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 A piece of London / Irene

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Message(#)A piece of London / Irene EmptyDim 19 Nov 2017 - 15:17

Il fallait bien que reconnaître que Brisbane avait son charme, surtout lorsqu'on se trouvait dans ce genre d'endroit. L'immense baie vitrée qui courait tout le long du nouveau magasin, que le soleil baignait d'ailleurs d'une lumière à la fois douce et dorée, offrait une vue splendide sur la baie et au-delà, l'eau turquoise, dans laquelle se reflétait un ciel pur et étincelant, à peine perturbé par quelques petits nuages qui flottaient ça et là, paresseusement. C'était une très belle journée de Novembre, le printemps austral était encore là et pas une goutte ne menaçait l'horizon, alors que la saison des pluies approchait. Leena avait du mal à décoller son regard du paysage, absorbée par quelque chose d'indéfinissable (elle n'était pas encore revenue de ce côté-là de la ville depuis son retour de Londres, elle avait presque oublié combien c'était beau, mais c'était autre chose qui l'empêchait de détourner les yeux, comme des souvenirs cachés au creux des petites vagues qui léchaient la côté tranquillement, à un rythme régulier) et les bruits alentours lui échappaient momentanément. Elle avait été invitée à ce vernissage grâce à la newsletter à laquelle elle s'était inscrite en revenant ici, et qui concernait tous les gens qui travaillaient de près ou de loin dans la mode, du créateur jusqu'au communiquant. Un nouveau magasin ouvrait, qui alliait à la fois la boutique, la galerie de créateurs, et qui se voulait plus penché sur l'art et la création que n'importe quelle boutique de mode classique. Il y avait du beau monde, et potentiellement des clients, des associés futurs ; si Leena s'était rendue ici par curiosité, c'était également par désir de se montrer un peu et de rencontrer de nouvelles personnes du milieu qui l'aideraient peut-être à percer d'avantage. Ses ventes sur internet étaient bonnes mais elle n'avait rien contre s'étendre un peu et se faire connaître, pourquoi pas faire des collaborations, et même se faire exposer dans quelques boutiques — surtout qu'au fond elle ne perdait de vue son envie de vendre des vêtements également, même si pour l'instant les seules pièces qu'elle créait étaient pour elle uniquement, car elle ne pouvait se résoudre à franchir le pas.

L'hésitation avait d'ailleurs été longue — quoi mettre exactement : un vêtement à elle, si oui lequel, plutôt une tenue achetée, laquelle, quels bijoux, etc ? Si longue que Leena avait fini par réellement paniquer et par sentir le stress monter, ce qu'elle avait ensuite trouvé ridicule, et elle avait fini par sortir de sa chambre et aller discuter avec Andy pour se changer les idées. Pour finir, elle lui avait fait part de ses doutes et il était venu donner sa validation pour la tenue finalement choisie. C'était une robe de sa création, d'un rouge grenat soutenu, à la forme assez simple et s'arrêtant au-dessus du genou, mais au dos très décolleté, que des rubans satinés fermaient et tenaient en place. Elle avait opté pour un collier qu'elle avait acheté là où elle travaillait, dans la boutique d'antiquités, dont le côté vintage allait très bien avec le côté classe de sa robe, et elle portait uniquement un bracelet de sa création. Quant à ses cheveux, elle les avait tressés en une couronne et s'était maquillée légèrement, assortissant le rouge à lèvres au grenat de sa robe. Rehaussée de ses talons qu'une boucle fermait à la cheville, elle était satisfaite de sa tenue, bien qu'un peu anxieuse des éventuelles remarques qu'on lui ferait sur cette robe qu'elle n'avait jamais mise devant un panel de professionnels de la mode.

Le pop d'un bouchon de champagne l'arracha à ses pensées, et tout redevint vivant autour d'elle, comme si elle avait remis lecture après avoir fait un arrêt sur image. Les bruits, les voix, les rires, les couleurs, les tenues, les verres, la nourriture. Leena alla saluer deux personnes qu'elle connaissait, un couple de filles qui elles aussi fabriquaient bijoux et accessoires et vendaient en ligne, et vint aux nouvelles, discutant tranquillement avec elles. L'une d'entre elle finit par montrer quelqu'un du regard, une personne qui venait d'arriver et dont la tenue était assez belle et noble pour être remarquée. Leena n'en crut pas ses yeux : c'était Irene Delaney, qu'elle avait connue à Londres, avec qui elle avait été en contact car quelqu'un avait vanté ses bijoux à Irene, et qu'elle avait rencontré une fois. C'était plutôt logique de la voir dans ce genre de rassemblement, mais c'était autre chose de la retrouver ici, à Brisbane.

Irene était de ces personnalités qui impressionnent ; sa condition sociale jouait sûrement dans l'équation, mais elle avait également quelque chose de trop beau et de trop chic pour laisser indifférent. S'armant de son courage, Leena abandonna ses deux collègues et se faufila entre les gens, en direction d'Irene. Elle avait le coeur battant et se fit la remarque qu'elle avait une chance sur deux pour qu'Irene ne la reconnaisse pas, si bien qu'elle choisit de prendre les devants. « Bonjour, Irene ! Je suis Leena, vous vous souvenez peut-être de moi, nous nous sommes rencontrées à Londres, vous étiez intéressées par les bijoux que je fabrique. » Leena lui souriait sincèrement bien qu'un peu timidement, mais elle ne pouvait cacher qu'elle était particulièrement heureuse de retrouver ici quelqu'un de ses années à Londres, car la ville lui manquait chaque jour. « C'est un plaisir de vous voir ici ! Vous êtes de passage à Brisbane pour votre entreprise, peut-être ? » Après tout, les vins australiens n'étaient pas qu'une légende, et Leena décida de lancer la conversation sur ce terrain en espérant qu'Irene ne la trouve pas indiscrète.
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Message(#)A piece of London / Irene EmptyMar 12 Déc 2017 - 23:31


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L'invitation lui était parvenue quelques jours auparavant, déposée dans sa boîte aux lettres et bien protégée dans une enveloppe épaisse de papier mordoré, son nom écrit en lettres joliment calligraphiées. L'emballage était si exquis qu'il avait fallu peu de temps à Irene pour se décider - elle irait au vernissage. Apparemment, de nombreuses personnalités du monde de la mode seraient également invitées, mais mêlant les classes sociales comme l'Australie savait si bien le faire. Ainsi il n'y aurait probablement pas que des créateurs ou des stylistes de renom : c'était l'industrie de la mode au sens large. Irene avait eu la boule au ventre en demandant à Victor de l'accompagner ; dans un évènement comme celui-ci il était fort possible qu'elle rencontre un certain génie de la mode australien, s'il daignait venir. Son fiancé avait accepté avec joie... avant d'annuler à la dernière minute, pris par une obligation de dernière minute, ce qui avait profondément agacé la Lady. Elle avait bien tenté de réprimer sa remarque acerbe, sachant bien qu'elle même se voyait souvent contrainte d'abandonner leurs plans pour cause d'imprévu professionnel, et n'y était parvenue qu'à grand peine. Les deux fiancés se sentaient tous les deux très investis dans leurs métiers respectifs et la tension créée par Irene lorsqu'elle lui avait demandé de repousser la date du mariage en engendrait d'autres, plus petites, mais toutes aussi dérangeantes. La Lady s'était donc fait conduire au lieu de rendez-vous, seule dans sa belle robe pourpre, un pincement au coeur que ni ses beaux bijoux, ni la perspective de rencontrer des talents inconnus ne parvenait à effacer. Chaque fois qu'une brouille les éloignait, Irene réalisait que Victor savait se rendre essentiel et elle s'en voulait de les séparer, elle s'en voulait aussi de ne pas pouvoir retenir ses pensées qui dérivaient vers un autre homme.

Son chauffeur la déposa devant l'entrée, et l'anglaise se fraya un chemin tout en saluant chaleureusement ses connaissances et les inconnus. Très vite, son savoir vivre britannique reprenait le dessus, et elle en profita pour y noyer ses états d'âme. Rapidement, la Lady fut introduite au concept du magasin, une véritable excentricité dans le milieu de l'art puisque les propriétaires voulaient en faire le carrefour des arts et de la mode, à la rencontre du processus créatif et du génie du commerce. Ceux-ci étaient d'ailleurs présents et elle alla les saluer juste avant que ne démarrent les festivités, symbolisées par le son sourd d'une bouteille de champagne qui s'ouvre et dont le contenu commence à couler à flot. Cela rassura Irene de se sentir dans son élément. Après environ vingt ans de pratique, cela devenait vraiment sa seconde nature. Les artistes avec lesquels elle conversait l'enthousiasmaient tous par leur potentiel et leur souhait de créer de  nouvelles choses, d'apporter une touche de modernité ou de nouveauté dans l'univers de la mode, qu'il s'agisse de vêtements ou de bijoux. La Lady souriait, notant ou donnant des numéros de téléphone : ce genre de rencontre destinait les amoureux de la mode à être mis en contact, et la brune ne souhaitait pas perdre l'occasion de rencontrer de nouveaux talents ou d'avoir un coup de coeur pour des pièces uniques. Depuis longtemps Irene supportait des oeuvres caritatives et des fondations, mais à côté, elle avait toujours souhaité apporter son soutien à ceux qui arrivent à créer et à imaginer. Le mécénat s'inscrivait dans les traditions de la famille Delaney depuis des générations et elle la perpétuait avec plaisir.

Alors qu'elle terminait sa conversation avec un jeune commerçant, elle fut interpellée par une jeune femme brune, aux grands yeux bleus dont le visage lui semblait familier. Mais malgré son habituelle bonne mémoire, elle n'arrivait pas à se rappeler où elle l'avait vue. Et puis, cela lui revint dès que l'inconnu se présenta - Leena Scofield, bien sûr. Leur rencontre avait été plutôt rapide mais intéressante puisque les bijoux de Leena avaient attiré l'oeil de la Lady. Irene tiqua involontairement lorsque Leena l'appela par son prénom, sans son bien-aimé titre de Lady devant, mais fit un effort pour ne pas s'en offusquer. D'une part, Leena n'était pas britannique, et d'autre part, elles se trouvaient désormais en Australie où l'illustre généalogie de son sang n'avait plus la moindre importance... malgré cela, elle éprouvait toujours un certain sentiment de familiarité étrange lorsqu'on l'appelait spontanément par son prénom sans qu'elle ne l'autorise d'abord.

« Bonjour ! Leena Scofield, bien sûr, je me souviens. Elle ne remarqua pas la timidité de son interlocutrice, mais lui sourit chaleureusement. Plaisir partagé, ma chère. Décidément je commence vraiment à croire que tout Londres cherche le soleil... enfin je peux comprendre l'envie de revenir ici pour profiter d'un hiver chaud et ensoleillé. Voyant que la brune parlait les mains vides, Irene fit un signe au serveur afin qu'il vienne apporter une coupe de champagne à Leena, et ainsi, elle en profita pour faire délicatement tinter leurs verres l'un contre l'autre. Cheers, au smog londonien ! Elle but une petite gorgée avant d'enchaîner. Je suis effectivement ici pour raisons professionnelles. Je m'occupe du domaine et de la maison de vins de ma famille. Un vrai travail à plein temps... Heureusement que je reçois des invitations pour ce genre d'évènements, sans quoi je deviendrais probablement folle. En tous cas je ne m'attendais pas à vous trouver là, c'est une agréable surprise. Avez-vous été invitée ou faites vous partie des futurs collaborateurs ? Je me souviens que vos bijoux étaient d'une finesse très intéressante. »

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Message(#)A piece of London / Irene EmptyDim 24 Déc 2017 - 15:17

Ce n'était pas qu'elle était désagréable ou volontairement imposante, méprisante, comme peuvent l'être les gens de son rang ; c'était juste qu'Irene Delaney avait effectivement quelque chose de si noble et de si britannique que pour la pauvre petite australienne de classe moyenne qu'était Leena, l'effet était indéniable. Bien qu'elle se souvenait de la Lady de la meilleure des façons (non seulement elle avait été sympathique mais en plus elle avait remarqués ses bijoux, ce qui était toujours flatteur quelque part), Leena ne pouvait s'empêcher de se sentir comme le vilain petit canard à ses côtés. C'était stupide, d'ailleurs ; c'était quelque chose qu'elle avait d'ailleurs toujours admiré chez Rhett, cette façon qu'il avait d'être présent toujours de la même façon, de n'être pas gêné, de lui-même ni de rien. Ce n'était pas une question de contact — Leena en avait un bon avec les gens, elle adorait le relationnel et pouvait aller au devant de n'importe qui et discuter avec lui des heures, c'était plutôt une question de place ; comme si le milieu plutôt simple dans lequel elle avait grandi l'avait marquée au fer rouge. Elle se souvenait parfaitement de leur voisin à Samsonvale, garagiste et plutôt aigri de manière générale, qui ne cessait de rappeler aux enfants du quartier que les enfants d'ouvriers deviendraient des ouvriers, un ordre des choses très arrêté qui avait choqué Leena, déjà à l'époque. Elle trouvait cela idiot ; non seulement il n'y avait aucun mal à être ouvrier mais outre cela on pouvait très bien s'affranchir de son milieu social (elle en était la preuve) si on le désirait, même si cela demandait évidemment plus d'efforts. Toujours était-il qu'Irene, malgré sa haute condition sociale, ne la faisait pas ressentir aux autres et c'était particulièrement appréciable ; Leena de son côté le gérait à sa manière, plus ou moins bien, et c'était un autre sujet.

Encouragée par l'attitude chaleureuse d'Irene, Leena se détendit légèrement et rebondit sur le sujet de Londres, toujours ravie d'en discuter : « C'est vrai que la douceur d'ici est bien différente, mais croyez-moi si vous voulez mais Londres me manque terriblement... Je trouve que l'été a plus de charme quand on a connu un véritable hiver ! Et puis, l'ambiance britannique de Noël n'a vraiment rien à envier à celle que l'on a ici. Et vous, où vous plaisez-vous le mieux ? » Elle attrapa la coupe de champagne qu'on lui tendait et trinqua avec Irene, lui rendant son sourire délicat. C'était injuste parfois, comme il pouvait y avoir des personnes si belles et si magnétiques sans qu'elles ne fassent rien de spécial, tandis que d'autres pouvaient bien tout essayer, elles ne leur arriveraient jamais à la cheville. Heureusement Leena se sentait dans un bon état d'esprit et plutôt bien dans sa peau, et elle était contente du choix de sa tenue, ni trop classique ni trop extravagante, mais assez chic pour l'évènement. « Je suis également ravie de vous voir ici. Et vous prévoyez de rester longtemps à Brisbane ? J'ai été invitée, oui ! En vérité je suis de retour très récent à Brisbane, j'ai quitté Londres il y a un peu plus d'un mois. Je me réinstalle ici pour une durée indéterminée et comme j'emporte ma ligne de bijoux, j'essaye de renouer avec le monde de la mode ici... Bien différent du monde Londonien d'ailleurs ! Je fais partie d'un groupe de jeunes créateurs et j'ai des invitations par ce biais. Et sinon, je travaille également dans une boutique d'antiquités qui me permet de rencontrer des collectionneurs, des passionnés, c'est aussi très intéressant et... » S'arrêtant, un peu gênée, elle mit la main sur sa bouche. « Oh ! Je suis désolée, je suis très bavarde, mais je ne voulais pas accaparer tout votre temps. » Elle lui lança un petit sourire sincère ; si elle s'emportait rapidement dans les mots au cours des discussions elle savait au moins que c'était là son défaut et qu'elle devait faire attention à ne pas paraître impolie ou hystérique, surtout dans des moments comme celui-ci.
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Message(#)A piece of London / Irene EmptySam 30 Déc 2017 - 21:13


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C'était agréable de retrouver Leena ici. Irene restait sur une bonne impression de leur dernière rencontre, la petite brune lui avait bien plu, avec son large sourire et ses grands yeux bleus. Elle ne semblait pas intimidée par elle ni complaisante, comme certains l'étaient parfois. Au contraire, il y avait en elle une spontanéité joyeuse et fraîche, sincère, qui détonnait dans le milieu de la mode. Irene sourit, compatissante : Londres lui manquait aussi terriblement. Elle ne pouvait qu'être d'accord avec Leena sur a question du charme de l'été, mais elle regrettait l'ambiance plus européenne de l'hiver dans leur hémisphère. Le froid mordant, les lourds manteaux de laine, noirs ou colorés et tout ce qui allait avec... L'hiver était une saison excellente en matière de vêtements, et Irene aimait tout particulièrement s'emmitoufler dans de grosses écharpes, sortir ses vieux gants en cuir et assortir sa tenue de bérets ou de chapeaux. Ici, elle avait du refaire toute sa garde-robe pour l'hiver dernier... robes légères, chapeaux de paille, sandales, lunettes de soleil, pour se protéger du soleil de décembre. Quite a difference ! « Londres me manque aussi, c'est certain. Les lumières de la ville, la musique, les vitrines des grands magasins éclairées alors qu'il fait nuit si tôt dehors... Enfin, j'y retourne juste pour Noël. Honnêtement je ne sais pas si j'aurai le temps de m'adapter au choc thermique, je n'y serai que pour deux petites semaines. Je vous ferai donc part de mes observations à mon retour ! C'est tellement différent, je dirais que c'est plutôt une question d'ambiance. J'aime les deux. Mais j'avoue que c'est jouissif de passer décembre à la plage, ou presque, alors que le reste de l'Europe se plaint de la pluie et du froid. »

Irene sourit en se remémorant les messages de ses amis restés à Londres, suite aux photos qu'elle leur envoyait des plages et de la mer reflétant le bleu du ciel. Un an et demi plus tard, elle ne se lassait toujours pas du paysage de rêve. On s'habituait aisément au paradis. Elle sourit aux flot de paroles de Leena, qui s'animait avec vivacité en lui racontant son séjour. « Oh non pas du tout, je vous en prie ! Ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas vues, il y a du temps à rattraper n'est-ce pas ? » Elle lui adressa un sourire complice. Loin de vouloir la mettre mal à l'aise, Irene souhaitait au contraire profiter de l'occasion pour arriver à cerner un peu mieux la jeune femme. Elles n'étaient pas du tout proche et à vrai dire, ne savaient pas grand chose l'une de l'autre mais ça ne pouvait pas faire de mal de mieux connaître ses relations. D'autant plus que la Lady était sincère quand elle complimentait les créations de Miss Scofield ; et maintenant qu'elles se retrouvaient dans la même ville, si Leena était disponible pour lui en présenter d'autres, ce serait un plaisir.

« Je vous l'accorde, l'Australie et l'Angleterre traitent la mode très différemment ! Enfin si vous avez besoin d'un coup de main n'hésitez pas, je serai ravie de vous aider. Depuis le temps, Irene avait eu l'occasion de rencontrer beaucoup de personnalités de l'industrie de la mode et à chaque fois avait été reçue avec beaucoup d'enthousiasme et de gentillesse, ce qui avait favorisé l'établissement de solides contacts. Si Leena avait besoin d'un laisser passer pour contacter quelqu'un, Irene était probablement l'une des mieux placées pour ça. Mais je crois que vous n'avez pas besoin de ça - félicitations pour votre arrivée ici, avoir déjà trouvé un groupe pour se lancer est une belle opportunité ! Je croise les doigts pour votre réussite. Par contre une boutique d'antiquités, c'est original ! Comment avez-vous trouvé cette place ? » Irene était curieuse ; si elle voyait une lointaine analogie entre l'art et les antiquités, elle-même ne passait pas beaucoup de temps dans ces boutiques. Le domaine familial à Gresham était un beau château d'époque et la majorité des meubles l'étaient également. Même si l'appartement de sa famille, et le sien, à Londres, étaient tout à fait modernes, elle ne pouvait ôter de son esprit l'ambiance du château de Gresham... une antiquité en soi.
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Message(#)A piece of London / Irene EmptyMar 9 Jan 2018 - 19:38

Le champagne était délicieux ; il se mariait parfaitement avec l’événement et l’ambiance, et Leena se sentait de plus en plus à son aise. Non seulement elle baignait dans un milieu qui regroupait tous les professionnels de son métier et donc de sa passion, mais en plus même si elle ne se sentait pas nécessairement à sa place, c’était une victoire pour elle que de réaliser ce genre de rêves. Il était loin le temps où elle gribouillait encore sur ses petits bloc-notes en s’imaginant, un jour, réaliser ses propres bijoux et ses propres vêtements alors que ses parents jugeaient cela futile et avaient pour leur aînée des objectifs bien plus terre à terre. Ils ne l’avaient jamais poussée là-dedans parce qu’ils ignoraient tout de cet univers et voyaient les artistes tous de la même façon : instables, la tête dans les nuages, précaires. Aujourd’hui, même si elle n’avait pas énormément percé dans le milieu, elle y faisait son chemin avec toujours une assurance avec elle, un deuxième travail plus stable, et elle savait qu’elle avait accompli là quelque chose, en dépit de tout ce que ses parents semblaient penser. Ainsi, discuter avec Irene pour couronner le tout était encore plus magique ; Leena en était ravie et en réalité elle appréciait beaucoup la discussion, heureuse de partager des souvenirs de Londres et de cet état d’entre deux, d’ici à là-bas, tout particulier de ceux qui connaissaient à la fois l’Angleterre et l’Australie. La voix à l’accent si caractéristique de l’aristocratie londonienne d’Irene, à la tonalité plus grave qu’on aurait pu le supposer, l’encouragea à continuer — Leena lui rendit son sourire avec sincérité, heureuse de ne pas l’avoir ennuyée avec son flot de paroles. Il s’était effectivement passé du temps depuis leur dernière entrevue, mais Leena ne connaissait pas assez Irene pour se permettre de discuter avec elle comme de vieilles amies pour autant. Encouragée en ce sens, donc, elle rebondit sur les paroles de son interlocutrice, car il faisait bon discuter d’art avec quelqu’un qui avait pour le sujet une sensibilité particulière. « Oui, c’est toujours ce que je me suis dit, je crois que l’art australien a beaucoup plus d’inspiration contemporaine, alors qu’à Londres même en faisant du moderne on retrouve les inspirations classiques et culturelles du pays. C’est quelque chose qui m’inspirait beaucoup, ce n’est pas pour rien que j’ai réellement débuté mes créations là-bas. C’est particulièrement stimulant ! » Elle marqua une pause, touchée de la proposition d’Irene — qui devait avoir une liste de contacts longue comme le bras. « C’est très gentil à vous, je n’hésiterai pas, merci ! » Elle but une gorgée de sa coupe de champagne et se sentit rosir légèrement, toujours un peu gênée et pas très à l’aise lorsqu’on lui servait de tels compliments. Mais rien ne pouvait lui faire plus plaisir : ses bijoux était l’aboutissement de sa passion. « Oh, c’est un pur hasard, je cherchais un emploi à mi-temps et j’ai d’anciens amis à Brisbane qui travaillent à l’université et sont en relation avec Célia Scott, la propriétaire du magasin. Ils ont eu vent de l’annonce et m’en ont parlé, et j’ai postulé. Elle se situe dans le quartier de Spring Hill, vous la connaissez peut-être ? Des collectionneurs étrangers y passent même de temps en temps. Si vous voulez y passer, je serais ravie de vous accueillir et de vous offrir le thé — je n’ai pas perdu mes habitudes londoniennes ! » C'était vrai : la cérémonie du thé, Leena ne la manquait jamais, comme un petit souvenir qui lui restait présent, rien que pour elle, de ses années là-bas. « Et comment occupez-vous votre temps, à Brisbane, lorsque vous ne travaillez pas ? Je ne suis pas encore exactement replongée dans l'activité culturelle de la ville, vous avez peut-être des choses à me conseiller ? » Après tout, personne d'autre qu'Irene, en bonne connaisseuse qu'elle était, ne pouvait être de meilleur conseil.
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Message(#)A piece of London / Irene EmptyDim 18 Fév 2018 - 23:55


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Irene avait l’habitude des grandes maisons de coutures et de pièces peu accessibles au commun des mortels. Depuis son plus jeune âge elle était toujours vêtue à la pointe de la mode, en tenues qui valaient un prix exorbitant et que même en soldes l’Anglaise moyenne n’aurait jamais pu envisager s’offrir. C’étaient à des femmes comme elles qu’étaient destinées les grands défilés, les robes sur mesures qu’elle pouvait se permettre de porter aux évènements royaux, à Ascot, aux inaugurations. Même lorsqu’elle travaillait ses costumes étaient tous très chics et ça ne lui avait jamais posé le moindre problème de conscience de dépenser des fortunes dans des vêtements jusqu’à en faire craquer son dressing. Tous les ans avec sa mère et sa nièce Cat, Irene récupérait donc les tenues qu’elle ne mettait plus ou ne mettrait plus selon toute évidence et pouvait ainsi leur donner une seconde vie, soit en les donnant, soit en les vendant à des enseignes spécialisées. Il y avait toujours de quoi faire dans le milieu de la mode… c’était aussi à son avantage d’être grande et presque maigre, elle rentrait son tour de taille sans y penser dans les pantalons, et sa petite poitrine dans les chemisiers cintrés.

Mais en grandissant, et surtout lors de sa première période de découverte à Brisbane, elle avait pris goût à toute la sphère de créativité qui existait en dehors de l’industrie du luxe. Les petits créateurs ou les stylistes indépendants n’en étaient pas moins de bonne qualité mais juste moins pompeux, plus simple, plus en symbiose avec l’état d’esprit dans lequel l’anglaise se trouvait alors. Elle avait immédiatement compris que porter ses petites robes Chanel ou même ses sacs Hermès serait une grossière erreur de l’étiquette Australienne - même parmi les gens de leurs milieux la décontraction était plus de mise. L’avantage de vivre dans un pays où l’été il ne faisait pas 20°, probablement. C’était à partir de cette époque que la Lady s’était tournée bien plus volontiers chez les nouveaux créateurs, souvent moins enfermés dans leurs carcans et plus prompt à créer selon l’inspiration de la rue… évidemment, vivre avec un apprenti styliste pendant un an avait aussi contribué à ce phénomène.

Leena incarnait exactement cet esprit de qualité et de simplicité et Irene trouvait ses remarques sur l’art tout à fait pertinentes. « Vous avez absolument raison Leena… J’espère en tous cas que vous me tiendrez au courant de vos prochaines réalisations ! » Irene trouva très touchant le rose qui monta aux joues de Leena lorsqu’elle reçut le compliment. Elle, elle se contentait toujours de répondre d’un sourire poli aux éloges comme si elle savait parfaitement que c’était justifié. Dû, en quelques sortes. Mais là encore son éducation s’était chargée de lui faire comprendre qu’elle méritait les louanges qu’elle recevait et qu’elle n’avait pas à s’en montrer gênée. Parfois, Irene avait vraiment l’impression de vivre dans deux mondes à la fois, une espèce de schizophrénie.

« Non, ça ne me dit rien : j’accepte donc l’invitation avec plaisir! Tenez. » La Lady ouvrit son compagnon assorti à sa robe et en tira une petite carte rectangulaire. Dessus on pouvait lire en lettres calligraphiées Lady Irene Delaney, Maison de Vins Delaney, Directrice Commerciale. En dessous, un email professionnel et son numéro de téléphone. « Je vous donne ma carte, mon numéro de téléphone est indiqué. Je ne pense pas oublier mais si jamais je me fais longue à venir à la boutique n’hésitez pas à me rappeler que je me suis engagée à prendre le thé avec vous. » Malgré son ton léger la comtesse ne plaisantait qu'à moitié : elle était sincèrement ravie de pouvoir découvrir un endroit encore inconnu, surtout si en prime elle avait droit au tea time.

« Quand à mon emploi du temps lorsque je ne travaille pas... eh bien c’est plutôt varié. Ça va du shopping aux concerts en passant par les balades sur la plage et les galas. Mais si vous cherchez une activité culturelle je peux évidemment vous recommander le QAGOMA, le musée d’art, qui expose de magnifiques collections. Et sinon j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup d’artistes indépendantes, peintres souvent, qui ont de l’or au bout des doigts ! Si jamais vous voulez faire une petite virée artistique je pourrais vous servir de guide, je commence à prendre mes aises », ajouta Irene avec un sourire. Elle n'était jamais contre les moments de sociabilité, et l'occasion était encore plus agréable si elle pouvait discuter avec une compatriote. Irene avait également eu tant de joie à découvrir les merveilles du musée que le faire visiter à quelqu'un d'autre, surtout après avoir entendu Joanne en parler avec passion, serait une belle expérience.

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Message(#)A piece of London / Irene EmptyVen 13 Avr 2018 - 18:12

Si d’un côté elle ne savait plus trop où se mettre sous tous les compliments que lui lançaient Irene avec sa voix charmante et son accent délicat, Leena savait toutefois une chose, qui l’aidait à ne pas devenir cramoisie : c’était sincère, la britannique montrait un intérêt réel pour l’art et les créations de manière générale, et Leena se sentit agréablement valorisée, ce qui lui donna un petit regain d’assurance. Lorsque la lady lui tendit sa carte, Leena s’en empara et la glissa dans sa pochette, un petit sourire aux lèvres. Ça plus le fait qu’elle insistait pour cette tea party à venir lui faisait réellement chaud au cœur. « Je n’y manquerai pas alors ! Ce sera avec plaisir. » Non seulement elle avait la sensation d’être une petite enfant qui rencontre une princesse, mais en plus, le fait de savoir qu’elles se reverraient et converseraient à nouveau d’art et de culture lui faisait un immense plaisir.

Il y avait quelque chose dans cette aisance à faire fi des différences entre leurs statuts qui était typiquement britannique, Irene donnait l’impression que rien ne les séparait malgré le fait qu’elles savaient pertinemment toutes les deux que les choses étaient bien plus complexes. C’était ce qui manquait, entre autres, à Leena, au sujet de Londres et toute cette population cosmopolite : l’aisance à se mélanger les uns avec les autres et à ne jamais juger,  ne pas tenir compte des différences de styles, d’origines, de chemins. En Australie elle avait l’impression que sous couverture d’être en apparence cools et simples, les gens jugeaient plus facilement et restaient assez communautaires de leur milieu et de leurs habitudes, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Londres rendait tout possible et donnait plus de valeurs aux gens – ou peut-être était-ce simplement qu’en revenant dans son moule d’origine elle avait trop changé pour retrouver sa place, et se sentait un petit peu en décalage, tout le temps. C’était drôle comme Rhett, lui, ne semblait pas perturbé une seconde de ce changement – sans doute que leurs différences de caractères jouaient, il avançait toujours avec une force tranquille, immuable même lors des pires moments… Mais elle avait l’impression qu’il n’avait rien exprimé de particulier à ce sujet, que la vie d’ici ne différait pas de la vie de là-bas, alors qu’elle avait en réalité changé du tout au tout, surtout pour lui…

La deuxième proposition d’Irene l’enchanta encore plus : « J’ai à peine eu le temps de remettre le musée depuis que je suis revenue ! Il doit y avoir pas mal de nouveautés depuis la dernière fois que je l’ai visité… » … Dernière fois qui devait probablement remonter à une dizaine d’années. « C’est une excellente idée ! Nous pourrons arranger ça autour de notre tasse de thé à venir ! » Comme elle avait fini son verre, elle décida qu’il ne fallait pas non plus abuser du temps d’Irene, qui devait avoir d’autres personnes à saluer. Leena décida alors de prendre congés, souhaitant de toute façon elle aussi faire un petit tour dans ce nouveau milieu qui s’ouvrait à ses pieds, fraîchement revenus sur leur sol natal. « Je ne vais pas vous tenir la jambe plus longtemps mais j’étais ravie de vous retrouver en tout cas. Profitez bien et de toute façon on se voit bientôt ! » Elle partit alors un peu plus loin dans la salle, essayant de se frayer un chemin dans la foule et de se diriger vers l’une de ses amies d’enfance qui elle aussi travaillait dans l’art et était enfin arrivée à la réception.
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