Debout depuis une bonne dizaine de minutes, Liviana fixait son reflet dans le miroir en réalisant que la fin de son histoire d’amour l’attendait à quelques mètres de là, incapable de bouger ou de quitter la pièce, elle se contenait de rester planter face aux lavabos, priant pour que la réalité la tire hors de ce cauchemar. Elle se tourna finalement lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir « Hey… c’est bientôt à nous, tu es sur de vouloir faire ça ? » non elle ne l’était pas, elle ne serait probablement jamais prête mais il était trop tard pour reculer ou pour changer d’avis ; elle avait essayé plus d’une fois de pardonner, d’oublier ce qui s’était passé mais à chaque fois le résultat était chaotique « Oui, ne t’en fais pas, tout va bien » répondit-elle avec un léger sourire qui avait pour but de masquer ses sentiments. Elle jeta un dernier coup d’œil dans le miroir avant de glisser son téléphone dans son sac à main « Allons-y » elle échangea un regard avec son avocate, puis une étreinte avant de sortir des toilettes pour rejoindre le hall et le couloir dans lequel ils devraient patienter avant l’audience. Les deux brunes arrivèrent les premières dans le couloir, légèrement à l’avance, elles s’installèrent sur les sièges installés contre le mur. Inquiète et nerveuse, Liviana sentait son estomac se torde dans son ventre au fur et à mesure que les minutes défilèrent ; elle était si stressée qu’elle sursauta lorsque son portable vibra dans son sac à main « C’est James… » dit-elle simplement à son amie tout en lisant le message de son meilleur ami, comme toujours, il était adorable, elle aurait tant aimé qu’il soit là aujourd’hui mais lui demander de se tenir à ses côtés face à son frère était au-dessus de ses forces. Cinq minutes passèrent, des minutes qui semblèrent durer des heures et lorsqu’elle releva enfin le regard, Samuel était là, débout à quelques mètres d’elle, son avocat à ses côtés « Courage… » elle échangea un regard avec Milena, elle ne tiendrait probablement plus débout sans elle. Liviana se leva de son siège en même temps que son amie dès qu’ils arrivèrent à leur hauteur, leurs avocats respectifs échangèrent une poignée de main lorsque la porte de la salle d’audience s’ouvrit « Madame le juge, souhaiterais voir les avocats uniquement dans un premier temps » le ton de sa voix était doux et calme, comme pour faire comprendre au futur ex-couple que cette demande n’avait rien à voir avec leur histoire « Je viendrais vous chercher dans quelques minutes » avait-elle ajouté à l’égard du couple. Milena entra dans la salle privative avec l’avocat de Samuel laissant le couple Beauregard seul pour la première fois depuis une éternité. Plus nerveuse que jamais, Liviana tenta d’effacer son mal-être en prenant une profonde inspiration regardant enfin son époux dans les yeux « Bonjour Sam… » avait-elle dit en essayant d’être la plus naturelle possible avant de s’asseoir de nouveau laissant un silence pesant s’installer entre eux.  

D'ordinaire, Samuel ne dormait pas énormément mais la nuit qui venait de s'écouler lui avait paru particulièrement interminable. Le jeune homme n'avait pas fermé l'œil une seule seconde, passant son temps à ressasser ses souvenirs, ceux qu'il partageait avec Liviana et qui prendraient une saveur encore plus particulière d'ici quelques minutes. Car s'il avait quitté la maison aujourd'hui, ce n'était pas pour aller travailler comme d'habitude mais bien pour aller affronter ce qu'il redoutait le plus depuis des mois. Après de nombreux retards de procédure qu'il savait manigancés par l'avocate de son épouse, le moment était malheureusement venu de prononcer ce divorce qui lui faisait si mal. Le comptable avait rendez-vous avec son avocat pout les derniers ajustements mais, bien trop vite à son goût, il avait fallu prendre le chemin du bureau de la juge qui prononcerait le divorce.

Lorsque les deux hommes firent irruption dans le couloir, Sam remarqua immédiatement la présence de Liv et Milena. Elles étaient arrivées avant eux, et le simple fait de regarder celle qui serait bientôt son ex-femme rendait le moment encore plus douloureux. Une fois de plus, il réalisait brusquement tout ce qu'il s'apprêtait à perdre pour de bon et en y songeant, sa mâchoire se serra. Si bien qu'il ne salua même pas les deux femmes, bien trop tendu et préoccupé par l'épreuve qui allait suivre. Mais conte toute attente, seuls les deux avocats furent appelés en premier lieu, laissant ainsi leurs clients respectifs livrés à eux-mêmes dans le couloir. Et après un bref silence pesant, Liviana eut la première le courage de prendre la parole en saluant le jeune homme. « Bonjour... » murmura Sam en guise de réponse en osant à peine la regarder, d'une voix rauque qui traduisait malgré lui parfaitement son état d'anxiété. Pour autant, Samuel s'efforça d'enchainer pour ne pas laisser Liv faire des efforts solitaires pour communiquer. « Comment tu te sens ? » demanda-t-il, même s'il la connaissait bien assez pour savoir très précisément dans quel état elle se trouvait rien qu'en plongeant son regard dans le sien. Et au moment où il se risqua à cet exercice, le jeune homme fut inévitablement happé par ces yeux dans lesquels il se perdait encore malgré les circonstances. Persuadé qu'il ne lasserait jamais de ces yeux clairs qu'il aimait tant, Sam fut envahi par une nouvelle vague de mélancolie qui lui fit échapper un soupir douloureux. Il savait bien qu'il n'était plus temps de reculer alors même que leurs avocats respectifs s'entretenaient avec la juge à quelques pas de là, mais Sam ne put tout de même pas s'empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Peut-être serait-ce maladroit de sa part ? Peut-être mettrait-il Liviana mal à l'aise ? Mais qu'importe, s'il devait lui poser cette question, c'était maintenant ou jamais. Alors, sans jamais baisser les yeux, Samuel reprit d'une voix un peu plus claire : « Liv... Est-ce que t'es vraiment sûre de vouloir faire ça ? »

Le cœur lourd, Liviana avait l’impression que cette journée ne finirait jamais. Assise dans le couloir, elle fixait le mur d’en face sans un mot, laissant sa mémoire lui rappeler tout ce qu’elle était sur le point de perdre, le regard perdu dans le vide, elle avait la sensation de toucher du bout des doigts ses souvenirs qui lui étaient si précieux. L’italienne quitta ses pensées et leva les yeux tombant nez à nez avec Samuel, le voir si élégant dans son costume lui rappela une journée bien différente, celle où elle lui avait dit oui, un oui qu’elle aurait cru éternel. L’esprit embrumé par ses souvenirs, Liviana se retrouva seule avec Samuel, incapable de prononcer autre chose qu’une salutation qui lui sembla immédiatement ridicule. N’osant pas le regarder dans les yeux, elle s’installa à nouveau sur la banquette « Bonjour… » elle releva son regard vers le sien, le voir si malheureux lui brisait un peu plus le cœur « Comment tu te sens ? » l’italienne haussa les épaules, aucun mot ne semblait assez fort pour décrire ce qu’elle pouvait ressentir « Ca va » dit-elle simplement, incapable de mettre de mots sur ce qu’elle ressentait réellement. Nerveuse, elle jeta un œil rapide à son téléphone, une part d’elle souhaitait en finir le plus vite possible alors que l’autre aurait donné n’importe quoi pour rester sa femme une seconde de plus. « Liv… » elle releva son regard vers le sien, sentant les battements de son cœur se faire de plus en plus rapide « … Est-ce que tu es sur de vouloir faire ça ? » elle le savait depuis le début, il était contre ce divorce et cette séparation, elle l’avait compris à la seconde ou elle avait évoqué le divorce, il était là pour elle, débout dans ce couloir à se torturer parce qu’elle l’avait souhaitait pendant plus d’un an. Plus malheureuse que jamais, la brune planta son regard dans celui de son mari « Non, je ne serais jamais totalement sur mais… » murmura-t-elle en sentant ses yeux s’humidifier « … il le faut, ça fait plus d’un an, on ne plus repousser ce jour » incapable de lui pardonner, incapable d’oublier, incapable de tourner la page, il ne restait plus qu’une solution pour elle, pour eux. Le voir dans cet état lui fit réaliser qu’elle avait sans même le vouloir laisser plané un doute entre eux, une lueur d’espoir qu’elle avait elle-même chéri dans un coin de son cœur « J’ai essayé chaque jour Sam… » dit-elle ne lui faisant signe de s’asseoir auprès d’elle, pour une fois, malgré toute cette douleur elle voulait le savoir près d’elle « Personne ne te remplacera jamais, que ce soit pour moi ou pour Luca, et même si je le voulais, il n'existe personne comme toi... » loin d’être prête à ouvrir à nouveau son cœur, elle refusait qu’il puisse croire qu’elle avait souhaitait divorcer parce que son amour n’existait plus puisque malgré tout il était toujours aussi présent mais pas assez fort « S’il te plait, ne me déteste pas… » la voix tremblante, elle baissa le regard en sentant les larmes perler au bord de ses yeux.

Cette fois, Samuel prenait peu à peu conscience que Liviana lui échappait définitivement. Bien sûr, il y avait leur petit Luca et rien ne pourrait jamais leur enlever ce lien si particulier qui les unissait désormais, mais le fait de prononcer ce divorce qu'il redoutait tant faisait particulièrement mal au comptable. Tout devenait brusquement trop concret, et  inévitablement trop douloureux. Pourtant, il tenta dans un premier temps de faire bonne figure en demandant à Liv comment elle se sentait. Et comme il aurait pu s'en douter, la jeune femme se contenta de répondre que tout allait bien même si son regard la trahissait. Peut-être Samuel la connaissait un peu trop bien... mais en tous cas, il n'eut aucune difficulté à discerner la peine qu'elle tentait elle aussi de cacher. Si bien qu'il ne résista pas très longtemps, et finit par la questionner sur sa volonté réelle de mettre un terme à leur mariage. Sam savait qu'elle était partagée sur ce point, du moins il l'espérait, et il en trouva bien vite la confirmation au moment même où l'italienne planta son regard dans le sien. Une fois de plus, la parfaite connaissance qu'il avait d'elle et cette capacité à lire dans ses yeux tout ce qui se cachait au plus profond d'elle lui permirent d'avoir la réponse qu'il attendait avant même qu'elle ait prononcé le moindre mot. Non, elle n'était pas sûre de vouloir faire ça, de vouloir officialiser la fin de cette si belle histoire que Samuel avait gâchée par sa bêtise. Mais pourtant, le comptable sentait qu'il y avait là quelque chose d'irrémédiable. Comme le souligna Liviana, la procédure avait duré bien trop longtemps et il était à présent temps d'en finir avec tout ça.

« J’ai essayé chaque jour Sam… » reprit-elle ensuite en invitant celui qui était encore son mari pour quelques instants à s'asseoir près d'elle. Pas certain de saisir la nuance entre son refus de poursuivre leur histoire et sa volonté de l'avoir à ses côtés, Samuel s'exécuta quand même tout en profitant de cette proximité qui lui manquait tant. De là où il était, il pouvait très clairement sentir son parfum et ce simple détail semblait rendre le moment encore plus solennel. Liv lui garantissait que personne ne le remplacerait jamais à ses yeux ni à ceux de Luca et pourtant, elle persévérait à vouloir que leur divorce soit prononcé. « S’il te plait, ne me déteste pas… » La voix de l'italienne était faible, tremblante et presque inaudible. Et lorsque Samuel vit une larme se dessiner au coin de l'œil de sa voisine, il ne put s'empêcher de laisser glisser une de ses mains sur l'épaule de Liviana. Ce geste était totalement instinctif, et poussé par le fait qu'il ne supportait pas de la voir triste. De tout temps, il avait eu cette volonté et ce besoin de la consoler et de la protéger dès qu'elle se sentait mal, et le fait de ne plus tenir ce rôle auprès d'elle le tuait. Littéralement. Tout en caressant son épaule avec tendresse, Sam secoua la tête en murmurant : « Comment est-ce que je pourrai te détester... » L'émotion le gagnait peu à peu et pourtant, il s'efforça de nouveau de ne rien montrer et poursuivit sa réflexion à voix haute : « C'est juste que... Tu l'as dit toi-même, la procédure a duré plus d'un an et je sais que ce n'est pas un hasard. » expliqua-t-il en faisant référence à son entrevue avec Milena, qui lui avait avoué que Liv l'encourageait à faire trainer le dossier de leur divorce. « Est-ce que tu crois vraiment qu'on n'a plus aucune chance tous les deux ? Je ferai n'importe quoi pour te prouver que tu peux encore me faire confiance tu sais... n'importe quoi.  » La voix du jeune homme vint presque mourir tant l'instant était éprouvant pour lui, et il dut se faire violence pour reprendre son discours : « Si on n'est pas encore divorcés aujourd'hui, s'il t'a fallu tout ce temps... c'est qu'il y a encore un espoir... » avança-t-il, en essayant presque de se convaincre lui-même.

Cette fois-ci, la séparation était inévitable. A quelques minutes du verdict final, Liviana comprenait que ce divorce n’allait pas mettre uniquement fin à un mariage mais qu’il mettrait fin à la relation unique qu’elle avait partagé avec Samuel, il ne serait plus jamais son meilleur ami, son mari, son amant, ni sa personne. Seule avec lui dans cet immense couloir, l’italienne tenta de faire bonne figure en jouant la femme forte qui n’était pas brisé par ce qu’elle allait accomplir. Ce rôle la poussa à se montrer totalement honnête avec lui, malgré leur différent, elle éprouvait à son égard un profond respect qui l’empêchait d’être hypocrite. Tant bien que mal, Liviana avait essayé d’oublier, d’effacer sa colère et de lui donner une chance mais toutes ses tentatives avaient conduit à un échec, la tromperie était pardonnable mais la confiance effacé à jamais. La seule chose qui semblait désormais l’inquiéter était les sentiments que Samuel développerait à son égard après l’annonce officiel de leur divorce « Comment je pourrais te détester ? » elle haussa les épaules alors qu’un millier de raison lui venait en tête « C'est juste que... Tu l'as dit toi-même, la procédure a duré plus d'un an et je sais que ce n'est pas un hasard. » elle arqua un sourcil, un peu surprise par la fin de sa phrase, comment pouvait-il savoir ceci puisqu’elle n’avait jamais avoué être la raison de cette attente « Est-ce que tu crois vraiment qu'on n'a plus aucune chance tous les deux ? Je ferai n'importe quoi pour te prouver que tu peux encore me faire confiance tu sais... n'importe quoi. Si on n'est pas encore divorcés aujourd'hui, s'il t'a fallu tout ce temps... c'est qu'il y a encore un espoir... » elle baissa les yeux un instant, réalisant que cette attente avait nourri l’espoir qu’il chérissait tant. A contre cœur, elle secoua la tête posant ses yeux vers celui qu’elle avait tant aimé « Il n’y a pas d’espoir, je suis tellement désolée » elle essuya la larme qui coulait de long de sa joue avant de relever son regard vers le sien « Un mariage ne marche pas sans confiance, on se détruirait et c’est Luca qui en souffrait le plus… » le petit garçon était ce qui comptait le plus pour elle désormais, le bonheur de ce petit homme était sa priorité « C’est lui le plus important maintenant… je sais qu’au fond de toi, tu es d’accord avec ça » avoua-t-elle. La seule chose dont elle ne doutait pas était le lien qui unissait son mari et son fils, tout comme elle il aurait fait l’impossible pour ce petit garçon. Liviana détourna le regard en sentant les battements de son cœur se faire plus intense, perdue dans ses pensées, elle sursauta presque en entendant la porte s’ouvrir « Vous pouvez entrer » elle échangea un long regard avec Samuel avant d’entrer dans la pièce qui était plus petite que ce qu’elle avait imaginait puis fit le tour de la table avant de s’installer à coté de Milena « Vos avocats m’ont exposés les faits, d’après eux vous êtes tous les deux d’accords sur la répartition des biens et sur l’avenir de Luca Beauregard, c’est exact ? » elle hocha la tête sentant son estomac se tordre au fil des minutes « Puisque c’est ainsi, il ne vous reste qu’à signer les documents que j’ai remis à vos avocats… et vous pourrez écrire un nouveau chapitre de votre vie » Liviana échangea un regard avec Milena qui faisait tout son possible pour rassurer la jeune femme. Malgré le tremblement qui venait de prendre possession de sa vie, elle attrapa le stylo et imposa sa signature sur les différents documents qui se trouvait devant elle, pour la dernière fois de sa vie elle venait de signer Liviana Beauregard.  

Liviana sembla surprise à l'évocation du temps qu'avait pris la procédure de divorce et qui n'était clairement pas un hasard. Pourtant, si Samuel savait qu'elle était la cause de ce retard, c'était bel et bien grâce à Milena. En effet, l'avocate de l'italienne lui avait rendu une petite visite à l'improviste quelques temps auparavant, et elle lui avait fait des confidences que Liviana elle-même n'avait jamais abordé avec lui. Mais, sans trop savoir pourquoi, le comptable préféra taire ce moment et cette discussion qu'il avait eue avec Milena. De toute évidence, les confidences qu'il lui avait fait à son tour n'avaient rien changé à la situation puisque malgré ses tentatives, son épouse semblait résolue à mettre un terme à ce mariage. Il avait pourtant voulu y croire, jusqu'au bout, mais Liviana brisa ses espoirs avec quelques mots seulement. Samuel n'avait pas su retrouver sa confiance et c'était aujourd'hui ce qui allait lui couter son bonheur. Ce bonheur qu'ils auraient pu partager en famille, avec ce fils qu'ils avaient paradoxalement réussi à avoir un peu trop tard. Samuel aurait voulu que l'arrivée de Luca puisse les souder de nouveau, les unir autour de ce petit être qui comptait plus que tout au monde pour eux... mais même si l'italienne partageait cet avis, elle ne pouvait se résoudre à laisser une seconde chance à son mari.

Alors que Samuel observait la jeune femme d'un air impuissant, incapable de la rassurer et incapable de lui prouver qu'elle pouvait encore croire en lui, la porte de la pièce voisine s'ouvrit en annonçant du même coup le moment tant redouté. Après avoir échangé un regard lourd de sens avec Liviana, le comptable pénétra dans la pièce et s'installa à l'endroit qu'on lui indiquait aux côtés de son avocat. La suite lui sembla totalement floue tant son esprit était ailleurs, tourné vers tout ce qu'il était en train de perdre à commencer par l'amour de sa vie. Se contentant de hocher la tête en silence lorsque l'on s'adressait à lui, Samuel ne sortit de cet état second qu'au moment où on lui tendit un stylo. Et aussitôt, son regard se posa sur la main tremblante de Liviana qui signait la première le morceau de papier qui scellerait leur séparation. Sam aurait voulu pouvoir capter son regard, pouvoir tenter une dernière fois de la dissuader ou au moins de la calmer mais la jeune femme resta concentrée sur sa signature, le forçant à faire de même lorsque son tour arriva. D'un geste mal assuré, et alors que ses yeux rougissaient, le jeune homme s'exécuta lui aussi en griffonnant sa signature aux côtés de celle de Liv, officialisant bien malgré lui ce divorce qui avait nourri tous ses cauchemars.

Samuel aurait été bien incapable de dire combien de temps tout cela avait duré, et il se sentait comme déconnecté de la réalité. Son cœur battait encore à tout rompre et le bruit qu'il produisait semblait retentir jusque dans les oreilles du jeune homme qui, désorienté, rallia le couloir en suivant le mouvement imprimé par les autres protagonistes de ce triste spectacle. Sans même réellement s'en rendre compte, Samuel voyait les gens graviter autour de lui mais il semblait incapable de se mêler à ces mouvements. Puis soudain, il aperçut Liviana s'éloigner en compagnie de Milena et cette vision provoqua comme un déclic qui le ramena brusquement sur Terre. « Liviana ! » s'écria-t-il en s'élançant vers les deux femmes sans se soucier de son propre avocat qu'il laissait seul planté au beau milieu du couloir. Et une fois arrivé à hauteur de son but, Sam lança un regard sans équivoque en direction de Milena, la sommant en silence de le laisser seul avec celle qui n'était désormais "plus que" la mère de son fils. Et après avoir obtenu gain de cause, le jeune homme reposa son regard dans celui de Liviana en soufflant : « Liv... » d'une voix bien plus faible qu'il ne l'aurait voulu. « Je... c'est sûrement stupide mais... je voulais juste te rappeler que... je serai toujours là. Quoi qu'il arrive, même si on n'est plus... » Sam marque un bref temps d'arrêt, souligna malgré lui la douleur que ce discours provoquait. « Même si on n'est plus mariés. Je serai toujours là pour Luca, mais aussi pour toi. Il faut que tu le saches. » Nouveau temps d'arrêt, durant lequel Samuel sembla lutter intérieurement contre des mots qui lui brûlaient les lèvres et qui, même si les circonstances étaient certainement mal choisies, finirent par franchir la barrière de les lèvres : « Je t'aimerai toujours. »

Liviana parcourut les nombreux paragraphes du contrat d’une traite sans relever le regard une seule fois, elle savait que si elle croisait le regard de Samuel ne serait-ce qu’une fois, elle changerait d’avis. Une fois sa lecture terminée, elle signa la main tremblante avant de reposer le stylo devant elle, sous la table elle senti la main de Milena serrer la sienne, un geste simple qui lui apporta tout le réconfort dont elle avait besoin. Les minutes passèrent laissant un silence pesant remplir la salle jusqu’à ce que la juge le brise en remerciant les deux parties avant de sortir de la pièce la première. Sans attendre son avocate, Liviana quitta la pièce l’estomac noué, elle marcha droit jusqu’à la sortie du tribunal avant d’être arrêté à mi-chemin par Milena qui la serra dans ses bras pendant plusieurs secondes « Merci, pour tout… » murmura-t-elle en se détachant lentement. Elle échangea un dernier regard avec son amie, elle avait besoin de rentrer chez elle, de s’allonger dans un bain bien chaud et d’oublier cette journée cauchemardesque. Liviana attrapa son téléphone dans le fond de son sac à main, elle tapa un message rapide pour son meilleur ami lorsqu’elle entendit la voix de Samuel derrière elle « Liv… » . Le cœur serrer, elle se tourna vers lui « Je... c'est sûrement stupide mais... je voulais juste te rappeler que... je serai toujours là. Quoi qu'il arrive, même si on n'est plus... » incapable de lui dire quoi que ce soit, elle hocha la tête les larmes au bord des yeux « Même si on n'est plus mariés. Je serai toujours là pour Luca, mais aussi pour toi. Il faut que tu le saches. » « Je sais… » avoua t’elle d’une voix faible. Pendant, un moment, elle ne bougea pas, se contentant de le regarder avec tendresse et nostalgie « Je t’aimerais toujours » ce fut comme si, son cœur sortait de sa poitrine, comme si on lui avait arraché sans prévenir. Le souffle coupé, elle se nicha sans prévenir dans ses bras, le serrant contre elle pendant une fraction de seconde ou elle eut l’impression d’être seule au monde avec lui « Moi aussi » elle n’avait pas prononcé ces mots depuis leur séparation par peur de lui donner de l’espoir mais les choses étaient différentes aujourd’hui, il devait savoir que son amour n’avait pas changé. Lentement, elle se détacha passant une main dans les cheveux de son ex-mari « Prend soin de toi Sam… » il le devait, pour leur petit garçon. Et après un dernier regard, elle quitta le tribunal.