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 The most comon form of despair is being who you are || Andreï

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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyVen 12 Jan 2018 - 14:51

Dans un geste de rage, Clément claque la porte des loges, fait plusieurs pas en avant et se prend la tête entre les mains en jurant. Contre le théâtre, contre le metteur en scène, contre Saul qui les a quitté du jour au lendemain, contre l'université, contre Marvin qui l'emmerde encore et même contre Ambroise qui n'a, en soit, rien fait. Mais surtout, surtout, il jure contre lui-même. Contre lui et sa connerie, lui et son incapacité de produire quoique ce soit de correct aujourd'hui, lors d'une des répétions pour la pièce la plus importante de sa vie. Celle qui va définir si oui ou non il pourra passer professionnel ou non. S'il assure et qu'il réussi, il passera dans l'autre groupe, celui des pro. S'il merde comme aujourd'hui, il restera à jamais dans celui des amateurs et ne pourra pas autant progresser qu'il l'espérait cette année. Charles il est entrain de sacrifier une bonne partie de sa journée et sa soirée pour l'entendre dire et faire de la merde là, sur scène, devant ses yeux.

Explosant d'un coup, Clément arrache sa veste du porte manteau et l'envoie valser à l'autre bout de la pièce avant de se laisser tomber sur un banc. Se penchant en avant, ses mains agrippant ses cheveux, il ferme fortement les yeux et se tend, laissant la douleur engendrer par le tiraillement sur ses cheveux devenir plus forte. Avant de tout relâcher et se redresser brusquement un souffle. En s'adossant contre le dossier du banc, l'arrière de crâne cogne contre le mur mais Clément choisit d'ignorer cette douleur qui n'est absolument rien comparer à ce qu'il ressent en ce moment.

Et tout à coup, la rage fait place à une profonde mélancolie, une tristesse sans nom qui lui donne envie de pleurer. S'il ne réussit pas ce simple texte, qu'adviendra-t-il lorsqu'il va devoir en apprendre des plus durs ? Des VRAIS textes, pour des VRAIES pièces qu'ils joueront devant un VRAI publique et sans doute aussi des critiques, des auteurs, des directeurs de théâtre ou d'autres metteurs en scène. Ce genre de publique qui est là pour le faire progresser, dont aucun comédien ne peut se passer car il a besoin d'avoir ce genre de contact dans son répertoire. Ceux qui peuvent faire décoller ta carrière comme il peuvent la détruire en un rien de temps.

Clément plaque une main devant sa bouche et mord la peau de la paume en fermant à nouveau les yeux. Même lorsque la goût métallique de son propre sang se répand dans sa bouche, il ne desserres pas les dents. Au contraire. Il resserre d'avantage ses mâchoires...jusqu'à ce que la porte des loges ne s'ouvre brusquement. Il écarquille brusquement les yeux, reconnaît Andreï et retire sa main. Serrant le poing pour cacher le sang, se passant le dos de la main sur les lèvres pour en essuyé les vestiges de l'hémoglobine, il baisse le regard  «Qu'est-ce tu fous là ? » souffle-t-il, bien moins froid qu'il ne l'aurait pensé. En vrai, sa voix est calme, pleine de désespoir mais avec, tout de même, un petit soupçon de reconnaissance. Comme si, dans le fond, il espérait que quelqu'un vienne le voir et qu'il est content que ce quelqu'un soit ce slave et non un des comédiens ou même Charles.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptySam 13 Jan 2018 - 6:17


Une page entière de notes dans mon calepin et des remarques d’ordre général griffonnées au crayon à papier. On a vu de meilleurs jours de répétition. Il y en a eu des pires. Rien d’alarmant, il faut passer par là de toutes façons et ça a le bénéfice de permettre de voir ce qui est à éliminer de mes propositions. La table en fond de scène côté jardin ? Une belle connerie. Faudra revoir ça au peigne fin. De toutes façons les détails importants dont il fallait discuter avec Charles sont surlignés au marqueur, l’essentiel sera dit. Pour le reste on verra lors du debrief général : ça se recoupe avec mes notes de la session d’hier. Rien de bien urgent. Non, ce qui revient réellement de façon récurrente dans mes interrogations c’est la situation de Clément. Je n’en ai toujours pas parlé à Charles mais ça ne servirait à rien de clamer ce qui a déjà sauté à ses yeux de metteur en scène : depuis l’opportunité qui s’offre à lui de passer en pro, si son jeu évolue, son état également. Et jusqu’à aujourd’hui je n’avais encore jamais vu son état influer à ce point sur son jeu. Il nous a balancé son texte comme s’il était prêt à mordre, un temps d’avance à chacune des répliques. Il en a presque perdu son instinct de plateau. Je me suis revu à Moscou en train de me barrer en plein milieu d’une scène, poings et gorge serrés… Il ne s’est pas barré en pleine répét’. C’est bien. Mais je sais encore reconnaître une gorge serrée, surtout avec un texte comme celui-là. Je devrais laisser Charles lui en toucher mots. Bon, dernière chose à voir : ce qu’il est possible de faire dans la scène 5 avec le régisseur. Parce qu’il n’y a pas que la table fond de scène qui tombait dans l’absurdité, tout le planning lumière est à revoir.

Putain. Comme si j’avais du temps à perdre à me balader d’un bout à l’autre du théâtre. Quinze minutes que j’arpente les couloirs, et toujours pas foutu de le trouver. Ni à la régie, ni en salle. Personne dans les machineries et encore moins dans les salles de répétition. Evidemment, personne n’est foutu de me dire si c’est bien ce régisseur qui assurera la représentation de ce soir et je ne vais tout de même pas attendre jusqu’à 20:00 le début du spectacle pour une entrevue de cinq minutes qui n’est même pas sûre d’avoir lieu ! S’il n’est pas dans ces foutues loges je-
Clément !” La surprise m’en fait oublier ma colère contre le régisseur, pourtant toujours introuvable. Posté sous l’encadrement de la porte, la poignée encore dans ma main, un regard circulaire sur toute la pièce qui me confirme cette constatation. Clément est bien seul dans les loges. “Qu'est-ce tu fous là ?” C’est d’ailleurs cette pensée qui me fait tiquer. “Je cherchais le régisseur…”Clément, seul, dans les loges, son manteau à ma droite presque à mes pieds, un timbre de voix bien connu mais que je ne lui connaissais pas. “...mais faut croire que je devrais remettre à demain la révision du planning.” Depuis le temps que les répétitions se sont achevées, il aurait déjà dû quitter le théâtre. “Volatilisé.” Mais, une fois la surprise passée, je ne suis pas tant étonné de le trouver encore ici. Car je suis moi-même trop passé par cet état pour ne pas reconnaître le mal du jeu. Après, pas sûr qu’il veuille m’en parler… Je comprendrais. Mais pas question que je le quitte sans m’y tenter. Tant pis pour Charles.
Un peu tard pour traîner dans les loges sans partenaire de jeu, non ?” Une question tout ce qu’il y a de plus ouvert. Mais pas des plus anodines.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptySam 13 Jan 2018 - 8:40

Il se met trop pression. Myrddin ne cesse de le lui dire, essayer de le convaincre d'en faire moins, de se détendre un peu et Clément y parvient. Pendant quelques jours, après ce genre de commentaires, il parvient à penser un peu plus à lui, à mettre ce travail théâtral de côté. Mais très rapidement c'est la mauvaise conscience qui reprend le dessus. Il se dit très vite que s'il cesse de bosser il oubliera tout et l'idée de perdre de vu ses rêves est juste insurmontable. Alors il reprend ce chemin, celui où il travail et retravaille ses textes jusqu'au bout de la nuit, où ses journées sont longues et ses nuits courtes. C'est un rythme soutenu, mais pour Clément c'est un rythme normal. Il savait que cette année ne sera pas facile, entre la troisième année d'étude et le passage en compagnie professionnelle, s'ajoutant à cela la découverte de son adoption.

D'ailleurs, parlons-en, de cette nouvelle famille qu'il commence à tout doucement à connaître. Après en avoir parler avec Ambroise, Clément a décidé de commencé la nouvelle année sur de nouvelles bases. Il a parlé de cette lettre avec sa mère adoptive, ils ont parlé pendant de longues heures et même Billy n'a fait aucun commentaire et s'est tenu à l'écart, cet idiot ayant sans doute comprit qu'il ne valait mieux pas pour lui de s'immiscer dans cet discussion. Suite à cela et après avoir fait un résumé de cette entrevu à Ambroise, Clément a décidé d'appeler celle qui l'a mit au monde. Cette fois-ci, il n'a pas paniqué et n'a pas raccroché. Ils ont simplement parlé pendant de très longues minutes durant lesquelles Clément a apprit que la famille King est composée de Mary, Charles et Oliver, leur fils et que les deux autres sont excités à l'idée de le rencontrer. Sauf que pour l'instant, Clément ne sait pas s'il a vraiment envie d'apprendre à les connaître tous et a juste accepté de rencontrer sa mère biologique. Ça s'est passé la veille et c'était une après midi tranquille au café du coin. Ils ont parlé, ont même rigolé ensemble et c'est le cœur léger que Clément est retourné à l'appartement … Avant de faire cette erreur de lui parler de la pièce de ce soir. Mary a prit ça comme une invitation et lui a promit qu'elle sera là. Avec son mari. Ça ajoute un sacré coup de pression à Clément qui n'est déjà pas très bien de base. S'il se rate devant un publique lambda, ok, ça passe. S'il se rate devant devant sa famille biologique c'est une toute autre paire de manche. Tout le monde lui dira que c'est idiot, que les deux ne pourront pas le critiquer parce qu'ils ne connaissent pas le texte et ne savent pas comment il joue de base, mais le jeune néo zélandais n'est pas d'accord.

Et maintenant ? Il se retrouve là, dans les loges, préférant se mordre la paume de la main jusqu'au sang et se morfondre, plutôt que de parler ouvertement à qui que ce soit, demander des conseils à Charles ou simplement attendre ses commentaires à lui. Peut-être Clément a-t-il a nouveau tiré des conclusions trop hâtives ? Peut-être que le metteur en scène trouvait son jeu plus que correct ? Au moment où le comédien est entrain de se mettre des claques mentales, la porte s'ouvre sur Andreï le scénographe et surtout un très bon ami à lui. Le genre de personne pas très facile à premier abord mais qui possède une intelligence toute particulière que Clément ne retrouve chez personne d'autre dans la compagnie.

Rationnel, il prend sa question comme une vraie question, n'y voyant aucun sous entendu et lui répond qu'il cherche le régisseur mais qu'il n'est pas là, introuvable et volatilisé. Clément hoche doucement la tête  « Il … est parti juste après la fin de représentation. Je l'ai vu rejoindre sa voiture au moment où je sortais de scène pour ...venir ici» explique-t-il doucement en désignant les loges d'un coup de tête. Déglutissant, il dévie le regard et pince les lèvres lorsque le slave assume que c'est un peu tard pour traîner dans les loges.  «Je...trouves pas ma veste » ment-il fébrilement en regardant autour de lui, faisant mine de chercher le vêtement qu'il a lui-même jeté au sol il y a peine quelques minutes.

Il fini par s’immobiliser après s'être levé et être allé au niveau des miroirs pour fouiller un peu sous les autres habits qui ont été oublié. Dos à son ami, il ferme les yeux et prend quelques profondes inspirations  « Je suis nul, pas vrai ?» parvient-il à dire  « Je ...je veux dire … c'était un vrai carnage ce que j'ai fait. Un … un carnage de débutant ...» il secoue la tête et se pince l'arrête du nez, fermant d'avantage les yeux pour ravaler les larmes qui menacent de trouver un chemin sur ses joues.  «Dis-moi, sincèrement, ce qu'il en était... » supplie-t-il presque le jeune homme.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyDim 14 Jan 2018 - 20:32


Il … est parti juste après la fin de représentation. Je l'ai vu rejoindre sa voiture au moment où je sortais de scène pour ...venir ici

Et merde.” Pas de colère, seulement un léger soupir de capitulation. Au fond je me doutais bien que le régisseur avait dû quitter les lieux plus tôt que d’habitude, bien que les confirmations de Clément à ce sujet ne m’enchante pas des masses. J’aurai du prévoir le coup, mais je ne vais tout de même pas tenir informé notre technicien d’une éventuelle entrevue en fin de session avant chaque répétition ! Enfin, planning lumière repoussé à demain donc. “Tu m’auras évité d’aller le chercher plus longtemps
Un temps pour tout. Et ce n’est pas celui de fulminer contre le régisseur. D’une part car ça ne servirait strictement à rien, d’autre part car ça ne regarde pas mon jeune ami en face de moi, encore moins en l’état présent : il faudrait manquer cruellement de bon sens pour ne pas remarquer son abattement et sa gêne. Et même si je crois deviner ce qu’il en recours, je préfère tout même lui laisser le choix de se confier ou non. Rien de plus désagréable qu’un importun qui vient troubler des désirs de solitude.

Clément. Une forte tête celui-là. Un trait de caractère que j’ai tout de suite apprécié chez lui. Forte tête, forte personnalité et un sacré bosseur. Ca se voit. Ca se sent. Toujours à vouloir chercher plus loin, à donner le maximum de lui-même. Un travail minutieux et une écoute d’une justesse remarquable. Autant de qualités essentielles qui ne lui font pas défaut. Un vrai perfectionniste. Trop peut-être, mais je ne serai pas celui qui lui reprochera de vouloir atteindre ses objectifs. Non, ce dont j’ai réellement peur c’est qu’en continuant sur cette voie, ce sont ses objectifs qui le dépassent. Pas parce qu’il ne dispose pas des capacités pour réaliser ses desseins, bien au contraire, mais parce que c’est la pression qui l’entoure qui pourrait le mener à se mettre des bâtons dans les roues. D’ailleurs, Myrddin le lui a souvent répété. Et la différence de jeu est flagrante quand Clément réussit à se laisser aller et à faire confiance à ce dont il est capable, sans pour autant se reposer sur ses acquis. Seulement, depuis quelques temps, j’ai le sentiment que la nature de la pression de Clément est toute autre. Quelque chose en plus du passage au statut de professionnel. Peut-être également lui en faire la remarque, quoique je doute de ma finesse sur celle au sujet de sa présence dans les loges… Surtout à l’écoute de sa réponse, fébrile.

Toujours debout, immobile dans l’entrebâillement de la porte, ma main sur la poignée, c’est d’un simple hochement de tête que j’accueille sa réplique à propos de sa veste. Une veste comme jetée au sol, autant dans mon champs de vision que le sien que je fais pourtant mine de ne pas voir. Pas besoin de le décontenancer. “Tu as regardé sur le portant à costumes ? Je vais y jeter un coup d’oeil” Un moyen de m’extraire de l’entrée des loges et de fermer la porte de celle-ci, bien que le portant soit juste à côté. Silencieux. Propice à l’écoute. Car si c’est la première fois que je surprends Clément dans un tel état, ça n’est pas la première fois que j’adopte cette posture d’écoute à son égard. Des entrevues dans lesquelles il se questionne et me questionne, répondant à ses doutes et le conseillant. Le point d’honneur mis sur une expression sans détours et sincère quelque soit la circonstance. Et à la décomposition de sa voix à l’instant même, je sais qu’il est des plus importants de ne pas trahir cette sincérité. Je ne saurais pas en faire autrement.

Ecoutes Clément, à vrai dire je m’attendais à ce que tu abordes le sujet. Que se soit avec Charles ou avec moi. Tu ne l’aurais pas fait l’un de nous deux aurait été te trouver.” Le cadre aurait été sûrement moins intimiste, mais les propos tenu tout aussi importants. Trop important d’ailleurs pour lui parler d’un bout à l’autre des loges, attendant que sa respiration se calme pour continuer, à présent adosser à la table face aux miroirs pour lui parler.
Je ne vais pas te mentir, et tu le sais déjà : ta performance d’aujourd’hui n’était pas juste.” Et même si le mot peut être déplaisant, je sais que Clément connaît mon aversion pour les périphrases. Pourtant, je n’ai pas le ton dur. Sobrement calme. Un compte-rendu formel dans une volonté d’une meilleure compréhension.“Mais de là à dire que c’était un carnage il y a un fossé ! Et plus encore si tu te considères comme étant nul” Car si Clément reconnait ses erreurs sur le plateau, je l’ai rarement vu donner une légitimité à son travail et son talent. “Tu n’es pas nul. Tu es exigeant avec toi-même. Charles t’en demande beaucoup, je t’en demande beaucoup, on doit surement beaucoup t’en demander en dehors du théâtre… Mais ça n’est rien comparé à ce que tu te demandes à toi-même. C’est normal, d’être sous pression; plus problématique quand elle prend le dessus sur le reste…” On en revient toujours à cette tension à laquelle Clément fait face. Et même si je suis persuadé que c’est de là que réside le vrai problème, j’hésite à continuer. Même si Charles et moi avons une vision du jeu du comédien et scénique complémentaire si ce n’est similaire, je ne voudrais pas donner un avis en opposition avec celui de notre metteur en scène. Pourtant...
Pour ma part, je pense que le problème ne réside pas dans ton jeu ou ton interprétation mais dans l’image que tu as de ton jeu de ton interprétation. Quand tu te mets à juger de ta performance pendant que tu joues, tu en perds toute justesse. Comme aujourd’hui.  Mais j’ai comme l’impression que ça n’est pas tout...” Car je peux développer aussi longtemps, c’est l’avis de Clément qui est primordial si je désir être pertinent.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyLun 15 Jan 2018 - 14:42

Andreï c'est cet homme un peu mystérieux qui ne parle que quand il a quelque chose de pertinent à dire. S'il n'a rien à dire, il se tait tout simplement et se fait oublier. Il lui arrive de rester dans son coin, a griffonner des choses et d'autres sur son carnet, un air peut-être un peu soucieux sur le visage mais surtout avec une grande concentration. Et de plus en plus, Clément se surprend à comparer ce russe avec Ambroise. Son meilleur ami et Andreï se ressemblent sous bien des points. Autant physiquement car ils ont tous les deux ce genre de physique atypique, cheveux noirs, yeux plus ou moins sombres, des muscles fins et des traits pas mal marqués -bien que ceux d'Andreï soient un peu plus doux que ceux d'Ambroise. En vrai, Clément pense bien que les deux s'entendraient à merveille.

C'est d'ailleurs surprenant qu'Andreï lui dise qu'il va l'aider à chercher sa veste alors qu'il est juste à côté du vêtement. Peut-être est-ce une simple excuse pour s'avancer et le rejoindre dans les loges ? Peu importe, Clément est content de le voir ici, donc il ne le repoussera pas. Il le laisse donc le rejoindre alors qu'il commence à se dénigrer, disant que sa prestation de ce soir était horrible, un vrai carnage de débutant. Andreï attends quelques instants, laisse passer les secondes comme s'il réfléchissait aux meilleurs mots à utiliser. Et au final, lorsqu'il prend la parole c'est sur un ton relativement doux, contrastant un peu avec la dureté de ses mots. Oui, sa prestation n'était pas bonne. Clément lui a demander d'être sincère donc il ne peut pas lui en vouloir de dire ça. Mais malgré tout, ce sentiment de malaise s'installe de plus en plus en lui. Cela dit, a l'instar d'Ambroise, Andreï parvient à trouver les mots justes, ceux qui le rassure et le conforte dans l'idée qu'il a une bien trop mauvaise estime de lui-même.

Et quand c'est le scénographe qui le dit, Clément peut être sûr que ce soit la vérité. Il ne mâche pas ses mots, mais parle tout de même avec un certain tact. En lui disant que non, il n'est pas nul, qu'il est simplement exigeant avec lui-même, Andreï parvient à raviver légèrement cette étincelle d'espoir en Clément. Ce n'est pas encore un brasier, encore moins un feu, mais le comédien sait déjà maintenant qu'il ressortira des loges avec le cœur un peu plus léger. D'après Andreï, le problème n'est pas son jeu mais bel et bien l'image qu'il a de son jeu. Quand il ne se juge pas trop durement, il parvient à jouer avec beaucoup de justesse. Mais si, toutefois, il se met à trop penser et trop se juger, ça résulte en une prestation médiocre comme aujourd'hui. Sauf que le russe est persuadé que ce n'est pas que ça qui le met dans cet état.

Et comme Ambroise, il voit juste. Clément baisse le regard et se tourne lentement, croise les bras et hésite. Il grimace, pince les lèvres puis s'avance et va s'asseoir à nouveau à la place à laquelle il était avant.  «Je ... » il déglutit et soupire  «j'arrive pas à lâcher prise comme d'habitude. J'arrive pas à mettre de côté ma vie personnelle et j'arrive pas à entrer totalement dans le personnage. Ça ne devrait pas empiéter sur mon jeu, mais je ...  » il se tait, se passe une main sur le visage et dans les cheveux avant se redresser et croiser les bras en s'adossant contre le mur.  «Je suis entrain de faire connaissance avec ma famille. » avoue-t-il finalement  «Ma vraie famille. Ma famille biologique …. » souffle-t-il en précision lorsqu'il voit le regard interrogateur du jeune homme  «J'ai apprit à Noël dernier que j'ai été adopté et ce ...enfin tu t'en doutes que ça chamboule toute ma vie quoi » il hausse les épaules  « Encore une fois, je devrait laisser tout ça de côté lorsque je suis sur scène, mais c'est juste pas possible. Je veux dire ...j'arrive pas à me défaire de ...la rancœur envers ma mère pour m'avoir cacher tout ça pendant 23 ans, la rancœur contre ma génitrice de débarquer comme ça dans ma vie, d'un coup mais aussi le bonheur d'apprendre à les connaître, le stress et la panique que leur venue ce soir engendre, la rage constante contre mon beau beau père qui ne fait pourtant rien, mon amour pour ma mère qui est bien plus fort que la rancœur et surtout ce besoin de plus en plus intense d'être auprès mon meilleur ami... » il soupire doucement et secoue la tête en déglutissant, haussant les épaules  «Faut que je fasse un trie dans ma tête, ça va plus là » dit-il en rigolant nerveusement.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyJeu 18 Jan 2018 - 17:58


D’une façon générale, je suis peu enclin à la tergiversation et aux dialogues creux et formels quand le sujet abordé demande confrontation. Mais je sais qu’avec Clément, il n’est jamais question de se perdre dans ce genre de formules détournées. Ce qui facilite pour beaucoup le travail en commun au sein de la compagnie, mais également ce type de conversations plus intimiste. Pourtant, on ne peut parler de soi-même sans y déceler une pointe d’hésitation. Non pas de la réticence à aborder sa vie privée, mais peut-être simplement ce même désir de ne pas s’y attarder trop longtemps, conscient de ne pas vouloir sonner comme une plainte. Mais là encore ça n’est pas le genre de Clément de se perdre dans la mièvrerie. Rien n’est prétexte pour s’apitoyer. Et même s’il n’est pas aisé de déterminer l’impact des évènements qui le taraudent, il n’en reste pas moins conscient de leur existence. Et c’est de la même oreille attentive que j’attends les explications de Clément sur ce qui me semble être la raison principale de ses difficultés à jouer pleinement.
C’est avec un léger hochement de tête que j’accueille sa réponse, à la fois signe d’encouragement à poursuivre et d’assimilation de l’information. Non sans lui adresser un regard interrogateur à un aveu qui n’en est pas des moindres : ainsi, Clément a récemment découvert son adoption. La lumière se fait sur tous les questionnements que je pouvais avoir à propos de son état. En effet, dur d’alimenter son jeu quand ses propres repères que l’on pensait acquis sautent en un rien de temps devant nos yeux. Mais je préfère encore une fois me taire, attentif aux conséquences de ce contrecoup et de son impact sur ce comédien en devenir. Car bien que ça ne soit pas ce type de sujet sur lequel je suis habitué à m'épancher longuement, je reconnais quand l’épreuve à surmonter est complexe et difficile. Et dans le cas de Clément, elle est loin d’être anecdotique.
Faut que je fasse un tri dans ma tête, ça va plus là

Bras croisés , toujours adossé à la table des loges, je ne suis cependant pas insensible à la remise en question auquel Clément doit faire face. Car bien que les raisons qui l'y ont poussé divergent des miennes à l'époque de ma formation de comédien à Moscou, je ne me reconnais que trop bien dans ce besoin d'être au clair avec soi-même. Même si sans Charles je ne veux pas me lancer dans des conseils trop précis en ce qui concerne le jeu de Clément, rien ne m'empêche de parler en termes d'expérience. Sur un ton moins théorique. Plus personnel, mais sans non plus tomber dans la sentimentalité, un langage corporel cependant plus détendu.
C'est certains : tu ne peux pas faire comme-ci tout ce qui se passe autour de toi n’existait pas. Et ça arrive sûrement mal à propos dans cette période où l'on te demande de donner le meilleur de toi...” C'est un fait indéniable, ça n'est pas l'environnement le plus serein dans ce contexte de passage en cursus professionnel. “ Mais, après tout, je crois que c'est là que réside l'intérêt du comédien : on ne demande pas à une coquille vide de s’emparer d’un rôle. A défaut de faire abstraction de ce qui te préoccupe, il est essentiel de composer avec. C'est bien le meilleur conseil que l'on m'avait donné à l'époque. ” Tout du moins celui qui m'a fait tenir les 3 années. “Si tu as besoin de crier sur scène, crie. Si les larmes te viennent, pleure. C’est ce genre de lâcher prise qui est permis aux répétitions et dans le travail de tes scènes. Sans pour autant te laisser submerger par ces sentiments, ça n'en serait pas plus bénéfique. Simplement les prendre en compte.” Un dépassement de soi sur le fil du rasoir qui pousse dans ses retranchement, je ne le sais que trop bien. “Et je préfère te voir te planter une bonne fois pour toute parce que tu auras ouvert les vannes plutôt que te sentir dans le contrôle permanent de ce qui pourrait rendre ton jeu médiocre. Mais c’est aussi une étape à franchir pour passer en pro. A force de vouloir trop contenir, on fini par craquer. Et je te parle en connaissance de cause.” Avec, certes, des facteurs différents. Mais le résultat reste le même. Et rares sont les fois où je me suis aventuré à parler de ma propre expérience du jeu et du travail de comédien. Pourtant, il m'a semblé pertinent d'en faire part à Clément. Bien que c'est un travail à long terme, pour l'aider à le faire relativiser. Ou du moins le temps de la représentation de ce soir.

Bon. Comment tu te sens pour ce soir ? ” Et quelque soit sa réponse, il n’est pas question que je laisse Clément ressortir de ses loges dans le même état d’esprit dans lequel il y est rentré.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptySam 20 Jan 2018 - 12:25

Clément ne sait pas pourquoi il parle aussi ouvertement à Andreï. Certes, il s'entend très bien avec le scénographe, mais leur relation était purement professionnelle. Rien de plus. En lui racontant tout ça, ses remises en questions engendrées par l'aveu de son adoption, la galère de sentiments contraires que s'est dans sa tête actuellement, il donne a Andreï un statut de vrai ami, un confident. Au même niveau qu'Ambroise. A cette pensée, un sentiment de malaise grandit en Clément. Il ne peut pas. Il n'a pas le droit de placer Andrei et Ambroise sur le même podium, c'est horrible pour son meilleur ami avec qui il a une réelle histoire et avec qui il a vraiment créer une relation digne de ce nom. Ce ne serait pas juste de le comparer au russe qu'il ne connaît qu'à travers le merveilleux boulot qu'il fournit.

Clément finit par secouer la tête et lève son regard sur le jeune homme afin de se focaliser sur ce qu'il lui dit. Tout d'abord, Andreï le comprend : tout ce qu'il vit n'est pas anodin. Au moins il a la sagesse de l'admettre et le comprendre. Baissant le regard, Clément hoche doucement la tête en se mordillant la lèvre inférieure. Mais le slave reprend rapidement, lui disant que jamais personne ne demandera à un quelconque acteur d'être une coquille vide qui prend simplement un rôle sans rien ajouter de plus. S'il a envie de crier ou de pleurer, qu'il le fasse. Vaut mieux pour lui de relâcher la pression une fois pour toute plutôt que d'être trop calculateur et trop réfléchis. Il faut qu'il soit plus détendu, plus calme et surtout qu'il ait confiance. Qu'il se laisse aller, en somme. Car Clément il a du potentiel. Il sait qu'il n'est pas mauvais, que son jeu est même plutôt bon, mais il n'arrive pas à lâcher prise.

 «Je ... » commence-t-il avant d'hausser les épaules et soupirer  «T'as raison, mais c'est trop dur. Je veux dire ... » il se passe une main sur le visage  « J'ai pas envie de me foirer. Je ...j'ai l'impression que lorsque je me relâche un peu, que je met un peu de côté tout ça, je perds tout ce que j'ai acquis et ça me stress encore plus !» s'exprime-t-il avant se redresser, s'adosser contre le mur et croiser les bras  «J'ai foiré et je ...je crois qu'il faut que j'arrête pour aujourd'hui  » il soupire doucement, hésite puis relève son regard sur andreï  «T'as déjà vécu ce genre de situation ? Quand ? Pourquoi ? Comment t'as ...géré tout ça ? » demande-t-il, même s'il est quelque part persuadé que le jeune homme ne lui révélera pas son passé.

Lorsqu'il lui demande comme il se sent pour ce soir, Clément se fige instantanément, prit d'une brusque bouffé de chaleur.  «Je ...hum … incroyablement idiot et minable... » souffle-t-il essayant de reprendre le contrôle sur sa respiration qui se fait de plus en plus laborieuse.  « Je vais pas y arriver ce soir. Ce ...c'est pas possible ...» parvient-il a articulé, la gorge serré alors que ses poumons semblent de moins en moins enclin à faire leur travail correctement. Fermant les yeux et se penchant en avant, il s'appuie sur ses genoux et prie pour ne pas mourir étouffé aujourd'hui.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyLun 22 Jan 2018 - 19:58


Le regard rivé sur Clément, la même écoute attentive qu’au début de notre échange, pourtant en proie à plusieurs constatations. Je peux bien tenter de trouver le mot juste pour le faire aller de l’avant, tant que Clément n’aura pas réussi à faire retomber son anxiété, je ne peux pas l’aider à reprendre confiance en son jeu à moi seul quelque soit l’argumentaire apporté. Mais si je comprends qu’il n’est pas facile de se concentrer sur sa performance seule au vu des évènements évoqués, je ne peux pas le voir baisser les bras à ce simple échec. Secouant doucement la tête de gauche à droite à la négative comme m'apprêtant à répliquer, je me refrène néanmoins percevant la légère hésitation de Clément.

T'as déjà vécu ce genre de situation ? Quand ? Pourquoi ? Comment t'as ...géré tout ça ?
C’est par un silence que j’accueille la question de ce dernier. Pas de ces silences plombant auréolés d’un voile dramatique. Un simple silence de circonstance qui accompagne une réflexion concise mais cependant nécessaire. A vrai dire, je me doutais que Clément viendrait à éprouver une possible curiosité vis-à-vis de mon propre vécu. C’est plutôt l’éventualité de lui parler en détail de mes années de formation à l’école de Moscou que je n’avais pas pris en compte. Car même si ce type d’informations fait parti de mon CV et donc à la portée de tous, c’est un ressenti bien plus personnel qu’il me demande d’apporter ici. Et bien que je ne tiens pas à faire de mon passé un secret d’état ou d’en mystifier la réalité en n’en parlant qu’à demi-mots, je n’ai jamais cherché à l’évoquer dans un contexte de confidence. Car à ce stade là, la frontière de la discussion professionnelle formelle à été dépassée depuis longtemps. Là où il n’est plus seulement question d’apporter un éclairage sur le jeu de Clément mais d’une mise au point sur les évènements qui rythment sa vie actuelle. Il serait alors hypocrite de ma part de contourner ce qui pourrait lui permettre de prendre du recul sur lui-même. Sans tomber dans le récit, toujours avec cette volonté d’apporter des clefs utiles à Clément. Un ton que je sais cependant malgré moi moins conciliant quand il s’agit de Moscou. Ferme, sans non plus tomber dans la dureté.

Ecoutes, avant d’exercer une profession en accord avec ce que l’on souhaite développer, on a tous du à un moment ou un autre passer par là. La remise en question, ne plus savoir si cette place est bien la nôtre, si l’on est à la hauteur des attentes de chacun. D’autant plus si, comme toi, on a une certaine exigence avec soi-même.” Une exigence essentielle pour se lancer dans ce métier mais qui peut vite tourner à l’acharnement. “Il n’est pas nécessaire d’épiloguer à propos de mon parcours professionnel mais il n’est pas superflu de te dire qu’avant de me diriger vers la scénographie, j’ai suivi une formation de comédien à l’école d’arts dramatique de Moscou.” Je ne saurai dire si Clément avait déjà été mis au courant de ce détail. Une précision bien plus contextuelle que personnelle. Bien moins personnelle que celle sur mon état d’esprit tout au long de mon cursus dont je me passerai de remarques : si j’accepte d’aborder ce sujet avec Clément, ça n’est pas pour discuter de mes états d’âme. “Je n’aurai rien à redire sur cette formation si le métier de comédien était celui auquel je me destinais. Mais le fait est que je me suis foiré. En plus de me faire comprendre que je ne supporte simplement pas la scène, c’était ma vie que je foutais en l’air si je ne trouvais pas une reconversion. Mais ce sont en parties les raisons pour lesquelles j’ai compris que je ne voulais pas être comédien qui m’ont permis de réaliser que ce que je recherchai se trouvait dans le métier de scénographe.” Me relevant de la table sur laquelle j’étais adossé “Je n’ai pas fini cette formation car j’ai eu la chance de faire la bonne rencontre au moment où j’aurai fini par tout plaquer... Mais ça on s’en fou. Si je te dis tout ça ça n’est pas simplement pour le plaisir, c’est parce que on s’est tous planté à un moment donné. On a jamais vu un comédien professionnel au parcours linéaire. Et c’est ça qu’il est important que tu comprennes.
Peut-être pas dès ce soir, mais au moins le message sera passé. Et c’est bien l’un des rares contextes dans lesquels je peux me prêter à survoler l’époque de ma formation. Enfin, pour l’heure, c’est toujours de Clément dont il est question. Loin de toute forme de sérénité pour passer sous les projecteurs, je ne suis pas enclin à le laisser se morfondre dans des lamentations. Encore moins dans ces loges.

C’est avec douceur que je tends la veste de Clément à l’instant ramassée sur le sol. Peu habile quand il s’agit de calmer les angoisses d’autrui, je suis tout de même sûr d’une chose : pour le moment il n’est pas question de ressasser les mêmes frustrations. Ca en devient néfaste.
Clément ? Prends ta veste. Je t’avoue que je l’avais déjà repérée depuis un moment, mais je n’aurai pas sur engager la conversation autrement.” Si je suis persuadé qu’il l’avait déjà deviné, on ne pourra pas m’enlever ce besoin de sincérité. “Ce que je te propose, c’est de prendre le temps pour te calmer un peu. Et qu’on sorte de ces loges. On va se prendre un verre au bar du théâtre, à cette heure-ci il n’y a personne. Et tu me donneras les raisons qui te font dire que tu n’y arriveras pas ce soir. Que je puisse m’ôter l’idée que ce sont des plaintes sans fondement et que tu arrives à quelque chose ce soir, ce dont je suis persuadé.” Si certains auraient le réflexe naturel d’aller entourer mon ami de leur bras, je préfère de loin l’action aux cajoleries. Incapable de témoigner l’expression d’un réconfort d’une quelqu’autre façon que ce soit. Pourtant bienveillant.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyMar 23 Jan 2018 - 12:35

Andreï agit parfaitement bien en ne bougeant pas lorsque Clément, en proie d'une crise de panique grandissante, a du mal à respirer. Il lui laisse l'espace nécessaire pour ne pas l'étouffer d'avantage et, malgré tout ce qu'on pourrait croire, c'est la meilleure façon d'agir, de le calmer. Andreï lui offre tou de même quelque chose à quoi s'accrocher : sa voix et son ton calme et posé. Celui qu'il utilise tout le temps. Et même si Clément ne suit pas le début de ses paroles, il fini par prendre le fil en cours de route, au moment où le scénographe lui avoue avoir suivit une formation de comédien à l'école d'art dramatique de Moscou. Voilà qui est étonnant. Tellement étonnant que Clément en oublie la crise de panique par laquelle il est presque passé. Relevant le regard, il l'observe avec bien plus d'attention et attend qu'Andreï reprenne la parole pour lui donner d'avantage d'explications.

Il n'aimait pas la scène mais, pire encore, il foutait sa vie en l'air avec cette formation. De quelle façon ? Pourquoi ? Que faisait-il ? Tant de questions fusent dans l'esprit de Clément, mais il ne peut en poser aucune car il ne veut pas mettre Andreï mal à l'aise et ne veut surtout pas le stopper dans son récit. C'est à cause de -ou plutôt grâce à -cette reconversion forcées, qu'il a découvert qu'il était d'avantage fait pour le métier de scénographe car c'est ce qui l'intéressait le plus au niveau du théâtre. Il est persuadé que chacun se plante à un moment donné de ses choix, qu'aucune carrière d'aucun comédien n'est totalement linéaire.

Clément hoche doucement la tête, entendant et comprenant parfaitement tout ce qu'Andreï lui dit.  «Je vois » souffle-t-il en prenant une profonde inspiration  «Tu dois avoir raison. C'est juste que ...je sais pas comment lâcher prise. En général c'est grâce au théâtre que j'arrive à lâcher prise. Le théâtre et la danse. Mais là je ...y a rien qui m'aide à me détendre ... » il déglutit et hausse les épaules alors qu'Andreï lui tend la veste qu'il vient de ramasser. Il l'attrape en l'interrogeant du regard, un très léger sourire étirant ses lèvres en l'entendant lui dire que c'est grâce à la veste qu'il a put engager cette conversation. Le remerciant d'un hochement de temps, Clément se redresse alors que le scénographe lui propose de sortir des loges, boire un coup au bar du théâtre et qu'il sera tout ouï si le néo zélandais veut lui expliquer correctement tout ce qui le tracasse et lui fait dire qu'il n'est pas prêt pour ce soir.

Silencieux, Clément le suit, éteint la lumière, ferme la porte et traverse le couloir jusqu'au bar. Il commande une bière puis va s'asseoir à une table. Il attend qu'Andreï arrive avec sa propre boisson, se prend le temps de prendre une longue gorgé puis repose le verre en soupirant doucement.  «Je ne sais pas si je vais y arriver ce soir parce que ... » il pose son regard dans le liquide brun de sa boisson  «...parce que je me suis foiré tout à l'heure » il soupire  « Oui, on dit que si la répétition générale foire c'est que c'est un bon signe mais ...c'est pas la même chose. Je … je ressens pas la même chose que d'habitude, tu vois ? Je veux dire … je connais mon texte, cela va de soit, mais ….et si je me foire de nouveau comme avant ce soir ? Si je refais de nouveau ces putains d'erreurs de débutant qui font que je gâche aussi le jeu des autres ? Devant toutes les personnes qui on payé pour voir quelque chose de bien  ? » il secoue la tête  «Pourquoi je me pose toutes ces questions ? Pourquoi ce soir et pas la dernière fois qu'on a joué ?» il déglutit et pince les lèvres  « Je me fatigue, sérieusement » s'énerve-t-il contre lui-même alors qu'il reprend son verre en main sans le lever de la table.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyVen 26 Jan 2018 - 19:39


Mesuré dans mes actions et dans ma parole, il me semble que le début de panique de Clément a fini par se calmer. Une respiration moins haletante, c'est avec attention qu'il écoute mes propos. Et je sens que le récit de mon passé ne l'a pas laissé indifférent. Une curiosité attisée par un récit volontairement succinct, jugeant inutile de rentrer dans les détails d'un début de parcours épineux. Malgré tout, je me surprends à envisager de parler avec plus de précisions de cette formation avec mon jeune ami. Plus tard, peut-être. Si j'en juge la nécessité importante. Car s'il m'est difficile de m'y attarder aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'il en serait dans un autre contexte.
Pour l'instant, la priorité est surtout de permettre à Clément de mieux comprendre pourquoi la répétition de cette après-midi le laisse en proie à un tel désarroi. D'autant plus que c'est en règle générale pour lui un moyen de mettre de côté ce qui le taraude. Habituellement saisit par un véritable lâcher prise quand il s'agit de jouer ou de danser, la perspective de la représentation de ce soir le tétanise. Et c'est pris par une forte impression de tourner en rond que ma proposition de sortir des loges se formule. Une intuition qu'un air extérieur à celui-ci lui ferait le plus grand bien. C'est donc d'un hochement de tête que Clément m'emboite le pas, non sans lui avoir préalablement rendu sa veste qui n'était pas passé inaperçue à mes yeux.

A cette heure-ci, le bar n'est jamais bien rempli. C'est d'ailleurs assez aisément que Clément nous trouve une place le temps que l'on me serve ma pinte. Assis face à lui, une table éloignée des consommateurs du bar, je lui laisse le temps de laisser retomber la pression de toute à l’heure. Pas besoin de tergiverser : Clément reprend assez vivement contenance. Sans détours, enchaînant sur la question préalablement posée. Et il faut croire que c’est bel et bien la répétition de cette après-midi qui affecte Clément. Suffisamment pour ne plus se sentir prêt pour jouer devant un public. Et cette constatation à l’air de pas mal l’agacer. Fatigué de tout ces questionnements, incapable d’y répondre. Pourtant, de mon point de vue extérieur plusieurs réflexions m’assaillent, pertinentes quand à la situation de Clément. Une gorgée de la bière brune m’octroyant du temps supplémentaire afin de formuler le cours de ma pensée. Construite et méthodique.

Bon. C’est évident, il y a un vrai travail à faire sur ton anxiété et sur ton rapport à la scène. C’est certains. Mais sur ce point, je préfèrerais que tu ailles en parler directement avec Charles. Lui pourra te conseiller et te diriger plus correctement que je ne pourrais jamais le faire.” Je ne vais pas m’octroyer la prétention de pouvoir prendre possession de son jugement de metteur en scène aguerri.  “En revanche, tu as bien raison sur un point, la question relevante ici est bien pourquoi particulièrement aujourd’hui ?” Car si d’une façon globale, je suis peut-être impuissant pour aider Clément à relativiser, la cause de son angoisse particulière pour aujourd’hui me semble toute trouvée. “Tu m’as dis que ta mère biologique venait te voir pour la première fois ce soir sur scène c’est bien ça ? Dis-moi sincèrement : si tu ne la savais pas ce soir dans la salle, ou si elle était tout bonnement absente, ton état serait-il le même ? Ou tu te sentirais déjà plus confiant ?” Une pression extérieure différente des autres jours assez particulière pour miner la concentration et le sérieux de Clément.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyVen 2 Fév 2018 - 18:03

Parler. Voilà ce dont Clément a besoin ce soir. Il doit parler, déverser tout ce qu'il a sur le cœur. Et même si Andreï n'est pas des plus chaleureux, même s'il donne souvent l'impression de s'en foutre de la vie des autres acteurs, il fait parti de ceux en qui le jeune comédien a réellement confiance. Sans doute, justement, parce qu'il s'en fout de la vie des autres. Tellement qu'il n'irait sans doute pas répéter tout ce qu'il sait déjà ou va apprendre sur Clément aujourd'hui. Il est une tombe, il ne parlera pas et ne salira pas la réputation du néo zélandais dans la compagnie. Enfin, encore faut-il qu'il ait une réputation et qu'elle puisse être détruite. Mais peu importe.

Les questionnements d'Andreï sont parfaitement pertinente. Pourquoi ? Pourquoi particulièrement aujourd'hui ? Bien s'accrocher et se rapprocher de ses rêves ? Nous permette de se retrouver tellement haut que les étoiles touchent nos épaules ? Le temps qui s'envole, les yeux que Clément s'interdit de fermer sur la réalité. Quelle est-elle, cette réalité ? Est-il vraiment fait pour être comédien ? Charles ne met-il pas trop d'espoir en lui ? Et avec tout ça, après chaque baiser qui prouve que L'amour n'est pas un manège à sensations fortes, Cléments se rend facilement compte que tout ce qui nous transporte plus haut peu aussi nous mettre la tête a l'envers.  « la vie n'est un carrousel » souffle-t-il, le regard toujours rivé sur sa bouteille.

Soupirant doucement face au manque de réaction du scénographe, Clément relève la tête, son regard se posant sur cette expression d'incompréhension qui est fortement visible sur le visage, pourtant souvent inexpressif, du slave. Arquant un sourcil, se rendant compte de ce qu'il vient de dire, le jeune comédien rougit fortement et secoue la tête  « désolé» souffle-t-il, baissant à nouveau le regard  « oublie ce que je vient de dire, c'est con et idiot ...» se dénigre-t-il à nouveau.


Fort heureusement, Andreï ne semble pas lui en tenir rigueur et, égal à lui même, reste rationnel et précis, lui demandant d'être sincère : est-ce la présence de sa mère biologique qui le met dans cet état ? S'il ne savait pas qu'elle était là, serait-il plus serein ? Se mettrait-il moins de pression et pourrait-il être plus calme et donc moins calculateur dans son jeu ?  « Je ...je sais pas ...» secoue-t-il la tête  « Enfin, je veux dire . … si sûrement que je me met un peu plus la pression parce que je sais qu'elle va être là et que je n'ai pas envie de la décevoir. Je … j'ai vraiment envie de ça fonctionne entre nous, de ...construire quelque chose avec elle. Je ne me fait de fausses idées, je reste rationnel, je sais qu'on ne pourra jamais rattraper le temps perdu mais … je sais pas. J'ai vraiment pas envie de foirer et de me présenter sous un mauvais jour avec elle. J'ai pas envie qu'elle pense que je sois incapable de jouer face à un publique alors que je ne cesse de lui parler de ma grande passion pour le théâtre» clément soupire doucement et dégluti  « Je lui ai même révélé mon rêve d'atteindre Broadway un jour ...» avoue-t-il en pinçant les lèvres  « J'aurais pas dû...» souffle-t-il en prenant une gorgé de sa boisson.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyDim 4 Fév 2018 - 19:33


Beaucoup de choses doivent défiler dans l’esprit de Clément. Le regard perdu en direction de sa bouteille, comme submergé par l’inconnu, c’est silencieux que j’attends une réaction de sa part. Bien conscient qu’il ne sert en rien de meubler un silence abyssal, je préfère me taire pour laisser l’espace de réflexion nécessaire à ses pensées à la dérive. Cependant toujours là quand il en a besoin, tel un phare lui permettant de regagner le rivage lorsque la mer est trop houleuse. Car, étrangement, ce n’est pas le première fois que je me retrouve à conseiller Clément quand le raz-de-marée de ses émotions prend le dessus sur sa rigueur professionnelle. Des instants où le jeune homme parle à coeur ouvert. Sans non plus m’inonder d’un flot de paroles. Et si je tiens toujours à mettre une distance entre ces instants d’épanchement personnel et mes propres impressions, j’éprouve tout de même un intérêt à ces entrevues. Animé par le désir de voir ce comédien prendre le large et pleinement s’émanciper sur scène. Car s’il ne me viendrait jamais à l’esprit d’aller éprouver la curiosité de connaître chaque détail de la vie de Clément, il devient essentiel d’en aborder le sujet pour contourner le naufrage. Et c’est sans avoir esquissé le moindre geste qu’il brise le silence “la vie n’est un carrousel

Si plusieurs choses ont déjà pu me surprendre par le passé, c’est rarement que je le laisse percevoir. Pourtant, la réflexion de Clément à le don de me laisser dans le vague. Ce type de phrases, écoulement logique d’un flux de pensées dont seul la conclusion est exprimée à voix haute, reste pour moi hors de porté. Et si mon naturel analytique élabore de lui-même des assomptions à cette remarque, je choisis de ne pas rebondir sur ce qui me semble provenir de ses profondeurs reflectives. Une attitude qui n’est pas sans provoquer une légère gêne chez Clément à laquelle je prends temps de répondre de ma constance caractéristique. “Je n’irai pas porter un tel jugement sur ce qui me semble être le fruit d’un océan de questionnements

Ne perdant pas de vue le motif de notre entrevue inopinée, l’onde de mes pensées se redirige vers un paramètre évoqué précédemment par Clément : la venue de ses parents biologiques à la représentation. Mais si de mon côté il ne fait aucun doutes que cet élément est déclencheur de sa peur d’échouer pour ce soir, il semblerait que le typhon du doute se soit abattu sur Clément. Mais, au-delà du simple fait de l’avoir invité à venir le voir jouer, c’est surtout par l’évocation de son désir de fouler les planches de Broadway qu’il s’en veut. Et je comprends tout à fait cette culpabilité qui nous fait dire que la barre a été placée beaucoup trop haut. Une prétention de l’excellence lorsque l’on n’a pas une confiance en soi difficile à assumer car c’est quand tu prends confiance à la confiance que tu deviens confiant. Toujours suivant ma volonté de bon sens cartésien, c’est tourné dans ce sens que ma réponse se formule à Clément.
Ecoutes, je n’ai pas la prétention de vouloir parler à sa place, mais au vue de vos retrouvailles récentes, je ne crois pas que ce soit ce genre de pensées qui lui traversent l’esprit. Elle sait que tu es encore en apprentissage non ? Et si on n’en fini certes jamais d’apprendre, elle sait que ton travail ne pourra pas être celui de 10 ans de métier. ” Et même si j’entends que Clément veuille lui plaire, je n’exprime cependant pas le fait de le comprendre. Car si je ne suis pas du genre à ressasser mon propre passé, je ne peux toujours pas énoncer de parallèles dans les situations qui demandent d’évoquer mes propres géniteurs. “Mais je ne peux pas te laisser dire que tu n’aurais pas dû lui parler de Broadway. Au contraire. Tu m’as déjà dis que c’était ce rêve qui te motive dans tout ce que tu entreprends. Une motivation qu’il ne faut pas dénigrer. Encore moins ce soir. ” Peut-être répliqué un peu brusquement, mais je sais à quel point il est important d’être sûr de ses objectifs. Surtout dans la voie que veut emprunter Clément. Danseur, comédien, d’une implication à la limite du surmenage, ça n’est pas le moment pour lui de s’écraser de la sorte.

Prenant une gorgée de bière avant de relancer mon interlocuteur. “Tu sais, peut-être que tu te dis que tu vises trop haut, mais c’est normal de douter. Il faudrait être con pour avoir une assurance à toute épreuve. Mais si tu stresses maintenant, c’est aussi parce que tu ne te sens pas prêt.” Sur un ton rassurant autant que compréhensif. “Mais c’est important que tu te rappelles que  tu as encore le temps pour l’être. Et si tu dois bien sûr y donner le meilleur de toi, la représentation de ce soir fait parti de ce temps à investir : formateur.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyMer 14 Fév 2018 - 17:01

Ce n'est pas dans les habitudes de Clément que celle de se dénigrer de la sorte. Et pourtant, ces derniers temps ça lui arrive de plus en plus souvent. Bien trop souvent au goût du jeune homme qui aimerait beaucoup comprendre pourquoi il se sent aussi peu sûr de lui depuis plusieurs semaines. Certes, avoir apprit au bout de 23 ans qu'il a été adopté est sans doute l’aveu le plus choquant auquel il ait dû faire face depuis longtemps. Mais est-ce réellement la seule raison de son mal être de ce soir ? Est-ce seulement ça qui fait qu'il n'a aucune envie de monter sur scène ? Ou du moins qu'il ne s'en sente pas capable ? Il ne saura le dire avec exactitude et quelque part il espère un peu qu'Andreï pourra l'aider dans son questionnement.

Assit face au slave, jouant nerveusement avec sa bière, Clément parle à cœur ouvert. Il n'est, en général, pas enclin à parler de sa vie personnelle avec qui que ce soit, encore moins avec Andreï, mais aujourd'hui il en a besoin. Il a besoin d'un avis extérieur sur sa situation et qui est mieux placé que le scénographe pour ce faire ? Le jeune comédien lui explique avoir évoquer son désir de fouler les planches New-yorkaise de Broadway à sa mère biologique et que ce n'était sans doute pas la meilleure des idées. Il place la barre très haute, trop haute, donnant ainsi, sans aucun doute, de fausses idées à Mary King. D'après Clément, sa prestation de ce soir va forcément la décevoir.

Pour cela, Andreï le contre dit. Il ne peut pas parler pour la jeune femme, mais il est sûr d'une chose : qu'elle ne le jugera pas sur une seule performance. Elle sait qu'il est encore en apprentissage et qu'il est bien loin du travail qu'il pourra faire dans 10 ans.  «Encore fait-il que je tienne 10 ans » marmonne-t-il, défaitiste, plus pour lui-même qu'autre chose alors qu'il reprend une gorgé de sa boisson. Andreï continu alors en lui disant qu'avoir évoquer Broadway était, au contraire, une très bonne chose. Il met, certes, la barre très haute, mais au moins il ne perds pas de vu ses rêves, ceux qui sont là pour le motiver dans tout ce qu'il entreprend.

Le beau ténébreux fini par reprendre en lui disant que c'est tout à fait normal de douter, que ne pas douter est un signe d'idiotie mais qu'en même temps, s'il stress maintenant, c'est peut-être parce qu'il ne se sent pas près. Mais encore une fois, il trouve les bons mots, ceux qui rassurent et qui retirent une certaine pression des épaules du comédien : il doit prendre cette prestation comme étant formatrice. Du genre qui lui permettra d'avancer d'avantage dans son chemin vers la comédie musicale.

 « T'as raison» souffle Clément  « Je ...je crois que le problème vient aussi de la pièce» avoue-t-il en pinçant les lèvres  « Je veux dire … dans un sens, j'ai l'impression de ...non, je m'identifie un peu trop au personnage que je joue» il laisse son regard river quelques instants sur la bouteille  « Jack a, comme moi, survécu à une catastrophe qui a changé sa vie et pas forcément pour le mieux» reprend-t-il, sa voix trahissant une certaine émotion  «Et ça concorde tellement bien avec le ... » il se tait et ferme un instant les yeux  « il y a 14 ans, jour pour jour, j'étais en Thaïlande, avec ma mère qui n'était pas loin de mourir, à la recherche de mon père et mon frère que le Tsunami a emporté à plusieurs centaines de kilomètre de nous» il resserre légèrement ses doigts autour de sa bouteille  « le 9 février on s'est retrouvé mais je ...» il lance un coup d’œil vers Andreï et soupire  « Je ne devrais pas me laisser guider par mes expériences personnelles ou alors j'aurais dû en parler avec Charles dès le début mais je ….je sais pas, je le vis bien tout ça, vraiment. Mais … je sais pas, cette année c'est pas comme les autres années. J'ai l'impression que ce vieux traumatisme ressort de nouveau et.... ça me fait flipper » fini-t-il en un souffle.

Déglutissant, le regard toujours rivé sur la table, Clément se rend compte que c'est la première fois depuis toujours qu'il évoque ce sujet avec quelqu'un d'autre qu'Ambroise. Bonnie est au courant de tout, jusque dans le moindre détail, mais à part lui, sa mère et la plus proche famille, personne n'est au courant de ce que les Winchester ont traversé 14 ans plus tôt. Et pourtant, ça lui fait du bien, à Clément, d'évoquer ça. C'était peut-être ce qui lui pesait vraiment ? Que sa famille biologique n'était qu'une excuse futile et inutile et que son mal être était, en vrai, bien plus profond et non aussi superficiel ? Allez savoir.
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyLun 19 Fév 2018 - 4:08


Mesuré dans ma parole, j’ai toujours pour habitude de peser chacun de mes mots quelque soit le sujet engagé. Mais j’ai le sentiment qu’il est d’autant plus important de choisir les miens avec tact vis-à-vis du doute auquel mon jeune interlocuteur fait face. Car si j’ai souvent pu observer son jeu scénique dans les multiples répétitions où ma présence est attendue, je commence petit à petit à connaître son tempérament en dehors de la scène théâtrale. Et lui non plus n’est pas du genre à s’ouvrir à n'importe qui, ni à se morfondre plus que ne le nécessite une situation. Son besoin d’extérioriser ce qui le taraude, ses aveux : je comprends maintenant petit à petit pourquoi Clément reste en proie à une profonde remise en question. Et si je sais me montrer une oreille attentive, je n’en suis pas moins étonné de la tournure très personnelle qu’à pris notre entretien spontané. Sur mes réserves et décris comme quelqu’un de très distant dans les couloirs du théâtre, je n’aurai jamais pensé recueillir ainsi les paroles de Clément qui se confie à présent à coeur ouvert. Mais c’est peut-être cet aspect de ma personnalité qui a poussé sa langue à se délier. En plus de son désir de se retrouver face à une parole franche. Car son moral au plus bas ne signale en aucun cas que je me retienne de le ménager : je n’ai jamais fait dans la complaisance, et ça n’est pas de complaisance dont à besoin Clément. De toutes façons, je ne saurais pas y faire.

Par réflexe, prononcé au milieu de mon récit entrecoupé, je ne peux m’empêcher de capter ce que prononce Clément presque dans sa barbe. “Encore faut-il que je tienne 10 ans”. Ce genre de remarque insidieuse dont il n’est pas bon de se marteler en tête sans qu’elle n’affecte n’importe quel état d’esprit. Même le plus combatif qui soit. Et si je ne relève pas directement sa réflexion, rebondissant dessus pour l’attraper en plein vol, je continue tout de même à lui donner des clefs pour reprendre confiance. En particulier à propos de Broadway. Un rêve de fouler ses planches qui, de source de motivation s’est transformé en source d’angoisse, d’appréhension et d’incertitude. Une incertitude et un doute que je ne manque pas de rappeler essentiel dans tous parcours et auquel nous avons tous dû faire face un jour. Quelque soit le chemin parcouru. Et je parle encore une fois ici en connaissance de cause. Et, à son acquiescement, j’ai bien l’impression que mes paroles n’ont pas été vaines et qu’elles ont su lui redonner quelque peu contenance.
Pourtant, je ne peux réprimer un léger froncement de sourcil à l’évocation d’un nouveau problème qui accule Clément : la pièce en elle-même. Silencieux, attrapant ma bière pour en prendre une gorgée, c’est sans geste brusque que je la repose sur la table durant un court instant de silence provoqué par lui. Comme cherchant ses mots, le regard fixé sur sa propre bouteille. Attendant simplement que Clément achève de m’éclaircir sur son identification trop intense avec le rôle qui lui a été attribué, sans empressement aucun de ma part.

Toujours silencieux, c’est impénétrable que je regarde Clément, ma main posée sur la table et entourant ma bouteille de bière. Sans tension aucune, un léger hochement de tête témoignage de mon écoute attentive face à l’ampleur de l’aveu. Clément aussi a eu sa dose d’évènements par le passé. Et si bien des personnes auraient pu s’y abandonner, Clément est lui toujours mu par cette volonté d’avancer. Dans l’optique incessante de parvenir à dépasser le blocage qui le tient en jouant, lucide quand à l’attitude à adopter vis-à-vis de la pièce et de la barrière impérative de placer entre expérience personnelle et personnage incarné. Et, ne l’ayant jamais vu se confier ainsi, ma première surprise de lui servir de conseiller n’en est que renforcée. Conscient de l’importance de cette étape de la vie de Clément, non pas ébranlé par son témoignage mais bien frappé par la sincérité avec laquelle il vient de me délivrer ce qu’il avait sur le coeur.

Prenant une lourde inspiration, égal à mon pragmatisme certains.“ Les vieux traumatismes ressortent souvent dans les périodes où l’on s'y attend le moins, étrangement lorsque l’on est le moins apte à y faire face. Ou alors ils nous affectent souvent d’une façon inattendue.” Et si je serai bien incapable de dire ce qu’il en est de ma propre personne, ayant toujours refusé d’évoquer un quelconque traumatisme pour aucun des évènements de mon propre passé, je sais qu’il n’en est pas de même pour mon frère. Car, bien que j’ai tout fait pour que notre séparation abrupte l’affecte le moins possible, Vassili en a profondément été marqué. C’est indubitable. Sa peur intime de l’abandon n’en est qu’une partie immergée de l’iceberg. Et, au vu du trajet parcouru par Clément, le traumatisme n’est pas des moindres. D’autant plus que le travail de comédien demande cette permanence mise à nue et recherche intérieure, rude quand des plaies pas totalement cicatrisées sont réouvertes.
Reprenant, cette même volonté d’aider Clément empreinte dans ma voix. “ Je comprends qu’il puisse être difficile d’établir cette barrière vu les circonstances.” Un calme sensé, mon regard en soutient de celui de Clément “Je pense qu’il est essentiel que tu abordes ce sujet avec Charles. A toi la liberté de rentrer ou non dans les détails, mais il est important qu’il soit mis au courant de ta difficulté de prendre tes distances avec ce rôle. Et je ne te dis pas ça simplement pour que ton jeu en ressorte meilleur.” Car, au delà du travail de comédien, c’est le quotidien de Clément qui en reste fortement impacté. “ C’est surtout pour que ton moral ne soit pas mis à plus lourde épreuve qu’il ne l’est déjà.


Dernière édition par Andreï Tedevski le Mar 27 Fév 2018 - 9:57, édité 1 fois
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Message(#)The most comon form of despair is being who you are || Andreï EmptyMer 21 Fév 2018 - 6:34

Clément se rend rapidement compte que parler de cet événement traumatisant lui est bénéfique. Dès lors qu'il a évoqué le tsunami et sa survie, le jeune comédien se sent un peu plus serein. Comme si un poids dont il n'avait pas réellement conscience jusque là, avait quitter ses épaules. Le cœur plus léger, il a même l'impression de respirer un peu mieux. D'autant plus qu'Andreï semble l'avoir écouté avec une attention toute particulière. Bien malgré lui, il vient d'être plonger dans le rôle du confident. Peu importe que ça lui plaise ou non, Clément ne lui a pas laissé le choix. Mais en vrai, ça ne semble pas réellement déranger son ami. D'habitude si impénétrable, le jeune comédien voit bien cette petite lueur dans son regard qui démontre une certaine fierté d'avoir été choisi, compte tenue de l'importance de cet aveux.

Et comme d'habitude, lorsqu'il reprend la parole ce n'est pas anodin et mûrement réfléchie. Oui, les traumatisme ressortent souvent quand on s'y attend le moins et toujours dans des moment où on est le moins apte à y faire face. Clément en a déjà souvent entendu parlé, de ce phénomène. Son psychologue en Nouvelle Zélande lui a fait part de cet effet et que ça risquait sans doute de lui arriver. Mais jamais Clément n'aurait imaginer que ça l'affecterait 14 ans après alors qu'il a tellement bien vécu ces dernières années. Le regard posé sur Andreï, il ne dit rien, pas même lorsque le slave fait une plus longue pause, sans doute pour réfléchir un peu plus à ce qu'il va dire.Il lui annonce qu'il faut absolument qu'il en parle avec Charles, que, même s'il ne lui raconte pas tous les détails, il lui semble important que le metteur en scène soit informé de ses doutes. Mais c'est surtout  la suite qui a un réel impacte sur Clément.

Ce n'est pas seulement sa prestance sur scène qui est en jeu, mais bel et bien aussi son moral en général. Et il n'a pas tort. Avec cette phrase, le scénographe pointe un autre détail assez important : l'insomnie. Ça fait depuis le début de l'année que Clément n'a pas réussi à faire des nuits entières. Souvent il se réveille vers 3h et ne parvient pas à se rendormir. Ou alors il s'endort à 3h et est totalement réveillé à 5h dans l'impossibilité de refermer l’œil le reste de la nuit. Et quand il dort ce n'est pas un sommeil réparateur mais plutôt des cauchemars. Chose qui ne lui était plus arrivé depuis plusieurs mois voire années. Ces insomnies ont-elles un rapport avec ces questionnement et ce traumatisme qui revient le hanter ? Sans doute.

Déglutissant, Clément baisse le regard et hoche la tête  « T'as raison » dit-il finalement  « Je vais essayé d'engager une conversation avec Charles. Il … enfin il est sans doute aussi passé par des phases de doutes pendant sa carrière.» un léger sourire vient enjouer ses lèvres alors qu'il finit sa bouteille  « En tout cas merci,Andreï » reprend-t-il brusquement, sincèrement  « Tu ...» il se tait, ne sachant pas trop comment tourner ses remerciements, avant de soupirer doucement  «Merci, de m'avoir écouté et conseillé » il n'a sans doute rien fait de plus que ce que ferait quelqu'un d'autre, mais il était là, lui, dans ce moment de doute.
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