Encore une journée bien chargée. Quelle heure était-il ? Tu ne le savais pas. A vrai dire, tu as l'impression que ça fait une éternité que tu n'as pas pu avoir un moment de repos. Dehors, le soleil ensoleillé toujours Brisbane. Tu imaginais que vous étiez vers la fin de l'après-midi. Tu soupirais, tu en avais marre, tu étais fatiguée. Mais tu ne pouvais pas t'en plaindre, tu ne devais pas. Tu devais faire comme si tout allait bien, comme si tu étais toujours partante pour de nouvelles photos. Tu enchaînais séances de photos sur séances. Pour des marques différentes. Mais tu pensais que ces longues journées tu en avais que quelques fois par mois, non tous les jours. Encore heureux, sinon tu finirais sûrement morte par manque d'air. Dans ta loge, seule, tu regardais par la fenêtre. De là où tu te trouvais, le monde te semblait si petit et si loin. Tu voyais les personnes comme de simples fourmis dont tu pouvais écraser d'un simple écrasement de doigt. Mais tu ne le faisais pas, parce-que tu pensais qu'eux avaient une meilleure vie que toi. Sûrement. Certes, tu avais tout ; de l'argent, un grand appartement, des cadeaux des marques que tu bossais avec, mais tu n'étais pas heureuse pour autant. Il te manquait quelque chose. Une pièce en toi était encore manquante et tu le sentais. Par la fenêtre, tu regardais au loin, tu ne savais pas où vraiment, mais tu restais comme ça. Figée face au temps. Le temps, le temps qui passe vite, le temps qui passe lentement, le temps qui tue, le temps qui donne la vie. Le temps quand tu étais encore en Nouvelle-Zélande. Quand tu étais encore une jeune enfant, naïve de la vie d’adultes. Tu n'avais pas encore cette foutue maladie, tu vivais pleinement ta petite vie sans te soucier des autres, sans te soucier de ton malheur. Tu avançais sans reculer en arrière, tu n'avais aucun remords quand tu es enfant. Du moins, toi tu n'en avais pas. Ton pays natal te manque. Ces magnifiques paysages où la nature reprend ses droits. Ou la faune et la flore coopèrent sans la race humaine. Ce pays qui mélangeait toutes les couleurs de peau, toutes les origines. En Australie, c'était pareil, mais au fond de toi la vie était bien meilleure en Nouvelle-Zélande. Tu pensais à tes amis d'enfance avant qu'ils ne trahissent. Sans trop savoir pourquoi ni comment, tes pensées t'ont mené aux souvenirs de la famille Winchester. Cette famille qui habitait à côté de chez toi. Il n'y avait que des personnes âgées, mais durant les vacances tu revoyais leurs petits-enfants. Tu ne te souviens plus trop de leur prénom, mais leur visage, eux, sont restés gravé à ta mémoire pour toujours. Le grand-frère, celui que tu trouvais très beau était l'un de tes premiers amours d'enfance. Cependant, son petit-frère, tu ne l'aimais pas. Il n'était pas méchant, mais il n'arrêtait que de te faire chier. Toujours derrière toi pour te faire un sale coup, mais dont il pensait que ce n'était rien de méchant parce-qu'il était aussi naïf comme toi. Tu te demandais ce qu'ils sont devenus depuis ce temps, sont-ils encore en Nouvelle-Zélande ? Peut-être. Sont-ils revenus te revoir après que tu sois parti en Australie sans rien dire ? Peut-être. En y pensant, tu ressentais une petite pointe au cœur. Ta main sur ta poitrine, tu te demandais ce qu'il venait de se passer. De la nostalgie ? Tu n'avais ressenti ce sentiment depuis longtemps jusqu'à aujourd'hui. Mais il fallait te résoudre que tu n'allais plus jamais les revoir et que sûrement, eux, s'en fichent de toi aujourd'hui. toc toc toc, trois coups à la porte se firent entendre. Tu ne répondais pas, tu savais pourquoi on venait te taper à la porte. Tu soufflais en te levant de ta chaise, te regardais une derrière fois dans le miroir avant de rejoindre tout le monde pour une énième séance. Devant l'objectif, le maquilleur et la coiffeuse venait faire les dernières retouches avant de commencer la séance photo. Zelda...Zelda... Zelda.., bizarrement tu entendais ton prénom au loin. Dans un premier temps tu n'y prêtais pas attention, mais cela continuait sans cesse jusqu'à attiser ta curiosité. Le bruit se rapprochait de plus en plus et tu t'en rapprochais. Ce n'est que devant la porte de l'agence que tu remarquais deux gardes qui essayaient, tant bien que mal, de retenir un jeune homme de rentrait. Quand vos regards se sont croisés, celui du jeune homme s'était illuminé d'un grand sourire. Ce sourire que tu connaissais si bien. « Clément ?» ce prénom était sorti tout seul de ta bouche et puis tout te revenait clairement. Devant toi se trouvait le Clément Winchester, le petit-frère qui te faisait chier durant ton enfance. Ton manager, le photographe, tout le monde voulait que tu reviennes, mais tu n'écoutais pas. «Arrêtez», disais-tu aux gardes «Arrêtez, je le connais ! Lâchez-le.» Sous ton ordre, les gardes t'avaient écouté, relâchant Clément de leur emprise. Trop de questions fusaient dans ta tête, mais tu ne pouvais pas les poser maintenant et pas ici. Tu pris le poignet du jeune Clément, lui indiquais de te suivre et de ne rien dire. Une fois devant votre loge, tu te retournais «On reprendra un peu plus tard la séance, pardon. Que personne ne nous dérange, je tâcherai de faire vite.» Une fois dans ta loge, Clément était assis, tu lui avais servi un verre d'eau, mais tu ne pouvais t'arrêter de le regarder. Devant toi se tenait tes souvenirs d'enfance, ceux que tu essayais de fuir pour pouvoir progresser. «Clément, j'ai tellement de questions qui me fusent dans la tête si tu savais. Qu'est-ce tu fais là ? Tu devrais pas être en Nouvelle-Zélande ?» Tu réfléchissais, calmement. Tu ne pouvais pas lui montrer une Zelda sèche et froide de ce qu'il a connu, tu te calmais. «Tu as tellement changé.. te voilà un petit beau gosse. Comme ton grand-frère. D'ailleurs, comment va-t-il ?» Un froid se fit ressentir dans la pièce.
Aujourd'hui, c'est une journée plus cool sous beaucoup de points et Clément a enfin l'occasion de gérer un peu le reste de sa vie, se prendre le temps pour ce qu'il avait prévu depuis pas mal de temps déjà. Comme chercher un photographe et organiser un photoshoot histoire d'assurer un peu plus ses arrières avec de bonnes photos de qualités pour les castings. Il a eu quelques contacts de la part de Charles et a donc décidé de les éplucher un à un. Exit les appels, Clément il préfère se présenter en personne. C'est pour ça qu'il pousse les portes de ce studio photo, le premier sur sa liste. Bien qu'il soit persuadé qu'il lui faudra prendre rendez-vous, il a quand même enfiler sa veste de costard bordeau sur une chemise blanche et un simple jeans. Classe, mais pas trop, assez à son image actuellement.
Mais, ce qu'il n'imaginait pas une seule seconde s'était, qu'en passant ces portes aujourd'hui, il la reverrait, elle. Zelda, la vietnamienne, voisine de ses grands parents. Ça fait plus de 7 ans qu'il ne l'a plus vu, mais elle n'a pas changé. Toujours aussi belle, en vrai. Alors, ignorant l'homme à l'acceuil, Clément se dirige vers le studio et appelle la jeune femme par son prénom. Malheureusement pour lui, deux hommes, sans doute des gardes du corps ou je ne sais quoi, l'empoigne pour l'empêcher d'aller plus loin. Clément se débat un peu, mais la jeune asiatique vient à son secour. Elle aussi l'a reconnue, sans aucun problème, car elle leur ordonne de le lâcher, qu'elle le connaît et qu'elle aimerait que personne de les déranges.
Lui empoignant le poignet et le tirant sans grand ménagement derrière elle, Clément est bien obligé de la suivre dans sa loge et se retrouve assis, avec un verre d'eau dans la main sans comprendre ce qui lui arrive. En plus de ça, Zelda est entrain de s'assaillir de questions et il a un peu de mal à suivre le fil. « Je ...euh ...» balbutie-t-il avant de se figer lorsqu'elle lui parle de Chris, son frère et premier amour de la jeune femme. Pinçant les lèvres, il baisse le regard sur le verre puis grimace et soupire doucement, hésitant «hm...tu...t'étais sans doute pas au courant mais Chris ...ça fait 7 ans qu'il est décédé » annonce-t-il de façon assez direct, ne sachant pas trop comment le dire sinon «Il s'est tué dans un accident de voiture. Drogues et alcool ça ne fait pas bon ménage » grimace-t-il, relevant son regard vers la jeune femme « Je suis désolé de te l'apprendre là, comme ça mais ...» il laisse sa phrase en suspens, ne sachant pas trop comment continuer.
«ça fait 3 ans que je suis ici, à Brisbane avec ma mère » décide-t-il de changer de sujet « On est venu ici après que mon père nous ait quitté et ...ouais, on s'y plait bien» explique-t-il avec un petit sourire, assez mal à l'aise malgré tout.
Mort. Ce mot résonne sans cesse dans ta tête. Sur le coup, tu en es restée bien choquée. Drogues, alcool. Ces mots restèrent dans ta tête aussi. Tu n'avais imaginé ce genre d'avenir qu'il lui avait été réserve. Encore sous le choc, tu viens gratter ta gorge, tu ne savais pas quoi, ni quoi dire. Tu restais comme ça, main sur ta gorge qui était serrée, yeux qui ne regardait que le sol. Et tu pensais. Tu pensais à lui dont la vie lui a été fauché bien trop vite. C'était ton premier amour d'enfance, ton premier amour des vacances. Mais il fallait se résoudre qu'il n'était plus là, qu'il n'était plus vivant. Tu regardais d'un air timide le Clément qui avait bien grandi, lui s'était retrouvé bien gêné après t'avoir annoncé cette terrible nouvelle. Il s'excuse un instant, mais tu fis signe de ta main que ce n'était rien. Tu ne savais pas ce qu'il fallait dire dans des situations pareilles. Tu te mordis légèrement ta lèvre inférieure toujours sur le choc. Ton cœur lui commençait à se serrer lui aussi, comme si tu venais de perdre un être cher à tes yeux, pourtant il ne faisait pas parti de ta famille. Mais semble-t-il qu'au fond de toi, depuis petite, tu l'as toujours vu ainsi ? Et peut-être même pour Clément. Après tout, tu les voyais durant chaque grandes vacances. Au fil des années tu les a vu grandir et eux aussi, mais tu as préféré t'en éloigner vers ta majorité. Là où plus rien n'allait. Tu ne voulais pas leur dire ce qu'il n'allait pas, tu ne voulais pas. Tu avais peur. Peur qu'ils réagissent de la même façon que tout le monde, alors tu t'en es éloignée jusqu'à ce que tu partes de la Nouvelle-Zélande. Clément continuait dans sa lancée en t'apprenant que cela faisait à peine trois ans qu'il venait d'arriver ici après la mort de son père avec sa mère. Mort. Encore ce mot. Tu avais vu ses grands-parents plus souvent que ses parents, mais tu les connaissais quand même. Pourtant, cela ne t'a pas plus affecté que la mort de son grand-frère. Ils s'y plaisent bien ici. Toi, c'était le contraire. Mais tant mieux pour eux, pensais-tu. Tu te ressassais, tu ne pouvais pas continuer de jouer la muette surtout après tout ce que tu venais d'apprendre. Tu te rapprochais de Clément qui était toujours assis, verre à la main et regard vers celui-ci. Tu avais hésité avant de poser ta main sur l'une de ses épaules. Il releva la tête et tu lui souris comme pour le réconforter. Ou du moins, pour essayer. «Tu n'as pas besoin de t'excuser après tout.. c'est moi qui suis partie du jour au lendemain sans prévenir.»Cette phrase avait deux sens pour toi ; quand tu n'as plus voulu les voir et quand tu es partie de la Nouvelle-Zélande. Mais tu ne voulais pas être spécifique, tu voulais juste t'excuser pour les deux. Tu venais prendre une deuxième chaise avant de t'asseoir en face de lui, toujours avec ce même sourire pour le faire sourire aussi. «Je suis désolée pour tes pertes... mais je suis sûr que là où ils sont, ils veillent sur toi et ta mère.»Tu cherchais les mots justes, les mots qui pouvaient lui faire du bien, mais tu pensais qu'on lui avait sûrement rabâcher ces mêmes mots bien trop de fois. «Et que fait maintenant le petit Winchester en Australie ? Tu as quel âge maintenant... vingt-trois ans c'est ça ? Aah.. la jeunesse...»Tu disais cette dernière phrase sur un trait d'humour, tu voulais détendre l'atmosphère. Tu continuais ; «Tu bosses ?»Toute cette bonne humeur, cette bonne ambiance, tu le faisais pour qu'il se sente mieux. Mais ce n'était plus la Zelda qu'il avait connu en face de lui. Tu jouais trop bien pour qu'il s'en doute un instant. .
Revoir Zelda en ce jour-ci, ramène beaucoup de souvenirs et surtout pas mal de questionnements. Clément se rappelle avoir été ce sale gosse qui emmerdait Zelda pour un oui ou pour un non et qui, surtout, s’en amusait plus que tout au monde. Même s’il ne le lui montrait jamais, il l’aimait bien quand même. En vrai, il avait toujours son mot à dire quand elle ouvrait la bouche et adorait remettre ses propos en questions. Lorsqu’elle et son grand frère Chris ont commencé à sortir ensemble, il y avait peut-être un peu de jalousie dans le comportement de Clément car il redoublait d’efforts pour être détestable. Faut dire que la vietnamienne est carrément canon et que sa carrière de mannequin n’a jamais étonné aucun Winchester. Chacun d’eux ayant grandit et de l’eau ayant coulé sous tous les ponts, Clément avoue être contente de la revoir.
Toutefois, c’est une certaine amertume, une tristesse et une nostalgie qui s’en prennent à l’esprit du jeune homme lorsque celui-ci est obligé d’apprendre la mort de Chris à Zelda. C’est là que Clément se rend compte que, merde, son grand frère lui manque quand même pas mal. Et une méchante mélancolie est sur le point de s’en prendre à lui, mais Zelda l’oblige à garder l’esprit clair. Elle lui dit que ce n’est pas grave, qu’il n’a pas à s’excuser mais il sait que, dans son ton, elle ne le pense pas réellement et que cette nouvelle lui fait un sacré coup.
Sauf qu’elle parle de « pertes » au pluriel et ça fait doucement sourire Clément. Il n’a sans doute pas utilisé le bon mot en disant que son père « les avait quitté ». « Oh mon père est toujours vivant hein » dit-il en haussant les épaules «Aux dernières nouvelles il se tapait une meuf qui fait la moitié de son âge » dit-il en haussant les épaules, détaché. Il ment, là. Mais il ment tellement bien que ça passe très bien pour une vérité. « Il est en Amérique et a sûrement deux ou trois problèmes avec la justice là-bas» ajoute-t-il une couche.
Il laisse ensuite Zelda changer de sujet en demandant ce que « fait le petit Winchester » en Australie. Ce dernier fronce légèrement les sourcils, n’ayant jamais supporté que les adultes lui parle de cette manière, mais il ne dit rien et la laisse continuer, roulant théâtralement les yeux lorsqu’elle soupire un ‘ah la jeunesse’. Comme si elle était vielle, elle et qu’elle avait vu toutes les horreurs de la vie et du monde. « Yep je bosse » dit-il «Enfin … pas encore tout à fait, mais …en fait j’étudie les art de la scène option théâtre, je danse dans une troupe et je joue pour la Northlight Theater Company, au Southern Cross Theater. Et comme la compagnie a changé de metteur en scène, il compte en faire une compagnie professionnelle. Donc j’ai mes chances de passer pro’ bien avant que je ne le pensais » explique-t-il avec une certaine fierté dans la voix. Car ouais, faut avouer que, malgré la charge de travail que cela implique, il est carrément fier que Charles lui ait fait cette proposition. C’est que le potentiel est là!
Tu fis un peu la surprise en sachant que son père n'était en fait pas réellement mort et tu essayais de dissimuler ta gêne dans un léger sourire. Clément te racontait les péripéties dans sa vie pendant que tu étais partie. Le voir aussi grand, élégant et sûr de lui te réchauffer le cœur. Tu te souvenais des jours à passer chez ses grands-parents, à l'embêter à ton tour, jouer avec lui et son frère. Vous étiez si jeunes et si naïfs. L'avenir, le futur était quelque chose de futile à cet instant parce-que vous ne saviez pas encore l'importance du temps. Petite, tu considérais la famille Winchester comme ta deuxième famille, même si l'idée d'avoir Clément comme petit-frère te faisait directement changer d'avis. En y repensant, c'était sûrement la meilleure famille que tu pouvais avoir. Tu voyais bien que Clément n'appréciait guère le surnom que tu lui avais donné, "le petit Winchester". Quand bien même tu l'avais toujours appelé comme ça, tu voyais la réalité en face toi ; il a grandi, il n'était plus le petit gosse emmerdeur, il est devenu un homme aux grandes ambitions. Tu l'écoutais attentivement, retardant encore plus ton shooting, mais ça t'était bien égale. Il te racontait ses études d'arts, plus précisément du théâtre. Il te parlait en ayant des étoiles dans ses yeux. Il aimait ce qu'il faisait et tu pouvais le sentir, sûrement à l'encontre de toi. Le théâtre lui allait parfaitement bien. Lui qui n'arrêtait pas de jouer les metteurs en scène entre son frère et toi, lui qui était tout le temps énergique à courir de partout. «C'est super pour toi tout ça ! Je n'ai jamais vu de pièce de théâtre ou comédie musicale, j'aimerai beaucoup te voir à l'action» Clément aimait ce qu'il faisait, comparé à toi. Ton métier tu ne l'as jamais aimé, tu as juste suivi ce que tu savais seulement faire ; être derrière un objectif. Beaucoup de femmes aimeraient être à ta place, mais si tu pouvais tu leur raconterais le vrai visage de ce métier. Tu as envisagé d'arrêter d'être mannequin, mais tu n'avais qu'un petit diplôme du lycée, tu étais coincée dans le monde du mannequinat. Tu passais la main dans tes cheveux, tu cherchais les mots à lui dire. Tu ne savais pas vraiment quoi lui dire, mais tu ne voulais pas non plus le renvoyer chez lui dés maintenant alors que ça fait un peu plus de dix que tu ne l'as pas revu. Tu aimerais tant lui rappeler de bons souvenirs de lui, de toi et de son frère, mais tu ne savais pas par quoi commencer. Tu te dirigeais vers ton sac, sortant un paquet de cigarette avant d'en sortir une. Clément te regardait faire, l'expression sur son visage te faisait presque rire. Lui qui te voyait pour la première fois avec une cigarette à la main. Tu t'excusais avant d'ouvrir la fenêtre, allumant ta clope et tirant une première bouffé dans cette invention toxique. Tu faisais en sorte que la fumée restait en dehors de ta loge, pour ne pas intoxiquer Clément. Tu regardais en dehors. Ces grands immeubles, ces petites maisons, ces banlieues, la richesse, la pauvreté. Tu voyais la routine des gens de là où tu étais. Une routine qui sortait de la tienne. Tu soupirais ; «J'aurais aimé revoir ton grand-frère une dernière fois. Entendre comment il a fini, ça m'a fait un choc je ne peux te le cacher, mais on ne peut jamais prédire comme les chose vont se dérouler... n'est-ce pas.» Tu pensais à ta maladie, celle qui te bouffait de l'intérieure. Tu vis avec elle depuis treize ans maintenant et tu n'as jamais été habituée à tes violentes douleurs, elles changeaient à chaque fois. Tu te demandais si ton premier amour et toi étiez resté ensemble jusqu'à aujourd'hui. Tu mènerais sûrement une meilleure vie, plus joyeuse et épanouissante. Tu souriais rien qu'en pensant à lui. «Tu te souviens... quand ton grand-frère et moi avions fait notre premier véritable baiser ?» tu retournais ta tête vers lui, le sourire aux lèvres, tu ne pouvais l'enlever «Nous étions caché, mais tu nous avais suivi pour nous prendre en photo ce jour-là ! Ton grand-frère était furax contre toi, mais il ne l'était pas resté bien longtemps comparé à moi» et rien que d'y repenser, tu lâchais un petit rire contagieux à Clément. «Tu nous en as fait voir de toutes les couleurs en y repensant. Mes parents t'encourageaient pour que tu continues à nous embêter, mon père te donnait même des tuyaux pour me rendre complètement folle en un rien de temps» Tu parlais de tes parents sans te rendre compte et tu ne savais pas comment tu en étais arrivé à là. Ce n'était pas de ton habitude de repenser au passé et d'en rire, tu avais effacé tous ces souvenirs joyeux pour ne te concentrer qu'aux malheurs. Pourquoi au final ? Tu n'en savais rien. A cet instant, tu revivais pour le peu de temps qui vous restez.
Oui, annoncer la mort de son frère comme ça, de façon plus que direct, n'est vraiment pas la meilleure façon de faire. Ou peut-être que ça ? Zelda l'a prit un peut de court, il faut l'avouer. Du coup Clément n'a pas pu réfléchir à une meilleure solution. C'est tout autant un choc pour Zelda que pour lui qui est obligé de faire à nouveau face aux fantômes du passés. Bien qu'il ait fait son deuil, il n'a jamais pu oublier son frère et c'est ça qui est dur. De ce fait, il ne peut que trop bien comprendre comme se sent la jeune femme, pour qui l'aîné des Winchester a été un des premiers amours. Il décide tout de même de changer rapidement de sujet pour ne pas trop se perdre dans ses sentiments et explique à Zelda être étudiant et en même temps comédien. Ça semble réellement la réjouir. « Eh bien...on joue ce week-end au southern Cross theater si t'as envie» dit-il en souriant fièrement « J'peux éventuellement te réserver des places en cas de besoin» reprend-t-il, sincère. Et il peut même lui avoir un prix si elle désire.
Toutefois, elle fini par remettre le sujet de son frère sur la table. Déglutissant, Clément baisse le regard et soupire doucement, n'ayant vraiment pas envie de parler de Chris. Mais après tout, c'est normal que Zelda en ait envie, elle. Elle dit qu'elle aurait voulut le voir une dernière fois , qu'entendre parler de sa mort lui a fait choc. « Tout comme ton départ lui un fait un choc à lui» assène Clément avec une certaine violence, jetant tout à coup un froid sur la pièce. «Il t'aimait vraiment, tu sais ? Le ...le fait que tu sois partie du jour au lendemain n'a rien arrangé.Tu ajoutes à ça le ...la catastrophe par laquelle on est passé … tu lui as brisé le cœur, à Chris. » conclue-t-il, soupirant, secouant la tête.
Il pince les lèvres et détourne le regard en prenant une gorgé de son eau. C'est Zelda qui finit par briser le silence en se remémorant le premier baiser échangé avec Chris et combien Clément était un sale gosse envers elle. Le jeune comédien sert les dents et son poing autour de son gobelet. « ta gueule» grogne-t-il en relevant les yeux vers l'asiatique, la fusillant du regard « Arrête de parler de ça ! Arrête de parler de Chris comme si tu tenait réellement à lui !» il se lève et pose vivement le gobelet sur la table, renversant un peu d'eau sur des papiers plus ou moins important « Comme si t'en avais jamais eu quelque chose à foutre de lui ! Sérieusement Zelda, je ne veux plus t'entendre prononcer son prénom, tu ne le méritait pas ! » il sert les poings puis se détourne vers la porte « Tu ne méritait pas tout l'amour que Chris pouvait avoir pour toi ...» reprend-t-il en un souffle, étouffant les larmes qui commencent à lui monter aux yeux. Il n'a pas le droit de craquer ici, pas devant celle qui a tant fait souffrir le frère qu'il a tant aimé.
Clément sait qu'il a des anger management issues. Il sait qu'il est très -trop- souvent amené à péter un plomb, à perdre le contrôle d'une situation et donc de ses émotions. Il a déjà fait un gros travail là-dessus et en trois ans il s'est beaucoup calmé, arrive à rester plus serein, plus réfléchit et à ne pas partir au quart de tour. Toutefois, il y a bien des situations où ça ne passe pas, où ce travail de réflexion préalables ne fonctionne pas. Des situations comme celles-ci, quand ça touche sa famille décimé. Le père qui les a quitté du jour au lendemain duquel il n'a plus aucune nouvelles depuis deux ou trois ans, le frère décédé chez qui personne n'a remarqué la profonde tristesse, la mère qui n'a retrouvé le sourire qu'avec Billy. Billy qui n'aime pas Clément et qui lui fait sentir qu'il n'est plus le bienvenue chez eux. Des histoires de familles qui ne sont vraiment pas commune et desquelles il ne parle jamais.
Revoir Zelda, un fantôme du passé qui a, en parti, entraîné la mort de Chris, lui fait un coup. Pour Clément, la jeune vietnamienne fait parti de ces ombres qui ont fait plonger cette famille. Et même si de l'eau à couler sous les pont, le jeune homme ne peut s'empêcher d'en vouloir à la jeune femme. Rancunier, dites vous ? Et comment. Il ne manque pas de le lui dire, lui faire comprendre qu'il la tient responsable pour ce qu'elle a fait à Chris. Mais Zelda ne manque pas de répondant. Elle utilise l'ironie pour lui donner raison puis, alors que Clément roule théâtralement des yeux, dit que, comme il est dans sa tête, il sait forcément tout ce qu'elle pense de sa famille. Un discours de victime, rien de plus qui le fait doucement sourire.
Sourire qui disparaît lorsqu'elle ose s'attaquer à nouveau à son frère. Il n'est pas quelqu'un de formidable ? Non, c'est vrai, Chris avait ses défauts, ils n'étaient pas super fusionnel, mais s'était son frère, il l'aimait et le respectait plus que quiconque au monde. Elle lui dit que son frère est la raison principale de son départ car il l'a laissé tombé alors qu'elle avait besoin de lui. L'espace d'un quart de seconde, Clément se sent un peu minable. Mais il a trop de fierté en lui pour faire ou dire quoique ce soit qui irait dans le sens de la jeune femme. Elle lui dit ensuite avoir trop de travail et qu'il serait prier de dégager sinon c'est la sécurité qui s'en chargera. Clément darde son regard sur elle, puis hausse les épaules «Amuses-toi bien à exhiber ton corps devant la caméra d'un pervers» crache-t-il en dernière fois avant d'ouvrir la porte et sortir de la pièce. Il fusil les gardes du regard, traverse le couloir puis sort du studio photo, essayant de trouver un moyen pour se calmer.