, la jeune femme s’était malgré tout fendue d’un « Je le reconnais, mais je ne saurai pas vous dire comment il s’appelle, il ne fait pas partie des jeunes que l’on accompagne … » qui tentait de remettre les choses en perspective et de minimiser les relations qu’elle pourrait avoir eu avec Dustin. Et s’il voulait bien – dans certains cas – faire preuve de magnanimité et laisser le bénéfice du doute à la personne qui se tenait en face de lui, cette fois-ci le mensonge lui paraissait trop gros et la coïncidence trop évidente pour qu’il ne se laisse convaincre. « Vous voulez me faire croire que vous ne connaissez pas ne serait-ce que le prénom d’un individu sur lequel vous avez cependant pris le temps de rédiger un rapport ? » Cela paraissait un peu gros, à ses yeux. Sans compter que si altercation il y avait eu elle devait bien avoir trouvé sa source quelque part, on n’en venait pas au conflit par le simple hasard de s’être retrouvé dans la même rue au même moment. Utilisant d’ailleurs le dit rapport comme levier pour tenter de faire avancer la conversation, Anwar s’était heurté à une Noa beaucoup moins encline à coopérer. « Vous pouvez toujours demander le rapport à mon responsable. Il vous en donnera une copie. Cette histoire remonte à plusieurs semaines, mon témoignage aujourd’hui sera bien moins complet que les faits relatés à cette période. C’est bien pour ça qu’on fait des écrits dans un délai minimum … si non, on oublie ! » Fin rictus d’agacement sur les lèvres du brun, qui n’appréciait que moyennement le ton que la jeune femme était en train de prendre avec lui, après quoi il avait croisé les bras et s’était appuyé un peu plus contre le dossier de sa chaise, en jaugeant son interlocutrice. « Nous en demanderons une, ne vous en faites pas. Mais dans l’immédiat ce qui m’intéresse c’est votre version des faits, éclairez-moi. » Les choses avaient toujours un impact différent lorsqu’elles étaient dites à l’oral, et les différences qui subsisteraient entre ce qu’elle leur dirait aujourd’hui et ce qu’ils liraient plus tard – probablement le lendemain – avaient aussi une importance. « Vous aviez déjà vu la victime, avant le jour de votre altercation ? Que s’est-il passé au juste entre vous et lui pour que vous en veniez à faire un rapport à votre hiérarchie ? » Il doutait que ce soit une pratique à laquelle elle se plie à chaque mot un peu plus haut que l’autre, il devait forcément y avoir plus que ça. « S’il y a eu des témoins de votre accrochage avec ce jeune homme, j’aurais également besoin que vous me fournissiez leurs identités. » Là encore ils ne se gêneraient pas pour faire leurs propres vérifications par la suite, la parole d’un témoin n’était jamais une fin en soi, et vérifier qu’ils n’avaient rien omis était presque aussi important que de s’intéresser à ce qu’ils avaient accepté de fournir sans broncher. Ou presque. A côté d’eux, imperturbable, Patton tapait sur son clavier à la vitesse de l’éclair en gardant un air impassible. Pourtant, Anwar la connaissait assez pour savoir qu’elle ne perdait pas une miette de l’échange et que bien loin de se contenter de le retranscrire comme un robot, elle en analysait chaque phrase et faisait travailler son esprit en ébullition en le gardant pour elle.
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| | | | (#)Dim 25 Fév 2018 - 15:52 | |
| « Vous voulez me faire croire que vous ne connaissez pas ne serait-ce que le prénom d’un individu sur lequel vous avez cependant pris le temps de rédiger un rapport ? » J’ignorai si je devais rappeler à ce cher inspecteur que les rapports anonyme étaient tout à fait possible et qu’il était d’ailleurs possible de le faire en portant plainte contre X… cette question me laissait vraiment dubitative. Je regardais les photos, toujours sous mes yeux et d’un geste doux de la main, je les reculais pour les mettre devant lui plutôt que là, juste sous mon nez. Bien que cette vision ne fût pas si choquante pour moi, ce n’était pas non plus une partie de plaisir. « Ne vous arrive-t-il jamais de prendre des plaintes contre X lorsque l’identité de l’agresseur est inconnue ? » agresseur ou autre infraction, crime commis. « C’est pareil pour nous. Je connais uniquement le jeune qui était en sa compagnie ce jour là. » J’espérai ne pas avoir à donner son nom mais je venais de me rendre compte que j’en avais dis trop. Zehri allait forcément vouloir savoir de qui il s’agissait. « Vous aurez les informations dans le rapport. » dis-je en me répétant, encore. « Nous en demanderons une, ne vous en faites pas. Mais dans l’immédiat ce qui m’intéresse c’est votre version des faits, éclairez-moi. » Éclairer sur quoi… Je me redresse sur mon siège, posant mes deux coudes sur le bureau qui nous séparait l’inspecteur et moi. Je regardais rapidement cette jeune femme qui prenait note de chacun des mots qui sortaient de ma bouche. J’allais répondre sans trop savoir où commencer quand, l’inspecteur devint plus précis dans ses questions. « Vous aviez déjà vu la victime, avant le jour de votre altercation ? Que s’est-il passé au juste entre vous et lui pour que vous en veniez à faire un rapport à votre hiérarchie ? » C’était monnaie courante, on appelait ça : le signalement des évènements indésirable, dès qu’il y a une plainte, dès qu’il y a un disfonctionnement ou encore, dans ce cas, dès qu’il y a mise en danger, insécurité, agression. Des rapports, nous en faisions à chaque fois même qu’une lampe était cassée. Là, bien sûre, c’était bien plus que ça. « C’étais la première fois que je l’avais vu. En septembre. Je devais accompagner un jeune au tribunal et quand je suis arrivée, il n’était pas seul. Lui… » dis-je en regardant la photo. « Il était donc là. Visiblement pas prêt à laisser son ami venir avec moi. Il s’est montré agressif, m’a retenu, m’a insulté. Et je ne l’ai plus jamais revu ensuite ! » j’insistais sur cette dernière phrase. « S’il y a eu des témoins de votre accrochage avec ce jeune homme, j’aurais également besoin que vous me fournissiez leurs identités. » donc nous y voilà. Il fallait que je donne les identités des témoins, dont ce jeune que j’accompagnais, Mika. Mais il y avait aussi Carlisle, qui était bien arrivé à temps. Un autre garçon était là, mais ce n’est pas avec lui que j’ai eu ce dernier soucis. « trois témoins. Un que je ne connais pas, ce jeune dont je vous ai parlé et un ami. Qui est arrivé par hasard et dieu merci, il est arrivé avant que les choses ne dérapent. » |
| | | | (#)Lun 12 Mar 2018 - 23:01 | |
| Il essayait, un brin sournoisement c'est vrai parce qu'il le fallait, parce qu'on n'obtenait rien sans rien dans la vie, surtout pas l'aveu de quelque chose qui ne s’assumait pas, mais malgré toutes ses tentatives pour piéger ou feinter la jeune femme elle continuait d'avoir réponse à tout. Elle ne se laissait pas démonter et cela pouvait vouloir dire deux choses diamétralement opposées : soit elle possédait énormément de sang froid pour tout aussi peu d'empathie à l'égard du jeune homme dont le cadavre était exposé sur papier glacé sous ses yeux, soit elle disait la vérité et ne souhaitait pas en démordre. Du pire ou du mieux, et au milieu de ça Anwar et son équipière pour tenter de faire le tri, pour démêler le vrai du faux. « Ne vous arrive-t-il jamais de prendre des plaintes contre X lorsque l’identité de l’agresseur est inconnue ? » Il n'avait pas répondu, ce n'était pas lui que l'on interrogeait. « C’est pareil pour nous. Je connais uniquement le jeune qui était en sa compagnie ce jour-là. Vous aurez les informations dans le rapport. » Et la voilà qui en revenait à nouveau à cette ligne de défense, comme si elle se cachait derrière, comme si elle craignait se dire une bêtise si elle confrontait ce qu’elle pourrait dire maintenant à ce qu’ils auraient l’occasion de lire – et ils le liraient – dans le rapport écrit rédigé en amont de toute cette histoire. S’armant de patience, il avait posé des questions plus précises, plus ancrées dans les faits et leur déroulement potentiel, dans l’espoir de débloquer la conversation. « C’était la première fois que je l’avais vu. » avait-elle alors commencé, ayant alors toute l’attention d’Anwar « En septembre. Je devais accompagner un jeune au tribunal et quand je suis arrivée, il n’était pas seul. Lui… » Désignant l’une des photos, elle avait repris « Il était donc là. Visiblement pas prêt à laisser son ami venir avec moi. Il s’est montré agressif, m’a retenu, m’a insulté. Et je ne l’ai plus jamais revu ensuite ! » Rangeant les photographies qu’elle venait de repousser vers lui, estimant de toute façon qu’elles avaient fait leur effet et qu’il n’y avait nul besoin d’exhiber plus que de raison le corps sans vie de ce môme, il avait marqué un temps d’arrêt avant de faire remarquer « Si vous ne l’avez jamais revu ensuite, pourquoi avoir commencé vos explications en me disant ‘la première fois que je l’ai vu’ ? » Lapsus, erreur ? « Il y a une notion de continuité, dans le terme première fois, il appelle la deuxième … Non ? » Il était curieux d’avoir son avis sur la question, forcément. En outre, et parce que des faits et des allégations avaient toujours plus de poids lorsque plusieurs personnes pouvaient les confirmer, il avait fini par lui demander l’identité de celles ou ceux qui pourraient éventuellement corroborer ce qu’elle était en train de lui dire. « Trois témoins. Un que je ne connais pas, ce jeune dont je vous ai parlé et un ami. Qui est arrivé par hasard et dieu merci, il est arrivé avant que les choses ne dérapent. » Faisant glisser vers elle un calepin et un stylo, il avait relevé en arquant un sourcil « Ne dérapent ? » Il allait falloir qu’elle précise ce qu’elle entendait au juste par là, maintenant. « Nom et prénom des deux témoins dont vous connaissez l’identité. Et éventuellement une adresse ou un numéro de téléphone où les joindre, si vous les connaissez. » Les minutes passant la jeune femme semblait de plus en plus souffler le chaud et le froid dans la conversation. Un instant coopérative, et l’instant d’après laissant échapper un mot ou un fait qui semait à nouveau le doute dans la tête des deux enquêteurs. « Quelles étaient les relations entre la victime et le jeune que vous accompagniez ? » avait-il ensuite repris « Le motif de votre rendez-vous au tribunal, et par quel moyen la victime aurait pu avoir connaissance de ce rendez-vous ? » Toujours plus de questions, dont les réponses ne faisaient qu’en amener de nouvelles, avec au milieu peut-être la clef de cette histoire sordide.
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| | | | (#)Sam 31 Mar 2018 - 17:54 | |
| « Si vous ne l’avez jamais revu ensuite, pourquoi avoir commencé vos explications en me disant ‘la première fois que je l’ai vu’ ? » façon de parler bien sûr « première et dernière fois. » étais-je obligée de préciser puisqu’il jouait sur les mots. J’avais bien d’autres exemples à lui donner, par exemple, la première fois où j’avais sauté en parachute, et pourtant je n’ai plus recommencé depuis. Mais j’envisage peut être de le refaire un jour, ou pas, je l’ignorai. « Il y a une notion de continuité, dans le terme première fois, il appelle la deuxième … Non ? » je soufflais, il essayait de me faire dire des choses que je n’avais même pas pensé. « Vous pouvez considérer que la deuxième fois est aujourd’hui. » dis-je en regardant l’enveloppe où se trouvaient les photos à présent. C’était peut être un brin provocateur de ma part mais j’en avais assez de cet interrogatoire. J’étais travailleur social et de fait, j’avais appris un tas de manière de mener une investigation : l’observation, l’entretien, les techniques liées à cet entretient, la reformulation, demander de répéter pour être sûr d’avoir bien saisi, chercher à pousser son interlocuteur à s’exprimer davantage, rebondir sur les paroles, jouer sur les mots si besoin. La différence ici, c’est que quand je menais ces entretiens, ce n’était pas pour chercher l’erreur, pas pour trouver une faille. Simplement, pour mieux comprendre et aider les gens. Visiblement, l’inspecteur n’avait pas envie de m’aider. « Ne dérapent ? » je n’avais pas de filtre puisque je n’avais réellement rien à me reprocher dans cette affaire et du coup, j’en étais encore plus agacée… « vous avez raison, nous travaillons un peu de la même manière… » dis-je en référence à ce qu’il m’avait dit plus tôt dans cet interrogatoire. « Ne dérape, n’aille trop loin. Il s’est montré agressif, verbalement et physiquement. Avec d’après ses paroles, l’envie d’abuser de moi. J’ignore ce qu’il se serait passé ensuite, personne ne peut le savoir, mais je n’étais pas en sécurité ce jour là ! » j’avais d’ailleurs été assez sonnée pendant quelques jours après ça. « Nom et prénom des deux témoins dont vous connaissez l’identité. Et éventuellement une adresse ou un numéro de téléphone où les joindre, si vous les connaissez. » J’étais loin de connaitre leurs numéros de téléphone et adresse par cœur, d’ailleurs, je n’avais ni l’un ni l’autre pour Carlisle. « Mika Humphrey, je vous donnerai ses coordonnées plus tard, je ne me promène pas avec un carnet d’adresse professionnel sur moi. Et Carlisle Bishop dont je n’ai nu numéro, ni adresse. Une vieille connaissance que j’avais perdue de vue. Tombée sur lui par hasard et bien heureusement ! le troisième, j’ignore tout de lui. Je suppose qu’il habite le même quartier. Fortitude Valley » mais cette information, il devait l’avoir également. « Quelles étaient les relations entre la victime et le jeune que vous accompagniez ? » j’haussais les épaules. « ils devaient être amis, j’en sais absolument rien. Ce jour là, ils étaient bien complice en tout cas, bien que Mika était un peu en réserve. Dans une attitude de suiveur. » je me souviens bien qu’il était en retrait lors de cette altercation, n’osant peut être pas intervenir. Il était aussi bien plus jeune que celui décédé aujourd’hui. « Le motif de votre rendez-vous au tribunal, et par quel moyen la victime aurait pu avoir connaissance de ce rendez-vous ? » j’avais comme l’impression de dévoiler des éléments secret et confidentiels mais que c’était la seule façon de m’en sortir : coopérer. « Ses parents l’ont mis à la rue, il était mineur donc ils étaient dans l’illégalité. C’était le jour de leur audience. Il rejetait ses parents. Je lui avais donné rendez-vous et quand je suis allée le chercher pour l’y conduire, il n’était pas seul… c’est là que l’altercation a commencé. La victime… » comme il l’appelle… « était là et n’a pas voulu que Mika vienne avec moi. Je lui ai donc dis que j’allais rejoindre ma voiture, qu’il aurait quelques minutes pour m’y retrouver avant que je ne m’en aille. » hors de question que je me mette en danger dans ces cas là. « et ils ne m’ont pas laissé partir. Il m’a attrapé par le bras, me retenant. On appelle ça une agression chez nous… accompagné de propositions salaces ! » je n’avais plus les termes exactes mais une fois de plus, tout se trouvait dans le rapport que j’avais rédigé le lendemain, ayant une parfaite mémoire pour retracer les événements.
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| | | | (#)Sam 28 Avr 2018 - 18:12 | |
| Depuis le début de l’interrogatoire la jeune femme enchainait les faux départs et les raccourcis de langage, creusant chaque seconde un peu plus l’impression qu’elle avait quelque chose à se reprocher, ou tout du moins qu’elle ne disait pas tout. L’ennui, c’est que dans les enquêtes de police les raisons de ne pas tout dire se résumaient très souvent à un seul et même fait : on ne disait pas tout parce qu’on avait quelque chose à se reprocher. Et si Noa Jacobs avait quelque chose à se reprocher le tout était désormais de savoir quoi, et si oui ou non cela l’impliquait dans la mort de sa victime. Qu’elle assure « Première et dernière fois. » ne pesait pas grand-chose face aux constatations, et pas du genre à faire dans la dentelle Anwar pointait chaque mot mal choisi avec véhémence, comme pour la pousser – il l’espérait – dans ses retranchements. « Vous pouvez considérer que la deuxième fois est aujourd’hui. » insistait-elle maintenant, probablement consciente de la dose d’humour noir que sa réflexion contenait mais ne semblant pas vouloir s’en priver pour autant. Continuant l’interrogatoire sur le même ton incisif, le policier l’avait une nouvelle fois reprise sur sa formulation comme dans l’espoir de lui mettre sous le nez qu’elle n’était pas assez bonne menteuse pour sortir indemne de cet interrogatoire ; Comme pour lui faire comprendre qu’à enchaîner les bourdes elle était en train de se creuser une tombe qui ne serait que de plus en plus profonde à mesure qu’elle persistait. « Vous avez raison, nous travaillons un peu de la même manière … » Marquant une pause, obtenant assurément d’Anwar qu’il se retrouve suspendu à ses lèvres en attendant la suite, elle avait repris « Ne dérapent, n’aillent trop loin. Il s’est montré agressif, verbalement et physiquement. Avec d’après ses paroles, l’envie d’abuser de moi. J’ignore ce qu’il se serait passé ensuite, personne ne peut le savoir, mais je n’étais pas en sécurité ce jour-là ! » Et maintenant … Rien, ou rien d’autre, la même lueur dans le regard et le même ton : soit elle mentait depuis le début, soit elle n’avait pas menti une fois. « Admettons. » Croisant les bras, il avait consenti à ne pas l’accabler d’une nouvelle accusation ou d’un sous-entendu supplémentaire et avait préféré s’intéresser aux potentiels témoins qui pourraient confirmer ses dires. « Mika Humphrey, je vous donnerai ses coordonnées plus tard, je ne me promène pas avec un carnet d’adresse professionnel sur moi. Et Carlisle Bishop dont je n’ai nu numéro, ni adresse. Une vieille connaissance que j’avais perdue de vue. Tombée sur lui par hasard et bien heureusement ! Le troisième, j’ignore tout de lui. Je suppose qu’il habite le même quartier. Fortitude Valley » Bien qu’il ne doute pas un instant que son équipière notait tout à la virgule près, le policier avait attrapé un stylo et le calepin posé sur un coin de son bureau pour y griffonner les noms des deux personnes citées. La troisième ne serait probablement pas identifiable, bien que l’éventualité de faire du porte à porte dans le quartier avec la photo du petit soit parmi la longue liste des choses à faire dans les jours et semaines à venir. « Ils devaient être amis, j’en sais absolument rien. Ce jour-là, ils étaient bien complices en tout cas, bien que Mika était un peu en réserve. Dans une attitude de suiveur. » avait-elle alors repris tandis qu’il questionnait plus en détails sur le garçon qu’elle avait mentionné plus tôt et le rapport qu’il pourrait – ou non – avoir avec toute cette histoire. Fronçant les sourcils Anwar avait questionné « Et ce dénommé Mika ne vous a fait aucun commentaire à propos de l’altercation, après coup ? Rien du tout ? » Qu’elle ne confonde pas « rien du tout » et « rien d’intéressant » car ce qui semblait inintéressant à ses yeux ne l’était pas forcément autant pour l’avancement de l’enquête. « Ses parents l’ont mis à la rue, il était mineur donc ils étaient dans l’illégalité. C’était le jour de leur audience. Il rejetait ses parents. Je lui avais donné rendez-vous et quand je suis allée le chercher pour l’y conduire, il n’était pas seul … c’est là que l’altercation a commencé. La victime … était là et n’a pas voulu que Mika vienne avec moi. Je lui ai donc dis que j’allais rejoindre ma voiture, qu’il aurait quelques minutes pour m’y retrouver avant que je ne m’en aille. » Il écoutait, à nouveau sans sourciller, ne souhaitant pas donner l’impression d’émettre le moindre avis ou le moindre jugement vis-à-vis des faits qu’elle lui énonçait, mais lorsqu’enfin elle avait ajouté « Et ils ne m’ont pas laissé partir. Il m’a attrapé par le bras, me retenant. On appelle ça une agression chez nous … accompagné de propositions salaces ! » il avait froncé vaguement les sourcils et s’était redressé, appuyant à nouveau ses coudes sur le bord de son bureau « Attendez, je ne vous suis plus. Le gamin ne vous a pas suivi au tribunal, finalement ? » Cela changeait un peu la donne de la situation, si tel était le cas. « Vous avez autre chose à me dire à son sujet ? Mika. Est-ce que c’est un garçon qui vous a déjà posé des problèmes par le passé ? Est-ce qu’il a déjà été … agressif ? Avec vous ou avez quelqu’un d’autre. » et lentement désormais la possibilité d’un second suspect se dessinait, bien qu’aucun mobile précis ne soit encore établi et qu’il s’agisse plus là d’une intuition à développer que d’une véritable piste tangible. « Et renoncez tout de suite à l’idée de le protéger en omettant certaines informations … Vous ne vous rendriez pas service. » Parce que mentir à la police, même par omission, n’était jamais une bonne alternative, mais surtout parce qu’au cas où elle ne l’aurait pas bien compris elle était actuellement dans le collimateur de leur enquête, et que si elle était aussi innocente qu’elle le prétendait l’heure n’était pas à risquer de compromettre quoi que ce soit qui puisse aider à le prouver.
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| | | | (#)Jeu 10 Mai 2018 - 16:41 | |
| « Et ce dénommé Mika ne vous a fait aucun commentaire à propos de l’altercation, après coup ? Rien du tout ? » je faisais non de la tête. « quand un accompagnement dérape, on passe l’affaire à un collègue, pour se protéger, prendre de la distance. Ma collègue Sonia a repris le dossier. Elle est surement revenu sur l’altercation avec lui, mais que ce soit encore mois qui fasse le taf, c’était pas possible. Il m’avait vu dans un état de faiblesse, a aucun moment je n’aurai pu être de nouveau crédible après ça. Donc non, on a pas discuté de ça. Vous voulez peut être le nom de ma collègue aussi ? » je n’attendis pas qu’il me réponde, je me doutais qu’il allait dire oui. « Sonia Belegue. Elle bosse là depuis 15 ans, elle a de la bouteille, elle en a vu de toutes les couleurs ! » J’ignorai pourquoi je faisais ces précisions mais sans doute pour lui faire comprendre qu’elle n’aurait pas peur de lui faire face s’il fallait. Elle ne se laisserait pas démonter ni même impressionner. Les flics, elle les connaissait bien et d’ailleurs, ils n’étaient pas vraiment amis elle et eux. Elle avait une image assez négative des forces de l’ordre. « Attendez, je ne vous suis plus. Le gamin ne vous a pas suivi au tribunal, finalement ? » « Je n’ai jamais dis qu’il m’avait suivi ! » Je me redresse et souffle pour deux raisons : me détendre et parce que j’étais vraiment agacée de ces accusations. « Il n’est pas venu. Je vous l’ai dit, je suis partie. Je lui ai d’abord proposé de me rejoindre à ma voiture en voyant que l’environnement était nocif, puis ils m’ont retenu… Carlisle est arrivé et on est parti. Je ne peux forcer personne à se rendre à une audience. Et encore moins quand ma sécurité en dépend. » l’inspecteur enchaine avec d’autres questions. « Vous avez autre chose à me dire à son sujet ? Mika. Est-ce que c’est un garçon qui vous a déjà posé des problèmes par le passé ? Est-ce qu’il a déjà été … agressif ? Avec vous ou avez quelqu’un d’autre. » je secoue la tête de droite à gauche. « pas que je sache. Mika a toujours été tranquille… seul. Après, bien sûr, il avait beaucoup de rancœur envers ses parents. Il était rempli de colère et parfois il se lâchait, verbalement : les insultant. Mais je n’ai jamais rien entendu ou vu d’autre. » et c’était bien vrai. « Et renoncez tout de suite à l’idée de le protéger en omettant certaines informations … Vous ne vous rendriez pas service. » Protéger qui ? J’étais travailleur social, certes je faisais ce travail pour aider des jeunes en difficultés mais je n’ai jamais juré allégeance envers eux. « j’ai toujours été juste, toujours été sincère. Je ne cherche à protéger personne, juste à relater des faits… c’est ce que vous me demandez non ? » |
| | | | (#)Jeu 31 Mai 2018 - 23:18 | |
| Contrairement à ce que semblait penser la jeune femme, Anwar avait une idée assez précise de la manière dont fonctionnaient la hiérarchie et la gestion des imprévus dans son travail, pour la simple et bonne raison qu’à ce niveau leurs métiers se ressemblaient sur beaucoup de points. Pour autant, il n’avait pas cherché à l’interrompre ou à lui faire abréger quoi que ce soit lorsqu’elle avait repris ses explications, toujours persuadé que ce qu’un témoin – elle n’était toujours que cela, à l’heure actuelle – en divulguait beaucoup plus lorsqu’on le laissait penser qu’il avait les rennes de la conversation. « Quand un accompagnement dérape, on passe l’affaire à un collègue, pour se protéger, prendre de la distance. Ma collègue Sonia a repris le dossier. Elle est surement revenu sur l’altercation avec lui, mais que ce soit encore moi qui fasse le taff, c’était pas possible. Il m’avait vu dans un état de faiblesse, à aucun moment je n’aurai pu être de nouveau crédible après ça. Donc non, on a pas discuté de ça. Vous voulez peut être le nom de ma collègue aussi ? » Acquiesçant d’un signe de tête, se retenant de faire remarquer qu’elle commençait à comprendre le principe de cet entretien, il avait griffonné au fur et à mesure sur son calepin tandis qu’elle donnait le nom de la dite collègue « Sonia Belegue. Elle bosse là depuis quinze ans, elle a de la bouteille, elle en a vu de toutes les couleurs ! » Et là-dessus au moins voulait-il bien la croire sur parole, c’était quinze ans à ne pas croiser le plus simple et le plus reluisant de la société, au fond. Une point pourtant avait fini par attirer l’attention d’Anwar, dont le regard avait un bref instant cherché celui de sa collègue ; Jusqu’à présent la chute de cette histoire se terminait selon lui au tribunal, entre l’éducatrice et le dénommé Mika. « Je n’ai jamais dit qu’il m’avait suivie ! » lui avait-elle pourtant assuré, visiblement un brin agacé. « Vous avez surtout le chic pour tout dire mais en deux fois, si je peux me permettre. » avait-il alors rétorqué sur le même ton, avant qu’elle ne donne de plus amples explications à propos de la manière dont s’était donc déroulés les faits, selon elle. « Il n’est pas venu. Je vous l’ai dit, je suis partie. Je lui ai d’abord proposé de me rejoindre à ma voiture en voyant que l’environnement était nocif, puis ils m’ont retenue … Carlisle est arrivé et on est partis. Je ne peux forcer personne à se rendre à une audience. Et encore moins quand ma sécurité en dépend. » Le dénommé Carlisle à nouveau mentionné, il en devenait au fil des secondes un témoin qu’il y avait véritablement urgence à interroger avant que les souvenirs ne se brouillent de trop et que des détails ne risquent de leur échapper, à lui et au reste de l’équipe. « Je ne suis pas en train de vous pointer du doigt, mademoiselle Jacobs. J’entends bien que les conditions n’étaient pas réunies pour mener votre mission à bien de manière optimale … Il aurait simplement été plus judicieux de commencer par là directement, plutôt que d’attendre que je pose les questions dans la bonne combinaison. » A croire qu’elle n’avait pas encore bien compris dans quel pétrin elle était susceptible de se trouver si les analyses sur le corps de leur victime ne la disculpaient pas avec certitude. S’intéressant plus en détails à Mika, qui lentement se dessinait comme une autre option, Anwar avait obtenu quelques détails de l’éducatrice « Pas que je sache. Mika a toujours été tranquille … seul. Après, bien sûr, il avait beaucoup de rancœur envers ses parents. Il était rempli de colère et parfois il se lâchait, verbalement : les insultant. Mais je n’ai jamais rien entendu ou vu d’autre. » et provoqué à nouveau son air pincé lorsqu’il lui avait chaudement recommandé de ne pas omettre de détails dans l’espoir de protéger l’adolescent. Elle avait problème plus grave que lui, actuellement. « J’ai toujours été juste, toujours été sincère. Je ne cherche à protéger personne, juste à relater des faits … c’est ce que vous me demandez non ? » Et lâchant un dernier sourire, un peu las, Anwar avait simplement confirmé « C’est ce que je vous demande, oui. » avant de reposer son stylo et de refermer son calepin. Après un nouveau regard échangé avec sa collègue, il avait acquiescé vaguement et reporté son attention sur Noa « Je pense qu’on va en rester là, le Lieutenant Patton va imprimer la retranscription de notre conversation, vous la faire relire et vous la faire signer. Il se peut que nous ayons à nouveau besoin de vous convoquer, il serait préférable que vous restiez dans les environs. Et joignable. » Et puis qu’elle semblait très bien se débrouiller toute seule il n’avait pas pris la peine de lui faire remarquer qu’agir de façon contraire apparaitrait comme suspect, et qu’elle n’avait pas besoin de cela. « Merci de vous être déplacée. » Bien que ce n’ait pas été un plaisir, à l’évidence.
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| | | | | | | | (noanwar) the violence caused such silence |
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