Bientôt huit mois d'abstinence bien que ponctués de nombreuses tentations et qu'il avait plusieurs fois était sur le point de craquer, Mickey tenait était la bonne voix. Il faisait tout pour être une meilleure version de lui-même, quelqu'un dont il pouvait être fier, quelqu'un de bien qui était capable de racheter ses erreurs passées, arranger ses écarts et de réparer fautes. En huit mois, il avait eu un paquet de boulot pour tout ça néanmoins, la route de la rédemption était encore longue. Des conneries, il en avait fait à foison pendant presque deux ans et les plus grosses dataient de la fin, c'est peut-être un peu pour ça qu'il tardait à s'y affairer, histoire d'être certain qu'il avait les épaules pour encaisser. C'était bien beau de faire amende honorable et de demander pardon cependant, le pardon d'une part ça se mérite et d'autre part, c'est à l'autre de décider de l'accorder ou non. Il n'était pas vraiment évident de trouver le courage de présenter des excuses, ni même d'avoir l'audace de retourner voir ceux que l'on avait blessé d'une quelconque façon, certaine plus que d'autres pas toujours dans le même registre. Aujourd'hui, il s'était enfin décidé à aller voir Sam, son ex-petite amie. Ils étaient sortis ensemble quasiment un an il y a de ça approximativement neuf ans, une belle histoire qu'ils avaient stoppés par conflit d'emploi du temps. Elle, célèbre chanteuse aimant la scène et les tournées, lui le soldat du feu fidèle à sa caserne ne se voyant pas quitter son boulot pour la suivre aux quatre coins du monde sachant pertinemment qu'ils ne passeraient pas forcement du temps ensemble et qui ne se voyait pas non plus rester à la maison à l'attendre pendant de longs mois. Alors ils s'étaient quittés d'un commun accord, sans rancunes ni cris ou injures. Ils n'avaient peut-être pas réussir à faire vivre leur histoire, mais ils avaient réussi leur rupture, alors s'il allait la voir ce n'était pas à cause de ça. Plutôt qu'après sa rupture suivante, quand il avait commencé à picoler, il lui passait souvent des coups de téléphone complètement ivre. Souvent, il tombait sur son répondeur d'ailleurs fort heureusement. Ils se voyaient de temps à autre, boire quelques verres et parler du bon vieux temps qui, bien que lointain, n'avait pas entaché les souvenirs et permit à Sam de constater que quelque chose clochait chez Mickey sans que ce dernier ne l'admette sauf quand il rentra en cure de dés-intox. À sa sortie, elle avait débarqué plusieurs fois chez lui, malgré ses réticences à cause de toute l'indignité qui le submergeait néanmoins, sa présence lui faisait du bien, malheureusement pas assez pour qu'il ne replonge mais elle était encore là et il lui passait toujours des coups de téléphone dont, il devait avouer, n'avait que de vagues souvenirs et pourtant, l'intime conviction d'avoir souvent dit n'importe quoi. À sa deuxième sortie, Sam demeurait indéfectible, tout comme les journalistes avides de scoop qui avaient publiés quelques liens à leurs sujets, de petits paragraphes par-ci et par-là sur des sites de commérages. Inconsolable sans Sam depuis des années, incapable de la reconquérir : il sombre dans l'alcool. Elle n'était, en aucun cas, responsable de son état, mais la dernière partie était exacte sauf qu'il ne fût pas capable d'admettre sa condition. Le mélange de la colère et de la honte l'avait poussé à rejeter son amie. Sans compter l'obstination de cette dernière à veiller sur son ami. Alors il l'avait écarté à nouveau, puis chasser, même bousculer jusqu'à ce qu'elle lâche l'affaire tant elle s'était acharnée, mais pas avec autant de force que lui. Il excellait à rebuter celles et ceux qui voulaient son bien, qui voulaient l'aider. Il en éprouvait pas mal de remords, car en dépit de tout ça, elle avait énormément compté pour lui et compterait sans doute toujours. Le téléphone aurait été de mauvais goût alors il avait finalement trouvé la force d'aller au Triffid, sachant pertinemment que c'était là où il avait le plus de chance de la trouver, il ne restait plus qu'à savoir si elle voudrait bien le voir. "Bonjour, je cherche Sam. Est-ce qu'elle est dans le coin?" On le regarda surpris et quelque peu froidement. Je ne crois pas qu'elle est de rendez-vous de prévu aujourd'hui... C'était le genre de chose qu'il n'aimait déjà pas à l'époque, quand on est à la tête d'un empire on dispose de toute une troupe d'individu qui vous coupe quelque peu des autres et il avait eu souvent du mal à digérer de devoir prendre un rendez-vous avec sa petite amie en passant par quelqu'un d'autre. "Dites lui que Mickey est là. Croyez-moi, si vous me laisser repartir sans qu'elle m'ait vu, elle vous fera la peau!" Il préférait bluffer, de toute façon, il n'avait pas vraiment d'autre option. Ok, ok. Installer vous dans la pièce d'à côté. Soit elle vous y rejoindra, soit la sécurité viendra vous mettre dehors. Il esquissa un sourire malicieux, savourant sa petite victoire et histoire de cacher son anxiété. Ni les retrouvailles, ni faire la connaissance de la sécurité ne l'enchantait, mais bon, il était prêt à affronter soit l'un, soit l'autre.
Comme très souvent je suis au Triffid. J’aime l’ambiance des lieux, parfois même je viens pour bosser sur des trucs perso, juste pour être entre ces murs. Je m’y sens bien. Ce soir il n’y a pas d’évènements particulier, je suis au bar en train de discuter avec le chef barman, Matthew. Sean arrive vers nous.
« Sam, y’a un Mickey qui veut te voir. »
« Un Mickey ? Genre un homme un vrai ? Ou une mascotte de Disney ? »
« Un homme un vrai. Plutôt parfait d’ailleurs, je le déteste déjà. »
Ca me fait sourire. Ca doit être effectivement Mickey. Je suis quand même assez surprise de le savoir ici. Ca fait un moment qu’il m’a fait comprendre qu’il n’avait plus envie d’entendre parler de moi. J’ai pas mal insisté à l’époque, voulant l’aider mais il n’a pas su prendre les perches que je lui ai tendues. J’hoche la tête à Sean.
« J’arrive. »
Il me faut un petit temps d’adaptation. Est-ce qu’il est là pour se bourrer la gueule dans l’enceinte de mon établissement ou bien c’est tout autre chose ? J’ose espérer que c’est la deuxième option. J’ai quand même réussi à avoir de ses nouvelles par des connaissances communes et ce que j’ai entendu à son propos était plutôt très positif ces derniers mois. J’attends encore quelques instants et je vais vers l’entrée pour tomber effectivement sur Mickey. Le seul et l’unique.
« Hey… »
Je mets mes mains dans les poches de mon jeans. Peut être histoire de me retenir de le toucher. Je ne sais pas du tout où on se situe à présent dans l’échelle des relations humaines. Je réalise qu’on est peut être pas au meilleur endroit pour discuter dans l’entrée.
« Viens suis moi on sera mieux dans le jardin. »
Ce n’est pas plein et il est encore relativement tôt, il y a beaucoup d’espace. On passe devant le bar et bien qu’on serve des boissons sans alcool, je ne lui propose rien parce que rien que de demander si on veut boire quelque chose, ça sous entend alcool et je n’ai pas envie de ça. Dehors, dans le jardin, il fait bon, c’est l’été après tout. On se prend une table bien isolé et je m’installe. Je le regarde.
« T’as l’air d’aller bien. Ca fait plaisir de te voir comme ça. »
Toujours aussi beau gosse, mais je me prive bien de lui faire cette remarque. Je veux rester sérieuse, ça fait un moment qu’on s’est pas vu et la dernière fois ce n’était pas une partie de plaisir. Je me tiens les mains, posées sur la table. Une fois encore, je me retiens de créer le contact avec lui. Je n’ai pas envie de l’envahir, même si c’est dur. J’ai bon espoir de pouvoir lui offrir un hug avant qu’il s’en aille. Sa venue ici est une bonne chose, ça fait déjà moins intime que s’il était venu chez moi. Nous ne sommes pas seuls. Pas comme si j’avais peur qu’il m’agresse, mais un lieu neutre c’est pas mal pour reprendre contact. Pas obligé d’être très hospitalier, même si ici c’est un peu chez moi, c’est pas pareil. On est dans un lieu public.
« Quel bon vent t’amène ? »
Parce que je suis sûr qu’il a un truc à me dire, sinon il ne serait pas là. J’espère des excuses pour son comportement. Peut être le début de quelque chose de nouveau. Ca m’a fait plutôt beaucoup de mal de le savoir en mauvais point sans que je puisse rien faire. On a beau ne plus être ensemble depuis des années, on est resté proche malgré tout. Mickey compte beaucoup pour moi. Il a été quelqu’un d’important à une époque et je ne suis pas le genre à couper les ponts avec mes exs.
Le temps qui passe, l'attente, l'expectation, tout ça rendait Mickey complètement dingue. Il n'aimait pas ne pas être maître de la situation, ne pas pouvoir prévoir la tournure des événements. Lui et Sam avaient été très proches par le passé, proche à s'aimer, proche à rester amis, mais il avait tout envoyé balader quand il en avait pourtant eu tellement besoin. Il n'avait pas su gérer la pression à un certain moment de sa réhabilitation à une vie plus saine, préférant s'enfermer dans une bulle et rejeter tout le monde. Malgré la désolation, il avait laissé la situation se détériorer en ne trouvant pas le cran de s'excuser. Réellement, il n'attendu que cinq minutes alors qu'il eu le sentiment d'être resté des heures dans le flou, comme un accusé attendant sa sentence. Elle était resplendissante comme toujours, mais il ne se permit pas de lui dire, il préférait marcher sur des œufs. Il se ferait bien une petite idée en fonction de son attitude. Sam se contente d'un simple Hey, les mains au fond des poches, assez détachée, l'invitant à la suivre un peu plus loin. Il hocha la tête, sans dire un mot et l'accompagna. En chemin, passer devant le bar le gêna quelque peu, passant nerveusement sa main sur sa nuque, se forçant à détourner le regard pour ne pas être tenté, pour rester maître de lui-même avant qu'ils n'arrivent aux jardins du Triffid où ils n'étaient pas seuls. Ça le rassurait un peu, il n'y aurait sûrement pas de scène devant du monde mais ça voulait peut-être aussi dire qu'elle ne voulait pas se retrouver en tête-à-tête avec lui. Est-ce qu'elle en avait peur? Est-ce qu'il avait complètement détruit leur relation? Tant de questions qu'il se posait, mais qu'il poserait en tant voulu, de la manière la plus douce qui soit, si le contexte s'y prêtait. Une fois aussi, l'échange de banalité commence, pas vraiment comme d'habitude, ça semble assez neutre. Il analyse un peu tout, il se prend pas mal la tête comme par exemple, il se dit qu'elle précise que c'est dans cet état que ça lui fait plaisir de le voir, non pas que c'est de le voir qui lui fait plaisir... Il se prend la tête, peut-être à tort, peut-être à raison, il n'en sait trop rien. "Je voulais te voir histoire de prendre de tes nouvelles... Ça fait un bail." Un an s'était passé. Un an. C'est long, très long même et de nombreuses choses peuvent se produire en ce laps de temps. On dit que le temps adouci les cœurs, mais il peut aussi attiser les rancœurs. Bien sûr, lui se tenait au courant de la vie de la demoiselle via les réseaux sociaux, mais s'était bien gardé de donner de ses nouvelles. Les réseaux sociaux, c'étaient un peu leurs fautes s'ils avaient coupé les ponts pourtant, c'était son petit plaisir coupable de temps à autre, il lui fallait s'assurer qu'elle aille bien. "Je suis content que t'aies accepté de me voir. J'avais peur que tu refuses." Fallait avouer que leur dernière altercation, il n'en avait que des brides de souvenirs. Ce dont il se souvenait n'était pas glorieux et espérait qu'il n'avait rien dit ou fait de pire. "J'ai vraiment agi comme un connard et je m'en veux terriblement, je suis là pour te demander pardon... Et aussi de m'excuser que ça m'ai pris autant de temps." Il était sorti de sa deuxième cure en février et était définitivement sobre depuis le mois de mai néanmoins, il n'avait toujours pas repris contact avec Sam depuis leur altercation qui remontait au mois de novembre...
Il dit qu’il veut prendre de mes nouvelles. J’hausse les sourcils en le regardant. Sceptique. Je suis assez surprise par cette formulation. C’est pas comme si c’était lui qui m’avait envoyé baladé maintes et maintes fois. Je suis sûr qu’il est là pour autre chose mais qu’il n’ose pas encore m’en faire part. Je suis calé dans ma chaise, bien contre le dossier, les bras croisés.
« Un bail, le mot est faible. »
La dernière fois qu’on s’est vu ça remonte à un an. Je ne vais pas lui rendre la tâche facile, parce que je suis gentille mais faut pas se foutre de ma gueule quand même. Venir comme une fleur comme ça après tout ce temps. Ok il a des circonstances atténuantes, je le sais, je sens d’ailleurs que je ne vais pas réussir à être trop froide bien longtemps. Je suis réellement contente de le voir si bien en face de moi. Il dit être content que je le laisse me voir, me parler. Je prends le temps pour lui répondre. Je ne veux pas dire de conneries.
« C’est un peu un miracle ce qui est en train de se produire alors je vais pas laisser filer cette chance. »
Je ne sais pas s’il est au courant que je me suis renseigné sur lui pendant tout ce temps. Mais ouais, je tiens à lui et donc je ne m’imaginais pas ne pas le voir alors qu’il le demande. Je suis du genre à donner des secondes chances aux gens quand ils le mérite et Mickey le mérite réellement. Il crache enfin le morceau en me demandant pardon pour tout. Le temps. Les actes. Je le regarde et je me déride légèrement.
« T’as l’air d’avoir ta vie en mains maintenant et je suis réellement fière de toi. »
Ca n’a pas dû être une mince affaire. Visiblement il a pas eu besoin de moi pour le faire. Peut importe en vérité. L’important c’est qu’il s’en soit sorti.
« Si t’éloigner de moi c’est ce qu’il te fallait… Je t’en veux pas. Surtout que t’es de retour. »
Je me rapproche de la table et je vais poser mes mains sur ses avants bras. J’avais envie de contact depuis la seconde où je l’ai vu dans l’entrée.
« Promets moi de plus me couper de ta vie comme ça. Je l’ai très mal vécu. Je tiens trop à toi Mickey. »
Je suis sincère dans mes paroles. Il est trop important pour moi, même si on n’est plus en couple, il est un très grand ami. Il a une place particulière dans mon coeur.
« Du coup… T’as repris le boulot j’ai appris. Ca doit te faire un bien fou non ? »
Je sais à quel point il aimait son job. Ca a l’air d’être toujours le cas. Je me dis que je devrais lui offrir un truc à boire parce qu’on va peut être rester un moment à discuter maintenant que la glace est brisée.
« Tu veux un truc ? Un coca ? Une limonade ? Un cocktail sans alcool ? »
J’ai l’impression d’être un peu maladroite de proposer ça comme ça, mais je me dis en même temps que ça fait parti de la vie maintenant. Je sais qu’il a ce soucis avec l’alcool, c’est un secret pour personne, pas même pour les gens qui suivent mon actualité sur internet.
Le cadre est tout aussi bucolique qu’idyllique et pourtant, Mickey à cette curieuse impression d'être au tribunal. Bien évidemment, Sam est le juge et lui, l'accusé en plein procès. Il se sent coupable et sait que ça doit se lire sur son visage tandis que celui de la demoiselle est fermé, presque neutre, incapable d'y déceler son degré de rancune ou d'intérêt. Ses bras croisés lui donnent une impression plus sévère qu'à l'habitude, le pauvre jeune homme se demandant à quelle sauce il va se faire manger. Dès la première phrase, elle lui renvoie sa tirade à la figure en reprenant ses propres termes tel un retour de service au tennis. Il ne l'a pas volé alors il encaisse, soulagé quand même estimant qu'il aurait mérité pire. Il continue, mais elle aussi, rebondissant encore une fois sur ses dires, de manière sarcastique comme elle sait si bien le faire. Elle a toujours été douée avec les mots. Très douée. Trop douée. Alors qu'il commence à se dire qu'il est mal barré, elle le surprend en le disant qu'elle est fière de voir qu'il a l'air beaucoup mieux. Vu l'état dans lequel il était la dernière fois qu'ils se sont vus, ce n'était pas bien compliqué, il ne lui manquait que la motivation d'entreprendre tout ce chemin. Au fond de lui, il savait qu'elle était capable de comprendre, mais il se jugeait tellement sévèrement et ne considérait pas mériter le pardon qu'il avait fini par se persuader qu'il l'avait perdu à jamais. "J'ai été très égoïste, je pensais que j'y arriverais mieux tout seul... Je n'aurais jamais dû te chasser de la sorte!" Parce que oui, il regrettait énormément surtout avec leurs vécus et leurs degrés d'amitié. "Je tenais à te remercier malgré tout. Te remercier de m'avoir aidé, d'avoir voulu m'aider et de t'être acharnée." Faut dire qu'elle avait sacrément insisté avant de lâcher l'affaire, elle avait un sacré mérite Sam, c'était une amie en or et il avait été bien con de vouloir s'en séparer. "Moi aussi, je tiens beaucoup avec toi. Je ferais tout ce qu'il faut pour rattraper mes conneries, tu sais. C'est tellement vide sans toi dans le décor." Même s'ils ne se voyaient pas forcement tous les jours, ils étaient très actifs l'un et l'autre sur les réseaux sociaux et par textos fut un temps. Il avait bon espoir de recommencer prochainement. Visiblement, malgré ça, elle semblait être au courant de quelques trucs, comme le fait qu'il ait repris le travail. Il sourit timidement, se disant qu'elle s'était tenu informée donc qu'elle ne lui en voulait peut-être pas autant qu'il l'aurait cru encore ce matin. Il n'en oubliait pas pour autant qu'elle l'avait peut-être apprit par hasard, ils avaient pas mal d'amis communs. "J'ai repris il y a trois mois et j'ai l'impression de revivre. Tu sais bien ce que c'est, quand on ne vit presque que pour sa profession." Il lui adressa un clin d’œil, sachant pertinent qu'elle aussi était une accro du boulot. Il était un peu plus détendu alors qu'ils commençaient à papoter, jusqu'à ce qu'elle lui propose de boire quelque chose... À la simple entente du mot alcool, même précédé du mot "sans", il eu une petite sueur froide et une sensation de picotement au travers de tout le corps. Il n'en avait pas envie, mais resté assez sensible sur le sujet. Il se frotta la nuque, comme chaque fois qu'il était nerveux et secoua la tête. "Je veux bien un café s'il te plait." Il en avait presque oublié où il était pour le coup. Il profita du fait qu'elle fasse signe à quelqu'un pour commander pour jeter un œil autour de lui. Il se souvenait des lieux, il y a fort longtemps, avant que Sam ne rachète tout. Elle en avait fait quelque chose de majestueux et avait entendu dire que ça marchait plutôt bien. "Cet endroit est vraiment magnifique. C'est extraordinaire, t'as vraiment donné un second souffle à tout ça !" Ça pouvait faire penser à du léchage de pompes, mais ce n'était pas son genre et Sam le savait bien. Il était sincèrement impressionné. "Et toi le boulot, tu te lances dans quoi en ce moment?" Il ne doutait pas qu'elle dût crouler sous le travail, elle avait toujours été multi-tâches, tellement imaginative et créative qu'elle ne s'arrêtait pour ainsi dire jamais. Il croisait juste les doigts pour que leur proximité fût encore suffisante pour qu'elle discute de sa vie avec lui. Suspense.
Il regrette de m’avoir laissé de côté. C’est dommage pour lui. J’aurai pu l’aider à aller de l’avant plus rapidement. Mais bon on ne peut pas refaire le passé. Il a fait son chemin tout seul, ou du moins, sans moi et c’est ce qui lui a convenu. S’il y a une prochaine fois, ce que je n’espère pas pour lui, il saura ne pas faire les mêmes erreurs. Aucune idée de ce que j’aurai pu faire pour l’aider, mais rien que ma présence dans les moments difficile ça aurait pu être bénéfique je suppose. Il me remercie de l’avoir aidé, mais je ne pense pas avoir fait grand chose à par m’acharner sur son téléphone ou la sonnette de son appartement. Il en parle d’ailleurs. Je suis contente de ne pas être passé inaperçue. J’ai dû bien le saouler sur le moment. Il confirme qu’il tient à moi lui aussi et je sais que c’est vrai. Il ne serait pas là en train de me demander pardon si ce n’était pas le cas. Je ne dis pas qu’il va pas me falloir du temps avant de lui faire de nouveau complètement confiance, mais c’est déjà un énorme début. Mieux que rien du tout. J’ai l’impression que c’est une nouvelle ère de notre relation qui commence. Je ne sais pas si je vais être comme avant d’emblée. Déjà là, je ne sais pas trop sur quel pied danser avec lui. Il dit que c’est vide sans moi et je comprends, parce que c’est pareil pour moi. Il m’a beaucoup manqué. J’ai souvent pensé à lui et tout ce que je trouvais à faire c’était le stalker sur les réseaux sociaux. Il n’y a jamais eu grand chose à me mettre sous la dent, alors j’envoyais des SMS à des amis communs. Je me suis retenue de téléphoner plusieurs fois. J’ai pas envie d’être chiante, alors qu’un SMS ça passe crème. Même plus qu’un. Je l’avoue sans mal. J’étais inquiète pour mon ami. En tout cas une chose est sûr, je suis contente qu’il ne m’ait pas repoussé suite à ce contact que j’ai créé entre nous. Je laisse mes mains sur ses avants bras. Je suis bien comme ça. J’ai besoin de recharger mes batteries de Mickey. Je souris quand il confirme qu’il a repris le boulot y’a quelques mois. J’ai toujours aimé le voir en uniforme, un vrai fantasme ambulant le Mickey. Il doit en faire rêver plus d’une tous les jours. Je lui fais un sourire entendu quand il parle de l’amour de son boulot. Son clin d’oeil me fait plaisir et puis je me détache de lui, lui proposant à boire. Il veut un café et je nous en commande deux après une brève conversation avec une des employées. Je reporte mon attention sur Mickey qui est en train de regarder autour de lui avant de commenter sur l’endroit. Ca me fait sourire.
« On a bossé dur. On a mis plein de sous là dedans aussi. »
Quand je dis « on » je veux dire « moi » en fait. Et oui j’ai mis un paquet de tunes. J’ai écouté l’avis des experts et j’ai fait dans ce sens. Ca voulait dire beaucoup d’argent à investir et j’ai pas hésité. J’ai les moyens donc pourquoi pas après tout. Mickey change de sujet pour parler boulot, ça me fait sourire parce que le boulot c’est vraiment trop plaisant en vérité.
« Je suis dans une période creuse. Mais tu me connais. Je m’arrête jamais vraiment. Je continue de composer au fil de mon inspiration. En ce moment je stalk un peu mon voisin et ça risque de finir en chanson. »
Ca me fait rire. Je plaisante qu’à moitié.
« Et puis y’a le Triffid, donc j’ai toujours un truc à faire. J’aime bien mettre mon nez dans la paperasse et tout ce qu’il se passe. D’ailleurs comment t’as su que tu me trouverais ici ? »
Je penche un peu la tête en le regardant, sincèrement curieuse de sa réponse.
« Tu as fait le tour de tous mes réseaux sociaux ? »
Parce que bien sûr j’en ai beaucoup parlé pour faire la pub de l’endroit. J’hésite pas à dire quels seront les futurs évènements que ce soient des concerts ou juste des soirées.
Plus il la regarde et discute avec elle, plus il réalise le temps qui a passé depuis leur dernière rencontre et les regrets se font sentir. Un pincement au cœur. Les souvenirs remontent, leur complicité, leurs fous rires, les accolades, mais aussi les disputes et le pire de tout, quand il lui a hurlé qu'elle lui foute la paix, qu'il ne voulait plus la voir. Un crève-cœur. Hors de questions de refaire la même erreur, Sam mérite amplement qu'on se batte pour elle. C'est une grande fille qui n'a besoin de personne, il n'y a qu'à voir tout ce qu'elle a accomplit, y compris cet endroit magnifique où ils partagent un moment après des lustres. "J'ai l'impression de reconnaître ta touche personnelle ici et là, on sent tout de suite l'influence de la grande Livingstone." Ca se voit immédiatement qu'il y a eu beaucoup de travail comme elle dit, il est fier d'elle et lui sourit. Encore plus quand elle lui dit qu'elle traverse actuellement une période creuse, un petit rire lui échappe. Cette femme ne sait pas ce que c'est que l'ennui, tout du moins, elle en a une définition très différente de la majorité des gens. Il se souvient de l'époque où ils étaient en couple, quand ne rien faire de la journée signifiait pour lui de rester au lit, éventuellement mettre la télé alors que pour elle, cela voulait dire en profiter pour faire la paperasse, entrevoir les possibles réparations de la maison, faire les courses, laver la voiture et entretenir les plantes... Et encore, c'était le programme des jours de grand ennuie ça. On s'habitue à force. Elle l'avoue à demi-mot que ce n'est pas si creux que ça, elle compose. "Ah, tu me rassures, j'ai failli me demander si je n'avais pas affaire à un sosie ou à un clone. Je ne t'ai jamais vu rester en place, t'es comme les requins: perpétuellement en mouvement." Et tout comme eux, il est persuadé qu'elle aurait l'impression de mourir si elle s'arrêtait. De temps en temps, cela l'avait inquiété, peur qu'elle se colle trop la pression, qu'elle s'en rende malade, qu'elle craque. Mais elle était forte, bien plus que lui. Quand il était mal, c'était un côté de son caractère qu'il avait tellement enviait qu'il en était venu à être jaloux de ne pas pouvoir en faire autant, ce qui l'avait fait glisser au point de se fâcher contre elle. Pour rien. Parce qu'il était con. Aujourd'hui, il avait beaucoup à rattraper, pas forcément côté évolution de sa vie parce qu'il s'était tenu au courant, plutôt le côté relation, interaction humaine et leurs amitiés à reconstruire. Il se passe nerveusement la main sur la nuque quand elle lui demande comment il a su qu'elle serait au Trifid alors qu'elle parlait justement de stalker auparavant. "Disons que tu n'as pas le monopole du titre de stalker... Je t'ai épié jusqu'à sous ta fenêtre bien entendue." Il se permettait une petite blague, en espérant qu'il n'était pas encore trop tôt, après tout l'année passée loin de l'autre n'avait quand même pas effacé tout leur passé? Il avait toujours étant blagueur, elle aussi d'ailleurs, bien qu'il fasse des efforts rien ne laisser présager qu'il devait se tenir à carreau et agir comme un parfait petit garçon coincé et pince-sans-rire. "Nan, je déconne. Je me suis contenté du web, hein." Mais bon, il préférait le préciser après tout, quand ils se sont quittés, il abusait encore de la boisson et rien ne prouvait à Sam qu'il était guérit ou bien qu'il n'était pas devenu cinglé. "Je me suis brouillé avec pas mal de monde, je n'avais pas grand monde à qui demander de tes nouvelles, j'ai fait comme j'ai pu..." Il haussa les épaules en attrapant son téléphone, l'activant et lui montrant le raccourcit de sa page instagram épinglé sur son écran d'accueil. Il y jetait un coup d’œil au moins une fois par jour, à l’affût de la moindre mise-à-jour. Il fouinait aussi les commentaires qui la concernait et éplucher les pages de ceux qui lui semblaient proches. Un vrai stalker. "Comme je t'ai dit, j'ai carrément honte d'avoir coupé les ponts." Leur amitié lui manquait affreusement. En plus de nous éloigner de la solitude, les relations amicales nous font croire instinctivement en l’autre, réduisent dans un sens notre responsabilité envers nous-même, nous ouvrent des portes, nous donnent la fascinante sensation d’appartenir à un milieu, nous libèrent des acharnements et surtout nous procurent du bonheur! Avec Sam, il avait tout ça autrefois. Le soulagement et l'entière sécurité avec qui on n’est pas obligé de peser ses mots ou ses pensées, de pouvoir s’exprimer de la même façon qu’on y pense, sachant que le bien sera retenu, et que le reste s’écartera d’un souffle bienveillant… Il ose à sa tour une timide caresse sur la main de Sam, un bref effleurement doux et s'en va, il y va pas à pas, mais ce geste furtif l'emplit de joie et de réconfort."Si tu m'en donnes l’occasion, je me rattraperais. Tu avais une place énorme dans ma vie, tu as tellement fait pour moi et je ne suis même pas sûr de t'avoir assez remercié par le passé... Je ne suis pas certain de mériter une énième chance non plus, mais je ferais tout pour être digne de toi à nouveau." Communiquer, c’est tout d’abord bannir la timidité, oser dire les choses. Ensuite, c’est échanger sincèrement, partager, exprimer ses envies et ses désirs, dire ce qui ne va pas, se tourner vers autrui… Apprendre à aller de l’avant, ne pas s'arrêter au bout de son nez, voir la vie autrement, parler et réfléchir positivement, voir le bon coté des choses et peut-être que les faits blessants finiront par être oubliés.
C’est vrai que la déco, j’y ai mis mon grain de sel. Il me connait bien et le remarque facilement. Mes amis les plus proches m’ont dit la même chose. Tant que j’ai bon goût, tout va bien. Apparemment je fais l’unanimité de ce côté là, je n’ai pas à m’en faire. Il se fiche gentiment de moi quand je parle d’une période creuse, pas si creuse que ça. Il me compare même à un requin.
« Je pourrais le prendre mal ! »
Mais ce n’est pas le cas et ça se voit. J’ai un large sourire aux lèvres. Comme souvent. D’ailleurs ça me fait sourire de plus belle quand il dit qu’il m’a épié jusqu’à ma fenêtre. Je ne le crois bien évidemment pas. Il plaisante. Ca me fait du bien de parler comme ça avec lui. Je n’ai pas su rester très sérieuse et « sévère » bien longtemps. Je suis bien trop contente de le retrouver. Je ne veux pas le faire ramer, ça sert à rien. Autant profiter des nouveaux moments qu’on a ensemble tous les deux. C’est important.
Comme je m’en étais douté, il m’a suivi sur les réseaux sociaux. Pas bien compliqué de nos jours. Je suis pas H24 dessus mais oui, assez souvent quand même. Surtout sur Twitter. Mickey se justifie de m’avoir suivi sur internet mais il n’a pas besoin de le faire. C’est humain. Tout le monde fait ça. Moi la première. Je stalk mon ex mari très régulièrement.
« Je connais ça… »
Je parle plus à mon ex mari non plus. Ni à ses amis. De toute façon ils sont tous aux USA. Mickey est encore en train de s’excuser, avec d’autres mots cette fois.
« Tu referas plus cette bêtise. »
En tout cas je l’espère fort. Même si il retombe au fond du trou, je veux être présente pour l’aider à remonter la pente. Mais j’ai un bon feeling, il va pas repartir à zéro. Il est trop bien parti là. Il me touche brièvement la main, beaucoup moins tactile que je ne l’ai été juste avant et il tente de se racheter une fois de plus.
« T’as pas à te rattraper Mickey. On fait tous des conneries. On repart sur de bonnes bases. L’important c’est qu’on se soit retrouvé. Peut importe le temps qui s’est écoulé. Faut profiter de ce temps maintenant, pas à se rattraper. A profiter l’un de l’autre. »
Je fais la voix de la sagesse un peu comme ça, mais ouais, c’est de cette façon là que je vois les choses.
« Tu fais quoi le weekend prochain ? Je voulais faire venir Geri et Malcolm chez moi pour dîner. »
Un couple d’ami commun qu’on avait. Ok c’est avant tout mes amis, mais ils se sont tellement bien entendu avec Mickey que c’est comme si on avait toujours été un groupe. Avant ça partait en double date très souvent, mais ça a évolué en une amitié sincère après que Mickey et moi ayons rompu.
« J’ai rien prévu encore. Donc c’est si tu veux. Un truc tranquille sans prise de tête. Un apéritif dinatoire. Chacun apporte de quoi grignoter et on ressasse le passé pendant quelques heures. »
Ressasser le passé c’est peut être pas l’idée de l’année pour Mickey, mais y’a bien évidemment du bon dans les années précédentes.
« Si c’est trop tôt je comprendrais. Mais dans tous les cas je veux qu’on se prévoit un truc. »
Plein de bonnes volontés pour se racheter et faire revivre leur amitié perdue, le jeune homme prenait conscience que même s'il avait entaché leur relation, les fondations de leur lien étaient assez fort pour avoir résisté à l'usure du temps. Tout deux retrouvaient leurs marques instinctivement sans avoir à faire d'efforts. Malgré ça, dans un souci de bien faire, doublé d'un sentiment de culpabilité prononcé, Mickey désireux de faire pénitence se compliquait l'esprit et n'osait pas non plus agir comme autrefois. La bienveillance de Sam se lisait pourtant sur son visage, très expressif et criant de vérité tel qu'il la connaissait. L'hypocrisie n'avait jamais été son domaine de prédilection, elle n'était pas du genre diplomate, si elle n'avait pas voulu le voir, elle n'aurait pas daigné le recevoir. N'empêche qu'il se sentît gêné, surtout quand elle affirmait avoir confiance en lui quand il lui disait avoir changé, être enfin sur la bonne voix. Il se frotta l'avant-bras assez nerveusement. "Je me sens encore plus con d'avoir attendu tout ce temps avant de venir te voir. Je sais à quel point tu es fantastique pourtant, tu arrives encore à me surprendre." Il haussa les épaules en affichant un demi-sourire. Lui qui s'attendait à passer un sale quart d'heure, qui aurait été mérité, il était un peu déstabilisé. Une petite voix dans sa tête lui hurlait qu'il ne méritait pas l'amitié de Sam, recouvrant presque sa voix quand elle disait qu'ils devaient faire table rase du passé, de s'employer à fructifier leur amitié, de profiter à nouveau."T'es certaine que tu ne veux pas me hurler quelques insanités? Je l'aurais bien mérité, je me suis préparé à ça à la base." Mickey ricana dans sa barbe en levant les yeux aux ciels, n'osant pas avouer qu'il ne plaisantait pas. Il avait du mal à se pardonner lui-même alors la voir si paisible le déboussoler un peu. Sam avait cette philosophie qui lui manquait, son retour dans sa vie ne pouvait qu'être une bonne chose pour la suite. Ils s'étaient souvent complétés sur pas mal de choses, avant il était celui qui la forçait à s'arrêter un peu, histoire de souffler elle qui était sans cesse sur tout les fronts au risque de s'user. Aujourd'hui, lui avait besoin d'un aussi bon état d'esprit que celui de Sam pour continuer d'avancer. "Je suis de garde ce week-end donc je devrais être libre le prochain. Je n'ai pas vu ces deux-là depuis un bail en plus." Il était assez content et intéressé par l'idée, se socialiser à nouveau ne pouvait lui faire que le plus grand bien. Sauf qu'en entendant le mot apéritif, il se souvint immédiatement pourquoi il avait freiné des quatre fers tout ce temps en évitant tout le monde. Nerveux, il frotta sa main sur sa nuque. "Je... Je ne suis pas prêt du tout à me retrouver face à une bouteille ou un verre d'alcool, même si c'est celui de quelqu'un d'autre... Et je ne voudrais pas plomber l'ambiance à imposer à tout le monde de boire de la grenadine un samedi soir." Sa première réaction était de mentir, de prétexter se souvenir d'avoir d'autres projets, mais il n'en fit rien. Il avait sincèrement envie de renouer avec Sam, il devait se forcer à être honnête, il avait plus que compris que, quoi qu'il fasse elle serait là pour lui. D'ailleurs, elle sembla comprendre que quelque chose le gênait, lui laissant une porte de sortie en précisant qu'elle voulait toutefois prévoir quelque chose. "J'ai vraiment envie de te voir plus souvent, je ne voudrais pas que tu penses le contraire. C'est juste que... Je suis encore en train de me reconstruire et ça prend plus de temps que prévu."
Il me fait des compliments et ça a le don d’agrandir le sourire que j’ai déjà sur mon visage. Je suis contente de savoir que j’arrive encore à le surprendre. Après toutes ces années, on a encore des choses à découvrir l’un sur l’autre. Et je sais pas pourquoi j’ai un feeling comme quoi les années à venir vont être pas mal pour nous deux. Peut être c’est juste des vibes qui vont avec la fin d’une année, le début d’une nouvelle, le renouveau tout ça. En tout cas je compte pas le lâcher en 2018.
Mickey a l’air déstabilisé que je ne lui gueule pas dessus et ça me fait rire. Je fais « non » de la tête.
« Je pense que tu t’es rabaissé assez tout seul. T’as pas besoin de ça. Positif Mickey, faut voir le positif ! Enfin j’essaie. »
Il mérite que je lui donne toutes les vibes positives possibles. Je suis sincèrement heureuse de voir qu’il a repris sa vie en main. Il a touché le fond, et le voilà qui remonte et qui tient bien à la surface. Ca doit pas être facile tous les jours, mais il s’en sort comme un chef vu comme il est devant moi. Il est bien. Il est beau. Très beau. Il m’a toujours fait craquer ce Mickey et c’est une chose qui ne changera certainement jamais.
Je propose une soirée avec des amis et il n’a pas l’air contre à première vue. Ce qui m’enchante.
« Weekend prochain c’est parfait. »
Je sors mon téléphone portable pour noter ça sur mon agenda alors que j’expose mon idée de soirée. Il a l’air de faire marche arrière. Il parle d’alcool et bien sûr, je comprends. Je pose mon téléphone et je le regarde dans les yeux.
« D’accord. Allons doucement. Désolé je n’ai pas pensé à ça… On a qu’à se voir juste tous les deux. »
Je vais poser ma main sur son avant bras. J’ai envie de contact avec lui pour lui faire comprendre que je lui en veux pas. J’ai toujours été très tactile avec lui. En même temps voilà le morceau que c’est le Hawke.
« Je sais pas ce qu’on pourrait faire mais si jamais un truc tranquille du genre un film avec du pop corn te vas, je suis partante. »
Je passe plus beaucoup de soirée toute seule chez moi depuis qu’il y a le Triffid dans ma vie. Me mater un film au calme me ferait le plus grand bien.
« Ou bien on pourrait même aller au cinéma plutôt. Je sais pas ce qui passe en ce moment mais ça fait un siècle que j’ai pas été au cinéma. »
Et je suis bien pumped pour ce programme là du coup. Je reprends mon téléphone qui était posé sur la table et je note « soirée avec Mickey » pour la date de samedi, dans deux semaines.
Une folle impression d'avoir remonté le temps envahissait peu à peu Mickey qui avait l'étrange sensation de se retrouver neuf ans en arrière, à l'époque où Sam et lui formait un couple délicieux. Il passa nerveusement sa main sur sa nuque, comme s'il voulait s'assurer qu'il ne rêvait pas. Tout s'était toujours fait naturellement entre eux, ils avaient sympathisé instantanément et malgré les disputes, n'étaient jamais restés fâchés très longtemps. Ils n'étaient ni plus ni moins que deux grandes gueules ce qui rendait les combats de coqs assez fréquent sans jamais être nuisible à leur lien indéfectible qui s’avérait indestructible. Alors forcement devant tout ça, il lui souriait avec une certaine candeur qui devait lui donner l'air un peu niais, mais il s'en fichait, il savait bien que ça lui passait au-dessus de la tête à elle aussi la tête qu'il tirer, enfin du moment que l'expression était heureuse et non l'inverse. "Ta bonne humeur m'avait drôlement manqué... Tu m'as drôlement manqué!" Il avait toujours son sourire en coin qui s'accentuait à force de plonger ses yeux dans ceux de Sam et de repenser à tout leurs bons moments, réalisant soudain, il secoua discrètement la tête comme pour chasser tout ça et se concentrer sur le présent. Il n'eut pas trop de mal à chasser sa risette face au casse-tête d'une soirée qui se profilait où la peur de la tentation de l'alcool le saisit. Même s'il commençait à intégrer l'idée que Sam ne le laisserait pas tomber et l'aiderait à lutter contre ses démons, il ne s'en sentait pas prêt dans l'immédiat. Bien qu'il eut peur de la blesser, elle acquiesça tout en posant sa main sur son avant-bras avant de proposer une soirée rien qu'entre eux à la place. "Je m'en réjouis d'avance! Et pour te prouver que je suis toujours gentleman, je te laisserais même choisir le film." Ce n'était pas la première fois qu'ils avaient un contact physique depuis le début de la conversation, et ça avait toujours été ça entre eux, pourtant là un frisson le parcouru. Sous la main délicate de la demoiselle, une agréable sensation de douceur et de quiétude et par réflexe machinale, il y superposa sa main. Cette accumulation de contact le déstabilisé un peu, lui qui n'avait pas eu de réel proximité physique depuis des lustres. Il ne voyait plus des masses ses amis, n'avait pas non plus chercher à s'en faire de nouveau, il y avait bien ses cousines et sa meilleure amie qu'il continuait à voir, mais ce n'était pas pareil, la sensation n'était en rien comparable. Instinctivement, il effleura la peau de Sam avec son index telle une caresse avant de doucement repousser sa main en exagérant des grimaces avant de faire semblant d'éternuer en se pinçant le nez pour couvrir le bruit d'un spasme nasale qu'il n'aurait pas su imiter de toute façon. "Désolé..." Il s'excusa faussement avant de se tourner un peu tout en sortant un mouchoir de sa poche et d'entreprendre de se moucher sans être face à elle. "J'espère que ça ne gênera pas trop ton copain de te voir aller au cinéma avec ton ex hein..." A cet instant précis, il ne savait absolument pas comment il avait pu dire une connerie pareille... Il ne savait pas si elle était en couple ou pas, mais c'était la seule manière qui lui était venue à l'esprit pour le découvrir. Il se sentait un peu bête, comme un ado un peu timide alors qu'à la base, il n'était rien de tout ça.
Je le regarde d’un air qui veut dire « awwwww » quand il avoue que je lui ai manqué. Surtout que ma bonne humeur lui avait manqué. C’est vrai que c’est une chose qui revient assez souvent quand on me qualifie. Je sais que c’est certainement un très bon point en ce qui le concerne. Il a besoin de positivité plus que jamais dans ces moments durs. C’est encore plus facile de se montrer souriante quand on a un Mickey qui fait de même sous nos yeux. Un Mickey qui est au top de sa forme. Ca fait plaisir, vraiment.
Changement de plans pour la soirée et il est enthousiaste, ça me fait retrouver mon sourire après la mini gaffe que j’ai fait. Je n’ai pas encore les automatismes des choses à éviter quand on est un proche d’une personne alcoolique. Ca viendra, je suppose. J’espère que Mickey m’aidera dans cette démarche. Dans la confidence, un autre jour, je lui demanderai de me donner plus de détails sur ce que je peux dire ou faire, et sur ce qu’il faut surtout éviter. Je n’ai pas envie de remettre les pieds dans le plat comme aujourd’hui. Essayons de lui donner la vie simple pour une fois.
Je souris très largement quand il me laisse choisir le film.
« Promis je prendrais quelque chose qui a de bonnes critiques. »
Je n’ai pas envie qu’il s’ennuie. Je suis assez difficile niveau films, il est très rare qu’un film me plaise, y’a toujours quelque chose qui cloche pour moi dans l’histoire. Je crois que je réfléchis trop parfois alors que je devrais profiter de la distraction que ça donne.
Ma main sur son bras, j’aime le contact et j’ai l’impression que lui aussi, alors je le laisse durer. Il pose sa main sur la mienne et voilà la confirmation que j’attendais. Il esquisse même une caresse et je lui offre un sourire tendre. Sauf que le moment prend fin et il s’excuse tout en se mouchant. Je joue un peu avec le programme du Triffid qui se trouve sur la table sur un petit flyer. Mickey reprend la parole et demande de manière très peu subtile si j’ai un copain. Ca me fait sourire très largement. Je suis amusée. Je lui montre ma main gauche, paume tournée vers mon visage, je lui indique le « R » qui est tatoué en jolie lettre majuscule sur le doigt réservé à l’alliance.
« Un ex aussi. Ex-mari même cette fois. A croire que je ne sais pas garder des relations très longtemps. »
Même si ça a toujours duré quelques années à chaque fois.
« Je pensais que c’était le bon… Et depuis je n’ai eu personne. Ca remonte à deux ans bientôt. »
Je récupère mes mains et je touche l’endroit du tatouage distraitement. Je suis encore très attaché à Richard même s’il ne le mérite pas. Je n’ai aucun contact avec lui depuis le jour où le divorce a été prononcé et je dois avouer qu’il me manque, même si je ne veux pas de lui dans ma vie de nouveau. C’est compliqué. Je me dis que Mickey a peut être même déjà vu son visage parce qu’on était assez médiatisé et je postais des photos de nous deux sur instagram. C’est un rappeur américain assez connu.
« Richard Meyers. Tu vois peut être qui c’est. Grand blond tatoué, chanteur. »
Je n’ai pas pris son nom de famille à aucun moment, j’ai une réputation avec mon nom, je ne compte pas le changer. C’est mon nom de scène. Je pourrais sûrement lui montrer une photo de Richard en allant rapidement sur mon profil instagram, mais je ne le fais pas. Ca ne sert à rien.
« Et toi ? Côté coeur comment ça se passe ? »
Je lui retourne tout naturellement la question, ça m’intéresse aussi beaucoup cette question. J’espère qu’il a quelqu’un. Qu’il est pas seul dans cette épreuve.
Le problème des séparations qui se passent trop bien, c'est que parfois, on a du mal à intégrer l'idée. La seule chose qui avait changé après leur rupture, c'étaient les rapports physiques sinon, tout était resté pareil entre eux. Ils s'étaient vu à chaque fois que c'était possible et leur connexion était toujours aussi forte. Parfois même, on ne les avait pas pris au sérieux quand ils avaient annoncés être séparés. Les gens avaient fini par accepter l'idée dès lors où Mickey avait cessé brutalement tout contact avec Sam. Une connerie qu'il regrettait amèrement. Il encaissa moins bien le fait de savoir qu'elle s'était marié qu'il ne l'aurait cru. Sa mâchoire se crispa en même temps que son estomac sans parler de son cœur qui se pinça. La pilule réussit à passer quand elle annonça dans la foulée être divorcée. "Désolé que ça n'ai pas marché." Il n'aimait pas mentir, mais la bienséance l'empêchait de se réjouir de cet échec. Quelque part, il compatissait et ne voulait pas la savoir malheureuse toutefois, l'adage qui disait que le malheur des uns pouvait faire le bonheur des autres s'illustrait assez bien. "Meyers? On dirait presque le nom de l'antagoniste des films Halloween... Qui est vachement plus charismatique que lui en plus! N'en parlons plus." Il n'imaginait pas pour autant la reconquérir, seulement que certains sentiments ne disparaissaient jamais vraiment et qu'elle aurait toujours cette place si spéciale dans son cœur et que chaque homme qui partagerait sa vie serait automatiquement jalousé et un peu détesté. "Bienvenue au club des célibataires ma chère. Tu fais exploser la valeur du marché par contre, y doit avoir foule devant ta porte!" Il haussa les épaules et lui lança un clin d’œil amusé. Il s'était souvent interrogé sur ce qui aurait pu se passer si leur emploies du temps avaient pu s'accorder et que leur relation avait duré. "Je crois être incompatible à la notion de longévité aussi... J'ai essayé pourtant. Je me brossais les dents après chaque repas, mais ça n'a pas suffit!" C'était toujours plus facile pour lui de se réfugier dans l'humour plutôt que d'avouer que la dernière longue relation qu'il avait eue était finalement basée sur des mensonges, qu'il avait fini par apprendre qu'elle le trompait depuis presque un an et qu'elle l'avait quitté du jours au lendemain en laissant un petit sur la table en emportant la quasi-totalité des affaires. C'était un peu pour ça qu'il avait sérieusement commencé à boire. Il n'aimait pas trop remuer tout ça, ça avait un peu tendance à lui miner le moral et il ne voulait pas trop entacher leur retrouvaille. "En tout cas, et je parle en connaissance de cause, c'est vraiment un con s'il n'a pas tout fait pour ça marche et pour te garder." C'était peut-être un peu maladroit à dire, parce qu'il n'avait absolument aucune idée des raisons de leur séparation pourtant, il ne pouvait pas faire autrement que d'imaginer que Richard était en faute. Il savait à quel point Sam était incroyable, c'était impossible qu'elle ait une quelconque responsabilité dans l'histoire.
Il est désolé pour mon mariage. Pas autant que moi. J’étais tellement sûr que c’était le bon, je me sens stupide d’y avoir cru. Quand je lance le nom complet de mon ex mari, il a l’air de le connaître mais non en fait. Il parle juste d’un cinéaste dont je n’ai jamais entendu parler. Mais il fait une comparaison que je ne comprends pas vraiment, mais je ne fais pas de remarques. Il ne veut pas en parler plus, je suis bien d’accord. C’est assez bizarre de parler de son ex mari, avec un ex petit ami. Pas qu’il y ait de compétition réelle, mais quelque part ils doivent vouloir se comparer. Enfin, c’est surtout ce que moi je ferai si j’entendais parler d’autres de ses conquêtes. J’aimerai bien savoir à quel niveau sa relation l’a impacté par rapport à celle qu’il a eu avec moi. Je voudrais bien évidemment qu’il ait passé de meilleurs moments avec moi. Qu’il ait plus de bons souvenirs avec ma personne. Mais je ne le saurais jamais, parce que je ne poserai pas ces questions là. Et puis là n’est pas la question. Il est célibataire. Maintenant en tout cas. Je suis certaine qu’il n’est pas resté tout seul depuis notre séparation. Il me fait des compliments en disant qu’il doit y avoir foule devant ma porte et ça me fait sourire mais je ne le crois pas.
« Je ne cherche pas de relation en ce moment. Je suis en relation avec le Triffid. »
C’est ce que je me dis depuis que je l’ai acheté. Depuis que j’ai signé les papiers du divorce. Il dit qu’il arrive pas à rester longtemps avec quelqu’un lui aussi. Il se moque de lui et je fais « non » de la tête. Je ne suis pas d’accord avec sa remarque, mais je ne dis rien parce que ce n’était qu’une boutade.
« On va vraiment former un club si ça continue. »
Ca me fait doucement rigoler. Il parle de Richard et je fais une petite moue triste. Parce que oui, je suis encore amoureuse de lui. J’ai beaucoup de mal à tourner la page malgré tout les efforts que je fais pour remplir ma vie et être heureuse autrement qu’avec lui. C’est pas facile. Choper son mari au lit avec une autre fille, ça fait beaucoup trop mal, je n’ai pas su le pardonner malgré tout l’amour que je lui porte.
« T’es gentil. »
Je vais de nouveau poser ma main sur son avant bras. Je suis tactile en temps normal, mais alors avec les gens que j’aime vraiment, c’est l’anarchie. Mon regard est attiré par le signe de Candice qui passe pas loin de notre table. Je la regarde et elle me fait signe qu’il y a des gens pour moi. Je fais signe que j’arrive dans pas longtemps en faisant « cinq » avec ma main, cinq minutes.
« Va falloir que je file… »
Je tapote son bras.
« On se fait ce ciné sans faute. Je t’appelle dès que j’ai trouvé le film qu’on ira voir. »
Je me lève de ma chaise et je vais lui faire un bisou sur la joue, posant ma main sur l’autre.
« T’as refait ma soirée d’être venu. »
Je suis vraiment trop heureuse qu’on reparte de plus belle tous les deux. Il me manquait énormément.
« Merci. »
Je lui fais une deuxième bise parce que pourquoi pas ? Et je me détache, tendant mon bras dans sa direction au fur et à mesure que je me recule de lui. Comme pour essayer de rester en contact avec sa personne le plus longtemps possible. Le bout de mes doigts quittent sa joue après deux pas et je vais lui souffler un baiser supplémentaire. J’ai de l’amour à donner okay ?
« Bye bye… »
Je marche un peu à reculons parce que je n’ai pas vraiment envie de le laisser. Je lui proposerai bien de venir le revoir plus tard mais quelque chose me dit qu’il ne compte pas rester tout seul dans un bar si je ne suis pas là pour lui tenir compagnie. Ce serait presque de la torture. Je ne veux pas lui infliger ça. Je me tourne enfin afin de voir où je mets les pieds et je vais au bar pour en apprendre plus sur cette visite qui m’est réservée.
Spoiler:
C'est The Greatest Showman qu'ils iront voir au ciné
Malgré et le temps sans se voir, Mickey constate que Sam et lui sont et ont toujours étés sur la même longueur d'onde. Ils étaient vraiment semblables, avec beaucoup de similitudes y comprit le fait qu'ils faisaient une pause dans leurs vies sentimentales suite à une rupture douloureuse et qu'ils se consacrent à fond dans leurs carrières professionnelles. "Je te félicite encore une fois pour le Triffid, c'est vraiment incroyable ce que c'est devenu." Bien sûr, ça ne pouvait aucun cas rattraper le chagrin causé par une rupture, mais au moins, elle avait quelque chose pour lui occuper l'esprit, il savait à quel point c'était important de pouvoir se vider la tête après une séparation. De plus, Mickey savait pertinemment que c'était une sacrée business woman, véritable professionnelle et impressionnante gestionnaire. Il n'avait aucun doute sur la pérennité et le succès de l'endroit. Le revers de la médaille fait cependant que leur temps est écoulé, Sam doit s'en aller. Elle pose sa main sur la sienne, ce qui rend l'au revoir plus doux et moins abrupt. "Encore merci d'avoir accepté de me voir ma belle." De le voir et de le revoir par la même occasion puis qu’après-discussion où ils cherchaient à mettre leur emploie du temps en commun en respectant leur impératifs et leurs contraintes, ils avaient décidés de reprendre le cours de leur amitié. Elle lui confirme qu'elle le contact bientôt, dès qu'elle aura trouvé un film. Nul doute qu'elle en choisira un qui leur plaira à tout les deux, après tout, elle connaît bien les goûts du jeune homme qui n'ont pas changés malgré les années. En vrai gentleman, il se lève juste après elle, permettant à la demoiselle de la gratifier d'une bise qui le ferait presque rougir, mais belle et bien sourire quand elle le congratule. "Tout le plaisir est pour moi, je t'assure." Instinctivement, ils ont retrouvé leurs habitudes tactiles, sans gêne avec la normalité de deux amis qui ne se seraient jamais quittés. Qui ne veulent pas se quitter. Elle part à reculons, ça pince un peu le cœur de Mickey de la voir partir. Encore. Intérieurement, il s'accroche à ses paroles et à leurs projets de se revoir très vite. Dans son esprit, la distorsion du temps fait durer l'instant une éternité, lui permettant de détailler les yeux de Sam, les traits de son visage, de sentir encore une fois son délicieux parfum et d’apprécier la douceur de sa peau qui quitte doucement sa joue pour disparaître en se transformant en acte brutal finalement, tant le contact lui manque déjà. "Tu m'avais tellement manqué Sam." Sam a toujours su soigner ses entrées, encore plus ses sorties visiblement. Elle a beau s'éloigner, leurs regards sont toujours plongés l'un dans l'autre, lui faisant redouter le moment où ce lien va se briser. Il cligne des yeux une fraction de seconde et la voilà de dos. Il se passe la main sur la nuque en soupirant, croisant les doigts pour ne pas tout foutre en l'air cette fois.
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