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 collou + safest place

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Message(#)collou + safest place EmptyDim 7 Jan 2018 - 18:09


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J'ai pas mal de choses à me reprocher. Du vraiment pas beau comme du très futile, ce qui englobe autant le coup de pied que je viens de donner dans le bide de ce pigeon que la fois où j'ai mangé le dernier donut de Lene, tous les kilos de dope que j'ai pu vendre et m'enfiler pour mon petit plaisir, les vies qui ont pris fin trop tôt par ma faute -celles dont je suis au courant, et celles que je ne sais peut-être pas. Autant dire que ma conscience n'est pas tranquille, qu'elle me travaille, et qu'elle me demande, parfois, de daigner réfléchir avant d'agir, de faire des choses bien, et de bien les faire. J'ai une liste longue comme deux fois ma personne de trucs que j'aimerais me faire pardonner un jour sans avoir à mettre le pied dans une église. Des trucs qui m'alourdissent, que je traîne derrière moi, qui m'empêchent d'avancer. Je ne m'en suis jamais vraiment soucié avant, et tout était plus simple comme ça ; mais puisque j'ai décidé de tirer un trait sur la facilité et d'enfin m'assumer un peu, cette soupe de vilaines choses est remontée à la surface. Pas que je sois en train de penser au salut de mon âme, mais je crois qu'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête en permanence remet pas mal de trucs en perspective. Je commence à voir, vraiment, concrètement, que je n'ai pas été une bonne personne pendant tout ce temps. Et j'aimerais aller de l'avant en tant que quelqu'un de bien. C'est plus facile à dire qu'à faire quand, comme moi, vous n'êtes pas vraiment une lumière en matière de bonnes décisions. Les événements s'enchaînent et on pense faire de son mieux, mais faire de son mieux revient à faire les choses mal, car la vérité c'est qu'on a la flemme de faire les choses à fond. Alors on se cherche des excuses, on se voile la face. Mais tout du long, c'était moi. Mon propre démon, mon propre enfer ; c'était moi. Je me suis sentie puissante à ma sortie de désintox. Parce que cette fois c'était la bonne, parce que j'étais déterminée, et parce que je voyais que le monde m'ouvrait ses bras. Je n'étais pas meilleure que quiconque, néanmoins je l'ai pensé bien assez fort pour finir par le croire et le montrer. J'ai plané comme un albatros au-dessus de tous ceux que j'ai connu, et j'ai jugé ouvertement ceux qui se s'en sortaient pas -car si je pouvais le faire, tout le monde le pouvait. Et c'est là que j'ai perdu mes amis les plus vieux, et les plus chers. C'est là que j'ai tourné le dos à Cole après l'avoir refourgué à Nathan. C'est là que j'ai blessé Aisling qui venait me voir les bras continuellement troués et bleus. Certes ils n'étaient pas bons pour moi, mais je ne l'étais pas pour eux non plus. Et je crois bien, oui… je crois que cela m'a rendu peut-être pire qu'eux. J'étais comme ces nouveaux riches qui claquent leur argent à tire-larigot pour des brouilles dont ils se sont soudainement découvert le besoin vital comme un jet et un yacht. J'avais cette seconde chance que rien ni personne ne devait ruiner, cette dernière chance, et en moins de deux je suis devenue une véritable princesse ornée d’œillères roses. Mitchell a été ma piqûre de rappel. Et j'ai réalisé que j'étais seule. Je suis seule, et il est légion. Je tourne en rond dans ma piaule de ce motel dégoté par la police comme un chat dans un de ces boxes de voyage dans la salle d'attente du véto avant l'injection fatale. C'est derrière la porte, c'est dehors, c'est derrière mon épaule où que j'aille ; la menace de voir mon monde virer au noir total. Entre continuer de vivre et demeurer dans le suspense permanent, je ne sais pas vraiment quoi faire. Parfois je fixe le plafond une journée entière comme moi seule sait le faire, et je pense à la moindre fissure, la moindre tâche d'humidité, le moindre grincement provenant de l'étage, et les ombres des voitures qui vont et viennent sur le parking dehors. Entre deux petits boulots, j'ai le temps pour penser. Pour me sentir dans l'impasse.

J'ai envoyé ce message sans espoir de réponse. Je me suis dit que, depuis le temps, Cole avait de nouveaux amis, et mieux à faire que d'accorder son temps à une nana qui pète plus haut que son cul depuis qu'elle a décroché de la came. J'aurais sûrement insisté, j'aurais sûrement poussé un peu tous les jours jusqu'à ce qu'il accepte de me voir, mais le plus étonnant a été que je n'en ai pas eu besoin. Du premier coup, il a accepté. Et le jour même, je suis à une table à la terrasse de Chumley Warner's, un bon gros panier de fish and chips devant moi, et un soda d'une taille qui n'a rien de raisonnable. J'ai la bouche pleine de frites, les doigts gras, et ça m'a l'air d'être le goût de la vraie vie. J'imagine qu'à la cantine des morts, il doit y avoir des frites au menu tous les jours, matin, midi et soir, et si je dois passer de l'autre côté plus tôt que prévu je me dis que c'est un régime alimentaire avec lequel je pourrais volontiers vivre jusqu'à la fin des temps. J'ai Cole face à moi, et voir sa face me fait tellement plaisir que je souris comme une idiote entre chaque bouchée. « Ca faisait longtemps. » je dis avec un sourire, satisfaite, ravie. « Trop longtemps. » Fut un temps nous venions ici régulièrement pour éponger les fringales dues à l'alcool et la dope. Nous étions sûrement les seules personnes au monde à rêver de poisson frit à huit heures du matin. Depuis la terrasse, le lever de soleil était cool, et la vue n'était pas mal. Il n'y avait rien de mieux, à vrai dire, que de se croire un peu le roi du monde après avoir survécu à une nouvelle nuit, et d'aller livrer bataille à une nouvelle journée, des frites plein le gosier.   
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Message(#)collou + safest place EmptyDim 7 Jan 2018 - 22:13

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Surpris de ce message. Surpris de l'apparition surprise de Lou. Même si dans un certain sens, c'était sa façon à elle d'arriver quelque part et en particulier dans ma vie. Ça m'avait fait plaisir, que soit elle qui m'envoie un message, qu'elle réapparaisse comme ça. C'est qu'elle me manquait malgré tout. Malgré les mauvais souvenirs que ça pouvait engranger, toutes les poudres, aiguilles, black out et autres joyeusetés qu'on avait pu partager par le passé. Et puis je comprenais, pourquoi les ponts s'étaient un peu coupés d'eux-mêmes, elle avait arrêté alors que moi j'avais continué. Elle avait voulu se protéger des mauvaises fréquentations, parce qu'après tout c'était le plus important, une fois qu'on parvenait à arrêter. J'en avais fait de même, supprimant tous ceux qu'on finissait par considérer comme indésirables une fois qu'on avait la vision claire. Ou bien la vision embuée par les nouvelles résolutions, tout n'était qu'une question de point de vue. Ça me faisait bizarre de me dire que maintenant moi aussi j'étais comme Lou. Pour beaucoup j'étais devenue le nouveau sobre, l'ancien fêtard, celui qui avait un peu changé du jour au lendemain. Donc ça me faisait plaisir, de revoir Lou. De la voir pour la première fois depuis longtemps en étant tous les deux dans la même situation. De pouvoir parler de tout ça, de ce tourbillon de choses qui évoluaient sans cesse autour de moi sans que personne ne comprenne vraiment ce que ça fait. De pouvoir se sentir moins seul.

J'aurai pu la joindre de mon côté moi aussi remarque. J'aurai pu la joindre après la rencontre avec Nathan. Mais à ce moment là, j'avais encore les aiguilles dans le bras, et elle sortait de son enfer alors avais-je vraiment le droit de lui faire ça ? Pas vraiment. J'aurai pu la joindre aussi quand j'avais arrêté la came. Quand je me suis retrouvé tout seul à me gerber dessus à longueur de journée. Mais encore une fois, ça n'aurait pas été juste. J'avais pas été là pour elle dans ces moments là, et lui rappeler tous ces souvenirs en l'appelant à l'aide ou je ne sais quoi encore une fois ça ne m'avait pas vraiment paru judicieux. Alors je m'étais contenté d'attendre. Attendre le moment où elle serait prête à revenir vers moi. Espérer que ce moment arrive vite parce que malgré tout, j'en avais pas mal des choses à lui dire. J'avais pu la décevoir dans le passé, on avait pas toujours été des anges pour sûr, mais au moins on avait toujours été ensemble. Alors pour une fois, pour une fois que les choses semblaient finir par rentrer dans une sorte d'ordre, j'avais presque hâte qu'on se retrouve ensemble. Lou était presque la seule personne à qui j'avais envie de parler de ce qui avait pu changé au cours des derniers mois. La seule qui pouvait vraiment comprendre.

En plus elle avait choisi un super lieu, rempli de souvenirs. Des bons souvenirs cette fois. Des souvenirs où on était comme des loques, des loques mais presque heureux de profiter d'un moment de répit où la came sortait de notre esprit l'espace d'un instant. Les instants où on pouvait parler de tout et de rien, rigoler et se baffrer pendant ses heures sans se soucier du monde qui prenait place autour de nous. Ses paroles sont simples, posées, sans artifices et me fond chaud au cœur. Alors je lui répond, la bouche limite pleine, comme un gamin trop content d'aller manger un cornet de frites avec sa meilleure copine, « C'est clair ! Ça me fait plaisir. Vraiment. » Je lui souris, et je la regarde. Je me fais la réflexion qu'elle a l'air apaisée sur ce fond presque idyllique avec cette jolie. Je me dis que c'est dingue, cette scène. Que je ne me la serai sûrement jamais imaginée. « Et puis ça fait beaucoup trop longtemps que j'ai pas mangé des frites aussi bonnes la vache. » Peut-être parce qu'elles avaient le goût d'avant. Le goût du passé qui n'avait pas bougé alors que tout semblait en perpétuel changement ces derniers temps.

Je ne tiens pas vraiment en place, alors je finis par me lancer simplement, la voix posée, en essayant d'être apaisé, « Au fait, je suis sobre. » Juste comme ça, d'un coup, tout bêtement. Pas besoin de prendre des pincettes ni de me demander comment tourner ma façon de lui annoncer, c'est Lou. Avec Lou je pouvais faire les choses sans y réfléchir à deux fois. Dire les choses dans leur vérité sans avoir besoin d'en rajouter. « Sobre depuis un peu plus de 4 mois. » Faut croire que le temps passe vite, quatre mois que je vis sans la personne que j'étais avant. « Ça fait même bizarre de le dire en fait. » Le sourire rivé sur les frites, j'en reprends une poignée que j'enfourne dans ma bouche, avant d'ajouter, la mine rieuse, « Du coup maintenant on va pouvoir devenir vegan et bouffer des graines ensemble,
je suppose.
» Petite référence à tous ces gens qui passaient de la came à des rythmes de vie à base de plantes et infusions. Comme quoi, c'était possible de vraiment changer du tout au tout. Même si je n'avais pas vraiment besoin de me voiler la face, tout ça, cette histoire de sobriété n'en était qu'à son ébauche, qui sait ce qui pouvait bien m'attendre après.
  
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Message(#)collou + safest place EmptySam 20 Jan 2018 - 15:01

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Le sourire d’oreille à oreille de Cole me donne l’impression que la Terre n’a pas tant tourné depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, et je pourrais même croire qu’il ne m’en veut pas tant que ça d’avoir rompu le contact durant des mois. Il faut dire que nous avons toujours eu le chic pour se perdre de vue pendant longtemps, souvent entre deux désintox quand nos parents croyaient encore pouvoir forcer la guérison. J’ai compris, pour ma part, que je ne serai jamais allée mieux si je l’avais fait pour eux. J’avais besoin de le faire pour moi, pour ma survie, quand je me suis sentie prête -quand je n’avais plus le choix. Et à partir de là, le brun et moi faisions partie de deux mondes incompatibles, mais qui n’attendaient qu’un pont et un premier pas pour se rejoindre. D’un lieu emprunt de nostalgie, d’une odeur familière, du goût réconfortant de la friture fraîchement sortie de l’huile frétillante. « Ca fait trop longtemps que j’ai pas mangé des frites tout court. » j’avoue, le réalisant alors même que je l’articule. Je me suis interdite pas mal de choses ces derniers temps, je voulais me la jouer esprit sain dans un corps sain. Pas une bière, pas une chip, pas plus d’une pizza par semaine, croix barrée sur le fast-food industriel, sur l’huile de palme qui détruit la planète et la gelée de porc des bonbecs. J’ai atteint un certain extrême dans cette volonté de bien faire, et je suis sûrement allée trop loin. Alors c’est avec une joie non dissimulée que je m’empiffre de frites bien grasses. Le gérant, qu’on connaissait à force, vous dira bien volontiers qu’elles sont préparées à la belge, avec plusieurs trempages, pour plus de goût et plus de cholestérol. J’ai le bout de la langue qui ramène la paille de mon soda dans ma bouche quand Cole se décide à m’avouer qu’il est sobre. Pas de dope depuis quatre mois. Et alors qu’on attendrait peut-être de moi que je fasse une danse de la joie debout sur la table, que j’aille lui chercher des fleurs et une médaille en chocolat, je reste plutôt stoïque, un sourcil arqué. Sûrement parce que je ne réalise pas moi-même l’information, même annoncée tout haut. Peut-être parce que Cole fait partie, à mes yeux, de ceux qui avaient autant de chances de se reprendre en main de leur propre chef et sans assistance que Michael Jackson d’arrêter de faire sauter des gosses sur ses genoux de son vivant. J’ai la propagande de l’hôpital qui me revient en tête, les médecins qui rabâchaient que nous devions dire à nos amis qui veulent décrocher qu’ils doivent se faire aider par des professionnels car ceux qui s’y prennent seuls ont un taux de chute au-dessus de cinquante pour cent. Mais je n’ose pas le dire à mon ami, pas alors qu’il est si fier. Je n’ose pas lui dire que quatre mois, ce n’est rien, ce n’est pas assez pour crier victoire. Je veux l’encourager, simplement, la lâcheté me poussant à ne pas lui remettre les pieds sur terre, même pour son propre bien. « Je suis fière de toi. » dis-je finalement en posant une main sur la sienne. C’est ce dont il a besoin pour le moment, pas d’une rabat-joie. Et puis, c’est vrai, je suis fière. Fière et soulagée, parce que les chances de perdre un autre ami d’une aiguille dans le bras viennent de s’amoindrir et que nous serons à nouveau sur la même longueur d’ondes. Son monde rejoint le mien, et il n’y aura plus de raisons pour nous d’être séparés aussi longtemps. « J’espère que tu tiendras, sincèrement. Ca fait bientôt un an que j’ai décroché et j’y pense toujours. » j’ajoute avec cet aveu à la fois naturel et un peu honteux. J’ai rapidement compris que cet appel, ce murmure serait pour toujours en boucle dans un coin de ma tête comme un disque rayé. Comme les anciens alcooliques regardent en coin le verre de whisky des autres tout au long de leur vie, luttant jour après jour pour ne pas succomber au « juste une petite bière ». Il n’y a pas de bouton off pour ça, seulement une bonne dose de volonté. On commence à se dire que Oscar Wilde est le dernier des abrutis avec ses conseils à deux balles sur la manière de résister à la tentation. Mais quand, au détour d’une ruelle, tu sens la douce odeur d’herbes et d’épices fraîches qui te chatouillent le nez, le calumet de la paix qui tourne de main en main au sein d’un groupe de jeunes qui traînent là, la meilleure technique reste de détourner le regard et serrer les dents. « Parfois j’ai l’impression que le temps est devenu plus long, que tout est plus lent, et que j’ai encore plus de temps pour penser qu’avant. Et c’est comme quand tu t’ennuies devant la télé et du coup tu vas te prendre un snack. Quand t’as rien à faire, tu te dis que rien qu’un tout petit joint ferait passer le temps. » A l’heure de distractions, du câble, d’Internet, des bars tous les cent mètres, des vingt sorties de films hebdomadaires, du binge watching, de la profusion d’absolument tout, nous sommes tous devenus de grands angoissés dont la plus grande peur est d’être seuls avec nous-mêmes, d’avoir le temps de penser, de regarder notre vie en face, de faire le point de nos envies contrariées, nos rêves frustrés, et de réaliser que toutes nos aspirations n’auront peut-être jamais lieu, que le monde n’est pas idéal, en qu’en bons tas de poussière au milieu de l’univers, rien de tout ceci n’a vraiment d’importance, de but. « Du coup, si je peux te donner rien qu’un conseil ; garde l’esprit occupé. »
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Message(#)collou + safest place EmptyMar 27 Fév 2018 - 17:26

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Un moment de flottement, quand je lui parle de ma toute neuve sobriété. Comme si elle refusait un peu d'y croire. Plutôt inattendu en même temps. Et puis je sais bien ce qu'elle se dit. La possibilité, les chances de retomber sont la plupart du temps la première chose qui vient à l'esprit. Même pour moi. Pas un seul matin sans que je me dise que c'est peut-être aujourd'hui que je craque. Que je prend le retour à ma réalité. Et je suppose quand dans un certain sens, c'est devenu ça, ma réalité. Comme si un vieux démon pouvait uniquement chuchoter, jamais se taire complètement. Malgré le fait que je réalise tout ça, une partie de moi, une partie désespérément optimiste a envie d'y croire et de se dire que ça marchera. Après tout, avoir ce petit espoir représente quand même un bon endroit pour commencer un nouveau pan de ma vie. Je sens que Lou retient quelque chose, que ses paroles sont sincères mais toutes en retenue. Je sais que son expérience sur la sobriété est nettement plus importante que la mienne, j'ai conscience qu'elle en sait plus que moi sur le sujet, mais je pense qu'elle retient ce qu'elle veut vraiment dire. Ou tout du moins qu'elle le dit d'une manière plus jolie, peut-être pour ne pas me faire de mal, ou pour ne pas casser mon semblant d'élan. Je ne sais pas vraiment. Et puis dans le fond, je ne suis pas vraiment sûr de vouloir entendre la vérité. Sûrement parce que j'ai entendu trop de vérités d'un seul coup ces derniers temps, que ma vie était d'un seul coup devenue remplie de vérité et de réalité, qui ne pouvaient être évités. Alors peut-être que je n'insiste pas et me contente de prendre ce qu'elle me donne sans demander mon reste, parce que je ne me sens pas encore prêt à encaisser cette réalité là. Celle qui dit que ma vie ne tournera qu'autour de la came, que je n'en sortirai jamais vraiment, que le risque de replonger sera toujours plus grand que les chances de rester sobre. Peut-être que ne pas savoir, que refuser de voir, m'aide à espérer et tenir, de me dire qu'un jour peut-être la came sortira de ma tête, que ma vie peut être plus que simplement ça, malgré que le fait que les chances et les pourcentages soient très clairement contre moi. Donc je me contente de l'écouter religieusement, prenant chaque parole, chaque once d'expérience qu'elle me donne, chaque petit mot qui pourrait m'aider. Sa main qui se pose sur la mienne, sa voix qui se veut rassurante, sincère. Je ne peux qu'apprécier ce soutient, soutient qui fait du bien, de la part d'une vieille amie qui est l'une des rares à vraiment saisir ce que je vis, ce que tout ça fait à ma tête en ce moment. Et ses paroles, son conseil, tout résonne à l'intérieur, tout ce qu'elle dit paraît tellement familier que c'en est presque effrayant. Garder l'esprit occupé. Jolie expression d'ailleurs. Et que c'était dur. « C'est comme si tout me ramenait à ça, tu vois? J'essaye de faire des trucs, dessiner, regarder la télé, lire mais... C'est comme si j'avais toujours une aiguille dans le coin de l’œil. Comme si tout me ramenait à ça. » Inexorablement. Je souris presque tellement ce que je dis est con, tellement c'est évident. Mais c'est différent, de parler de ça comme ça, à quelqu'un qui pouvait vraiment comprendre. Pas seulement compatir ou imaginer. Mais vraiment comprendre. « C'est con, mais parfois je regarde un film et tu vois des gens à l'hôpital, entourés de seringues, et je me dis 'Tiens c'est un signe du destin qui me dit que je dois replonger maintenant'... Enfin c'est vraiment bête mais c'est comme ça je suppose. » Je souffle un coup, comme si dire tout ça me débarrassait d'un poids. Un poids qui finissait presque par devenir quelque chose de normal, maintenant que je savais qu'il était partagé. Que je n'étais pas le seul à me sentir comme ça. Qu'en fait, c'était normal. Bien sûr je savais que c'était normal, mais c'était différent quand on s'en rendait compte vraiment, avec des gens qu'on connaissait, qu'on avait connu à l'époque, avec qui on avait presque tout traversé. Et ça d'ailleurs pour ça que je m'autorise une dernière question. Juste une dernière petite chose sur la came. Parce que c'est Lou. Parce que c'est comme si c'était parler avec une extension de moi-même. « Qu'est ce que tu fais toi, quand t'en as vraiment envie? » Peut-être que ça pourrait m'aider, de penser à elle dans ce moment là, de faire comme elle, de partager une nouvelle chose.

Et puis je lui souris, et je me dis qu'on a assez parlé de tout ça. Que ce soit maintenant ou dans les années passées. On avait déjà perdu assez de notre relation là dedans. Notre amitié était né de cette addiction, mais elle n'avait pas à mourir avec elle. « Tu sais quoi, gardons l'esprit occupé. Raconte moi ta vie, je suis sûre que t'as des choses à me dire. » Comme si je pouvais lire dans ses yeux qu'il s'en était passé des choses depuis la dernière fois. Comme si je pouvais tout rattraper maintenant, étant en pleine possession de mes moyens. Je prend une frite que je savoure, me rendant compte à quel point Lou m'avait manqué pendant tout ce temps.
  
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Message(#)collou + safest place EmptyVen 9 Mar 2018 - 18:13


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Je n’ai pas toutes les clés. Je n’aurais jamais la prétention de détenir toutes les réponses. J’ai mon expérience, et pas forcément de bon sens. Une belle liste de leçons qui ne seront jamais apprises et d’erreurs que je commettrais sûrement à nouveau un jour forment un lourd bagage que je me traîne. J’ai plus de regrets que de jeans dans ce sac qui me suit de planque en planque. Peu de biens, peu de sagesse, mais la force de caractère qui me pousse à donner le meilleur comme le pire de moi-même, qui me fait tenir bon, droite dans mes bottes. J’ai les ongles plantés dans cette sobriété, cette nouvelle vie, cette autre version de moi que je ne veux plus jamais laisser s’échapper. Et je vois cette détermination dans le regard de Cole, plus fragile, plus mal habile, mais armé de toute la bonne foi du monde. Je veux croire que ça suffira, que mon ami tiendra bon cette fois. Même si la tentation est ambiante, la paranoïa s’installe ; j’aime son regard clair, neuf, sur sa vie, sur ses possibilités. Le choix qui s’offre à lui d’être celui qui peut être fier de réprimer les envies de facilité, de planer, de s’échapper, ou l’éternel lâche. Ma tête acquiesce doucement, fatalement ; le besoin passe, mais l’envie, jamais vraiment. Les références sont partout, les connotations s’effectuent elles-mêmes dans un coin de la tête. Il n’y a pas vraiment de remède pour cette partie de nous malade. On serre les dents, on détourne le regard. « C’est pas bête. » j’assure au brun, car rien ne l’est dans une situation pareille ; ce sont des émotions, propres à chacun, et il n’y a pas de règles, pas de manuel du bon junkie en rédemption ; seulement un immense éventail de manières de prendre sur soi. Cole demande justement ce que je fais, moi, dans ces cas-là. J’hausse les épaules, je crains de ne pas être d’une grande aide. J’ai une stratégie de fille, transpirante d’émotions intenses par tous les pores de la peau. “Au début, je savais pas quoi faire de moi. J'allais me rouler en boule dans mon lit et pleurer jusqu'à ce que ça m'épuise, ou je pétais un bon gros câble et je balançais tout ce que j'avais sous la main. C'était intense, mais je ne voulais rien retenir parce que c'est plus sain de… vraiment ressentir les choses. Ça aide à retrouver un certain sens des réalités.” C’est ça, être vraiment en colère. C’est ça, être vraiment triste. Les couleurs de la palette ne sont plus trop ternes, trop criardes, aux limites floues. La perspective change, et l’on réalise, on fait la différence entre ce qui relevait de l’illusion, du chimique, et le goût des choses telles qu’elles sont. “C'est comme si j'avais vécu avec un coussin sur la tête pendant vraiment longtemps, ça étouffait les sons, la lumière, les émotions… moi. Et maintenant, il faut tout réapprendre.” La came nous a éduqués à aimer la douleur, le poison, biaisant le jugement, s’imposant comme notre monde, une nouvelle nature. Se rééduquer, retrouver la vie sans faire partie de la marge, c’est une belle claque, une sacré déculottée, c’est le bâton sur les doigts, le martinet, l’oreille tirée et le coup de ceinture toutes à la fois. “Aujourd'hui, j’ai le yoga. Tu peux rire, vas-y.” Je sais que dit comme ça, ça fait sourire, les lèvres pincées, et je ne le prends pas mal. C’est ma manière de ne plus fuir qui je suis, mais de m’en rapprocher, de m’y connecter et l’accepter. L’esprit clair, vide, je me vois et me comprends mieux qu’à n’importe quel autre moment. “Mais ça fait du bien. Ça vide la tête, ça me fait sentir bien dans mon corps. Et je te jure que les courbatures, après, ça aussi ça te ramène sur terre.” j’ajoute avec un petit rire. Au final, la conclusion est simple ; il faut trouver quelque chose qui nous plaît, et nous perdre dedans autant que nous le ferions dans une bouffée de dope, sans jamais se tourner le dos à soi-même, se nier. Je ne suis pas fière de toutes ces années sombres derrière moi, mais je le suis d’être capable de regarder une pilule magique et lui dire not today. Du reste, ironiquement, cette sobriété est sûrement le seul et unique aspect positif de ma vie, c’est pourquoi, face à la volonté de Cole d’adopter un sujet qu’il croit plus léger en m’interrogeant sur ma vie, je me retrouve quasiment muette. “Pas vraiment, rien d’intéressant.” Pas de conquête notable, pas de saut à l’élastique, aucun grand voyage. Juste un mafieux collé aux baskets, des menaces de mort à tout bout de champ, et peu de chances de m’en tirer en un morceau. “Je vadrouille, j'ai pas vraiment de chez moi en ce moment.” je reprends, ni vrai, ni faux, juste ce qu’il a besoin de savoir. “Ça me permet de faire des rencontres.” Paul, à l'accueil, qui collectionne les capsules de bouteilles de bière. Barbara, résidente toutes en rides à trente cinq ans, locataire de longue date de la chambre à droite de la mienne et vision récurrente du futur qui serait le mien si je n’avais pas décidé de raccrocher. Parker et Madison, qui viennent tous les mercredis pour un petit cinq à sept que j'aime imaginer BDSM façon Fifty Shades. Junior, le chat. “J'essaye de me débrouiller seule, trouver du boulot.” Pas de diplôme, rarement une expérience professionnelle légale de plus d'un mois. Allez vendre ça à un employeur. “Ce qui me manque, c'est un projet à long terme, tu vois. Un objectif. Mais c'est pas évident en ce moment. C'est compliqué, quand on sait pas où on sera demain, tu sais.” C'est un poids qui me retient en arrière, qui me tire vers le fond du lac. Un éléphant assis sur ma poitrine qui m'empêche de respirer, un piqûre de moustique qui démange sur la plante du pied. C'est insupportable, c'est oppressant, ça rend parano, ce jeu du chat et de la souris qui dure, qui s'éternise, dangereux et excitant comme de le faire sans capote. Je soupire, un fin sourire aux lèvres. “Je gère.” je conclus afin que Cole n'aille pas se faire du mouron -même si c'est peut-être la raison même qui devrait le pousser à s'inquiéter. “Tu continues de voir le puppy que je t'ai présenté, Nathan ?” je demande à mon tour après une bouchée de poisson frit. Connaissant Cole, je me dis que non, sûrement pas. Nathan est bien comme un chiot, adorable et terriblement demandeur.
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Message(#)collou + safest place EmptyDim 1 Avr 2018 - 19:29

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C'est pas bête. Petit mot qui apaise, plus apaisant quand ça vient d'elle que des autres d'ailleurs. Parce qu'elle sait exactement ce que je ressens là, en ce moment, elle l'a ressenti elle aussi, elle le ressent sûrement toujours d'ailleurs. Tout ce que je faisais pour me faire oublier la came, les saloperies que j'avais pu faire par le passé, tout ça me paraissait bête parce que ça paraissait simplement vain. Parce qu'il y avait une partie de moi qui ne pouvait s'empêcher que tout ça n'était pas rattrapable. Et puis tout ce qu'il y avait à côté devenait alors tellement insignifiant, toutes les bonnes choses, les côtés positifs m'apparaissaient infiniment petits et évoquer mes impressions, mes préssentiments, cette paranoïa ambiante qui parvenait parfois à prendre possession de moi, ça semblait bête. Mais Lou parvenait souvent à faire ça, me faire me sentir mieux à propos de certains trucs que je pourrai penser, dire ou faire. Ses mots à elle ne semblaient jamais bête, jamais simplets, faciles ou creux. Pourtant parfois ils l'étaient bien sûr. Mais comme ils venaient d'elle, comme il y avait toujours ce truc qui me faisait me sentir proche d'elle, ses mots me faisaient toujours du bien, faisant partie des seuls mots que je réussissais à croire vraiment. Les seuls qui semblaient vrais. Parfois c'était comme si elle parvenait à rendre compréhensible tout ce que je pouvais ressentir. Ce qu'elle fait très bien d'ailleurs quand elle me parle de cette histoire de coussin. Parce que c'était exactement ça, un truc qui nous avait fait oublié ce qu'on était, un truc qui nous avait complètement changé, qui était devenue la seule définition de chacun de nos deux êtres. Émotions synthétisées, poudres et fumées qui pensaient très largement à notre place nous donnant l'impression d'aller mieux quand, en fin de compte, il n'en était rien. "J'ai encore rien cassé. Peut-être que ça pourrait me faire du bien." Je réfléchis un instant, le temps de réfléchir, d'être sûr que je n'avais vraiment rien cassé depuis le temps. Non, pas dans mon souvenir. "Moi ce que j'aime bien faire c'est crier. Enfin au début, j'avais juste envie de crier, et je me disais que j'allais pas me mettre crier quand même. Et puis je me suis rappelé que si j'avais envie de crier, alors fuck it; je pouvais le faire. Alors depuis quand je me sens mal je crie un coup et ça va un peu mieux." Il y avait quelque de libérateur, à s'arrêter un instant juste pour crier. Grâce à ça, c'était toute la frustration qui sortait, en y mettant vraiment toutes ses forces, on avait vraiment l'impression au bout du compte qu'on était vraiment soulagé, comme si ça avait vraiment changé quelque chose. Peut-être que crier était juste ma façon de faire sortir cette colère. Celle qui faisait que Lou avait juste envie de péter des trucs. Moi elle me donnait envie de crier. C'était le genre de colère fourbe, tout le temps là quelque part, parfois bien enfouie, parfois à fleur de peau prête à sortir à tout moment. Et qu'est qu'elle était fourbe cette colère, mystérieuse, la colère qu'on pouvait pas vraiment cerner. Parce que je savais vraiment contre qui elle était dirigée, contre mes parents, la came, le monde en général. Contre moi. Sûrement contre moi la plupart du temps. Je ris dans un souffle quand elle me parle de yoga, pas franchement parce que le yoga en soi me fait rire, mais plutôt parce que la situation dans laquelle on se retrouve tous les deux me fait rire. "Je me suis mis à faire des joggings détox, alors c'est pas moi qui vais me foutre de ta gueule tu sais." Je lui souris, en ajoutant un petit clin d'oeil, un clin d'oeil l'air de dire on est encore dans le même bâteau. Nous qui avions tellement l'habitude de nous foutre de ces gens, ceux qui bouffaient des grains, faisaient du yoga et des joggings pour éliminer joyeusement le brunch du dimanche passé. Mais il fallait bien se trouver quelque chose à faire, peu importe ce que c'était, on trouvait là où on pouvait. Et d'ailleurs, je ne pouvais que trop bien comprendre son choix du yoga, j'avais moi-même hésité.  Comme quoi, on avait vraiment pensé aux mêmes trucs. Et je ne peux encore une fois que trop bien m'identifier quand elle me parle des trucs qui se passent dans sa vie. Un projet à long terme, c'est vraiment que ça sonnait bien, que ça donnait envie, comme ça, sur le papier. Mais évidemment en pratique, tout ça devenait tout de suite bien plus compliqué. Mais je voulais y croire, je voulais y croire pour elle mais aussi pour moi. Besoin de me dire que tout n'était pas perdu, que malgré les données floues qui faisaient partie du futur de nos vies, je voulais croire qu'arrêter la came pouvait justement être la clé permettant de faire ces putains de projets sur le long terme. "C'est ce que tu fais aujourd'hui qui définit ce que tu feras demain. Tu dois essayer des trucs, tu peux pas te freiner juste parce qu'il y a des chances que tu replonges. Ta vie peut pas s'arrêter à cause de ça. Arrêter la came, c'est ta chance, enfin c'est même notre chance, d'enfin faire un truc bien de nos vies. Crois en demain, tente des trucs, essaye des nouvelles choses, y'a que comme ça que trouveras un projet sur le long terme." Et je le pensais sincèrement, je n'avais pas besoin d'en dire plus pour qu'elle sache que peu importe quel serait son projet à elle, je serais là pour la soutenir. Je savais qu'elle n'en doutait pas. Du moins je l'espérais. "Et puis tu sais que t'as toujours un chez toi, chez moi." Porte toujours ouverte, appartement beaucoup trop grand pour juste moi de toutes façons, là encore, je pensais ne pas avoir besoin de le préciser mais je le fais quand même, histoire de. Pas forcément le genre de chose qu'on faisait entre nous, se dire qu'on était là l'un pour l'autre, mais mon petit doigt me faisait dire qu'elle en avait peut-être besoin. Peut-être plus que ce que je pensais d'ailleurs. C'est quand elle me dit qu'elle gère que mes oreilles sifflent. Un truc qui sonne faux. Une intuition. Peut-être mauvaise, peut-être que c'était juste le manque de came qui me jouait des tours. Non, jamais eu de mal à voir les vraies choses dans ses yeux. "Tu gères? T'es sûre de toi? Parce que dans mes oreilles ça sonne pas bien, ça ressemble à toi qui essaye de passer vite sur ta vie pour que j'aille pas fouiner." Elle savait que j'étais une fouine, curiosité maladive oblige. Elle n'avait jamais eu l'habitude de passer sur les détails, j'aimais quand elle me racontait des histoires, ses aventures et les trucs abracadabrantesques qui pouvaient lui arriver parfois. Je sentais un truc bizarre cette fois, quelque chose de pas normal. "Safe place entre nous, remember?" Petit reminder, parce que les choses n'avaient pas changé, du moins, ça, cette relation entre nous, c'était toujours là. J'étais toujours là.
Elle change de sujet, me parle de Nathan sans vraiment de conviction, sûrement parce qu'elle pense que j'ai jeté l'éponge il y a bien longtemps. Ce que le moi d'avant aurait pensé aussi si il avait été à sa place. Mais rien que d'entendre son prénom et me voilà déjà avec un sourire jusqu'aux oreilles, qui, je crois, trahis que ce puppy comme elle l'appelle a réussi à faire sa place là où je ne l'attendais pas. "Figure toi que oui, je le vois toujours." Mon sourire ne redescend pas, je mange une frite pour me donner une contenance et aussi pour essayer de perde un peu cette attitude de lycéen un peu naïf qui me donnerait presque envie de gerber sur les bords. "Il est vraiment... Spécial. Dans tous les sens du terme. Et je sais pas, il me donne juste envie de... Faire les choses biens." Je me perds un instant dans mes pensées, pensées de Nathan, qui tournent souvent dans mon esprit, ne sachant jamais vraiment où me placer, ne parvenant pas à mettre le doigt sur ce qui pouvait bien se passer dans ma tête quand je pensais à ce garçon. "Peut-être parce que lui c'est le genre de personne qui a toujours fait les choses biens." Pas comme moi, je le pense très fort, mais ça ne sort pas. "Alors ouais, j'essaye de faire de mon mieux avec le puppy." Là encore petit sourire, qui me ramène à la première fois où je l'ai rencontré, grâce à Lou. Attention que je n'oublierai pas, un peu trop pudique pour le lui dire que je pense qu'elle l'a compris.
  
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Message(#)collou + safest place EmptyMer 25 Avr 2018 - 9:47

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À nous regarder, assis là, tranquilles, nous aurions presque l'air normaux. Qui passerait par là et s'arrêterait pour nous dévisager ? Qui croirait qu'il y a, derrière nous, toutes ces histoires à faire peur ? Face à face, deux anciens futurs cadavres qui sont, désormais, deux futurs membres productifs de la société. Cela n’a rien d'un idéal, ce n’est pas parfait ; en mettant les deux pieds dedans je me souviens surtout de toutes les raisons qui me poussaient à vouloir fuir, déformer la réalité. Et j'en vois tous les défauts, toutes les déviances avec la clarté du jour, le regard neuf, comme celui d'une enfant. Pourtant, j'ai l'impression d'avoir vécu mille vies. Je mérite toujours d'être cette personne que les mamans pointent du doigt en disant “tu vois, c'est pour ça que tu dois être bon à l'école”, et je ne peux même pas leur donner tort. Néanmoins, je pourrais répondre que “vous voyez, c'est pour ça qu'il ne faut pas avoir des gosses quand vous êtes vous-même un trouduc”. Je blâme mes parents pour bien des choses. Leur absence, la solitude, l'ennui, l'abandon qui m’a fait vriller juste sous leurs yeux. De là, je me blâme pour tout le reste. J'ai envie d'être fière de moi, de ce que j'accomplis, pour une fois. L'idée de me reprendre en main est satisfaisante, mais aider Cole, l'un de mes plus anciens et précieux amis, l'est plus encore. Même si le timing est mauvais, même si, après ce déjeuner, je ne sais pas quand nous nous reverrons, si nous nous revoyons… Alors je profite de chaque seconde en sa compagnie. Je lui sers un peu de science, les leçons d'une école de la vie à la dure. Allez savoir pourquoi, dans la grande léthargie provoquée par le sevrage, il y a ce besoin de violence. Un besoin de frapper, de crier, qui n’est pas tant dirigé vers quoi que ce soit. Un besoin comme boire, manger, dormir ; l’expression d'un soi endormi, étouffé, qui renoue enfin avec le monde extérieur. “Tes voisins doivent faire la gueule.” je commente, amusée, imaginant le brun beugler à pleins poumons dans son appart quand l'envie l'en prend, et faire les cents pas, la gorge déployée comme un lion. Image suivante, lui en jogging, peut-être même enveloppé dans un sac poubelle, suant à grosses gouttes, secouant par petits bonds ses os qui claquent. Ce qui n’est pas plus ridicule que moi avec le cul sur la tête et les jambes par dessus les épaules, essayant de respirer tant bien que mal, pliée comme un origami. “Regarde-nous. Deux futurs esprits sains dans deux corps sains. Je bois à ça.” Du soda, bien sûr. Je fais mine de trinquer et j'attrape ma paille du bout de la langue avec une élégance à couper le souffle. Ça déloge quelques petits bouts de frite et de poisson entre mes dents, pour mieux reprendre mon plat dont il me reste encore une bonne moitié. Comme à chaque fois qu'il est question de moi, je dois éluder le sujet. Passer rapidement, sans les détails, faire croire que tout va bien sans avoir la prétention d'être convaincante -faire comprendre que je ne veux pas vraiment en parler. Plus d'une fois je me surprends à vouloir interrompre Cole, lui dire que j'ai moins peur de replonger que d'être choppée, un jour, au détour d'une rue par un Mitchell qui a décidé d'en finir. Non, je ne sais pas où je serais demain ; toujours à tourner en rond dans une chambre d'hôtel, ou désarticulée sur le pavé. Je me tais, je préfère le laisser dire, écouter avec le petit sourire que sa bienveillance m'inspire. Comme une invitation à refaire partie de sa vie, après des mois sans réel contact, qui me fait chaud au cœur. Cependant je me passe de tout commentaire mielleux que mon regard ne saurait déjà traduire, et je reprends quelques frites. “Ce que je fais aujourd'hui c'est défoncer sa race à ce fish and chips, et je vais pas arrêter tant que j'ai pas fini, ça non, et je sais pas ce que ça veut dire de moi, mais ça veut dire quelque chose pour sûr.” Que j'ai faim, principalement. Je plaisante, juste pour alléger l'ambiance qui se plombes dès que le sujet tourne autour de moi. Je ne me voile pas la face, je n'essaye pas de me convaincre que la situation est meilleure qu'elle ne l’est vraiment, ni Cole que je gère bel et bien. J'ai parfaitement conscience que je pourrais lui parler librement, mais comment pourrait-il avoir conscience que je me tais dans l'intérêt de tout le monde ? Cette affaire, cette vengeance qui pèse au-dessus de ma tête, ne regarde que Heller et moi. Quand bien même j'en parlerais, cela ne changerait rien. Je suis bloquée, et tout ce que Cole peut faire, c'est être un ami, être là, et ne pas faire plus. À mon tour je l’interroge et mets sur le tapis Nathan. J’arque un sourcil, surprise, intéressée ; les deux se voient toujours, contre toute attente, eux qui n'ont strictement rien à voir l'un avec l'autre. Je ne sais pas pourquoi, je pourrais presque en rire. Spécial, Nathan ? La manière dont Cole en parle pousse à se demander si nous parlons de la même personne. Nathan et sa face de cocker abandonné n’a de spécial que sa capacité à casser les pieds - toute référence à un certain fauteuil roulant est purement fortuite. Quoi qu'il en soit, le brun m’a l'air sincère comme rarement en évoquant le jeune homme, et voir ce que ce nabot lui inspire est inédit. Je fixe Cole, longuement. Je scrute cette paire d'yeux autrefois vides et vitreux. Je cherche le rictus, j'attends le sourcillement, le moment où il explosera de rire avec un “t'y as cru ?” familier. Ce moment-là n'arrive pas. “Tu l'aimes bien !” je m’exclame alors, tout sourire. “Qui l’eut cru. Puppy et le chat de gouttière.” C'est bizarre, mal assorti, mais presque mignon. J'en viens à me demander si ce n’est pas lui, le déclencheur de cette soudaine reprise en main de mon junkie préféré. Quoi qu'il ne troquerait qu'une drogue contre une autre. J'ai entendu parler des dégâts de l'amour, fameux amour, qui fait planer bien haut, et redescendre bien bas. J'y crois bien sûr, cela a sa propre beauté dans un sens. Mais j'ai toujours été plus proche de la théorie que de la pratique. Dans un registre moins romantique, il y a moi et ce ; “Vous avez déjà… ?” murmuré, le doigt pointé vers l'attirail de Cole sous la ceinture. Oh, je ne peux pas m'empêcher d'avoir une pensée pour cette balançoire de bondage que je lui avais offert pour son anniversaire, il y a quelques années. Et je dois dire qu'il n’y a pas plus drôle et jouissif à cet instant que d'imaginer la bouille de Nathan tout muselé. “Oh c’mon ! Safe place, tout ça, balance !”

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Message(#)collou + safest place EmptyDim 29 Avr 2018 - 21:16

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Sa réplique me fait sourire, me fait même rire. Mes voisins, j'essaye d'avoir une image mentale d'eux, mais pas grand chose ne me vient. Du moins pas grand chose sauf depuis peu. Depuis peu j'ai remarqué que j'avais des voisins en effet. Qu'il y avait des gens qui eux aussi évoluait dans cet immeuble. Ça aussi c'était un des aspects de la came, un des trucs qu'elle m'avait fait. Elle m'avait permis pendant longtemps de gommer les autres, gommer ce qui se passait autour de moi, peut-être dans le fond une façon de se protéger. Se protéger parce qu'on savait tous très bien ce que les braves gens pouvaient penser des gens comme Lou et moi. Quand ils voyaient cette allure de fantôme, le regard vide, le teint blafard. Encore aujourd'hui, il était assez aisé de voir sur les visages les effets qu'avaient pu avoir la came sur nos corps respectifs. Comme une trace du passé, une petite voix qui chuchote n'oublie pas d'où tu viens. Parce que, qu'on le veuille ou non, c'était ce milieu qui nous avait forgé, en tout cas je considérais ce milieu comme un environnement m'ayant permis de grandir, sûrement un des seuls environnements qui ferait partie de moi pour toujours. Un environnement qui me permettait aujourd'hui d'ouvrir les yeux. Aujourd'hui je remarquais mes voisins. Je faisais plus que simplement les voir, je les regardais. Je regardais ce monsieur qui rentrait chez lui avec la mine fatiguée, qui soufflait avant de pousser la porte, comme si c'était un effort surhumain de passer la soirée chez lui. Je regardais cette vieille dame qui avait toujours le bonjour facile, les yeux rieurs et du mal à porter ses courses parfois. Il y avait quelque chose de doux dans tous ces détails, la sensation d'être un petit détail dans ce monde, pas essentiel non, mais le fait de se dire qu'on était tous des petits détails que les gens remarquaient dans leur vie. Je reviens à Lou, me rend compte que je me suis perdu pendant un instant, « Ce qui est sûr c'est que je pense qu'ils préfèrent m'entendre gueuler parce que je suis sobre plutôt que ramener des gars louches parce que je suis camé jusqu'à la moelle. » Je souris doucement en piquant une frite, me sentant à l'aise avec elle, à l'aise et léger pour aborder ce genre de sujet, même si mon côté volage ne faisait sûrement pas partie de mes top souvenirs ni de mes plus grandes fiertés. Mais le chemin déjà parcouru était quant à lui, une grande partie de ma fierté. Alors entendre Lou boire à nos futurs esprits sains et corps sains me fait sourire, mais me fait surtout envie. Presque hâte de voir ce que le futur nous réserve. « Cheers à ça alors. » Soda pour elle, verre d'eau pour moi. La maladie sober&healthy avait décidément pris possession de nous. Manquait plus que la petite photo du repas sur Instagram et là on serait bons. Et comme d'habitude quand il s'agit d'elle, Lou parvient à tourner la situation. Elle me parle de tout sauf d'elle. Pas que ce soit vraiment une surprise là tout de suite, on peut dire que je me doutais bien qu'elle aurait ce genre de réaction, qu'elle n'allait pas me déballer tout ce qu'elle pouvait bien avoir sur le cœur là tout de suite. Ça ne marchait pas comme ça, Lou ne marchait pas comme ça. Pas grave, j'étais bien décidé à attendre, décidé à être là tout du moins, pas trop loin pour qu'elle puisse parler si un jour elle en avait envie. Juste assez proche pour pouvoir être présent même sans savoir exactement de quoi il retourne. Je pose mon regard sur elle, lui sourit en piquant une nouvelle frite, « Ça veut sûrement dire quelque chose ouais. » J'ai bien ma petite idée mais je la garde pour moi d'ailleurs. « Ce qui est sûr c'est que je vais lui défoncer sa race avec toi. » Là aussi ça voulait sûrement dire quelque chose. Principalement que j'étais toujours là quand il s'agissait de manger ou de finir une assiette. Et puis quand on finit par parler de Nathan, là aussi je vois que son regard veut sûrement dire quelque chose. Comme si le fait que je sois encore en contact avec lui soit aussi inattendu que ça. Ça l'était sûrement d'ailleurs, inattendu. Une partie de moi considérait que c'était presque évident, parce que je m'étais à l'idée, que c'était devenu une habitude. Et puis une autre partie de moi se disait qu'elle non plus, elle ne se rendait toujours pas bien compte de ça. Je manque de m'étouffer avec un bout de poisson quand elle est à la limite de crier dans le restaurant que j'aime bien Nathan. Pas que je l'aime pas. Mais de là à dire que je l'aime bien, je sais pas, il y a presque un truc qui me bloque d'un coup, dans le fait d'entendre cette affirmation à voix haute. Peut-être parce qu'elle reste coincée dans ma gorge depuis trop longtemps, trottant dans ma tête sans que je me résigne à vraiment l'articuler. Je ne sais pas trop. « Tout de suite ! Je sais même pas si je l'aime bien, enfin je veux dire... Bref voilà tu m'as compris quoi. » Par contre son appellation puppy et chat de gouttière me fait sourire, contre tout attente elle colle vraiment plutôt bien à la situation en fin de compte. Deux mondes qui n'étaient pas vraiment faits pour se rencontrer encore moins pour s'apprécier. Et pourtant on pourrait trouver que ça a du sens tout ça, dans le fond. Et bien sûr voilà le moment de la question gênante, comme une tante un peu sénile et envahissante. Moi qui n'étais même pas sûr de mes sentiments vis à vis de Nathan, voilà qu'on passait déjà à la vitesse supérieure dans l'imagination de Lou. Cette fois ci c'est à mon tour d'être à la limite de l'exclamation. « Mais non ! » Ma voix manque presque de partir dans les aigus ce qui me fait perdre une bonne partie de ma crédibilité ou tout du moins de mon début de crédibilité. « Y'a encore rien d'ambigus ni rien, je vais pas lui sauter dessus direct je suis civilisé quand même. Enfin un peu. » Je souris. J'ai l'impression d'avoir comme besoin de me justifier sans vraiment savoir pourquoi. « Mais je te dis je sais même pas si je ressens quelque chose de spécial pour lui, ni même si il va se passer quelque chose entre nous, enfin je me suis pas vraiment posé la question à vrai dire... Parce que bon lui c'est puppy et moi chat de gouttière quoi... » Une petite voix me chuchote cette fois ci de me taire parce que je m'enfonce vraiment loin dans ma bêtise là.
  
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Message(#)collou + safest place EmptyJeu 17 Mai 2018 - 19:36

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Oh qu'il rougit comme une tomate trop mûre, les pommettes enflammées et la sueur perlant sur ses tempes. Ses doigts gras virent au moite, et je parie qu'il en mouille sa chemise, face à la honte que je lui colle devant toute la terrasse du petit resto de quartier. Moi, ma gorge déployée tandis que je souligne ce qui m'apparaît comme une évidence, à la limite de le montrer du doigt pour me payer un peu plus sa tête, dénoncer l'évidence, qu'il se voile la face à propos de Nathan. Je l'imagine se cacher sous la table et finir ses frites là, bien planqué, ne sortir que le soir venu, après la fermeture, pour s'assurer que personne ne le voit et le reconnaisse comme étant “le mec qui a un crush de la table trente-deux”. Je ne me moquais pas jusqu'à ce que j'assiste à la transformation de sa face en grosse pivoine ; depuis, je ris de bon cœur, et cela fait sacrément du bien. Cole ne peut rien réfuter sans perdre toute crédibilité dans la seconde, il est foutu. Et un “je sais pas” n’est pas une manière valable de réfuter, alors, confortée dans ma conviction qu'il y a anguille sous roche, je me penche sur la table, bat des cils vigoureusement. Je ne suis pas là plus futée qui soit, mais je connais mon ami. Je le connais sur le bout des doigts. Sa manière de bredouiller, de se tricoter une excuse, de se faufiler hors de la conversation ; pas cette fois, pas avec moi. “Non, je vois pas du tout, éclaire moi, je t'en prie.” je minaude avec un large sourire amusé, attendant de le voir se confondre en prétextes qui ne valent pas un clou. Et pour jeter un plus gros pavé dans la mare, juste par curiosité de savoir si le brun est capable de virer au cramoisi de la tête aux pieds, j'en rajoute, je me joue de lui, de la honte qu'il s'imagine, des yeux qu'il croit rivés sur lui. J'aborde le sujet tabou, sans gêne, sans me soucier que lui en ressente. Il couine si fort, la voix déraillant dans des aigus rarement atteints, que je pouffe à nouveau. “C’est ça, Sophie la girafe.” je souffle, moqueuse, en croquant dans une frite avec la satisfaction de l'avoir titillé jusqu'au bout. Entre les lignes, ce que je comprends, c'est qu'il ne serait pas contre un peu plus… d'ambiguïté, le Cole. Que ce n’est qu'une question de temps, en réalité, et d'une volonté old school de ne pas passer pour un mec facile. “D’un autre côté, c'est pas le genre à qui tu peux péter la rondelle, tu risquerais de le renvoyer direct dans son fauteuil.” j'ajoute en ricanant, la scène se jouant si nettement au bord de mes iris verts que je pourrais me voir assise au bord du lit de Cole, dans son appart, à manger ces mêmes frites comme un snack devant un film pendant que les deux jeunes hommes sont en action. Je payerais pour voir ça. J'ai oreille qui frissonne, le poil qui se dresse, tandis que mon regard se pose sur mon compère de galère, lourdement cette fois, les sourcils rapprochés. “Et quoi ? Il est trop bien pour toi, c'est ça ?” Forcément. Lorsque l'on est coupable d'escapades chimiques pendant dix ans, on en ne pense plus valoir grand chose, ni mériter de belles choses. On se dit qu'on ne change pas, qu’on met juste les costumes d'autres sur soi. On ne grandit pas, on pousse un peu, tout juste. Le temps d'un rêve, d'un songe, et de les toucher du doigt. On attend la rechute, on ne se fait pas confiance. On craint de heurter à nouveaux ceux que l'on aime, ceux à qui on tient, de les décevoir, et on se fait à l'idée qu'il est mieux pour tous de rester éloigné des rapports humains. L'amour, hors de portée, l'amitié, superficielle. Mais ce n’est pas en survolant la vie que l'on s'en sort. Sinon, autant opter pour la porte de sortie. Je prends une gorgée de soda, j'arrive bientôt à la fin du grand gobelet. Tout en machouillant la paille, je m'adresse à Cole ; “Eh, écoute l'experte en très mauvais choix. Nathan est chou. Il peut être chiant, mais il est sain. Ça te ferait pas de mal. Lâche pas l'affaire comme ça.” L'amour peut nous toucher une fois et durer toute une vie, et ne plus disparaître jusqu'à ce qu'on parte. Il peut être furtif, mais beau pour ce qu'il dure. Le tout est de le vivre, de se l'autoriser. C'est peut-être trop tôt pour Cole, mais plus tard, trop tôt pourrait se transformer en trop tard, et les regrets s'attacheront à sa cheville comme un boulet. Je ne dirais pas que j'ai de l'expérience en la matière, et en tant qu'experte en mauvais choix, peut-être que je suis en effet la dernière personne que le jeune homme doit écouter. Mais je me suis sentie attachée, liée à quelqu'un avec affection plus d'une fois, et c'étaient les bons moments, ceux après lesquels je cours parfois, en quête de la moindre étreinte réconfortante, de cette seconde où rien ne se ressemble, rien n’est plus pareil. Je ne serais pas peu fière d'être le déclencheur de quelque chose de similaire pour Cole. Avoir assisté à l'histoire éternelle qu'on ne croit jamais, de deux inconnus qu'un geste imprévu rapproche en secret.


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Message(#)collou + safest place EmptyDim 27 Mai 2018 - 19:17

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Quelle idée de se laisser avoir comme ça, comme un bleu, comme si je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait si je me laissais entraîner dans ce petit jeu. Bien sûr qu'elle ne me loupe pas, bien sûr qu'elle est toujours elle même, c'est qu'elle ne voudrait pas louper une occasion de se fendre la poire et encore plus si c'est à cause de quelque chose que j'ai pu dire ou faire. Ou ici plutôt à propos de ce que je ne fais pas, ce que je ne dis. Je souris, histoire de garder la face, même si je suis au courant que mon visage doit vraiment commencer à passer au rouge pire qu'un feu tricolore. Et je sais qu'elle prend encore sûrement plus de plaisir à la situation maintenant qu'elle se rend bien compte que si je pouvais m'enterrer n'importe où mais assez profondément pour que tous les autres bobos présents dans le resto arrêtent de nous fixer, je le ferai. Plutôt deux fois qu'une d'ailleurs. Se retrouver au centre de l'attention et au coeur du regard des inconnus n'est pas forcément ma tasse de thé et me rend toujours très mal à l'aise, sûrement une des raisons pour lesquelles Lou prend un malin plaisir à me mettre sur le devant de la scène. C'est comme ça que ça fonctionne, elle derrière pour donner le coup de pied au cul qui permettait d'avancer, moi devant mettant la plupart du temps toutes mes forces pour parvenir à stagner. Mais en majorité c'était elle qui gagnait. Moi qui cédais, qui finissais par avancer, et en général ça m'apportait du positif. N'oublions pas l'importe de la nuance "en général" quand même. Elle fait même mine de ne pas comprendre, ce qui me fait sourire, ses gestes, ses attitudes, tout ça m'avait manqué malgré tout. Je prends le même ton qu'elle, mimant presque sa position, comme si l'espace d'un instant je retrouvais un semblant de répartie, un semblant de dignité aussi. "Je préfère te laisser dans le noir, je suis pas sûr que tu mérites ma lumière." Ce retour de ma dignité ne tient qu'un court instant, elle n'a qu'à m'appeler Sophie la girafe pour que je secoue la tête, levant les yeux au ciel surtout parce que je n'ai pas grand chose à répondre. C'est comme si tout ce que je pouvais dire ou faire ne me ferais que m'enterrer un peu plus dans le trou que j'ai l'impression de creuser moi-même au fur et à mesure que j'essaye de rattraper la situation. Et là voilà qui continue, qui en remet encore une dernière petite couche, comme le coup de grâce, une cerise sur un gâteau, une goutte qui fait déborder le vase de ma gêne. Je sens bien évidemment mon visage retrouver son rouge, et bien sûr le fait de prier pour que ça n'arrive pas ne fait qu'aggraver ma situation. Mais je ne peux également m'empêcher de rire, dns un souffle, comme pour me soulager, parce que c'est que même quand elle me gêne, elle me fait aussi rire. "Oh putain Lou, tu sais que maintenant, peu importe ce qu'il peut se passer entre lui et moi, j'aurai forcément cette image en tête... Je te remercie pas!" Je la vois, presque hilare, et je m'empresse d'ajouter "J'espère que tu t'imagines pas la scène hein? Je suis sûr que t'imagines la scène, t'es vraiment pas possible!" Un rire vient ponctuer ma phrase, je ne pouvais pas attendre autre chose de Lou en même temps. Toutefois la situation semble redevenir sérieuse quand elle met le doigt sur ce qui me tracasse vraiment dans cette histoire. Bien sûr que oui je pensais qu'il était trop bien pour moi. Pas besoin d'y réfléchir à deux fois, il suffisait simplement d'avoir une paire de globes oculaires fonctionnelle pour s'en apercevoir. Peut-être une des raisons pour lesquelles m'imaginer avec Nathan dans une relation plus compliqué qu'une amitié m'était difficile. Parce qu'il était cette personne qui avait toujours tout fait correctement, tout fait pour mériter les bonnes choses et qui avaient tout de même du en baver contre son gré pour en arriver là où il était aujourd'hui. Comment était-ce possible pour moi d'arriver à ce niveau? J'avais fait tout le contraire, m'étant fourré dans les pires situations tout seul, ayant passé des années à blamer mes parents pour ce qui n'était en vérité que le résultat de ma propre stupidité. Parce que oui, personne ne m'avait mis la seringue dans le bras, personne n'avait fait glisser le joint entre mes lèvres, tout ça ce n'était que mon oeuvre. Et avoir arrêté ou pas la came ne me donne absolument pas la sensation de valoir plus que ce que je valais avant ou d'avoir changé le passé et réparé mes erreurs. "Je veux pas lui faire de mal, c'est tout. Il mérite des trucs biens et je suis pas sûr de pouvoir lui donner les trucs bien, je suis même pas sûr de pouvoir être considéré comme un truc bien qui pourrait lui arriver. C'est une bonne personne, il est pas comme les mecs avec qui j'ai pu avoir des trucs avant, il est pas comme moi d'ailleurs, ça me fait bizarre j'ai l'impression que c'est à 10 000 kilomètres de ma vie d'avant." Comme si je n'étais plus moi. C'est à ça que je pense, c'est ça qui me trotte dans la tête, l'impression de ne plus savoir si j'avais vraiment une identité à part entière, l'impression d'avoir perdu ce qui faisait de moi, moi. La sensation que tout ça n'était qu'un mensonge, que la came allait revenir, que je n'allais faire que blesser Nathan un peu plus encore. J'écoute Lou attentivement, lui souris quand elle dit qu'il est "sain", parce qu'elle sait pertinemment que quand on sortait d'une période qui était tous sauf saine, ce qu'on cherchait c'était quelqu'un de stable, de normal. Oui, ça elle le savait elle aussi mieux que personne. "C'est sûr que ça me ferait du bien à moi. Mais ce qui m'inquiète ce que je ne suis pas si sûr que ça soit bien pour lui. Je peux pas me permettre de jeter quelqu'un sous les rues du bus de ma vie de merde." Je réfléchis un instant, et lui dit, en essayant d'avoir un minimum de conviction dans ma voix, "Je vais pas lâcher l'affaire - si tenté qu'il y ait une affaire à lâcher - mais si je sens qu'il est pas heureux je me tirerai." C'était toujours la solution, celle qui m'apparaissait toujours comme l'unique et la meilleure solution dans à peu près toutes les situations en fait. Et puis c'est en regardant Lou, que je songe à quelque chose. "Et puis je te préviens, c'est toi qui me l'a présenté alors je te tiens personnellement responsable de la situation." Je lui souris doucement, croquant dans une frite avant d'ajouter, la bouche à moitié pleine, "Oh et sache aussi que je suis en train de faire une sélection de beaux jeunes hommes à te présenter, chacun son tour après tout!" Un sourcil arqué, à mon tour d'avoir un petit air inquisiteur, "A moins que tu ne sois pas - ou plutôt plus - intéressée?" Je pioche de nouveau une frite, appréciant quelque peu le fait d'être parvenu à éloigner notre précédent sujet de conversation.
  
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Message(#)collou + safest place EmptyVen 1 Juin 2018 - 9:21

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Elle est là, l'image. Dans ma caboche, et maintenant dans celle de Cole également. On ne sait pas trop à quoi ça ressemble, en réalité, c'est un peu vague, c'est flou, mais tordant. Le pourquoi du comment Nathan retournerait sec dans le fauteuil roulant qu'on lui connaît pour cause de popotin qui n’a pas passé le crash test paraît assez loufoque, et pourtant assez plausible pour qu'on puisse se le projeter en 3D numérique et dolby digital derrière nos paupières mi-closes par les éclats de rires. “Pas besoin de me remercier, c'est gratuit.” je pouffe en rejetant mes cheveux en arrière dans un mouvement de peste aguerrie. S'il doit se passer quelque chose, je doute que cette image persiste bien longtemps avant de se voir balayée par l'action. Néanmoins, embarrasser encore et toujours plus mon vieil ami étant si drôle et facile, je suis satisfaite de son air dégoûté surmonté de ses yeux exorbités par l'hilarité. “Et je vendrais ma mère pour y assister.” que je précise sans une once d'hésitation, parce que je vendrais ma chère maman pour moins que ça d'ailleurs, et si les camions qui débarrassent les encombrants sont dans l'humeur de faire une bonne action, je leur donne gratuitement. Je pense que son cadavre aurait plus de valeur pécuniaire, s'il faut imaginer la chose dans la globalité et avec pragmatisme ; je pourrais la vendre entière ou en morceaux de choix à des tarés nécrophiles pour un très bon prix, pensez-y. J’y songe un peu trop à dire vrai, et je m'égare dans tous ces plans machiavéliques pour me venger de cette femme tandis que Cole me confie ce qu'il ressent vis-à-vis de Nathan, au-delà de nos âneries. Le voyant “hero time” s'allume et j'éveille mes oreilles, mes neurones, et tout ce qui peut faire de moi une bonne pote pour quelqu'un qui a décidément besoin d'être secoué. Je connais bien cette sensation de n'être qu'une catastrophe ambulante, capable uniquement de blesser ce qui l'approche ; c'est un peu moi au quotidien, derrière l'allure je m’en foutiste. La distance que l'on impose au monde qui nous entoure, qui laisse dans un entre-deux complexe, à la frontière avec la vie d'avant et celle que l'on veut, que l'on est pas sûrs de mériter. Cependant, nous devrions avoir passé ce stade, l'illusion d'une rédemption qui nous donnera un peu plus le droit de se lancer dans la quête du bonheur avec le reste des moutons. On ne peut pas nier le passé, c'est ce que nous sommes ; mais on ne se défera jamais des chaînes si l'on part du postulat qu'il nous définit et choisit le chemin pour nous. J'ai envie d'interrompre Cole à quelques reprises et pourtant je garde ma bouche close, un léger rictus bienveillant au coin de la bouche. Je me retiens de lui rappeler que ce qu'il appelle “sa vie d'avant” remonte à quatre mois seulement et qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Je m'inquiète moins pour Nathan que pour Cole, et si je ne veux pas être celle qui le condamne, être aussi pessimiste avec lui que les gens le sont avec moi, il n'empêche que j'appréhende le faux espoir face à cette résolution, tout ce qui va changer dans sa vie, le mettre à l'épreuve et dont il n’a pas l'air de prendre la mesure. “Fair enough.” je réponds en haussant les épaules, des frites écrabouillées sur les molaires. Le brun tentera le coup, c'est une petite victoire personnelle ; le reste de ses décisions et la manière dont il auto-sabotera cette affaire ne me regarde pas. “Que vous baptisiez votre chat Lou en mon honneur me suffira comme remerciements.” j'ajoute, trop sérieuse pour blaguer, trop souriante pour m'en vexer s'ils optent pour un blase plus classique comme Peluche ou Moustaches. Mon plat est fini, mon soda aussi, et je n’ai clairement pas assez de sous pour ajouter un dessert à ce repas déjà bien copieux. Je repousse mon assiette un peu plus loin et joue avec les glaçons qui s'entrechoquent au fond du gobelet. Ça ressemble au bruit de la grêle, comme si je provoquais une tempête dans un microcosme. J'écoute Cole et sa promesse de m'offrir du bon temps avec de nouvelles conquêtes d'une oreille distraite. Je n'ai pas tant besoin de lui pour ça, et sa sélection sera sûrement calquée sur le même physique de concombre de mer qu'à chaque fois, mais cela aurait le mérite de me distraire. Garder mon esprit occupé. Sauf qu'il l'est par autre chose qu'un nouvel arrivage de beaux abdos à lécher. “Well, j’ai peut-être, moi aussi, un cas puppy.” je confie, le regard rivé sur ma paille qui triture les glaçons comme si cela était mille fois plus palpitant que tout ce que je m'apprête à étaler devant Cole, peut-être pour qu'il ne se sente pas seul, peut-être pour me sentir moins seule. “Il s'appelle Finnley, il est coursier à l'hôpital. Il est du genre grande asperge rousse toute recroquevillée à cause du poids du monde sur ses épaules et déjà fripée par les dix ans de trop dans sa tête.” Je souris en coin. Je le résume si bien. Le portrait dressé n’a rien de flatteur, je me demande parfois ce que je lui trouve, et puis je m'en souviens ; “Quand j'étais en désintox et qu'il traînait dans le coin, il venait me voir parfois. Et il me regardait pas comme un chaton égaré ou une catastrophe qui retarde l'échéance. On parlait comme si on se croisait dehors, comme… deux habitués de la même queue au supermarché.” Comme si on baladait nos chiens dans le même parc depuis des années, comme si on prenait le même bus à la même heure tous les jours, comme si notre environnement était bien plus banal qu'il ne l'était alors. Mais le mirage, à ce moment-là, était bienvenu. “On a gardé contact après. Et puis… j'ai juste arrêté.” j'ajoute sans relever le regard, le ton monotone à l'instar des gens à la télévision qui comptent les morts du jour dans le monde. Une fatalité, un fait auquel on ne peut rien ; un constat résigné, un peu désolé, désarmé. “Il me plaît beaucoup, mais je sais pas y faire dans ces cas-là. Et de toute manière c'est mieux comme ça. Je suis pas dans un moment de ma vie où je peux me lancer dans quoi que ce soit.” Ma “vie d'avant” qui me colle aux baskets, qui grignote du terrain, me rattrape doucement et le souffle dans la nuque. Je peux blesser Finn plus que Cole ne peut l'imaginer, plus qu'il ne croit que cela signifie. Et lui aussi.


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Message(#)collou + safest place EmptyMer 18 Juil 2018 - 19:11

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Ses gestes, ses mimiques, ses attitudes, tout m'avait manqué, pendant un bout de temps et en les retrouvant maintenant, c'est comme si, au final, ça n'avait pas tant changé que ça. Même les choses que j'étais persuadé de détester m'avait manqué, donc oui, même ce petit mouvement de cheveux façon peste de première classe m'avait manqué. Parce que personne ne le faisait aussi bien que Lou, tout simplement. Et puis elle fait cette petite réflexion sur sa mère, ce qui me fait sourire, petit rictus amusé, parce que c'était une des seules personnes prête à accepter que tout le monde n'était pas forcément un family lover dans l'âme. "Audacieux de parler de la vente de maman en public, ça fait 1 point pour GryffonLou ça." Je me penche un peu en avant vers elle, comme on voit dans les réunions de petits malfrats mal organisés dans les séries de seconde zone. "Faudra voir si on peut faire une vente groupée avec mon paternel, une pierre deux coups comme on dit." Je lui fais un clin d'oeil, un peu plus et je me sentirai comme le parrain dans un univers parallèle. Bien qu'ici ça ne soit que l'humour, noir certes mais humour quand même, je sens bien qu'elle autant que moi pense un peu trop à l'éventuel débarras de nos très chères figures parentales. Pas qu'on s'en voulait, mais c'était juste pas franchement le genre de truc qu'on pouvait se permettre de dire ou de penser en société. Fût un temps béni où on était tous les deux trop high pour s'inquiéter de ce genre d'enjeu sociétal, mais il semble que ce temps était assez révolu. Quoique, ça faisait un peu partie de la personnalité de Lou, de s'en foutre de ce qui se faisait ou ce qui ne se faisait pas. Généralement pas, si elle avait quelque chose à dire, elle allait le dire peu importe la situation. Enfin c'est ce que je pensais, mais je sens que ce que je lui dis à propos de Nathan la fait réfléchir. Son visage est assez fermé, concentré, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle allait me dire. Comme quand quelqu'un réfléchit à comment vous dire discrètement que vous vous baladez avec la braguette ouverte depuis une heure. Pas vraiment le genre de nouvelle qui fait plaisir, mais le genre de nouvelle qu'on a quand même envie de savoir. Et bah là, c'était ça. L'impression qu'elle voyait quelque chose que je n'arrivais pas à voir, comme si je m'engageais sur une poutre au dessus du vide les yeux fermés et que j'étais le seul à ne pas m'en douter. C'était sûrement le cas d'ailleurs. C'était un peu ma spécialité, pas me rendre compte de ma connerie. Alors j'avais peut-être débité un certain nombre d'âneries sans m'en rendre compte. Ou bien, si ça se trouve elle pense à un truc qui n'a rien à voir avec ce que je suis en train de raconter. J'essaye de savoir, j'aimerai savoir, mais je ne demande pas. Je ne demande pas ce qui est en train de lui passer par la tête parce qu'une petite voix à l'intérieur me crie que je n'ai pas envie de le savoir. Que si elle ne me le dit pas, c'est qu'elle a sa raison. Toujours l'impression qu'elle avait une longueur d'avance sur moi, sachant ce qui pouvait être dit ou non, la façon dont j'allais agir par la suite. Comme si elle parvenait, sans que je comprenne comment, à anticiper ce dont j'ignorais l'existence. Un peu perturbé le garçon donc, mais j'essaye de ne rien laisser paraître — ce qui doit sûrement être un échec — et je me contente de son fair enough qui a le mérite de ne pas perturber le plan que je m'applique à dessiner dans ma tête en ce qui concerne Nathan. Sa mention du chat me fait sourire, détendant un peu l'atmosphère, qui s'était quand même considérablement alourdie car un peu trop sérieuse. Mais il fallait des moments comme ça aussi après tout. "Oula, un chat c'est déjà trop d'engagement pour moi, on va commencer par un cactus, un truc qui s'auto suffit quoi ça sera déjà pas mal!" Et puis après, je peux enfin me décharger du cas Nathan car c'est elle de me faire de son cas Puppy. Un sourire en coin fait son apparition sur mon visage dès qu'elle admet avoir elle aussi un cas puppy. "Peut-être, ça explique pourquoi tu es si bonne conseillère pour mon cas puppy, ma foi." Après tout, c'est vrai que ça permettait d'expliquer certaines choses. Je l'écoute avec attention, tout comme elle l'a fait avec moi, je lui devais bien ça et puis on était jamais vraiment à court de potins dans tous les cas. Je suis clairement obligé de me retenir de rire avec la description qu'elle fait du jeune homme. Du coup, il n'y qu'un vieux pouffement qui sort de ma personne, tandis que je lui dis, le rire toujours au bord des lèvres, "Je suis déjà sous le charme j'ai hâte d'en savoir plus." Et puis je ne peux m'empêcher d'ajouter un petit quelque chose, juste pour profiter du fait que la situation est inversée. "Et puis, je pense pas avoir besoin de m'étendre sur le symbole de l'asperge pour que tu récoltes une image de plus grâce à très grande imagination." Et puis je la laisse parler, je redeviens sérieux, parce que l'histoire est sérieuse. Parce qu'on rigole pas avec ceux qui ont aidé pendant la désintox. Je la laisse finir, je la laisse ajouter toutes les petites choses qu'elle veut ajouter. Pour pouvoir parler en ayant la majorité de l'histoire en tête. Ou du moins ce qu'elle me laisse entrevoir. Et je laisse le silence s'installer un instant, pour laisser le temps à ses paroles de s'imprimer dans ma tête, histoire de pas dire une connerie. "Personne sait y faire en vrai. Ceux qui prétendent savoir sont des sales mythos. Et si il te plaît beaucoup, c'est peut-être justement une raison de lui laisser une place dans ce moment de ta vie?" Ça c'était ma partie optimiste du moment qui parlait, presque toujours dans une euphorie un peu floue sûrement dû au petit cap passé sans came. Une des premières montées avant la grosse descente. Mon côté optimiste se met un peu de côté pour essayer de donner un avis objectif à Lou, parce que je ne sais pas tout de sa vie. Peut-être que ce moment de sa vie n'était vraiment pas le bon après tout? "Et si tu peux vraiment pas maintenant, en admettant qu'il soit toujours là dans quelques temps, ça t'intéresserait d'essayer avec lui plus tard? Ou bien tu préfères pas essayer du tout? Genre jamais? " Une véritable question, pas de présupposé ni rien, je voulais vraiment savoir dans quel état d'esprit elle pouvait bien être vis à vis de ce Finnley. "Parce qu'après tout ça se présente pas tous les jours un cas puppy." Surtout auprès des gens comme nous. "Mais ça serait compréhensible que t'en veuilles pas." Parce que c'était pas simple à gérer. Surtout quand les relations humaines n'étaient pas votre domaine phare.
  
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Message(#)collou + safest place EmptyMar 7 Aoû 2018 - 13:30

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Je ne me suis jamais vue en Marraine la bonne fée, je me suis même rarement imaginée être capable d’apporter quoi que ce soit de positif dans la vie de qui que ce soit. J’apporte de la musique, de temps en temps, pour ce que ça vaut, et parfois les gens aiment, les gens dansent, dodelinent de la tête avec leur bière dans la main -c’est sûrement ma meilleure contribution à la société et au reste de l’humanité pour mon temps sur Terre jusqu’à présent. Du reste, instinct de survie, principes de contrariété et égoïsme sont parvenus à prouver que sur le Titanic je serais passée avant les mamans et les enfants pour sauver ma peau. Il paraît que les musiciens ont continué de jouer jusqu’à la fin dans une tentative désespérée de calmer la masse de naufragés. Mais même pour l’amour de la musique, je n’aurais pas été une héroïne. Je ne me considère pas non plus comme une belle âme de quelque sorte, et mes tentatives d’être simplement une bonne personne n’ont franchement rien donné. Alors, l’idée, c’est de faire au mieux, au jour le jour, selon mes capacités, avec tous mes défauts roulés en boule de plomb accrochés à mon pied. J’ai quand même réussi à injecter Nathan dans la vie de Cole. Je le charrie, je l’embarrasse, néanmoins le fait est que j’en suis fière, pour lui et pour moi-même. Si cela doit être mon unique bonne action, je saurais m’en contenter. « Je me vois bien en cactus, au pire. » Et de ça aussi, faute d’avoir un chat à mon nom pour la peine. La vérité, c’est que je ne parviens jamais à déterminer si mes décisions sont les bonnes -elles n’ont l’air de l’être que pour moi. Je pensais épargner à Finnley une situation délicate avec une fille qui n’a pas la lumière à tous les étages en m’effaçant du tableau. Je me suis persuadée que c’était la chose à faire, que je n’ai pas foule d’autres choix de toute manière. Laisser sa bonté mettre un pied dans l’engrenage dont je suis prisonnière reviendrait à en faire un dommage collatéral supplémentaire. Un autre que je ne pourrais me pardonner. Penser à lui me rend souvent triste. Il avait le don de me faire sourire par sa simple présence, car il y avait quelque chose de doux et communicateur en lui qui prenait possession de mes zygomatiques malgré moi. Un rictus nostalgique anime malgré tout le cin de ma bouche tandis que je songe au fiasco du Rocky Horror Picture Show qui s’était transformé en soirée absolument parfaite. Si je ferme les yeux, je peux revenir en arrière et sentir à nouveau le parfum de sa veste sur mes épaules, mêlé à l’air rafraîchi par la pluie dans une rue soudainement coupée du monde. Je ne relève pas la tentative d’humour grivois de Cole -pour un instant, il avait disparu lui aussi. Ce n’était pas ça avec Finn, et cela rendait le tout encore plus étrange, inconnu. Mon besoin d’affection s’est toujours traduit par des cuisses ouvertes ; cette fois, ce sont d’étreintes dont je rêve pour me sentir un peu moins vide. J’en aurais particulièrement besoin en ce moment, mais je maintiens la distance. « C’est compliqué. » je souffle, bien que cela ne soit pas un argument suffisant pour expliquer quoi que ce soit à propos de la situation. Les choses sont compliquées pour tout le monde, tous les rapports humains sont complexes, sans quoi le monde ne connaîtrait pas le mot meurtre. Et je peux avoir l’air mélodramatique, à croire que mon environnement est plus complexe que celui de mon voisin -néanmoins j’en suis plutôt convaincue. « Si je ne lui fais pas une place maintenant, alors ça ne sera probablement jamais. Ca ne dépend pas complètement de moi. » Cela sonne comme quelqu’un qui tente de se dédouaner, et peut-être est-ce un peu le cas. Ma vie ne m’appartient plus complètement quoi qu’on en dise. Mon problème, c’est d’avoir de plus en plus de choses à perdre au fur et à mesure que mon sursis traîne en longueur. « Et pour ce qui dépend bien de moi… Il suffit de voir ce qui est arrivé à tous les précédents puppies dans son genre. » Andrew : décédé dans un accident de voiture. Dylan : décédée également, d’un coma éthylique. Archer : muté ailleurs. Trois de mes plus belles œuvres de désastre ambulant. Leurs trop courts passages dans ma vie me dévorent encore aujourd’hui, et pourtant aucun d’entre eux n’avaient compté autant à mes yeux que mon rouquin. « Je n’ai pas envie d’ajouter son nom à la liste. » Alors je le garde à bonne distance de cette espèce de mauvais œil que je me traîne. « Il est trop bien pour moi de toute manière. » j’ajoute en haussant les épaules, l’air résignée. Il est trop bien pour qui que ce soit, d’après moi, mais mon nom est tout en haut de la liste. Ce que je mérite, pour ma part, c’est bel et bien de terminer seule. Car voilà la seule réponse possible, la seule justice, pour les corps morts qui traînent dans mon sillage.


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Message(#)collou + safest place EmptyVen 31 Aoû 2018 - 22:43

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Je la sens sérieuse, quand elle parle de mec. De celui qu'elle se plaît de qualifier d'une telle manière qu'on pourrait presque penser qu'il représente pour elle un tue l'amour ou que sais-je. Mais ce serait se contenter des mots. Et même si Lou était directe une grande majorité du temps, il fallait tout de même savoir lire entre les lignes pour déchiffrer son message quand il s'agissait des ses sentiments à elle. J'avais longtemps pensé qu'elle n'était juste pas forcément portée sur ce type d'affection, sûrement trop dans le flou de la came pour se rendre compte de ce qui était caché en dessous de la façade, en dessous des paroles. Pas encore assez habile avec les attitudes des autres êtres humains, et de Lou en particulier, pour déchiffrer qu'elle avait simplement une sorte de carapace, coquille opaque ne laissant transparaître d'un halo de lumière diffus qu'on pourrait presque ne pas remarquer. On pourrait presque ne pas remarquer au premier abord qu'elle est déjà attaché à Finnley. D'une façon singulière d'ailleurs. Ça serait presque possible de passer à côté, de pas le saisir ni le comprendre, ce que j'aurai sûrement fait il y a quelques temps de ça. Mais là c'est différent. Différent parce que vraiment un état de l'écouter. Peut-être aussi en étant de comprendre ce qu'on semblait désormais avoir en commun, un cas puppy un peu trop encombrant dans nos coeurs respectifs. Et ce qui est le pire, c'est que j'ai aucune idée de ce que je peux bien lui dire. Jamais vraiment était doué pour conseiller, encore moins dans ce domaine là, la sensation d'être un peu en décalé, à côté de la plaque, évoluant toujours dans un monde parallèle où l'amour se résumait à des crush passagers et beaucoup trop de nuits sans souvenir le lendemain. C'est comme si j'arrivais dans le love game seulement maintenant, déjà en galère quant à comment gérer mon cas puppy, la sensation d'illégitimité qui faisait son apparition en moi à l'idée de conseiller Lou me donnerait presque envie de me taire. De laisser ça comme ça, d'lui dire que c'est elle qui a raison et qu'elle fait bien. Puis j'me rappelle que je peux pas faire ça. Assez de simplement se taire pour fuir une situation qui demandait un peu trop d'effort social. Ça serait sûrement pas le conseil du siècle ni un remède miracle, mais en tout cas ça aurait au moins le mérite d'être un avis sincère. "Mais est ce qu'il n'est vraiment qu'un nom de plus sur la liste? Fin j'veux dire, j'sais pas Lou mais, j'ai pas le souvenir que tu m'aies déjà parlé d'un mec comme ça." Je souris un instant, pensée un peu ironique qui me vient à l'esprit, obligé de l'articuler à haute voix parce que ça me ferait presque trop rire pour le garder pour moi, "Enfin, pas que j'ai toute ma tête ou mes souvenirs mais tu m'as compris." Je me rends compte que je n'ai pas vraiment make my point à ce moment précis, alors je continue, lentement mais sûrement, essayant tant bien que mal de traduire ma pensée correctement. "C'que t'as pour lui, ça a l'air différent en tout cas. P'tet même assez différent que pour que ça vaille le coup. Et puis, en t'enfuyant maintenant, son nom sera déjà inscrit sur la liste dans anyways, s'il est lui aussi attaché à toi." Impossible dans cette situation de sortir de sa vie sans l'ajouter à la liste inexorablement. Comme si le simple fait d'avoir approché Lou du bout de doigt avait déjà contribué à le mettre sur la liste. Parce que c'était comme ça. Elle était de ces personnes dont on avait du mal à se passer, une fois que vous aviez eu la chance d'avoir une petite place dans sa vie. Je repense à ce par quoi elle a conclut, ce qui est presque trop cliché pour elle, presque étonnant de l'entendre articuler ce genre de chose. "On se croirait dans une mauvaise rom-com quand tu dis qu'il est trop bien pour toi. Nan mais sérieux, tous les gens disent ça et peu importe c'que tu peux bien penser, si tu veux mon avis, les gens sont p'tet parfois trop bien pour toi c'est vrai. Mais ils tiennent à toi. Que tu le veuilles ou non tu fais partie de leur vie c'est ça que j'veux dire." Les yeux qui se perdent dans le vide un instant, perdant l'espace d'une seconde le fil de ma pensée. Le genre de chose qui arrivait souvent ces temps-ci. "Mais tu peux pas juste leur dire qu'ils sont trop bien et les renvoyer sans leur donner une chance. En tout cas c'est ce que je pense." Je me tais, prenant une gorgée d'eau pour rafraîchir ma gorge tandis que je me sentirais presque assoiffé après avoir lâché tout ça. Comme si ça avait un peu pompé l'eau hors de mon corps. En fait depuis que la came n'était plus là, tout était plus fatiguant. Tout demandait un effort considérable, succession d'épreuves qui apparaissent toues comme plus insurmontables. Et puis l'absence de came, ça me faisait parler. Ça me donnait un brin de philosophie. Ça me donnait presque envie de me mettre des droites. Mon regard qui se reporte sur Lou, appréciant le silence qui règne à ce moment précis, comme si c'était que nous, assis là, profitant de la tranquillité qu'on pouvait éprouver à sentir le monde continuer de tourner sans qu'on ait besoin de faire quoi que ce soit. Le sentiment que l'espace d'un court instant, nos actions importent peu. Juste un peu de perspective. "En tout cas, ça m'fait plaisir que tu me parles de ça. Qu'on se parle vraiment en fait." Une question qui m'vient, une requête presque, parce que j'ai l'impression que juste maintenant, même si rien n'a vraiment changé depuis que je suis arrivé, c'est comme si je me sentais un peu mieux. "Dis moi, ça serait possible qu'on se fasse des trucs comme ça de temps en temps? Parce que je trouve ça cool." Plus vraiment l'envie de s'éloigner comme ça avait été le cas par le passé. La sensation que ça pourrait peut-être m'aider à rester sobre. D'avoir Lou pour me ramener les pieds sur terre et me parler avec ce verbe dont elle est la seule à avoir le secret.    
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