"Centrale. Intervention terminée. On rentre." Mickey reposa la radio d'un main et tenait le volant de l'autre, pas mécontent d'avoir fait son travail et de pouvoir retourner à la caserne. J'ai cru qu'on ne se débarrasserait jamais de l'autre ivrogne... Euh, enfin je parle de l'autre type hein! Le gars pour qui on est venu. Je ne parlais pas de toi, mec! Euh... Pardon c'était pas ce que je voulais dire... Le binôme du jour était assez sympa mais quelque peu tendu par rapport à Mickey qui ne réagissait même plus. Depuis son retour, un tas de personne faisait ce genre de gaffe. A dire vrai, ça lui passait au dessus de la tête alors que les gens en faisaient des montagnes. Lui-même, ça pouvait lui arriver de dire quelque chose qu'il ne fallait pas, comme la fois où il avait dit "alors ça roule?" à une de ses amies en fauteuil roulant... "T'inquiètes, y a pas de malaise. J'avais compris dès le départ." Ils s'étaient déplacés pour un type complètement bourré qui s'était cassé la figure en essayant d'escalader la façade d'un immeuble. Apparemment, il était convaincu d'être Spider-man ou alors voulait passer le casting pour le rôle, le type était tellement saoul qu'il ne parlait pas très clairement. L'odeur de la gnôle avait d'ailleurs envahi le véhicule ce qui avait mit Mickey quelque peu mal-à-l'aise, heureusement l'odeur du vomis masquer un peu tout ça. Enfin, heureusement, c'était peut-être vite dit. Les fenêtres ouvertes, Mickey se concentrait sur la route en essayant d'oublier le parfum d'alcool qui embaumait la victime et qu'il avait respiré pendant vingt longues et douloureuses minutes. Son calvaire n'allait plus tarder à prendre fin, ils arrivaient enfin à la caserne. "Faut que j'aille d'urgence aux toilettes mon pote..." À peine le temps de finir son créneau que Mickey entendu la porte du véhicule claquer et qu'il voyait son binôme partir en courant dans son rétroviseur. Il eut un petit sourire moqueur, persuadé qu'il partait vomir. Il avoué volontiers que les différentes odeurs qui s'étaient accumulées ne formaient pas forcément le meilleur des mélanges. Son sourire disparu en comprenant qu'il devrait commencer seul le ménage. Il sortit la civière, les trousses et tout attrapa au plus vite tout ce qui étaient transportable avant de passer le jet d'eau. Hors de question de mettre ses mains dans le vomi. Ensuite, il passa la raclette avant de passer la serpillière, de nouveau la raclette et continua son petit ménage. Il devenait évident qu'il aller tout faire tout seul, se persuadant que se serait à charge de revanche et que la prochaine fois qu'il serait avec Vomito, il n'aurait pas à faire le ménage. "Je vais t'aider Mickey!" "Trop tard Vomito, mais à charge de revanche!" Tiens. Vomito. Il y en a un qui vient d'hériter d'un nouveau surnom. Dans l'intimité en tout cas. Mickey lui sourit, histoire de lui faire comprendre qu'il plaisantait et qu'il ne lui en voulait pas. "Ta veste est là-bas!" "Ah nan, c'est pas à moi. Bon j'y vais, à charge de revanche promis!" Mickey fronça les yeux devant la veste qu'il avait trouvé dans le véhicule. Ce n'était clairement pas la sienne, ni celle de son binôme. Il l'attrapa et commença à fouiller les poches, à la recherche d'indices. Un paquet de cartes et des chewing-gums dans la poche gauche, ça n'aider en rien... Et dans la poche droite, il en sortit un flasque. À en juger par le poids et le bruit, elle contenait un liquide. C'était sûrement la veste de l'accidenté et à en juger par son état, peu de chance pour que la flasque soit plein de sirop de menthe. Comme un enfant ayant peur d'être pris en train de faire une bêtise, Mickey enfouit à nouveau la flasque dans la poche de la veste à une vitesse fulgurante et serra la veste contre lui avant de s'assurer que personne ne le regardait. Il secoua la tête. Il ne savait pas trop pourquoi mais pendant un instant, il avait eu peur qu'on le voie avec la flasque à la main. Il ne savait pas trop sur quel pied danser avec ses collègues. Est-ce qu'on penserait de lui immédiatement que ça pourrait être la sienne? Qu'il avait replongé? Il savait que son passé ne jouait pas en sa faveur. Ses mains tremblaient légèrement sous l'effet du stress et de l'adrénaline... Il secoua énergiquement la tête, histoire de reprendre ses esprits. Ses mains tremblaient toujours. Pas de stress. Pas d'adrénaline. De manque. Mickey serra les dents. L'idée d'ouvrir la flasque était là. Vérifier son contenu. Éventuellement y goûter... "Putain!" D'un pas rapide, Mickey se précipita vers la poubelle, prêt à jeter la veste mais il resta immobile. Il reprit la marche et se dirigea vers la sortie. Puis il retourna à nouveau à la poubelle. Et ainsi de suite. Tiraillé, partagé, voilà bien longtemps qu'il n'avait pas était tenté ni même pensé à la boisson. En fait, cela faisait des mois qu'il n'avait pas était si près physiquement de l'alcool. La veste toujours serrée contre lui, il n'arrivait plus à réfléchir. Il se remit à marcher, poussé par ses propres jambes incapable de lutter, sans savoir où il allait. Un autre véhicule arriva à son tour et les gars en sortirent assez rapidement, n'y laissant que le conducteur faire son créneau et sortir en décalé. "Hey, salut Kane!" Mickey s'agrippait à la veste comme si ça vie en dépendait, pourtant, une partie de lui luttait quand même. "Ton intervention s'est bien passé?" Il ne voulait pas avoir l'air de fuir ou avoir l'air coupable alors il préférait faire un brin de causette à son ami. Bien évidemment, il ne se prenait pas la tête parce qu'il savait que de ne pas encore avoir jeté la flasque était une énorme connerie.
Les beaux jours sont là et ça veut dire tenir sous la chaleur avec notre gros équipement de pompier. C’est la partie la plus compliqué du boulot je dois l’avouer. Il faut toujours que je me concentre à fond sur l’intervention pour oublier combien j’ai chaud sous toutes ces couches. Au début j’étais tellement stressé que la chaleur était une gêne secondaire. Mais maintenant que ça fait un an que je suis dans les rangs, je commence à me faire au boulot et toutes les émotions qui vont avec. Et j’ai peur de pas tenir l’été avec tout cet attirail. Je regrette mes années en tant qu’ambulancier dans ces cas là. On était beaucoup moins couvert. Un polo manches courtes en été et le tour était joué.
A peine on entre dans le camion pour retourner à la caserne, que j’enlève ma grosse veste. J’ouvre la fenêtre pour me faire de l’air dès que le véhicule est en route. Ca fait du bien. Je regarde le paysage défiler et je pars un peu dans mes pensées. Tous les collègues sont silencieux, ça laisse du temps pour méditer. Je crois que tout le monde est fatigué et cette intervention était assez compliqué. Je regarde l’heure sur ma montre, je pense que ce sera la dernière intervention de cette garde.
De retour à la caserne, je sors du camion et j’enlève mon gros pantalon directement une fois sur le sol. Me voilà plus léger. Plus agréable. Mickey arrive vers moi et il tient une veste contre lui, il a l’air un peu bizarre. Ca m’inquiète un petit peu.
« Hey. »
On s’est déjà croisé un peu plus tôt aujourd’hui mais c’est pas grave. Ca montre juste qu’un truc cloche. Je penche un peu la tête quand il demande si l’intervention s’est bien passé. Il a vraiment l’air d’avoir un truc qui le préoccupe.
« Ouais, compliqué mais ça s’est bien terminé. C’est le plus important. »
Je vais poser mon équipement à sa place, Mickey me suit et je vois qu’il a envie de me dire un truc. Il a peut être envie que je devine ce qui se passe, parce qu’il n’est pas direct à ce sujet. Il tourne autour du pot avec sa question bateau sur mon intervention. Je l’observe et je reprends la parole.
« Ca va Mick ? T’as pas l’air dans ton assiette… »
Je penche un peu la tête pour le regarder. Essayant d’analyser la situation. Y’a un truc qui tourne pas rond et ce qu’il a dans les mains n’est pas très naturel. Il a l’air d’y tenir bien trop fort pour son propre bien. Une valeur sentimentale ? Je ne sais pas. Je ne connais pas toutes ses fringues par coeur. Ca pourrait être une nouvelle veste qu’il vient de s’offrir.
« Viens… »
Je l’entraine avec moi dans un coin où y’a pas de collègues. On était au milieu du passage. On a eu quelques regards mais rien d’anormal. On est juste deux mecs en train de parler. Deux amis. En tout cas maintenant on est tranquille, Mickey peut parler librement. Il tient toujours aussi fermement cette veste contre lui. Ca a l’air de lui tenir à coeur et j’ai envie d’en avoir le coeur nette.
« C’est quoi ce truc que tu tiens ? »
J’indique de la main le vêtement. Je voudrais voir ça de plus près. Ca sera peut être un indice sur la situation. Clairement il se passe un truc. Mickey n’a pas l’air dans son assiette, je le remarque bien. Il a changé depuis quelques années. Pas toujours en bien, mais récemment il est sur la bonne voie et je fais tout ce que je peux pour l’aider.
Lutter contre son alcoolisme n'était pas toujours chose facile, mais, il savait qu'au travail, il pouvait être serein parce qu'il ne risquait pas d'être tenté. Enfin... Jusqu'à aujourd'hui où il avait cette satanée flasque dans les mains, dissimulée dans cette foutue veste à laquelle il se cramponnait. Son premier réflexe avait été de chercher Wayne des yeux avant de se souvenir qu'il ne travaillait pas de la journée, il était de repos. Apercevoir Kane le rassurait pourtant, il n'arriva pas à formuler la situation, incapable de parler de ce qui se passait, tiraillé par l'envie d'aller se planquer pour vider la flasque au fond de son gosier et celle de hurler à l'aide. Nul doute que Mickey était face à un vilain dilemme, Kane remarqua instantanément que quelque chose ne tournait pas rond. "Ca va, ça va... C'est le boulot qui me colle cette tête, tu sais ce que c'est!" Il n'aimait pas mentir, encore moins à ses collègues surtout quand il s'agissait d'un ami par dessus le marché. Les deux-là se connaissaient depuis bien des années, Mickey avait vu Kane gravir tout les échelons, il s'amusait à dire qu'il l'avait vu grandir. Quand on se connaît depuis aussi longtemps, c'est encore plus difficile de dissimuler quoi que se soit à l'autre. Kane ne mit pas longtemps avant de le traîner un peu plus loin, loin des regards indiscrets. Mickey ne savait pas trop s'il avait compris qu'il avait de l'alcool en ça possession. Aujourd'hui pire qu'habituellement, il avait l'impression que le mot ivrogne était écrit au marqueur sur son front. Quand il avait la conscience qui travaillait, il devenait complètement paranoïaque. Aucun risque qu'il tourne mal et fasse des choses illégales, il n'avait pas les épaules pour supporter sa mauvaise conscience, il était trop honnête. Quand on se connaît depuis aussi longtemps, c'est encore plus difficile de dissimuler quoi que se soit à l'autre. Mainte fois en chemin Kane jeta un coup d’œil à Mickey et mainte fois, il fut enclin de dire à son ami, mais il n'en fit rien se contentant de le suivre en se laissant lentement ronger par la honte et l'envie de boire. Une fois seul, son ami lui volte face et l'interrogea sur la veste ce qui eut pour effet de raidir encore plus Mickey qui s'y cramponna plus que de raison, éveillant démesurément les soupçons. "C'est... C'est ma nouvelle veste... Un type a un peu vomi dessus, faut que j'aille la laver." Il se rendait bien compte qu'il n'était guère convaincant, ça le gênait beaucoup. Étrangement, malgré la haute estime et toute la confiance qu'il avait en son ami, il ne parvenait pas cracher le morceau. Le pire, c'était qu'il avait cette étrange impression que son aversion pour l'alcool était plus élevée que l'envie de boire elle-même. Il était sobre depuis sept mois, ça lui avait demandé beaucoup d'efforts, sûrement trop vu qu'il n'avait plus la force de se battre aujourd'hui. "Je crois que je vais craquer Kane..." Sa voix était vacillante, presque fragile. "Je suis vraiment un gros nul!" Ses mains commençaient à trembler. La fatigue, le stress, l'excitation de boire, mais aussi le dégoût de lui-même et toutes ses émotions et idées contradictoire qui lui passaient dans la tête. Il ne se sentait plus à la hauteur, que se soit de travail ou dans sa vie, en quelques minutes, il s'était retrouvé au trente-sixième dessous, il se noyait intérieurement et n'arrivait pas à remonter à la surface. "Il est temps que je démissionne." De toute façon, s'il buvait la flasque, il serait mis à la porte dès que ça viendrait à se savoir et ça ne pouvait que se voir, car au vu la quantité et la force de la boisson, il finirait forcément complètement saoul. À une certaine époque, il était tellement imbibé du matin au soir que son organisme aurait pu gérer, mais, après sept mois d'abstinence, il risquait même d'être ivre à la troisième gorgée.
Je ne suis pas convaincu par les « ça va » de mon ami. Je sais qu’il a des soucis, comme tout le monde, mais genre quand même il est au level au dessus avec son alcoolisme passé. C’est vraiment pas rien comme histoire ça et ça mérite tout le soutient possible. Surtout quand les gens y mettent du leur pour s’en sortir. Ce qui est le cas de Mickey. Je le soutiens vraiment de tout mon être et là il a vraiment un truc qui va pas. Il ne peut pas me berner. C’est vrai que le boulot ça retourne en fonction de l’intervention qu’on a eu, mais là il est trop chelou avec sa veste collé à lui. Il dit que c’est sa veste, qu’on y a vomi dessus. Mouais. Ca pourrait être plausible s’il ne la gardait pas collé à lui. Quand on vient de vomir sur un truc on se le garde pas aussi proche de nous. Je suis peut être naïf mais pas complètement con quand même. Ca cache quelque chose cette histoire. C’est de plus en plus clair que c’est le cas alors je m’éloigne avec lui pour qu’il soit plus libre de ses paroles. Et ça ne manque pas, il avoue être sur le point de craquer. Je crois deviner qu’il parle de l’alcool, c’est forcément ce qu’il a en premier en tête en tant qu’alcoolique. En tout cas c’est ce à quoi je pense tout de suite. Mickey est en train de se monter la tête à dire ces mots là et je me rapproche de lui, je pose une main sur son avant bras, essayant de faire en sorte que ce contact soit rassurant.
« Hey Mick… Non dis pas ça. T’es loin d’être un gros nul. Tu tiens bon. »
Mais il ne l’entend pas de cette oreille là, il surenchéri en disant qu’il veut démissionner. Pour en arriver à cette conclusion c’est qu’il va vraiment mal. Je ne sais pas si c’est qu’une phase de déprime ou si c’est autre chose. Je ne sais rien du tout à part qu’on est revenu d’intervention et qu’il est en flippe depuis.
« Quoi ? Mais non ! Tu dis ça sur un coup de tête. C’est pas la solution. Mickey, regarde moi. Ca va aller. »
Je pose mes mains sur ses épaules et je le force à me regarder. Je vois qu’il tremble et je me dis que c’est vraiment du sérieux, je ne sais pas trop comment l’aider mais je veux le faire dans tous les cas.
« Quoi qu’il s’est passé, on peut le surmonter. C’est un mauvais moment, mais je te dis qu’on peut surmonter ça. Je peux t’aider. Et… Déjà… Si tu me disais un peu toute l’histoire… »
Ca pourrait m’éclairer, parce que pour l’instant je ne vois pas ce qu’il l’a fait se déclencher comme ça.
« On peut partir de la caserne si tu veux. On peut aller chez moi ou chez toi ou où tu veux. On pourrait même aller à l’hôpital ou à un meeting. Ca peut être une bonne idée ça, aller à un meeting. Tous les deux. »
Je ne compte pas le laisser tout seul alors qu’il est venu vers moi. Il doit vouloir de mon aide inconsciemment ou non et j’apprécie qu’il l’ait fait. J’aurai pas supporté le savoir mal tout seul. Ou pire, il aurait peut être vraiment démissionné si personne ne l’aurait mis sur la bonne voie.
« On a plus la tête à bosser de toute façon. Ta santé est plus importante. Le chef comprendrait. D’ailleurs on peut lui dire une connerie pour pas qu’il se doute de quoi que ce soit si tu veux. »
Je suis pour l’honnêteté mais j’ai pas envie que ça le bloque à partir d’ici pour aller mieux. Je pourrais toujours en parler au chef en toute confidence avant de filer. On est comme une famille ici, il comprendra mieux que quiconque, je m’en fais pas pour ça.
On pouvait dire qu'il revenait de loin après tout ce qu'il avait vécu. On pouvait même dire après tout ce qu'il avait bu. Il avait fait un énorme travail sur lui-même, des efforts constants malgré quelques rechutes pourtant, il ne voulait pas replonger, mais hélas, parfois la tentation était très forte. L'odeur de l'alcool tel un chant de sirène, les doux souvenirs de l'ivresse balayant les dommages des lendemains matins difficiles et du parcours chaotique qui s'en était suivit. Au milieu de tout ça, la volonté de résister. Il avait changeait, il avait fini par admettre son problème et avait réalisé ses erreurs comme celle de se taire et de ne pas demander de l'aide ou pire, refuser celle qu'on lui avait proposé. Kane était là, suspicieux, prêt à lui tendre la main. C'était quelqu'un de confiance et des plus gentils, Mickey le savait bien, mais couvert de honte, il ne savait pas comment aborder la chose. Son pote faisait son possible pour l'inciter à vider son sac et se montrait des plus bienveillant, au point de faire culpabiliser l'ancien alcoolique d'autant plus. Quand il lui attrapa le bras, il baissa les yeux, incapable de soutenir son regard quand il savait pertinemment qu'il était en train de lui mentir, qu'il tenait une flasque pleine d'alcool et qu'il tentait par tous les moyens de la cacher. Il se sentait minable. Kane insistait, il ne lâchait pas l'affaire, l'attrapant par les épaules comme pour l'obliger à lui faire face. Lorsqu'il plongea enfin ses yeux dans ceux de son pote, il eu presque envie de pleurer en voyant à quel point il semblait se faire du soucis et qu'il ne s'en estimait pas digne surtout quand le blondinet lui soufflait qu'ils pouvaient surmonter ça ensemble. "Je ne peux pas partir de la caserne... Du moins pas avec ça!" Il détourna à nouveau son regard pour fixer la veste, il serra les dents et secoua la tête nerveusement avant de trouver le courage de sortir la flasque de la poche et de laisser tomber la veste. Contre toute attente, cette révélation fut étrangement libératrice pour le jeune homme qui réalisa que l'envie de rester sobre reprenait du terrain, mais que l'envie de boire persister quand même. Rien n'était gagné, il n'y arriverait pas tout seul et il avait fini par l'admettre. Bien que gêné d'imposer ça à Kane, il avait cruellement besoin qu'on l'épaule à ce moment précis. "J'ai... J'ai trouvé ça dans l'ambulance, c'était au gars de notre intervention, on n'a pas fait gaffe quand on l'a déposé et je suis tombé dessus en arrivant.'" Il avait besoin de se justifier, même s'il avait ses torts et ses faiblesses, il s'accrochait tellement à l'idée de surmonter ça qu'il lui fallait dire à haute voix qu'il avait eu ça par hasard, qu'il ne l'avait pas vraiment cherché même si présentement, ses doigts étaient fortement resserrés contre la flasque comme il l'avait fait avec la veste, toujours incapable de s'en défaire. Il avait fait un premier pas, mais n'était pas prêt pour le grand saut. Ni du côté de la sobriété, ni du côté de l'ivresse. "C'est sympa de prétendre que je ne suis pas un gros nul, mais regarde moi, je n'arrive même pas à la lâcher alors que je sais que ça va encore me détruire..." Un part de lui, lui criait qu'il aller se faire virer si quelqu'un venait à débarquer et le voir avec ça à la main. Il y avait une partie de la brigade qui voulait son départ, qui n'attendait qu'un seul faux pas de sa part pour le foutre à la porte. Mickey était pompier depuis presque vingt ans, c'était toute sa vie. Il l'avait déjà perdu une fois, à la deuxième, il ne s'en relèverait pas. De sa main libre, il saisit le bras de Kane à son tour, le regard désespéré et suppliant, trouvant finalement le courage qu'il lui avait si souvent manqué."Aide-moi, je t'en supplie." Son autre main tenait toujours la flasque, tremblante pour tout un tas de raisons et fermement décidé à ne pas lâcher son précieux, devenue une entité à part entière, indépendante de tout contrôle de son cerveau.
"Je ne peux pas partir de la caserne... Du moins pas avec ça!" Je fronce les sourcils quand il dit ça. Mais de quoi il parle ? Je ne comprends rien. Il regarde cette veste qu’il tient fort contre lui et je comprends vraiment pas le lien. Il peut pas partir avec la veste ? Mais c’est qu’une veste. Qui doit être crade d’ailleurs d’après ce qu’il m’a dit. Je vois pas pourquoi c’est si important pour lui. Le visage toujours en questionnement, il commence à parler de la découverte de la veste. C’est donc pas à lui. Il m’a mentit mais je ne le prends pas pour moi. Surtout qu’il n’aura pas mis longtemps à me dire la vérité. Une poignée de minute. Je découvre enfin la vérité. C’est bien évidemment une histoire d’alcool. J’aurai dû y penser, mais comment j’aurai pu deviner alors qu’il était focalisé sur une veste ? Ca m’est pas venu à l’esprit. En tout cas ça prouve que y’a de l’alcool partout dans le monde qui nous entour. Ca doit être un combat permanent pour Mickey de lutter contre ses envies. Je le savais déjà mais comme je ne suis pas affecté, je m’en rends toujours plus compte quand y’a des situations comme celle là qui se produisent. En tout cas Mickey a l’air de tenir bien fort à cette flasque. Je n’essaie même pas de la lui prendre des mains parce que j’ai pas envie d’un rapport de force. Il a l’air d’y tenir comme à sa vie. Je sais que c’est pas bon, mais je suis pour la non violence. Déjà il réalise que ce n’est pas bien de se laisser tenter, c’est énorme. Il ne veut pas gâcher tous ces mois de sobriété et je le comprends. Même si ça doit être très dur pour lui en ce moment. Un dilemme. Il m’en fait part d’ailleurs. Il sait que ça va le détruire.
« Je suis sûr que tu vas réussir à la lâcher. Faut juste beaucoup de volonté. »
Je suis optimiste. « Aide-moi, je t'en supplie. » Je ne reste pas insensible à cette demande. Juste je ne sais pas comment m’y prendre. Je fais ce qui me semble juste.
« T’es sur la bonne voie Mickey. Tu l’as pas consommé. C’est déjà énorme. T’es venu chercher de l’aide. T’as fait ce qu’il fallait. »
Je pose une main sur son avant bras. Mes yeux allant de cette flasque à son visage régulièrement. Comme si c’était une bombe qui allait exploser, je fais très attention à ce petit objet. Je réfléchis, essayant d’être vif pour pas rester silencieux dans cette situation. Il faut sûrement agir plutôt qu’autre chose, mais je ne sais pas quoi faire.
« Faudrait que tu lâches cette flasque… Ca va te libérer. Je peux m’en charger… Je vais la vider, puis la jeter. On a pas besoin de ce truc dans les parages. »
Je me mordille la lèvre espérant que mon discours soit assez convaincant. J’ai l’impression d’être en plein intervention, sauf que j’ai pas de coéquipier pour m’aider à gérer. Faut que je gère tout seul. Mes années d’expérience d’ambulancier m’aident beaucoup à ce moment précis. Des prises de décisions rapide. Ma main descend jusqu’à la sienne doucement et je la pose sur la flasque.
« Lâche prise Mickey. Respire un bon coup et lâche prise. »
Je ne sais pas si c’est réellement le meilleur conseil mais c’est tout ce que j’ai en stock. Je n’ai jamais eu ce genre de situation avant. J’ai déjà eu des gens ivres à gérer, mais ce n’est pas du tout pareil là. C’est un alcoolique, pas un type qui n’est plus maître de ses actes à cause de l’alcool. Non il est même bel et bien conscient de tout ce qui se passe.
« Tu vas le regretter très fort si tu ne le fais pas Mick. Penses à tout ce chemin que t’as parcouru. Repartir de zéro serait dommage. Pas impossible, mais dommage. »
Je ne veux pas qu’il pense qu’il serait un moins que rien si jamais il cédait. Ma main est toujours bien posé sur la sienne, sur la flasque. Au moins je peux lui éviter de boire si jamais il prend cette décision. Je peux aussi le retenir si il veut s’enfuir. Mais il n’a pas l’air de vouloir bouger. Il est plutôt tétanisé.
« Mickey… »
Je le regarde dans les yeux, essayant de lui faire prendre conscience qu’il n’a pas trop le choix, qu’il doit laisser tomber cette flasque.
Dernière édition par Kane Williamson le Jeu 28 Déc 2017 - 23:23, édité 1 fois
Une main serrant le bras de Kane et l'autre serrant la flasque, Mickey affrontait ses démons, mais avait peut-être trouvé un ange gardien pour mener ce combat équitablement. Tout du moins essayer. Avoir réussi à se confier à Kane constitué déjà un premier pas encourageant néanmoins, il n'était pas au bout du tunnel pour autant. Ses deux mains étaient toutes deux aussi serrées l'une que l'autre. Autour de la flasque. Autour de Kane. Autour du Bien. Autour du Mal. "Je ne peux pas... Je ne veux pas..." Il entendait bien ce que son ami lui disait, qu'il l'encourageait à faire preuve de volonté, qu'il devait s'accrocher. Ils étaient face-à-face et pourtant Mickey se sentait seul, à des milliers de kilomètres de Kane, il n'y avait que leur contact physique qui lui permettait de garder les pieds sur terre, d'être convaincu que malgré tout ce qui se passait dans sa tête son ami était bel et bien à ses côtés. Le blondinet arrivait à trouver les mots, qui peu à peu s'insinuaient dans le crâne borné et en manque du jeune homme. Au centre et lors des réunions des AA, on lui avait souvent répété qu'à ce stade de son sevrage, les envies ne duraient pas éternellement, quelques minutes tout au plus. Les ennemis étaient le temps et la solitude, avec son collègue à ses côtés, il n'en avait plus qu'un à combattre. "Vide la, je t'en supplie..." Kane aussi lui avait saisit l'avant-bras, se proposant de se charger de la flasque. Doucement, Mickey relâcha la pression autour de la cause de son problème et préféra resserrer l'étreinte qui le reliait à son pote, qui continuait de l'encourager. Comme suggéré, il respira un bon coup et ferma les yeux, essayant de visualiser tout ce qu'il risquait de perdre s'il cédé à la vile tentation. Au fur et à mesure que ses doigts lâchaient l'acier, son corps tremblait de moins en moins alors qu'il se focalisait sur la voix réconfortante de Kane. Il ouvre finalement la main qui tient la flasque et rouvre les yeux simultanément. Le regard plongé dans celui de son pote, il a comme l'impression de recevoir une gifle comme s'il venait tout juste de réaliser la situation à l'instant sous l'effet d'une décharge électrique. "Fais ce qu'il faut Kane!" D'un geste, il colle la flasque dans la main de Kane, relâche son bras et pose une dernière fois sa main sur celle de son collègue, comme pour dire adieu à cet alcool qu'il se refuse de boire. Il fait brusquement un pas un pas en arrière, mais ses jambes se dérobent et tombe assis par terre. Instinctivement, il se replie sur lui-même, cramponné à ses genoux, le visage enfouit contre ses cuisses. Il entend des bruits de pas, mais se refuse à regarder ce qu'il se passe, espérant fortement que Kane se débarrasse du fléau qui l'empoissonne. "Merci mon pote, merci." Basculant lentement d'avant en arrière, il est parcouru d'un frisson et serre les dents... Il se sent quand même plus léger, libéré d'un poids néanmoins, l'envie n'est toujours pas parti. Désappointé et honteux, il commence à se dire qu'il ne sera jamais tranquille, que c'est une cause perdue et qu'il est irrécupérable. "Excuse-moi de t'entraîner dans mes conneries..." Il avait beau être reconnaissant, il réalisait que c'était tout de même un fardeau qu'il lui avait imposé par la même occasion, qu'il lui avait sans doute fait perdre un temps précieux et qu'il avait sûrement mieux à faire plutôt que de le ramasser à la petite cuillère simplement parce qu'il n'était pas capable de se gérer.
Il peut pas. Il veut pas. Il n’a pas l’air trop sûr. Il est dans un état second je dirai. Pas loin de la folie. C’est ça que l’addiction fait aux gens. Ils deviennent fous. La tentation, c’est le mal. Ca rend dingue. Vraiment. Je crois que je vais commencer à avoir une belle marque vu comme il serre mon bras, mais je ne fais pas de réflexion à ce propos. Je survivrai. Je souffrirai en silence. Je pense que Mick souffre bien plus que moi en ce moment précis. J’ai l’impression de ne pas avoir dit trop de conneries parce que ça marche. Doucement mais sûrement. Mickey cède et commence à se défaire de sa prise sur la flasque. Ce n’est pas encore gagné. Il ferme les yeux pour se donner du courage. C’est sûrement une bonne idée d’éviter de regarder l’objet de la convoitise. Je continue mon blabla du mieux que je peux et il lâche complètement la flasque. Elle serait tombé si je ne la tenais pas déjà. Bien. Une bonne chose de faite. Maintenant faut que je me débarrasse de ça au plus vite. Je n’attends pas une seconde de plus et me voilà déjà en direction des toilettes pour vider ça en tout tranquillité sans avoir à me justifier. L’air de rien je me déplace dans la caserne, la flasque dans ma main, collé à ma cuisse. Discret. Je me fais bloquer par un collègue qui commence à me parler.
« Attends je reviens. »
Et me voilà aux toilettes où je vide en vitesse la flasque. Je tire la chasse et je ressors. Mon collègue est encore là. Putain il a choisi son jour lui.
« Je reviens dans 10 min. »
Il va sûrement me trouver chiant mais là j’ai vraiment pas le temps. Je vais au pas de course à l’extérieur pour jeter la flasque dans le container. Je ne pense pas que Mickey aille là chercher là bas. Ou peut être que si ? Les alcooliques ça fait des trucs improbable pour la boisson. Mais bon là elle est vide, donc ça sert à rien. J’esquive mon collègue et je retourne voir Mickey qui est à présent replié sur lui même par terre. Je m’accroupis et je pose une main sur son avant bras. Il me remercie. Deux fois. Ca a dû être un sacré calvaire cette histoire.
« C’est rien Mick. »
Ouais c’était pas si rien que ça mais j’ai pas trouvé mieux à dire. C’est sorti tout seul. Naturellement. Il s’excuse et je fais « non » de la tête.
« T’as pas à t’excuser. T’as fait ce qu’il fallait. Je t’en veux pas. Sors toi ça de la tête. »
Je suis surtout très content qu’il soit venu me demander de l’aide. Il sait qu’il peut compter sur moi et j’ose espérer avoir été à la hauteur. On dirait que oui. Je décide de m’asseoir par terre moi aussi. A côté de lui. J’ai rompu le contact de ma main sur lui. Histoire de lui laisser un peu d’intimité s’il en a besoin. Je suis juste à côté, pas nécessaire de faire plus pour lui montrer que je suis là pour lui. D’ailleurs je compte rester aussi longtemps qu’il le souhaite. Je laisse un silence s’installer entre nous mais il n’est pas dérangeant. On est au niveau au dessus Mickey et moi. On se connait vraiment bien. Mais là on vient de passer une étape supplémentaire dans notre amitié. C’est la première fois qu’une situation pareille se produit. Ce sera peut être pas la dernière. Je brise le silence au bout d’un moment.
« T’as besoin de quelque chose ? Tu peux me demander ce que tu veux tu sais…»
Je pense que je n’avais pas besoin de préciser ça mais on sait jamais. Quelqu’un essaie d’ouvrir la porte mais je la bloque rapidement, restant assis par terre, je l’empêche d’être ouverte en grand.
« C’est occupé. Merci. »
« Kane je… »
« Pas maintenant. »
Et je ferme complètement la porte avant de m’adresser à Mickey.
« On reste ici tant que tu veux. »
Je ne veux pas lui mettre la pression si jamais il a encore besoin d’un moment. J’espère juste qu’il ne va pas y avoir d’intervention sous peu. Je serai dans un dilemme si jamais je dois quitter pour bosser. Je ne veux pas laisser mon ami tout seul dans la merde. Ou pire. Si c’est son équipe qui est appelé. Il n’est clairement pas en état.
Bien qu'il n'ait pas bu une goutte d'alcool, il n'en est pas plus satisfait que ça. Il en avait tellement envie et puis quelque part, un fragment de lui-même déplore d'être passé à côté de cette occasion. Petite et triste victoire. Sans l'intervention plus qu'opportune de Kane, Mickey serait sûrement en route vers un bar ou un supermarché pour faire le plein de spiritueux. Il se concentrait de toutes ses forces, se répétait que la tentation était écartée et qu'il n'y avait pas cédé malgré la puissance de l'envie. Ses tremblements s'arrêtaient peu à peu, son esprit s'éclaircissait au fur et à mesure, la crise semblait finir. "Je vais déjà un peu mieux..." Assis à ses côtés, Kane veillait sur lui comme le lait sur le feu, serviable et avenant. Alors que bon nombre de ses collègues lui avait tourné le dos, jamais ô grand jamais son pote ne l'avait laissé tomber. Aujourd'hui plus que jamais, il était heureux de savoir qu'il avait un ami tel que lui. "Je ne vois pas ce que je pourrais te demander de plus, tu viens déjà de me sauver alors je ne voudrais pas abuser." Quand quelqu'un essaya de rentrer, il le remballa aussi sec et garda la porte bien close. Il n'y avait pas à dire, c'était quelqu'un de formidable. "Merci de tout ce que tu fais pour moi... À la limite, est-ce tu peux me filer deux cent dollars?" Il lui sourit timidement, ne sachant pas vraiment si c'était le moment de plaisanter, mais c'était sa manière à lui de montrer qu'il reprenait du poil de la bête, connu pour son humour enfantin. Il se frotta le visage, comme pour accélérer sa récupération histoire de se remettre les idées en place. Ils étaient à la caserne après tout, du monde partout comme le prouver le fait que quelqu'un avait voulu rentrer dans la pièce, il ne fallait pas non plus qu'ils s'éternisent au risque d'éveiller les soupçons. "Je ne voudrais pas que t'aies des ennuis à cause de toute cette histoire. Si le chef te fait une réflexion, dis-lui que c'est ma faute!" S'il y a bien quelqu'un qui ne méritait pas d'avoir des problèmes, c'était bien Kane et s'il devait se prendre une remarque parce qu'il avait perdu du temps à aider Mickey, il se sentirait encore plus mal qu'au moment où il était tiraillé entre l'envie de boire et celle de rester sobre. "Je n'oublierais jamais ce que tu viens de faire pour moi. Je serais toujours là pour toi mon pote." Les yeux brillants d'admiration, il lui tendit la main à la fois pour le remercier et aussi pour sceller ses paroles, qu'il considérait comme une promesse.
Il va mieux, je suis content qu’il me le dise. Je l’observe et c’est vrai que y’a du mieux. Sans cette flasque c’est tout de suite plus tranquille. C’était comme un horcruxe ce truc. Mickey parle de l’avoir sauvé. Je ne pensais pas que c’était à ce point là. C’est vrai que la situation était très délicate, mais aller jusqu’à dire que je l’ai sauvé. Okay. Il est passé si proche que ça de craquer. Je le réalise maintenant suite à ses paroles. Je me dis que ça ne doit pas lui arriver souvent ce genre de situation, sinon il serait déjà de nouveau au point zéro. Ou alors il doit avoir la chance de toujours avoir quelqu’un dans le coin vers qui se tourner. Je ne sais pas les détails de sa vie quand on ne se voit pas. Je suis dans mes réflexions et il me sort de mes pensées quand il me remercie. Il me demande 200 dollars. J’hausse les sourcils. Puis je vois son sourire et je comprends que c’était une vanne. Ca me fait sourire aussi. J’appuie mon épaule contre la sienne un bref instant.
« Tout ce que tu veux mec. »
Enfin faut pas abuser non plus, mais ouais, je pourrais lui filer des gros service comme lui prêter du fric à Mickey. Il parle du chef et d’une éventuelle réflexion qu’on pourrait se faire prendre, mais je ne suis pas inquiet à ce sujet. Je sais que je pourrais être sincère avec le chef et que tout se passera bien. Peut être que je suis naïf mais j’en suis convaincu. Il me remercie une fois de plus, il est très reconnaissant. Je vais poser ma main sur son genoux. L’air de dire « c’est rien » mais je ne le dis pas, parce que ce n’était pas rien ce qui vient de se passer. Il me tend la main et je la lui serre. Je répète les mots qu’il vient de dire.
« Toujours là pour toi. »
Et on reste encore un moment assit par terre avant de tranquillement reprendre nos activités au sein de la caserne. Je reste aux côtés de Mickey jusqu’à la fin de la garde. Je le garde à l’oeil. On sait jamais.