Après midi entre amis. Joshua a voulu emmener son fils aux Gardens. C’est vrai que c’est une bonne occasion de profiter des festivités locales. Ca fait quelques semaines qu’on avait pas réussi à se voir. C’est le seul créneaux qu’on a trouvé, même si ça veut dire ne pas être véritablement seul tous les deux. Ca va, son fils est adorable et puis il va être occupé avec toutes les activités qu’il y a pour les enfants. On va avoir le temps de discuter quand même. On doit avoir l’air d’être une petite famille comme ça, mais pas du tout. Je suis tout ce qu’il y a de plus célibataire. Je n’ai pas non plus d’enfants, même si j’ai cru l’année dernière être tombée enceinte. Le test avait annoncé positif, mais quand j’ai fait la prise de sang pour confirmer tout ça, il s’est trouvé que je n’étais pas enceinte. Ca a été un soulagement et une épreuve en même temps. Je pense que c’était certainement ma dernière occasion d’avoir un enfant, même si ça ne tombait pas au bon moment. Le divorce était en train d’être prononcé.
Le téléphone de Joshua se met à sonner.
« Faut que je prenne ça. Tu peux jeter un oeil à Ben ? »
Bien sûr que j’accepte, je vais pas le laisser en galère. Et puis comme je l’ai déjà dit, son fils est adorable. Je ne suis pas une pro du baby sitting mais je ne vois pas de soucis à garder un oeil sur lui. L’important étant que le gosse ne s’échappe pas. Il n’est pas question de le changer ou de lui donner à manger.
« Ca risque d’être un peu long, c’est le boulot. »
« File. »
Autrement dit, ça ne me dérange pas. Josh s’éloigne pour pouvoir parler en toute confidentialité. Je jette un coup d’oeil à Ben qui s’est apparemment trouvé un petit camarade. Ca me fait sourire de voir qu’il va facilement vers les autres. C’est important d’être ouvert aux gens. Je sors mon téléphone et je prends le petit en photo. Je remarque une femme qui m’observe et je me dis qu’il doit s’agir de la maman du petit avec qui Ben est en train de s’amuser.
« Je mettrai pas les photos sur les réseaux sociaux. »
Parce que oui, j’ai pris son petit en photo et je peux comprendre qu’on ne veuille pas l’afficher comme ça. J’ai des amis qui ne mettent même pas de photos de leurs bébés de face sur instagram. Ca a un côté esthétique je trouve, mais ça doit être fatiguant à toujours prendre des photos où le visage est caché.
« Ou alors je cacherai la tête du petit. »
Avec un smiley, parce que je ne suis pas assez doué pour prendre des photos qui cachent directement le visage du bébé. Ca fera pas subtile du tout mais on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.
« Mais non je vais les garder pour moi celles là. »
Je les montrerai peut être à des amis mais ça s’arrêtera là. Elle n’a pas de crainte à avoir. J’espère qu’elle l’a ressenti parce que je suis sincère. Je sais que ça peut être un sujet sensible et je ne veux pas de conflit. Je suis contre les conflits. Peace and love.
On avait forcé Joanne à prendre son après-midi. Pourtant, elle ne le voulait pas vraiment, elle s'était tellement mise en tête qu'elle ne pourrait de tout façon pas avoir de congés du reste de l'année qu'elle n'attendait rien en retour. Mais tout ce qu'elle devait faire avait été fait, elle avait su rattraper rapidement son retard. Elle avait posé tous les congés qui lui restait pendant l'hospitalisation de Jamie, afin que la jeune femme puisse rester auprès de lui. Mais comme son supérieur l'avait forcé à partir du musée après le déjeuner, Joanne avait fini par se faire à l'idée. Et la première chose à faire était d'aller chercher Daniel à la crèche. Elle avait envie de faire une sortie en ville, pour acheter quelques cadeaux de Noël et peut-être passer par le parc à jeux pour que le petit puisse également se divertir. Bien qu'il n'était pas encore en âge de mémoriser et d'assimiler que les achats de sa mère sont ceux qui allaient se retrouver sous le sapin de Noël, la petite blonde faisait bien attention à ce qu'il n'en voit pas trop. Elle avait tellement hâte de le voir déballer ses cadeaux. Et donc, après ces achats, direction l'aire de jeux. Il faisait beau, c'était l'été. Chapeau et lunettes de soleil étaient de rigueur, autant pour la mère que pour son petit. Il n'aimait pas trop les lunettes de soleil mais il semblait bien avoir compris que Joanne ne lui laissait pas le choix. Daniel avait un excellent contact avec les petits enfants. Lui n'avait même pas deux ans, mais il était déjà assez sociable. C'était alors sans mal qu'il s'était trouvé un compagnon de jeu pour l'après-midi. La petite blonde gardait constamment un oeil sur lui, il n'y avait pas grand chose qui pouvait la distraire. On lui avait arraché Daniel déjà une fois, ça n'allait certainement pas arrivé. Il y avait une femme un peu plus âgée qu'elle juste à côté d'elle qui semblait être affiliée au nouveau copain de son fils. Et l'inconnue avait visé juste en lui adressant quelques mots, ayant certainement supposé qu'elle était la maman de l'autre petit garçon. En temps normal, la question ne se posait même pas. Daniel avait hérité de ses yeux de sa mère et il semblerait qu'il ait déjà hérité de certaines de ses mimiques. Mais là les iris étaient protégés par des lunettes de soleil. Joanne échangea un sourire sympathique avec la brune. "C'est gentil, merci." Elle ne voulait pas que le visage du petit se promène déjà sur les réseaux sociaux. Elle ne prenait aucun risque à la légère. Les clichés où on voyait son beau sourire, Joanne les gardait pour elle. "On ne se lasse pas de prendre nos enfants en photo, pas vrai ?" dit-elle avec un rire, les bras croisé. "Qu'importe l'occasion, qu'importe ce qu'il fait, d'ailleurs." La petite blonde était complètement dingue de son garçon, à peu près comme toutes les mamans, certainement. Elle ne comptait plus le nombre de photos prises avec son portable, celles qu'elle avait imprimé et mis dans des albums photo. Elle acquiesça d'un signe de tête, reconnaissante, en entendant que la brune comptait garder ces clichés pour elle. "J'avoue que je suis peut-être un petit peu parano, mais je trouve que les personnes qui postent des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux à tout va, c'est parfois inconscient, tout de même." On ne savait pas toutes les personnes qui traînaient sur le toile. Toutes n'étaient pas innocentes ou très saines d'esprit. Et il était hors de question que Daniel devienne une victime de choix en l'exposant n'importe où n'importe quand. "C'est votre fils ?" demanda-t-elle en indiquant d'un signe de tête le camarade de jeu de Daniel. Au même moment, ce dernier se précipita vers sa mère pour lui faire un petit cadeau. C'était un caillou blanc qu'il avait trouvé par terre. Elle avait lu quelque part qu'il fallait toujours accepter les cadeaux des petits. Il donnait ce qu'ils trouvaient, il s'agissait d'un signe d'affection. Et à leur âge, ils ne savaient pas trop quoi offrir. Leurs dessins, des fleurs, ce qu'ils pouvaient trouver et qui étaient un peu jolis pour eux. Joanne le remerciait alors chaleureusement. Elle s'était accroupie et avait embrassé sa joue et le petit garçon rejoignait son copain de jeu. La jeune femme gardait le caillou en main, tout en arborant un sourire sympathique à l'inconnue qui, elle aussi, continuait de surveiller constamment les garçons. "Je l'ai emmené ici en guise de récompense pour avoir me supporter faire les courses de Noël." dit-elle avec un rire amusé. "A cet âge, on s'impatiente encore très vite quand il n'y a pas de quoi s'occuper et il a été sage comme un ange. Alors je lui laisse l'occasion de se défouler un petit peu." Que cet après-midi là soit aussi un plaisir pour lui, bien que la simple idée de passer une demi-journée avec l'un de ses parents le rendait déjà particulièrement heureux. "Je m'appelle Joanne." dit-elle finalement, jugeant qu'il serait peut-être temps de se présenter avant de poursuivre une éventuelle conversation.
Je souris quand elle parle de prendre nos enfants en photos. Ca doit être bien vrai vu que je n’arrive déjà pas à me lasser de le faire avec Ben et il n’est même pas de moi. Je suis quand même tombé sous le charme de ce gosse. Il est aussi beau que son père. Il va faire des ravages en grandissant. Comme son père. La jeune femme à côté a l’air de vouloir discuter et je lui prête toute mon attention, enfin une grande partie, parce que je reste quand même très attentive à Ben qui s’amuse en face de moi. Je n’ai pas envie que le petit se tape un sprint et soit hors de ma vue. Je crois que ce serait la pire des choses que de perdre le gosse d’un ami. Mais ne pensons pas au pire. Il fait beau, il fait chaud. Je suis d’accord quand elle dit que c’est inconscient.
« Oui il faut faire ça avec parcimonie. »
Parce que ça saoule au bout d’un moment. Une chose que je fais sans cesse par contre sur les réseaux sociaux c’est de la pub pour le Triffid. Je ne manque pas une occasion de parler des soirées ou des concerts qui y sont prévus. Je juge que c’est de l’information avant tout et que ça ne va pas saouler mes followers. La jeune femme me demande directement si Ben est mon fils. Je trouve ça cool qu’elle pose la question, qu’elle n’ait pas assumé directement comme je l’ai d’abord cru vu ce qu’elle avait dit un peu plus tôt.
« Non c’est le fils d’un ami. »
Ben jette un coup d’oeil vers nous quand le petit camarade est venu à la rencontre de sa mère. Je lui fais un coucou de la main avec un très grand sourire. Ce gosse je le boufferai tellement il est beau. Ben ne se retrouve pas seul bien longtemps parce que son camarade retourne vers lui.
« Et vous ? C’est le votre ? »
Je sens que c’est le cas mais c’est légitime de poser la question vu qu’elle en a fait de même. Les apparences sont souvent trompeuses. Je me rapproche de la jeune femme alors qu’elle reprend la parole pour me parler de sa venue ici. Toujours avec mon sourire aux lèvres, je l’écoute, hochant la tête.
« C’est vrai que ça doit être un supplice pour les enfants ce genre de courses. Moi même j’ai du mal. J’ai fait tous mes achats sur internet, mais je vais pas y louper pour la bouffe. C’est moi qui cuisine cette année. »
Et je ne les ai pas encore faites. C’est au dernier moment ces choses là. Je sens que ça va être horrible. J’irai à l’ouverture de bon matin, espérant que ce soit déjà moins pire, mais j’y crois pas trop. Joanne se présente et je fais de même.
« Sam. Et lui c’est Ben. »
J’indique le petit bonhomme bien évidemment. De qui d’autre pouvais-je parler ?
« Et le grand type au téléphone de l’autre côté là bas, c’est son père. »
Il fait les cents pas. Il capte mon regard vers lui et il me fait un signe de la main. Un mec genre viking, sacrément bien foutu. Je ne me lasse pas de lui dire combien il est beau, c’est devenu une blague entre nous. Dès qu’il faut une raison à quelque chose je dis « c’est parce que t’es trop beau Joshua. ».
Je me retourne vers Joanne et je cherche de quoi dire pour relancer la conversation. Je suis pas une experte en gosses. Je ne connais pas les sujets de small talk avec les parents. Je reporte mon attention vers Ben et son camarade parce qu’ils sont bien trop adorable. Surtout quand je vois Ben s’approcher de l’autre pour lui faire un bisou.
« Awwww. Tellement chou. J’aurai aimé avoir ça en vidéo. »
Mais mon téléphone est bien loin, rangé dans mon sac à présent.
« Je crois qu’ils viennent de passer un cap dans leur relation. »
Je parle des gosses bien évidemment. Ca me fait rire. Ils ont l’air d’avoir le même âge tous les deux. Ou pas bien loin.
« Tout est tellement plus simple à leurs âges. On peut se faire des bisous après s’être rencontré depuis dix minutes. Qu’ils profitent. »
L'on perdait souvent en modestie lorsque l'on commençait à parler de son propre enfant. Joanne n'avait d'yeux que pour Daniel. Le petit était un savant mélange de ses deux parents. Il avait hérité des mêmes grands yeux bleus de sa mère, et d'un grand nombre de ses mimiques et expressions faciales, alors que les cheveux, et même la forme du visage étaient les mêmes que Jamie. Bien que le petit commençait à être dans une période où il cherchait à affirmer son caractère par quelques colères, il restait un petit bonhomme adorable. Sa mère s'attendait peut-être à plus de caprices, car il lui semblait qu'il en faisait moins que les enfants de ses collègues. Après, il fallait reconnaître que Joanne ne tenait pas à faire de son garçon un enfant roi. Il allait au coin de temps en temps, elle n'hésitait pas à lui tenir tête et il ne fallait pas grand chose pour que le petit garçon n'arrête son caprice. Joanne finissait par se dire qu'il devait savoir que sa mère avait un rythme de vie particulièrement intense, et que s'il ne se comportait pas bien, cela ne lui ferait que compliquer la tâche. Parce qu'il n'avait d'yeux que pour elle et elle pour lui. Voir ces deux enfants jouer sans même trop faire connaissace avant la faisait sourire. A cet âge là, on ne se souciait pas de toutes les conventions sociales. On profitait, tout simplement. Joanne apprenait qu'elle n'était pas la mère du garçon, qu'il était le fils d'un ami. Daniel s'approcha de sa mère pour lui faire son petit cadeau, celle-ci lui caressa rapidement les cheveux. Comme son père, il adorait qu'on glisse ses doigts entre ses mèches brunes. D'habitude, on remarquait directement que Daniel était le fils de Joanne. Leur pair d'yeux rendait la réponse évidente mais l'inconnue voulait certainement en être certaine. "Oui, c'est mon fils." Et elle était incroyablement fière d'être sa mère, soit dit en passant. "J'avoue que je ne pense jamais vraiment à commander sur internet. Pourtant, je devrais y songer, je gagnerai beaucoup de temps." admit la petite blonde en riant. Mais aller en ville restait une sortie pour elle, une occasion d'aller se promener avec son fils. Elle ne tenait pas à être rester à la maison à chaque fois qu'elle avait du temps libre. Il y avait toujours tant de choses à faire. "J'avoue ne pas avoir trop songé au repas de Noël pour le moment." Elle n'avait même pas encore pensé au réveillon en lui-même. Elle enchaînait les journées au boulot et elle avait de nombreux impératifs durant ses jours de congés. Quand Jamie avait la garde de Daniel le weekend, Joanne se chargeait notamment des tâches administratives qu'elle ne pouvait pas forcément faire en présence du petit. "Mon fils s'appelle Daniel." précisa-t-elle en retour. Le père du petit Ben se trouvait plus loin, semblant être particulièrement occupé au téléphone, plongé dans une longue conversation. Joanne se devait de reconnaître qu'il était plutôt un bel homme, mais rien qui puisse être comparable à Jamie – elle manquait cruellement d'objectivité à ce sujet. Une fois les présentations faites, les deux femmes manquaient de conversation. Pour le moment, elles n'avaient en commun que les petits qui jouaient ensemble. Ils s'entendaient très bien d'ailleurs. Elle se mit à rire avec Sam en voyant le petit geste d'affection entre les deux gamins. "C'est vrai." lui répondit-elle. "Surtout que Daniel est facile à vivre et très sociable. Il n'a jamais été contre se faire de nouveaux amis. Quoi que de temps en temps, il aime bien jouer dans son coin aussi. Ca dépend des jours." Comme tout le monde, il avait ses humeurs. Mais la grande majorité du temps, il était extrêmement affectueux. Il avait besoin de beaucoup de câlins et les réclamait souvent de lui-même. Comme à cet instant, où il s'approchait de sa mère en courant en levant les bras en l'air afin de se faire porte. Il n'avait pas besoin de plus pour se faire comprendre. Leur relation était plus que fusionnelle. Le petit Ben ne tardait pas à rejoindre tout le monde, ne voulant pas être seul dans son coin. Daniel reposait la tête sur l'épaule de sa mère. Elle le berçait doucement. Il n'avait pas fait de sieste, il n'était pas étonnant qu'il se sente fatigué. "Tu veux une madeleine ?" lui demanda-t-elle. Bien qu'il se frottait les yeux, Daniel répondit oui en hochant la tête. Elle le déposa à nouveau à terre en restant accroupie afin de récupérer le biscuit qui était dans son sac à main. Joanne nota que Ben les regardait envieusement. "Tu en veux un aussi ?" La blonde lui adressa un sourire et sortait une autre madeleine de son sac, qu'elle déballa et tendit au petit Ben. Il était d'abord hésitant, mais il finit par le prendre avec un sourire timide. Sans gêne, les deux petits s'étaient tous les deux assis par terre pour grignoter leur goûter improvisé. En se redressant, la jeune femme cherchait à faire plus ample connaissance avec Sam. "Vous êtes de Brisbane ou est-ce que vous êtes venue pour profiter des Enchanted Gardens ?" lui demanda-t-elle. "Je ne suis pas originaire d'ici, mais j'y vis depuis de nombreuses années. Et je ne comptes pas vraiment en partir." ajouta-t-elle avec un large sourire. "C'est justement ce genre d'événements qui me donnent envie de rester. C'est un peu de magie dans notre quotidien, pour en sortir ne serait-ce que pour quelques heures, une véritable bouffée d'air frais." Il était vrai que durant cette année, Joanne n'avait pas su profiter pleinement de tout ce que Brisbane pouvait lui proposer. C'était une année difficile pour elle, et il lui avait fallu du temps pour retrouver une certaine stabilité dans sa vie. Cela ne faisait que très peu de temps qu'elle pouvait à nouveau faire ce genre de sorties.
C’est bien son fils, le contraire m’aurait étonné. On ne regarde pas un gosse comme ça quand on est que la fille au paire ou la baby sitter. Je me demande si elle est une de celles qui pensent que je loupe quelque chose dans la vie de ne pas avoir d’enfants. Certainement. Comme toutes les mères. Mais tant que le sujet ne vient pas sur le tapis, tout va bien. J’ai pas envie de devoir me défendre, ça fatigue à force.
Elle ne pense pas à commander sur internet et je suis assez surprise, c’est tellement commun de nos jours. L’internet est partout. Peut être que je viens de lui filer l’idée du siècle pour ce qu’il lui reste à acheter. Parce que oui soyons honnêtes, y’a toujours un truc de plus à acheter. Bon en vérité c’est peut être un peu tard pour acheter sur internet maintenant, mais y’a Amazon Prime au pire.
Le repas de Noël c’est toute une institution chez moi. J’y pense un mois à l’avance. J’en parle à mon père à chaque coup de fil que je lui passe du mois de décembre. On fait des modifications tous les deux à chaque nouvelle conversation. Le repas change souvent jusqu’à la semaine avant Noël où cette fois on discute sans rigoler. Là j’ai la liste de faite, faut plus que j’aille faire les courses pour concrétiser tout ça.
Son fils s’appelle Daniel, ça me fait penser à mon ancien voisin. On l’appelle Danny par contre. Y’a des chances que son fils ait ce surnom aussi en grandissant. C’est le lot de beaucoup de Daniel. Daniel et Ben se rapprochent et Joanne parle un peu plus de son fils, de ses manies. Les mères ça pourraient parler de leur bambin pendant des heures, ça c’est sûr. J’ai beaucoup moins de choses à dire sur Ben vu que je ne le vois pas tant que ça. D’ailleurs il grandit énormément à chaque fois que je le vois. C’est impressionnant les gosses. Daniel a l’air d’avoir décrété qu’il avait assez joué avec Ben et ce dernier revient vers moi.
« Papa ? »
« Il est juste là bas, il va revenir. »
Joanne propose de quoi manger à son fils et elle partage avec Ben qui avait les yeux rivés sur la madeleine.
« Merci. »
Je la remercie à la place de Ben qui est déjà bien trop occupé à manger. Joanne reprend la conversation et je me tourne vers elle alors que je regarde quand même d’un oeil Ben et Daniel.
« Je suis née ici. Mais c’est vrai que je ne suis pas trop du genre à profiter de tous les évènements qui se font ici… Là j’avais surtout envie de voir mon ami… »
Petit coup d’oeil vers lui qui est toujours au téléphone. Il me voit le regarder et me faire signe qu’il arrive bientôt. Je lui fais un signe qui veut dire qu’il peut prendre son temps, qu’il a pas à s’inquiéter. Je suis en bonne compagnie. Pas sûr qu’il ait compris tout ça mais c’est ce que j’ai voulu dire en tout cas.
« … c’est lui qui a proposé de venir ici. Il est plus au courant que moi. Ca doit changer des parcs habituels pour promener le petit. »
Je me retourne vers Joanne.
« Je suis plutôt une fille de la nuit. Déjà que je sortais beaucoup, j’ai racheté le Triffid y’a deux ans et j’y passe pas mal de temps depuis. »
Je fais des précisions au cas où elle ne connaîtrait pas.
« Il est à Fortitude Valley. Je sais pas si vous voyez. C’est aussi une salle de concert. »
Je commence à fouiller mon sac.
« Je dois avoir un flyer qui traîne. Ah ! Voilà. »
Et je lui tends. Je lui fais un beau sourire, contente de pouvoir faire ma pub. Il y a les prochains shows inscrit sur le petit papier format A5. Beaucoup de petites soirées musicale, dont un show acoustic gratuit et une soirée quiz.
« Si vous pouvez faire garder le petit un soir ça peut être sympa pour se déconnecter un peu. »
Joanne était du genre à penser à tout à la moindre sortie, surtout lorsqu'il s'agissait du petit. De quoi boire, des vêtements de rechange, des petits gâteaux si jamais ce petit estomac sur patte ne crit famine, lunettes de soleil, chapeau, etc. C'était à ce genre détails que l'on remarquait qu'elle était née pour être maman, que c'était un rôle qu'elle prenait énormément à coeur. Sa modestie lui ferait dire qu'elle n'était pas si bien que ça, mais elle se devait de reconnaître qu'elle se débrouillait bien, même très bien. C'était son rêve, ce qui la rendait heureuse en partie. Elle avait encore une madeleine en réserve, qu'elle donnait au nouveau petit compagnon de jeu de son fils. Les deux garçons grignotent avec beaucoup d'appétit, ils sont adorables à voir. Joanne s'intéressait de nouveau à Sam, trouvant toujours quelques questions pour en savoir un peu plus, pour faire connaissance. Elle était bien plus ouverte ces derniers temps qu'elle ne l'avait été pendant de longs mois. Bien qu'elle ne faisait pas beaucoup de sorties, la relation avec ses collègues semblait même s'améliorer. Elle se rapprochait du reste du personnel et, de fil en aiguille, s'investissait ainsi de plus en plus dans son travail. La petite blonde, du haut de son mètre soixante-deux, avait réussi à se faire une place en quelques mois, et elle comptait la garder aussi longtemps que possible. Ainsi Joanne découvrait que Sam ne se rendait habituellement pas à ce genre d'événements, que c'était surtout dans le but de passer du temps avec son ami. Les occasions semblaient manquer. "C'est pour ses nombreux événements que j'aime beaucoup Brisbane. Il y a toujours quelque chose à faire ici." dit-elle avec un sourire. "Même si je suis bien plus adepte des promenades, une sortie de ce genre de temps en temps me plaît beaucoup aussi." Cet événement-ci était pour tous les âges, tout avait été pensé pour chaque tranche d'âge puisse y trouver son compte. Sam tendit un flyer du bar qu'elle possédait. "Ah non, je ne connaissais pas." dit-elle en lisant rapidement le prospectus. "Je ne vais pas très souvent au bar, je dois dire." Pas grand monde avec qui aller, et souvent, quand elle y allait seule, Joanne devenait un peu victime de sa beauté. Elle n'oubliait pas que c'était dans un bar qu'elle avait rencontré Jamie pour la première fois – comment l'oublier ? A ce souvenir, un sourire amusé discret étirait ses lèvres, elle aurait presque envie de rire. Il avait joué les sauveurs et le tout s'était terminé au commissariat et en de plus mauvais terme. Une rencontre quelque peu explosive pour une relation tout aussi intense par la suite. Joanne ne regrettait aucun de ces moments-là. C'était écrit, ça devait être comme ça, et malgré les bas, elle gardait un précieux souvenir de chaque instant. "Et vous possédez ce bar ?" demanda Joanne avec un large sourire, particulièrement impressionnée. Sam l'invitait gentiment à sortir un peu de sa bulle, peut-être même venir au Triffid dès que l'occasion se présentait. La petite blonde avait la chance d'avoir une baby-sitter adorable et sur qui elle voulait compter. Et bien qu'objectivement elle ne lui en demandait pas tant que ça, Joanne avait l'impression justement de lui en demander beaucoup trop. Elle n'accordait pas sa confiance à n'importe qui lorsqu'il s'agissait de garder le petit et l'on ne pouvait que la comprendre lorsque l'on savait ce qu'il s'était passé. Une mauvaise expérience dont Joanne parlait à peine, même aux plus proches. Y repenser ne la referait plonger que dans l'angoisse à nouveau. "Ce serait avec plaisir." se réjouissait Joanne. "Il est vrai que je ne me permets pas beaucoup de sorties ces derniers temps, ça ne fait pas vraiment partie de mes priorités, mais je devrais vraiment y songer." Joanne serait amusée de voir les réactions d'Irene si elle l'emmenait dans un tel endroit. Nul doute que Ginny apprécierait et Alistair ne serait jamais contre boire un verre avec elle s'ils en avaient l'occasion. Elle tentait de voir chacun d'entre eux autant que possible, mais il fallait reconnaître qu'il y avait des soirs où elle voulait juste être avec Daniel, et ensuite profiter d'un moment de calme avant d'aller au lit. Tout dépendait de l'humeur du jour. "Il y a donc de grandes chances que si j'y vais, je vous y retrouve là-bas." supposa-t-elle. Joanne ne serait pas contre, Sam lui avait l'air plutôt sympathique et ouverte à la conversation. "Y'a-t-il une soirée à venir parmi celles qui sont écrite sur le flyer que je ne devrais absolument pas louper ?" lui demanda-t-elle, son interlocutrice ayant piquée son intérêt. C'était une sortie à prévoir, histoire de profiter de l'occasion. Joanne plia avec soin le flyer et le mit ensuite dans son sac à main afin de ne pas le perdre. "J'essaierai de me libérer, à l'occasion." C'était un peu comme une promesse, en quelque sorte. Les opportunités allaient et venaient, et Joanne ne voulait plus passer à côté d'aubaines qui pouvaient finalement lui apporter plus qu'elle ne pouvait le supposer. "Et c'est donc votre métier, de gérer le Triffid, ou vous faites d'autres choses à côté ?" Joanne ne savait pas vraiment comment ça fonctionnait, d'être gérant d'un bar. Si ça suffisait ou non pour vivre. Ou bien Sam avait peut-être d'autres passions qui lui prenaient beaucoup de temps. Elle voulait simplement en savoir plus sur elle. Ce n'était pas une nouveauté que, malgré sa timidité et son côté réservé, Joanne soit une personne particulièrement curieuse.
Je suis mise au courant de certains évènements de la ville, mais c’est tout le temps ceux qui sont en rapport avec la musique et le monde de la nuit. On se refait pas. Je devrais peut être suivre la ville de Brisbane sur twitter pour avoir ce genre d’infos. C’est le réseau social que je suis le plus assidûment. Je prends note mentalement de faire ça.
Joanne dit ne pas être du genre à aller dans des bars et ça ne m’étonne pas trop. Sûrement parce qu’elle a un enfant. Les parents prennent généralement beaucoup moins de temps pour eux. Elle demande si je possède le bar et je fais oui de la tête.
« J’ai fait cette folie y’a deux ans. Le bar était en vente et a toujours été un endroit qui me tenait à coeur. »
Et puis on peut dire que l’argent n’est pas un soucis. J’avais aussi besoin de me changer les idées à ce moment là et le bar est venu de manière naturel. Au bon moment. Mais je ne vais pas lui dire tous ces détails, c’est beaucoup trop d’information. Quand je lui file le flyer elle a l’air d’être partante et c’est plutôt cool. Une cliente de plus pour le Triffid. Elle allait peut être faire découvrir l’endroit à son entourage. Tout est bon pour agrandir le cercle de la clientèle. Elle demande si elle me verrait en venant au Triffid, j’hoche la tête.
« Oui j’y suis assez souvent… »
Pas tous les soirs mais presque parfois. Je me sens tellement bien au Triffid. Particulièrement quand il y a des concerts. C’est mon élément. Et puis je vais pas mentir, mais ma présence attire les gens aussi, alors j’en joue un peu. Certaines célébrités viennent boire un verre au Triffid uniquement parce que je possède le lieu. J’espère toujours qu’ils apprécient tellement leur venue qu’ils reviendront un jour futur, sans prétexter que c’est pour me voir. C’est arrivé parfois. J’ai vu sur twitter et instagram en stalkant les recherches associés au Triffid.
Joanne demande à propos des soirées noté sur le flyer.
« Je dirai que le show acoustic est un must see. Je serai là. Mais sinon la soirée quiz risque d’être super fun. C’est la deuxième qu’on fait et ça avait plutôt très bien marché la dernière fois. En fait je ne dois pas trop vous aider en disant ça. »
Ca me fait rire.
« Faites en fonction de la date qui vous arrange le plus. Si jamais y’a pas d’événements, y’a toujours le bar et de la musique pour passer une bonne soirée. »
Elle dit qu’elle va essayer de se libérer et ça me fait plaisir de voir qu’elle considère réellement une visite. C’est très sympa de sa part. Je ne manquerai pas de lui offrir un verre. Elle a l’air intéressé par ce que je fais dans la vie parce qu’elle me pose quelques questions.
« Oh non, je le gère pas, y’a une équipe de pro qui fait ça. Moi j’ai juste investit et j’ère entre les murs. »
Je me fais rire toute seule.
« Je suis auteur compositeur. Il m’arrive de chanter aussi. »
Je minimise un peu le côté chanson car c’est quand même plutôt secondaire à côté de tout ce que j’ai fait comme boulot d’écriture de chanson avec d’autres artistes. Mais ouais, je chante pas mal en vérité. Ca a pris une grande part de ma vie mais pas depuis quelques années, alors je mets ça au second plan.
« Vous connaissez peut être ‘Don’t speak’ de No Doubt. C’est une des chansons que j’ai écrite. »
C’est toujours celle là que je ressors quand je parle de ce que j’ai écrit comme chansons. Elle a tellement marché dans le monde entier, tout le monde la connait. Ils savent juste pas que je suis la femme derrière la chanson. On est dans l’ombre.
« Et vous ? Vous faites quoi dans la vie ? »
Je sais pas pourquoi je l’imagine bien mère au foyer.
« Désolé ça à pris plus de temps que prévu. »
C’est Joshua qui est de retour, nous coupant dans notre conversation. Il tend la main vers Joanne pour se présenter comme il se doit.
« Joshua. Mais faites comme si j’étais pas là. »
Et il file vers son fils pour s’amuser avec lui et Daniel. Ca me fait rire de le voir comme ça. Il commence à faire des grimaces pour faire rire les petits.
Même avant d'avoir eu Daniel, ce n'était pas dans la nature de la jeune femme que de traîner dans les bars. Après son divorce, sa soeur l'incitait à s'y rendre, à sortir et rencontrer des gens. Finalement Joanne ne le faisait que pour lui faire plaisir et pour qu'elle lui laisse un peu la paix car les résultats n'avaient jamais été très probants. Exception faite de la rencontre avec Jamie. La jeune femme devinait sans mal que son interlocutrice ne devait pas trop avoir de problèmes financiers, bien au contraire, pour pouvoir se permettre de coup de folie, comme elle disait. "Je trouve que c'est chouette, lorsque l'on a l'occasion de préserver un endroit qui nous est cher comme ça." L'acheter était le meilleur moyen, certes. Mais souvent les racheteurs faisaient ensuite perdre l'esprit initial du bar, alors la clientèle changeait avec. Certaines aimaient la nouveauté, d'autres préféraient garder cette ambiance de chez-soi, apprécié au fil des années. De plus, Sam était régulièrement présente au bar en question. Donc, si Joanne s'y rendait, elles avaient de très fortes chances de se croiser. Encore faudrait-il que la blonde ne s'accorde un moment pour sortir seule en ville. Ca ne lui viendrait pas naturellement à l'esprit. Joanne s'intéressait un peu aux quelques événements à venir dans ce fameux bar que possédait Sam et lui demandait alors quelle soirée il ne fallait pas manquer. Il y en avait apparemment pour tous les goûts. Elle rit doucement quand elle remarquait que la propriétaire du Triffid lui recommandait finalement un peu toutes les soirées. "Je prends note quand même." lui assura Joanne avec un sourire amusé. Il ne fallait plus qu'espérer que Joanne n'oublie pas ce prospectus au fond de son sac à main une fois qu'elle sera rentrée à la maison. Sam révélait qu'elle avait uniquement investi dans le bar, elle laissait le soin à des professionnels de s'occuper de sa gestion globalement, elle s'était retirée ainsi toutes les responsabilités, toute éventuelle contrainte lorsque l'on achète ce genre d'endroits. C'était bien la première fois que Joanne rencontrait un auteur compositeur, elle était largement impressionnée. "Vous avez écrit une des chansons de No Doubt ? Vraiment ?" dit-elle en écarquillant les yeux. Il était vrai qu'on ne parlait jamais de toutes les personnes qui travaillaient derrière un tube, on ne se focalisait que sur ceux qui la chantaient, principalement. Tout le staff qui gérait le reste à côté était comme la parte immergée de l'iceberg. "Et actuellement, vous travaillez sur quoi ? Vous gardez toujours le même style musical ou vous aimez toucher un peu à tout ?" demanda-t-elle alors, bien curieuse. Sam lui retourna ensuite la question, certainement par courtoisie. "Je suis conservatrice au QAGOMA depuis un peu plus de six mois. J'avais déjà travaillé au Queensland Gallery quelques mois avant ça, et avant la naissance de mon fils, j'étais au Museum of Brisbane." expliqua-t-elle avec un sourire. Elles travaillaient toutes les deux dans l'art, bien que ce soit des domaines distincts et bien différents. "Et maman célibataire à temps plein aussi à côté." ajouta-t-elle en faisant un clin d'oeil, avant d'observer Daniel quelques secondes. C'était un sacré rythme et cela demandait beaucoup d'organisation, et malgré le rythme intense au musée ces derniers temps, Joanne trouvait qu'elle s'en sortait plutôt bien. L'ami de Sam se détachait enfin de son téléphone et se rapprochait des deux femmes. La blonde lui serra la main en guise de salutations. "Joanne. Enchantée." lui répondit-elle avec un sourire sincère. Après quoi il s'approchait des deux enfants pour les faire rire un peu. Mais sans trop attendre, Daniel se rapprocha de sa mère et réclamait rapidement d'être pris dans ses bras. "Je crois qu'il a réussi." répondit-elle à Sam en riant doucement. Bien qu'il était social, Daniel ne faisait pas trop confiance aux inconnus, pas tant que sa mère l'ait rassuré à ce sujet ou qu'il constate qu'elle semblait être en confiance avec. "Excusez-le, il est un peu craintif avec les personnes qu'il ne connaît pas." dit-elle à Joshua avec un sourire, pendant qu'elle caressait tendrement le dos de son garçon. "Et il doit commencer à fatiguer aussi, c'était une après-midi bien remplie pour lui."[/clor] Certains signes ne trompaient pas, comme lorsqu'il venait se blottir tout contre elle dans une position particulièrement confortable. Joanne était persuadée que si elle le berçait, il s'endormirait aussitôt. "Dès qu'il sera dans la voiture, il sera au pays des rêves, à n'en pas douter." dit-elle en souriant. "Je pense que je ne vais pas tarder, du coup." Cela n'avait plus trop d'intérêt d'avoir un enfant fatigué dans un parc de jeux. Mais Daniel avait pu se faire un nouvel ami, qui sait, ils pourraient très bien se revoir un jour et jouer à nouveau ensemble.
C’est même plus que chouette de préserver un endroit qui nous est cher. C’est un honneur. Je me donne du mal pour qu’il soit au goût du jour, mais sans perdre sa patte. C’est toujours le Triffid avec un bon lifting. Joanne prend bonne notes des soirées que je lui ai conseillé, j’espère qu’elle se décidera à venir. Ca me ferait plaisir de la croiser là bas et surtout qu’elle s’y plaise, qu’elle passe une bonne soirée.
J’évoque une des chansons que j’ai écrite et elle est surprise, je souris en la regardant.
« Oui, et pas qu’une, mais c’est celle que tout le monde connait. »
Je suis assez fière de moi, surtout que j’étais toute jeune à l’époque. Mais je reste humble. Elle me demande sur quoi je travaille en ce moment.
« Je suis sur quelques chansons de Missy Higgins. Je vais aussi travailler avec Sky Ferreira si jamais ces noms vous parlent. »
Je n’ai cité que les plus connu et les plus récents, sinon la liste est bien trop longue. Y’en a une sur ma page wikipedia mais elle n’est pas complète non plus. Faut dire que certains artistes sont pas vraiment connu, du coup pas vraiment mis en avant, ce qui est dommage. Je marche au coup de coeur pour le travail, même si c’est des newcomers, ça ne me dérange pas du tout, du moment que ça sonne bon. Parfois ils ont même pas besoin de moi pour faire des très bonnes chansons. Juste que c’est pas évident de se faire un nom dans la musique de nos jours.
« Je touche à pas mal de style musicaux différents. Rock, indie, pop, punk, country. Ca tourne quand même beaucoup autour de ça. »
Je sais pas si ça va réellement l’intéressé mais j’aime parler musique alors je lui réponds sans trop y réfléchir. Quand c’est au tour de Joanne de parler de son boulot je suis surprise également. Elle n’est donc pas mère au foyer. Elle bosse au QAGOMA, pas mal. Je suis impressionnée. C’est pas banal, ça ne doit pas être donné à tout le monde. Visiblement elle a toujours été dans le milieu de l’art. C’est un peu mon cas à moi aussi, juste qu’il ne s’agit pas du même art.
Elle est donc mère célibataire. Ca doit pas être facile tous les jours d’élever seul son enfant. C’est ce qui a faillit m’arriver mais c’était une fausse alerte. J’ai quand même eu le temps de me faire tous les films du monde le temps d’avoir les résultats de la prise de sang.
Joshua revient vers vous et ça ne plaît pas à Daniel qui va dans les jambes de sa mère assez rapidement. Elle s’excuse pour le petit, elle est prévenante, bien que Joshua ne l’ait pas pris mal du tout.
« C’est rien. »
Il lui fait un beau sourire et je me demanderai presque s’il est pas en train de charmer Joanne. Cette dernière annonce qu’elle va pas tarder à partir et Joshua se rapproche de nous, Ben dans les bras.
« On va aller se prendre une glace à la boutique Ben & Jerry pas loin. »
« Glace ? » dit Ben avec un grand sourire sur son visage.
« Tu me prends par les sentiments. »
Joshua sait que je suis une adepte de Ben & Jerry. Tout le monde a l’air partant pour ce goûter improvisé. Tout le monde ? Peut être bien.
« Si vous voulez vous joindre à nous ce serait avec plaisir. »
J’ajoute ça tout naturellement à l’adresse de Joanne. J’ai passé un bon moment à sympathiser avec elle, pourquoi ne pas faire connaissance avec Joshua en plus maintenant. Après tout ils auront certainement beaucoup en commun étant parents d’enfant du même âge tous les deux. Je risque de me retrouver un peu mise de côté mais j’aime bien écouter les histoires d’enfants de Joshua et comme il galère parfois depuis qu’il a son fils. Sa vie a bien changé et il n’en est qu’un meilleur homme maintenant.
On commence à prendre la marche vers la sortie du parc tous ensemble, nos routes se séparerons peut être après si Joanne décide de rentrer tout de suite.
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