| Desperate Housewives - Tad&Seung-Jin |
| | (#)Lun 8 Jan 2018 - 1:22 | |
| Une invitation à un anniversaire. C'est assez anodin. Après tout, j'ai des amis et comme toutes personnes, ils vieillissent. C'est aussi synonyme de bonne soirée et de gateau. Toujours un bon mix. Mais là c'est une invitation pour l'anniversaire d'un voisin de mes parents. Le truc chiant par excellence. Je n'ai aucune envie d'y aller mais je sais que ça causerait des problèmes si je pointe pas ma face. Je me prépare à devoir mentir, avec un sourire scotché sur le visage. J'ai vraiment pas envie d'y être.
Je nourris Eggsy avant de partir, lui laissant le ventilo allumé sur la terrasse s'il commence à faire trop chaud. Elle me pince légèrement le doigt, comme pour me dire de me montrer fort. Enfin, elle a surement juste visé à côté pour prendre la graine dans ma main. Je passe devant le miroir. J'ai l'air sage, avec ma chemise à rayure à col au haut pour masquer mon tatouage et mon pantalon beige. J'ai même retiré mes boucles d'oreilles, pour être le plus neutre possible. Aucune envie de me taper les remarques de ma mère, qui a fait une syncope la dernière fois qu'elle m'a vu dans une de mes tenues habituelles. Elle comprendra jamais rien à la mode, de toute façon. C'est une madame à robe cintré ou jupe cintré ou costume cintré. Bonjour, l'originalité.
C'est donc très à reculons que je m'y rends. La banlieue, ça me manque pas. En ville, on est à l'abris des rumeurs, parce que tu sais même pas qui est ton voisin. Là-bas, ton linge sale est lavé en public et on fait des commentaires sur tes caleçons à fleurs. Je soupire, la musique dans la voiture n'arrivant pas à m'enlever le poids de mon futur ennuie. Le trajet, je le connais par coeur et je vois rapidement la maison de mon enfance. Un détour à droite et j'arrive devant la maison du voisin. Le jardin est mignonne décoré, avec des ballons et des banderoles. Le truc classique d'anniversaire de quartier. Le cadeau bien emballé, je me dirige, avec mon sourire le plus faux cul.
Je tape la bise à tout le monde. Je rigole en parlant des études, comme si je les faisaient toujours. Ma mère sourit, contente du jolie personnage que je joue actuellement. Puis très stratégiquement, je me place au buffet, après avoir déposer mon cadeau sur la table à cette effet. J'avais acheté un truc pour vieux qui se veulent en santé: de la tisane au millepertuis et autres tisanes pour faire semblant d'aller bien. Moi, je vais me contenter de prendre un verre de vin. Il est bon, au moins.
Du coin de l'oeil, je vois une tête frisée. Le fils des autres voisins, Tad si je me souviens bien. Mes parents me bassinaient tout le temps pour que je devienne pas comme lui. Il doit vraiment être pas terrible et je dois surement être pire. Je laisse se faire achaler par la population, sachant qu'il viendra forcément par ici pour les fuir. S'il est vraiment le mouton noir, on se tient à l'écart. Même si on est le mouton blanc, y'a des limites pour tolérer le blabla inutile du quartier. Quand je le vois arriver, je viens directement lui serrer la main, tout poli pour une fois.
" Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu, mais je sais déjà tout sur ta vie. On n'a pas de secret dans le quartier, enfin ta mère parle toujours à la mienne, donc t'embête pas avec les politesses. "
Un sourire un peu con s'affiche sur le coin de mes lèvres, avant de siroter mon verre de vin rouge. Si je dois me faire chier, autant emmerder quelqu'un d'autre pour passer le temps.
"J'imagine que tu as du les mettre bien mal à l'aise quand ils t'ont posé la question classique de comment va le travail, non ? Ils sont toujours pareil les vieux, ici."
Mon regard dévie sur la petite foule formé par les gens du quartier, qui bavassent encore et encore, à s'échanger leurs informations sans saveur et sans intérêt. Je lève encore mon verre. Boire, ça aide toujours. |
| | | | (#)Lun 15 Jan 2018 - 0:12 | |
| Il s’était violemment replongé au cœur de son adolescence quand il avait pesté contre sa mère pour avoir dire aux voisins qu’ils seraient là pour l’anniversaire de l’un d’entre eux. L’objectif en quittant la maison familiale, c’était de ne plus être obligé de faire des simagrées auprès des voisins en faisant croire qu’il était un bon garçon. Mais maman Cooper n’ayant qu’un seul fils, il est du devoir de ce dernier d’être un exemple, une fierté d’éducation, c’est pourquoi quand l’invitation a été lancée et que la question sur une venue de ce fils unique a été posée, elle a dit oui, sans tenir compte de son avis. Tad a donc râlé, puis il s’est fait à l’idée que ça faisait plaisir à sa mère qu’il vienne, qu’il fasse le gentil garçon alors, il s’est plié à ses désirs juste parce que pour une fois qu’il peut faire quelque chose qui va dans son sens à elle, pourquoi s’en priver. C’est donc vêtu d’une chemise et nœud papillon et équipé d’un plat de lasagne fait spécialement pour l’occasion qu’il sonne à la porte, maman étant juste à côté. Le quartier est toujours plein de familles immigrées, venues s’installer en Australie vers les années 90, c’est une coutume du quartier que chacun ramène un plat de chez soi. Pour maman, c’est en ces occasions là qu’elle se donne la peine de faire ses lasagnes. Pour Tad, c’était un argument à ce qu’il vienne. Le plat déposé dans les mains de l’hôtesse, Tad ne tarde pas à aller se balader entre les invités. A quelques-uns, il serre la main parce qu’après tout, ils se connaissent de longtemps. Avec d’autres, il papote plus longtemps et prend des nouvelles de la hanche de grand-mère ou des études du petit fils. C’est bateau mais drôle. En chopant des petits fours qu’il s’amuse à rattraper avec sa bouche, il ne peut s’empêcher de penser à Ariane, à la façon dont elle adorerait l’opportunité d’étude anthropologique qu’offre les habitants de banlieue, puis il s’arrête d’y penser, dit bonjour et s’occupe ailleurs. « Hey Chifumi ! » Qu’il balance un peu bruyamment à l’adresse de Seung qu’il croise tout juste au détour d’un couloir, il lui serre la main mais est coupé dans l’élan avant même de pouvoir prendre des nouvelles. " Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu, mais je sais déjà tout sur ta vie. On n'a pas de secret dans le quartier, enfin ta mère parle toujours à la mienne, donc t'embête pas avec les politesses. " Okay. C’est rapide, expéditif. Plutôt encourageant qu’il lui évite un texte blanc, même si maintenant qu’il l’a en face, Tad ne sait pas trop quoi dire, hormis s’amuser du fait que les informations circulent trop bien dans la voisinage. "J'imagine que tu as du les mettre bien mal à l'aise quand ils t'ont posé la question classique de comment va le travail, non ? Ils sont toujours pareil les vieux, ici." Haha, c’est ça qui est drôle avec Seung. Il est pas conventionnel comme on s’y attendrait. « En fait, ma mère m’a interdit d’en parler. » Qu’il avoue, un peu déçu certes de ne pas avoir plu choquer au moins la moitié de la salle en racontant son quotidien avec des cadavres. « Elle a été très embarrassée quant à l’enterrement de la vieille McKlay, j’ai expliqué que les gens se vident entièrement de leur merde en mourant. Je trouve que c’est important à savoir si t’es pudique du popo. » Oui, et visiblement, en en parlant à Seung, il a pas compris la leçon d’avoir un peu de retenu. « Enfin, tu crois que je devrais saluer tes vieux ou j’assume que ma mère leur passera mon bonjour ? » Ouais, parce que les coréens sont spéciaux, toujours à le détailler comme s’il avait un truc sur les dents, ça l’enchante pas spécialement de se faire passer au radar. |
| | | | (#)Mar 16 Jan 2018 - 1:35 | |
| Je ne peux m'empêcher de sourire, quand il me dit que sa mère lui a interdit d'en parler. On est majeur depuis plusieurs années, mais ça ne change pas grand chose à nos relations parentales. Il fallait toujours qu'on se retienne d'être nous pour ne pas choquer la populace. Le sourire reste scotché sur ma face et se transforme même en rire. J'imaginais tellement la tête choquée de sa mère. C'était bien pour ça que j'aime bien Tad. Bien qu'on ait jamais vraiment eu l'occasion de lier amitié, à cause de mes parents qui avaient peur que je tourne mal. Cependant, les fois où on interagissait ensemble, ça clique toujours aussi bien. Puis j'avais de toute façon mal tourné, donc un peu de Tad en plus ou moins n'allait pas changer grand chose. Le verre à mes lèvres, je lui réponds sans gêne:
"C'est sûr que c'est un détail important à partager, surtout que la mort est plus proche d'eux que nous donc autant les prévenir. Très prévenant de ta part"
Mon ton est légèrement sarcastique, mais ce n'est que de l'humour. Moi, Je trouve ça drôle de choquer les gens coincés du quartier, parce que je n'ose pas le faire. Mes parents sont de vrais dragons question tradition. Il fallait suivre les règles et on pose jamais de questions. Charmant, n'est-ce pas ? Je fais donc une légère grimace quand Tad parle d'aller leur parler. Il n'a vraiment le choix, sinon j'entendrai pendant les quatre prochains mois que le fils Cooper est définitivement mal élevé et autre blablabla, sans intérêt. Ou pire, ils vont venir eux-même le voir et se penser obliger de lui faire la morale, entre deux petits fours.
" Tu devrais aller les saluer, sinon ils vont encore critiquer tout ce qui n'est pas droit chez toi et me rabattre les oreilles avec ça."
Je lève les yeux au ciel, n'ayant pas de gêne à faire des remarques sur mes parents face à lui. Ce n'était pas comme s'ils allaient le croire de toute façon, donc je suis safe. Je les chercha du regard et les vit entrain de papoter avec la mère de Tad. Ça tombe bien, ils vont faire tout seul la conversation sur nous et on aura peut-être même pas besoin de parler.
"Allez courage, ça peut pas être pire qu'être entouré de morts, non ? Enfin, c'est vrai qu'aux moins, ils t'emmerdent pas avec des conversations forcées... "
Sur ces sages paroles, je finis mon verre de vin, en une seule gorgée et le pose vide sur une table. Je lisse du plat de la main ma chemise, effaçant des plis qui ne sont même pas là, mais qui le seront surement aux yeux de ma mère. J'affiche mon sourire professionnel et vient dire bonjour à la mère de Tad. Ma mère me regarde de son air sévère, mon père est de côté, verre de vin à la main. Elle passe automatique ses doigts sur mon col, qui n'a pourtant pas besoin de retouche. Je retiens un grognement de sortir de ma gorge. J'avais pas 5 ans, mais il semblerait qu'elle n'avait jamais franchi ce cap dans sa tête. Je lance un regard semi-désespéré à Tad, avant de lui laisser la place pour qu'il dise bonjour. Je le laisse se faire dévorer par les lions. Ma mère commence directement, avec son ton mielleux:
" Oh Taddeus, ça fait longtemps qu'on ne t'a pas vu. Tu laisses ta si gentille mère toute seule, c'est bien regrettable."
Et voilà, la première remarque passive-agressive est lancé. J'en grince déjà des dents. Il n'y avait rien d'étonnant que j'ai voulu fuir en ville, pour m'échapper à son contact toxique. |
| | | | (#)Mer 24 Jan 2018 - 14:50 | |
| C’est toujours la croix et la bannière lors de ce type de rassemblement pour que Tad n’embarrasse pas sa mère. Tout dans sa nature semble être sujet à humiliation, du son de sa voix à ses sujets de prédilection, qui certes déroge de la normalité mais n’ont pas de quoi faire de lui un paria. En raison de nombreux repas et autres réjouissances où il a eu le mot de trop, Tad a maintenant pris la décision de s’en tenir à faire parler les autres et à ne jamais rien dire de lui. Mais forcément, face à une personne de sa propre génération, et avec qui, malgré l’absence de franche de marrade et de tape dans le dos, il avait toujours bien discuté, la tentation de revenir dans ses travers se fait trop forte pour ne pas y céder. Visiblement, le coréen ne semble pas choqué, ou bouleversé par ses propos. "C'est sûr que c'est un détail important à partager, surtout que la mort est plus proche d'eux que nous donc autant les prévenir. Très prévenant de ta part" Il savait qu’il comprendrait, ou qu’au moins, il s’amuserait de ce fait plutôt que de le juger impropre à être partagé en public. Pour des gens si à cheval sur l’apparence, ça parait pourtant indispensable à savoir. « Right ! Il faut toujours que ça me retombe dessus dès que j’essaie de bien faire. Ce serait quand même dommage que je raconte post mortem combien il aura été difficile de nettoyer le vieux Andrews à cause de ça. » Il soupire, toujours dans la comédie, avant que le sérieux ne vienne le reprendre dès qu’il aperçoit les parents de Seung. Si ceux-ci ne l’ont jamais porté dans leur cœur, il sait qu’ils sont bons amis avec sa mère et que ne pas les saluer serait s’apporter la disgrâce éternelle. S’il peut gérer l’aversion des parents à son égard, il n’a pas franchement envie d’entendre à nouveau le discours de honte de sa mère. " Tu devrais aller les saluer, sinon ils vont encore critiquer tout ce qui n'est pas droit chez toi et me rabattre les oreilles avec ça." Ouuh, il ignorait qu’il suscitait tant de passion chez la famille Lee. Muni d’un verre de punch, il le pose sur le côté, ne voulant pas apparaître avec un verre d’alcool à la main. Sait-on les passions que cela pourrait déchainer ? « Okay, je le fais pour toi alors chifumi, tu auras une dette envers moi. » Ou alors, il le fait pour lui, pour éviter que les assiettes ne volent pas chez maman Cooper. Mais, c’est plus drôle ainsi et Tad prend un malin plaisir à taquiner Seung. Avant de s’avancer, il fait le dernier checking. Mains propres. Les cheveux qui tiennent en place. Rien entre les dents. Pas d’odeur corporelle forte. Non, rien ne fait qu’il ne pourra pas être jugé non-présentable. C’est d’ailleurs comique de voir que Seung fait la même chose. « Dude, j’ai l’impression qu’on va à l’armée t’sais. » Qu’il ajoute en riant, en même temps qu’ils s’avancent vers le petit groupe. A leur hauteur, leurs rires s’arrêtent, comme s’ils arrivent comme des cheveux sur la soupe. Tad s’empresse de les saluer convenablement et les hostilités prennent. " Oh Taddeus, ça fait longtemps qu'on ne t'a pas vu. Tu laisses ta si gentille mère toute seule, c'est bien regrettable." Ce qui chez bien des gens aurait amené des yeux au ciel, lui se contente de sourire et de rire, comme si les remarques ne l’atteignaient pas. « Qui vous dit que c’est pas elle qui préfère être seule ? Je me souviens qu’elle a osé déboucher le champagne quand j’ai quitté la maison et dès que je viens la voir, elle rouspète parce que ma présence l’empêche d’être en votre si bonne compagnie. » Et il prend l’air gentil, un peu guindé du garçon qui a appris à flatter les gens. Ça ne se voit peut-être pas, mais maman Cooper le sait, il se moque et elle ne se prive pas d’un « Taddeus ! » supposé lui faire comprendre qu’il doit arrêter. « Mère ! » réplique t-il, toujours avec le même sourire avant qu’elle ne cherche à se débarasser de son fils. « Mme Fitz avait des questions à te poser d’ordre médical. Je lui ai dit que tu irais la voir, si tu veux bien, elle est juste là bas. » Ou comment placer le « Mon fils a fait des études de médecine » sournoisement. Il hausse les épaules, ravi qu’elle lui offre cette porte de sortie. « J’y vole. Seung, tu voulais pas dire bonjour à Madame Fitz toi aussi ? » Qu’il demande à l’intéressé avant de le prendre sous le bras, l’amenant de force à quitter l’endroit. « Désolé vieux, j’ai fait ce que j’ai pu. » |
| | | | (#)Sam 27 Jan 2018 - 16:34 | |
| Honnêtement, je me demandais pourquoi je m'étais tenu éloigné de Tad pendant si longtemps. La réponse je l'avais déjà. Je prenais toujours trop à coeur ce que me disait mes parents et je m'étais donc retenu de devenir ami pour ne pas subir leurs foudres. C'était compliqué de faire semblant d'être parfait et avec le gamin de la voisine imparfaite, c'était pas possible. Je l'aimais pourtant bien. Il avait un humour à la con. Le genre de truc qui me fait rire que je le veuille ou pas. D'un autre côté, j'aurai pu le détestais aussi avec ces surnoms à la con. Cependant, ma personnalité n'était pas comme ça. Ça glissait sur moi et même que ça me faisait rire. Ouais, j'avais décidément un humour de merde. J'haussais une épaule quand il me dit que j'avais une dette envers lui. "C'est ça, tu peux toujours te gratter, Spaghetti"
On alla ensuite affronter mes parents dans une bataille d'hypocrisie. Ça ne se passait pas trop mal, mais on pouvait dire que ça c'était bien passé non plus. J'avais regardé Tad, retenant de montrer toutes émotions sur mon visage. Ouais, il était vraiment pas bon pour faire du service à la clientèle. Surement pour ça, qu'il bosse avec des morts. Ils peuvent pas se plaindre. Ma mère le fixe, et je voyais clairement le jugement dans son regard. Bon, je n'allais pas échapper à la complainte. J'aurai au moins essayé. Je gardais mon petit air guindé, celui que je savais si bien faire, pour n'avoir rien à répondre. Sa mère détournait la conversation et tant mieux. La mienne n'eut même pas le temps de caser le fait que je faisais de grandes études. Ce qui était mon meilleur mensonge à l'heure actuelle. Je feignis donc un grand intérêt pour Madame Fitz. La vieille qui allait surement tous nous enterré.
"Oui, c'est vrai. Je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler. Si vous voulez bien nous excusez"
Je sortais mes phrases pompeuses, celle qu'appréciait toujours mon père. Il hocha la tête en réponse, n'étant pas l'homme le plus bavard au monde. Je m'éclipsai aussitôt avec Tad et nous redirigea vers le buffet. Un verre, pitié un autre verre, pour endurer cette après-midi de merde. J'haussai une épaule à Tad face à son excuse.
"T'inquiète pas, de toute façon, ils auraient forcément trouver un truc contre toi. Ils sont comme ça"
Je me servis un verre de vin, l'apportant à mes lèvres. Je m'adossais contre le mur, regardant les vieux puis reportai mon attention sur Tad. Me détachant de plus en plus de l'importance que je donnais à l'opinion de mes parents, m'étant rendu à quel point ils était fermés, je me dis que c'était peut-être pas si mal de rajouter Tad à la liste de mes potes. Et avec tout mon tact habituel, celui que je contenais auprès des vieux, je lui demandai.
"Alors, j'ai entendu dire que tu étais célibataire. Les ragots ont raison ou tu t'es marié à Vegas et personne le sait ? "
Je trouvais l'idée marrante, totalement surréaliste mais marrante quand même. |
| | | | (#)Lun 29 Jan 2018 - 16:58 | |
| Tad n’avait pas fait l’armée, mais cette conversation, d’une durée totale d’une minute et vingt-six secondes avec les Lee aura suffi à lui donner un aperçu de ce qu’aurait été son service. Le regard désapprobateur est là dès ses premiers mots, l’impassibilité de leur visage, preuve d’un sérieux manque d’humour, ne manque pas de s’afficher dès ses premiers mots. C’est le malaise qu’il tente si bien de cacher et pas la peine de chercher une once de soutien de la part de Seung, le gosse affiche désormais la même humeur que ses parents (ou alors, c’est juste l’unique humeur possible chez les asiatiques et Tad s’en rend compte que maintenant). A se demander ce que maman trouve chez eux (il le sait, ils sont tous frigides) mais, cette dernière voulant se sauver de l’humiliation lui tend rapidement la porte de sortie, Mme Fitz, la doyenne du voisinage, celle qui en profite toujours pas raconter à Tad ce qu’elle trouve dans ses selles et lui demander si cela signifie qu’elle est, ou pas, en bonne santé. Evidemment, il ne court pas après la jeune femme pour avoir un échange avec elle, mais si là, ça peut le sauver, la vieille femme est le parfait prétexte et Tad est presque trop sympa en offrant cette porte de sortie à Seung également. "Oui, c'est vrai. Je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler. Si vous voulez bien nous excusez" Il fait presque sérieux Seung, à dire au revoir de cette façon. Seulement, sa deuxième personnalité reprend le pouvoir aussitôt le petit groupe hors de portée, et ça, ça manque pas de faire rire Tad. « Putain mec, si tu savais comment j’ai gardé les fesses serrées. » Et il éclate de rire. Epargne une blague supplémentaire comparant la matriarche Lee au dictateur Un, mais vraiment parce que c’est de mauvais goût et qu’on pourrait l’entendre. « Et toi ! » Il rigole encore plus, avant de pouvoir aligner deux mots. « Tu serais pas un peu schyzo ? » Non, parce que changement d’attitude est digne d’un espion. Dommage que James Bond ne soit pas chinois coréen. "T'inquiète pas, de toute façon, ils auraient forcément trouvé un truc contre toi. Ils sont comme ça" finit par rassurer Seung, par fatalisme. Oui, c’est vrai qu’il y’aurait eu un truc contre lui. Il ignore ce qu’il a fait, mais il en porte la malédiction. Les garçons finissent par se poser plus loin, à l’abri de beaucoup de regards, histoire d’être tranquille. Même si elle lui avait servi d’excuse, Tad ne courrait pas après Madame Fitz. Il parlera caca plus tard. Vin en main. Aucun regard à l’horizon. Les garçons finissent par s’entretenir, ça n’arrive que très rarement. "Alors, j'ai entendu dire que tu étais célibataire. Les ragots ont raison ou tu t'es marié à Vegas et personne le sait ? " Oh, Tad affiche une marque de surprise en entendant Seung aborder le sujet. Mais il est vrai qu’Ariane était là la dernière fois qu’il y’a eu ce genre de rassemblement. Que fidèle à elle-même, elle a du déranger, parce qu’Ariane est plus folle que lui et puis, surtout que chez les Lee, le fait que la rousse parle de sexe ouvertement à la radio a du choquer. « Tu parles d’Ariane ? » Il demande confirmation, avant d’ajouter en haussant les épaules. « On s’est séparé à Noël dernier, d’un commun accord. Mais là, je suis à nouveau disponible. Si jamais tu prévois une soirée speed dating, ou plus. » Qu’il répond, fier de sa connerie. Il se garde néanmoins d’aborder le sujet du tournant qu’a pris sa relation avec elle, pas non plus confiant à l’idée d’aborder le sujet. « J’ai quand même de la chance, maman étant restée vieille fille, elle ne me pousse pas à me marier. Moi, j’ai entendu dire que tu n’avais pas cette quiétude d’esprit. » |
| | | | (#)Mer 31 Jan 2018 - 4:07 | |
| Mon attitude semblait faire beaucoup rire Tad. C'était des années d'entrainements. Si mes parents avaient conscience de qui j'étais vraiment, ça aurait fait bien longtemps qu'ils m'auraient rayés de leur existence. Leur affection était tout à fait conditionnel. C'était d'ailleurs la cause de nombre de mes angoisses. Cependant, Tad n'était pas psy, moi non plus. Je n'allais donc me dévoiler plus que nécessaire et c'était clairement pas le moment. Surtout que j'étais le premier à trouver ça, insupportable les gens qui avaient le besoin de répandre leur passé partout. J'haussais donc une épaule à sa fausse question sur ma schizophrénie, esquissant un sourire au coin. " Des années de pratique, tu peux pas test. " Je m'éternisais pas dessus, n'étant pas très partageur quand il s'agissait de m'épancher sur ma vie et mes parents particulièrement. D'où ma parfaite technique de diversion, je rembarquais les projecteur sur la vie de Tad.
Ça m'intéressait quand même de savoir ce qu'il devenait. Je m'étais très longtemps retenu d'être en sa compagnie et j'avais fait en sorte qu'il ne s'en rend pas compte. J'étais vraiment le roi de la dissimulation. Ce n'était pas que je ne l'appréciais pas. Non, je le trouvais drôle et décalé, j'aimais bien ça. C'était mes parents le problème, toujours à vouloir encadrer ma vie, mes fréquentations, mes décisions. Tad avait donc dû être écarté par nécessité. Aujourd'hui, j'étais dans un tournant de mon existence et j'osais désormais vivre ma vie dans le dos de mes parents, faute d'avoir le courage de leur dire en face. C'était déjà un début et parler à Tad en faisait partie. J'hochais donc la tête: "Ouais, Ariane" La rousse qui enflammait les convenances. Je la connaissais à cause de mon travail. Je comprenais tout à fait pourquoi Tad était sortie avec. Il n'avait pas dû s'ennuyer. J'étais donc désolé pour lui. Commun d'accord ou pas, une rupture, c'est jamais le fun. Il parla de speed dating ou plus et je me contente de rire légèrement. " Je suis pas désespéré à ce point, mais je me souviendrais de ta proposition, si j'ai vraiment pas d'autre choix"
Enfin, c'est pas comme si je pouvais parler ... J'étais très célibataire. Je veux dire ma relation la plus profonde en ce moment, c'était avec ma poule. D'un autre côté, c'est parce que je me laissais pas l'occasion d'ouvrir mon coeur à qui ce soit. Je me sentirais mal d'embarquer quelqu'un dans l'épave émotionnel que j'étais. Comme s'il avait lu les pensées négatives que je venais d'avoir, il me balançait en pleine face le fait que mon statut de célibataire ne plaisait pas à mes parents. Je ne pu retenir un grognement d'être expressif, accompagné de ma meilleure grimace désabusée. " Si tu savais à quelle point ils me font chier avec ça... J'en suis arrivé au point où je me dis que je devrais payer quelqu'un pour se faire passer pour ma petite amie, qu'ils me laissent tranquille ..."
Je me repris un autre verre de vin, profitant qu'on soit pas loin de la table du buffet. Depuis tout à l'heure, mon cerveau n'avait pas arrêté de me dire qu'il y avait plein d'alcool à disposition et je ne savais pas y résister. Je me retournais vers lui, prenant une gorgée. Je le regardais de haut en bas puis de bas en haut, avant d'esquisser un sourire amusé: "D'ailleurs, on te rase et je suis sûr que tu peux passer pour une fille... Tu me couterais combien de l'heure ?" |
| | | | (#)Mer 31 Jan 2018 - 18:41 | |
| " Des années de pratique, tu peux pas test. " affirme Seung, l’air d’être beaucoup trop high level pour que Tad puisse un jour acquérir sa technique. (Et il a raison) Ce qui n’empêche pas le roux de rire, en s’disant qu’il avait beau se plaindre de Roselyn, de sa rigidité et de ne pas avoir été la mère aimante que tout le monde semble avoir eu (au point que, jusqu’à l’âge adulte, Tad a toujours pensé que c’était normal de se prendre des coups de savates de la part de ses parents) elle ne brimait pas sa personnalité, elle l’avait laissé s’exprimer, développer des goûts pour le moins éclectique et qu’elle n’assume pas mais Tad était devenu lui-même, en voyant Seung avec ses propres vieux, il ne peut s’empêcher de se demander si ce n’était pas pire et si lui, a-t-il finalement eu la chance de grandir pour être lui-même. « Tant qu’on laisse à nouveau s’écouler un an entre notre prochaine rencontre. » Oui, parce qu’il estime que de se présenter des bonjours une fois par an, c’est le minimum et que ça leur va bien. A l’abri des regards de leurs parents respectifs, ils partent tous les deux se mettre à l’abri, ou du moins dans un coin où personne ne semble trop leur prêter attention. Seung se prend à le questionner sur sa vie, probablement la surprise que toutes les conversations ne soient pas sur celle qui a fait partie de sa vie pendant cinq ans, celle qui dérange autant qu’elle fascine, celle qui n’a jamais manqué de se faire remarquer. "Ouais, Ariane" You name it ! Et Tad explique, simplement, sans s’épancher. Il n’apporte pas de nouveau prénom pour remplacer celui de la belle rousse, et en même temps, comment le pourrait-il ? " Je suis pas désespéré à ce point, mais je me souviendrais de ta proposition, si j'ai vraiment pas d'autre choix" Que Seung répond, faisant réaliser à Tad que, ce dernier n’avait jamais ramené dans le coin de potentielle conquête, même une petite amie avec qui ça n’aurait pas marché. Il ne s’interroge pas plus que ça, devinant la raison d’une telle réserve assez facilement. " Si tu savais à quelle point ils me font chier avec ça... J'en suis arrivé au point où je me dis que je devrais payer quelqu'un pour se faire passer pour ma petite amie, qu'ils me laissent tranquille ..." La chance d’avoir eu une mère célibataire, qu’on se le dise encore mais il sait que s’il y’avait eu plus qu’un échange de fluide entre et son père, il serait exactement dans la même situation que son ami. « Et leur dire que l’église ne ferme pas les portes du mariage a trente et que t’es large encore, non ? » Il propose comme ça, parce qu’aller jusquà’ des dépenser dessous. Il pourrait même ramener une fille, mais là, il comprend mieux sa réticence. Elle le quitterait pour sûr après avoir rencontré maman Lee. "D'ailleurs, on te rase et je suis sûr que tu peux passer pour une fille... Tu me couterais combien de l'heure ?" Il éclate de rire, en se demandant sérieusement si Seung blague. Comme si l’échange qu’ils venaient d’avoir n’était pas une raison suffisante pour se persuader que c’est une mauvaise idée. « Je pense que tu te ruinerais inutilement avec mes honoraires et la douzaine de rasoir que tu devrais acheter pour faire croire que je suis imberbe. » Parce que, y’avait pas que la barde. « Mais je suis flatté. Tu veux pas qu’on te trouve une pépé plutôt ? » |
| | | | (#)Lun 5 Fév 2018 - 23:30 | |
| J'appréciais le goût du vin. C'était bien le seul avantage de ce quartier, c'est qu'ici tout le monde voulait montrer qu'ils avaient les moyens, donc les plus riches ramenaient leurs meilleurs cuvées. Et j'en profitais sans vergogne. Je me contenais tout de même, sachant que j'allais me faire écorcher vif si j'agissais sous l'emprise de l'alcool. Mes parents ne m'avaient jamais vu bourré et cela n'allait pas être aujourd'hui qu'ils allaient découvrir ça. Je passe ma langue sur mes lèvres, en écoutant Tad qui essayait de blaguer. Je n'étais pas cent pour cent sûr de partager son opinion. Avec mon frère qui devait se marier cette année, à la limite de sa trentaine, je crois bien que je n'avais pas le droit de me passer la bague au doigt plus tard que lui. "Oh, je ne leur dirais rien. Je suis très bon pour éviter les sujets qui me plaisent pas ..." Le partenaire du mensonge, c'est l'évitement et j'en avais fait de très bons amis durant tout ces années. Je me demandais même à quand remontait la dernière fois où j'avais eu une discussion sincère avec mes parents. Surement la même année que j'ai du apprendre à parler, parce que j'ai vite compris qu'il fallait leur dire ce qu'ils voulaient entendre et rien d'autre.
Le ton s'allégea un peu plus sous ma proposition. Je ne pu retenir un rire, et je passais ma main sur mes lèvres, ayant attirer le regard d'une vieille qui passait par là. Elle allait surement rapporter à ma mère ce qu'elle venait de voir. Ou j'étais parano. Non, je savais que j'avais raison. Ma mère était l'étrange général en chef des rumeurs du quartier. Semble-t-il que les gens l'appréciaient. Enfin, le tableau n'était pas si sombre que ça. Elle était une mère stricte mais toujours présente. Ça, je ne pouvais lui retirer ça. Je répondis à Tad sur un ton léger, le détaillant d'un air critique " Merde, je n'avais pas pensé à ça ... J'ai visé trop ambitieux niveau pilosité." Je croisa les bras, prenant un air très faussement dépité "Non... je pense que je vais rester vieux garçon, avec ma poule et ses futurs poussins, car elle aura une vie sentimentale plus active que la mienne." J'esquisse un sourire au coin n'arrivant à me prendre au sérieux, n'ayant pas peur du célibat, vu que ça a toujours été mon statut. Ce n'était pas pour rien que je ne ramenais personne. Enfin, il n'y avait pas que ça mais bon. J'ajoutai allant toujours dans le sens de l'humour et de mon possible futur rempli de poules. "Je ferais un excellent papa poule, crois moi" Je me reprends un verre de vin rouge, pensant tout de même à préciser " Et non, je n'ai pas d'enfant caché pour déjà connaitre mes aptitudes parents, enfin je crois pas, ou alors on me l'a caché aussi..." |
| | | | (#)Ven 9 Fév 2018 - 1:06 | |
| Et c’est la situation de Seung qui en vient à être au centre de la conversation. Tad s’insurge un peu, qu’au vingt-et-unième siècle, on fasse encore pression sur ses mômes pour qu’ils se passent la corde au cou. Un peu comme si les parents se vengeait auprès de leur enfants d’avoir dû se plier à ce rituel archaïque pour les avoir et que par conséquent, s’ils ont souffert, eux aussi. C’est pervers un peu. Et lancé sur sa tirade, il ne fait que de lui conseiller de mettre les points sur les « i » avec ses géniteurs. "Oh, je ne leur dirais rien. Je suis très bon pour éviter les sujets qui me plaisent pas ..." Mais ça, c’était sans compter sur la lâcheté dont Seung est capable de faire preuve face à ses parents. Encore une fois, il bénit le ciel de l’avoir posé sur la route de Roselyn. Bien qu’elle approuve peu, il n’a jamais eu peur de lui partager ses opinions et ses choix. Néanmoins, sa réponse a le don de le faire rire. Parce qu’elle est purement ironique et vraie, sans doute. « Vous les coréens, vous êtes tarés. J’aurais dû devenir psychologue et vous psychanalyser. J’aurais fini par être plus célèbre que ce cher Sigmund. » Qu’il balance, à moitié sérieux avant d’enchainer. « Je comprends pas pourquoi tu évites le sujet, à rien leur dire, tu te réveilleras un jour devant l’autel. On t’aura même drogué pour te mettre là, et pris un rein pour payer la noce. » Et là, c’est probablement le schéma le moins pire que ses parents pourraient mettre à exécution. Mais Tad n’insiste pas plus, car après tout, c’est à lui de décider de sa vie. Et la plaisanterie gagne du terrain, quand Seung admet qu’il pourrait engager quelqu’un pour faire illusion, jusqu’à lui proposer de l’engager lui. Sur le papier, il pourrait. Il reste juste le détail que, Tad manque de se chier dessus dès qu’il est en présence de ses parents plus de deux minutes, et que même sous une autre identité, il le fera. « Merde, je n'avais pas pensé à ça ... J'ai visé trop ambitieux niveau pilosité. » Et il acquiesce. « Ouais vieux, ça te couterait un mois de salaire de trouver quelqu’un qui arrivera à me faire le maillot. » Au moins ça. Il fait mine d’être désolé. La nature a décidé de garnir les non-asiatique d’un pelage naturel. C’est la vie. "Non... je pense que je vais rester vieux garçon, avec ma poule et ses futurs poussins, car elle aura une vie sentimentale plus active que la mienne." Et ça a pas l’air si mal comme plan, même si Tad pense présentement plus en terme de nugget qu’autre chose. "Je ferais un excellent papa poule, crois moi" Qu’il appuie, l’air rieur, ce qui plait à Tad parce que de mémoire, il n’avait jamais vu Seung faire plus de trois blagues en une heure. Probablement un quota fixé par ses ancêtres. "Et non, je n'ai pas d'enfant caché pour déjà connaitre mes aptitudes parents, enfin je crois pas, ou alors on me l'a caché aussi..." Et il divague un peu, ce qui fait froncer les sourcils de Tad. « Je suis sûr que ta poule et toi serez très très heureux. Je connais des tas d’enfants adoptés qui vivent très bien la situation, t’inquiète. » Qu’il répond, sous le coup de la blague. « Mais, Seung, dis moi. Ça te fait combien de verre avec celui là ? » Parce qu’il est joyeux d’un coup, et well, c’est pas habituel. |
| | | | (#)Lun 12 Fév 2018 - 2:31 | |
| Pendant deux secondes, j'avais cru qu'il allait devenir vraiment sérieux en me parlant de Sigmund Freud et de côté malsain de ne plus rien partager de ma vie avec mes parents. Je m'étais crispé une seconde, mais la seconde d'après, il retourna à la blague en m'imaginant un rein en main et la bague au doigt. Tad se rendait pas compte qu'il avait presque touché un sujet sensible mais il l'avait évité comme un chef, tout seul. Je me contentai de lever les yeux au ciel en sirotant mon verre de vin, ponctuant ma réponse d'un haussement d'épaule, sur un ton très sarcastique: "Tant que c'est de la bonne drogue, au moins j'aurai eu un bon trip" Je désamorçais toute possibilité de sérieux, en rajoutant une couche d'improbable dans la discussion. Je me cachais derrière mes phrases à moitié drôle, à moitié cachant la vérité. Les faux-semblants, c'était vraiment ma spécialité. Je prenais encore une gorgée de mon verre, ne sachant retenir ma main de venir m'abreuver. C'était toujours comme ça avec l'alcool, une fois commencé impossible de m'arrêter. Heureusement que le vin était l'alcool que je maitrisais, vu que c'est ce qu'on prenait chez mes parents. C'était dans la maison familiale que j'avais appris que boire rend tout plus supportable, mon père ayant toujours son buffet d'alcool pas loin pour s'occuper le soir. N'allait pas imaginer qu'il était violent ou quoique ce soit du genre, non c'était juste un père qui avait besoin de ses verres de soju pour décompresser de la journée et arriver à être affectueux avec sa famille. Rien de si dysfonctionnel que ça.
Notre discussion très peu sérieuse sur la pilosité de Tad et mon avenir de célibataire à poule suivait son cours. J'étais détendu pour une fois à ces côtés, ne mettant jamais permis d'être moins coincé en sa présence. Chose qu'il releva, ou plutôt c'est mon nombre de verre qu'il releva. Je souleva le vin que je venais de prendre. " Avec celui-ci, ça va être mon troisième, pourquoi ?" Je penchais légèrement la tête, voyant pas tellement le problème. "Prend s'en toi aussi si tu as peur que je prenne tout, mon vieux" Je regardais le buffet qui était pas loin, qui avait de la bouffe bien sûr mais des alcools plus forts aussi. "Ou si c'est pas assez, y'a du whisky par là. Du bon, vu que ça du fric les vieux du coin" J'esquissai un sourire amusé, tapotant son épaule voyant qu'il avait l'air de me juger un peu, visiblement pas sûr de l'attitude décontracté que j'avais avec lui aujourd'hui. " Tu sais, je pense que c'est dommage qu'on soit pas devenu plus pote que ça à l'université, donc je me rattrape aujourd'hui. Je suis pas mes parents, si c'est ça qui te fait peur et heureusement pour toi, tu es pas ta mère " J'osais faire une blague sur le dos de sa mère, mais d'un autre côté, il s'était pas trop gêné à traiter les miens de bon cas pour la psychanalyse, alors bon, j'avais pas à me gêner. |
| | | | (#)Mar 13 Fév 2018 - 2:05 | |
| Et il se marre. Il imagine ce qui ressemble probablement au pire scénario de mariage qui soit, et pourtant, il est bien sûr que si Seung ne prend pas les choses en main dans un avenir proche, il risque très fortement de se retrouver dans cette exacte situation que Tad a décrit. Cela ne le surprendrait même pas d’apprendre que ses parents ont utilisé la chimie moderne pour mettre fin au célibat de leur fils. Mais, Tad ne s’aventure pas trop loin. A chaque pays sa culture, à chaque famille sa façon de gérer la mise en pratique. "Tant que c'est de la bonne drogue, au moins j'aurai eu un bon trip" C’est une bonne façon de voir les choses. Et puis, si jamais il lui prend envie de massacrer sa future hypothétique femme, peut-être que le retour d’acide provoqué par la drogue de ses vieux sera un gain de cause pendant son procès. La scène fait son apparition dans la tête de Tad qui s’en retrouve distrait, c’est bête à dire mais il aimerait presque que ça se réalise pour pouvoir vérifier. Et la conversation file, Seung parle de sa poule, Tad s’amuse à l’écouter en parler. Et il se rend compte que Seung parle plus souvent que d’ordinaire, que les verres défilent sacrément vite dans sa main. Ou du moins, il remarque qu’il porte régulièrement ce dernier à ses lèvres. C’est pas un reproche, mais well, vu qu’ils sont dans un environnement où ça parle beaucoup, il se permet de demande ce qui lui arrive. " Avec celui-ci, ça va être mon troisième, pourquoi ?" Baaah, c’est juste que ça fait dix minutes qu’ils sont là, le vin, c’est pas fort mais, ça monte quand même. "Prend s'en toi aussi si tu as peur que je prenne tout, mon vieux" se défend Seung, mais Tad hoche la tête. Il n’aime pas boire du vin en dehors des repas. Il n’aime pas boire autre chose que de la bière et la bière, c’est mal vu lors des fiestas du genre. Si seulement ils avaient eu un voisin allemand pour taire ce préjugé. "Ou si c'est pas assez, y'a du whisky par là. Du bon, vu que ça du fric les vieux du coin" Il fait la moue. Non, il n’est pas intéressé. Quand bien même qu’il rate un sacré occasion de goûter autre chose que le whisky de supermarché que Max foutait dans ses « cocktails » , il n’est pas convaincu. « Non, c’est bon. Je suis bien, mais vieux, tu as une sacré descente ! » Qu’il fait remarquer, sans trop oser lui dire que s’il le remarque, qu’il soit sûr que ça ne soit pas passé dans l’œil d’un aveugle. Après, c’est rarement après l’enfant des Lee qu’on en a dans le quartier. " Tu sais, je pense que c'est dommage qu'on soit pas devenu plus pote que ça à l'université, donc je me rattrape aujourd'hui. Je suis pas mes parents, si c'est ça qui te fait peur et heureusement pour toi, tu es pas ta mère " Okay, c’est parce qu’il s’était moqué de ses parents qu’il passait ses mots sur sa mère. Parce que pour lui, la comparaison n’est pas la même. « Oh, je vois, t’as décidé de te rebeller aujourd’hui ? » Et il se marre, en imaginant Seung faire sa crise d’ado. Une chance pour lui qu’il a toujours l’air d’en être un. « Mais t’sais, c’est pas tes vieux qui m’font peur. C’est juste que, tu changes Seung. » Et ça, c’est une vérité. |
| | | | (#)Sam 17 Fév 2018 - 15:23 | |
| Il avait juste l'air de me juger sur ma façon de boire. Il secoua la tête à ma proposition d'alcool plus fort. Je me rappelais pas qu'il était si coincé pour boire. Ou alors c'était moi qui était trop décontracté par rapport à ça ? C'est vrai que ma notion du raisonnable d'alcoolémie avait beaucoup changé, depuis que j'étais promoteur de soirée à temps plein. Je ne retiens pas d'afficher un petit sourire supérieur quand il s'exclama devant ma descente. C'est vrai que ça pouvait en surprendre plus d'un. Loin était le temps du premier de la classe, tout sage que j'étais. L'université m'avait permis de m'exprimer plus, bien que j'avais encore des barrières mentales à dépasser. Mais hey, chaque chose en son temps. J'apportais donc sans honte, le verre de vin rouge à mes lèvres, prenant une gorgée. Ça le fait semble-t-il rire que j'avis l'air aussi décontracté alors que nous étions à la fête du quartier. Rebelle, c'était un peu fort mais ça me fit rire et je secouais la tête. "Exagère pas, c'est juste que je pense être assez vieux pour m'émanciper un peu. Je sais que j'ai un cas grave de baby face mais j'ai déjà passé la barre du quart du siècle."
Puis sur un ton que je ne lui connaissais pas, un ton sérieux, il me fit la remarque sur le fait que je changeais. J'arquais un sourcil, le regardant un peu surpris. Je réfléchis un peu, passant mes doigts dans mes cheveux ne m'étant pas rendu compte plus ça, mais maintenant qu'il le dit, je voyais bien que c'était vrai. Un sourire au coin vient se dessiner sur la courbe de mes lèvres. "Je crois bien que tu as raison. Reste à savoir si ce sera un changement positif pour moi ou pas. L'année vient de commencer et j'ai pas envie qu'elle ressemble à toutes les autres, alors ouais, je me permet de changer" J'haussais une épaule, puis je le dévisageais un peu, ne retenant pas un léger rire, amusé. " Et toi, depuis quand tu es devenu aussi observateur ? Tad et la compréhension des autres, j'ai jamais associé ça ensemble, tu sais" Je n'étais peut-être pas le seul à changer. D'un autre côté, c'était quand même assez évident que je n'agissais pas avec lui comme d'habitude. Tad manquait de tact certain et de savoir vivre sur bien des aspects, mais je ne pouvais pas lui retirer le fait que c'était un chic type et que je voulais ou pas, je le connaissais depuis que j'étais né. Je me trouvais stupide de m'être autant laissé influencer par mes parents pour avoir refuser de réellement devenir avec lui, m'enfermer dans ma peur de leur désapprobation. Aujourd'hui, je faisais un réel effort pour compenser mes années de distance et être pour une fois moi-même avec lui, au lieu de cette image de papier glacé bien lisse que je fournissais aux restes du voisinage. |
| | | | (#)Mer 21 Fév 2018 - 22:35 | |
| Et il ne saurait dire où, quand, comment, pourquoi, mais le constat est bien là. Seung change. Il n’est plus vraiment le même, celui que Tad a l’habitude de voir. Ou alors, peut-être que Tad a gagné en perspicacité et que maintenant, il arrive à voir que le garçon caché derrière la façade dure et froide de ses parents est en réalité une personne normale, un gamin qui ne cherche qu’à profiter de la vie, à s’amuser. Peut-être. Personne ne s’avancerait quand même à allier Tad et perspicacité dans une même phrase mais sait-on jamais. Ce qu’il voit l’étonne, et en bon con honnête qu’il est, il ne tarde pas à le partager. "Exagère pas, c'est juste que je pense être assez vieux pour m'émanciper un peu. Je sais que j'ai un cas grave de baby face mais j'ai déjà passé la barre du quart du siècle." Qu’il précise, Tad décide rapidement de ne pas se lancer plus sur le sujet. Après tout, que connait-il de Seung à part les exploits que ses parents se plaisent à raconter à sa propre mère ? Pas grande chose. (D’ailleurs, à la réflexion, qu’est-ce qu’elle fout à être amie avec eux ?) « C’est peut-être ça, tu me donnes le sentiment de cautionner l’alcool chez les mineurs en t’regardant faire. C’est quand la première ride chez vous ? » Qu’il demande en essayant de se rappeler à quel moment le père de ce dernier a vu apparaître sa première ride, parce qu’il suppose qu’un jour, il a été jeune, et pourtant, Tad a beau revenir près de vingt-cinq ans en arrière, papa Lee avait toujours eu cette ride d’austérité sur le front. "Je crois bien que tu as raison. Reste à savoir si ce sera un changement positif pour moi ou pas. L'année vient de commencer et j'ai pas envie qu'elle ressemble à toutes les autres, alors ouais, je me permet de changer" Qu’il ajoute, attirant pas mal de curiosité venant du rouquin, là encore, vu tout ce qu’on lui impose, il ne peut s’empêcher de se demander ce qui trotte dans sa tête. « Wow, et t’as déjà des plans ? Si jamais tu passes par la phase piercing pour te rebelle, le gland, c’est une mauvaise idée. Crois moi, j’ai vu de ces choses aux urgences. » Qu’il accentue, un peu inquiet qu’il aille dans l’extrême. « En revanche, si tu t’colores les cheveux, tu me mimeras la réaction de tes vieux. » Parce que ça, il voudra le voir. Puis, il redevient sérieux. Tout ce qu’il dit, c’est bien enfantin. " Et toi, depuis quand tu es devenu aussi observateur ? Tad et la compréhension des autres, j'ai jamais associé ça ensemble, tu sais" Et il hausse un sourcil, avant d’avouer, lui-même choqué. « Bah tu sais, j’aurais jamais associé ça ensemble non plus ! » Qu’il rigole, avant que ça ne lui fasse penser à Ariane et sa manie d’analyser toute personne qu’elle croise. « Mais j’dois tenir ça d’Ariane, à force de la voir avoir raison sur les autres. » |
| | | | (#)Dim 25 Fév 2018 - 3:05 | |
| Je ramenais plus doucement le verre de vin à mes lèvres. Son commentaire sur ma consommation m'avait un peu calmé. Je n'avais pas envie de passer pour un ivrogne devant le voisinage parentale. Ce serait mal vu et être mal vu, c'était ce que je voulais le plus éviter. Tad avait l'air plutôt qu'intrigué face à mon attitude. Je faisais juste relâcher un peu ma bride, respirer tout simplement et visiblement ça le secouait. Il faut avouer qu'il avait eu droit à mon moi retenu et poli pendant toutes ses dernières années. Le changement devait être choquant. Moi, je mis à rire à sa remarque sur les rides et mon air juvénile qui me collait à la peau. " Vers 40 ans... et encore ça dépend... Quand tu seras tout fripé, j'aurai encore l'air d'avoir 16 ans, soit en sûr !" Et je continuais la discussion sur les changements que je faisais dans ma vie. Je levais les yeux au ciel quand il parla de piercing au gland. J'étais pas assez timbré pour faire ça. Le pire, c'est qu'il avait l'air vraiment sincère dans son inquiétude infondé. Tad était toujours aussi surprenant dans sa logique qui lui était très personnelle. Il envisagea même que je me colore les cheveux et je secouais simplement la tête: "Non non, j'ai fait un entre deux." Je m'approchai de Tad, déboutonnai le bouton du col de ma chemise et exposa brièvement le côté où on voyait la branche faite d'encre qui grimpait jusqu'à mon cou. " Si tu veux, je peux te mimer leur expression quand ils l'ont vu ... Ça, ça valait le détour" J'avais eu droit à des vociférations, des appels à Dieu et toutes sortes de choses. Ma mère n'avait plu voulu me parler pendant une semaine et mon père avait juste gardé le silence, parce que c'est ce qu'il faisait tout le temps. Je crois même que ça l'avait amusé, après le choc passé. Un sourire au coin était peint sur mon visage, malicieux et léger.
Bien sûr d'interrogea Tad sur sa nouvelle perspicacité et il mentionna Ariana. J'hochais légèrement la tête: "Évidemment, ça ne peut que venir d'elle. Bien qu'elle a de drôle de façon de montrer qu'elle a raison parfois ..." Je restais vague, ne mentionnant pas les soirées promotionnelles que j'avais passé avec elle, et où nous avions réellement liés amitié. Et les autres soirées passées ensemble, parce que passer du temps avec Ariane, c'était forcément synonyme de rigolade. Je ne savais pas à quel point leur séparation l'affectait, après tout ça faisait une petite éternité qu'ils étaient ensemble. Mieux valait me taire, plutôt que de dire que j'étais vraiment devenu ami avec son ex-blonde, depuis qu'ils n'étaient plus en couple. |
| | | | | | | | Desperate Housewives - Tad&Seung-Jin |
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