| the boys are back in town (kane) |
| | (#)Mar 28 Nov - 0:52 | |
| kane & vittorio the boys are back in townGuess who just got back today ? Them wild-eyed boys that had been away haven't changed, haven't much to say, but man, I still think them cats are great. They were asking if you were around, how you was, where you could be found, I told them you were living downtown, driving all the old men crazy. ☆☆☆ « T’as d’autres créneaux à me proposer ? » Il faisait l’effort de calmer l’urgence dans sa voix, mais le regard perçant avec lequel il fixait Donnie suffisait à prouver qu’il n’était pas venu là simplement pour lui demander des nouvelles de Tony sans une idée derrière la tête. « T’avais pas un boulot, aux dernières nouvelles ? » L’air suspicieux, le gérant de la salle de sport fonçait légèrement ses sourcils broussailleux. « C'est une période creuse. Alors ? » Creuse, c’était peu que de le dire, son boulot auprès de Cora ressemblait de plus en plus à un emploi fictif et cela ne lui plaisait pas … Vittorio pensait à son visa, au besoin d’être réglo pour le conserver, et plus généralement à son besoin d’être réglo parce qu’il avait une sainte horreur des entorses faites à la loi. « Avec l’été ça va être un peu difficile d’organiser des trucs, les gens partent en vacances, tout ça … Mais j’peux te rajouter à la liste des coachs particuliers, si tu veux. » Ugh. « Parfait. » À nouveau Donnie l’avait toisé, il n’était pas né de la dernière pluie. Mais il n’était pas non plus du genre à se mêler des affaires des autres, alors finalement il n’avait rien dit de plus, et probablement fait son affaire de conclure ce qui lui ferait plaisir … Que Vitto avait simplement besoin de fric, peut-être. La vérité c'est que l’italien essayait surtout de se rendre indispensable, avec l'espoir – mauvais – que peut-être Tony ne reviendrait pas et qu’une place officielle ici se libèrerait … Fallait qu’il songe à un plan B si Cora le laissait tomber. Et Cora sentait le roussi actuellement (sans mauvais jeu de mot). Elle passait tellement de temps à l’étranger qu’il se sentait d’ores et déjà au chômage technique, avec même plus la possibilité de relever son courrier, arroser ses plantes ou nourrir ses horribles chats pour se donner l’illusion de servir à quelque chose maintenant que ce type squattait chez elle. L’esprit – très – vaguement satisfait, l’italien avait regagné les vestiaires du sous-sol d’un pas tranquille, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon et l'air pensif. Il hésitait à se renseigner auprès de Bob, mais plus le temps passait plus il avait l’impression d’être en colocation avec un fantôme, alors pour ce qui était d’espérer obtenir la moindre information de sa part … L’italien commençait à éprouver à l’égard de l'ex-femme du cinéaste une empathie qu’il ne se serait jamais imaginé développer. Pas étonnant qu’elle ne soit pas restée, si elle voyait si Bob l’époux était aussi peu présent que Bob le colocataire. Troquant son jean contre un bas de survêtement rouge et un tee-shirt gris à l’effigie de l’Hibiscus Sports, il avait chargé son sac sur son épaule et refermé son casier pour rejoindre la salle de cardio-muscu, déserte à cette heure creuse de la journée. La gourde dans une main, il avait abandonné son sac près de l’un des tapis de course avec l’ambition de réveiller ses muscles en douceur ; Jusqu’à il y a peu il courrait sur le chemin jusqu’à la salle de sport et s’épargnait ainsi la séance d’échauffement obligatoire, mais l’été s’étant définitivement installé les températures extérieures devenaient étouffantes, et il préférait céder au luxe de pouvoir courir en bénéficiant de l’air climatisé. Dans sa main gauche le gripper se chargeait jour après jour, semaine après semaine, de rendre force et mobilité à la main abîmée lors de l’attentat d’Hungry Jack, dernier vestige d’une soirée à laquelle l’italien avait cessé de repenser, contre toute attente. Et peut-être était-ce la raison pour laquelle la silhouette qui venait de rentrer dans la pièce à son tour ne l’avait pas interpelé directement. Le tapis repassant en marche rapide, Vittorio l’avait malgré tout suivi des yeux un instant, ou plutôt avait suivi des yeux les tatouages qui ornaient ses bras et avaient affûté son intérêt. D’ordinaire c’était lui dont les bras suscitaient curiosité – parfois méfiance – dans les environs, fait aussi stupide qu’infondé et dont il avait appris au fil des années à ne plus s’encombrer. Les secondes filant, pourtant, ce n’était pu tant les tatouages du jeune homme que sa personne qui avait donné à l’italien une curieuse sensation de déjà vu, jusqu’à l'instant où, reliant tout seul les différents éléments de la situation, son cerveau avait fait un parallèle entre le nouveau venu, le gripper dans sa main gauche et le pont du yatch sur lequel il aurait supposément dû se contenter de s’empiffrer de frites. Wayne ? Zane ? Un truc du genre, Vittorio n'avait jamais été très doué avec les prénoms, tout juste se rappelait-il vaguement rappelait-il que le gars était pompier … À moins que ce ne soit simplement le logo sur le tee-shirt qu'il portait actuellement qui lui ait permis de s'en rappeler. Reste que Vitto n'avait fait aucun commentaire, pas certain que le bonhomme ait envie qu’on lui rappelle cette soirée de malheur, et pas certain non plus qu’il soit du genre à aimer bavasser en faisant son sport de toute manière … Dieu sait que ce n’était pas trop dans les habitudes du romain. Le blond avait ses écouteurs sur les oreilles et ne semblait pas l’avoir remarqué, alors faute de mieux Vittorio s’était reconcentré sur sa marche et sa respiration.
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| | | | (#)Dim 3 Déc - 19:20 | |
| J’aime pas mettre le réveil quand je bosse pas mais parfois il faut ce qu’il faut. J’ai un rendez vous à 10h et puis je mange avec ma mère pour déjeuner. Faut aussi que je fasse une lessive et que j’aille au sport. Ca fait déjà quelques jours que j’esquive la lessive mais là ça devient urgent, j’ai plus qu’un seul boxers propre. Niveau fringues aussi ça commence à être raide. Mais j’ai les fringues du boulot donc ça passe encore. Faudrait que je range aussi mon appart’ un minimum. Ok j’ai aucune visite mais quand même. On sait jamais. Peut être que Nina voudra monter chez moi ce soir après notre rendez vous. Oui, on se voit ce soir, comme toutes les semaines. On se voit beaucoup. On s’embrasse pas mal aussi, mais ça s’arrête là. On passe quand même du bon temps ensemble tous les deux, donc je ne me plains pas trop. Ok je me plains un petit peu auprès de certains de mes amis. J’ai même demandé conseils à une spécialiste du courrier du coeur. Ses réponses m’ont pas trop satisfait. Faudrait sûrement que je prenne mon courage à deux mains et que j’en parle ouvertement à la principale intéressée, mais j’ose pas. Je prends mon mal en patience.
Resto avec ma mère, je prends une salade, pas de dessert. J’ai pas envie d’être lourd. Je compte aller au sport pendant quelques heures après ça. Au lieu de m’épanouir sexuellement je me défoule au sport. Que ce soit au boulot pendant les temps morts ou à la salle de sport que je bosse pas, je m’en donne à coeur joie. J’ai jamais été autant en forme. Ca fait un an que je m’entretiens bien physiquement, pour le boulot il faut. Mais récemment j’ai mis les bouchées double. Je me suis jamais autant maté devant un miroir que ces derniers temps. Mes muscles sont bien marqués. Je me trouve vraiment canon comme ça. Je comprends pas que Nina veuille pas en croquer un bout. Le SMS d’Ariane me revient en tête, avec ses options. Soit elle a un mec, soit elle est vierge, soit elle m’a friendzoné. Oui ça me tracasse cette histoire et je mets toute mon énergie dans le sport. Musique dans les oreilles avec ma playlist de motivation. Je me regarde dans le miroir alors que je soulève les poids. Je termine avec ces poids et je commence une série d’abdos. Je suis dans mon monde. Dans ma bulle. Je fais quelques exercices supplémentaire et je termine par un peu de course à pied. Le mec qui est sur la machine à côté de moi me dit quelque chose. Je le regarde un peu trop et je me reprends pour pas me faire remarquer. Je réfléchis en même temps à où j’ai vu ce mec. Je le regarde de temps en temps et puis ça y est ça me fait tilt’. Le bateau. Hungry Jacks. Je cours trois quart d’heure et je décrète que ça suffit pour aujourd’hui. Ca fait deux heures que je sue.
J’enlève mes écouteurs alors que j’arrête la machine et je me tourne vers le mec qui a l’air d’avoir terminé son sport lui aussi.
« Je sais plus ton prénom mais je me souviens de toi. »
Je lui fais un léger sourire. Un peu gauche comme entrer en matière mais je suis pas là pour faire impression. Je pose une main sur mon torse.
« Kane. »
Je descends de la machine, voulant la laisser disponible si quelqu’un en a besoin.
« Ca fait un baille. Ca va depuis le temps ? Enfin, ça peut qu’aller mieux je pense. C’était pas le pied la dernière fois qu’on s’est vu. »
Je n’ai pas besoin d’expliquer le pourquoi, je suis sûr qu’il s’en souvient très bien.
« J’avais vu sur facebook qu’il y avait eu un BBQ organisé par les… survivants ? »
Je suis pas sûr du terme, ça fait tellement tragique dit comme ça.
« T’y es allé ? »
Ce qui sous entend que ce n’était pas mon cas.
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| | | | (#)Dim 14 Jan - 2:38 | |
| Sans grand surprise Vittorio avait été on ne peut plus rapide pour se faire oublier, après les événements dramatiques survenus sur le yatch d’Hungry Jack. Quoi qu’ils auraient pu l’être encore plus, dramatiques, mais durant cette soirée d’horreur trois innocents – et un coupable- avaient perdus la vie et de nombreux avaient perdu quelques plumes, et c’était déjà bien trop même pour quelqu’un d’aussi peu impressionnable ou concerné que l’italien. La crainte de se faire remarquer, la peur que cela lui coûte son visa et la volonté qu’on le laisse tranquille l’avaient persuadé de coopérer pour ne pas attirer l’attention mais d’en dire juste assez peu pour qu’on ne vienne pas l’importuner une seconde fois, et cela terminé il avait rangé tout ce qui concernait cette soirée dans un coin de sa tête, qu’il avait fermé à double-tour en espérant ne plus jamais avoir à y repenser. L’engourdissement dans sa main gauche continuait pourtant de le lui rappeler en filigrane, parfois, et comme si son inconscient voulait être certain que les faits se connectent dans son esprit la ligne traversant sa paume pour rejoindre le bas de son index s’était mise à piquer lorsque son regard s’était posé sur le nouveau venu. Les tatouages, la tignasse blonde et la démarche n’étaient pas inconnues et bientôt l’image du jeune homme agenouillé près du corps inconscient d’un bonhomme en costard lui était clairement revenue en tête. Un frisson descendant tout du long de son échine Vittorio avait eu un moment d’hésitation, un bref instant de doute où aller aux devants de l’individu lui avait semblé envisageable, avant que sa tendance à porter des œillères ne revienne au triple galop. La main resserrée sur son gripper, il avait recommencé à fixer le point invisible en face de lui, se donnant l’air imperturbable, presque rallié à sa propre concentration, et lorsque le blond avait à nouveau envahi sa vision périphérique pour s’adresser à lui il aurait été bien incapable de dire s’ils étaient là depuis deux heures ou depuis dix minutes. Il était découvert. « Je sais plus ton prénom mais je me souviens de toi. » avait affirmé l’individu sans chercher à passer par quatre chemins. Soit, ce type n’était pas le genre à tourner autour du pot, et quelque part cela ne l’en rendait que plus appréciable aux yeux de l’européen. « Kane. » Consentant enfin à stopper le tapis de course, et passant machinalement un bras contre son front luisant de sueur, le romain avait répondu du même ton « Vittorio. Je me souviens de toi aussi. » Les voilà donc dans une sorte d’égalité, liés contre leur volonté par le souvenir d’une soirée qui n’avait pourtant rien d’inoubliable, rien d’agréable. « Ça fait un bail. Ça va depuis le temps ? Enfin, ça peut qu’aller mieux je pense. C’était pas le pied la dernière fois qu’on s’est vu. » C’était peu que de le dire, en effet. Descendant à son tour de tapis, Vittorio avait glissé dans sa poche le gripper jusque-là serré dans sa main, et relevé les yeux vers son interlocuteur « Ça va. C’est derrière nous. » Du moins c’était son point de vue, certains jugeraient peut-être sa tendance à la compartimentation comme du désintérêt ou de l’absence de compassion, mais c’était simplement ainsi qu’il fonctionnait. C’était ainsi que l’on fonctionnait, quand les cadavres se comptaient par dizaines chaque année aux pieds des barres d’immeubles qui vous voyaient grandir en vous tirant vers le bas. « La police nous fout la paix. Ils ont leur coupable, je suppose que c’est tout ce qui les intéressait. » Et le coupable en question était mort, alors c’était presque comme s’ils avaient pu les entendre se réjouir de l’enquête résolue à peine ouverte. Parce que chercher plus loin, creuser plus profond ? Rien que le pognon d’Hungry Jack ne puisse enterrer pour s’éviter une mauvaise publicité supplémentaire, un scandale de trop. Même lorsqu’il n’en était que spectateur, et non plus acteur comme cela pouvait être le cas lorsqu’il vivait encore sa vie romaine, Vittorio ne pouvait s’empêcher de voir ce qui encrassait les rouages de la machine judiciaire, fusse le désintérêt de la police, la subjectivité d’un juge, la partialité d’un jury … La justice n’était belle que sur le papier, et ses représentants blancs comme neige seulement dans un monde parfait. Même les spectateurs savaient se transformer en vautours, et c’était la pensée qui lui avait traversé l’esprit à la seconde où Kane lui avait appris « J’ai vu que facebook qu’il y avait eu un barbecue organisé par les … survivants ? » L’œillade que Vittorio lui avait lancée laissait transparaitre son incrédulité. « T’y es allé ? » Et puis quoi, encore ? Secouant la tête d’un air las, l’italien avait d’abord répondu « Je n’ai pas facebook. » comme si c’était tout ce qu’il avait retenu de la question, avant de finalement rajouter comme si cela coulait de source. « Et non, je n’y suis pas allé. J’ai trouvé ça sordide. » Mais chacun faisait bien comme bon lui semblait, au fond. L’idée de faire des grillades sur une plage en songeant aux personnes piétinées ou assassinées en leur présence avait de quoi couper l’appétit, en plus de frôler l’irrespect. « Mais j’ai revu une des nanas qui était avec nous. Elle m’a dit que le type en costard s’en était sorti sans trop de casse. » Au cas où Kane aurait été intéressé par l’information, à tout hasard, bien qu’un peu de pragmatisme aurait suffi à conclure que si décès supplémentaire il y avait eu ils en auraient probablement entendu parler aux informations. « Je t’avais jamais vu ici. » avait finalement repris le barbu, passant volontairement du coq à l’âne. « Tu viens souvent ? » Poser cette question tout en arborant un tee-shirt à l’effigie de la salle de sport n’était sans doute pas du meilleur effet, mais si Vittorio prêtait une attention particulière à ceux qui fréquentaient assidûment les rings, il avouait se soucier beaucoup moins de ceux dont l’intérêt restait du côté des machines de musculation. Ce n’était pas vraiment sa came, à lui, un adversaire en chair et en os stimulant bien plus qu’un adversaire en fonte, à ses yeux.
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| | | | (#)Ven 19 Jan - 21:28 | |
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Vittorio ! Un italien ! Bien sûr ! Je me souviens de son accent maintenant. On avait pas mal échangé et surtout pendant qu’on était en galère. Compagnons de galère, ça résume bien notre lien à tous les deux. C’est plutôt drôle de se retrouver de si longs mois plus tard. Ça remonte à Mai dernier, j’avais pas réalisé que c’était si loin. Le temps passe trop vite. C’est vrai que c’est derrière nous. Tant mieux. J’hoche la tête quand il parle de la police et du coupable.
« Ouais ça a été vite réglé. »
Je crois que y’a quand même des histoires de plaintes par les gens envers Hungry Jacks, mais je n’ai pas pris part à ces trucs. Je n’ai pas envie d’être convier à des procès ou quoi. Je sais pas s’ils pensent qu’ils peuvent soutirer de l’argent à la compagnie, mais c’est le cadet de mes soucis. C’est bien mieux de tourner la page après un évènement comme celui là. C’est vrai que je n’ai plus mis les pieds dans un Hungry Jacks depuis. Trop de mauvais souvenirs. J’ai mis les pieds sur un bateau par contre, mais c’était en petit comité. Je crois qu’une soirée sur un bateau, c’est non d’office en ce qui me concerne.
Vitto n’a pas facebook et je suis surpris. Tout le monde a facebook. Enfin je croyais. Ca en dit pas mal sur quelqu’un ce genre d’information. Je ne saurais pas dire quoi dans le détail, mais en tout cas il se distingue clairement. Il n’est pas allé au barbecue, comme ça on est deux. J’ouvre de grands yeux quand il me donne des nouvelles du mec en costard. Lui non plus je ne me souviens pas de son prénom.
« Ah bien ! J’avais pas eu le fin mot de cette histoire. Bonne nouvelle. »
Pour une raison qui m’échappe je n’étais pas retourné à l’hôpital pour le voir après coup. Je fais ça généralement avec les gens que je secours au boulot. Pas tout le monde bien évidemment, mais ceux qui m’ont plus touché. Pour ce type je ne l’avais pas fait. Certainement envie de me couper de ce drame. Ca m’a perturbé pendant quelques nuits cette histoire mine de rien.
Il me demande si je viens souvent dans cette salle parce qu’il m’a jamais vu avant. J’hoche la tête.
« Ces dernières semaines je viens assez souvent ouais. »
Jamais à des heures fixes. Je fais en fonction de mon emploi du temps qui a des horaires très variables.
« Au moins trois fois par semaines. »
Je remarque le logo sur son tshirt.
« T’as l’air d’être un habitué. On a dû se louper tout ce temps. »
J’avoue que je ne prête pas tellement attention aux gens qui sont à la salle. Sauf ceux qui sont directement dans mon champ de vision pendant que je fais mes exercices. Ca m’étonne donc pas qu’on se soit pas vu. Il aura fallut attendre qu’on s’entraine l’un à côté de l’autre.
Un sacré vacarme se fait entendre et je tourne la tête pour voir de quoi il s’agit. Un type qui a fait tomber des poids par terre. Il a pas l’air de gueuler de douleur, ça n’a pas du lui tomber dessus. Ouf. Il s’excuse brièvement alors qu’il s’empresse de ranger le tout. Je regarde Vitto, un sourcil levé.
« Ca aurait pu mal finir cette histoire. »
Je me serai naturellement mis au service du type en question pour l’aider, mais il n’y a pas besoin.
« On attire les drames ou quoi ? »
Ca me fait rire jaune cette histoire mine de rien.
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| | | | (#)Dim 4 Fév - 13:08 | |
| Ce n'était pourtant pas faute de vouloir éviter les emmerdes, bon Dieu il avait même tenté de mettre un continent tout entier entre les emmerdes et lui, persuadé qu'aussi loin de la botte italienne elles ne viendraient jamais le chercher. Et puis il y avait d'abord eu cet tempête aux allures de fin du monde deux mois à peine après son arrivée, en guise de mise en bouche, puis finalement cet attentat sur un yatch alors que tout ce qu'espérait Vittorio de cette soirée c'était de la bouffe à l'œil et des gonzesses en bikini. Les emmerdes le suivaient, là ou ailleurs, et il ne s'expliquait toujours pas d'être encore dans cette satanée ville où le café était infâme et les insectes monstrueusement gros. Vaguement bon joueur, l'italien s'était malgré tout senti le devoir de partager avec Kane le peu d'informations dont il disposait à propos du petit groupe de galère dont ils avaient tous les deux fait partie ; Au cas où la survie de ses compagnons d'infortune l'intéressait vaguement. « Ah bien ! J’avais pas eu le fin mot de cette histoire. Bonne nouvelle. » Voilà, et c'était à peu près tout ce qu'on pouvait attendre d'eux à l'égard de gens qu'ils n'avaient jamais revus et ne reverraient pour la plupart jamais. Et comme pour clore définitivement le sujet l'italien s'était empressé d'en changer, saisissant l'occasion de savoir si le blond était ou non un habitué des lieux. « Ces dernières semaines je viens assez souvent ouais. Au moins trois fois par semaines. » Oui, donc habitué était clairement le mot adéquat à utiliser dans son cas. « T’as l’air d’être un habitué. On a dû se louper tout ce temps. » avait-il finalement mentionné à son tour en désignant le logo du complexe sportif arboré sur son tee-shirt. « Je bosse ici, oui. En partie. » Parce qu'il ne s'agissait pas de son unique boulot, du moins tant que Cora ne le prenait pas entre quatre yeux pour le mettre à la porte, et même s'il l'envisageait de plus en plus il avait encore l'espoir que la rousse ne soit pas assez mauvaise pour faire pire et le notifier par courrier, ou pire, par SMS. « Mais je suis presque toujours au sous-sol pour les cours de sports de combat, je monte rarement ici. » Voilà en partie le mystère résolu quant au fait qu'ils fréquentent tous les deux assidûment ce lieu sans pour autant d'être déjà croisé jusqu'à maintenant. L'autre possibilité ayant qu'ils aient été à chaque fois trop dans leur bulle pour se remarquer, et était toute aussi plausible. « Vous avez pas de salle de sport, à la caserne ? » Encore une histoire de logo de tee-shirt, comme si l'un et l'autre se mâchaient sans le vouloir le travail quant au fait d'en savoir un peu sur l'un et l'autre. « Pas que j'te chasse, hein. Mais je pensais que vous étiez plutôt du genre à rester entre vous, dans ce genre de métiers. » À moins qu'il ne confonde avec l'élitisme des corps militaires, allez savoir. En oubliant presque qu'ils n'étaient pas seuls dans la pièce, les deux hommes avaient brutalement été rappelés à l'ordre quand un bruit de dégringolade avait résonné dans la pièce. Le fautif, un abonné à la salle qui venait de lâcher sans crier gare l'un des poids qu'il avait dans les mains, s'était excusé avec confusion en remarquant le tee-shirt de Vittorio et son regard suspicieux, mais dans la mesure où il était ensuite allé ranger le matériel l'italien n'avait pas fait de commentaire. « Ça aurait pu mal finir cette histoire. » Ça, un orteil éclaté était vite arrivé. « On attire les drames ou quoi ? » Pas le moins ému du monde par le sort éventuel du fautif, Vittorio s'était contenté de hausser les épaules en faisant remarquer « Au pire, le drame n'aurait pas été pour nous. Et en plus les pompiers auraient déjà été sur place. » Tentative de plaisanterie, accompagnée du sourire gentiment moqueur de circonstances. « Enfin du coup oui, tu te serais mangé des heures supp'. » Mais c'était un moindre drame. « Quoi qu'il en soit, si ça te dit de lâcher le tapis et les haltères un de ces jours, pour monter sur un ring, tu sais où me trouver. » Haussant les épaules, Vittorio avait glissé son gripper dans la poche de son short et ramassé sa bouteille d'eau. Il ne doutait pas que dans l'immédiat le blond était venu se dépenser et que leur petite discussion le retardait dans son programme supposé de la journée. Alors qu'il aurait pu prendre congé, pourtant, il s'était ravisé au dernier moment pour mettre sur le tapis l'autre sujet qui lui brûlait les lèvres « Tant que je te tiens, à tout hasard … t'aurais une adresse de tatoueur fiable à me conseiller ? » Oh probablement qu'il en avait une, oui, à moins que l'intégralité des œuvres sur ses bras aient été faites en dehors de la ville, auquel cas ce ne serait vraiment pas de veine pour Vitto. Dans l'immédiat il se foutait un peu du style du tatoueur en question, l'idée n'était pas d'ajouter à son palmarès une quelconque pièce artistique … Il lui fallait simplement un gars fiable, pas un escroc ni un amateur qui risquait de lui refiler le tétanos.
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| | | | (#)Lun 12 Fév - 15:51 | |
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Il bosse ici ?? Mais comment j’ai pu le louper tout ce temps ? La surprise doit se lire sur mon visage parce qu’il donne un peu plus de détails sur la situation. Il squatte donc le sous sol. Tout s’explique. J’hoche la tête. C’est vrai que les sports de combats j’y ai fait un tour par là bas seulement quand la fontaine à eau d’ici ne marchait pas. J’y avais rencontré une très jolie jeune fille. Constance. Très bad ass. Je sors de mes pensées quand Vitto demande à propos de la salle de sport à la caserne.
« Si si on en a une. »
Il me fait sourire quand il précise qu’il ne me chasse pas. Alors je tente de m’expliquer un petit peu plus à ce sujet.
« J’y vais quand je suis en service et je viens ici en plus. Je suis dans une période sport à fond. »
Ca me fait doucement rigoler. Je fais toujours du sport mais là clairement c’est beaucoup par rapport à mon habitude. J’ai jamais été autant en forme et je dois dire que je me sens bien. Ou peut être c’est ce que j’ai envie de me mettre en tête pour oublier quelques petites choses de mon quotidien ? Sûrement.
Je fais une remarque sur les drames qui nous entourent tous les deux Vitto et moi. Il dit très justement que les pompiers auraient été sur place. Touché. Ca me fait sourire. Même si sans matériel j’aurai pas pu faire grand chose que les gestes de premiers secours. C’est vrai que c’est toujours mieux que rien. Ca peut tout changer ce genre de détails. Je ris quand il parle d’heures sup’.
« Ouais surtout que je suis en congé là. »
Remarque qui sert à rien, parce qu’il a bien dû s’en douter. Sinon je serai boulot à ce moment précis. Vitto me propose ses services en sport de combat et je dois dire que ça me tenterait peut être. J’hoche la tête.
« Juste… On ressort pas avec des bleus de tes séances de sport ? »
Parce que t’as pas vraiment envie de te faire mal.
« Mais pourquoi pas changer et tenter ouais. »
Je sais pas vraiment si je suis chaud, mais j’ose pas dire non. Et puis je me dis que ça peut être qu’intéressant de tester. Donc c’est pas vraiment perdu, même si au final ça ne me plaît pas. J’aurai essayé. Vitto a l’air de vouloir reprendre où il en était, moi j’ai terminé ma séance donc je suis pas dérangé, mais je peux comprendre qu’il ne veuille pas perdre plus de temps à discuter. Surtout qu’il bosse ici ! Mais il me pose une question à propos de tatouages.
« Oh, je dois avoir l’adresse de celui où j’ai été. Je crois qu’il est toujours en fonction. Il était apprenti à l’époque. Il se débrouillait déjà pas mal. Mais sinon je peux demander autour de moi, j’ai des potes qui sont tatoués aussi. »
Je me mordille la lèvre. Je pense avoir des adresses qui pourraient lui convenir.
« T’as un numéro de téléphone pour que je te joignes ? »
Je dégaine mon téléphone de ma poche. Il n’est jamais bien loin. J’écoutais la musique dessus. J’ai d’ailleurs mes écouteurs enroulés autour de mon appareil. Ils vont me gêner si je dois taper son numéro.
« Ou bien je reviens ici et je te trouverai sûrement… »
Même si je vois pas pourquoi il refuserait de me filer son numéro de téléphone. Mais ouais, c’est aussi une possibilité.
« Surtout si je reviens pour tenter un de tes sports de combats. »
Je lui fais un petit sourire. Ouais je me suis décidé, je viendrais. Je ferai juste attention à pas me blesser. Ce serait le comble de se faire mal au sport quand je pourrais me faire mal réellement tous les jours au boulot. Pour l’instant j’ai eu beaucoup de chance.
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| | | | (#)Sam 24 Fév - 21:42 | |
| Cela faisait sens au fond, le milieu de la journée était le véritable creux de la salle de sport, et seuls les gens qui ne travaillaient pas – ou plus – et ceux aux horaires atypiques pouvaient profiter à loisir de l’établissement à son meilleur moment : au calme et sans devoir jouer des coudes pour accéder à certains équipements. Raison pour laquelle Vitto avait d’ailleurs longtemps fui ce genre de structures, y préférant son club de boxe de quartier où même ses horaires de bureau de l’époque ne lui imposait pas de se sentir comme une sardine dans une boîte d’huile. Quant à Kane, circuler à bord d’un camion rouge le rangeait automatiquement dans la catégorie des gens aux horaires atypiques. « Si si on en a une. » lui avait par ailleurs confirmé le blond lorsqu’il avait pointé l’absence de salle de sport à la caserne « J’y vais quand je suis en service et je viens ici en plus. Je suis dans une période sport à fond. » Ou dans une période sport à outrance, tout dépendait du point de vue, mais bien loin de Vittorio l’idée d’émettre un jugement, lui qui utilisait – un peu trop – souvent ses gants de boxe comme une compensation à n’importe laquelle de ses frustrations faute de savoir les gérer autrement. Distraits l’espace d’un instant par la maladresse d’un autre sportif et Kane ne manquant pas de faire remarquer sur le ton de la plaisanterie qu’il était en congé et se passerait donc en toute logique bien volontiers de jouer aux premiers secours avec qui que ce soit, l’italien lui avait finalement proposé de descendre au sous-sol, à l’occasion, voir ce qui se passait hors des limites de la salle de musculation. Il prêchait pour sa paroisse, en somme, ce qui faisait aussi partie de son boulot. « Juste … On ressort pas avec des bleus de tes séances de sport ? » Dubitatif, le blond avait malgré tout ajouté presque aussitôt « Mais pourquoi pas changer et tenter ouais. » et s’il savait que sa réponse risquait de ne pas l’enchanter Vittorio s’était malgré tout senti le devoir de faire preuve d’honnêteté « Ça, je ne peux rien te promettre … En fait c’est probable, oui, au moins au début. » Parce qu’après à recevoir les coups faisait aussi partie de l’apprentissage, c’en était même l’une des bases, afin d’éviter les imprudences et les blessures véritablement sérieuses. « Mais tout le monde ressort toujours en un seul morceau, si c’est ce qui t’inquiète. Et puis c’est un peu comme le reste, quand c’est fait sérieusement il n’y a pas de raison que ça se passe mal. » D’autant plus qu’on commençait d’abord seul, on apprenait les bases, les mouvements, les parades … On n’était pas lâché dès la première minute sur un ring ou face à un adversaire. Parlant d’entraînement, en tout cas, Vittorio surveillait l’heure sur l’horloge murale du coin de l’œil, ne souhaitant pas se mettre en retard. Mais profitant que la question lui revienne en mémoire et d’avoir Kane sous la main il s’était permis de le questionner vis-à-vis de ses tatouages, ou plus précisément de son tatoueur. Parce que le manque de l’aiguille tant de fois passées sur sa peau commençait à le titiller, l’envie de continuer d’agrémenter cette fresque qu’il avait entreprise au fil des années et brusquement arrêtée – inconsciemment – depuis son arrivée à Brisbane un an plus tôt. « Oh, je dois avoir l’adresse de celui où j’ai été. Je crois qu’il est toujours en fonction. Il était apprenti à l’époque. Il se débrouillait déjà pas mal. Mais sinon je peux demander autour de moi, j’ai des potes qui sont tatoués aussi. » Il avait acquiescé, prudent mais prêt à prendre ce qu’il lui conseillerait. « T’as un numéro de téléphone pour que je te joignes ? Ou bien je reviens ici et je te trouverai sûrement … Surtout si je reviens pour tenter un de tes sports de combats. » Sourire en coin, Vittorio avait acquiescé et choisi son option « J’ai le casier 28 au vestiaire, si tu veux me laisser ton numéro, là j’ai cours dans un quart d’heure donc je vais devoir redescendre. Mais si t’as encore à faire ici et rien de prévu ensuite on peut se retrouver au bar au coin de la rue dans une grosse heure … Tu promets d’enfiler les gants au moins une fois pour voir un jour prochain, et en échange je t’offre une bière, deal ? » Y’avait en partie le fait que Kane semblait être un gars sympathique, certes, mais aussi et inutile de faire croire le contraire le fait qu’amener un client de plus aux cours de sports de combat était dans son intérêt. Donnie semblait toujours entre deux eaux à son sujet, comme s’il se doutait de quelque chose – et les irruptions de Nino puis de Gaïa dans le coin n’avaient rien arrangé – et Vittorio ne demandait qu’à éteindre un peu le feu de ses suspicions. Pour l’heure il devait vraiment redescendre, et adressant un signe de tête à Kane il avait lancé un « J’te laisse réfléchir. » et avait filé deux étages plus bas.
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| | | | (#)Sam 3 Mar - 14:36 | |
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L’idée de me faire des bleus de mon propre chef ne m’enchante pas vraiment. Il ajoute que tout le monde fini entier malgré tout. Encore heureux ! Ca serait complètement insensé de faire ce sport dans le cas contraire. Du coup ouais, je suis mitigé mais je n’exclus pas la possibilité de tenter. J’hoche simplement la tête pour toute réponse.
La conversation dérive sur les tatouages. Je ne suis pas un expert en la matière, bien que j’aie beaucoup d’encre sur la peau. Je n’ai fréquenté qu’un seul artiste pour se faire et je lui en fais part, même si j’ai plus les détails sous la main, je peux les retrouver. Je reprends la conversation précédente en même temps, annonçant que je viendrais pour tenter son sport. Je risque de changer encore d’avis d’ici là. Je sais bien que rien n’est gravé dans le marbre, mais je n’aime pas faire faux bonds aux gens. Surtout que Vitto m’a l’air sympathique et j’ai réellement envie d’essayer maintenant. Se lancer dans de nouvelles choses, je ne le fais pas assez à mon goût. La dernière fois que j’ai tenté c’était pour le surf et j’ai lâché l’affaire depuis. Ce qui est dommage. J’ai une jolie planche qui dort à l’appart’. C’est que ça prend de la place ces choses là.
Je prends bonne note du numéro de son vestiaire. 28. Il propose de se retrouver pas loin pour boire un coup dans une heure par là. Je souris à son deal. Ca me ferait faire une heure de plus de sport. J’ai déjà sué deux heures, je comptais m’arrêter pour aujourd’hui.
« J’étais sur le point de partir, mais ton offre est alléchante. »
Je regarde l’heure sur mon téléphone, il me dit qu’il me laisse réfléchir et j’hoche la tête. Le regardant filer. Je regarde autour de moi. Je commence par prendre de l’eau à la fontaine puis je me décide à faire encore une série d’exercices. Puis une deuxième. Déjà vingt minutes de tué. Je prends ensuite la direction des deux étages d’en dessous pour voir Vitto en plein action. Pour me donner une idée de ce qui m’attend.
Fraîchement douché, changé, je suis dans l’entrée de la salle de sport, mon téléphone à la main. J’attends Vitto. Quand je le vois enfin je lui fais un sourire.
« Prêt pour la bière. »
Toujours prêt pour une bière. Toujours. Je lui parle de ce que j’ai vu dans la salle d’entraînement peu avant, il n’a pas pu me louper en tant que spectateur. Puis on arrive au bar pas loin, on s’installe, nos bières en face de nous. J’en bois une bonne gorgée avant de prendre la parole.
« Faudra que tu me donnes tes horaires pour venir tester quand tu seras là. »
C’est un peu le but du truc. Si je me rends avec un autre instructeur, ça sert à rien.
« Tu l’avais mentionné que tu faisais des sports de combat il me semble. »
Sur le bateau. Oui je sais pas pourquoi je remets ça sur le tapis. Sûrement parce que c’est notre point commun à tous les deux.
« Mais je pensais pas que c’était carrément ton job. T’avais pas parlé d’un autre truc aussi ? Je confonds peut être avec un autre type… »
On avait discuté avec pas mal de monde ce soir là, avant que ça parte en drame.
« Ah non tu voulais pas dire ton job ! C’était même suspicieux. »
Encore une fois, je ne suis plus trop sûr de ce que j’avance, mais ça me fait rire. Je continue de parler. Je parle beaucoup quand ça me prend.
« Surtout que c’est plutôt cool comme boulot ça. C’est plus une passion qu’un job non ? Enfin moi je sais que ça me plairait bien de faire du sport toutes mes journées et d’être payé pour ça. »
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| | | | (#)Dim 25 Mar - 21:35 | |
| Les cours de milieu de journée n’étaient pas forcément ceux qui emballaient le plus Vittorio. Les élèves avec le niveau le plus intéressant occupaient plus généralement les créneaux tôt le matin ou tard le soir, ceux de début de soirée avaient la faveur de ceux à la vie professionnelle active, quant à ceux de milieu de journée … Des étudiants qui profitaient d’un trou dans leur emploi du temps, ou des retraités. Des élèves à qui il fallait surtout enseigner les bases sans en attendre non plus énormément ; Des cours nécessaires à défaut d’être palpitants, et dont l’italien ne pouvait de toute façon pas se passer à la lueur du peu de boulot que lui donnait actuellement Cora. Plus self-defense que boxe le cours de l’après-midi s’était déroulé sans accroche et sans fait spécialement marquant, l’italien ayant remarqué la présence de Kane dans sa vision périphérique quelques minutes avant la fin, mais prenant malgré tout le temps de débarrasser des tatamis le matériel du jour. Regagnant le vestiaire pour prendre une douche rapide et récupérer les affaires qu’il ne laissait jamais une nuit entière dans son casier, il avait retrouvé le pompier à la sortie de la salle de sport « Prêt pour la bière. » lui avait-il annoncé avec enthousiasme, Vittorio les guidant sans plus attendre vers le bar situé au croisement de rue suivant et dans lequel il avait fini par avoir ses habitudes, comme une majorité des employés d’Hibiscus. « Faudra que tu me donnes tes horaires pour venir tester quand tu seras là. » Trouvant un coin de table libre où s’installer l’un et l’autre avaient commandé une bière, l’italien acquiesçant avant de répondre « Mon planning change d’une semaine sur l’autre, mais il suffit de le demander à Donnie à l’accueil à l’occasion. » Ou à n’importe qui d’autre en train de faire le pied de grue derrière le comptoir, si Donnie était allé faire ailleurs. « J’te déconseille les cours après 20h, pour débuter. » Pas s’il ne voulait pas se retrouver face à plus expérimenté et plus mastoc que lui en tout cas. Faisant fonctionner ses souvenirs – avec plus d’efficacité que Vittorio à ce niveau-là – Kane avait d’ailleurs fait remarquer « Tu l’avais mentionné que tu faisais des sports de combat il me semble. Mais je pensais pas que c’était carrément ton job. T’avais pas parlé d’un autre truc aussi ? Je confonds peut-être avec un autre type … » L’espace d’un instant l’italien s’était senti dos au mur, incapable de se rappeler de ce qu’il avait avancé ou prétendu concernant sa situation professionnelle, à l’époque. C’était un peu le souci lorsque l’on ne se contentait pas simplement de la vérité. « Ah non tu voulais pas dire ton job ! C’était même suspicieux. » qu’il s’était alors exclamé, faisant finalement tout seul à la fois les questions et leurs réponses. « Surtout que c’est plutôt cool comme boulot ça. C’est plus une passion qu’un job non ? Enfin moi je sais que ça me plairait bien de faire du sport toutes mes journées et d’être payé pour ça. » Le verre de bière tournant doucement entre ses doigts, le barbu avait esquissé un brin de sourire en fronçant les sourcils « Est-ce que ce n’est pas un peu ton cas ? » Certes cela ne se résumait pas qu’à cela, mais il avait tout de même toujours eu l’impression que la pratique sportive avait une place prépondérante dans le quotidien d’une caserne de pompiers. « Mais disons simplement qu’à l’époque ce n’était pas un boulot … officiel. » Façon polie de dire qu’à l’époque Donnie avait accepté de l’engager sous le manteau pour dépanner, au noir, mais sans le connaître suffisamment pour envisager de lui offrir un véritable boulot. Vittorio ne lui jetait pas la pierre, un étranger débarqué de nulle part et dont il ne savait rien, il avait de quoi avoir des réticences. « Et je ne dis pas non plus que je ferai ça toute ma vie … Mais tant que je suis dans le coin, c’est tranquille. » L’ambiance de travail était relativement bon enfant, le salaire acceptable, et quelque part cela ne lui déplaisait pas d’avoir à nouveau un pied dans le milieu sportif après avoir un temps pensé devoir tirer définitivement un trait dessus en quittant l’Italie.
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| | | | (#)Ven 30 Mar - 22:26 | |
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Demander Donnie à l’accueil. Ok je retiens. Je passerai certainement un coup de fil avant de passer pour savoir si Vitto est dans le coin. J’espère juste qu’on ait de la chance pour que nos plannings correspondent à un moment ou un autre. Parce que moi aussi ça change très régulièrement, du coup on risque de pas pouvoir se choper si le destin est contre nous. Ne pas aller aux cours après 20h au début. D’accord, je prends également bonne note tout en sirotant ma bière. Je réalise que je n’ai pas dû boire assez pendant mon sport parce que j’ai soif et cette pinte risque d’être sifflé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Je parle de notre dernière rencontre, des souvenirs que j’en ai, qui sont assez vagues, qui me reviennent petit à petit. Je parle sûrement trop, mais Vitto m’écoute d’une bonne oreille. Oui, j’assume que son oreille est bonne, parce que je dis pas que de la merde non plus. C’est de la qualité. Non, clairement pas non. On ne peut pas dire que je sois le plus doué en small talk, mais je fais de mon mieux, parce que ce mec m’inspire. Je lâche un petit rire quand il me retourne la question. C’est vrai qu’on fait beaucoup de sport au boulot, mais c’est pas ce qu’on fait toute la journée.
« Touché. Le sport est une grande partie de mes journées. »
Beaucoup plus depuis les 6 derniers mois. On se moque même un peu de moi à la caserne parce que je passe vraiment énormément de temps là dessus. C’est ma dernière lubie. Ok depuis Octobre. Maintenant j’en ai une nouvelle, c’est Wendy. J’ai de la chance que le sport ça soit un plus pour séduire les filles. Avoir un corps d’athlète ça aide. Mais en premier lieu, c’est quand même pour moi que je fais ça. Je me sens bien dans ma peau comme ça. Je suis plus performant aux grés des interventions, du coup je continue avec toujours plus de motivation. Tout avait commencé parce que je voulais penser à autre chose qu’à l’absence de sexe avec Nina. Comme quoi tout tourne véritablement autour du sexe au fond.
Vitto a donc officiellement ce job à présent. J’ignore quel était son statut avant ça, ni même si ça veut dire qu’il avait un autre job officiel à l’époque, mais je ne pose pas la question. C’est sûrement trop d’information. Pas comme si on se connaissait vraiment bien tous les deux. J’hoche la tête pour lui faire comprendre que j’ai saisi l’information, je bois de nouveau une gorgée de ma bière. Il n’est pas fixé sur son plan de carrière mais c’est ce qui lui convient pour l’instant.
« Etre pompier ça te tenterait pas ? »
Comme il a pas l’air fixé sur sa carrière, je le tente.
« C’est juste une idée que je lance comme ça. »
J’ai pas envie de lui mettre la pression ou quoi que ce soit. Ca m’a juste traversé l’esprit alors je lui en ai fait part.
« T’as l’air d’avoir le profil. En tout cas la condition physique, t’es tranquille là dessus. »
Je marque une brève pause avant de reprendre.
« T’as un visa permanent ? »
Parce que je sais que c’est une chose importante dans le processus de recrutement. Autant commencer par la question la plus importante si jamais il est véritablement tenté par ce que je raconte. Et voilà que j’ai déjà ingurgité les 2/3 de mon verre.
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| | | | (#)Sam 28 Avr - 18:09 | |
| Au fait que Kane lui vante ainsi les mérites et la chance de pouvoir pratiquer du sport toute la journée et d’être qui plus est payé à le faire, Vittorio n’avait vu là qu’une question de perspective et n’avait pas manqué de faire remarquer au blond que lui aussi pouvait en dire autant, dans un certain sens. « Touché. Le sport est une grande partie de mes journées. » avait-il d’ailleurs admis en souriant, son esprit reliant de lui-même les points entre les A et les B pour finir par lancer d’un ton visiblement sérieux « Être pompier ça te tenterait pas ? » et laissant Vittorio songeur, et surtout un peu pris au dépourvu. Sans trop savoir pourquoi d’ailleurs, il ne voyait absolument aucune tare au fait d’être pompier et c’était même plutôt que le genre de professions auxquelles il aurait tendance à tirer son chapeau, mais … Bref, peu importe. Ne sachant sans doute pas vraiment comment interpréter son silence, Kane s’était d’ailleurs repris sans plus attendre « C’est juste une idée que je lance comme ça. » mais avait malgré tout expliqué d’où lui venait l’idée subite « T’as l’air d’avoir le profil. En tout cas la condition physique, t’es tranquille là-dessus. » Secouant la tête comme pour confirmer qu’il avait bien compris où voulait en venir Kane et quelles étaient ses intentions, l’italien avait simplement argué « Oui, j’imagine, mais … Enfin, je suppose que c’est surtout une question de mental, la condition physique ne fait pas tout. » Et par mental il voulait surtout dire qu’il fallait avoir la mentalité qui allait avec, selon lui, un goût pour le faire d’aider son prochain et de faire passer autrui avant soi-même, et cela en revanche Vittorio n’était pas certain d’en être aussi capable que Kane semblait l’imaginer. « Enfin, de toute façon pour le moment j’ai aucune idée de où je serais dans six mois ou dans un an, alors ce genre de plan de carrière à long terme ce n’est pas encore pour moi. » Au fond de lui il aurait bien aimé avoir la certitude qu’il ne serait plus là dans un an ou deux, savoir qu’il finirait par quitter ce caillou de malheur qu’était l’Australie rendrait peut-être son exil plus supportable … Mais la vérité c’est qu’il était déjà là depuis deux ans. Deux ans et il continuait de se voiler la face en qualifiant la situation de temporaire, quand en réalité la possibilité d’être expulsée avant que Cora ne lui file un emploi lui avait presque donné des sueurs froides. La vérité c’est qu’il n’avait nulle part où aller, Brisbane n’était assurément pas chez lui mais il doutait que « chez lui » se trouve où que ce soit désormais … Les choses seraient probablement bien plus limpides s’il acceptait d’admettre que Liviana et Nino suffisaient à le persuader de rester. Mais ça, plutôt avaler sa langue que de l’admettre, y compris à lui-même. « T’as un visa permanent ? » qu’avait questionné Kane, le faisant redescendre sur terre. Secouant la tête, l’italien s’était permis quelques gorgées de bière avant de répondre « Nope, un visa TSS. Je l’ai fait renouveler récemment, j’ai deux ans devant moi pour voir venir. Et après ça … Che sarà sarà, comme on dit chez moi. » Qui vivrait verrait, oui … C’était tellement plus facile de se dire ça que d’affronter les véritables raisons de sa stagnation, après tout. « T’es originaire d’ici, toi ? » Plus habitué aux accents des uns et des autres probablement Vittorio aurait-il pu hasarder tout seul une réponse à ce sujet, mais pour l’heure il se contentait déjà de parvenir à articuler suffisamment pour que son propre accent ne soit plus un frein au fait de se faire comprendre des autochtones … Pour ce qui était de différencier les subtilités d’accents des uns et des autres, il verrait plus tard. Terminant son verre plus rapidement qu’il ne l’aurait pensé, le sportif avait jeté un coup d’œil songeur à sa montre avant d’annoncer « Va pas falloir que je tarde trop, c’est mon tour de passer faire les courses en rentrant : les joies de la colocation. » Et pourtant, dieu sait que la présence approximative de Bob à l’appartement assurait à Vittorio qu’il ne serait pas inquiété outre mesure s’il rentrait directement et se faisait le plaisir de commander indien à la place, mais il en était arrivé à ce stade où il se forçait à jouer au colocataire exemplaire pour avoir le simple plaisir – de mauvaise foi – de pouvoir mettre tous les torts sur le dos de son fantôme de colocataire.
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| | | | (#)Jeu 3 Mai - 12:05 | |
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Il est vrai qu’il faut plus que simplement la condition physique pour être pompier, mais c’est un bon début. Il est aussi vrai que je ne le connais pas des masses et que je suis peut être complètement à côté de la plaque en proposant un truc pareil. J’avais surtout l’impression qu’il était ouvert à d’autres possibilité niveau boulot vu ses paroles. Il confirme qu’il est un peu dans le flou concernant son avenir assez proche et donc qu’il ne veut pas vraiment faire de plans aussi important. J’hoche la tête, comprenant tout à fait. Je ne pose pas la question mais j’ai comme l’impression qu’il parlait de sa situation géographique. Si on ne compte pas rester dans une ville, c’est sûr qu’on a déjà plus de mal à faire des plans sur du long terme.
Je bois une gorgée de ma bière en le voyant faire de même. Vittorio n’a donc pas de visa permanent. Ce qui complique les choses pour faire des plans c’est certains. Il a quand même deux années devant lui, ce qui n’est pas négligeable. Il parle en italien et je ne comprends pas ce qu’il veut dire véritablement mais je pense avoir saisi l’idée générale. Il me demande si je suis originaire d’Australie et je fais un signe positif de la tête.
« J’ai même jamais quitté cette île, même si c’est en projet. Pour des vacances. »
Mais ça veut pas dire que je n’ai pas vu du pays. J’ai même vu toute l’Australie en faisant le tour en van il y a quelques longues années de ça. Un des meilleurs souvenirs de ma vie. Très belle expérience. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai envie de repartir en road trip cet été, mais en Angleterre cette fois afin de pouvoir profiter de certains festival sur le trajet. Ce n’est qu’un projet pour l’instant mais je sens que 2018 ce sera mon année pour faire ce grand voyage. Je ne partirai pas plus d’un mois, je ne pense pas être autorisé à prendre plus de congés. Faudra que je me renseigne.
Vitto annonce qu’il va devoir filer sous peu alors que je suis en train de boire une nouvelle gorgée de ma bière. Il parle des joies de la colocations et j’hoche la tête.
« Ah oui j’ai connu ça, sauf qu’on partageait pas les courses. C’était chacun ses réserves. »
Même s’il n’était pas rare de piquer un truc ici et là entre nous. Ce qui était plus complexe c’était pour l’achat du papier toilette. Ah le bon vieux temps. C’est donc quelques minutes de plus qu’on passe ensemble Vitto et moi, le temps de terminer nos verres. On marche dans la même direction un moment, puis vient le moment de se séparer non sans reparler brièvement du cours de sport de combat qu’il va me donner dans un avenir plus ou moins proche. Il faudra aussi que je me souvienne de lui filer l’adresse du tatoueur où j’avais été à l’époque.
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| | | | | | | | the boys are back in town (kane) |
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