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 jaminny ▲ mess is mine

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jaminny ▲ mess is mine Empty
Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyDim 7 Jan 2018 - 2:34

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jamie & ginny

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C’était il y a deux semaines. Une exposition comme une autre, Dannie qui m’avait invitée le sourire aux lèvres, qui m'attendait à l’entrée de la galerie avec des étoiles dans les yeux. Je ne l’avais pas vue depuis des mois. Et même si elle m’avait envoyé quelques textos, et un appel tout au plus, la retrouver me semblait naturel, facile. Elle sillonnait la salle avec grâce, confiance, saluant d’un côté, serrant des mains de l’autre. Interdite, je trottinais à ses côtés, profitant des toiles, la laissant parfois une poignée de secondes pour rester scotchée à un canevas puis un autre, attentive, dans mon univers. Depuis la sortie de l’hôpital de Noah, je reprenais tranquillement mes activités, sortait un peu plus - dans la limite du possible. Les ateliers allaient reprendre rapidement dans le débarras que j’avais rénové pour l’occasion, et j’avais repeuplé la pièce de mes propres tableaux maintenant que l’inspiration revenait en douceur, sans rien brusquer. Des amis qui passaient, qui venaient voir si tout allait, qui se surprenaient à redécouvrir une Ginny au teint un peu moins cadavérique, aux pupilles plus brillantes. Difficile de faire mieux, maintenant que mon gamin était en santé, maintenant qu’on avait déniché notre nid, qu’on l’avait moulé à nos envies. Je me souviens avoir snobbé le champagne ce soir-là, et les regrets de ne pas tenir une flûte entre mes doigts lorsque Dannie m’avait posé la question, celle que je savais frôler ses lèvres depuis des semaines, celle avec laquelle elle flirtait, celle qu’elle voulait articuler dès qu’elle aurait l’occasion de le faire. “Tu voudrais faire le vernissage de quelques unes de tes oeuvres, à la galerie de mon ami à SouthPort?” silence, complet. Le sang qui se glace, le visage qui passe au livide, et le coeur qui bat la chamade. Bien sûr que je voudrais, bien sûr que j’en rêvais, bien sûr que le simple fait de penser qu’on puisse vouloir voir ce que j’ai pu faire, imaginer, créer de mes doigts me flattait, me donnait envie de dire oui… et de me cacher sous mon lit. De trembler de frousse, de vouloir fuir le pays, de remettre en doute tout ce que je sais, tout ce que je ne sais pas, ce que je vaux sûrement aussi. Un mélange de oui et de non, une grimace qui risque de la faire revenir sur son choix, et elle me quitte aussi vite pour fleurir aux côtés de quelqu’un d’autre, le rendez-vous à l’agenda, les détails à planifier une fois que j’aurai confirmé.    

Je croyais sincèrement ne pas pouvoir atteindre de niveaux de stress professionnel plus intense que celui que j’avais touché ce soir-là. C’était avant de me trouver devant la porte de Jamie, avant de pianoter des doigts en silence sur la poignée, de triturer l’intérieur de mes joues. Je n’avais pas ma place ici, je n’étais pas la bienvenue chez lui. Depuis la débandade avec Saul, depuis notre amitié si particulière qui avait volé en éclat, il s’en était passé des choses. Noah dans le coma, sa crise cardiaque. Mon besoin de renouveau, sa convalescence. Sans que je ne lui demande, Joanne avait cru bon me donner quelques détails sur Jamie, sur son état, sur sa santé. Si j’étais passée à plusieurs reprises devant la porte de sa chambre, lui qui était au même hôpital que mon fils, je ne m’étais jamais autorisée à toquer, à lui imposer ma présence, à hausser le malaise à ce point alors qu’il n’avait besoin que de bon, de beau. Je sais bien, que me présenter sur son porche est pire encore que n’importe quel affront, et qu’il a tous les droits de me chasser de là, de son intimité. Je sais aussi que je ne peux pas faire sans, et que, bien égoïstement, c’est la seule solution qui me paraît viable pour arriver à gratter quelques minutes supplémentaires de sommeil avant de donner ma réponse à Dannie, avant d’accepter ou de refuser sa proposition. C’est la voix de Ben qui s’enthousiasme dans ma tête, qui se moque, qui m’accuse de trop penser - encore, comme toujours - avant que mon poing finisse par s’écraser sur la porte, par entamer un geste, une tentative déguisée derrière ma potentielle carrière, de revoir Jamie. De retoucher à ce qu’on avait pu partager jadis. De lui en parler en premier, surtout. Personne ne sait encore, personne ne comprendrait de toute façon. Personne ne pourrait rivaliser avec la complicité artistique que je partageais jadis avec le Keynes, avec son avis sur la question, son apport.  Et il se dévoile finalement dans l’embrasure, m'arrachant un nouvel élan de chaleur, mon ventre qui se serre. « Je me doute que tu n’as pas du tout envie de me voir ni de me parler alors que tu te remets encore de… que tu es en convalescence. Alors je serai brève. » aucune agressivité dans ma voix, seulement, si je n’articule rien, si je reste là, pantoise, j’ai beaucoup plus de chances de me retrouver bredouille sur le porche sans pouvoir m’expliquer que d’avoir droit à un accueil en bonne et dûe forme. « On m’a offert d’organiser un vernissage à Southport, c’est pas grand chose, c’est dans une salle en annexe et ça serait la première fois depuis...toujours.  »  trop de détails, trop d’explications, trop de justification, de mots, d’idées qui se bousculent, et je reprends mon souffle. Je n’allais pas faire traîner l’idée, je n’allais pas le supplier sans lui donner tous les éléments, sans qu’il soit au courant des enjeux. « Et ils veulent que j’affiche la toile qu’on a… créée ensemble. Ils aimeraient en retrouver d'autres aussi. » les éclats de ses croquis, des miens, nos vies brisées qu'on arrimait, la perfection dans l'imperfection. Pause, et je me souviens de respirer à travers mon malaise. « J’ai dit que j’allais demander à l’artiste avec qui je l’avais faite parce que c’était pas tout moi, je ne voulais pas te jouer dans le dos et… » ce n’est pas pour rien que je monopolise la conversation, que je ne lui laisse pas le temps de rebondir, que je sens mes doigts s’entremêler, se tirer les uns les autres. Ma tête sprinte en elle-même, et j’ai la culpabilité dans la voix. Mais je reste droite, le plus possible, confessions que je trime à affirmer, maintenant qu’il est devant moi, et que tous les scénarios que j’ai pu me faire sur le chemin ne ressemblent pas du tout à la scène qui se joue devant moi. « Ça doit t’étonner vu la dernière fois, que je t’ai pas caché ça.  » et le tout pour le tout, l’humour, que j’essaie de tout mon coeur, qui me fait violence, maintenant que je force mes iris à ne pas se dégager des siens. « Je comprendrai, si tu ne veux pas. Je dirai rien, et je te laisserai tranquille. Promis. » au mieux, il ne verra pas la faiblesse dans mes gestes, la retenue de le prendre dans mes bras, de m’assurer qu’il est bien là, sorti d’affaires. Au mieux, il ignorera la lueur d’inquiétude dans mes prunelles, d’avoir encore une fois été trop loin, de l’avoir brusqué alors qu’il n’en a pas besoin, d’être ici, plus pitoyable que jamais, lui proposant une trêve qu’il serait tout en droit de refuser.  
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jaminny ▲ mess is mine Empty
Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyMar 16 Jan 2018 - 23:21

the mess is mine - Talking like we used to do It was always me and you Shaping up and shipping out Check me in and check me out
La fenêtre de l'ordinateur sur mes genoux roule régulièrement le long de cette interminable liste de mails. La simple lecture de l'intitulé me permet d'effectuer un premier tri de ce qui est important ou non. Et, ma foi, s'il est écrit “urgent” en capitales, il y a des chances que cela le soit. J'ai donc une main occupée par la souris et l'index posé sur la roulette qui tourne dans le vide. L’autre tient fermement l’anse d'une tasse de thé fumant. Ben est allongé sur mes pieds. Il y a pire manière de passer la journée chez soi. Des clics récurrents prennent la place du léger bruit de rotation alors que je me penche sur la centaine de clichés qui ont résulté d'un shooting pour un numéro à venir. Le perfectionnisme est alors un allier autant qu'un ennemi du pouvoir de décision. Derrière ma moue sérieuse, il y a quelques photographies qui parviennent à me convaincre. La sélection file dans un dossier, le dossier dans un mail, et je décrète ma parenthèse GQ terminée. “Tu vas devoir bouger de là si tu ne veux pas que je finisse mort de faim.” dis-je au golden retriever confortablement installé de manière à m'empêcher de me lever. Et il ne semble pas particulièrement enclin à me laisser aller à la cuisine. Il me faut attendre une visite surprise pour qu'il relève la truffe et se dirige vers la porte afin d'accueillir quiconque se trouve derrière avec une symphonie d'aboiements. Milo y ajoute ses propres jappements aigus, et désormais, c'est le chemin jusqu'à l'entrée qui se transforme en parcours du combattant. Peut-être que prendre un chien supplémentaire ne serait pas une si bonne idée. Le judas me permet d'apercevoir la silhouette inattendue, plus que n'importe quelle autre, de Ginny. Faire le mort n’est pas une option malheureusement, et l'ignorer en tout état de cause n’est pas franchement mon genre non plus. C'est donc après avoir ravalé mon amertume et lâché un gros soupir que je lui ouvre la porte. Quelques mois de cela, la vue de la brune m'aurait immédiatement donné le sourire. Je pensais avoir trouvé en elle cette amitié sans jugements et sans compromis, saine, que je cherchais depuis mon arrivée à Brisbane. Quelqu'un qui ne cherchait pas à tout savoir de moi, du passé, du pourquoi du comment, et qui m’appréhendait au jour le jour, avec mes hauts très hauts, mes bas très bas. Quelqu'un qui connaissait ce besoin de lâcher complètement, de temps, le poids du monde que l'on s'impose sur les épaules. L’envie d'hurler qui s'accumule et qui nous effraie autant que les autres. Le besoin de créer quelque chose, ne serait-ce que pour se donner l'impression de ne pas être bon qu'à détruire tout ce que l'on touche. Et c'est parce qu'elle s'était imposée comme cette pierre angulaire de mon entourage que la trahison de Ginny est la plus dure à oublier et à pardonner. La soirée au théâtre semble remonter à une autre vie et pourtant, je ne l'oublie pas. Cette sensation d'avoir le monde contre soi et cette solitude que j'ai ressentis ont été les premiers dominos. Le reste de l'histoire, elle la connait. La jeune femme est visiblement au courant pour l'arrêt cardiaque, nul étonnement vu l'allure à laquelle la nouvelle s'est répandue hors de tout contrôle. Mais si cela la pousse à ne pas gâcher mon précieux temps, alors je ne m'en plains pas. J'accorde alors à Ginny toute mon attention à propos de ce vernissage qui lui est offert et qui, jusqu'au dernier moment, ne me semble pas me concerner en quoi que ce soit. Jusqu'à ce qu'elle me demande l'autorisation d'exposer notre principale, accidentelle, et sauvage collaboration. Mon regard se fait plus grave pour bien des raisons. Je retiens un souffle cynique lorsqu'elle me qualifie d'artiste, ou quand elle s’essaie à un humour qui me laisse imperméable. Pourtant, je lâche un “entre” en lui laissant la voie libre pour pénétrer dans la maison. Les chiens lui trainent dans les pieds et je ne m'en préoccupe pas plus que cela. En bon hôte, je lui trouve une tasse que je remplis de thé et l'invite à s'asseoir dans le canapé tandis que j'occupe un des fauteuils du salon. “Il n’est pas empoisonné.” je précise en déposant la tasse face à elle sur la table basse. Puis je m'enfonce dans le cuir brun de mon dossier, doigts croisés. “Des félicitations s’imposent alors.” Sincères, malgré les circonstances. Je n’ai pas de raison ni d'envie de souhaiter du mal à la jeune femme qui a bien assez enduré, et nos différents ne m'empêchent pas d'être heureux que du bon lui tombe enfin dessus. Bien que j'eus préféré être laissé à l'écart de cette chance, ce qui ne tarde pas à se faire savoir par la suite. “Ceci étant dit, ce que je fais n’a jamais eu vocation à être vu par qui que ce soit d’extérieur.” Autant dire qu'en dehors de mon entourage le plus proche, dont la brune a cessé de faire partie, il n'était pour moi pas question qu'un inconnu pose les yeux sur la moindre pièce de ma production personnelle ni conjointe. Mais ce qui est fait est fait. “Encore moins à être exposé.” j'ajoute donc, la voix résonnant comme un non ferme et résolu. J'aurais aimé m’épargner  le moment où Ginny me demande pourquoi et où elle insistes quand même, même si elle avait dit qu’elle ne le ferait pas, parce que cela est le cas à chaque fois. C'est une décision aussi rarement comprise que respectée et je n’ai pas d'espoir que la jeune femme fasse exception à la règle. Le monde peut largement se passer de mon coup de pinceau, et moi, du regard du monde à ce sujet. J’ai déjà bien assez à faire avec les autres domaines dans lequel l’opinion publique se permets d’avoir un avis.
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jaminny ▲ mess is mine Empty
Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyMer 24 Jan 2018 - 9:03

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J’aurais pu penser à une immensité de trucs, alors qu’il ouvre la porte. Aux mots acides qu’il m’a envoyés lors de notre dernier échange, à mon dos qui se tourne, qui les laisse là tous les deux, sachant très bien que ni l’un ni l’autre ne gravitera de la même façon dans ma vie désormais. Aux soirées à refaire le monde autour d’un canevas. À ce vide malhabile qui justifiait l’absence de contact suite à notre débandade. À cette fois où il était reparti, joueur, avec les clés de l’atelier, l’ancien. À la première fois où je me présente chez lui, habituée à le recevoir dans mon débarras plutôt qu’à m’incruster dans le sien. À tout ce qu’il pourrait me dire, en apparaissant devant moi. À tout ce qu’il ne me dira pas. Et il m’invite à entrer. Un automatisme, un pilote qui provoque un pas puis un autre, et je passe le hall, suis ses mouvements jusqu’au salon, silence, mimétisme. Comme une entrevue qu’on sait vouée à l’échec, comme un premier pas naïf vers un cratère sans fond, comme une construction de bois chambralante au pied d’un volcan. « C’est tout à ton honneur. » que je réponds du tac au tac, mes doigts encerclant la tasse de porcelaine qu’il me tend, le poison écarté des possibilités. Alors il s’avance, alors il reprend sur ce que j’ai lancé à la va vite, trop, sur le pallier. L’exposition, les toiles, la notre, et tout ce que ça implique. « Merci. Venant de toi, je… merci.  » venant de toi, ça vaut tout l'or du monde. Je ne baisse pas le regard, pourtant. Et même si je savoure le fait que j’ai enfin pu parler de tout ceci à quelqu’un, et même si je sens un poids étrange se libérer de mes épaules, c’en est un autre qui s’y immisce, du revers de son refus. Aucune surprise ici, rien qui n’a pas été anticipé, prémédité. Je m’y attendais, et c’est bien ce qui a motivé ma décharge, lui promettant qu’il n’aurait plus à en entendre parler s’il ne voulait rien en savoir. Me voilà fixée, mon earl grey à peine entamé. « Dannie a fouiné dans l’atelier. Elle l’a vue à ce moment-là. » que je finis par laisser aller, dédouaner, haussant innocemment l’épaule. La toile, celle qui résumait nos états d’âme ce jour-là, celle qui avait fait autant de mal que de bien à créer. Ce secret que je gardais, que je chérissais, et que la rousse avait déniché à travers les autres canevas, de passage à la maison. Je sens le tremolo, faible, dans sa voix. Je sens son inconfort - loin de moi l’idée de lui en ajouter plus au rayon des désagréments. Puis j’inspire, puis je me replace dans mon siège, puis j’ose, effrontée, probablement abusive. « Et tu sais quoi? Je pense exactement la même chose. » qui vient briser le maigre silence dans lequel nous étions plongés, le bruit des cuillères tintant sur les tasses. Et si je ne savais même pas si je voulais être exposée, à ce vernissage-là? Si je n'y avais tout simplement pas ma place? « Ce n’est pas une tentative de te gratter des compliments tout sauf mérités, ou de la pitié. » il n’a pas de temps à perdre à flatter mon ego, encore moins dans la position où il se trouve actuellement. Je le sais encore plus que lui, et il le devinera à mon ton qui est beaucoup plus résigné qu’implorant. « Si je suis venue, aussi étrange que ça puisse paraître, c’est surtout parce que je suis terrifiée. »  et pitoyable, et honnête au moins. C’est une première, pensera-t-il probablement. « J’aurais sans doute pu me dépêtrer toute seule, refuser qu’elle mentionne notre toile, négocier autrement, m’en sortir sans chichi.  » Dannie n’avait rien menacé, Dannie avait seulement suggéré. Le vernissage tiendrait avec ou sans le tableau dont il est question, et peu importe la série d’obstacles que je pourrais me mettre dans les pattes, c’était bien cela qui me foudroyait le plus. Aucune logique de l’aborder avec Jamie à l’instant, pourtant c’est ce qui me semble le plus naturel. Il a toujours capté, il a toujours su sans le moindre mot ce qui se passait dans mon coeur d’artiste, l’articuler convenablement. Je m’adresse au Keynes d’avant, à celui qui comprend. « J’ai pris sa demande pour une béquille. » qui sait à quel point je rêve de ce genre d’opportunité, et à quel point j’en crève. Horrible dualité qui rend mes paumes particulièrement moites, ma voix un peu moins confiante qu’à mon arrivée, des poussières de minutes plus tôt. Ginny dans toute sa splendeur, et le stress d’une vie maintenant qu’elle réalise que tout ceci, elle devra le vivre seule, l’affronter seule, qu’elle n’a plus l’âge d’avoir un tuteur, un surveillant. Que si elle veut plonger, elle va devoir le faire par elle-même, et rien d’autre. Même pas capable d’assumer ça, comme une grande que je pense, dans un soupir, contre moi, contre tout. Depuis quand je le prenais pour un thérapeute? Depuis quand je m’imposais à sa vue, depuis quand j’étais ingrate, à ce point? « Tu me manques. Ta franchise me manque. Ta fougue. Ton feu. » ce qui, à une époque pas si lointaine, m’a donné le courage nécessaire pour recommencer à peindre, pour retoucher à ma passion. Ce qui, jadis, a été un moteur inévitable, me gardant droite, fière de m’afficher à ses côtés, fière de ce qu’on construisait l'un en amont de l'autre. Sachant bien évidemment que si l’on était réduits à deux inconnus ou presque, c’était ma faute, mes idéaux, ma naïveté qui étaient en cause. « Et pour ce que ça peut encore valoir... je suis désolée Jamie. Pour tout. » je l’ai cherché, look who's coming for round two now.
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jaminny ▲ mess is mine Empty
Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyMer 7 Fév 2018 - 13:16

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C’est étrange, d’avoir cette joie de la voir d’auparavant remplacée par une amertume loin d’avoir le goût d’un bon thé. Comme une boule dans l’estomac qui me plombe, m’alourdit et m’enfonce un peu plus dans le fauteuil. Le genre d’émotions que je souhaite laisser au placard depuis ma sortie de l’hôpital, résolu à épargner à mon coeur, ma tête, mes épaules, tout ce qu’il y a de négatif et de non nécessaire. Mais il est difficile de tirer un trait sur certaines choses, difficile d’ignorer mon coeur serré dans ma poitrine qui regrette les bons moments passés avec la jeune femme, et les restes de trahison au fond de la gorge. J’aimerais pardonner facilement, être de ceux qui ont ce don pour effacer l’ardoise, comprendre que les erreurs sont humaines et que tout le monde mérite autant de chances que nécessaire. C’est un attribut que je dois encore apprendre. Et j’apparais particulièrement loin du compte lorsque la brune tente de se dédouaner de la découverte de notre toile par cette Dannie en lâchant un « Je m’en fiche » incrédule. Qu’elle ait fouiné implique qu’elle n’en a pas été empêchée. Qu’elle soit tombée sur l’oeuvre implique que celle-ci était à la vue de n’importe qui d’autre se permettant de fouiner sans opposition de la part de Ginny. Qu’il lui soit proposé de l’exposé implique, enfin, qu’elle ne l’a pas non plus empêchée de la scruter dans le détail. Et tous ces facteurs ne dépendaient que d’une personne, qui n’était pas la Dannie en question. Je ravale la pique acerbe à propos du manque de bonne foi et de bon sens de la jeune femme qui me brûle les lèvres dans une gorgée de thé. Moins de négativité, plus de Earl Grey. Cela n’empêche pas de rouler des yeux au ciel quand je décèle une tentative d’appel à la compassion aussi discret qu’un coup de botte dans le tibia qu’on voudrait faire passer pour un appel du pied. « Ah non ? » fais-je, ironique à souhait, alors qu’elle assure qu’elle ne cherche surtout pas à recevoir de la pommade de ma part sur sa confiance en elle craquelée et fluctuante. Je ne sais pas si mon regard blasé ou un soudain regain de jugeote lui fait comprendre que tenter des chemins détournés ne lui sera d’aucune utilité face à moi. Je n’ai jamais rien attendu d’autre d’elle que ce que je lui ai toujours donné, à savoir une totale honnêteté et une transparence que rares sont les personnes à pouvoir bénéficier de ma part. Dire les choses, ressentir les choses, et cesser de placer un filtre entre le fort intérieur et le monde extérieur. Ouvrir les portes, desserrer les valves, ne plus peser les mots et les gestes. Et je préfère l’entendre avouer qu’elle a peur, reconnaître qu’elle cherchait une excuse pour venir ici, plutôt que de tourner autour du pot d’une manière qui ne nous ressemble pas. Alors la boule dans mon estomac dégonfle un peu, mon coeur se desserre. « Je sais. » je réponds à ses excuses renouvelées, laissant deviner que le pardon n’est pas acquis, mais en meilleure voie qu’il y a quelques mois. Je reconnais qu’il faut être sacrément kamikaze dans l’âme pour venir me voir après tout ceci. Fut un temps moins lointain que je ne le voudrais où d’autres auraient au choix mangé la porte ou une soupe de phalanges pour moins que ça. Mon soupir passe pour un peu de souffle à la surface de mon thé. Une nouvelle gorgée pour remplacer une amertume par l’autre. Puis je reprends ; « Je ne peux pas t’aider. C’est ton moment, le tien, et ça ne repose que sur toi. » Je ne peux pas être sa béquille. Je ne suis même pas certain de pouvoir l’encourager sans me montrer parfaitement hypocrite. Je peux la féliciter tant que mon avis ne m’est pas demandé. Mais je ne suis pas bon coah en matière d’art, moi qui me cache et me braque à la moindre approche de cette partie secrète de ma vie. « Mais tu fais bien d’avoir peur. C’est sain. Si tu n’étais pas effrayée, tu pourrais ajouter prétentieuse à ta liste de qualités.. » Ginny est bien des choses, mais prétentieuse, cela n’a jamais été un qualificatif pour elle. J’ai du respect pour ceux qui ne doutent pas de leur talent dans un domaine ou un autre tant qu’il apparaît qu’ils ont en effet des raisons de se montrer fier et que cela n’entrave pas le minimum de capacité de remise en question de toute personne normalement constituée. Ce sont ceux qui s’emprisonnent dans leurs propres œillères que je méprise. « Si tu te lances là-dedans, tu vas donner à voir une partie de toi, ton monde. Ce que tu aimes, ce qui te rend triste, en colère, ce que tu trouves beau, les questions que tu te poses... » Tout ce à quoi sert toute forme d’expression artistique, pour ceux qui croient que la peinture, la musique, le théâtre ne servent pas qu’à faire du beau. Pour ceux qui n’ont pas d’autre moyen de dire ce qu’ils ont sur le coeur, ceux qu doivent remplacer certains mots par d’autres médiums. « Tu vas laisser tout ça être interprété, déformé, décortiqué, critiqué par des inconnus qui verront peut-être au-delà de ce que tu aurais voulu montrer, ou qui ne comprendront strictement rien mais ne se dérangeront pas pour avoir leur opinion sur tout. » Je suppose que je me montre pessimiste. Mes propres craintes parlent pour moi et je peine à imaginer les choses sous un autre angle. Parce qu’à plus d’un titre le monde peut se montrer rude, dur, ingrat, ignorant, et bien moins souvent compréhensif et clément. Tout ce qui peut être critiqué l’est, et ce qui n’a pas matière à l’être non plus. D’un mode de vie à un simple choix de chaussures, et surtout, quelque chose d’aussi personnel que de la peinture sur une toile. Les musées sont pleins de personnes qui savent tout, qui en sont bien trop persuadées, et qui n’hésitent pas à porter un jugement radical sur les œuvres d’artistes qui étaient les génies de leurs temps. Alors nous ? « A ton avis, pourquoi il est hors de question que j’expose quoi que ce soit ? Parce que ça me fait mourir de peur. » Je l’avoue, en toute honnêteté. Pour avoir fait l’expérience de la véritable peur, de la véritable vulnérabilité, je peux bien l’avouer sans détour ; l’idée de laisser n’importe qui poser son regard sur ce que je produis me terrorise, et je n’ai jamais sauté le pas de seulement envisager d’accepter d’exposer le moindre croquis. En cela, Ginny vaut déjà plus que moi.
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Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyMar 20 Fév 2018 - 8:00

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Tout dans cette scène jure, entre notre ton qui est trop calme, nos tasses de thé qui tintent, nos silences qui s’entrechoquent de regards pas particulièrement froids, pas nécessairement à l’aise. C’est irréel que je sois ici, dans ce salon, les yeux posés sur Jamie, à l’écouter parler, à apprivoiser cette nouvelle relation que je ne nous connais pas, un lien brisé qui me semble impossible à reconstruire, mais dont les bribes sont encore suffisamment solides pour que je trouve asile sur son canapé, pour qu’il ne m’ait pas chassée du revers. Il est posé, il est calme, et même si mon impression d’être de trop ne disparaît pas plus la conversation avance, je tire tout de même de ses paroles de grandes lignes qui me font froncer les sourcils, resserrer mes doigts sur mon anse, réfléchir, beaucoup. De tout ce qui nous caractérisait, j’avais toujours respecté ce challenge constant, ces airs de défi, cette façon que l’on avait tous les deux de confronter nos opinions. Même si nos mondes s’étaient croisé à Londres, tellement d’éléments nous différenciaient que j’en avais perdu le compte ; néanmoins il était clair qu’aujourd’hui il serait à même de secouer ces restes de stress, cette anticipation que je tartinais du bout des lèvres, humble aveu qu’il aurait pu, aurait dû me servir de béquille. « C’est un bout de beau, un bout de vrai, un bout d’humain. » que j’entends ma voix, volatile, ajouter. Dans un souffle, et je me replace sur les coussins, et je porte la tasse à mes lèvres. La nostalgie de l’entendre me parler ainsi dans l’ancien atelier, les souvenirs de ce que nous avions été à une époque pas si lointaine que ça, mais qui me semble être à des millénaires d’aujourd’hui. Il est différent Jamie, il est amer, mais il le censure, il le garde à l’intérieur, il se contient, entre ses regards voilés et ses phrases pointues. Je suis habituée à une bombe à retardement, je suis habituée à des effluves de rage, de chaleur. Il a changé, et l’impression que la distance mise entre nous deux a laissé un fossé auquel mes excuses, mes remords, mes justifications ne suffiront pas. « Je ne sais pas si je suis assez forte encore. » surtout pour cela. Si les derniers mois avaient été un calvaire de mon côté, si la vie en général n’avait jamais été facile depuis que j’avais posé le pied à Brisbane, il était le plus à même de comprendre le processus de reprendre des forces, d’y aller pas à pas, de laisser une convalescence nécessaire nous enraciner un peu mieux. La question était toute simple, mais tellement difficile à répondre : est-ce que j’avais besoin d’encore un peu de temps, ou est-ce que je me punissais moi-même en me croyant tout sauf assez solide pour me lancer coeur et âme dans cette aventure? « Parler d’émotions, parler de vie, parler de tout ça… Noah est à peine sorti de l’hôpital, je commence tout juste à me remettre à peindre pour le plaisir, et il faut déjà que je pense à le faire pour ma carrière. »  la réflexion que ses propos a amenée, les pensées à voix haute que je laisse couler et qui, probablement, ne l’intéressent pas. Pourtant, j’ai besoin de me l’entendre dire, d’y peser le contre, d’y voir le plus terrifiant, avant de paraphraser le pour. « Et à côté de ça, je sais que je le regretterais très longtemps si je n’osais pas. Si je restais là à ressasser mes vieux démons, à multiplier mes excuses. » et l’autre côté de la médaille que j’expose comme une évidence, ce qui me semble bien rhétorique maintenant que je sais à quel point mon manque de confiance en moi a fait mal, durant les dernières années, durant toute ma vie. Un mélange de plusieurs séquelles étalées sur des dizaines d’années, d’échecs, de coups bas, de protection familiale. Un cocktail nocif qui avait laissé cette éternelle épée de Damocles au-dessus de ma tête, à savoir l’incapacité de sauter dans le vide, de croire que tout ceci peut bien se finir, même si rien n’est parfait, même si je ne suis pas prête à 100%, même si je doute autant de moi que de mon art, encore et toujours. Et nous voilà bien honnêtes, pour une fois. Deux peureux, deux trouillards, et rien qui puisse faire le pont entre ceux que nous étions avant à nous soutenir, et ceux que nous aurions besoin d'être aujourd’hui pour poursuivre l’entreprise. « C’est mon rêve de gamine, d’être peintre. Pas pour les autres, mais pour moi. Parce que l’art a toujours été ce qui me rendait à l’aise, ce qui me rendait bien, ce qui me mettait en confiance. » la jeune Ginny qui cumulait les cahiers de dessins, qui s’imaginait propriétaire d’une galerie, qui voyait grand, des tableaux sur tous les murs, de l’inspiration à revendre, une façon bien à elle, toute en couleur et en forme, d'exprimer sa vision du monde, de partager à sa façon tout ce qu’elle y aimait, tout ce qu’elle y vivait. Un long soupir plus tard, et je me rends à l’évidence, plongeant mes iris noisettes dans le regard de Jamie. « J’imagine que je suis venue puiser ici un peu de forces, bien égoïstement. » et le rire est jaune, presque désespéré, déçu. De m’accrocher à ça, peu importe ce que c’était. De savoir que lorsque je passerai la porte tout à l’heure, l’aparté sera terminé, le drapeau blanc sera rangé, et il ne s’éloignera de moi qu’un peu plus. Ou est-ce l’inverse? Je frissonne, tente de gratter le plus que je peux, au mieux. Et c’est la question qui me brûle les lèvres, c’est osé, audacieux, c’est indiscret et c’est demandé avec espoir, avec le ton suppliant d’une enfant qui a encore la vie devant elle, qui l’espère. « Tu viendrais? Au vernissage.  » de sa part, je ne m'attends qu'à la vérité, pure et crue.
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jaminny ▲ mess is mine Empty
Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyDim 25 Fév 2018 - 17:53

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D’une béquille ou d’un psychologue, je ne sais pas ce dont Ginny a le plus besoin dans le cas présent. Et je ne me vois pas être d’une quelconque aide, la pousser à prendre un chemin plutôt qu’un autre, dans la mesure où j’estime que les nôtres se sont dissociés et que l’endroit où elle va ne me regarde plus. La jeune femme est assez grande et s’est montrée bien assez forte pour prendre ses propres décisions et les assumer jusqu’au bout, pour savoir ce qui est bon pour elle, sa carrière, sa famille. Elle n’a nul besoin de moi, et il m’apparaît de manière assez évidente qu’elle ne se raccroche à moi, à ce que nous étions, à l’amitié enterrée sous les décombres de ses erreurs, uniquement par peur de tourner définitivement une page. Maintenant qu’elle est divorcée, que son garçon va mieux, qu’elle vit sa vie pour elle-même pour de bon, j’apparais comme les restes d’un chapitre passé, une ancre qui retient, qui ralentit, à l’heure où ce dont elle a besoin, c’est d’avancer toutes voiles dehors. Elle ne se croit pas prête ? Je souris en coin, ironique, et je reste silencieux tandis que j’écoute la brune monologuer -prouvant encore une fois que ma présence dans la pièce est accessoire. A quoi bon lui répéter que personne ne peut faire ces choix pour elle ? Et elle a parfaitement conscience que si elle tourne le dos à cette opportunité, les remords feront vite surface. Elle ne semble pas partager les mêmes appréhensions qui me tétanisent à l’idée de montrer ce que je peins. Elle ne craint pas de se livrer. Au final son unique appréhension est d’aller trop vite, et sans mots, mon regard suffit à lui dire qu’il n’y a pas excuse plus invalide que celle-ci. « Je devrais t’enregistrer et te faire t’écouter répondre à tes propres questions. » je souffle en levant les yeux au ciel. Elle s’encombre de pensées futiles, de doutes inutiles. Elle se freine elle-même, et je n’ai pas d’élan à lui insuffler, pas d’encouragements hypocrites à lui donner. « Je n’ai pas de forces à partager en ce moment malheureusement. » j’ajoute, et alors il ne lui reste aucune raison de rester ici. Mes forces, je les réunis pour guérir, pour remettre ma vie à flot. Pour donner une nouvelle chance à l’amour, regagner ma place au sein de ma famille. Pour faire mon travail, avoir confiance en mes propres capacités. Pour replonger dans une vie en perpétuel contre-courant. Je ne peux pas prendre qui que ce soit sur mes épaules, je ne peux pas partager mon énergie, mon temps ; et de mon univers, Ginny s’est condamnée à la porte par ses propres moyens. Elle est venue ici avec un espoir, elle repartira sûrement déçue. Je lui concède l’effort, l’essai, mais ce qu’elle attend de moi, je ne peux le donner. Et ce ne sont pas plus d’excuses ou de pensées articulées tout haut qui changeront cela. Nous nous croisons là aux carrefours de nos vies, et je crois que la seule chose qui reste à dire est « au revoir ». Pourtant la jeune femme persiste, lance une bouée, tend une main. Une invitation à jeter un œil, garder un pied dans son univers, assister à son vernissage. « Je ne sais pas, Ginny... » Quelque chose m’empêche de dire oui. Une soupe qui mélange le besoin de m’épargner la jalousie de la voir accomplir quelque chose dont je suis parfaitement incapable, réussir là où j’échoue, assister à l’étalage de talent et de succès de quelqu’un qui m’inspire encore tant d’amertume, et la crainte de ruiner un moment aussi important pour elle où je ne suis invité que dans un élan de politesse, offre de la dernière chance que je ne suis pas certain de vouloir saisir. « Je ne vois pas pourquoi tu voudrais que je sois là. Franchement, à quoi bon ? » Je viendrais si je savais qu’elle n’espérait pas la présence d’un ami. Si elle souhaite profiter d’une connaissance au nom qui n’est pas méconnu afin de l’ajouter sur la liste des invités et faire bon genre. Si elle veut me gratter un papier sur son exposition et obtenir une centaine de mots dans un encart de bas de page dans la rubrique culturelle du magazine. Je pourrais, éventuellement, considérer la possibilité de répondre présent. Je soupire, il me semble soupirer bien trop durant cette entrevue. « Envoie-moi une invitation. Elle rejoindra les autres sur la pile que je reçois toutes les semaines, et… j’aviserai. » Je pourrais venir selon l’humeur, selon les autres possibilités, les engagements, les obligations, ou même ce que la météo m’inspire. Ce n’est pas un refus, même si ma prédisposition est transparente. Ce n’est pas une promesse non plus. C’est tout ce que je peux donner à Ginny pour le moment.
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jaminny ▲ mess is mine Empty
Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyMar 27 Fév 2018 - 7:22

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Ce n’était pas comme si je ne m’y attendais pas. Ce n’était pas comme si je n’avais pas anticipé la froideur, perçu la difficulté, ressenti l’amertume qui serait encore bien présente, malgré le temps, malgré les événements, malgré nous deux. Jamie était une personne droite aux principes arrêtés, et la loyauté étant partie prenante de son quotidien il me semblait plus que normal qu’il soit encore bien en conflit avec les amis que nous étions jadis, et les presque inconnus que nous devenions au fil des minutes. Et je l’écoute parler, et je ne manque aucun des mots qu’il pose, parfois plus sec, parfois moins dur. C’est un puzzle devant lequel je me penche, c’est une équation que je tente d’aligner entre ses regards, ses non-dits et ses remarques,. Si son animosité est contrôlée plus que ce à quoi je croyais être confrontée, ce n’est pas non plus devant l’homme auquel j’étais habituée que je fais face, installée dans son canapé, dans sa vie, dans son quotidien où je ne retrouve plus ma place. « Il fallait que je demande. » que je réponds dans un souffle, lorsqu’il remet en question la pertinence de sa place au vernissage. Il fallait que j’en ai le coeur net, soit, mais il fallait aussi que je balaie tous remords de ne pas avoir tendu une perche, de ne pas avoir pensé ni même une simple fraction de seconde que notre passé ne serait pas bienvenu dans mon avenir. C’est encore nébuleux, c’est encore difficile à décrire, et probablement que l’état chaotique de notre lien y est pour beaucoup, mais j’ai tout de même cette petite brèche, ce délicat filon qui me murmure à l’oreille qu’il est tout à propos pour ce moment charnière de ma vie, ma carrière. « Malgré tout ce qui s’est passé, malgré toute l’histoire avec… m’enfin. » et je m’interromps, même pas besoin de préciser, même pas besoin de glisser un mot sur le fiasco au théâtre, qui me semble dater d’une décennie entière tellement nous n’avions plus rien de ceux qui nous étions rendus à la représentation du désastre, pressés de tomber sur notre mauvais sort. Il ne dit rien, bien sûr, tourner le couteau dans la plaie n’a jamais été gage de déclencher des conversations animées et vives entre deux âmes cassées. « Ça m’apparaissait logique que tu sois là. »  j’hausse les épaules, la tasse de thé qui tourne toujours entre mes doigts, qui me sert d’alibi pour ne pas perdre mes doigts dans des gestes malhabiles qui me rendraient moins posée que je tente de le montrer. Et comme je me doute que ce qui me semble évident ne l’est peut-être plus pour Jamie, je m’étale encore un peu, je gratte les quelques minutes supplémentaires qu’il daigne me laisser, comme dernière chance, dernier argument valide. « T’as toujours été présent pour m’encourager à peindre ; t’as bien souvent motivé ce qui restait enfoui à l’intérieur. » le nombre incalculable de fois où il avait eu le mot, le seul, qui m’inspirait à prendre un pinceau entre mes doigts, à tenter, tester. Les soirées en silence, simplement à regarder nos oeuvres, à les comprendre, à les partager. Toutes les fois où il m’a aidé à faire de Brisbane, de mon atelier, mon chez-moi à nouveau, mon oasis, à ma palette. Aussi égoïste je puisse être de venir réclamer une trêve, autant je ne peux pas concevoir que ce petit aparté de nos vies ne lui manque pas, un peu, qu’il a tourné la page sur tout ça, chassé du revers, oublié ce qu’on s’apportait. L’inconfort me rend plus loquace, son mutisme me donne de la place. « Je sais que je m’accroche. Mais à mes yeux, c’est normal que tu sois là, avec tout ce qu’on a pu vivre à l’atelier, ce qu’on a pu s’y dire. »  et cette dernière soirée, celle où il était reparti avec les clés, celle où j’avais vu s'écrouler un Jamie si stoïque, si fort, si détruit, besoin d’asile le temps de se remettre des foudres de la vie. Pourtant, il ne relance pas. Il offre un compromis, une invitation sur la pile des autres, une mention, une présence au moins, mais qui sera décidée à la va-vite, qui passera entre ses mains ou celle de quelqu’un d’autre. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres. Ce n'est pas ce que je suis venue chercher, de partager ce moment si important avec un journaliste, un chroniqueur. Hochant silencieusement de la tête pour acquiescer doucement, je sens que j’ai éternisé, que j’ai déjà tiré plus que ce qu’il était prêt à m’offrir, que si ce qu’on avait jadis a une chance de revenir, c’est avec parcimonie que je dois le laisser digérer la nouvelle de mon pas dans sa direction. Posant lentement la tasse et sa soucoupe sur la table basse, je me replace dans mon siège. L’envie de partir, le malaise qui se perçoit, mais mon regard qui finit par se lever vers Jamie, par caresser le sien, par conclure naïvement, mais tenter du moins. « Si tu ne viens pas, je comprendrai. » clairement, et durement le message. Mais comme promis à mon arrivée ici - je n’insisterai pas injustement, je ne m’imposerai pas sous prétexte que j’y crois plus que lui. « Mais si tu viens... » et la respiration est lente, profonde, nécessaire. « Est-ce que c’est trop demandé de penser qu’il s’agit d’un premier pas vers une table rase? »  dernière question, dernière interrogation, dernière porte ouverte, avant de ne plus lui faire l’affront de chercher ici ce qu’il n’a pas la force de m’offrir. « Il fallait que je demande, ça aussi. » je tente le sourire en coin, je tente l’humour, je tente de désamorcer. Plus aucun regret, c’était l’intention.

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jaminny ▲ mess is mine Empty
Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyJeu 8 Mar 2018 - 22:13

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Il y a cette partie de moi qui voudrait se rendre à ce vernissage, celle qui accepterait sans une once d'hésitation. Et l'autre, qui prend le pas, qui l'étouffe, l'écrase, la condamne au silence. Celle qui opté pour le goût amer de la rancœur, qui serre ma poitrine, qui ferme les traits et rend les pots froids. Celle qui prend de la distance, se défend, se protège et érige un mur. Pour ce que nous avons partagé, pour le pas qu'elle a fait vers moi, je devrais faire mieux, je le pourrais. Mais il est trop tôt, trop difficile de voir Ginny autrement qu'une étrangère sous mon toit, celle qui a froissé ma confiance, non seulement en elle, mais en ceux qui m'inspirent de l'amitié. Si trahir et décevoir se trouve dans le fond de chacun, alors s'ouvrir est trop risqué. Je pose, depuis lors, une main, un masque sur ces facettes de moi que je lui exposais, que Jon connaissait également et avait déçu tout autant. “Alors maintenant ça a de la valeur pour toi ?” je demande, le cynisme qui élargit le fossé que je creuse pour ce que je crois être mon propre bien. Je ne concède pas plus qu'une place sur la pile des invitations, et, éventuellement, une minute à accorder à la considération d'aller à ce vernissage. Quant à faire de ma présence un nouveau départ, admettre que cela effacerait l'ardoise, il y a là trop d’exigé. “Je ne peux pas promettre ça.” je réponds sèchement, refusant plus ample négociation à ce sujet. Mes lèvres se pincent, le regard se perd un instant dans de bien meilleurs souvenirs que nous avons partagés, faisant renaître la peine d'y tirer un trait. “J’avais… la plus aveugle et totale confiance en toi, je reprends, songeant qu'il serait bon que Ginny comprenne pourquoi je semble si obstiné à refuser de pardonner, tourner la page -prêt à livrer une dernière fois ce que j'ai sur le cœur face à elle. Je n’avais jamais laissé qui que ce soit, en dehors de Joanne, avoir un pied dans cette partie de ma vie et être témoin de tout ce que je garde pour moi. Ce n'était pas que de la peinture, tu le sais.” C'était mes démons, mes combats. Ce qui m’oppresse, me fait perdre mes moyens, me pousse à me cacher. Me cacher d'elle, désormais. “J’avais ouvert cette porte à une amie parce que je pensais qu'on partageait cette transparence, qu'il y avait ce partage, cette compréhension, ce soutien. Et j'ai réalisé non seulement que j'avais tort, mais que tu cachais sciemment certaines choses.” Sa forte amitié avec Saul, son soutien sans failles, sa connaissance en détail des évènements qu'il avait déclenchés, de ma vie ruinée à ses pieds. Un double jeu qu'elle avait si bien endossé, afin de ne blesser personne, et finalement, blesser tout le monde. “Tu as été si… banale.” je souffle, haussant les épaules. J'avais une bien trop haute estime d'elle, tant d'admiration, de compassion, et l'illusion d'avoir trouvé en elle une forme d'alter ego. Qu'il eût été plus simple qu'elle demeure la jeune artiste que j'avais rencontrée à Londres, que nous en soyons restés au bon souvenir de nos longues conversations, divagations et échanges d'inspiration. “Je sais que ça ne sert à rien de le répéter, je ne cherche pas à tourner le couteau dans la plaie. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on avait quelque chose de spécial, et qui avait de la valeur à mes yeux, plus qu'une quelconque autre amitié. Et c'est perdu. Et ça me manque, mais ça ne reviendra pas. Pas comme avant.” Peut-être que cela ne reviendra pas, tout court. “Ca ne sert à rien de le forcer, même de le vouloir très fort. C'est juste… parti.” Bien que j'aurais aimé que cela ne soit pas aussi fragile qu'un simple château de cartes. Cela est peut-être de ma faute, celle de la haute exigence que j'impose à mon entourage, à ceux qui comptent vraiment. “Et tu devrais partir aussi.” je conclus, estimant qu'ainsi nous avons fait le tour du sujet. Ginny avait tenté, et échoué. Quand à moi, je me résigne à laisser les choses telles qu'elles sont, loin d'être prêt à offrir une seconde chance, fermant cette porte sur une nouvelle vie que je souhaite construire et dont la brune pourrait ne pas faire partie.
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Message(#)jaminny ▲ mess is mine EmptyMar 13 Mar 2018 - 6:19

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Il répond du revers, il m’attend au détour, et j’accuse le coup de ses paroles en les ayant vu venir si vites, si amères, si faciles. Je savais à quoi ressemblait Jamie lorsqu’il était enflammé, lorsqu’il était enragé. Et même si son calme olympien transpire de sa posture à son ton, de ses regards à ses silences, ses mots sont vifs, cruels, accusateurs, violents. « Ça n’a pas arrêté d’en avoir, Jamie. » dans un soupir de lassitude de devoir encore me prouver alors que tout ce que je fais, tout ce que je dis depuis que j'ai passé l'entrée est plus honnête encore que quoi que ce soit. Et je me retiens de rouler des yeux, sachant très bien qu’autant de force, qu’autant d’intention, qu’autant de justifications n’auront jamais rien à faire à ses yeux, aucun poids dans la balance. J’ignore ce qui, de la nostalgie ou de l’amour infini que j’avais pu lui porter justifie que je sois encore enracinée ici, me sentant clairement tout sauf la bienvenue. Un peu des deux, l’espoir qu’à force, il voit que j’étais repentante, qu’il comprenne l’appel de la deuxième chance, l’espoir, la supplication. De mémoire, je crois qu’il est le premier si ce n’est le seul vers qui je retourne, tellement habituée à toujours regarder de l’avant, à ne jamais retenter une perche d’avant comme si je pouvais y changer quoi que ce soit. J’aurais voulu, pourtant. Remonter dans le temps, changer l’approche, changer les mots. Piler sur cet adage si ancré en moi de ne jamais regarder par-dessus mon épaule, tenter de nous refaire confiance à nouveau, et c’est son discours qui pique, qui blesse, volontairement ou presque. Je ne dis plus rien, j’accuse ses accusations, je les comprends, les décortique. Il ne m’a pas parlé autant depuis si longtemps, il ne m’a pas ouvert son coeur aussi pleinement depuis des mois, et même si ce qu’il crache avec véhémence me concerne et m’abaisse à néant, c’est presque émue que je constate qu’il a toujours cette facilité à se vider la tête et les sens en ma présence, à se confier. Je me garde de le lui faire remarquer, je tiens tout de même à limiter les effluves de hargne que je pourrais recevoir du revers s’il le réalisait autrement que par lui-même. « Pour le peu que ça vaut, je n’ai jamais voulu te blesser. Jamais. » ma voix fend le silence alors que sa joute est terminée, qu’il reprend son souffle, que je me tiens droite, prête à quitter, à passer cette porte qu’il me montre, qu’il m’offre comme ultime symbole de notre fin. « Peut-être qu’un jour tu verras ce qui s’est passé pour autre chose qu’une attaque contre toi, qu’un pied-de-nez volontaire à ce qu’on avait. Que tu le verras comme je le voyais, un peu trop naïvement j’en conviens. » mon ton est calme, posé. À quoi cela servirait-il que je sois méchante, que je sois agressive, alors qu’il n’avait clairement plus envie de rien d’autre qu’un cocon de solitude pour cuver sa déception? Je m’étonne tout de même, de trouver les mots pour exposer ce que je ressens à mon tour, de ne pas m’écraser comme tant d’autres fois avant. J’y vois peut-être la pratique des derniers mois, à avoir tenté d’être solide au mieux pour moi, pour les autres. Et le poids de cette trahison qu’il me fait porter presque autant que je la porte par moi-même, qui me pousse à terminer le tout, à clore, à lui offrir ce qu’il veut, ce que je voudrai ultimement lorsque je réaliserai qu’il m’a brisé le coeur autant que j’ai brisé le sien. « Je voulais garder ce qu’on avait d’intact Jamie. Et je sais que j’ai merdé, je le sais, je l’ai compris et je le vois encore plus aujourd’hui. » je ne vivais pas dans un autre monde, j’étais bel et bien consciente de ne pas avoir brillé par mes réflexions linéaires ce soir-là, au théâtre. Néanmoins, de croire que tout ceci avait été manigancé méchamment, des intentions horribles derrière ma tête me donnait presque un haut-le-coeur. Ne me connaissait-il pas à ce point? Avions-nous tant changé, de ceux que nous étions encore quelques semaines à peine plus tôt? Les non-dits me répondent, l’ambiance comateuse du salon où personne ne fait le moindre son est l’argument final. D’une main, je ramasse lentement mon sac, l’invitation au vernissage qui y reste cachée, petit carton salvateur que je l’imaginerai déjà avoir pris par pitié, avant de le jeter dans mon sillage. « Je t’ai promis que je n'insisterais plus. Que si tu ne voulais plus de tout ça, il n’y aurait plus tout ça, justement. »  aucune pique, aucun reproche. Juste une profonde déception, partagée. « Alors, je te souhaite une bonne vie. Merci pour tout ce que tu as pu m’apprendre, pour tout ce que tu as pu me permettre d’être. J'espère que tu garderas de nous un peu de bon, au moins. » furent mes derniers mots, avant d’hocher de la tête, vidée, de tourner le dos. La distance entre le living et le hall me semble être multipliée par une dizaine, alors que j’ignore si c’est son regard dans mon dos que je sens durant ma sortie, ou si c’est simplement l’adrénaline qui me pousse, qui me triture, qui m’extirpe à la scène non sans retenir un sanglot et un autre. Une fois cette porte passée, ce sera terminé, une fois cette porte franchie, ce sera la fin. J'avais tenté de tout mon coeur, il avait refusé. Je ne me ferais pas l'affront de poursuivre la bataille alors que le souvenir de ce nous d'avant était encore presque intouché, au profit de ce nous présent si chaotique.  

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