i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
L'esprit de Noël s'était rapidement installé dans la maison de Joanne. Voilà qu'elle avait un weekend de libre avec son fils et elle comptait bien en profiter pour mettre en place le sapin de Noël et le décorer en bonne et due forme. Daniel était bien curieux, de voir ce que sa mère avait bien acheté. Les deux chiens aussi d'ailleurs, qui n'hésitaient pas à fourrer leur museau dans les cabbas. Son fils avait grandi depuis l'année passée, et elle comptait bien agrémenter son imagination en lui faisant croire au Père Noël, en regardant ses yeux s'illuminer en lui partageant un peu la magie des fêtes de fin d'année. La petite blonde lui montrait comment décorer le sapin, elle le portait lorsqu'il fallait mettre des boules plus en hauteur alors que Nunki et Sirius les regardaient faie avec interrogation. Forcément, toutes ces petites choses qui bougeaient dans le sapin les rendait particulièrement joueur mais Joanne les recadrait suffisamment de fois pour comprendre qu'ils n'avaient plutôt pas intérêt à toucher au sapin. Parfois, Joanne laissait le petit se débrouiller seul. A choisir une boule, à la diposer avec soin. Un peu en retrait, elle en profitait pour le filmer, ou pour le prendre en photo. Mais le moment à saisir était certainement lorsque Joanne avait allumé les guirlandes lumineuses, sous le regard émerveillé de Daniel. Le petit ne pouvait s'empêcher d'applaudir de satisfaction, ce qui excitait les chiens, qui eux se mirent à courir de partout et à se chamailler entre eux. Puis Joanne disposait des bougies aux senteurs de Noël – parce qu'elle adorait les bijoux. Et en fin de journée, la maison était bien décorée, du moins dans les pièces de vie et un petit peu à l'extérieur. C'était raffiné, bien loin du kitsch que l'on peut parfois s'imaginer. Elle tenait à que tout soit fait avant que Ginnt n'arrive. Elle l'avait invité à dîner à la maison, avec un Noah guéri et en pleine forme. Les deux jeunes femmes n'avaient pas pu se croiser depuis, chacune avait beaucoup à faire de leur côté, chacune devait se recentrer sur l'essentiel. Mais l'on pouvait dire que Joanne allait bien. Certes, elle ne se réjouissait pas de cette séparation avec Hassan, elle s'en voulait toujours, mais il semblerait que la distance soit bénéfique. Ou plutôt, elle voyait le verre à moitié-plein et faisait en sorte de n'en tirer que le meilleur. Il le fallait. Au travail, elle avait rattrapé le retard qu'elle avait cumulé durant les jours où elle s'était occupée de Jamie, aussi deux jours après être revenue de l'hôpital. Depuis, il saisissait n'importe quelle opportunité pour passer du temps avec Daniel, et Joanne avait l'impression de le voir plus vivant que jamais. Ca la rendait heureuse de le voir ainsi. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de parler du baiser, de ce qu'il pouvait y avoir entre eux. Chacun avec des journées bien chargées, difficile de pouvoir se consacrer là-dessus. Mais Joanne avait hâte de mettre le sujet sur la table, de lui dire ce qu'elle ressentait. Il le fallait bien. Mais pour l'heure, elle veillait sur la cuisson de la viance qui mijotait depuis quelques heures dans sa sauce tout en gardant un oeil sur le petit. Celui-ci jouait tranquillement avec les chiens. Nunki et Sirius étaient adorables avec lui, toujours très délicats. Le sonnette de la porte retentit, et Joanne s'empressa d'ouvrir et d'enlacer chaleureusement Ginny. "Je suis si heureuse de te revoir. Trouver une date n'a pas été des plus faciles." dit-elle dans un rire, le visage rayonnant. Elle s'accroupit et s'approcha de Noah, qui semblait être plein d'énergie malgré tout ce qu'il avait traversé. "Bonsoir, Noah !" Joanne avait toujours eu un bon contact avec les enfants. Cela lui était particulièrement bénéfique lorsqu'elle gérait la fondation Oliver Keynes – plus elle y pensait, plus ça lui manquait. Elle gardait un lien avec la fondation en donnant une certaine somme tous les mois. "Daniel, tu viens dire bonjour ?" dit-elle à son garçon alors qu'il s'approchait de Noah avec une certaine timidité – qui allait très certainement s'estomper une fois qu'ils auront fait connaissance. Il commençait à avoir l'habitude des enfants de son âge, mais elle n'était pas certaine qu'il ait déjà côtoyé quelqu'un d'aussi grand que Noah. "Vous pouvez aller jouer un petit peu ensemble si tu veux, Daniel peut te montrer tout ce qu'il a." proposa Joanne en embrassant son fils sur la tempe. Il était bien assez gâté comme ça, il y avait largement de quoi faire. La petite blonde fermait la porte d'entrée une fois que tout le monde avait fait quelques pas dans le séjour, laissant chacun découvrir cette maison. C'était la première fois que Ginny venait, et Noah aussi. "On a tout décoré aujourd'hui. Daniel était adorable, je n'ai pas compté le nombre de photos que j'ai pu prendre." dit-elle en riant. "L'année dernière il était trop petit encore, mais je me dis qu'à cet âge, à presque deux ans, on doit déjà commencer à se forger quelques souvenirs." Elle invita Ginny à s'installer sur l'un des canapés du salon. "Comment tu vas ?" lui demanda-t-elle, sachant pertinemment que la réponse à cette question allait forcément s'allonger sur les événements des derniers mois, et sur ce qu'elle comptait faire.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Noël avait des airs de magie cette année, plus encore que n’importe quand. Malgré les rues enneigées de Londres, malgré le sapin toujours gigantesque à la maison familiale à Logan City, cette année me semblait surpasser toutes les autres, l’emballer, l’améliorer, la surclasser. Un coup d’oeil à Noah qui fronce les sourcils devant le calendrier de l’Avent en chocolat que je lui ai acheté la veille, et qui cache un cadeau plutôt décevant à son sens pour moins de deux semaine avant le réveillon, et je laisse une gorgée de café compléter le tableau à la perfection. Il est là, il est en santé, il est chez lui. C’étaient les petits détails qui faisaient toute la différence, et qui rendaient la scène absolument parfaite. Depuis son opération en octobre, il avait dû étirer son séjour à l’hôpital encore un peu, par soucis de surveillance, de précaution. On lui avait fait passer encore d’autres tests, on l’avait étudié au microscope presque, mais aujourd’hui, des semaines plus tard, il tenait debout, il souriait, il grognait, il riait. Et mon coeur de mère ne pouvait pas se taire, arrêter de se réjouir, un sourire niais présent sur mes lèvres en permanence. Alors évidemment, j’avais en tête de lui offrir une période des Fêtes à sa hauteur. Accepter toutes les activités, créer un horaire de ministre pour ses beaux yeux. Il ne demandait pas grand chose. Un pass pour le cinéma, une voiture téléguidée, un nouveau jeu vidéo pour la console, et devant ses suggestions raisonnables, j’avais eu envie d’éclater de rire, de lui acheter le monde entier. Pour le moment, c’était 3 jolis cadeaux enveloppés avec soin qui trônaient sous mon lit pour la surprise, et pas sous l’arbre de Noël, décoré par nos bons soins, nos ciseaux, des bouts de papiers coupés et collés, une genre de guirlande pas tout à fait parfaite, mais particulièrement splendide si vous me demandiez. La lumière qui passait à travers les fenêtres de la maison accompagnait l’heure tardive, feutrée, douce, jaune. Un matin comme un autre, un petit-déjeuner improvisé, alors qu'on slalome entre les boîtes et les restes de murs et de matériaux, rénovations pas tout à fait terminées, qu’Hassan avait eu la gentillesse d’entamer avec mes dix doigts malhabiles, mais déterminés en à-côté. Puis vient le temps de se presser, d’habiller le bonhomme, de lui mettre un joli noeud papillon pour la forme. Il ronchonne et reluque son t-shirt des Transformers, il finit par me convaincre de le mettre sous son petit cardigan et avec ses Converse rouge pétantes, il me fait l’effet d’être déjà un vrai hipster en puissance. Mon coeur fond, je le cache pour éviter à Noah de rouler à nouveau des yeux devant le flot d’émotions que je suis depuis qu’on a emménagé ici.
« Merci encore de l’invitation! Il y a quelqu’un ici qui avait bien hâte de rencontrer les chiens. » le gamin n’a pas arrêté de s’enthousiasmer au sujet des canins, sur le chemin de l’aller. Noah avait toujours adoré les animaux, il avait supplié Edward tellement souvent pour avoir un chien à la maison, et sa santé chancelante, additionnée au fait que notre mariage était sur le point d’éclater, avait ralenti voire stoppé l’initiative. De le voir si heureux lorsqu’on pose le pied dans le hall de Joanne me confirme qu’un jour, je succomberai à ses grands yeux brillants. Ce n’est qu’une question de temps. Daniel me sourit, avant de faire les premiers pas vers Noah, lui montrant quelques jouets qui traînent, ça et là. « Et j’ai apporté des BDs aussi. » cadeau à l’avance de Tad, qui, je jure, était probablement un peu embêté de devoir les laisser à mon fils plutôt que de les garder plus longtemps pour lui-même. Joanne est, elle aussi, particulièrement de bonne humeur aujourd’hui, et je ne peux que me réjouir de la voir dans une si belle forme. Blagueuse, elle raconte la journée et les préparatifs, pendant que je laisse mes rétines balayer la pièce, accusant de toutes les décorations qu’ils ont posé à deux, qui rendent la maison si accueillante, si festive. « Ils ont cette capacité à remplir les portables en quelques clics. » autant l’assumer, quel parent n’avait pas abusé du potentiel photogénique de son enfant? On le sait, on en rigole, et puis voilà. Salutations faites, la jolie blonde m’invite à entrer officiellement, à me mettre à mon aise. L’air embaume la pièce, je me sens au bon endroit, au bon moment. « Bien. Bien, je… je pourrais pas demander mieux, en fait. » Les deux garçons s’installent dans un coin, et je les couve d’un regard tout en chaleur, en douceur. « Et toi? Tu rayonnes! » la suivant avec intérêt, je souligne ce sourire qui orne ses lèvres, cet éclat qui allume ses prunelles. À des kilomètres de l’état où l’une et l’autre nous trouvions la dernière fois où nous nous sommes vues, à l’hôpital. « J’ai apporté un petit quelque chose, c’est pas énorme, probablement pas mangeable, mais c’est fait avec amour. » presque honteuse, hilare surtout, j’exhibe le sac de tissus qui est resté entre mes doigts depuis notre arrivée. Du salon, j’entends Noah s’exclamer, malin. « T’as retiré ceux calcinés? » et je râle, et j’éclate de rire, et je réponds, faussement menaçante. « Tu veux des cadeaux pour Noël toi, ou? » et hop, rien de mieux pour clouer le bec d’un gamin trop confiant qu’une potentielle déviation du traîneau du Père Noël vers des contrées où les enfants sont plus polis - ou cachent le fait que leur mère est piètre en cuisine et qu’en effet, elle a brûlé plus de la moitié des cookies au sucre qu’elle a préparés la veille.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Daniel et Noah avait une belle différence d'âge. Du moins, lorsque les enfants sont encore si petits, c'était encore bien flagrant et l'évidence finirait par se perdre au fil des années. Le petit Keynes, du haut de ses presque des ans, et Noah avec cinq années de plus. Daniel avait encore un langage de bébé mais il semblerait qu'il parvenait à se faire comprendre auprès de son nouveau copain de jeu. Le fils de Ginny semblait tout aussi attentif à ce qu'il lui disait, ce qui rendait chaque scène particulièrement adorable. Et ils avaient deux autres compagnons de jeux, Nunki et Sirius, et Noah semblait avait avoir un très bon contact avec les animaux. Joanne devait cependant rester attentive, parce que ses chiens étaient encore bien jeunes encore, et parfois, dans leurs jeux, assez maladroits et indélicats pour des enfants. Les deux garçons faisaient tout doucement connaissance tandis que leur mère se retrouvait. "Pas que les portables." dit Joanne en riant. Les albums photos, les appareils photos, n'importe quel type de caméra. Ces gamins remplissaient les vies avec des rires, des jeux, du bonheur à l'état le plus pur et le plus brut qui soit. Et il fallait dire que Daniel était photogénique sans le savoir – à moins que ce ne soit Joanne qui mette son fils sur un piédestal bien haut ? Certainement. Enfin venait la question, peut-être bien banale, la base d'un échange entre deux personnes, mais qui était particulièrement importante pour Ginny. Et pour la blonde aussi cela dit. Entendre Ginny dire qu'elle allait bien illuminait encore plus le regard bleu de son amie. La dernière fois qu'elles s'étaient vues, elle avait commencé à perdre espoir pour Noah, et Jamie, bien que tiré d'affaires, restait au fond d'un lit d'hôpital. Désormais, Ginny avait une nouvelle maison et un petit garçon en pleine forme. Tout était là pour reprendre la vie d'un bien meilleur pied. Elle rit nerveusement lorsqu'elle lui retourna la question. Rayonner ne semblait pas être le mot le plus approprié selon Joanne – on n'allait pas la changer. Elle restait toujours gênée suite à des compliments. "Ce n'est peut-être pas le bon mot." dit-elle alors en riant. "Mais..." Elle leva les yeux, un léger sourire aux lèvres. "Je vais bien, oui." Ca lui faisait bizarre de pouvoir le dire, enfin, et en toute sincérité. Pas de faux semblant. Il y avait tellement de choses à raconter, il y avait de quoi étoffer la conversation le temps du repas. "Je n'ai pas arrêté au boulot, c'est assez sportif, mais tout le monde se porte bien alors..." Elle haussa avec innocence les épaules. Mais alors tout allait bien. Qu'importe le rythme de travail qu'elle avait, tous les dossiers et réunions à boucler pour cette fin d'année. Jamie voyait Daniel un weekend sur deux, et à chaque occasion qui se présentait. Tout se passait très bien. Ginny lui tendit une boîte de cookies. La répartie de Noah faisait bien rire Joanne. La vérité ne sortait que de la bouche des enfants, se disait-elle. "C'est gentil, merci beaucoup." dit-elle avec un large sourire. Gourmand comme son père, Daniel tendait les mains vers le petit sac en réclamant un biscuit à sa mère. "Non, pas pour tout de suite. Après manger, pour le dessert, mon trésor." Il était souvent bien difficile à céder aux yeux suppliants du petit – tout comme on résistait difficilement aux mêmes types de regards de Joanne, un véritable atout, cet héritage–, mais Joanne lui réexpliquait les choses calmement jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il ne pouvait pas grignoter ce qu'il voulait quand il le voulait. Surtout que là, il y avait un argument de choc qui correspondant parfaitement à la période, et il s'agissait du Père Noël. Des rêveries que Joanne adorait étoffer pour son petit garçon, tant qu'il pouvait encre croire à tout ce qui était un peu magique. Joanne invitait à Ginny à s'asseoir au salon alors que les deux petits allaient jouer tranquillement dans leur coin. Elle servait ensuite à boire pour tout le monde avant de s'asseoir à son tour. "Noah est en pleine forme." dit-elle en regardant le premier concerné. Que si l'on ne savait pas ce qui lui était arrivé, on ne pourrait pas dire qu'il était malade. "Ca a valu le coup, d'espérer, pas vrai ?" Son regard, qui regardait Ginny avec un air attendri, pétillait. Joanne avait été là lorsque son amie avait perdu espoir. Quand les médecins estimaient qu'il n'avait plus qu'une semaine à vivre. Ces sept jours avaient finalement été un véritable revirement de situation. "Il va pouvoir être le plus normal des petits garçons." Ce qui était la plus belle chose qui soit. Parfois, il fallait un véritable électrochoc pour se rendre compte à quel point certaines normalités peuvent être un véritable privilège. Avoir un enfant en bonne santé, ou juste avoir un enfant. Noah avait été gravement malade, Daniel est venu au monde au moment où sa mère désespérait à force d'enchaîner les fausse-couches. Ces deux garçons devenaient alors les être les plus précieux qui soient. Des petits miracles, de véritables trésors. Joanne se le rappelait chaque jour depuis sa naissance. Noah était adorable avec Daniel. Il lui expliquait bien les choses, lui montraient comment certains jouets fonctionnaient, c'était adorable. "Daniel me semble plus heureux. Jamie s'occupe de lui un weekend sur deux de nouveau et il me semble beaucoup plus épanoui." Et Jamie, plus déterminé que jamais à reprendre son rôle de père, et il excellait.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Joanne me semble beaucoup plus à l’aise, le sourire facile, les yeux qui pétillent. Si la frénésie des Fêtes y est probablement pour quelque chose, je me doute qu’elle couve plus qu’un amour infini pour son immense sapin illuminé et ses guirlandes savamment disposées. Ses joues rosissent sous mon commentaire, maintenant qu’elle esquive, qu’elle glisse vers le travail, qu’elle se rattrape d’un rire mutin qui s’accompagne de celui des gamins, pas trop loin, dans une grande chasse aux figurines de plastique qu’ils choisiront pour la suite de leurs jeux improvisés. « C’est l’essentiel. La santé rachète tout, même les délais impossibles et la routine assourdissante. » la blonde sait autant que moi à quel point ces mots me sont chers, véridiques. Si les dernières années avaient été synonyme de chaos sur plusieurs fronts pour ma part, le simple fait d’avoir sous les yeux un gamin remit relativement sur pied suffisait à ce que tout le reste prenne le second plan. Ce n’était pas pour rien que j’avais mis ma vie en berne lorsque Noah était au plus mal, ce n’était pas non plus une coïncidence si maintenant qu’il respirait plus librement, j’étais un peu plus joueuse, réceptive. Elle comprendra tout autant, sachant que la journée où Jamie a été libéré de son lit d’hôpital avait dû la soulager d’un immense poids sur ses frêles épaules. Maintenant que tous ceux qui nous sont chers sont loin des manigances de la vie, il est grand temps de célébrer, de souffler aussi. Ma flûte se remplit sous ses soins, et les bulles trépignent de lancer la nouvelle année, du moins, ses promesses. Les biscuits dévoilés - et la remarque de Noah qui provoque l’hilarité générale - j’en profite pour me caler un peu plus dans les coussins du canapé, Joanne me rejoignant tout sourire. Les fenêtres grandes ouvertes laissent entrer un fil d’air, une brise qui glisse en douceur sur les décorations, qui caresse la peau, qui fait entrer avec elle les parfums des fleurs du jardin, des arbres tout autour. « Il a ses moments. Je pense que Noël lui fait l’effet d’un triple espresso bien serré - je prédis de longues heures de sommeil une fois toutes les festivités derrière lui. » oui, Noah a l’air bien, mieux. Il retrouve son énergie, il se pousse à bout aussi. Drôle d’étude de cas, de tenter de le préserver, tout autant que de vouloir le bombarder de tout ce qu’il a manqué. J’ignore où je dois agir en tant que mère, et où je dois profiter du rôle d’alliée, d’équipière. Parce qu’il est curieux, qu’il est jovial, qu’il a la soif de vivre à nouveau, vraiment. Mais que les quelques restrictions qui le briment encore ont un goût tout aussi amer qu’essentiel. L’équilibre que je cherche toujours mais que je tente de suivre au mieux, pour faire les choses bien. Et surtout l’attente, l’impatience, l’impuissance. Son rire cristallin qui calme mes pensées, mes doutes, mes sourires. « On tente de faire comme si c’était un mauvais rêve, parfois. Je n’ai pas particulièrement envie que ça devienne tabou, mais j’aime bien trop l’idée que ce chapitre soit terminé pour le ramener aussi vite. » pas question que sa maladie soit au centre de nos préoccupations maintenant, aussi ambiante avait-elle été durant toutes ces années. Pas qu’elle nous fasse peur, pas qu’on la déteste, qu’elle nous révulse mais plutôt, on avait déjà donné, on laissait derrière, on lâchait prise. Accord tacite que tous ceux qui gravitent autour de Noah ont pris, de commencer à le traiter comme le gamin normal qu’il crave d’être, non sans rester tout de même emplis de gratitude face à la chance qui nous a été donnée de l'avoir en santé complètement désormais. « Merci encore, pour tes mots, la dernière fois. » je ne me souviens même plus si j’ai remercié Joanne à l’hôpital, à travers la folie des rendez-vous et des questionnements. Je me rappelle simplement avoir été un peu abrupte avec elle, l’avoir secouée un peu trop probablement, suffisamment à travers. Mes doigts attrapent les siens, les enserrent comme à l’habitude, lorsque peu se dit avec les mots, et tout se répond avec le regard. Si les derniers sept jours aux côtés d'un Noah dans le coma ont été difficiles, ses mots y ont été pour beaucoup afin de me garder alerte, stoïque, plus que je ne le pouvais seule. Et voilà que toute cette histoire est derrière nous - enfin.
Entendre Joanne mentionner le retour de Jamie dans la vie de Daniel me rassure - je ne vois pas le Keynes ailleurs que près des gens à qui il tient maintenant que le pire est derrière lui aussi. Et l’idée est toute aussi vraie lorsqu’on pense à Noah, et à la présence conjointe d’Ezra et d’Edward dans son univers. « Il s’adapte bien à la situation aussi, aux deux papas. Plus que nous tous, en fait. » si les deux jeunes hommes ne sont pas particulièrement fans l’un de l’autre, ilsapprennent encore à la dure à se supporter devant leur fils, et voilà que je n’en suis que plus ravie. « Malgré les superwomen qu’on tente si fort de devenir, il y aura toujours une place bien spéciale, unique, pour les figures paternelles. » un petit rire supplémentaire, à admirer ces deux têtes concentrées à assembler les pièces de leur mise en scène, entre les héros, les robots et les voitures de course. Nos fils m’attendrissent. Si leur enfance respective pouvait être belle et simple, alors leurs parents auront réussi. Ce n’est que lorsque mon regard croise celui brillant de Joanne que je tente une nouvelle confession, intriguée. « Est-ce que tu... » elle sait bien qu’à la base, j’ai toujours tenté de me tenir au plus loin des confidences qui auraient pu me placer dans une position délicate entre elle et Jamie, et donc, je prends une poignée de secondes pour rassembler mes pensées avant d’articuler la suite, prudente. « Est-ce que tes idées sont un peu plus claires? » sachant que la dernière fois où la jeune femme s’est confiée à moi, elle était aux prises avec une décision particulière et difficile à prendre. Le coeur, la tête, oscillant entre deux histoires complètement différentes, deux amours inachevés. « Quelque chose me dit que oui, à voir le sourire qui orne ton visage. » et il ne la quitte pas, ce qui me réjouit. « À moins que l’ecstasy que j’ai glissée dans ton verre fasse déjà effet. » mon humour discutable reprend du service, simplement pour détendre l'atmosphère - et lui montrer que de nous deux, je ne veux qu’il ressorte que du bon, du sympathique, du léger.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Plus légère, la petite blonde l'était. Elle n'avait plus le poids des doutes et d'une immense culpabilité et de malhonêteté. La séparation avec Hassan n'avait pas été simple, elle n'avait pas été fière. Mais Joanne se rendait compte qu'il fallait que ce soit fait. Elle aurait du trancher son choix bien plus tôt que là, elle en avait bien conscience. Elle ne pouvait qu'acquiescer à ce que la brune disait. Qu'importe leur quotidien respectif, désormais, toutes les personnes qui leur étaient chères étaient désormais sains et saufs. Et rien qu'avec cela, la vie semblait tout simplement plus belle. Il n'y avait plus le temps de rester focalisé sur ce qui devait être des futilités. Il fallait en profiter. Noah avait l'air de bien se porter, bien plus qu'on ne le pensait alors qu'il avait été greffé d'un rein quelques mois plus tôt. "Je pense qu'il aura des hauts et des bas, comme tout le monde." Il restait le plus normal de tous les petits garçons, au fond. Il allait être tantôt joyeux, tantôt grincheux. "Et s'il y a un jour où il a un plus gros coup de mou qu'un autre, rappelle-lui qu'il est un super-héros. Parce que c'est ce qu'il est, au fond." dit-elle avec un sourire encourageant alors qu'elle regardait avec ses yeux bleus remplis d'affection le petit garçon qui avait déjà parcouru un bien long chemin malgré son jeune âge. "Mais c'est sûr que les fêtes de fin d'année donnent beaucoup d'énergie aux petits." Les yeux pétillaient, les sourires ne quittaient pas les visages. Joanne adorait partager toute la magie et l'ambiance de Noël à Daniel, et il se laissait largement emporter. Peut-être n'était-ce qu'un mécanisme de défense, mais Ginny préférait se dire que tout ceci n'avait été qu'un mauvais rêve. Joanne le comprenait, mais elle ne percevait pas les choses de la même façon. "Ce n'est pas nécessaire que tu le vois comme un mauvais rêve pour que tu le considères comme un chapitre terminé." dit-elle avec sa douceur habituelle. "Au contraire, tu peux te dire que Noah et toi, vous l'avez fait." Ses yeux pétillaient. Joanne était si heureuse pour eux deux. "C'était dur, il y avait des moments de désespoir, et il semblerait que je sois peut-être tombée au bon moment. Mais vous l'avez fait, vous avez tenu le coup jusqu'au bout." Joanne posa une main sur son épaule. Elle était fière d'elle, plus qu'on ne pouvait l'être. Ginny avait finit par prendre justement cette nuit pour la saisir, alors qu'elle se souvenait de leur rencontre à l'hôpital. "C'est normal. Je n'ai fait que partager mon point de vue." Et que Joanne soit plus optimiste que son interlocuteur était assez exceptionnel ces derniers temps, suffisamment pour le mettre en avant. Un signe qu'elle allait mieux. La discussion allait bon train. Apparemment, Noah s'habituait bien à cette nouvelle situation, à avoir deux papas. "Ca doit être étrange, comme situation." remarqua Joanne avaec haussement d'épaules. "C'est curieux, je n'imagine pas Daniel avoir deux papas. Je sais bien que les situations sont différentes pour lui et pour Noah." Mais la petite blonde avait un côté encore extrêmement traditionnel. "C'est Jamie, son père, et je ne veux pas que qui que ce soit ne vienne empiéter sur ce rôle et c'est aussi peut-être pour ça que je ne m'avançais pas trop avec..." Ginny savait. Hassan ne savait pas comment se positionner et avait préféré garder ses distances par rapport à Daniel, ce que Joanne avait apprécié. "J'ai toujours cherché à conserver la place qu'a Jamie pour lui, et je continuerai de le faire quoi qu'il advienne." dit-elle avec un sourire assez simple. Ginny semblait être assez curieuse concernant son amie. Elle voulait en savoir plus. Elle voulait savoir où elle en était, dans ses idées. Tout ce que la blonde trouvait à faire dans un premier temps était de rire nerveusement alors qu'elle sirotait sa boisson. "On peut dire que mes idées sont plus claires, oui." dit-elle avec un sourire qui ne la quittait pas. Quoi qu'il s'effaçait selon ce qu'elle racontait. "J'ai mis fin à ce qu'on essayait de faire, Hassan et moi. Jamie était encore à l'hôpital à ce moment-là. Je lui ai dit ce qui me pesait vis-à-vis de lui et... Je pense qu'il mérite bien mieux que moi." On entendait dans le ton de sa voix que Joanne ne voulait pas vraiment en dire davantage sur ce qu'il s'est passé avec Hassan. Joanne marquait une longue pause, plongée un instant dans ce souvenir dont elle n'était pas très fière. Les choses n'avaient pas été bien faites depuis le début. "Mais j'essaie de me dire que c'est une étape de franchie. Ce n'était pas facile, et je ne suis pas fière de la manière dont je me suis comportée avec Hassan. Je n'ai pas été juste, je n'ai pas toujours été honnête. J'imagine que mettre un terme à cette histoire qui n'avançait pas vraiment était la meilleure chose à faire." Joanne haussa les épaules. "Ca ne m'empêche pas d'espérer pour lui qu'il sera heureux, qu'il trouvera quelqu'un qui lui correspondra." dit-elle avec sincérité. Elle prit une profonde inspiration avant de reprendre. "J'aime Jamie. Plus que tout." Rien qu'en pensant à lui, Joanne retrouvait ce sourire typiquement amoureux et parfois un peu niais. "Pour le moment, nous n'avons pas parlé du baiser. Il a surtout hâte de reprenre sa vie en main le mieux possible. Il est déterminé à revoir Daniel, à tout donner pour son boulot, ce sont ses priorités. J'ai aussi un sacré rythme de mon côté, je dois boucler les rapports pour la fin d'année et j'ai utilisé tous mes jours de congés quand il a été hospitalisé. Je suis restée chez lui deux jours une fois qu'il était rentré à la maison, c'était les consignes du médecin, et le mois suivant, je passais régulièrement le voir pour m'assurer que tout aille bien. Et depuis, je le croise surtout lorsque je lui emmène Daniel ou lorsqu'il vient le chercher. On sait tous les deux qu'on doit en parler, on sait qu'il y un l'éléphant dans la pièce." Ils en avaient conscience. Joanne mentirait si elle disait qu'elle n'avait pas été tentée plus d'une fois de l'embrasser encore et encore. Mais ce n'était pas encore le bon moment. "Mais j'attendrai le bon moment. Ca ne me fait pas peur d'attendre." Joanne était une personne particulièrement patiente. "Je me dis que dans le pire des cas, ce sera comme ça l'est aujourd'hui. Il continuera de voir Daniel une semaine sur deux et c'est ce qui est le plus important pour moi." Elle sourit, marquant une pause en buvant une gorgée de sa boisson. "Mais je ne compte pas abandonner de si tôt. Pas après ce qu'il a traversé, ce qu'on a tous traversé. Je ne veux pas laisser passer la moindre opportunité. Je veux qu'il sache ce que je ressens pour lui, ce que je veux." Et tout ce que Joanne voulait, c'était exactement la même chose que ce que Jamie convoitait le plus. Un couple, un fils, une maison, une famille.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Les mots de Joanne avaient été comme de petites bouées de sauvetage ce jour-là, envoyés les uns après les autres, suite à mon S.O.S lancé à la dérive. Rien n’avait de sens, rien n’augurait de la bonne façon, pour personne et surtout pas pour Noah. Sept jours qu’ils nous avaient dit, et la jeune femme était arrivée à travers, haletante de ses propres malheurs, et le coeur sur la main avec les yeux brillants d’émotions, d’espoir. « Jusqu’au bout. » que je résume, les lèvres qui articulent doucement, qui concluent ce chapitre pour n’en garder que le bon, le beau. On y avait survécu, et Noah n’en sortait que plus fort. Joanne avait raison sur toute la ligne - il ne fallait pas se voiler, il ne fallait pas l’oublier, mais bien le garder en tête, l’emplir de gratitude, de celle des survivants. « C’est une jolie façon de voir les choses. » et ça devrait être la seule, désormais. Les bulles frôlent ma langue alors que je laisse échapper un soupir de soulagement. Chaque babillement, chaque éclat de rire des garçons ajoute un voile sur mon bonheur, une couche de feutre, ouate qui englobe, qui rassure, qui chasse tout ce dont on n’a plus besoin, toutes les complications, et cela même relié à tout ce qui a bien pu sortir d’avant. Parce que le divorce a conclu cette saga, parce qu’Edward et moi sommes maintenant libres des manigances de nos parents, parce que désormais, toutes les relations qui gravitent autour de mon fils et moi sont pures, honnêtes, vraies. « Bah, après avoir été envoyée à Londres avec une notice de 24 heures, mariée à un presqu’inconnu et manipulée dans tous les sens possible, je te dirais que tout est relatif. » et c’est un rire supplémentaire qui suit, maintenant que je réalise qu’elle est bien loin la Ginny d’avant, celle qui croyait encore, les pupilles trop grandes, que sa vie d’artiste, de bohème, de grande voyageuse allait commencer à l’aube de ses 20 ans. Il n’avait suffit que des doigts acérés de mes parents pour tout bousiller, et des ruses de mon frère pour couronner la suite. Et maintenant, Noah en faisait les frais, pris entre deux pères et une mère qui tentaient de faire au mieux, chaque jour dont on nous faisait cadeau de sa présence. Pourtant, je ne changerais pas le résultat pour rien au monde. « Ils font chacun un boulot incroyable avec Noah. Ils l’aiment tellement, et c’est réciproque… ils sont différents l’un de l’autre, mais essentiels. C’est étrange oui, pourtant ça fonctionne. » Edward avait su prendre la place qui lui était dûe dès son arrivée dans nos vies. Il avait jonglé avec ses obligations maritales et l’amour du gamin comme un chef, ne s’imposant jamais sans mon libre arbitre, étant simplement support dont on avait plus que besoin. Et Ezra… Ezra était arrivé, finalement, s’était posé, avait su en un seul coup d’oeil, en une inspiration, que Noah était un enfant merveilleux, un petit bonhomme dont il avait de quoi être fier. N’avaient pas été longues les heures avant qu’il ne s’implique à son tour, qu’il soit là où on l’attendait, où on l’espérait. J’étais gonflée de fierté à voir mon fils évoluer si facilement entre les deux, comprendre sans vraiment le faire, agir en conséquence. Il m’épatait de relativiser de la sorte, et d’ainsi profiter de tout l’amour dont il était maintenant couvé, sans poser plus de questions. De ma situation particulière, mais tout de même étrangement confortable, Joanne passe à son propre quotidien qui a bien sûr été chamboulé depuis l’hospitalisation de Jamie, et sa récente remise en question vis à vis d’Hassan. J’hoche longuement de la tête alors qu’elle explique, qu’elle justifie, qu’elle constate. Si j’étais habituée à voir des traits d’inquiétude dessiner son visage, chasser un pli ici, un froncement là, c’est un peu plus douce, un peu moins alarmée qu’elle me semble, maintenant qu’elle en vient à la réalité, à l’évidence même de ses mots. L’amour était un sentiment bien étrange, un coup de coeur se transformant en souvenir lointain le jour d’ensuite. Le retour de l’un et le coeur brisé de l’autre, et je sens doucement le poids de mon corps s’enfoncer un peu plus dans les coussins maintenant qu’elle lève le regard dans ma direction, et que, dans un simple sourire, je tente de lui passer tout le courage, toute la force dont elle aura besoin pour s’y tenir, pour avancer en ce sens. « Je pense que vous méritez tous le meilleur, peu importe ce que ça signifie. Il n’y a pas de gentil ou de méchant dans l’histoire, il y a simplement trois personnes distinctes, avec vos sentiments à travers. Tant que tu t’écoutes et que tu te respectes, tu fais le bon choix. » je comprends sa culpabilité, je comprends ses remords, les endroits où elle a fait fausse route, où elle s’est fourbé. Je sens qu’elle aussi, que la réflexion va plus loin que ce qu’elle me raconte, et que déjà le chemin est entamé, qu’elle sait exactement où elle souhaite aller, et avec qui. Surtout. « Dis-lui. » et je pince les lèvres, dans mon empressement. Parce que je me faisais violence depuis bien longtemps, parce que je ne voulais absolument pas m’en mêler. Pourtant, ce n’est même plus un conseil, rien d’autre qu’une certitude. « Je sais que ce n’est pas ma place, je sais que je ne devrais pas avancer quoi que ce soit concernant vous deux, concernant Jamie mais... » et je m’emporte, et mes mots se bousculent, et je tente de garder la voix bien basse, un simple murmure, mes iris vissés aux siens. « Dis-lui. C’est tout. Tu seras fixée après, lui pareil et… tu n’auras pas de regret. » le simple souvenir de Joanne absolument atterrée à l’hôpital alors qu’elle passait le plus clair de son temps au chevet de Jamie me souffle le reste comme si toute cette histoire avait pris des proportions bien loin de la réalité, et de tout ce qui y serait conséquence. Du sérieux, je repasse rapidement à l’humour, une petite pique m’étant adressée sans la moindre honte. « Oh, écoute-moi comme j’ai l’air de savoir exactement quoi faire et quoi dire, c’est d’un ridicule. » elle est si sage, Ginny et ses longues phrases, et ses discours de philosophe. Elle est mal aussi, lorsqu’elle réalise que ce coeur qu’elle a mis en berne il y a plus de 7 ans se retrouve dans de beaux draps actuellement - alors qu’il devient de plus en plus difficile de faire comme si de rien n’était. « Ezra m’a… Ezra m’a embrassé. » j’aurais pu parler d’Edward, et de ses déclarations enflammées à l’aube de notre séparation. J’aurais pu glisser un mot sur le placard, sur Benjamin, sur tout ce qu’il était, ce qu’il n’était pas. Mais c’est le premier amour qui frôle notre conversation le premier. Comme si le chapitre n’était pas encore réglé, comme si une énième fois, je n’avais pas toutes les pièces du puzzle pour bien fermer ce qu’il en est, ce qui reste. « C’était sous l’effet de l’annonce du médecin, quand Noah est sorti de la salle d’opération, tout juste quand on nous a confirmé qu’il allait s’en sortir. » et si mon ton est encore plus secret, Noah se charge de la suite maintenant qu’il s’est mis en tête d’inclure les chiens dans leurs jeux, rigolant à coeur joie, passant ses petits doigts potelés entre leurs poils touffus. « Je lui ai dit que je voulais garder ça en suspens, pour en discuter un autre jour, pas en plein hôpital, mais... » ce n’était pas le bon endroit, ce n’était pas le bon moment, ce n’était pas nous, plus du tout. « Je réfléchis trop, ce n’était probablement rien. » comme toujours, rien d’étonnant à tout ça. « Mais, quand c’est arrivé je… c’était comme si on faisait un bond en arrière, comme si on revenait à ce qu’on avait construit. Et je ne sais pas si c’est une bonne chose, ou une très mauvaise. » n’était-ce pas la consécration, la suite logique, la finalité idéale que mon âme soeur d’avant reprenne son titre maintenant que toute cette histoire était derrière nous? Alors, pourquoi est-ce que le goût qui restait en bouche devenait si amer?
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Si Joanne avait été dépassée par sa propre situation avec Jamie et Hassan, elle l'était encore bien plus par rapport à celle de Ginny. Alors quoi, son fils avait deux pères et il semblerait que la brune veuille que ça soit ainsi. A partir de là, les choses n'étaient déjà plus très normales, peut-être même perturbant, surtout pour une Joanne qui avait toujours été très ancré dans certaines traditions inculquées par ses propres parents. Elle savait bien qu'à l'heure actuelle, il existait de très nombreuses familles recomposées, ou des femmes comme elle qui formaient, avec leur enfant, une toute petite famille. Ce terme s'était particulièrement élargi au fil des dernières dizaines d'années. "Tant mieux, si ça fonctionne." répondit tout de même Joanne avec un sourire, bien qu'au fond, elle ne comprenait absolument pas comment cela pouvait bien marcher. Il y avait une figure paternelle et une figure maternelle. Ce n'était pas une question de préférence, mais plutôt dans qui l'enfant s'identifiait et à qui il était prêt à donner confiance. La petite blonde savait que Daniel n'aura jamais une relation similaire que celle qu'il avait avec Jamie. Cela avait été toujours une crainte pour elle, qu'il ne s'efface de la mémoire du petit, que quelqu'un d'autre vienne prendre sa place. Ce qui avait finalement été un grand frein pour entreprendre quoi que ce soit avec Hassan. Oui, la situation de Ginny la dépassait. "Je sais qu'à ta place, je ne me sentirai absolument pas à l'aise." confia-t-elle avec un sourire gêné. Joanne était têtue et particulièrement bornée sur certains sujets, il ne fallait pas trop compter sur l'espoir de la changer radicalement sur ces points là ; c'est peine perdue. "Ils le méritent." corrigea-t-elle. "Je ne cherche pas à me dédouaner et je ne veux pas qu'on me fasse croire qu'il n'y a pas de méchants ou de gentils dans cette histoire, parce que ce serait faux." Le ton de Joanne était calme. "Ou si on veut employer d'autres termes, il y a le bourreau, et les victimes. Je les ai tous les deux fait attendre pendant un délai bien loin d'être raisonnable, je n'ai vraiment pas été correcte avec eux, j'ai été profondément injuste et ingrate. Je sais qu'il y a des raisons qui peuvent justifier, mais que ce soit justifié ou non, au bout d'un moment, on arrête de comprendre et on ne veut plus que s'arrêter aux faits eux-mêmes dans l'espoir de ne pas s'enliser davantage." Elle haussa vaguement les épaules. Joanne qui se pensait être une bonne personne avait découvert ce qu'il y avait de plus horrible en elle, selon elle, et deux hommes auxquels elle tenaient énormément en avaient bien trop payé les frais pendant une très longue durée. Des mois entiers. "Je ne suis pas pardonnable." Elle accepterait les pardons s'ils venaient des deux premières personnes concernées. Les deux mots prononcés par Ginny semblaient être comme des ordres, ce qui fit écarquiller les grands yeux bleus de son amie. "Je croyais que tu ne voulais pas te mêler de mes histoires." constata Joanne avec un très discret sourire amusé et perplexe qui soulevait à peine le coin de ses lèvres. "C'est prévu, mais pas tout de suite. Il se concentre véritablement sur GQ et sur Daniel et je ne veux pas interférer là-dedans parce que ça compte autant pour lui que pour moi." Et les liens se recréaient, et tout se passait merveilleusement bien pour tout le monde. Il y avait encore cet éléphant dans la pièce que les protagonistes ignoraient, il fallait y venir, mais pour le moment, la vie leur semblait plus belle qu'elle ne l'avait été depuis de très longs mois. Loin des galères. Et alors que Joanne s'en éloignait, il semblerait que la belle brune ne s'en rapproche alors qu'elle révélait qu'Ezra l'avait embrassé. Joanne peinait à dissimuler sa surprise face à une telle révélation. "Ginny, quand j'ai embrassé Jamie à son réveil, c'était aussi sous l'effet qu'il aille bien et je pense être la mieux placée pour te dire que ce n'était pas juste sous le coup de l'émotion." Pas quand il y a un passé commun, pas quand il y a un enfant en plein milieu. Joanne ne jugeait pas, elle ne donnait pas de leçons, loin de là. Elle constatait et partageait sa propre expérience. "Et juste avant ça, tu me dis que tout fonctionne." Elle était désolée pour elle de se retrouver imbriquée dans une situation s'annonçant plus que complexe. "Il faut que tu y réfléchisses, c'est une certitude, mais pas trop longtemps. Pour lui, pour Noah ,pour chaque personne qui compte dans ta vie, ne les fais pas attendre. Certains commenceraient à se faire des idées alors que l'heure tourne et quand ça devient trop long, tout empire." Joanne adorait Ezra, il était le parrain de son fils, après tout. "Est-ce que tu te vois te remettre avec lui, est-ce que tu as déjà envisagé de faire ta vie avec quelqu'un d'autre ?" Des questions pour la guider à son tour, sur lesquels il fallait plancher, mais pas trop longtemps. Leur situation se ressemblait un peu trop, selon Joanne. Certes, il y avait bien des circonstances très différentes, mais également d'étranges similitudes. "Pense à Noah. Tu as l'air de particulièrement tenir à ce qu'il ait... deux pères, mais selon comment les choses seront, cela peut avoir des risques sur cette situation là." Il ne fallait pas trop perturber l'équilibre d'un enfant, surtout que Noah était en pleine convalescence, qu'il sortait à peine d'une intervention chirurgicale particulièrement lourde. "Il faut que tu lui en parles, que tu lui demandes si ce baiser signifiait quelque chose pour lui, auquel cas, vous estimerez ce qui devra être fait." Joanne n'était pas du genre à influencer, à partir du moment où Ginny était heureuse, tout lui allait. "Essaie juste de te rappeler toutes ces questions que tu m'as posée, durant le weekend que nous avons passé, ou de celles que tu m'as posée à l'hôpital. Tente d'y répondre." Des questions dures à entendre, parce que ça confrontait à la réalité de la situation. "Surtout que tu devrais bientôt le revoir, s'il est autant présent dans la vie de Noah, et les enfants sentent ce genre de tension. Daniel n'a même pas deux ans qu'il a déjà tenté de nous rapprocher, Jamie et moi. Pour les rares fois où nous étions tous les trois, il voulait un câlin groupé, il était triste au moment des séparations." Joanne ignorait si son petit garçon pensait qu'ils étaient à nouveau ensemble, où s'il essayait de les remettre ensemble, parce que c'était ce qu'il voulait. Tout le monde le voulait. "Jamais je ne souhaiterai à quelqu'un qui traverse un aussi long tunnel avec des incertitudes. Essaie de t'en sortir, de tout mettre au clair au plus vite." dit-elle en posant une main amicale sur la sienne. "C'est à en perdre la raison, toutes ces histoires." finit-elle par dire avec un rire nerveux. "Il est temps que tu puisses aussi avancer de côté, laisser toutes ces périodes difficiles derrière toi. Tu le mérites."
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Oh qu’elle m’attrape sur le coup, oh qu’elle sourit en coin, maintenant que je vais trop loin, trop creux. « L’exception qui confirme la règle. » je tente de m’en sortir, Joanne m’ayant prise trop facilement sur mes mots, mes intentions nobles de me tenir loin d’un quelconque commentaire les concernant. Mais c’est plus fort que moi, et de voir mon amie se torturer de la sorte face à quelque chose d’aussi heureux, d’aussi libérateur qu’une décision aussi importante a suffi à ce que j’insiste, à ce que je pique plus fort. Pourtant, elle a raison. « Je comprends. Rien ne presse maintenant, n’est-ce pas? À force, on va finir par y croire. » à force de vivre dans l’immédiat, dans l’action, à force d’être toujours sur le qui-vive en ce qui a trait à la situation jadis précaire de Noah, j’ai tendance à me dépêcher, à brusquer, à brûler des étapes peut-être. Dans mon discours, sûrement, dans mes gestes assurément. C’est probablement pour cela que la première réaction logique à ses paroles fut l’action, pure et simple. Son ralentissement, son rythme que je prends maintenant me rassure à vrai dire. Un simple coup d’oeil vers Noah confirme que moi aussi, j’ai maintenant tout mon temps. Tout mon temps pour aborder un sujet particulier, pour me confier à mon tour, pour finir par ouvrir un peu plus mon coeur, et ce qui le colore ces jours-ci. « J’ai toujours… voulu compartimenter ma vie. » à la remarque de Joanne, je ne peux que lever la tête dans sa direction, le regard confiant. « Noah d’un côté, le reste de l’autre. » et oui, tout fonctionne. Tout va mieux encore qu’on puisse le croire, ma vie ne m’a jamais semblée aussi alignée depuis les 7 dernières années. « Tant que tout va pour Noah, tout va pour moi. » ce n’était pas pour rien que j’étais un mess à chaque nouveau stade de sa maladie. Ce n’était pas un hasard que je sois maintenant beaucoup plus détendue à l’approche, alors qu’il allait bien, mieux. Évidemment, la petite blonde juge bon de me questionner sur tout ce qui sera à prévoir, pour la suite. Je la sais amoureuse, je la sais heureuse aussi, et elle ne dit pas pour mal faire. Mais la simple idée de me retrouver accompagnée de qui que ce soit à l’instant ne me semble pas être la solution la plus logique, la plus bénéfique, maintenant que je sors enfin des manigances de mes parents, que j’ai enfin réussi après des mois à éplucher tous les documents légaux de fond en comble pour comprendre toutes les ficelles qu’ils avaient tirées. « J’ai signé les papiers du divorce il y a à peine deux semaines, Joanne... » que je souffle, le sourire complice, sans froideur, posée. Ce ne sera pas pour aujourd’hui, l’amour. Ce ne sera pas pour un moment encore, le temps de laisser à mon coeur une chance de se reconstruire, et surtout de faire la paix avec son passé houleux. « Et tout ce qu’on a vécu d’avant… je… ça pèse pour beaucoup, dans la balance. » le seul problème, c’est que j’ignore de quel côté elle penche justement, la balance. Parce qu’Ezra a tout été pour moi à une époque, avant de perdre sa place du revers. Parce qu’à ses côtés j’ai été heureuse, comblée, moi-même pendant de longues années. Et parce que maintenant, j’arrive enfin, toute seule, à ressentir ce genre de sentiments. Si notre chapitre ne m’a jamais donné l’impression d’être entièrement terminé, je doute que nos antécédents soient ce qui pourrait constituer de bonnes bases pour avancer. Une longue gorgée plus tard, et j’hausse l’épaule, confiante. « On s’est fait une promesse, tu sais. » lorsque Joanne mentionne de tout dire, lorsqu’elle me relance avec ces fameuses questions qui me trottent autant dans la tête depuis que je les lui ai articulées qu’elles peuvent résonner pour son cas. « De toujours se dire la vérité désormais. De ne plus rien se cacher. » et j’y tiens. Trop de mensonges, trop de secrets, trop de non-dits. C’est terminé. « Alors le baiser sera mentionné, on en discutera, on le décortiquera peut-être, même. » trop, sûrement. Parce que ce n’est pas le genre de trucs qu’on prend à la légère, parce que je ne pourrai jamais prendre tout ce qui concerne Ezra à la légère non plus. C’est inné, c’est ancré, et j’accepte que notre lien sera toujours indéfinissable, et beau ainsi. « C’est clair pour moi, tu sais. » et c’est là où je suis fière de l’affirmer, où mes neurones arrêtent de partir en vrille, où la facilité avec laquelle j’articule les prochaines mots me soulage. « À partir de maintenant, je ne veux que du simple, que du facile, du naturel. Rien d’autre. » en couple, ou non. Que ce soit dans 1 an, dans 10. Que je retombe amoureuse à nouveau, ou que je termine seule, comblée par un fils en santé, un jardin luxuriant, quelques toiles qui remplissent la maison et l’atelier. Ma définition du bonheur est simple, et j’aspire à l’atteindre. Quelque chose me dit toutefois que Joanne s’en rapproche un peu plus de moi, désormais. « Comme ce qui semble faire pétiller ton regard. » et j’y reviens, parce qu’il est difficile de l’ignorer. « Vous avez prévu vous revoir… bientôt? Malgré le boulot, et la vie en général? » reprenant ses mots, ses obstacles même. Et l’espoir que tout finisse bien pour nous deux, peu importe ce dont on a chacune besoin.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Ginny tentait de s'en sortir comme elle le pouvait et même Joanne trouvait qu'elle s'en sortait mal. Pourtant elle était la première à qui on pouvait lui faire gober presque n'importe quoi, mais cette fois-ci, ça ne fonctionnait pas. Elle voulait se dédouaner, justifier sa manière de fonctionner, Joanne comprenait. Mais elle n'était pas dupe et la blonde ignorait pourquoi son amie se dissimulait vers tant de pensées. Ginny cherchait certainement à se protéger et à protéger Noah surtout. Alors elle tenait à faire la part des choses, mais de manière particulièrement psychorigide. "Mais alors si tu compartimentes tout... Donc tu dis que si Noah va bien, tout va bien. Mais que dans le compartiment "Noah". Et dans les autres, alors ? Le travail, le temps libre, les amours ?" la questionna-t-elle. "Je comprends parfaitement ta manière de raisonner et je sais pourquoi tu fonctionnes ainsi. Tu ne veux pas tout mélanger, tu ne veux pas que Noah subisse ou soit influencé par tous ces autres compartiments. Mais, que tu le veuilles ou non, tout reste intimement lié. Bien plus que tu ne voudrais l'admettre." Joanne savait, elle était passée par là quelques mois plus tôt. "J'ai fait exactement la même chose. Je voulais penser exactement comme tu as envie de faire. Daniel d'un côté, et le reste. Trouver un boulot, savoir comment établir ma relation avec Jamie, avec Hassan, trouver un juste milieu." Le soupire qu'elle exprimait laissait deviner que cette technique fut un véritable échec. "Et Noah fonctionne comme toi. Si Maman va bien, alors lui va bien aussi. Pour le peu de fois où je pleurais devant parce que j'étais à bout, j'étais épuisée de ma journée, lui était tout aussi malheureux. Et quand je l'ai vu, la première chose que je me suis dit est que je ne veux pas être à l'origine de telles larmes venant de mon fils." Un enfant ne voulait jamais voir ses parents tristes, c'était une évidence. Ce n'était que le point de vue d'une mère à une autre. Et bien que Ginny était maman bien avant son amie, il semblerait que cette dernière ait de très grandes facilités à comprendre le comportement de bébé. La guider avec des questions tout aussi abruptes était également nécessaire. Elle ne voulait pas que Ginny s'enlise à son tour dans une situation où elle ne parviendra à en sortir qu'avec beaucoup de blessures. "Mais tu songeais à ce divorce il y a bien plus qu'il y a deux semaines. Tu as déjà songé à comment serait ta vie si tu étais séparée. Tu m'en as parlée. Tu n'attendais que ça." répliqua Joanne avec douceur. Qu'elle ne sorte pas cette excuse-là, du divorce récent. "Tu as eu le temps de t'y préparer, pour mieux repartir derrière, c'est une opportunité que tout le monde ne dispose pas." Joanne la première. "Rien ne laissait penser à ce que je divorce, rien ne laissait croire que deux semaines après les signatures, j'allais faire une fausse-couche." S'il fallait comparer, alors elle allait comparer. "Et tu devrais savoir, mieux que quiconque, qu'il n'y a pas forcément toujours le temps. Je ne dis pas qu'il faut se presser, je ne dis pas qu'il faut tout précipiter. Laisser le temps au temps, sans pour autant trop tarder. Je ne dis pas non plus que tu dois oublier tout ce qu'il s'est passé, bien au contraire. Je ne veux pas non plus que tu songes dès demain à ce que tu veux, si tu envisages même une vie à deux, ou qu'importe. Ni que tu viennes rompre des promesses, loin de là. Mais tu dois y penser. Tu dois te poser cinq minutes, en silence, quand Noah est au lit, et te demander ce que tu veux toi dans ta vie. Parce qu'il y a ce compartiment "Ginny" que tu ne tiens absolument pas compte. Et à s'oublier et on se perd soi-même, et on ne sait même plus qui on est." Là encore, Joanne savait de quoi elle parlait. Et ne pas faire resurgir ses démons étaient parfois un combat de tous les jours. "Oui, tu te soucies de Noah, oui tu te soucies de ses deux pères, et c'est tant mieux si tout va ainsi. Mais toi, dans tout ça ?" Ginny laissait déjà des indices. Quelque chose de vrai, de simple, rien qui ne puisse être obligé ou forcé. Joanne était surprise à ce que la brune vienne à l'envier, ce qui la surprit plus qu'autre chose. C'était apparemment aussi un excellent moyen pour elle de parler d'autre chose, de dévier le sujet, de ne pas y penser. Joanne se demandait si elle l'avait offusquée, dans un sens. Mais un avis extérieur était essentiel pour Ginny, quelqu'un de plus détaché que les autre protagonistes de sa vie. Elle semblait en tenir compte malgré tout. "Je sais que tu n'aimes pas non plus être brusquée, que tu n'aimes pas que je te retourne toutes ces interrogations. Mais je peux t'assurer que Noah ira véritablement bien quand toi tu seras bien. Ca fait partie du lien entre une mère et son enfant. Ca a ses bons et ses mauvais côtés, mais aussi un excellent moyen de comprendre et de reprendre sa vie en mains, comme elle devrait être." Sans Daniel, tout aurait été véritablement plus compliqué pour Joanne. L'année qui venait de s'écouler aurait été du même calvaire que l'année qui avait suivi son divorce, voire peut-être même pire. Tout aurait été tellement plus compliqué et faire ce constat terrifia soudainement la petite blonde. "Tout ce qu'on est capable de faire, pour eux." soupira-t-elle en lançant un regard débordant d'amour à son petit garçon. "Le plus tôt possible." finit-elle par répondre à Ginny. "J'ai envie de savoir où il en est aussi, je veux savoir ce qu'il veut. J'en ai assez d'être dans l'attente, mais je pense que ces derniers mois ont été nécessaires. Le temps qu'un rythme normal se remette en place." Joanne ne la regardait plus, elle semblait être ailleurs. "Mais si ce n'est pas Jamie, ce ne sera personne d'autre." On aurait bien pu rire à ces mots là, on aurait pu ne pas la prendre au sérieux. Mais quand il s'agissait de Joanne, fleur bleue au possible, romantique à souhait, on devait porter un crédit à ces paroles. Jamais elle n'aurait toléré qu'un autre homme entre dans sa vie. Ca n'aurait pas été pareil, ça n'aurait pas été comparable et elle aurait certainement développer une certaine paranoïa quant au fait qu'un éventuel conjoint ne tente de prendre la place de Jamie dans le coeur de Daniel. Chose qu'elle ne tolérerait jamais. "C'est fataliste, mais c'est comme ça que ce sera s'il ne veut pas de moi." On devinait au ton de sa voix qu'elle était on ne peut plus sérieuse avec ceci. "J'ai réussi avec ce rythme là toute une année, je suis bien capable de continuer comme ça." Il y aurait eu de l'épuisement, beaucoup de fatigue à la longue. Mais Joanne était la dernière à se plaindre de ce genre de choses. "Et je m'adapterai selon les envies de Jamie, à quelle fréquence il voudra voir le petit. Il a une vie bien plus remplie que la mienne." Le rythme qu'elle décrivait ne semblait pas mieux que celui d'un automate, mais on devinait que celui lui convenait parfaitement. "Et dans l'autre cas... Ce ne serait plus que beau. Je serais si heureuse." Bien sûr que Joanne espérait qu'il réponde positivement à ses avances, qu'il ait autant apprécié qu'elle le baiser, qu'il porte crédit à ses paroles. Tout comme elle comprendrait s'il ne voulait plus lui faire confiance. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il se tramait dans sa tête. "Si j'arrive à le voir avant la fin de l'année, ce serait parfait." Histoire de savoir comment 2018 allait être, avoir une vague idée.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
La journée est belle, douce. Et si les conversations flirtent avec ce qui fâche, avec ce qui d’habitude m’aurait rendue particulièrement difficile à percer, à craquer, Joanne parle avec une douceur infinie et un amour dans le regard qui ne fait que nourrir la chaleur en moi, celle d’avoir réussi à si bien m’entourer. « Le compartiment “Ginny”, j’aime bien. » que je souffle, un sourire fin se dessinant sur mes lèvres. « Il y a l’art, il y a cette maison qu’on aménage, qu’on tente de rendre plus chaleureuse encore, il y a les amis, il y a des moments comme celui-là... » et je commence à énumérer, je commence à voir là où je pourrai mettre à l’exercice ses commentaires. Si la roue avait tourné particulièrement vite pour Noah et moi ces deux dernières années, il n’était pas des plus faciles d’apprendre à la ralentir, sans en faire une excuse pour stagner, pour refuser le reste. « Je le ferai. Si tu veux même, je te dirai ce qu’il en ressort. Avec tout ce qui m’arrive de beau, je pense que je devrais trouver quelques éléments à dédier à la case “Ginny”. Il y a la photo aussi, que je veux recommencer officiellement, faire des tests, peut-être même aménager une chambre noire dans la remise et… et je m’emporte. » un rire qui perce le sérieux de la discussion, un rire qui fait du bien, un rire complice et la promesse de la tenir au courant, de tenter de la rendre fière, de lui prouver que je ne suis pas juste là pour faire joli, mais que je souhaite foncièrement profiter de cette nouvelle chance pour donner à ma famille le meilleur de moi-même. « Tu deviens plutôt douée à ce jeu-là Joanne, à croire que quelqu’un t’as déjà posé toutes ces questions… » et le clin d’oeil suit, parce que je sais bien que ce jeu se joue à deux, et qu’elle a tous les droits de me rendre l'ascenseur. Voilà que la petite blonde adoucit son approche, et même si ses mots auraient pu malencontreusement me froisser, elle arrive à avoir la bienveillance dans la voix à chaque remarque. « Si tu uses de l’argument Noah alors, je ne peux rien faire de mieux que t’écouter, comme d’habitude. » tout ça pour mon fils, et elle a bien raison. Si j’avais passé presque toute sa vie à me dédier à lui et à sa santé précaire, ce n’était que pour bien m’occuper de moi maintenant. Il ne gagnerait que plus au change et la blonde avait bien raison d’insister avec vigueur. De Noah et moi, et tout ce qui nous arrive pour le mieux, Joanne laisse la conversation dériver vers Jamie, elle, et toutes leurs nouvelles promesses. « Votre rythme à tous les deux, le vrai, le naturel. » que j’insiste, pensive, heureuse de la voir si posée, si ancrée. « Tu n’y verrais pas aussi clair et tu ne serais pas aussi à l’aise avec tes réponses si tu ne t’étais pas laissé le temps de bien y penser, d’y aller selon ta nature sans rien brusquer. » et c’est pour moi l’évidence. Que lorsqu’on était sur notre X, que lorsqu’on suivait le chemin qui nous était dédié, tout finissait toujours par bien aller, par se placer. « C’est… je pourrais dire fataliste, mais ça a une jolie touche romantique aussi. » et l’un n’était pas mieux que l’autre, ou pire. Je savais ce que c’était, de vouloir tout laisser de côté par amour, par peine. La journée où j’avais compris que tout était fini avec Ezra, que tout ce qu’on avait bâti ne serait plus, était aussi la journée où mon coeur s’était fermé hermétiquement, ne laissant même pas la moindre once d’espoir pour Edward, peu importe à quel point il aurait bien pu tenter, et tentait encore. « Je n’en doute pas une seconde, tu sais. Et c’est probablement ce qui fera que votre relation sera différente, peut-être même plus forte. Que tu sois capable de fonctionner toute seule, que tu aies la confirmation d’être autonome. » elle avait changé depuis qu’elle en avait pris conscience, je pouvais le jurer. Elle était plus droite, plus vive, plus allumée, brillante, rayonnante. « C’est ce que je veux d’abord, avant de penser à ajouter une autre personne à ma vie. » et je sais qu’elle comprendra exactement ce que je veux dire. « Me confirmer que je peux très bien vivre sans être attachée à qui que ce soit, surveillée par qui que ce soit. » le simple fait de savoir que mes parents n’avaient plus la main mise sur ma vie, que tout ce qu’ils avaient bâti autour de moi comme barrières et blocages s’était envolé ne me soulageait que plus, mieux. « Je te le souhaite tellement. Peu importe l’issue, j’espère que tu seras vite fixée. » que Jamie souhaite leur redonner une nouvelle chance, ou non, elle semble tout de même en paix avec la décision finale encore inconnue. « J’aime ce que tu es devenue, tu sais. » de longues minutes passent à couver nos fils du coin de l’oeil avant que je tourne la tête vers mon amie. « Prendre action te va bien. » et je me souviens de l’état dans lequel nous étions, à Southport. Elle en était bien loin, Joanne. « Et si on nourrissait la marmaille? » l’heure avance, les estomacs s’agitent, et je sais de suite que ce qui se trouve au menu risque de satisfaire les palais présents. « J’ignore ce que tu as prévu, mais la lumière sur la terrasse est parfaite. On va en profiter? » un coup d’oeil dehors ne me confirme que trop le soleil qui rayonne toujours, et la verdure qui sent bon l’été.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
"Alors laisse-toi emporter." répondit Joanne avec un haussement d'épaules, comme s'il s'agissait d'une évidence. "Tu n'as rien qui te retient dans ce que tu veux faire. Il y a toi et tes envies. Si tu as la place chez toi, aménage donc une chambre noire, si la photographie te manque tant, alors lance-toi. Tu as le talent, et je sais que tu peux te donner le temps, tu n'as pas vraiment besoin d'autre chose." Tant que c'était ce qu'elle aimait faire. Et c'était une pratique qu'elle pourrait améliorer à force d'exercice, elle pouvait même se faire de l'argent grâce à cela si les moyens commençaient à lui manquer. C'était une porte grande ouvert et il n'y avait plus personne qui ne pouvait lui barrer la route désormais. Ginny riait, parfois par gêne, peut-être déroutée à ce que la frêle petite blonde ne vienne à lui retourner toutes ces questions qui faisaient réfléchir et qui faisaient avancer. A la remarque de la brune, elle esquissa un sourire discret. "Même le maître a besoin de se questionner sur propre vie pour ça, et les padawans sont plutôt bons à ce jeu-là aussi." répondit-elle avec amusement. Joanne tenait à s'assurer qu'elle ne finisse pas perdre le nord, avec toutes histoires sans dessu-dessous qui gravitaient autour d'elle. Du coup, elle mentionnait régulièrement Noah et la brune semblait être reconnaissante qu'elle le lui rappelle, de mère à mère. La conversation oscillait, se concentrant soit sur la vie de l'une ou soit sur celle de l'autre, de manière tout à fait fluide et naturelle. "Nous avons toujours eu un rythme qui ne correspond pas vraiment à... Ce que l'on peut voir d'habitude." avouait Joanne avec un sourire embarrassé. "Et ce, depuis le début. Nous avions juste attendu quelques mois pour emménager parce que c'était extrêmement compliqué pour nous de se voir, et nous avons très vite généré, cette dépendance, ce besoin de passer du temps ensemble. Et comme beaucoup le dirait, Daniel est arrivé très vite dans nos vies également. Mais avec... mon passif, disons, il était inconcevable qu'il en soit autrement. Et je ne regrette rien, même si je sais que beaucoup pensent que c'était de la précipitation, que ce n'était pas sincère et ils doivent être satisfaits de voir que nous sommes séparés. Mais même séparés, même lorsque nous pouvions avoir les comportements les plus imbuvables qui soient, on restait accroché l'un à l'autre, il y avait cet attachement qui créait cet énorme malaise dès qu'il n'y avait que nous deux dans la même pièce." Joanne se rappelait de ces soirées, de ces galas où elle voyait Jamie partir avec une autre, où le jour où c'était l'une de ses conquêtes, Emma, qui avait ouvert la porte d'entrée. Les insultes, les reproches, les regards noirs, les médisances. Tout blessait et pourtant, ils ne parvenaient pas à se détacher de l'un l'autre. "Je mentirai si je disais que ça ne me faisait pas sortir de mes gonds à chaque fois que je le voyais avec une autre à son bras. Ce ne sont pas des émotions... que j'arrive vraiment à gérer, je ne sais jamais quoi en faire." admit-elle, sous le ton de la confession. Joanne était jalouse, oui, mais elle l'exprimait bien différemment que d'autres. "Mais parfois je me dis que j'ai peut-être pris trop de temps aussi, j'en ai fait attendre." Elle songeait à Hassan, avec qui elle avait été particulièrement injuste. Ginny soulevait le fait que la petite blonde soit finalement parvenue à se débrouiller toute seule, en tant que mère célibataire et active. Un pari compliqué et dur à relever et pourtant elle avait géré la situation haut la main. "J'ai toujours pensé que je ne suis pas vraiment faite pour vivre seule, pour être seule." avoua-t-elle. "Petite j'ai eu ma famille et quand je m'en suis éloignée, il y avait Hassan, et deux autres amis avec qui j'étais très proche. Tu ne m'aurais certainement pas apprécié l'année qui a suivi mon divorce. Et ensuite, il y a eu Jamie. Et je me suis sentie mieux. Et là, j'avais Daniel, je devais m'occuper de lui, et je pense que s'il n'avait pas été là, je ne serais pas telle que je suis aujourd'hui." Une excellente source de motivation et de force. Joanne avait montré qu'elle pouvait être une véritable battante pour son enfant et elle avait ainsi bravé de nombreux obstacles. "Hassan avait dit ça, à Jamie. Qu'il pensait que j'étais capable de me débrouiller seule. Et c'était ce qui avait convaincu Jamie de s'éloigner de moi." Des révélations qu'elle avait apprises lors d'une dispute qui avait éclaté avec son ex-fiancé. Elle n'avait jamais su quoi en penser. Ginny désirait faire la même chose, se prouver à elle-même ce dont elle était capable avant de s'engager dans quoi que ce soit d'autre. "Tu vas très bien t'en sortir, j'en suis certaine. Tu es plus spontanée et plus vive que moi, je pense que ça sera un peu plus facile." dit Joanne avec un sourire confiant. Ginny était plus téméraire, à se lancer sans trop d'hésitations, jamais à court d'idées. Et la brune ressentait également beaucoup de fierté vis-à-vis d'elle et ne manquait pas de l'exprimer. Joanne, toujours gênée quand on la complimentait, esquissa un fin sourire et baissa les yeux, embarrassée comme tout. "Je fais de mon mieux." se contenta-t-elle de dire. Les estomacs commençaient à crier famine. "Je n'ai pas vraiment eu le temps de préparer la table, mais nous pouvons profiter du beau temps, oui." dit Joanne en regardant à l'extérieur. "J'avais pensé à faire un barbecue. Autant profiter de l'été jusqu'au bout." Joanne avait fait des marinades –recettes de sa grand-mère– et avait également acheté des saucisses. Elle avait préparé des crudités en accompagnement. Rien de bien sophistiqué, mais c'était particulièrement convivial. Mais avant de mettre le nez dehors, il était surtout important de mettre de la crème solaire sur les petits. Les lunettes de soleil étaient obligatoires malgré le parasol. Joanne avait la peau suffisamment pâle pour savoir comment ne pas se faire avoir et elle avait toujours peur que Daniel avait hérité de la même peau claire que sa mère. L'épiderme de Jamie était bien plus tolérant au soleil, en revanche. Joanne en profitait pour également barbouiller Noah tant qu'elle était proche de lui. Tout le monde allait donc dehors, sous le parasol. Daniel installé dans sa chaise haute. Il prenait immédiatement ses couverts en plastique en main, prêt à manger. "Un véritable estomac sur patte." dit Joanne en riant. "Parfois, je me emande même s'il ne mange pas plus que moi. Sauf lorsqu'il s'agit de carottes, il a horreur de ça." Mais globalement, il avait un très bon appétit. "Noah, qu'est-ce que tu veux boire ?" lui demanda-t-elle. "J'ai du jus de fruits, de sirop... dis-moi ce que tu aimes." Après avoir eu une réponse, Joanne retournait en cuisine pour ramener boissons, salades et viandes encore crus à l'extérieur. Une fois les lunettes de soleil sur le nez, elle allumait le barbecue. Elle avait donné un bout de pain à Daniel pour le faire patienter le temps que la viande ne cuise. "Tu as déjà prévu une date pour une crémaillère ?" demanda-t-elle à Ginny sur le ton de la plaisanterie. La blonde se souvenait qu'elle n'en avait pas fait de crémaillère, de son côté, mais elle était dans un bien autre état d'esprit lorsqu'elle avait acheté sa maison.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
D’entendre Joanne confier tout ce qu’elle estime chez moi me fait sourire, doucement, avec empathie. Elle laisse encore passer l’essentiel, à savoir qu’elle est toute autant estimable si ce n’est plus que moi. Qu’elle a tout le potentiel d’être capable de réussir avec ou sans un homme à son bras, et qu’elle n’a pas du tout à envier qui que ce soit pour quelle situation que ce soit. Limite, ce sera l’homme qu’elle aura choisi qui sera chanceux, qui pourra s’estimer honoré qu’elle ait daigné lui faire une place et non l’inverse - et c'est bien ce qui me conforte dans mon désir de prendre mon temps, de ne pas choisir trop vite, de laisser mon coeur retrouver le rythme avant de penser à faire une place à l'un ou l'autre des hommes de mon quotidien où ça compte, là au creux de ma vie. « On a chacune nos forces, c’est pas un combat. » que je souligne tout de même dans un sourire, sachant qu’elle comprend, que la blague ne fera que soulager ces quelques tensions accumulées dans son visage depuis qu’elle aborde les sujets qui fâchent, et Jamie et Hassan au détour. C’est bien pourquoi je lui rappelle tout ce qu’elle a pu accumuler aussi, tout ce qu’elle a fait toute seule depuis les derniers mois, depuis toute l’année qui vient de s’écouler. Force est d’admettre que la petite blonde ne voit pas l’ensemble de l’oeuvre, et qu’elle diminue sa vigueur au passage. Je me replace dans les coussins, la confiance qui guide mes mots. « Et ça me semble être déjà beaucoup. » les félicitations sont de mises, autant que celles qu’elle m’a renvoyées dès mon arrivée ici, dès la bonne nouvelle que Noah allait vivre et que toute l’histoire de sa maladie n’allait bientôt qu’être de l’histoire ancienne. L’estomac de mon fils gronde jusqu’ici, et loin de nous l’envie de presser l’hôte, mais il me semble près à dévorer la première chose qui passe sous ses yeux - en espérant que ça ne soit pas les cookies que j’ai cuisinés, le pauvre, il mérite mieux - et par protection pour les meubles et les chiens, je propose qu’on s’active en cuisine. « Tu sais, je vais surement finir par salir ta belle nappe et casser une assiette au passage. Alors le moins de préparation tu fais, le mieux c’est. » le rire est honnête, amusé, sachant à quel point mon potentiel de maladresse était élevé, surtout en lieu inconnu. Chez moi, j’avais développé différents stratagèmes pour ne pas me retrouver à tout casser, j’avais appris à étudier les angles et les installations pour sauver mes fringues, mes membres, mais ailleurs, ce n’était pas toujours facile. Le coeur léger, les gamins sur notre trace, je passe à l’extérieur et aide la jeune femme à installer à la va vite le repas, à déployer le parasol. Le regard qui love les canins pendant de longues minutes, je reporte mon attention à Joanne qui parle de Daniel, et de son appétit qui fait lui aussi compétition à celui de Noah. Les souvenirs de mon fils à ses deux ans et de tout ce qu’il pouvait gober à l’époque me rendent presque nostalgique, avant de le faire râler en ébouriffant ses cheveux. « Il est en pleine croissance. Bientôt, il fera deux fois ta taille. » l’humour est bon, le soleil tout autant, et le bruit des aliments qui grillent sur le BBQ s’occupe du reste. « J’attends de voir où en seront les rénovations au fil des semaines. » que je répondrai lorsque Joanne me demande où en est la crémaillère de la maison. Bien sûr que je pense à Hassan, et à leur lien, aux coïncidences, à la présence du brun dans ma vie de plus en plus depuis la sortie de Noah de l’hôpital, et tout autant avant. Mais je me garde d’aborder le sujet, d’abord parce que Joanne me semble plus légère depuis le chapitre clos plus tôt, mais surtout par soucis de ne pas alourdir la conversation volontairement. Disons que le Jaafari se trouve dans le fameux compartiment Ginny. « Pour le moment ça augure bien, c’est tout juste si le calendrier estimé est suivi à la lettre, alors y’a espoir. » Noah avait enfin pu mettre le pied dans la maison, s’y installer, voir le plus gros des travaux faits. Il restait encore pas mal de boulot à faire, de changements à incorporer et de matériaux à installer, mais les gros morceaux étaient mis en place et je sentais que vraiment, ce n’était qu’une question de temps avant que la maison ait la forme dont je rêvais. « On pourra se faire un petit truc à 4 aussi - on en vient habitués à force. » beaucoup plus prompt à ce que le moment soit simple, soit facile à apprécier, que d’organiser une grosse soirée où je ne risquais même pas de pouvoir parler à l’un ou l’autre des invités plus de 5 minutes chacun. Les assiettes finissent par être servies, et je pige dans les salades et autres légumes grillés avant d’aider Noah à assembler un repas digne de son nom. Il oublie la politesse maintenant que ses mains sont déjà en quête d’ustensiles, et je l’arrête dans son mouvement, coup d’oeil complice à Joanne pour la peine. « Noah, tu dis merci? » je retiens un rire avec la blonde, voyant mon fils finir par lever la tête, et scander, la bouche bien pleine. « MHERCHI! » presqu’horrifiée que Daniel prenne de mauvais plis, je me dépêche de cacher les molaires recouvertes de nourriture de mon bambin. « Charmant. » que je finis par commenter, avant de remercier Joanne à mon tour, et d’apprécier chaque bouchée de ce moment en toute simplicité, gage de beaucoup de beau pour les prochaines semaines à venir.
i think the universe is on my side, heaven and earth have finally aligned, days are good and that's the way it should be
Peut-être que pour Ginny, le tout n'avait rien d'un combat. Mais dans un sens, pour Joanne, ça l'était. Parce qu'avoir un esprit qui générait des idées noires, qui tombait parfois presque dans la paranoïa, ça ne disparaissait pas en un claquement de doigt. Ses journées étaient chargées, cela l'aidait à ne pas s'y replonger dans un premier temps. Puis, c'était surtout ses consultations avec son psychologue qui l'avaient aidé à sortir de ce cycle infernal. La petite blonde ne se rendait certainement pas compte de la progression qu'elle avait fait tout au long de l'année, ayant bien trop la tête dans le guidon pour réaliser pleinement ce dont elle était capable de faire seule, elle qui était avait toujours été persuadée qu'elle ne pouvait pas continuer si elle n'avait pas quelqu'un. Mais elle n'était jamais réellement seule, elle avait Daniel et il était devenu sa principal source de motivation. En revanche, elle savait qu'elle restait sensible à la moindre attaque extérieure. Elle était plus solide qu'avant, mais pas invicible pour autant. Ginny était fière, elle l'insinuait dans certaines de ses phrases. L'estomac de Noah criait famine et il était temps de passer à table. "Une nappe ça se lave, et la vaisselle se remplace." répondit-elle en riant, en faisant un clin d'oeil à son ami. Joanne avait sa propre maladresse aussi, sur d'autres points, mais elle n'avait pas non plus deux pieds gauches. Ginny taquinait son garçon en lui ébouriffant ses cheveux bruns et en insinuant que le cadet des personnes présentes allaient finir par le dépasser. Noah grognait, dégageait la main de sa mère. "Mais ce qui est sûr, c'est que vous allez finir par me dépasser tous les deux." dit-elle tout en commençant à servir les salades. Cela dit, ça n'allait pas être bien difficile d'être plus grand que son mètre soixante. Joanne complexait un petit peu sur sa taille, c'est pourquoi elle portait la grande majorité des talons, hormis quand elle était chez ou qu'elle sortait se promener avec le petit et les chiens. D'ailleurs, ces deux derniers n'avaient pas tardé à rejoindre tout le monde sur la terrasse, Nunki venant s'asseoir juste à côté de sa maîtresse. Sirius n'était jamais loin. On parlait ensuite crémaillère dans la nouvelle maison de Ginny, toujours en pleine rénovation. "J'ai hâte de la voir finie." s'enthousiasma-t-elle. "Ce sera un bel accomplissement, lorsque tu auras fait le plus gros, c'est toujours gratifiant d'arriver à bout de ce genre de gros projets." Tout le monde était servi, Joanne pouvait enfin s'installer. "Ce serait avec plaisir." Ginny semblait préférer les événements en plus petit comité plutôt qu'une grande soirée avec beaucoup trop de monde pour pouvoir discuter avec chacun des invités présents. "Si tu as un jour besoin d'un coup de main, n'hésite pas. Jamie a la garde de Daniel un weekend sur deux, que ce soit avec ou sans le petit, je peux venir te prêter main forte le weekend. Je ne suis pas la plus grande bricoleuse qui soit, loin de là, mais en vivant seule dans une maison, on apprend à devenir un petit peu débrouillarde." Quand elle était avec Hassan, c'était ce dernier qui était doué pour le bricolage, les réparations, c'était d'ailleurs lui qui avait eu la gentillesse de venir monter la bibliothèque qui se trouvait dans le séjour. Joanne avait ses autres points forts. Jamie se débrouillait bien aussi, en y repensan. Elle se rappelait de la fois où il avait décidé d'enlever tous les meubles du séjour, afin de réaménager la pièce pour que Joanne se sente chez elle. Noah mangeait avec appétit, sans dire quoi que ce soit, c'est pourquoi Ginny le rappelait un peu à l'ordre. "Ce n'est pas grave." assura Joanne. "On les a fait sacrément attendre en discutant tout à l'heure, après tout." Du moins, elle n'avait pas pris mal son attitude. Les deux garçons mangeaient avec beaucoup d'appétit, parfois un peu trop vite, et c'était surtout sur ce point que la blonde corrigeait son garçon, craignant qu'il ne finisse par tout régurgiter. Manger et faire attention à ce que les enfants mangent bien également était assez sportif lorsque tout le monde était à table. Mais l'ambiance était légère, malgré les quelques tracas, ils passaient tous un très bon moment ensemble et Joanne comptait en profiter le plus possible.