Les examens arrivaient et pour la première fois depuis le début de ta carrière universitaire, tu devais avouer que tu stressais un peu. Bon, tu ne stressais pas pour les mêmes raisons que la plupart de tes collègues parce que ton but n’était pas d’avoir le diplôme avec la meilleure note du monde pour rentrer dans les meilleures rédactions de Brisbane ou du pays. Non, tu stressais parce que si tu n’arrivais pas à t’assurer la moyenne à tous tes examens alors tu allais devoir passer une autre année sur les bancs de l’université. Et ça il en était hors de question. Alors pour une fois, tu avais décidé de faire un peu plus que le minimum et pour t’empêcher de changer d’avis en cours de route, tu avais confié ce projet à ton ami d’enfance Ambroise. Tu l’avais retrouvé par hasard à Brisbane et même si vous n’aviez pas toujours le temps de vous retrouver, vous aviez petit à petit repris contact et c’était pour toi agréable de retrouver dans cette ville complètement nouvelle des personnes de ton ancienne ville et de ton ancienne vie. La partie de ta vie qui avait été heureuse et sans histoire, les trois dernières années que tu avais passées à Sydney étaient à oublier bien entendu. Les examens se rapprochant dangereusement, tu avais proposé à Ambroise de se retrouver chez toi pour réviser. Vous n’étudiez pas du tout dans les mêmes domaines mais bon, avoir quelqu’un de sérieux et d’impliqué dans ses études à tes côtés c’était un gage de sérieux et de travail, un exemple que tu allais pouvoir suivre pour l’après-midi. Vu que ton loft était bien assez grand pour vous accueillir, tu avais proposé de faire cela chez toi promettant à ton ami les rafraîchissements et les friandises pour vous permettre de survivre à cette après-midi. Bon, tu devais avouer que tu espérais pouvoir en apprendre plus sur la vie à Brisbane d’Ambroise et pouvoir retrouver une plus grande complicité mais cela ne serait qu’un plus.
Tu avais donc passé la matinée à préparer le loft. La table de la cuisine était assez grande pour vous accueillir et tu y avais installé tes affaires d’un côté laissant l’autre libre pour ton ami. Tu avais également installé le coin salon à quelques pas de la table pour que vous puissiez vous détendre et y faire des pauses ou même travailler sur les canapés. Tu avais acheté des jus de fruits que tu avais posés sur la table avec des verres ainsi que diverses petites choses à grignoter. Il y avait des fruits secs, des bonbons, des bâtonnets de légumes, des gâteaux d’apéritif, enfin bref un peu de tout. Il fallait que tu balances la malbouffe avec des choses plus saines sinon rien qu’à l’idée de grignoter des sucreries toutes l’après-midi te donnait la nausée. Ton psychiatre te maintenant que ça allait mieux mais des fois tu te demandais si un jour tu arriveras à remanger normalement sans te poser trop de questions. Quand la sonnette de ton loft retentit, tout était prêt et toi aussi. Tu allais donc ouvrir la porte à ton ami : « Ambroise ! » Lui dis-tu en lui sautant dans les bras. Une habitude quand vous étiez petits, tu espérais qu’il ne se sentirait pas agressé. « Entre je t’en prie. Bienvenue chez moi ! » Lui dis-tu en lui montrant la grande pièce. Ta chambre et la salle de bain étaient des pièces à part mais ton espace de vie était bien là. « Comment tu vas ? » Lui demandas-tu en te dirigeant vers le salon.
La fin de l’année approche, et avec elle, les examens et la fin de l’année scolaire tout simplement. Ambroise n’était pas plus chamboulé que cela. Il travaillait déjà beaucoup, avec un rythme que peu arrivent à suivre de leur plein gré une fois jeté dans le bain de l’université. Alors leur charge de boulot augmente avec les examens, et ils stressent. Pas Bonnie. Jamais Bonnie. Un super-pouvoir d’après sa sœur. Lorsqu’elle lui dit, ou que Clément lui fait une remarque, il l’esquive d’un haussement d’épaules. C’est naturel chez lui de bosser autant, ça en devient même une obsession parfois, ça évite les questions et les sentiments et tout ce bordel. Un peu comme en ce moment. Disons qu’il s’y est plongé sévèrement lorsqu’il y a eu l’embrouille avec Clément, puis il a tout de même gardé un rythme soutenu malgré leur réconciliation et le retour à la normale de leur relation. De cette soirée il ne garde qu’une sensibilité du nez. C’est pas mal, vu qu’il a dû quand même passer aux urgences. Il a plutôt vite fait le tour de ce qu’il doit réviser, à vrai, dire comme toujours. Il est plus que prêt. Il pensait plutôt finir par aider sa sœur, même s’il y avait peu de chance, ou Clément, mais c’est Mia qui l’a appelé.
Il n’a pas hésité à accepter, alors le voilà sur le chemin de l’appartement de la jeune femme. Il était content de la retrouver, c’était une partie de sa vie à Sydney, une de ses premières amies. Il n’aurait pas pensé le faire ici, à Brisbane. Malgré leur manque de temps pour de voir, ils ont repris contact plus sérieusement que par les réseaux sociaux. Comme à présent elle veut réussir cette année, et ne pas abandonner en cours de route ses bonnes résolutions, elle lui a demandé de venir l’aider à réviser. Elle stresse, comme beaucoup de gens. Il n’a pu que dire oui, en vérité.
Il réajuste son sac sur son épaule, dans lequel il a pris un ou deux bouquins à lui quand même, bien qu’il doute les sortir. Il se sent mieux ainsi. Lorsqu’il sonne à la porte, il ne s’attend pas vraiment à ce que la jeune femme lui saute dans les bras. Après un instant de surprise, il lui rend furtivement son étreinte. Ce n’est pas vraiment sa tasse de thé ce genre de contact à présent, il n’apprécie pas qu’on le touche s’il ne l’a pas décidé, néanmoins, il n’en tiendra pas rigueur à Mia. Petits, ils avaient ce genre d’habitudes. Et puis en fait, ça ne le dérange pas plus que cela. « Salut Mia », répond-il en souriant largement.
En entrant, il observe rapidement le loft, avant de se tourner vers son amie. Il n’était encore jamais venu chez elle, tout comme elle n’a pas encore eu l’occasion de squatter chez lui. « Ouais ça va, et toi ?» lâche-t-il basiquement, avant de reprendre : « T’es pas si mal installée dis donc, en plus le coin est pas mal. Hé, tu t’es vraiment donnée du mal, fallait pas. » Il rit légèrement en s’approchant de la table où se trouve jus de fruit, divers bonbons, des fruits secs, et autres choses à grignoter. Il ne fût pas gêné de taper dans les bonbons, toutes les choses sucrées étant son pêché mignon. Mia a visiblement préparé son appartement pour leur permettre de travailler sans problème, et de quoi survivre, comme elle le lui avait judicieusement dit. « Bon, t’en es où dans tes révisions ? T’as déjà un plan ? » demande Ambroise en déposant son sac au pied de la chaise qui se trouve du côté de la table exempt des affaires de la jeune femme.
Tu ne serais pas surprise qu’Ambroise te dise qu’il avait été surpris de recevoir ton appel. C’était un peu normal après tout … Vous aviez été amis, dans une autre époque, dans une autre vie mais tu faisais partie des gens qui croyaient que des liens pouvaient se tisser de nouveau aujourd’hui entre deux âmes qui avaient été liées autrefois si on faisait assez d’efforts pour cela bien sûr. Avec les vacances qui se profilaient, tu espérais pouvoir recréer ce lien avec Cora et tu avais terriblement besoin de ses conseils en prime mais aujourd’hui tu allais commencer par Ambroise. Les révisions n’étaient finalement qu’une excuse mais une excuse dont tu ne pouvais te passer car tes examens arrivaient bel et bien et contrairement à ton ami que tu savais très studieux et très impliqué dans ses études, tu n’avais rien fait de l’année. Tes parents n’avaient jamais compris ton aversion pour l’école malgré tes nombreuses tentatives. Tu aurais préféré travailler dans un petit boulot et passer plus de temps à auditionner que de devoir subir ces enseignements qui ne te servaient à rien. Mais tu savais tirer profit de toute situation et ces années à l’université n’avaient pas été une exception. Même si elles avaient été la cause de ta rencontre avec Janice … Voilà une histoire que tu comptais ne jamais avoir à revivre ou à raconter. Vu qu’Ambroise avait accepté de te tenir compagnie pendant les heures de révision pénibles qui t’attendaient, tu avais décidé de préparer ton appartement comme il se devait. C’était la moindre des choses et puis au fond ces révisions étaient un peu comme des retrouvailles car même si vous aviez repris contact depuis plusieurs mois, c’était la première fois qu’Ambroise venait chez toi ou inversement. Quand il sonna à ta porte, tu lui ouvrais avant de te jeter dans ses bras. L’idée qu’il puisse être contre un quelconque contact ne te traversa pas l’esprit et tu manquais son incrédulité pour te consacrer sur son sourire qui t’attendait quand tu le libérais. « Salut Mia. Ouais ça va, et toi ?» Tu lui rendis son sourire avant de le laisser entrer. Tu le laissais découvrir les lieux qu’il ne connaissait pas avant de lui répondre : « Ca va bien aussi. J’ai hâte que les partiels soient terminés je ne te le cache pas. » Enfin la liberté ! A condition que tu arrives à avoir la moyenne dans toutes les matières, chose qui n’était pas gagnée d‘avance. Mais tu avais toujours su fournir le maximum d’efforts au dernier moment et cela t’avait toujours sauvé. L’idée d’apprendre toutes ces connaissances pour les retenir à jamais ne t’avait pas traversé l’esprit. « T’es pas si mal installée dis donc, en plus le coin est pas mal. Hé, tu t’es vraiment donnée du mal, fallait pas. » Tu ne pouvais nier être super bien installée. Ton frère t’avait gâtée avec ce loft mais tu le soupçonnais d’avoir accepté de te payer ce genre de logement pour la simple et bonne raison qu’il se trouvait de l’autre côté du pallier. « Il nous fallait de quoi supporter cette dure épreuve qui nous attend. » Dis-tu en prenant place en face d’Ambroise. « Et je ne me plains pas, mon frère a déniché cette petite perle qui se trouve être en face de chez lui. » Un avantage qui peut se transformer en inconvénient quand ton frère décidé de faire des visites surprises et que tu as de la compagnie masculine chez toi. Cela ne s’est pas encore produit mais ça ne saurait tarder vu ta chance. « Bon, t’en es où dans tes révisions ? T’as déjà un plan ? » Ton ami te ramène brutalement à la réalité et à la raison de sa présence ici. Les révisions … Oui, tu as un peu commencé mais pas trop non plus. Tu n’arrives pas à te concentrer, ça ne t’intéresse pas. « Il faut faire un plan ? » Demandas-tu les sourcils froncés. Cette idée ne t’avait pas traversé l’esprit. « J’ai relu un cours par-ci, un cours par-là. » Dis-tu en haussant les épaules. « Contrairement à toi je ne vise pas l’excellence, du moins pas dans ce domaine. » Dis-tu un sourire sur les lèvres.
Malgré tout ce qu’on peut penser de lui, Ambroise appréciait d’aider ses amis. Il les connaissait assez pour savoir si son aide serait réellement utile, comme aujourd’hui avec Mia. Elle voulait réellement avoir son année, et ne pas retourner à la case départ. Elle rêve d’autre chose que d’étudier, de rester sur les bancs de l’université ; elle veut devenir actrice, un peu comme Clément. Ça l’a fait sourire lorsqu’il a fait le rapprochement entre les deux. N’empêche qu’il arrive à comprendre Mia. S’il était coincé dans des études qui ne lui plaisaient et ne l’intéressaient pas, il aurait aussi envie d’en finir au plus vite. C’est bien parce que les sciences l’intéressent assez pour se plonger dans ses cours avec plaisir qu’il aime autant bosser. Quand il était plus petit, sans efforts (à ses yeux, disons qu’il révisait comme tout un chacun) il avait de bonnes notes dans les autres matières, ça n’était que si le sujet l’intéressait qu’il y allait à fond. Et encore aujourd’hui, il se demande s’il a une limite, tant il peut passer du temps à lire, apprendre, mémoriser des nouvelles informations scientifiques.
Il espère pouvoir aider Mia, vraiment. Ne serait-ce qu’en souvenir de leurs très jeunes années où ils avaient été des amis. Ce détail l’avait décidé à accepter. Il avait de très bons souvenirs avec elle, et l’idée de créer d’autres, et de savourer à nouveau sa compagnie lui plaisait. Encore maintenant Bonnie n’était pas une bête de sociabilité, mais il chérit ses amitiés. Des gens qui arrivent à le supporter, c’est assez rare.
En arrivant, il est ravi de revoir son amie d’enfance, même s’il a un instant d’arrête lorsqu’elle vient le prendre dans ses bras sans gênes. Mais il se reprend vite et lui rend son étreinte, avant d’entrer dans son petit appartement. Un coup d’œil lui confirme que ça ne doit pas être désagréable de vivre ici. Il apprend que c’est son frère qu’il lui a déniché cet appartement – peut-être en effet pour garder un œil sur elle, qui sait. Et puis, elle a mis les petits plats dans les grands en préparant de quoi grignoter pour au moins deux jours. Ses efforts font sourire Ambroise, avec gentillesse, alors qu’il précise qu’elle n’avait pas besoin de se démener autant. Elle lui assure qu’il leur faudra bien ça pour tenir durant les prochaines heures, et il rigole légèrement, lui donnant raison. S’installant à table, du côté libre, il dépose son sac au sol en arrivant aux choses sérieuses. Surprise, elle lui demande ce que l’australien entend par ‘’faire un plan’’, il pousse un léger soupire amuser. Elle continu en disant avoir relu des cours par-ci par-là, et qu’elle vise juste la moyenne. « Heureusement que tu vises pas trop haut, tu t’y prendrais trop tard pour ça. Mais tu peux facilement avoir la moyenne, j’en suis sûr. » Ou alors elle n’a vraiment rien foutu de l’année, et là, il ne pourrait pas lui venir en aide. Mais il en croise beaucoup des étudiants qui se réveillent juste avant les partiels et qui obtiennent la moyenne, de justesse certes, mais la moyenne quand même.
« Ouais un plan, par quoi tu comptes commencer tes révisions en gros. Faut bien démarrer quelque part, pourquoi pas par ce qui t’intéresse le plus hm ? Doit bien y avoir quelque chose, dans tout ça, qui éveille un peu ton intérêt non ? » sourit-il. « T’as pas des annales des précédents partiels ? Tu connais le type d’exercices que tu vas devoir te taper ? Ça pourrait nous aider. » Il commence déjà à réfléchir, et arrête ses questions pour le moment, ça en fait assez. « On pourrait faire des fiches, ça t’aiderait à te rappeler de l’essentiel... » Il esquisse ensuite un sourire, en relevant son regard sur la jeune femme alors qu’il prend un autre bonbon. « Tu pourrais peut-être voir ça comme un texte à apprendre ensuite, utiliser les mêmes techniques que pour apprendre un rôle. Non ? » Il hausse les épaules. « Faut se raccrocher à ce que t’aime, sinon tu vas avoir l’impression que c’est de la torture. »
Même si tu n’as nullement envie de briller lors de tes examens, il est hors de question pour toi de ne pas les avoir. Tu ne t’es jamais impliquée dans tes études, faisant vraiment le strict minimum depuis que tu les avais commencées mais cette fois, tu n’avais pas le choix. Quand tu disais à tes amis que ce qui te motivait c’était de décrocher le diplôme pour ne plus entendre parler de l’université, ils souriaient amusés. En même temps, ils t’avaient vu sécher les cours plus d’une fois et regarder des films sur ton ordinateur quand tu te rendais en cours donc cela ne les surprenait pas beaucoup. Mais peut-être que cela surprenait Ambroise. Quand vous étiez enfants, tu avais toujours eu de bons résultats à l’école, tu avais été une élève impliquée. Tu regrettais simplement que tes parents ne comprennent pas que le cursus scolaire n’était pas adapté à la réalisation de ton rêve. Ils avaient laissé Priam partir jouer au rugby, il n’avait pas eu à passer un diplôme à côté mais bien sûr, pour toi cela avait été différent. Désormais, il était temps de réviser un peu histoire d’assurer tes arrières. Et quoi de mieux pour cela que d’inviter ton vieil ami qui, tu l’avais compris lors de vos quelques discussions depuis ton arrivée à Brisbane, était passionné et très impliqué par ses études ? Non, c’était vraiment ce qu’il te fallait, quelqu’un qui te pousse à faire les choses et puis tu comptais bien profiter de ces révisions pour en apprendre plus sur la vie actuelle de ton ami d’enfance. Parce que finalement, à part ses études, tu ne savais pas grand chose sur lui. Tu avais rencontré quelques uns de ses amis mais le courant n’était pas vraiment passé alors tu n’avais pas insisté. Une fois arrivé, Ambroise ne tarda pas à remettre le sujet des révisions au centre de la conversation. Te connaissant, tu l’aurais entraîné sur une longue discussion sur sa vie plutôt que de réviser mais le jeune homme ne te laissera pas chômer et c’est une bonne chose mais c’est un calvaire aussi … « Heureusement que tu vises pas trop haut, tu t’y prendrais trop tard pour ça. Mais tu peux facilement avoir la moyenne, j’en suis sûr. » Un grand sourire apparut sur ton visage. Tu espérais qu’Ambroise ne surestimait pas tes capacités mais tu avais réussi à avoir la moyenne jusqu’ici sinon tu ne serais jamais arrivée au bout de tes études. Tu avais depuis toujours eu une bonne mémoire. Tu retenais facilement le peu que tu écoutais en cours et tu piquais les notes de quelques élèves de ta promotion pour le reste. Aucun des documents que tu possédais pour réviser aujourd’hui n’était de toi. « Tu veux faire quoi plus tard avec ton diplôme ? » Quand vous étiez gamins, vous parliez peu de ce que vous vouliez devenir. Ou du moins pas sérieusement. Toi tu voulais devenir actrice, tu ne t’en cachais pas et tes proches le savaient mais cela t’intriguait de savoir pour quel métier Ambroise travaillait aussi dur pour réussir. Car toi aussi tu travaillais dur mais pour préparer des auditions. « Ouais un plan, par quoi tu comptes commencer tes révisions en gros. Faut bien démarrer quelque part, pourquoi pas par ce qui t’intéresse le plus hm ? Doit bien y avoir quelque chose, dans tout ça, qui éveille un peu ton intérêt non ? T’as pas des annales des précédents partiels ? Tu connais le type d’exercices que tu vas devoir te taper ? Ça pourrait nous aider. » Ce que tu aimes le plus ? Tu n’es pas certaine d’avoir réellement une matière préférée pour la simple et bonne raison que tu ne t’y es jamais assez intéressée pour en avoir une de préférée. Mais tu avais des annales et tout le reste, envoyés par vos professeurs. Tu lisais tes emails tout de même et tu ne les supprimais pas. « J’ai des annales et je sais quels exercices je vais avoir. » Tu avais au moins écouté les consignes dans les dernières cours où tu avais assisté. « Je n’ai pas de matière préférée, elles me donnent toutes envies de dormir donc peu importe. Tiens commençons par ça ! » Dis-tu en attrapant un premier paquets de feuille de ton cours d’histoire du journalisme et de perception des médias. Mais Ambroise n’en avait pas terminé avec les conseils. « On pourrait faire des fiches, ça t’aiderait à te rappeler de l’essentiel... Tu pourrais peut-être voir ça comme un texte à apprendre ensuite, utiliser les mêmes techniques que pour apprendre un rôle. Non ? Faut se raccrocher à ce que t’aime, sinon tu vas avoir l’impression que c’est de la torture. » C’est de toute manière comme cela que tu fonctionnais depuis le début. Mémoriser n’était pas difficile pour toi mais tu n’aimais pas le faire des semaines à l’avance, rien que de penser travailler pour ce diplôme te donnait la chair de poule. « C’est ce que je fais. C’est comme ça que j’ai réussi à passer tous les examens d’année en année. J’ai une bonne mémoire, c’est juste que je n’ai pas envie d’y stoker ce genre de choses. » Dis-tu en haussant les épaules et en prenant un stylo. Faire une fiche, allez commençons ! Alors que tu commençais à travailler, tu demandais à ton ami : « Sinon quoi de beau de ton côté ? A part les examens. » Lui demandas-tu curieuse.
Ça sera sûrement la première fois qu’il restera aussi longtemps avec Mia depuis qu’ils se sont retrouvés. Auparavant c’était plus furtif, un petit café, une conversation sur le campus, lorsqu’ils se croisaient, ou un petit échange de sms. Il garde dans un coin de sa tête, car il aussi envie d’en savoir un peu plus sur elle, en dehors de ses études et des sujets facilement abordables. Mais ça sera pour plus tard, s’ils commencent pas ça, ils ne réviseront jamais au final, et il ne souhaite pas que Mia se plante alors qu’elle a fait appelle à lui en raison de son sérieux. C’est un gros travailleur, car il a des facilités et aime simplement apprendre, en savoir toujours plus. La petite complexité c’est que chacun apprend différemment, certaines techniques marchent mieux sur les uns que sur les autres. Or il ne sait pas comme Mia fait d’ordinaire pour réviser.
Installé à table, Ambroise met tout de suite le sujet des révisions sur le tapis. Il se dit qu’ils prendront des pauses, et pourront alors en profiter pour discuter un peu et se changer les idées, pour ne pas complètement dégoûtée la jeune femme qui n’a pas l’air emballée par ses études. Et il a envie de lui demander pourquoi elle les a choisis, du coup, car il n’imagine pas étudier une chose qui ne l’intéresse pas un tant soit peu. Il a très bien compris en revanche qu’elle souhaite seulement avoir son diplôme et ne cherche pas les meilleures notes. Elle ne vise que la moyenne, et c’est déjà bien. Il croit se souvenir que ses exams ne sont vraiment pas dans longtemps, alors il doute que quiconque puisse obtenir une mention en commençant des révisions seulement maintenant. La moyenne donc, c’est leur but, et d’après ses souvenirs Mia possède une bonne mémoire, alors ça ne devrait pas être la mer à boire. Mais il faut tout de même un peu de concentration... Et Mia commence à détourner le sujet en lui demandant ce qu’il veut faire plus tard, avec le diplôme en poche et ses études terminées. Il arque un sourcil, mais esquisse un sourire. Il estime que ça n’est pas une trop grande digression, le sujet reste les études après tout.
« Franchement ? Je ne sais pas exactement. J’en ai pour encore quelques années de toute façon. Je vise le doctorat. Du coup je serais sûrement chercheur en astrophysique. Mais ça me plaît rassure-toi », ajoute-t-il en riant un peu. Les gens le regardent souvent avec de grands yeux quand il parle de ça, car il n’a pas tout à fait l’air de l’intello en blouse blanche qui fait des calculs. Avant qu’il n’ouvre la bouche, cela dit. « Ou sinon astronaute, je rêve toujours d’aller voir ce qu’il se passe depuis là-haut. J’disais déjà ça quand j’étais gosse, toute ma famille m’en parle tout le temps vu qu’en fait c’était pas pour déconner. » Beaucoup d’enfants rêvent d’aller dans l’espace, pour Bonnie ce sont tout ses rêves qui sont dirigés vers les étoiles, depuis toujours. Aussi il travaille dur pour arriver à faire ce qu’il aime, ce qui se résume en quelques mots : comprendre le monde. Une bagatelle en somme.
Après cet interlude, il revient sur le sujet des révisions et pose plusieurs questions à Mia. Malheureusement, elle n’a aucune préférence sur les sujets étudiés en classe. Ils l’endorment tous au final. En revanche elle a les annales des années précédentes et des exercices pour s’entraîner. C’est déjà un bon point. Elle sort d’ailleurs un paquet de feuilles qui correspond à ces exercices, ce qui peut être un bon point de départ, mais Bonnie n’en a pas terminé. Ce qu’il avance cependant est déjà la manière de travailler de Mia. Elle mémorise tout assez bien, mais si elle s’y prend aussi tard, c’est parce qu’elle ne veut pas s’encombrer l’esprit de choses inutiles. Riant légèrement, Ambroise hoche la tête. « Ouais ok je comprends mieux. Du coup tu veux surtout quelqu’un pour t’aider à rester concentrée c’est ça, t’inquiète t’as frappé à la bonne porte », lance-t-il avec un petit sourire en coin. Dans le genre déterminé, Ambroise ne fait pas semblant. Il peut être totalement dédié à une chose, il n’y a qu’à voir son aptitude à rester pencher sur un livre ou du travail pendant des heures.
Mia commence à faire une fiche, suivant son conseil, alors qu’il s’empare de quelques feuilles des annales pour en apprendre davantage sur les épreuves et sujets. « Pas grand-chose », répondit-il succinctement en haussant les épaules, sans détourner les yeux de sa lecture. Il laisse encore passer une bonne minute de silence, où il regarde d’autres feuilles, avant de porter son attention sur Mia. « Enfin si, j’ai passé une journée marrante y’a... quelques semaines déjà. J’ai perdu un pari et j’ai dû me fringuer en fille. Même mon meilleur pote m’est passé à côté sans me reconnaître. » Il esquisse un sourire, parce que ça reste drôle, même si ces souvenirs sont maintenant teintés d’une couleur douce-amère. C’est bien une des choses les plus folles qu’il ait faite ces derniers temps mais, comme promis à Clément, il n’évoque même pas le passage de l’entourloupe, la soirée de flirt et le baiser. Dont il lui arrive encore de sentir le fantôme sur ses lèvres. Soit.
« Sinon franchement, à part les exams comme tu dis, pas grand-chose. Tout le monde n’est concentré que là-dessus alors y’a plus vraiment de soirées d’organisées... » Il croise les bras sur la table et observe Mia travailler un instant. Rah il était curieux maintenant. « Et toi du coup ? » demande-t-il, avant de sourire légèrement et de prendre un bonbon dans le petit bol.
Tu avais réellement besoin de réviser, tu le savais mais c’était un peu une fausse excuse que tu avais offerte à Ambroise. Oui, tu allais certainement réviser cet après-midi et tu voulais avoir ton diplôme mais tu voulais également retrouver ton ami d’enfance, savoir ce qu’il était devenu. Parce qu’à part connaître sa branche d’études et son meilleur ami imbuvable, tu ne savais pas grand chose sur lui au final et il était grand temps de changer cela. Vous évoluiez dans des milieux aux antipodes l’un de l’autre ce qui voulait dire qu’il fallait prendre le temps de s’arrêter et de trouver un moment pour se retrouver, comme vous étiez en train de le faire aujourd’hui. Tous les snacks que tu avais disposés sur la table basse de ton salon étaient aussi là pour vous permettre de faire des pauses et vous rappeler le bon vieux temps où tu n’hésitais pas à aller mettre la main plus ou moins discrètement dans les réserves de bonbons de la maison. Tu avais toujours aimé ne pas suivre les règles, du moins ne pas les suivre à la règle. Parce qu’il y avait tout de même plus délinquant que toi sur ce terrain. Ambroise n’hésita pas à te donner ses astuces pour réussir à passer tes examens et tu lui en étais fortement reconnaissante. La question allait être de savoir si tu allais avoir le courage de faire des fiches sur tous les cours que tu possédais. Tu en doutais fortement mais tu pouvais déjà en commencer une en compagnie d’Ambroise. Tu profitais de ce moment pour lui demander ce qu’il voulait faire lui avec son diplôme. Tu étais bien conscience que l’université menait à de supers métiers mais des métiers pour les autres, pas pour toi. Ta mère n’a cessé de te dire que la vie c’était apprendre à s’impliquer dans des choses qui ne nous passionnaient pas des fois et elle avait certainement raison mais tu ne pouvais pas le faire à vingt-trois ans, pas quand tu n’avais pas encore tout donné pour ta passion. « Franchement ? Je ne sais pas exactement. J’en ai pour encore quelques années de toute façon. Je vise le doctorat. Du coup je serais sûrement chercheur en astrophysique. Mais ça me plaît rassure-toi. Ou sinon astronaute, je rêve toujours d’aller voir ce qu’il se passe depuis là-haut. J’disais déjà ça quand j’étais gosse, toute ma famille m’en parle tout le temps vu qu’en fait c’était pas pour déconner. » Encore pour quelques années ? L’idée que quelqu’un puisse choisir de continuer ses études après les cinq premières années te dépassait totalement. Mais comme te le fit remarquer Ambroise, cela lui plaisait et tu pouvais le voir dans ses yeux quand il t’en parlait. C’était certainement sa passion à lui, celle que tu réalisais de ton côté sur des plateaux de tournage quand tu avais la chance d’y arriver. « Astronaute rien que ça ! » Dis-tu au jeune homme pour le taquiner. « J’espère que tu trouveras ta voie en tout cas, c’est important de choisir quelque chose qui nous passionne. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu en étais persuadée, c’était évident pour toi. Et si Ambroise était passionné par ses études scientifiques, tant mieux pour lui, tu l’admirais vraiment beaucoup pour cela. Ambroise t’a fait choisir une matière pour commencer quelque part. Il aurait voulu que ce soit ta préférée mais tu n’étais pas certaine que ce soit réellement le cas. Tu n’arrivais pas à être passionnée par quoi que ce soit dans tes études. « Ouais ok je comprends mieux. Du coup tu veux surtout quelqu’un pour t’aider à rester concentrée c’est ça, t’inquiète t’as frappé à la bonne porte » Ca tu n’en doutes pas ! Le fait que ton ami ne semble pas sortir de cours à réviser te laisser penser que contrairement à toi et à la plupart des étudiants, il s’y est pris à l’avance et n’aura pas besoin de beaucoup plus pour réussir, pas au dernier moment. Mais cela t’arrange qu’il ne révise pas car tu en profites pour prendre des nouvelles. Tu sais être multitâche, faire une fiche et discuter en même temps ne te semble pas très compliqué. « Pas grand-chose. Enfin si, j’ai passé une journée marrante y’a... quelques semaines déjà. J’ai perdu un pari et j’ai dû me fringuer en fille. Même mon meilleur pote m’est passé à côté sans me reconnaître. » Tu trouves l’idée assez drôle. Ambroise n’a jamais été le genre d’homme que l’on voit dans les publicités de sous vêtements. Les belles musculatures, ce n’était pas pour lui et ce n’était pas grave, il fallait de tout pour faire un monde. Tu ne pus t’empêcher de sourire en imaginant la scène, tu n’avais aucun mal à penser qu’il pouvait être très convainquant. « Le pauvre ! Ca a dû lui faire un choc quand il s’est rendu compte que c’était toi ! » Dis-tu en souriant. Il avait certainement dû se trouver bien bête mais tu n’allais pas plaindre Clement, tu n’avais nullement apprécié le personnage lors de votre rencontre. Mais il était clair qu’Ambroise l’adorait alors tu n’allais pas non plus te lancer sur ce terrain. « Sinon franchement, à part les exams comme tu dis, pas grand-chose. Tout le monde n’est concentré que là-dessus alors y’a plus vraiment de soirées d’organisées... Et toi du coup ? » C’est vrai, les soirées universitaires étaient moins fréquentes mais de ton côté tu sortais toujours autant avec des amies dans des bars pour faire de nouvelles rencontres. Finissant une phrase sur ta fiche, tu finis par dire : « Pas grand chose. Je prie pour avoir mes examens et être débarrassée de l’université. Je chercherai un petit job après en attendant et je passe des castings, il y en a un où j’ai passé le premier tour, le deuxième tour est juste après les examens. » Dis-tu un sourire sur les lèvres. Tu t’entraînais plus pour ton casting que pour tes examens mais c’était un autre sujet. « Donc je suis bien occupée mais je sors pas mal avec des amies, ça permet de se détendre et de faire de nouvelles rencontres. » Dans quelques mois tu allais fêter tes un an à Brisbane mais tu avais toujours l’impression d’être une nouvelle arrivante des fois.
Bonnie n’est pas dupe, et il n’a pas eu à côtoyer longtemps Mia depuis ces derniers temps pour la connaître. Elle compte réviser, mais aussi parler, les occasions qu’ils ont pour le faire sont assez rares. Bien qu’il ait envie d’en apprendre un peu plus sur elle aussi, son amie d’enfance, il ne va pas le perdre de vue leur but premier. Il est assez studieux pour ne pas laisser passer les révisions, et Mia a surtout besoin de sa concentration pour rester elle aussi à ses livres. Enfin, cela n’empêchera pas les pauses bien sûr. Il commence par lui fournir astuces et conseils, et cherche à savoir ce qu’elle a déjà fait par elle-même mais aussi comment elle se positionne par rapport à tout ça. Elle veut ce diplôme, mais s’y prend à la dernière minute comme pour n’importe quel autre examen, alors que les enjeux ne sont pas les mêmes.
Ambroise n’est pas la pour juger, et au fond il s’en fiche tant que ce qu’il fait là, l’aide qu’il lui apporte, n’est pas inutile. Elle démarre d’ailleurs des fiches de ce pas. Il ne s’agissait pas d’en faire une pour tous les cours, mais au moins les plus importants, ce sera déjà pas mal. Il laisse faire, gardant un peu le silence pour lui permettre de se concentrer. Mais il répond à ses questions un peu plus personnelles concernant sa carrière après ses études. Contrairement à elle en revanche, le sujet de ses études est précisément sa passion, et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il a encore plusieurs années devant lui, et c’est avec plaisir qu’il les contemple. Mia n’a pas l’air enchantée à l’idée de passer encore plusieurs années sur les bancs de l’université, même si c’est simplifier énormément les dernières années. Fait est qu’il est encore étudiant pour un bout de temps. De toute façon, s’il venait à sortir maintenant, il ne trouverait sûrement pas de place intéressante et finirait comme d’autres dans un petit job dénotant de leur parcours universitaire poussé.
Il a à peine aborder sa passion des sciences qu’il sent qu’il pourrait continuer longtemps, alors il reste cantonné au sujet de la question, finissant par avouer que s’il devait faire le travail de ses rêves, il se retrouverai sans aucun doute dans l’espace. Mia s’en amuse quelque peu de l’imaginer en astronaute, avant de lui souhaiter de trouver sa voie et de surtout travailler dans un domaine qui nous passionne. Ambroise hoche la tête, déjà convaincu de cela. « Merci, et je suis bien d’accord avec toi. Mais j’ai de la chance au fond, ma passion ce sont les sciences, la physique, les étoiles… Il me suffit de bosser au fond. Alors que toi par exemple, il faudra une sacrée dose de chance pour percer réellement en tant qu’actrice », fait-il remarquer sans porter de jugement. Clément est dans le même cas que la jeune femme, sauf qu’il se dévoue corps et âme à sa passion, ayant fait le choix de suivre ses études universitaires là-dedans. Pas très safe, mais c’est Clément ; tout ou rien. Ce qui se rapproche pas mal de la philosophie d'Ambroise.
Les études de Mia sont loin de la passionner, alors la tâche est ardue. Rien ne sera une partie de plaisir dans ses révisions, gouvernées par la nécessité. Ambroise pour sa part ne sort pas de livres, même s'il a de quoi parfaire ses révisions dans son sac, c'est, à ce niveau-là, du surplus. Il a une mémoire plutôt incroyable, il en a conscience et sait l'utiliser depuis le temps, alors il ne se fait aucun soucis pour les examens à venir. Il reste donc à l'écoute de Mia, l'observant se concentrer sur ses cours et arriver quand même à amorcer une discussion. Il lui raconte ce qu'il s'est passé dans sa vie, c'est-à-dire pas grand-chose à part la journée où il s'est habillé en femme. Autant dire qu'il a berné beaucoup de gens, et surtout Clément, mais pour ce dernier il minimise les conséquences. L'histoire restera entre eux, visiblement, à jamais. Mia s'amuse clairement de l'anecdote, et plaint à peine Clément, s'imaginant surtout sa réaction. Et ne faisant aucun commentaire sur l'idée en premier lieu, ce qui est assez agréable. L'australien est déjà efféminé de base, loin d'être le mâle viril placarder dans toutes les pubs, et ça n'étonne même pas la jeune femme qu'il ait pu être à ce point crédible. Bonnie esquisse un sourire en retour, avec un hochement de tête. « Un choc oui, c'est tout à fait le mot. C'était mémorable. » Ce fût un choc pour lui aussi, et son nez, qui remue au souvenir, s'en rappelle encore très bien.
Il lui retourna ensuite la question, assez naturellement, car il voyait qu'elle avançait sans problème dans sa rédaction malgré leur petite causette. Pour elle non plus la vie n'est pas très animée en ce moment, elle n'attend que la fin des examens et être libérée de ce point – comme tous les étudiants. Elle projette de chercher un petit boulot tout de suite après, pour parvenir à ses besoins tout en poursuivant ses castings. D'ailleurs, il y en a un récemment dont elle a réussi le premier tour, le second aura lieu après les exams. Ambroise se dit furtivement que ça devait expliquer en partie son manque d'entrain, se préparer pour un casting lui était sûrement plus agréable que de réviser. « C’est trop bien ça ! C’est un casting pour quel rôle ? » demande-t-il, intéressé. « T'as d'autres plans en vue ? Ça marche comment pour toi ?» Il sourit ensuite quand elle ajoute qu’elle continu de sortir avec ses amies autant qu’elle le peut pour se détendre et continu de rencontrer de nouvelles personnes. Ambroise croise ses bras sur la table, questionne d’un ton un peu taquin : « Et t’as fait des rencontres intéressantes du coup ? » Il pique un bonbon. « Ça va faire quasi un an que t’es à Brisbane non ? T’as pris tes marques ?»
Parce que tu n’es pas sans cesse en train de parler de ton rêve et de tes ambitions dans la vie, tu sais ce qu’on dit de toi à l’université et tu sais ce que tes profs pensent. Ils pensent peut-être qu’ils sont discrets mais tu n’as aucun mal à lire dans leurs yeux la déception. Tu lis la même dans les yeux de tes parents depuis que tu les supplies de te laisser devenir actrice. Si tu finis par y arriver, tu ne sais même pas s’ils te soutiendront. Mais ils n’auront pas d’autre choix que d’accepter car le deal touchait à sa fin. Si ces examens étaient si importants pour toi c’était qu’ils annonçaient la venue de ton diplôme, diplôme qui te libérait enfin de l’emprise de tes parents et de ce deal passé des années plus tôt pour ‘t’assurer un avenir’. Tu n’as jamais compris pourquoi ils n’ont pas forcé Priam à en faire de même mais tu as décidé de ne pas trop chercher parce que tes parents étaient peu conciliants sur ton rêve de devenir actrice mais ils avaient été là au moment où cela comptait le plus et ils avaient gardé ton secret depuis plusieurs années maintenant et tu ne pouvais leur demander plus. Oui, tu avais proposé à Ambroise de venir réviser chez toi mais tu avais surtout envie de retrouver ton ami d’enfance. Se croiser de temps en temps à l’université n’était réellement pas suffisant à tes yeux, il était temps de se faire de petits têtes à têtes. En tout bien tout honneur bien sûr, Ambroise et toi vous ne pourriez être autre chose que ce que vous êtes maintenant soit deux bons amis. Du moins tu espères que vous alliez pouvoir reconstruire une amitié comme celle que vous aviez enfants avec peut-être un peu moins d’insouciance bien entendu. Ambroise te regardait patiemment faire tes fiches alors que vous discutiez. Tu aurais dû te douter que contrairement à toi il avait anticipé pendant tout le semestre et n’avait pas attendu le dernier moment. Mais bon, Ambroise et toi vous n’aviez pas les mêmes ambitions et votre amour pour l’université n’était pas le même non plus. Tu ne pus t’empêcher de lui demander ce qu’il voulait faire après ses études parce qu’on ne peut pas trouver du plaisir à apprendre pour rien. Enfin, toi tu n’en trouvais aucun. « Merci, et je suis bien d’accord avec toi. Mais j’ai de la chance au fond, ma passion ce sont les sciences, la physique, les étoiles… Il me suffit de bosser au fond. Alors que toi par exemple, il faudra une sacrée dose de chance pour percer réellement en tant qu’actrice » Tu es consciente qu’Ambroise a raison et au fond tu sais aussi que c’est pour cela que tes parents ont tant insisté pour que tu décroches ce diplôme. Tu passes des castings depuis longtemps et tu as arrêté de te poser des tonnes de questions. Il y a toujours eu une fille qui était plus belle, qui convenait mieux, qui était parfaite au moment t et ce n’était pas toi. Mais tu étais persuadée que la chance allait tourner et tu n’hésitais pas à passer le plus de castings possibles pour augmenter tes chances. « Je sais que ma carrière est déterminée par la chance mais n’est-ce pas le cas d’un peu tout le monde ? Les gens impliqués bosseront tous mais il y aura la rencontre, une opportunité qui peut arriver de nulle part et je sais pas, tout le monde peut avoir besoin d’un petit coup de chance. » Dis-tu en haussant les épaules. C’était comme cela que tu envisageais une carrière. Tu savais que celle de ton père avait évolué grâce à des rencontres chanceuses alors qu’elle aurait pu prendre une toute autre tournure. Mais c’est ça la vie, se laisser porter et voir ce qu’elle vous réserve. Et si la chance ne vient pas à vous, il faut aller la chercher.
Ambroise te raconta ensuite sa dernière aventure c’est-à-dire le jour où il s’était habillé en femme et avait passé la journée ainsi bernant son meilleur ami. Tu n’avais aucun mal à imaginer Ambroise habillé en femme car il avait toujours eu un corps légèrement féminin du moins qui n’avait rien à voir avec les corps d’homme musclés dans les magazines. Cela ne t’avait jamais dérangé mais tu savais que vos camarades n’avaient pas toujours été tendres. « Un choc oui, c'est tout à fait le mot. C'était mémorable. » Tu ne peux qu’imaginer la tête de Clément quand il s’est rendu compte de ce qui se passait. Tu avais rencontré le meilleur ami d’Ambroise et disons que le courant était loin d’être bien passé du coup tu ne le plaignais pas vraiment, pas du tout même. Tu te serais fait une joie de voir son désarroi mais tu n’avais pas eu cette chance. Ambroise prit alors de tes nouvelles et tu lui parlais de cette audition où tu avais passé la première étape et les autres t’attendaient dans peu de temps. « C’est trop bien ça ! C’est un casting pour quel rôle ? T'as d'autres plans en vue ? Ça marche comment pour toi ? » Cela te touchait que ton amie s’intéresse ainsi à ce que tu lui racontais. Il aurait pu ne pas en demander beaucoup plus et enchaîner sur un autre sujet mais cela ne fut pas le cas. « Je n’ai pas d’autres plans en vue. Je passe par une agence qui m’indique tous les castings sur Brisbane et je passe des castings dès que je peux quitte à ne pas aller en cours. » Le fait que tu sèches les cours n’est pas vraiment un grand secret. « C’est le rôle d’une demoiselle qui appartient à un groupe d’amis. Tous les trois en train de découvrir leur sexualité, ils sont perdus et ne font pas toujours les bons choix. C’est un film sérieux et à la fois comique, c’est assez intéressant. » Tu espérais vraiment pouvoir participer à ce projet qui t’attirait beaucoup. Mais les autres étapes étaient à passer et cela n’allait pas être simple. Mais maintenant que tu avais passé la première étape, tu savais que tu devais tout donner. « Et t’as fait des rencontres intéressantes du coup ? Ça va faire quasi un an que t’es à Brisbane non ? T’as pris tes marques ?» Ecrivant un dernier mot sur ta fiche, c’est toute fière que tu reposes ton stylo. Tu posais la fiche sur le côté avant d’attraper une autre feuille. « Et de une ! » Dis-tu avant d’ajouter : « J’ai pris mes marques. Je commence à réellement me plaire à Brisbane. Et j’ai rencontré pas mal de monde. J’ai reconstruit un groupe d’amis mais je n’ai rencontré personne qui m’a fait perdre la tête. » Dis-tu avec un sourire en coin. « Qu’en est-il de ton côté ? » Lui demandas-tu curieuse.
Ambroise et Mia ont grandi pour devenir deux types d’élèves très différents. L’un aime ce qu’il fait plus que tout, et l’autre se force à atteindre le diplôme pour ses parents. Honnêtement, il n’aimerait pas être à sa place, d’autant qu’il n’aime être obligé de faire tel ou tel truc, alors suivre carrément auxquelles il ne trouve aucun intérêt... Il ne comprend même pas comment elle a fait pour tenir jusqu’au bout, à sa place il n’y serait pas arrivé. Cela demande une sacrée détermination tout de même, de se maintenir dans une moyenne pendant plusieurs années, de suivre des cours au lieu de vivre pleinement sa passion. Enfin bon, il ne juge pas, ne dit rien, et ne peut expliquer que sa propre expérience. Il est plutôt chanceux d’aimer ce qu’il étudie, il en a réellement conscience. Il n’a pas à se forcer pour réviser, apprendre, retenir. S’il est là par contre, c’est pour aider une amie dans la dernière ligne droite. Si elle ratait ses examens, il ne sait même pas ce qu’elle ferait, mais si c’est en son pouvoir il voudrait éviter cela. Qu’elle soit libre de faire ce qui lui chante de sa vie, comme Clément.
En même temps qu’elle rédigeait ses fiches pour mémoriser plus facilement et plus efficacement, les deux amis retrouvés discutaient tranquillement. (Ambroise avait déjà plié ses révisions, il pouvait se le permettre.) Ils ne se sont que peu croisés finalement, et ce genre de tête-à-tête est le meilleur moyen pour qu’ils reprennent réellement le contact. Bonnie est assez heureux de voir que, depuis l’enfance, ils s’entendaient encore bien. Il lui explique rapidement ce qu’il veut faire après les études, qui se termineront bien un jour, mais il ne se fait guère de soucis pour son avenir, et ne s’en est jamais fait. En revanche, Mia est dans un domaine qui se joue presque à pile ou face. Voilà pourquoi ses parents l’ont tant forcée à avoir au moins un diplôme, même si cela démontre une absence de confiance en ses capacités, quelque part. La jeune femme était d’accord pour dire que la chance avait un grand rôle dans sa carrière, mais comme dans toutes autres, pas seulement dans le domaine artistique. Il suffit d’être là au bon moment, lorsqu’on a besoin de toi en particulier. Ambroise acquiesce avec un haussement d’épaules. Les rencontres, c’est bien le plus important au final. Les rencontres, et avoir des choses à montrer.
Le sujet se fait ensuite plus léger alors que Bonnie raconte comment, suite à un pari perdu, il a dû s’habiller en femme. Mia n’en est pas le moins du monde choquée et s’amuse de la réaction de Clément. Le jeune homme reste vague, mais dans le vrai. Il eu choc, surprise, venue de l’inattendu. Il n’entre pas plus dans les détails, et cela suffit à la brune qui s’imagine la scène. Ambroise les a déjà fait se rencontrer les deux, après tout, il y a plus ou moins la comédie, caméra ou scène, qui les réunis sur un point, mais tous les autres sont discordants. Le courant n’est pas très bien passé entre eux, alors elle ne le plaint certainement pas. Bonnie sourit simplement, parce que même si son nez s’en souvient, il estime avoir passé une bonne soirée, puisque tout est finalement rentré dans l’ordre. Il demande ensuite de ses nouvelles, par rapport aux castings, et apprend qu’elle a passé les premières étapes d’un d’entre eux. Il est réellement content pour elle, et le fait savoir, s’intéressant d’avantage au gré de questions. Elle lui explique ne pas trop avoir de plans pour la suite, et qu’une agence s’occupe de lui indiquer les castings, et elle y va dès qu’elle le peut, quitte à sécher des cours. Le casting dont elle avait dépassé les premières marches portait sur le rôle d’une jeune femme au sein d’un groupe d’amis, qui se découvrent, sexuellement parlant aussi, le tout sur un ton mélangeant sérieux et comique. « Ouais ça a l’air cool... Tu me tiendras au courant ? »
Ils parlent ensuite de son adaptation à la ville, car Mia n’est là que depuis un an. C’est court, et long à la fois, aussi Bonnie se demande si elle a trouvé sa place à Brisbane, si elle a rencontré des gens, ce genre de choses... C’est avec un sourire qu’il écoute ses réponses, alors qu’elle venait fièrement de terminer une fiche. Elle se sent vraiment bien ici, à présent, elle a pris ses marques, et elle a rencontré du monde. Elle a un petit groupe d’amis à présent, mais pas ‘‘quelqu’un qui lui a fait perdre la tête’’. « J’suis content de voir que ça s’passe bien pour toi, même si j’me suis jamais réellement fais du soucis », glisse-t-il avec un léger rire, juste avant qu’elle ne lui retourne la question. Il hausse les épaules, reprenant quelques bonbons au passage. « Romantiquement, personne non plus. Sinon... » Il laisse son regard dériver, et ses pensées s’attarder sur les personnes qu’il avait connu, mais seul le visage de Clément lui venait en tête de façon prépondérante. Il y avait bien un ou deux autres visages, mais, rien de concluant. « Sinon je fais ma vie, voilà. Je suis pas trop relation posée, du coup je rencontre des gens ouais, mais ça dure pas longtemps. » Il se recule dans le fond de sa chaise, avalant un autre bonbon. Le reste de l’après-midi se déroule ainsi, entre discutions diverses et variées, avec des retours sur les révisions. Tout ça a bien l’air de servir à quelque chose, car à la fin de la journée, Mia a déjà mémorisé pas mal de choses, et il se dit que ça ira pour elle, qu’elle l’aura son fichu diplôme ! Ils ont déjà promis de se revoir dès que possible en tout cas.