« C’est un garçon fantastique. Il est magnifique et merveilleux, il faut simplement le canaliser et lui faire comprendre que tout n’est pas noir ou blanc. » Un léger sourire traverse mon visage. Comment dire à mon fils d’à peine cinq ans que ne monde contient une multitude de nuance et que tout ne peut-être gentil ou méchant ? J’aime sa façon de penser et je ne suis pas sûre d’être prête à la lui faire oublier. Il a assez vécu comme cela les deux dernières années et j’aimerais réellement qu’il pense que tant qu’il fait le bien, rien de mal ne pourra nous arriver. Serrant la main de la maitresse de mon fils, je souris, pourtant je suis perdue. Je suis partie en Irlande pour tenter de remettre mes idées en place, pour réfléchir à ma vie et l’avenir de mon fils. Je pensais avoir réussi mais depuis notre retour, c’est comme si je ne maîtrisais plus rien, à nouveau. J’aime l’Australie, je m’y sens à ma place mais il doit se passer quelque chose pour que jamais mes idées s’y retrouvent tranquilles. Alors qu’elle m’a expliqué les inepties de Gabriel, j’ai l’impression de ne plus être à la hauteur. Ne plus savoir comment faire pour gérer la vie de mon fils qui passe actuellement du temps avec Daniel. C’est un petit garçon magnifique et merveilleux – ce sont les mots de la maîtresse et non les miens, même si je suis parfaitement d’accord avec ce fait. Seulement, c’est également un petit garçon qui a déjà eu une longue histoire et qui ne comprend pas bien tout ce qui peut lui arriver. Abandonné par son père pendant neuf mois, il le retrouve comme si de rien était alors que son deuxième et véritable père a à nouveau disparu de mon champ de vision… Remerciant la jeune femme s’occupant de la classe des maternelles, je me retourne partant enfin retrouver le calme de mon séjour et m’isoler dans ma bulle. Cette unique endroit me tenant encore paisible ces derniers temps avec mes escapades…
Prête à sortir de l’école, mon regard s’attarde sur une silhouette que je connais parfaitement. Ayant régulièrement passé la porte de ma maison et moi de la sienne, mes lèvres s’étirent en voyant Théodora Hazard-Perry. Mère du meilleur ami et éventuellement cousin de mon fils, cette demoiselle est une des personnes les plus incroyables que je connaisse. M’avançant alors, je vais vers sa direction profitant qu’il n’y ait personne avec elle pour savoir comment elle va ainsi qu’Oliver que je n’ai pas vu depuis un moment. « Théo ? » M’assurant avant tout que je m’adresse à la bonne personne, un sourire sincère s’affiche sur mes lèvres lorsque mes soupçons sont levés. « Comment tu vas ? Rencontre avec la maîtresse toi aussi ? » Je ne sais pas pourquoi les écoles s’obstinent à garder ces journées parents/professeurs qui terrorisent chaque personnes assez saine d’esprit. En vrai, c’est un moment terrible où une personne qui n’a aucun lien de parenté ou d’amitié avec vous et qui élève avec vous votre enfant, va vous dire si oui ou non, vous êtes un bon parent et si votre enfant va un jour devenir quelqu’un de bien. Effrayant, non ? En réalité, leur maitresse est quelqu’un de bien, elle est adorable et assez jeune ce qui plait aux enfants mais c’est juste troublant de savoir qu’elle est la personne qui passe le plus de temps avec votre fils autrement que vous…
Théodora se trouvait dans la cour de l’école de Brisbane. Elle sortait tout juste d’un rendez-vous avec l’institutrice de son fils et même si la jeune femme avait conscience que tout se passait bien avec Oliver, elle n’avait pu s’empêcher de redouter ce moment. Parce qu’au-delà de juger le comportement du petit-garçon, Théo avait conscience qu’elle aussi était passée au scanner dans ce genre de moment. L’institutrice d’Ollie avait beau être adorable, la jeune mère n’en restait pas moins qu’une jeune femme, beaucoup trop jeune pour être mère dans la norme qu’impose la société, ayant choisi des études longues et rigoureuse et élevant son fils à moitié seule. Allez dire à la population que vous élevez votre fils dans un cadre rassurant, confortable et qu’il ne manque aucunement de présence masculine dans son entourage, tout ce que la plupart des personnes en retiendront, ce n’est que le père de l’enfant ne fait pas partie du paysage et qu’elle vit au crochet de son frère pour pouvoir offrir une vie décente au petit garçon. L’institutrice d’Oliver n’avait cependant jamais laisser réellement sous-entendre de telles choses, mais dans le fond, Théodora s’efforçait d’être irréprochable lors de ces réunions parents/enseignant et dans ces cas-là, elle remerciait intérieurement ses parents d’avoir basé son éducation principalement sur les apparences. Enfin peu importe, le rendez-vous s’était relativement bien passé, la jeune femme avait eu l’occasion de jeter un coup d’œil aux différents travaux réalisés par son fils et l’institutrice d’Oliver avait salué de manière générale le comportement du petit garçon, même s’il avait une certaine tendance à vouloir jouer les leaders un peu partout. Il faudrait qu’elle revoit ça avec lui, mais elle aurait bien le temps de revenir là-dessus plus tard. Pour l’heure, elle attendait surtout Charlie qui devait passait la récupérer à l’école pour qu’ils puissent ensuite passer un moment avec Ollie. Elle l’avait avertie de la fin de son rendez-vous par texto, mais elle n’avait encore reçu aucune réponse. L’appeler serait peut-être plus judicieux, mais une voix l’interpella derrière elle. Un large sourire se dessina sur les lèvres de la brune lorsqu’elle reconnut la jeune femme. « C’est exactement ça. Tu en sors ou tu y vas ? » Voilà un petit temps qu’elle n’avait plus croiser Elisabeth. Un long moment en réalité. Théo n’avait plus croisé la jeune femme depuis qu’elle avait appris que le meilleur ami de son fils se trouvait en réalité être son cousin. De loin, elle avait toujours trouver la relation entre Elisabeth et Gauthier un peu étrange, bien plus tendue que ce qu’ils ne voulaient bien le laisser croire. Elle avait cru à une romance qu’ils ne voulaient pas assumer, un couple qu’ils n’arrivaient pas à former parce que son frère était bien trop obnubiler par sa carrière ou par ses virées en montagne et la réalité avait fini par éclater. Il y avait bel et bien une romance, mais qui datait de l’époque où ils étaient encore tous à Londres, Gauthier avait mis enceinte la femme de son meilleur ami et… tout ce petit monde s’était envolé une fois la grande nouvelle dévoilée. Gauthier était parti en montagne et Elisabeth était vraisemblablement rentrée au pays un temps. « Ca me fait plaisir de te voir, Oliver m’avait dit que Gabriel était de retour à l’école, mais je n’ai pas vraiment osé appeler pour prendre de tes nouvelles. » Dans le fond, même si Théodora appréciait réellement la jeune femme qui qu’il n’était pas rare qu’elles discutent toutes les deux, elle ne savait pas réellement quelle était sa place dans toute cette histoire. Elle en voulait à Gauthier pour lui avoir cacher toute cette histoire et pour être parti juste après lui avoir tout annoncé, mais pour Elisabeth… Les choses étaient différentes et même si elle avait réellement voulu prendre de ses nouvelles et savoir comment tout cela se passait pour elle, Théo n’était certaine d’en avoir le droit. « Comment tu vas ? » osa-t-elle finalement demander.
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Dernière édition par Théodora Hazard-Perry le Jeu 25 Jan 2018 - 17:21, édité 2 fois
« C’est exactement ça. Tu en sors ou tu y vas ?» Son sourire me détend. Sans véritablement savoir pourquoi, je me doute d’une révélation qui a pu lui être faite et me concernant légèrement… « J’en sors. Rien à craindre avec Gab’ mais je crois que j’ai tellement mal vécu les miennes étant jeunes que j’ai horreur de ce genre de réunion… » Aussi parce que c’est la première fois que je rencontre une de ses institutrices, Daniel s’occupant de cette tâche à Londres… « Je suppose que pour toi aussi, tout s’est bien passé ? » Au bout de tous ces mois passés à avoir son fils chez moi, je pense pouvoir l’affirmer : Oliver est un gamin en or, intelligent, leader dans l’âme et avec très visiblement le sang des Hazard-Perry qui coule dans ses veines. « Ca me fait plaisir de te voir, Oliver m’avait dit que Gabriel était de retour à l’école, mais je n’ai pas vraiment osé appeler pour prendre de tes nouvelles.» Je souris à ses propos. Je suis également réellement heureuse de la revoir. Sans savoir pourquoi, j’apprécie cette demoiselle. Sœur de Gauthier, elle est réellement différente de lui dans son comportement, son envie de finir ses études tout en élevant son fils démontre une véritable force de caractère et je ne peux que saluer ses efforts et son énergie. Je me doute un peu que la nouvelle de notre retour a plu à Oliver, meilleur ami de mon fils, ils s’entendent comme larron en foire et les séparer un trois semaines fût une torture même pour moi. Pourtant, le fait qu’elle n’ose pas appeler m’interpelle ? Pourquoi ? « Pas osée m’appeler ? Il ne faut pas que tu hésites si tu en as envie ou besoin. » Je l’apprécie réellement et je serais là pour lui répondre, sans souci. Pourtant, je ne pensais pas qu’elle aurait besoin de prendre de mes nouvelles, sauf si comme je me doute, Gauthier lui a annoncé avant de partir qu’il est le père de Gabriel…
« Comment tu vas ?» Simplement, mes lèvres s’étirent face à sa question. Je n’en sais rien. Comment je vais ? Je suis tiraillée pour cette réponse qui parait pourtant assez simple. Bien ou non ? Oui, je vais bien pourtant, je reste tourmentée mais je ne suis pas persuadée qu’elle veille entendre tout ça. « Je vais bien, j’ai amené Gabriel chez ma mère, je crois que nous en avions tous les deux besoins et elle vient avec nos voisins pour Noël donc pas mal de choses à penser. » Cette année, Noël se passe en Australie. Pour la première fois le père de Maïa va prendre l’avion et nous nous retrouvons comme toujours tous ensemble pour la semaine de fin d’année. Heureuse de leur venue, j’arrive à imaginer ainsi une fin d’année plus légère, sans pour autant me douter des problématiques que peuvent encore m’apporter les pères de mon fils… « Et toi alors ? Comment est-ce que tu vas ? » Entre son fils, ses études, sa famille, sa vie ne doit pas être de tout repos et je n’ai pas forcément l’envie d’entrer trop dans les détails de mes préoccupations ce soir, surtout après avoir été jugée par la maîtresse des garçons pour l’absence non prévenue et longue de mon fils…
Un sourire puis un léger éclat de rire échappa à Théodora lorsque la jolie blonde face à elle précisa que tout se passait bien avec Gabriel, mais qu’elle avait pour sainte horreur ce genre de réunion. Elle pouvait la comprendre, même si pour la peine, les raisons pour lesquelles la jeune femme redoutait ce genre de réunion étaient différentes de celles d’Elisabeth. « Je suppose que pour toi aussi, tout s’est bien passé ? » Ne perdant pas une once de son sourire, la brune acquiesça. « Il semblerait que le côté petit chef d’Ollie ne soit pas toujours au goût de tout le monde dans sa classe, mais c’est le seul point négatif qui ait été relevé. » annonça-t-elle, presque amusé. Oliver pouvait faire preuve d’une certaine obstination par moment et elle imaginait qu’Elisabeth avait déjà probablement dû le remarquer quand elle l’avait chez elle, mais dans le fond, il n’y avait rien de bien méchant là-dedans. Au contraire, Théodora était même assez fière de savoir que son fils était du genre à imposer ses idées plutôt que de se laisser marcher dessus par les autres, mais elle veillerait malgré tout à ce qu’il n’y ait pas de débordement dans son comportement. Tant qu’il se contentait de bouder quand on décidait de ne pas l’écouter, il n’y avait rien de bien méchant là-dedans.
Les quelques banalités échangées quant à cette réunion parents/enseignant, l’anglaise se permit de souligner le retour d’Elisabeth en ville. Elle était heureuse de pouvoir la croiser à nouveau, tout comme Oliver était surexcité à l’idée d’avoir à nouveau son meilleur ami – ou plutôt devrions-nous dire cousin à présent – auprès de lui. L’idée d’appeler la jeune femme pour prendre de ses nouvelles était souvent venue à Théo, mais elle n’avait jamais vraiment oser franchir le pas. « Pas osée m’appeler ? Il ne faut pas que tu hésites si tu en as envie ou besoin. » La jeune femme haussa les épaules, affichant un maigre sourire gêné. Était-elle seulement au courant du fait que Gauthier lui ait parlé de sa paternité ? Dans l’immédiat, Théodora en doutait. « Il n’y avait rien de grave, je voulais juste… prendre de tes nouvelles. Gauthier m’a… Il m’a parlé de Gabriel. Et du fait que Daniel était en ville aussi, du coup je voulais juste m’assurer que… Enfin, tu sais, je voulais juste m’assurer que ça allait pour toi, mais étant donné que je suis justement que la sœur de Gauthier, j’imagine que je ne suis pas la première personne à qui tu aies envie de parler de tout ça. » Un léger rire nerveux échappa à la jeune femme qui se passa la main dans les cheveux ; autre signe de sa nervosité. Ses dernières paroles avaient été prononcées à un débit élevée et elle n’était pas certaine qu’Ellie ait réellement compris tout ce qui était sorti de la bouche de l’anglaise mais qu’importe. « Enfin, je ne voulais pas m’imposer non plus, mais du coup, voilà… Je suis au courant et si jamais tu as envie de parler de tout ça, je suis là. » proposa-t-elle finalement, dans un léger haussement d’épaules. Après tout, question problème de paternité, Théodora était assez bien lotie pour en parler. Même si sa propre histoire n’était pas vraiment similaire, elle savait ce que cela pouvait être d’être maman d’un petit bout et de devoir composer avec le père de celui-ci.
Plus simplement, elle s’enquit finalement de demander à la jeune femme comment elle allait tout simplement. « Je vais bien, j’ai amené Gabriel chez ma mère, je crois que nous en avions tous les deux besoins et elle vient avec nos voisins pour Noël donc pas mal de choses à penser. » La réponse arracha un nouveau sourire à l’anglaise. « Une fin d’année bien chargée, en somme. Et un petit garçon qui sera probablement bien gâté pour Noël. » se permit-elle d’ajouter avec amusement. Même si elle imaginait au fond que ça ne devrait pas bien changer de l’habitude. Puis que la fin d’année s’annonce chargée, Théodora imaginait aisément que la jeune femme devait être heureuse de pouvoir accueillir sa mère par ici pour les fêtes. Une chose qui n’arriverait assurément pas chez les Hazard-Perry. « Ecoute, tout va bien. Un peu la course, comme toujours, mais ça va. Les vacances qui arrivent sont les bienvenues ! » Même si à force, Théo s’était faite à ce rythme de vie, elle aspirait à pouvoir se reposer un peu et ne penser à rien si ce n’est qu’à se détendre et profiter. Sans compter qu’Emre semblait être aux abonnés absents en ce moment, vraiment… elle n’avait juste qu’à profiter.
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Dernière édition par Théodora Hazard-Perry le Jeu 25 Jan 2018 - 17:22, édité 1 fois
« Il semblerait que le côté petit chef d’Ollie ne soit pas toujours au goût de tout le monde dans sa classe, mais c’est le seul point négatif qui ait été relevé.» Je ne peux retenir un léger sourire. J’acquiesce, comprenant sa maîtresse. Nos fils ont énormément de points communs, voyous mignons, ils savent se faire aimer et jouer avec les autres. Pleins de ressources, ils ne s’arrêtent que rarement et ont toujours cette énergie inépuisable. Des leaders nés tous les deux, ils n’ont pourtant pas la même méthodologie pour l’appliquer. J’ai régulièrement vu ce besoin de diriger d’Oliver. C’est adorable mais il est vrai que pour certains enfants, ça ne doit pas être facile à vivre tous les jours… C’est tout de même peu comme remarque et je suis sûre que Théo s’en sortira parfaitement pour expliquer à son fils de tenter une manière plus discrète. Il aura toute sa vie pour diriger son monde, qu’il ne s’en fasse pas.
Le sujet de notre présence ici passé, Théodora essaie de prendre des nouvelles. Je ne comprends pas pourquoi elle n’ose pas m’appeler. Je n’ai jamais voulu être inaccessible pour elle, j’espère simplement que tout va bien pour elle et que ce n’était pas important. Sa réaction à une tendance à m’intriguer mais je lui laisse la liberté de m’en faire part ou non. « Il n’y avait rien de grave, je voulais juste… prendre de tes nouvelles. Gauthier m’a… Il m’a parlé de Gabriel. Et du fait que Daniel était en ville aussi, du coup je voulais juste m’assurer que… Enfin, tu sais, je voulais juste m’assurer que ça allait pour toi, mais étant donné que je suis justement que la sœur de Gauthier, j’imagine que je ne suis pas la première personne à qui tu aies envie de parler de tout ça. » « Ah. » Elle sait donc tout. Je n’ai pas revu Gauthier depuis l’accident de Daniel, j’ignorais donc qu’il lui avait parlé de sa paternité, et regrette un peu de ne pas avoir été prévenue… Je me mords nerveusement la lèvre, tentant malgré tout un sourire. Après tout, je n’ai plus rien à lui cacher… « Enfin, je ne voulais pas m’imposer non plus, mais du coup, voilà… Je suis au courant et si jamais tu as envie de parler de tout ça, je suis là.» Cette fois-ci mon sourire se fait tendre et je me détends. Après tout, elle n’a pas débarqué chez moi énervée ou quoi que ce soit et je trouve sa réaction adorable. Pourtant, j’aimerais qu’elle respire, elle me stress à être aussi paniquée. « Merci c’est adorable de ta part, mais je ne veux pas te mettre dans une position aussi délicate. » Je ne me permettrais pas de lui imposer une conversation impliquant les relations personnelles de son frère et je ne suis pas certaine qu’il apprécierait. « Je suis désolée de n’avoir rien dit plus tôt, mais ce n’était pas à moi de le faire… Tu n’es pas que la sœur de Gauthier et je trouve déjà ce statut bien assez important à porter. » Pas de tout repos et au plein centre de l’histoire. Après tout, toute l’histoire impliquée sa famille mais aussi et surtout son fils. Nous avions laissé les deux garçons se rapprocher, comment réagiraient-ils en apprenant être cousins ?
Répondant d’abord à sa question, je remets la grande conversation à l’après. Expliquant nos plans pour les vacances d’été, je tente de détendre également l’atmosphère, ce qui ne nous fera pas bien de mal. « Une fin d’année bien chargée, en somme. Et un petit garçon qui sera probablement bien gâté pour Noël.» Je souris. Elles le sont toujours et c’est aussi ce qui les rends magiques. « Bien trop gâté, oui. » J’aimerais d’ailleurs que l’on arrête de pourrir mon garçon avant qu’il ne devienne ce genre de gamin qui n’a aucune valeur des choses, comme ma mère a pu me l’expliquer enfant alors que nous n’avions pas les moyens que je peux avoir actuellement… « Ecoute, tout va bien. Un peu la course, comme toujours, mais ça va. Les vacances qui arrivent sont les bienvenues !» Je rire doucement. Je me doute, entre ses études, sa famille et sa vie, je comprends qu’elle court absolument partout. « Tu vas pouvoir souffler. C’est génial. » Laissant un petit temps se passer je lui adresse un sourire. « Théo, je ne veux pas que tu penses que j’ai voulu te cacher quoi que ce soit au sujet de ton frère, je pense juste que ce n’était pas mon rôle de te l’annoncer. » Et j’en suis toujours persuadée. « Je n’étais pas à l’aise avec le fait que tu ne sois pas au courant, surtout vu la relation des garçons, j’espère que tu me pardonneras ce point. » Parce que c’était également ma faute. « Je ne t’imposerais jamais quoi que ce soit de la situation mais si tu as besoin de savoir quoi que ce soit ou a des questions tu n’hésites pas. Je serais un livre ouvert maintenant. Et si tu as besoin, je serais là aussi, comme je le disais, tu n’es pas ‘que’ la sœur de Gauthier, je t’apprécie réellement donc… » Entièrement honnête, je ne vois pas quoi lui dire de plus que la vérité…
Les raisons de leur présence en ce lieu à présent évoquées, Théodora n’avait pu s’empêcher de s’inquiéter à propos de son interlocutrice, mettant ainsi les deux pieds dans le plat en évoquant ce que son frère aîné avait pu lui raconter. Lorsqu’elle avait appris toute l’histoire, Théo avait eu le réflexe de vouloir appeler Elisabeth. Si cette dernière avait toujours été plus proche de Gauthier – on ne peut plus proche d’ailleurs vu les derniers aveux – et qu’elles étaient surtout liée car leurs fils étaient proches, la jeune anglaise avait toujours réellement apprécié la jolie blonde et elle s’était presque inquiétée pour elle lorsqu’elle avait appris que Gabriel se trouvait être en réalité le fils de Gauthier et que le présumé père du petit garçon se trouvait être également à Brisbane en ce moment. Elle n’osait imaginé ce qu’il pouvait se passer pour Elie en ce moment et elle avait eu envie de lui montrer qu’elle pourrait compter sur elle au besoin, mais la propre position de Théodora dans toute cette histoire l’avait empêchée d’aller jusqu’au bout des choses. « Merci c’est adorable de ta part, mais je ne veux pas te mettre dans une position aussi délicate. » Un mince sourire passa sur les lèvres de la brune. Voilà exactement la raison pour laquelle elle s’était rétractée au dernier moment, ayant conscience également que Gauthier n’apprécierait certainement pas qu’elle aille fourrer son nez dans toute cette histoire. Mais il connaissait sa sœur et il devait probablement se douter qu’elle ne pourrait tout simplement pas laisser ça comme ça, à garder cette information pour elle sans même tenter d’agir ne serait-ce qu’un peu. « Je suis désolée de n’avoir rien dit plus tôt, mais ce n’était pas à moi de le faire… Tu n’es pas que la sœur de Gauthier et je trouve déjà ce statut bien assez important à porter. » Le sourire de Théodora s’élargit quelque peu à cette remarque. « Important, je ne sais pas… Compliqué en revanche… Ça l’est assurément. » souligna-t-elle avec une pointe d’amusement afin de tenter d’alléger un peu l’atmosphère. Être une Hazard-Perry était déjà une lourde chose à porter.
Préférant néanmoins ne pas trop alourdir l’atmosphère en cette fin d’après-midi, le sujet de la conversation dévia sur le retour aux sources d’Elisabeth et de la future visite de sa mère pour les vacances d’été. La parenthèse fut cependant rapidement refermée alors que Théodora hochait la tête aux derniers propos de la jolie blonde concernant les vacances à venir. Souffler un peu, c’était tout ce dont l’anglaise avait besoin pour le moment. Souffler, penser à autre chose et profiter de ne plus devoir se rendre à la fac durant quelques semaines. Et puis finalement, Elisabeth revint au sujet initial de leur conversation, expliquant qu’elle n’avait jamais voulu lui cacher quoi que ce soit quant à la paternité de Gauthier soulignant qu’elle pensait qu’elle n’était pas légitime de lui faire une telle annonce. La jeune brune ne pouvait être que d’accord avec cela et elle n’en tenait d’ailleurs pas rigueur à la jeune femme. « Je ne t’imposerais jamais quoi que ce soit de la situation mais si tu as besoin de savoir quoi que ce soit ou a des questions tu n’hésites pas. Je serais un livre ouvert maintenant. Et si tu as besoin, je serais là aussi, comme je le disais, tu n’es pas ‘que’ la sœur de Gauthier, je t’apprécie réellement donc… » Les dernières paroles de la jeune femme réchauffèrent quelque peu le cœur de la jeune anglaise et la rassurèrent également. « Je ne t’en veux pas Elie, vraiment pas et je comprend parfaitement ton point de vue. J’en veux juste à Gauthier pour sa façon de réagir face à tout ça… d’avoir mis aussi longtemps pour en parler à quelqu’un avant de finalement foutre le camp. » Comme s’il avait cherché à fuir les problèmes, Gauthier était parti à la montagne peu de temps après avoir eu cette fameuse discussion avec sa plus jeune sœur. Elle avait apprécié qu’il lui fasse enfin confiance, sans pour autant s’empêcher de lui en vouloir d’avoir traîner aussi longtemps alors qu’elle avait compris bien avant tout cela que quelque chose se tramait. « Cela dit, je ne veux pas que ma position par rapport à Gauthier te freine en quoi que ce soit non plus… Au contraire, vu comme il peut être, je pourrais être une oreille attentive, même si j’ai fini par abandonner l’idée d’essayer de comprendre le pourquoi du comment de certaines de ses réactions. » Un petit sourire en coin, l’anglaise haussa doucement les épaules. Qui sait, peut-être que Gauthier devenait un autre homme au contact d’Elisabeth. Ou pas. Après tout, Gauthier restait Gauthier, même si elle avait parfaitement conscience que derrière cette allure d’armoire à glace que rien ne peut atteindre se cachait un gros nounours au cœur tendre. Théodora jeta finalement un bref coup d’œil à son téléphone pour se rendre compte qu’elle n’avait toujours pas de nouvelles de Charlie qui était censé venir la récupérer, puis elle reporta son attention sur la jolie blonde qui lui faisait face. « Et sinon… Daniel est en ville ? Est-ce qu’il… Est-ce qu’il est au courant de toute cette histoire ? » Peut-être allait-elle trop loin dans la curiosité, mais Théodora avait envie de savoir et son frère était resté plutôt évasif sur le sujet…
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Dernière édition par Théodora Hazard-Perry le Jeu 25 Jan 2018 - 17:23, édité 1 fois
« Important, je ne sais pas… Compliqué en revanche… Ça l’est assurément. » Sans le vouloir, je ris à la remarque de la jeune mère. Probablement qu’être la sœur de Gauthier n’est pas de tout repos. Cela veut déjà dire être un Hazard-Perry, ce qui n’est pas simple et pleins de contraintes comme… ne pas avoir d’enfant avant d’être mariée avec un jeune homme de bonne famille et si possible choisi par les parents. Cela veut également dire, avoir un grand frère peu expressif, assez autoritaire et extrêmement protecteur. Je ne connais pas parfaitement toute leur famille, leurs contraintes et leurs relations, pourtant, je suis sûre d’une chose : Théodora est la personne la plus précieuse aux yeux de Gauthier et il ferait absolument tout pour cette petite sœur. D’où l’importance de son rôle à elle en tant que sœur de Gauthier. Pour ce qui est du compliqué, je ne lui enlèverais pas pour le moins du monde, étant plutôt heureuse de ne pas avoir eu cette place – ce qui serait encore plus bizarre et malsain vu ma relation à Gauthier…
Nous partons sur plusieurs discussions mais celle de l’annonce de Gauthier à sa sœur revient. Il est donc parti après lui avoir annoncé ? Il aurait au moins pu prendre la peine de m’envoyer un message… A croire que même cela est trop compliqué à faire pour lui, à croire que je l’ai réellement repoussé cette fois-ci… Pourtant, face à moi, Théo a l’air calme et sereine, elle n’a pas l’air de m’en vouloir et pourtant je suis désolée. Désolée de lui avoir fait côtoyer son neveu pendant presque un an sans qu’elle ne connaisse sa véritable identité, désolée, d’avoir rendu possible l’amitié entre nos deux fils et désolée d’avoir omis un point si important de ma vie pendant tout ce temps. D’un coup, j’ai cette sensation qu’elle est l’adulte responsable et moi la jeune femme ne poussant pas réellement la réflexion et ne pensant qu’à sa petite personne. Théodora a toujours été plus sage que les autres et elle le démontre encore une fois. « Je ne t’en veux pas Elie, vraiment pas et je comprends parfaitement ton point de vue. J’en veux juste à Gauthier pour sa façon de réagir face à tout ça… d’avoir mis aussi longtemps pour en parler à quelqu’un avant de finalement foutre le camp.» Je lui souris, heureuse de sa réaction. Pourtant mon sourire à un arrière-goût amer, celui de la réaction de Gauthier. Il n’est donc pas parti comme cela juste pour moi, il a également fui une réelle discussion avec sa sœur… « Il n’est pas réellement du genre à s’étendre sur ce genre de sujet… » On lui demanderait comment se porte le Yen en ce moment, la discussion serait étonnement plus longue ! « Cela dit, je ne veux pas que ma position par rapport à Gauthier te freine en quoi que ce soit non plus… Au contraire, vu comme il peut être, je pourrais être une oreille attentive, même si j’ai fini par abandonner l’idée d’essayer de comprendre le pourquoi du comment de certaines de ses réactions.» Je ris presque dans un souffle. Il n’est pas censé être le grand frère dans l’histoire ? « C’est gentil de ta part, et je pense qu’il ne faut simplement pas essayer de les comprendre, elles paraissent de temps en temps un peu plus censées. Pour autant, dans cette histoire, il est rarement celui qui agit de la mauvaise façon...» Ou pas, mais c’est toujours un espoir que je me fais : comprendre Gauthier. Je le connais, je peux même parfois deviner ses réactions et pourtant, jamais je n’ai su entrevoir ses pensées ou même les lui faire extérioriser… « Mais ne soit pas trop dur avec lui, j’ai mis quatre ans à lui annoncer. Six mois pour digérer, je pense que c’est même peu pour lui. Ce ne sont pas mes affaires mais je sais que ton oreille attentive lui est également plus qu’utile, autant que ton jugement sur lui peu l’importer » Il a appris être père comme l’on peut apprendre que l’on a dégoté un nouveau job ou bien que la terre est ronde. Je n’ai pas été très douce avec lui, j’espère au moins que sa famille comprendra qu’il n’est pas du tout le méchant dans l’histoire… Surtout Théo qui est sa plus grande fierté, avec Oliver…
« Et sinon… Daniel est en ville ? Est-ce qu’il… Est-ce qu’il est au courant de toute cette histoire ?» Je me mords la lèvre. Je ne sais pas ce qu’elle regarde sur son téléphone, mais si ce sont les tips pour ramener la conversation à mon mari, je veux bien qu’elle le range. Daniel… Arrivée en ville cet été, il est encore là à ignorer la mascarade qui a eu lieu sous ses yeux pendant temps de temps. Il sait ne pas être le père biologique de Gabriel, mais il est loin – je l’espère – d’imaginer son meilleur ami comme étant le géniteur de son fils. « Daniel… » Je souris sans trop savoir pourquoi. Je n’aime pas le critiquer, après tout, Daniel représente 10 ans de ma vie, il est le père de mon fils, mon mari et il est encore un des hommes que j’aime. J’hoche la tête, de droite à gauche. « Il n’est pas au courant. Enfin… » Pas entièrement. « Il sait qu’il n’est pas le père biologique de Gabriel, c’est suite à cette ‘annonce’ que nous sommes venus ici avec Gaby. Tout le reste, il l’ignore. La dernière fois que nous avons eu la possibilité de lui annoncer, il était dans un lit d’hôpital, on a préféré le garder en vie, un minimum… » La morsure de serpent l’avait bien affaibli, lui annoncer à ce moment aurait été traitre. Depuis, ma relation avec lui se passe plus que cordialement, et je redoute ce moment où Gauthier souhaitera faire l’annonce, tout autant que je l’attends. « Je ne suis pas certaine que Gauthier souhaite assumer sa paternité, alors autant sauver sa relation avec Daniel pour le moment. » J’ai déjà fait assez de dégât entre eux pour décider de la fin de leur relation ou non. « Mais dis moi, tu attendais quelqu’un pour te ramener ? Si besoin, je peux toujours le faire. » Je ne veux pas lui prendre trop de temps, je sais à quel point son emploi du temps est rempli et connaissant un minimum ses frères, oublier Oliver est impensable, zapper sa sœur, est un peu plus probable, même si ce n’est pas voulu.
Si la rencontre avec Elisabeth est un pur hasard, la conversation en vient rapidement à dévier sur un sujet qui préoccupait énormément Théodora ces derniers temps ; la récente nouvelle de la paternité de Gauthier. Etrangement, la jeune femme n’avait pas tant mal pris que ça la nouvelle. C’était plus le contexte et tout ce qu’il s’était passé autour et après ça qui la gênait le plus. Le fait qu’elle ait dû tirer les vers du nez de son frère, gratter elle-même pour qu’il finisse par lui avouer la vérité pour finalement qu’ils ne puissent pas réellement en discuter plus que cela puisque Gauthier étant Gauthier, il n’avait pas tenu à s’étaler plus que de raison, mais aussi parce qu’il était ensuite parti pour plusieurs jours en montagne ou en randonnée elle ne savait trop où. Au retour du jeune homme, l’anglaise n’avait plus vraiment insister, sachant qu’elle n’obtiendrait rien de plus de toute façon et qu’ils finiraient probablement par se disputer plutôt que de régler leurs affaires. « Il n’est pas réellement du genre à s’étendre sur ce genre de sujet… » Un sourire passa sur le visage de la brune. « Parler de la pluie et du beau temps serait probablement plus riche que de parler de lui. » renchérit-elle peut-être un peu plus amèrement que ce qu’elle ne l’aurait voulu. Théodora tenait à chacun de ses frères autant qu’elle pouvait tenir à son fils, eux quatre formaient les piliers sur lesquelles elle pouvait se reposer. Sans eux, elle était certaine de ne pas en être là aujourd’hui et elle avait conscience que même si chacun d’entre eux avait un rôle bien particulier, Gauthier était probablement celui à qui elle devait le plus. Il était celui qui avait pris les devants lorsque leurs parents avaient voulu l’envoyer dans un pensionnat suisse afin de cache sa grossesse au monde, il était celui qui l’avait prise sous son aile et elle se sentait tellement impuissante lorsqu’il s’agissait de lui rendre la pareille. L’aîné des Hazard-Perry prenait se rôle un peu trop à cœur, comme s’il était celui qui devait résoudre les problèmes de tout le monde ainsi que les siens sans que personne ne l’aide. « C’est gentil de ta part, et je pense qu’il ne faut simplement pas essayer de les comprendre, elles paraissent de temps en temps un peu plus censées. Pour autant, dans cette histoire, il est rarement celui qui agit de la mauvaise façon... » La jeune femme offrit un sourire compatissant à son interlocutrice. Théodora n’avait en réalité que peu de détails quant à toute cette histoire. Les grandes lignes en somme, le fait que Gauthier n’ait appris être le père de Gabriel que dernièrement, pas grand-chose de plus. Elle ne savait cependant pas ce qu’il en était du reste, ni même ce qui avait poussé Elisabeth à garder le secret aussi longtemps ou d’enfin annoncer la vérité maintenant. L’instinct de mère, probablement. « Mais ne soit pas trop dur avec lui, j’ai mis quatre ans à lui annoncer. Six mois pour digérer, je pense que c’est même peu pour lui. Ce ne sont pas mes affaires mais je sais que ton oreille attentive lui est également plus qu’utile, autant que ton jugement sur lui peu l’importer » Cette fois, ce fut un léger éclat de rire qui échappa à l’anglaise. Dure avec son frère… Elle ne pensait pas l’être. Peut-être l’était-elle un peu inconsciemment dans le fond. Mais ce qui l’interpellait réellement était le fait qu’Elie souligne que Théo puisse être une oreille attentive pour son frère. Elle avait tellement peu l’impression de pouvoir occuper ce rôle. « Je sais que ça ne doit pas être évident pour lui et je ne lui reproche pas sa manière de gérer les choses… C’est juste que… Tu parles d’être une oreille attentive, mais je n’ai vraiment pas l’impression d’occuper ce rôle. Il est toujours là pour nous, quoi qu’il puisse arriver… Je crois même que si l’un de nous venait à rentrer à la maison en annonçant qu’il venait de tuer quelqu’un qu’il ferait tout pour nous protéger et… c’est comme s’il refusait qu’on lui renvoie l’ascenseur. » souffla-t-elle, presque résignée, avant d’ajouter ; « Cela dit, ne sois pas trop dure avec toi-même non plus. Il y a peut-être des erreurs qui ont été faites, mais si tu les as faites, j’imagine que c’est parce que tu pensais que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire sur le moment. » Ses raisons lui étaient propres et même si Théo ne les connaissaient pas, elle imaginait qu’elles devaient être liées un tant soit peu à Gabriel.
Finalement, Théodora questionna la jolie blonde quant au fait que son époux soit en ville à présent. Comme pour tout, Gauthier s’était contenté d’énoncer les faits sans réellement aborder le sujet et la jeune femme se retrouvait avec certaines cartes en main, sans même savoir ce qu’elles pouvaient bien dire. « Il n’est pas au courant. Enfin… Il sait qu’il n’est pas le père biologique de Gabriel, c’est suite à cette ‘annonce’ que nous sommes venus ici avec Gaby. Tout le reste, il l’ignore. La dernière fois que nous avons eu la possibilité de lui annoncer, il était dans un lit d’hôpital, on a préféré le garder en vie, un minimum… » L’anglaise grimaça doucement. C’était tout à fait compréhensible qu’ils n’aient préféré rien dire à ce moment-là, elle n’osait imaginer la réaction du jeune homme lorsqu’il finirait par apprendre que le père biologique de son fils se trouvait être en réalité son meilleur ami. Et dire que de tous ses frères, c’était Gauthier qui se retrouvait dans cette position. S’en était presque risible. « Je ne suis pas certaine que Gauthier souhaite assumer sa paternité, alors autant sauver sa relation avec Daniel pour le moment. » Cette fois, Théodora se redressa légèrement tout en observant Elisabeth. S’il y avait encore énormément de part d’ombre concernant toute cette histoire pour la jeune femme, il y avait bien une chose qu’elle avait rapidement comprise. « Je ne peux pas parler en son nom et il me tuerait probablement s’il venait à savoir que je t’en ai parlé, mais je suis sûre que c’est quelque chose qu’il envisage… J’ai… » La jeune femme se stoppa dans son élan, pas certaine que son frère puisse lui pardonner de s’immiscer à ce point dans cette histoire, mais tant pis. « Je l’ai surpris au téléphone à parler de droits de paternité… Evidement, je n’en sais pas plus vu qu’il s’est refermé comme une huitre quand j’ai essayé d’en parler, mais… Enfin je crois surtout qu’il lui faut le temps que tout se mette en place correctement dans sa tête avant qu’il ne puisse sérieusement envisager quoi que ce soit. Mais... Ca reste entre nous, n'est-ce pas ? » Et s’il avait finalement craché le morceau auprès de sa petite sœur, au-delà du fait qu’elle ait dû insister, elle imaginait que c’était parce qu’il souhaitait faire quelque chose de tout ça et ne pas simplement resté passif dans toute cette histoire.
Après quoi, Théo jeta un énième coup d’œil à son téléphone qui lui offrit une photo d’Oliver sans la moindre notification de message par-dessus. « Mais dis moi, tu attendais quelqu’un pour te ramener ? Si besoin, je peux toujours le faire. » Prise sur le fait, elle redressa le visage pour reporter son attention sur la jolie blonde. « Charlie est avec Oliver en ce moment. Ils étaient censé passer me prendre après la réunion, mais j’ai pas de nouvelles. » Lorsqu’il s’agissait de son fils, Théo savait qu’elle pouvait avoir une confiance aveugle en chacun de ses frères, mais lorsqu’il s’agissait d’elle uniquement pour ce genre de service, elle pouvait facilement passer au second plan. Surtout si Charlie et Oliver étaient en train de s’amuser elle ne savait trop où. « Après, je ne sais pas ce qu’il en est pour toi, mais on pourrait éventuellement aller se boire un café ou quelque chose plutôt que de rester au milieu de la cours de récréation. Etant donné qu’Ollie est avec son oncle, on ne peut pas dire que j’ai de grandes obligations qui m’attendent à la maison. »
Alors qu’actuellement, mon monde devrait tourner entre repas et cadeaux de fin d’année, je me retrouve avec des histoires que je cherche à régler ou éviter depuis des années. Toutes mes conversations finissent par revenir à ce sujet : la paternité de mon fils. Alors qu’il m’arrive de temps à autre de regretter d’avoir agi comme j’ai pu le faire, je sais que j’ai toujours fait ce qui me semblait être juste à l’instant T. Pourtant, je n’arrête pas d’y penser, je n’arrête pas de me dire que j’aurais dû m’en rendre compte plus tôt, que je n’aurais jamais dû dire oui à Daniel, je n’aurais jamais dû laisser les choses devenir ce qu’elles sont, mais à quel moment mes mensonges à moi-même sont devenus trop gros ? A quel instant, je n’ai plus su ce qui était vrai du faux ? Alors que je m’évade doucement dans mes pensées, Théodora me ramène à la réalité et à la capacité d’élocution célèbre de son frère. « Parler de la pluie et du beau temps serait probablement plus riche que de parler de lui. » Je sens parfaitement dans sa voix, la rancœur qu’elle éprouve à ce sujet sur son ainé. Personne ne peut lui en vouloir. Alors qu’il est ce frère qui voudra toujours les faire parler et les protéger, il refuse qu’une personne entre dans son jardin secret. Au fond, je le comprends et je ne peux le blâmer pour cela. Seulement, je sais également à quel point il est difficile d’être de l’autre côté de ce monde inaccessible et à quel point sa sœur doit vouloir le percer de temps à autre. Pourtant son rire à mes paroles me perturbe. Où n’ai-je pas bien visé ? « Je sais que ça ne doit pas être évident pour lui et je ne lui reproche pas sa manière de gérer les choses… C’est juste que… » Au moins, nous sommes d’accord sur ce point. Lorsque j’ai appris que mon fils n’était pas du père présumé, lorsque je l’ai compris, j’ai toujours eu Maïa à mes côtés. J’ai toujours eu une personne pour me confier et avec qui réfléchir. Lui n’en a parlé à personne et ne se résoudra pas à le faire. Alors tout doit être extrêmement complexe pour lui. Je ne sais même pas comment il fait, puisqu’il ne m’en parle pas… « Tu parles d’être une oreille attentive, mais je n’ai vraiment pas l’impression d’occuper ce rôle. Il est toujours là pour nous, quoi qu’il puisse arriver… Je crois même que si l’un de nous venait à rentrer à la maison en annonçant qu’il venait de tuer quelqu’un qu’il ferait tout pour nous protéger et… c’est comme s’il refusait qu’on lui renvoie l’ascenseur. » Je vois donc où je me suis trompée. A ses yeux en tout cas. Je souris tendrement à sa remarque. Bien entendu qu’il protègerait ses frères et sœurs s’ils revenaient avec un meurtre sur les bras. Il serait probablement prêt à prendre pour eux. Son côté surprotecteur prenant le dessus à chaque fois alors qu’il continue de s’oublier. Je suis prête à répliquer mais elle continue et je ne souhaite pas la couper, même si son discours m’intrigue plus cette fois-ci. « Cela dit, ne sois pas trop dure avec toi-même non plus. Il y a peut-être des erreurs qui ont été faites, mais si tu les as faites, j’imagine que c’est parce que tu pensais que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire sur le moment. » Je fronce les sourcils. A-t-elle réellement que 24 ans ? Je tente un sourire mais ne peut le rendre entièrement sincère. Bien entendu que je m’en veux. Je suis la plus grande fautive de toute cette histoire. J’aimerais que l’excuse que me donne Théo soit la bonne, mais j’ai simplement été égoïste pendant quatre ans, comment puis-je me le pardonner alors que je sais que je continue d’agir ainsi ? J’ai toujours eu ce que je souhaitais : une belle maison, un garçon, un mari aimant, un métier où je peux m’épanouir. Mais quand est-ce que j’ai oublié que ces rêves n’étaient pas les miens ? Je pensais agir pour la vie que je voulais me construire alors que tout ce temps, je ne faisais que de rêver d’aventure, de sauver le monde, d’y apporter la paix. J’ai toujours aimé mon fils, mais je n’ai jamais été une bonne mère et encore moins avant d’arriver à Brisbane, alors pourquoi tenter de toujours me trouver des excuses ? « Tu es adorable, j’aimerais que ce soit vrai, mais je pense que je cherchais plus à me protéger plutôt qu’à faire ce qu’il y avait de mieux. » Et donc de plus dur… Je ne cherche pas à ce qu’elle me pardonne ou qu’elle me donne des excuses, je veux encore moins qu’elle tente de me donner des idées pour aller mieux. Je pense devoir avoir à réfléchir et je dois commencer pour ça à me rendre compte de toutes mes erreurs pour pouvoir les réparer à la suite.
Dérivant plus ou moins doucement sur le sujet de Daniel et la révélation que nous avons à faire, je laisse tomber l’idée que même si mon mari est au courant qu’il n’est pas biologiquement le père de mon fils, je ne suis pas certaine qu’il ait à savoir qui est le réel géniteur de Gabriel. Pourquoi se faire du mal alors qu’il ne voudra rien de plus ? Même si Gauthier aime réellement Gabriel, souhaitera-t-il un jour agir comme un père pour lui ? Souhaitera-t-il assumer cette part de responsabilité qu’il a dans la vie de notre fils ? La réaction physique de sa sœur, me fait tourner un peu plus la tête vers elle. Elle douterait ? « Je ne peux pas parler en son nom et il me tuerait probablement s’il venait à savoir que je t’en ai parlé, mais je suis sûre que c’est quelque chose qu’il envisage… J’ai… » Mon cœur se serre à cette annonce possible. Alors qu’elle se stoppe, je l’encourage d’un regard. Elle en a malheureusement déjà trop dit. Il envisage réellement cette paternité ? Alors pourquoi toujours repousser cette discussion ? Il ne pourra jamais l’avoir si je ne suis pas incluse dans la démarche et il le sait, alors pourquoi l’envisager dans son coin ? En me faisant croire à un rejet de l’idée ? « Je l’ai surpris au téléphone à parler de droits de paternité… Evidement, je n’en sais pas plus vu qu’il s’est refermé comme une huitre quand j’ai essayé d’en parler, mais… Enfin je crois surtout qu’il lui faut le temps que tout se mette en place correctement dans sa tête avant qu’il ne puisse sérieusement envisager quoi que ce soit. Mais... Ca reste entre nous, n'est-ce pas ?» Mes sourcils se lèvent, j’ai dû mal à y croire. Avec qui aurait-il pu en parler ? Alors qu’il y a quelques semaines, il ne pensait même pas avoir un droit sur Gabriel, il réfléchirait aujourd’hui à les demander officiellement ? Je ne peux le cacher, cette idée me ravi, mais me blesse en même temps. Au fond de moi, je reste pantoise face à ses actes et encore une fois, j’aimerais qu’il m’en parle avant de faire quoi que ce soit. Un père difficile à gérer me suffit, je n’ai pas besoin du deuxième qui fait encore plus des siennes qu’il ne le fait déjà… Je n’aime pas l’idée de ne pas pouvoir lui en parler, mais je sais que Théo m’a dit ça par sympathie et pour me soulager dans mes réflexions, alors je ne pourrais la trahir dans son geste. « Ça reste entre nous, ne t’inquiète pas. » Mes pensées se bataillent mais je finis par relever les yeux et planter mon regard dans celui de la jeune femme face à moi. « Mais merci. » Merci de me l’avoir dit, de tenter de me donner de l’espoir et de t’impliquer ainsi dans cette histoire, sans juger et même en ne regardant que les bons côtés de ce secret que nous avons gardé bien trop longtemps.
Je sais que l’heure tourne et que Théo doit avoir bien des choses à faire, rentrer étant la première action pour poursuivre sa soirée. Seulement, au vu de ses actes, je pense qu’elle n’est pas venue par sa voiture et elle m’a bien l’air coincée ici. « Charlie est avec Oliver en ce moment. Ils étaient censés passer me prendre après la réunion, mais j’ai pas de nouvelles. » Je ris doucement. Toujours sympathique ses frères. « Je vois qu’il prend bien soin de sa petite sœur. » Heureusement qu’ils font mieux avec leur neveu. « Ou Oliver a négocié parce qu’il a peur du rendu de la réunion. » Ce qui est une possibilité étant donné que Gabriel a demandé à passer la soirée avec Maïa pour être sûr de ne pas se faire gronder « au cas où ». « Après, je ne sais pas ce qu’il en est pour toi, mais on pourrait éventuellement aller se boire un café ou quelque chose plutôt que de rester au milieu de la cour de récréation. Etant donné qu’Ollie est avec son oncle, on ne peut pas dire que j’ai de grandes obligations qui m’attendent à la maison. » J’hoche les épaules. « Alors si tu n’as rien qui t’attends chez toi, je t’invite. » Je lui souris et lui montre la voiture avant de monter dedans avec elle en direction d’un café quelques blocs plus loin. Rien ne m’attendais d’autre que du boulot ce soir, alors je pouvais parfaitement le repousser un peu plus, n’ayant pas d’inquiétude non plus sur le devenir de mon fils à cette heure-là. Me tournant vers elle tout en conduisant, je ne peux m’empêcher de poser ma question. « Je ne veux pas m’envoyer de bâtons dans les roues ou quoi que ce soit, mais tu n’as pas l’air d’avoir été plus surprise que ça, par tout ça… » Je la regarde en biais, mais je trouve sincèrement qu’elle a une réaction extrêmement adulte alors que toutes les personnes concernées agissent comme des adolescents depuis le début de cette histoire. Je pense qu’elle garde un grand calme, et n’a pas l’air de m’en vouloir alors qu’elle souhaite pourtant tant protéger son frère. Je suis pourtant aujourd’hui, une des raisons de certains de ses tourments… Alors que nous arrivons et nous installons dans le café, et une fois nos commandes prêtes, je la regarde, un sourire sincère aux lèvres et m’inquiétant réellement. « Et sinon, comment ça va de ton côté, car si j’ai bien tout suivi, ce n’est pas facile non plus, tu t’en sors ? » A croire que nos fils ne sont pas nés dans un environnement paternel saint, je pense pourtant que sur ce point-là, Gabriel a peut-être plus de chance car même si les choses sont complexes aujourd’hui, aucun de ses deux pères n’a fait de prison et les deux tiennent sincèrement à lui. Pour ce qui est du père d’Oliver, il me semble que les choses sont un peu plus obscures et je m’inquiète réellement pour Théo. A toujours en faire pour les autres, je ne voudrais pas qu’elle s’oublie dans toutes ses histoires…
Elle se mêlait de ce qui ne la regardait pas. Théodora en avait parfaitement conscience. Tout comme elle avait parfaitement conscience que son frère pourrait la tuer s’il en viendrait à apprendre qu’elle avait eu cette conversation avec Elisabeth, mais tant pis. Elle avait tout autant conscience du fait que Gauthier ne se confierait jamais pleinement à elle, même s’il lui avait effectivement parlé de sa paternité. Il avait fini par le faire parce qu’elle avait malencontreusement surpris une conversation et parce qu’elle s’était peut-être montrée un peu insistante, mais qui sait… S’il n’y avait pas eu tout cela, peut-être que Théo n’en serait toujours rien à l’heure actuelle alors valait-il mieux qu’elle aille elle-même à la pêche aux informations, ne serait-ce que pour pouvoir se faire une idée un peu plus précise sur toute cette situation. Elle ne tenait cependant pas à mettre mal à l’aise Elisabeth, mais cette dernière semblait plutôt encline à la discussion. « Tu es adorable, j’aimerais que ce soit vrai, mais je pense que je cherchais plus à me protéger plutôt qu’à faire ce qu’il y avait de mieux. » Un sourire qu’elle voulait rassurant s’afficha sur les lèvres de la brune. Elle n’avait pas toutes les cartes en main pour pouvoir juger et de toute façon, elle n’était pas là non plus pour juger. Elle n’était personne pour se permettre de juger qui que ce soit. L’anglaise voulait simplement que les choses se passent au mieux pour tout le monde et surtout, que les garçons n’aient pas à pâtir de cette grande révélation. Oliver et Gabriel s’étaient réellement bien trouvé tous les deux, infatigables lorsqu’ils se retrouvaient ensemble et elle espérait réellement qu’ils puissent garder ce précieux lien d’amitié qui s’était rapidement installé entre eux. « Tu… Tu le savais depuis le départ qu’il s’agissait de l’enfant de Gauthier ou tu ne l’as appris que plus tard ? » Se risqua-t-elle à demander. Elle espérait qu’Elisabeth ne se formalise pas de la question. Encore une fois, elle n’était pas là pour juger, mais Théodora était de nature curieuse en temps normal, alors vous imaginez bien que dans une telle situation, elle espérait pouvoir avoir toutes les pièces du puzzle pour pouvoir se faire une idée générale de la situation. Enfin, toujours est-il qu’elle n’avait jamais imaginé que Gauthier puisse un jour se retrouver dans une telle situation. Peut-être parce qu’il était trop secret et qu’elle n’avait jamais vraiment réussi à lui imaginer quelconque relation. Cela dit, elle était certaine que tout cela le travaillait énormément. S’il en était arrivé à lui en parler, c’était probablement parce que tout cela lui pesait aussi sur les épaules. Et elle ne put s’empêcher de faire part de tout cela à la jolie blonde qui semblait s’inquiéter de l’implication du père biologique de son fils. « Ça reste entre nous, ne t’inquiète pas. Mais merci. » Un sourire rassurant se dessina sur les lèvres de l’anglaise tandis qu’elle hochait doucement la tête. « Je t’en prie. Après, je ne te garantie rien non plus, je ne fais que te dire ce que je pense et ce que je peux observer en vivant avec lui… mais encore une fois, c’est difficile de savoir ce qu’il se trame dans sa tête. » Un petit sourire en coin et Théodora haussa les épaules. Il s’agissait de tout ce qu’elle pouvait faire pour le moment. Pour son frère, pour la jeune femme et pour cette petite tête blonde qui s’avérait être son neveu.
Puis finalement, le sujet de conversation changea. Elisabeth sembla remarqué l’attente de la brune qui, effectivement, attendait l’arrivée de son frère, Charlie, qui était en compagnie d’Oliver et qui était censé venir la récupérer après la réunion. « Je vois qu’il prend bien soin de sa petite sœur. Ou Oliver a négocié parce qu’il a peur du rendu de la réunion. » Le nez rivé sur son téléphone portable, la belle releva les yeux et adressa un regard entendu à la jeune femme. « Il doit y avoir de ça aussi au-delà du fait que je n’existe plus vraiment quand ils sont ensemble ces deux-là. » Surtout lorsqu’il s’agissait de se liguer contre elle. Mais Théo n’allait certainement pas s’en plaindre, au contraire. Elle était heureuse que son fils s’entende aussi bien avec ses oncles et qu’il puisse bénéficier de plusieurs modèles masculins fiables, des figures paternelles, même s’ils n’étaient que ses oncles. Des hommes sur qui il pourrait toujours compter. « Alors si tu n’as rien qui t’attends chez toi, je t’invite. » Le sourire d’Elisabeth se refléta sur le visage de Théodora, puis toutes deux prirent la direction de la voiture de la jolie blonde. Elisabeth au volant, le moteur se mit rapidement à ronronner et alors qu’elles étaient en chemin, la jeune femme reprit la conversation. « Je ne veux pas m’envoyer de bâtons dans les roues ou quoi que ce soit, mais tu n’as pas l’air d’avoir été plus surprise que ça, par tout ça… » L’anglaise jeta un coup d’œil rapide à la conductrice avant de reporter son attention sur la route. « Oh détrompe-toi, je ne m’attendais vraiment pas à ce que Gauthier m’annonce une chose pareille ! » Un bébé caché était une chose, une grossesse involontaire… Théodora avait réellement été surprise d’apprendre que son frère s’avérait être le père du présumé fils de son meilleur ami et il lui avait fallu quelques jours pour digérer l’information. Mais l’idée avait finit par faire son chemin, les dates coïncidaient avec le départ pour l’Australie et puis… elle avait toujours eu cette impression d’un plus entre Elisabeth et son frère à l’époque. Même si elle n’était que la compagnon du meilleur ami de son frère et qu’elle n’était passée que rarement par la demeure Hazard-Perry. Mais justement, elle y était passée quelques fois. « C’est juste que dans le fond… après réflexion… C’est pas si surprenant qu’il se soit passé quelque chose entre vous. » La jeune femme haussa doucement les épaules. Peut-être que la réponse ne suffirait pas, mais elle ne voyait pas vraiment ce qu’elle pouvait ajouter à cela.
Finalement, les deux jeunes femmes arrivèrent à destination et une fois leur commande prête, elles s’étaient installées à une petite table. « Et sinon, comment ça va de ton côté, car si j’ai bien tout suivi, ce n’est pas facile non plus, tu t’en sors ? » Prenant une longue inspiration à la question, Théodora porta son verre de thé glacé à ses lèvres pour en boire une première gorgée. « Ca va… Le père d’Oliver semble se tenir à carreaux pour le moment, ça fait un moment que je n’ai plus eu de ses nouvelles, donc on peut dire que ça va… Même si je redoute un peu le moment où il refera surface une fois de plus. » La jeune femme ne savait plus vraiment à quoi s’attendre avec son ex petit-ami. Si ses intentions étaient claires, elle ne savait plus à quoi s’attendre de sa part. Il se disait prêt à tout. Elle lui avait simplement demandé de se trouver un job stable, de mener une vie correcte. « J’arrive pas à savoir quelle est la bonne solution. Je me sens mal de laisser Ollie grandir sans connaître son père alors qu’il est là et qu’il a envie de le connaître, qu’il ne nous a pas vraiment abandonné… Et en même temps, Emre est loin d’avoir une vie stable… Et ce n’est pas ce que je veux pour mon fils. » Un soupir lui échappa alors qu’elle attrapait son verre pour en boire une nouvelle gorgée. Elle avait l’impression d’être égoïste et elle l’était probablement en réalité, mais elle voulait le meilleure environnement qui soit pour son fils, et Emre n’était clairement pas capable de le lui offrir pour le moment.
Parler à la petite sœur de Gauthier semble presque plus simple que de parler au principal intéressé. Droite, simple et souriante, elle met à l’aise et donne cette impression que tout est possible. En tout cas pour elle, rien a l’air d’être impossible. Pourtant, son mal être à parler du sujet de ma relation avec son frère me fait sourire, je la comprends mais je n’ai presque rien à lui cacher. « Tu… Tu le savais depuis le départ qu’il s’agissait de l’enfant de Gauthier ou tu ne l’as appris que plus tard ? » Question plutôt légitime. Je souris, ça fait mal finalement… Que répondre à cette question ? « Je… Je n’ai pas cherché à vérifier, même si ma meilleure amie m’avait prévenu, je préférais l’ignorer, c’est seulement quand j’ai appris que mon mari ne pouvait avoir d’enfants que je n’ai plus pu ignorer la vérité. » Un peu honteuse de cette révélation, elle est pourtant vraie. Maïa m’avait prévenu, m’avait dit que cet enfant ressemblait bien plus à Gauthier qu’à Daniel, je préférais mettre ça sur sa fâcheuse manie à voir tout noir mais il faut croire que c’est ma vision que je voulais tromper… « Je n’en suis pas bien fière mais… Vous étiez partis, c’était plus simple de nier l’évidence. » Je crois que c’est la première fois que j’avoue réellement cela, et ça n’enlève rien à ma culpabilité, voir l’augmente. Pourtant ses paroles ont tendance à me rassurer ou au moins me consoler dans le fait qu’un espoir existe toujours pour la paternité de Gauthier qui me tient plus à cœur que je ne le pensais. « Je t’en prie. Après, je ne te garantie rien non plus, je ne fais que te dire ce que je pense et ce que je peux observer en vivant avec lui… mais encore une fois, c’est difficile de savoir ce qu’il se trame dans sa tête. » Je souris. Décidément, nous sommes donc bien d’accord sur ce sujet.
Son frère garde le petit aujourd’hui et à ce que je vois, une fois la maman loin, les souris dansent… « Il doit y avoir de ça aussi au-delà du fait que je n’existe plus vraiment quand ils sont ensemble ces deux-là..» Je ris, c’est horrible, mais je crois que nous vivons toutes ça. La dure réalité des mamans… Rapidement, nous nous trouvons dans la voiture en direction d’un café pour continuer notre discussion. Sans savoir pourquoi, je rompts le silence qui pourtant mets cher et précieux surtout à ce moment. « Oh détrompe-toi, je ne m’attendais vraiment pas à ce que Gauthier m’annonce une chose pareille ! » De nouveau, un hoquet de rire s’empare de moi. Qui pourrait s’y attendre ? Surtout de la part de Gauthier ? « C’est juste que dans le fond… après réflexion… C’est pas si surprenant qu’il se soit passé quelque chose entre vous. » Un sourcil se dresse, pas si surprenant ? Comment est-il possible que nous soyons si mauvais à cacher quelque chose qui n’a jamais pu exister ? Je ne peux retenir mon sourire, fixant tout de même la route. « Pas si surprenant ? A ce point… Il va falloir qu’on travaille sur ça alors. » J’ironise mais je trouve ça fou, comment tout le monde a pu voir quelque chose que les trois intéressés n’ont pu déceler à temps ?
Une fois nos verres en face de nous, je retourne la conversation vers elle. C’est bien beau mes histoires mais je m’inquiète aussi pour elle. Son histoire est bien moins « simple » finalement et avec ses études et ses autres problématiques, je veux qu’elle sache que si besoin je suis là. Mine de rien, elle n’est entourée que de garçon et bien qu’ils soient géniaux avec elle, ce n’est pas toujours la même compréhension que celle d’une autre femme… « Ca va… Le père d’Oliver semble se tenir à carreaux pour le moment, ça fait un moment que je n’ai plus eu de ses nouvelles, donc on peut dire que ça va… Même si je redoute un peu le moment où il refera surface une fois de plus. J’arrive pas à savoir quelle est la bonne solution. Je me sens mal de laisser Ollie grandir sans connaître son père alors qu’il est là et qu’il a envie de le connaître, qu’il ne nous a pas vraiment abandonné… Et en même temps, Emre est loin d’avoir une vie stable… Et ce n’est pas ce que je veux pour mon fils. » Bien que partant de situations très différentes nous en revenons au même point, encore et toujours, est-ce qu’il est mieux de connaître son père et que ce ne soit pas bénéfique pour nous ou de ne pas le connaître du tout et être loin de cette vérité en vivant avec un manque certain ? Je finis ma gorgée, nettoyant sans réfléchir la table à l’aide de ma serviette. « Tu fais déjà ce qu’il y a de mieux pour ton fils. Après, tu peux peut-être le laisser entrer dans sa vie avec des limites. Comme le fait d’être toujours présentes pendant les visites qu’il a avec Oliver. Il faut que tu vois ce qui est le mieux pour lui et jamais ta décision sera égoïste. Ma mère m’a tenu loin du mien et je lui en suis reconnaissante, jamais je ne lui en voudrais car elle pensait que c’était le mieux à faire. » Je la regarde tendrement, je n’ai pas la même histoire, mon père nous a abandonné mais même une fois revenu pour pouvoir me voir de temps en temps, ma mère lui a fermé la porte au nez. La meilleure décision de sa vie. « Est-ce qu’Ollie en parle souvent ? De son père ? C’est peut-être un début d’indication… » Savoir si cela lui manque vraiment ou si la présence de ses oncles annihile ce besoin de père.
Tomber sur Elisabeth avait été une réelle occasion de pouvoir aborder le sujet épineux de ces derniers temps, à savoir la récente découverte de la paternité de Gauthier. Aller voir la jeune femme pour pouvoir en discuter avec elle avait toujours plus ou moins titiller Théodora, mais elle ne s’était jamais permis de débarquer chez la jolie blonde pour le faire. La croiser un peu par hasard à l’école après la réunion parents/professeur était une véritable opportunité. Même si dans le fond, il n’y avait pas tant de chose à dire que cela sur le sujet. Théo n’était personne pour juger des agissements de son frère ou d’Elie. Ils étaient adultes et responsables et avaient parfaitement conscience de ce qu’ils avaient fait et à sa place de petite sœur, elle avait pu remarquer que Gauthier était lui-même assez touché par la nouvelle, même s’il ne savait pas encore à l’heure actuelle ce qu’il devait faire ou non concernant Gabriel. Cela sembla faire du bien à la jolie blonde de pouvoir en parler un peu elle aussi et Théo fut heureuse de constater que la jeune femme ne semblait pas lui en vouloir d’avoir aborder le sujet. Si bien que lorsqu’elles prirent la route pour un café non loin de là afin de continuer la conversation, elle revint sur le sujet. « Pas si surprenant ? A ce point… Il va falloir qu’on travaille sur ça alors. » Un léger rire échappa à la brune. Bien sûr qu’elle avait été surprise lorsque son frère lui avait parlé de toute cette histoire, mais elle s’était toujours dit qu’il y devait y avoir quelque chose entre eux. Même si Gauthier n’était pas des plus expressif, elle avait bien vu les regards qu’il avait pu glisser à l’époque vers la jeune femme. Il avait probablement toujours été bloqué par son amitié envers Daniel jusqu’à ce que ça ne dérape. « C’est juste que je connais mon frère. Et aussi impassible puisse-t-il être, il y a des signes qui ne trompent pas. » Un sourire posé au coin des lèvres, Théo jeta un coup d’œil à la jolie blonde à ses côtés avant qu’elle ne gare la voiture et ne prenne la direction du café.
Installées à table et les boissons servie, la conversation ne tarda pas à reprendre, plutôt accès sur la brune cette fois et les propres problèmes qu’elle pouvait avoir concernant le père de son fils. A croire que la paternité peut être un sujet bien plus sensible qu’il n’y parait aux premiers abords. Théodora expliqua alors grossièrement la situation. Non pas qu’elle n’avait pas envie d’entrer dans les détails, mais Elisabeth connaissait déjà la ligne conductrice de l’histoire et il n’y avait pas grand-chose à ajouter pour le moment. Emre semblait étrangement vouloir se tenir à carreaux et elle lui en était presque reconnaissant. Presque… Parce qu’elle connaissait le jeune homme et qu’elle avait parfaitement conscience du fait qu’il referait surface tôt ou tard. « Tu fais déjà ce qu’il y a de mieux pour ton fils. Après, tu peux peut-être le laisser entrer dans sa vie avec des limites. Comme le fait d’être toujours présentes pendant les visites qu’il a avec Oliver. Il faut que tu vois ce qui est le mieux pour lui et jamais ta décision sera égoïste. Ma mère m’a tenu loin du mien et je lui en suis reconnaissante, jamais je ne lui en voudrais car elle pensait que c’était le mieux à faire. » L’anglaise prit une grande inspiration. Accepter les visites sous certaines conditions avait déjà été envisagé, quand bien même elle savait que l’idée n’aurait pas plu à ses frères. Mais tout cela, c’était avant qu’elle n’apprenne de la bouche de Charlie que le père de son fils continuait ses petits trafics alors que toute cette histoire lui avait déjà coûter énormément. « Je l’avais déjà envisager. Puis j’ai appris qu’il continuait de dealer alors que ça l’a foutu en prison et empêché de voir grandir son fils. Je ne veux pas qu’Oliver grandisse dans ce milieu… Je lui ai demandé de se ranger avant que je ne puisse envisager sérieusement quoi que ce soit et je n’ai plus de nouvelles depuis. » Peut-être parce qu’il avait entendu la requête de la jeune femme et qu’il tentait effectivement de se stabiliser avant de revenir vers elle afin de tenter d’exercer ses droits de père. « Est-ce qu’Ollie en parle souvent ? De son père ? C’est peut-être un début d’indication… » Attrapant son verre son en boire une gorgée, la brune haussa doucement les épaules. « Pas vraiment. Il m’en a parlé une fois et je lui ai expliqué très vaguement la situation et le fait que les papas ne pouvaient pas toujours être présents, mais depuis il ne m’en a plus parlé. Cela dit, je sais très bien qu’il finira par poser plus de questions dans un avenir proche, je ne suis pas dupe… Mais tant que je peux encore jouer un peu les autruches, je dois t’avouer que ça m’arrange plutôt bien. » Un maigre sourire étira le coin des lèvres de la jeune femme. C’était peut-être lâche, mais elle avait au moins l’honnêteté de le reconnaître. Advienne que pourra, elle aviserait en temps voulu.
La discussion se poursuivit encore durant un moment puis finalement, Théodora reçut un message de la part de son frère qui sembla se rappeler de son existence. Il vint alors la récupérer au café dans lequel elles avaient élu domicile et les deux jeunes femmes se quittèrent en se promettant de se revoir rapidement et sans attendre que le hasard ne les remette sur la route l’une de l’autre pour passer un peu de temps ensemble.