S'il y a bien quelque chose que Mickey déteste par-dessus tout dans son travail c'est bien lorsqu'il a pour mission de secourir les chats coincés dans les arbres. Si les félins peuvent monter, ne peuvent-ils pas en redescendre par eux-même? Heureusement, cela devait représenter qu'une dizaine de coups de téléphone par mois, la plupart du temps le chat était redescendu de lui-même avant que les pompiers arrivent car n'étant pas une priorité, ils n'y allaient que s'ils avaient vraiment le temps. Aujourd'hui, c'était plutôt calme et après une partie de pierre-feuille-papier-ciseaux, le sort avait tranché sur Mickey pour s'en occuper. Sur le chemin, il prierait de toutes ses forces pour qu'un voisin se soit dévoué à secourir le chat en sortant une échelle sauf qu'une fois sur place, il constatât avec regret que ce n'était pas le cas. Un gros chat gris à la cime d'un arbre, à environ trois mètres, presque quatre de hauteur sous le regard terrorisé d'une vieille mamie. N'ayant pas envie de s'éterniser, il salua la dame d'un signe de tête et entreprit d'escalader l'arbre dont les branches fournis semblait propice à supporter son poids, il n'avait pas vraiment envie de déployer tout son matériel, l'échelle et compagnie. Une fois au niveau de l'animal apeuré, il l'attrapa fermement et commença à redescendre sauf que le chat ne coopérât pas vraiment. Les griffes sorties, il se débattait comme un asticot, feulant à la mort aux oreilles de Mickey qui le fusillait du regard, se retenant de l'insulter pour ne pas choquer la mamie qui les attendaient plus bas. Une fois au sol, il s'empressa de tendre la maudite bête à sa propriétaire en espérant pouvoir vite de défaire de son emprise, les griffes encore bien plantées dans son uniforme qui commençait à sérieusement le picoter. "Ah mais ce n'est pas mon chat... Mais un aussi beau chartreux doit être à quelqu'un! Et puis je ne pouvais pas le laisser coincer là-haut le pauvre trésor!" Mickey retient un énorme juron, démangeait par l'envie de balancer le chat à la figure de la vieille en imaginant ce dernier lui labourer le visage. "Je crois bien que c'est celui de la nouvelle voisine, au 205 jeune homme." Tournant la tête vers un passant, heureux de tourner le dos à la vieille, il regarda la direction qu'on lui indiquait, hocha la tête en guise de salutation et traça la route, le chat toujours fermement maintenu dans les bras, qui se débattait certes moins, mais dont les griffes acérées étaient toujours solidement enfoncées sur sa manche. Mickey jeta un coup d'oeil au nom sur la boite aux lettres avant de venir frapper à la porte, implorant intérieurement d'être au bon endroit. "Mademoiselle Hoppe? Vous êtes là?" Il regarda à nouveau aux alentours, mais visiblement, la petite vieille veillez encore, empêchant Mickey de laisser le chat en pleine rue. Vu qu'il était en uniforme, il se devait d'accomplir le "sauvetage du chat" jusqu'au bout. S'il avait été seul, une fois le chat délogé de l'arbre, il l'aurait posé au sol et laissé vivre sa vie.
La journée avait été très longue, le service des urgences de l'hôpital était plein depuis des jours, accidents, blessures en tout genre, des litres et des litres de sang étaient versés, Edward Cullen aurait été aux anges en ces lieux. Pour Hannah, c'était un peu plus compliqué, le changement de domicile était déjà dur à assumer, surtout lorsqu'elle songeait à son histoire ici même des années auparavant, sa famille lui manquait, elle se sentait seule. Arrivée en ville depuis deux semaines à peine, maintenant, elle ne s'était liée avec personne, n'avait pas décroché un mot autre que les banalités polies et le jargon professionnel, la seule personne à qui elle pouvait parler et alléger son cœur était Bubulle, le chat qu'elle avait depuis quelques années maintenant. Ses parents lui avaient offert Bubulle alors qu'il était tout chaton quand elle était rentré de Brisbane, son stage terminé. Ils ne savaient rien d'autre bien évidemment.
Bubulle était un chartreux, amical, câlin et joueur et, tout cliché que ce soit, il était aussi le meilleur ami de la jeune femme. Hannah n'avait qu'une envie chaque soir : rentrer chez elle, dans son petit appartement impersonnel de Fortitude Valley, prendre une douche et passer la soirée devant Netflix, un plaid et son chat sur les genoux. Mamie, vous avez dit mamie ? Et dire qu'elle n'avait même pas encore la trentaine... Avoir fréquenté Liam et son âge avancé l'avait ridée avant l'heure apparemment. Ce jour là, elle était en retard pour terminer son service, quelques minutes avant la fin, un patient fut admis aux urgences, il s'était ouvert la jambe en tombant sur un bout de tôle posé par terre, elle eut du mal à avaler la version du jeune homme, plus rien ne l'étonnait dans cette ville, mais là était la limite de son boulot, elle était là pour soigner, ce qu'elle fit, avant de prendre la route vers chez elle.
En rentrant dans son appartement, Hannah ne vit pas tout de suite que Bubulle n'était pas ici, elle lança sa blouse d'infirmière sur le canapé et se précipita prendre une bonne douche bien chaude, le graal de fin de journée. Après sa douche, elle commença à se demander où était sa boule de poil, elle appela, remis des croquettes, secoua la gamelle, siffla, fit couiner son jouet souris... Rien n'y fit. La jeune femme commença à paniquer, encore en peignoir, ne prenant même pas la peine de s'habiller, elle fouina dans les moindres recoins de l'appartement, tiroirs, sous le lit, au dessus des armoires, étagères, y compris dans le frigo, rien n'était trop farfelu, Bubulle pouvait être n'importe où.
On frappa à la porte et l'appela, Hannah pesta, elle n'avait pas le temps, son chat était perdu ! Avec rage, elle vint tout de même ouvrir, resserrant son peignoir pour éviter la honte. Au moment même où elle ouvrit la porte, le chat bondit des bras du pompier pour aller se réfugier dans ceux de sa maîtresse. « Bubulle ! » Trop heureuse de retrouver son chat, elle ne fit d'abord pas attention au jeune homme qui lui avait ramené. S'en apercevant, elle rougit de honte et posa le chat à terre.
« Merci, merci beaucoup, je sais pas ce que je ferais sans ce chat. » Cette phrase étant extrêmement cliché, elle se gifla intérieurement. Baissant la tête, elle remarqua alors l'uniforme de pompier. « Enfin... Merci. Je suis désolée, s'occuper de chats doit être le cadet de vos soucis, je peux vous offrir un café en guise d'excuse de la part de mon chat ? A moins que vous ayez beaucoup de gens à secourir, je me doute que c'est plus important. » Elle s'arrêta là avant de s'enfoncer encore plus, ça se voyait vraiment qu'elle n'avait pas parlé à grand monde de nouveau depuis un moment...
Le chat continuait à gesticuler dans tous les sens tel un asticot et Mickey espérait que se soit parce qu'il s'agissait bien de sa maison et que, de ce fait, il était pressé de rentrer. Il fixait la porte avec insistance, comme si ça pouvait faire qu'elle s'ouvre plus vite. On distinguait quelque bruit à l'intérieur de l'appartement, bien que rien de très distinct, priant très fort que ce ne soit pas le fruit de son imagination en réponse à sa grande envie qu'on lui ouvre afin qu'il puisse se débarrasser de ce maudit chat. Habituellement, il aimait bien les chats, mais le peu de foi où il en côtoyer, c'était en compagnie de leurs maîtres et ça se passait bien alors que là, le pauvre animal étant apeuré et sans son propriétaire, il était comme possédé. Peut-être même que c'était son état habituel, mais Mickey n'avait pas vraiment envie d'en savoir plus. Il avait hérité de la "mission" en perdant à un jeu alors qu'il était censé avoir fini son service, sans ça, il serait déjà arrivé chez lui et se serait confortablement installé dans son canapé en regardant la télévision. Le temps lui semblait long, il perdait patience et en venait presque à s'énerver alors il frappa de nouveau à la porte, bien plus énergiquement ce qui eu pour effet désastreux d'intimider le chat encore peu qui continua d'enfoncer ses griffes au travers son bras. Il était sur le point de jurer quand la porte s'ouvrit enfin, prêt à scander tout le mal qu'il pensait du chat, il perdit soudainement tout ses moyens et se calma instantanément devant la vision de la splendide demoiselle, simplement vêtue d'un peignoir de bain. Le chat lui bondit hors des bras, reconnaissant sa maîtresse et se transforma en une adorable petite boule de poils qui se mit à ronronner. "Bonjour..."S'il n'avait pas la mâchoire presque décroché à cause de la tenue de la blondinette, il aurait sûrement pesté après le chat pour avoir été si désagréable alors qu'il était capable d'être si gentil. Saloperie. Il se racla la gorge alors qu'elle le remerciait tandis qu'il en faisait de même intérieurement parce que franchement, il en avait marre de ce chat! "Oh je vous en prie, je n'ai fait que mon travail. Et puis il est tellement adorable que c'était un plaisir." Bien sûr, il mentait éhontément, mais on ne dit pas à quelqu'un qu'on vient de rencontrer que son chat est une véritable plaie qui ne mérite qu'une bonne correction. "J'ai fini mon service, mais je suis tombé sur votre chat en rentrant chez moi..." Quel vilain menteur, même si oui, son service était fini, quant au reste... Il se retourna et salua les petits vieux qui le surveillait toujours, voir si le chat était rentré sain et sauf. "D'ailleurs, beaucoup de monde s'est inquiétait pour ce pauvre petit Bubulle!" Bubulle pouvait les remercier d'avoir été là sinon il serait encore dans l'arbre, mais ça, il ne risquait pas de le préciser... Encore moins quand il s'agit d'une jolie blonde en peignoir qui lui proposait un café. Quel dommage qu'il n'ait pas le temps... "Un café? Volontiers!" Ah. Visiblement, il était un peu perturbé par la plastique de la propriétaire de Satan, enfin du chat. "Quoique... Vous aviez l'air occupée non?" Il se passa la main sur la nuque, un peu gêné tout en pointant le peignoir de la demoiselle de l'autre.
Le contexte était risible et extrêmement cliché, le chat choyé, semi-enfant roi d'une jeune femme, coincé dans les branches d'un arbre, le pompier en uniforme qui bravait courageusement le bois pour grimper et sauver le petit matou, on aurait pu voir ça dans une scène d'une série de la Fox. « Oh je vous en prie, je n'ai fait que mon travail. Et puis il est tellement adorable que c'était un plaisir. » Hannah sourit, elle savait à quel point son animal pouvait se montrer grognon lorsqu'il ne connaissait pas la personne, Bubulle est un chat adorable, une fois apprivoisé, elle se doutait bien de la façon dont il avait dû accueillir son sauveur, elle lui en était encore plus reconnaissante. « J'ai fini mon service, mais je suis tombé sur votre chat en rentrant chez moi.. D'ailleurs, beaucoup de monde s'est inquiétait pour ce pauvre petit Bubulle ! » L'australienne salua la voisine, la vieille dame qui attendait encore sur le trottoir en face, pour la remercier et surtout lui signifier que tout était rentré dans l'ordre maintenant et qu'elle pouvait rentrer chez elle. « C'est Miss Kinley, je crois qu'elle ne voit pas grand monde, Bubulle s'est lié avec son chat. Elle n'a pas été trop insistante ? » Pour l'avoir vue à l’œuvre avec une bande de jeunes du quartier qui faisait trop de bruit à son goût, Hannah s'inquiétait plus pour ce pauvre pompier qui n'avait rien demandé que pour sa vieille voisine. « Un café? Volontiers ! Après un dernier sourire, Miss Kinley rentra chez elle et la jeune femme en fit de même, invitant le héro de Bubulle dans son sillage. « Entrez, je vous fais ça. » La jeune femme poussa quelques affaires en vrac par ci, par là, son téléphone, sa blouse d'hôpital, un carton... «Excusez le bazar, je suis arrivée il y a peu de temps, je n'ai pas encore terminé de m'installer. » Elle lui sourit et lui libéra une chaise à la petite table qui trônait dans le coin cuisine du salon de son appartement. « Quoique... Vous aviez l'air occupée non ? » Le regard appuyé de son invité sur sa tenue la fit tiquer, elle s'éclipsa d'un coup de la pièce en rougissant et s'excusant, bafouillant. « Je reviens tout de suite ! »
Quelle idiote, dans la panique, elle n'avait même pas pensé qu'elle portait encore son peignoir. Dans sa chambre, elle passa rapidement une tenue plus appropriée, la première chose qui lui passait sous la main et qui ne lui donnait pas l'air d'être en week end dans un spa ferait très bien l'affaire. Réapparaissant dans la pièce de vie, habillée plus convenablement cette fois, elle se mit à rire en voyant que Bubulle avait sauté sur les genoux de son héro, ronronnant et frottant sa tête contre son menton, nul doute qu'une fois la panique calmée le vilain minou s'était rendu compte qu'il n'avait pas très bien réagit face à l'homme qui lui avait permis de retrouver la terre ferme et sa maîtresse bien aimée, là était sa façon de s'excuser. Hannah l'avait depuis tellement longtemps maintenant qu'elle avait appris à connaître toutes ses petites attitudes. La jeune femme traversa la pièce pour aller préparé le café promis. « Il s'excuse. Je suppose qu'il n'a pas été si adorable que ce que vous disiez du coup. » Lui signifiant par la présente qu'elle n'était pas dupe, elle lui sourit tout de même avant de faire la moue, réalisant soudain une chose importante. « Hannah, au fait. » La tête de linotte avait tout bonnement et simplement oublié de se présenter, quelle mauvaise hôte elle faisait.
Il n'y a pas si longtemps, il avait eu quelques difficultés à faire connaissance avec Andy comme si ses capacités sociales avaient grillé et voilà qu'aujourd'hui cela lui venait le plus naturellement du monde au contact de la demoiselle. Peut-être que son expérience avec Andy avait été bénéfique ? À moins que si ce dernier avait la plastique de la demoiselle cela se serait peut-être mieux passer dès le départ? Il ne saurait jamais. Bizarrement, bien que Mickey la trouvât extrêmement jolie, il n'avait pas pour autant envie de la draguer, mais comme hypnotisé par son sourire, le voilà qui entrait pour un café. Elle lui inspirait grande sympathie, qui sait peut-être bien le début d'une belle amitié? Et puis ce n'est pas comme si ce n'était pas agréable d'être en compagnie de quelqu'un plutôt que d'être seul. Enfin, s'il était resté quelques minutes de plus avec miss Kinley, il aurait pété un câble. "Insistante, c'est ça! C'est exactement le mot que je cherchais... Pour rester poli!" Il sourit pour souligner le fait qu'il plaisantait quoique il fût en adéquation avec ce qu'il venait de dire. Il lui fit un dernier signe de la main, s'imaginant à la place qu'il lui lever le majeur. Si seulement. En rentrant dans l'appartement, il ne put s'empêcher de tout balayer du regard, d'un naturel curieux. C'était assez sympathique bien qu'elle s'excusa de ce qu'elle considérait comme du bazar suite à son emménagement récent apparemment. "La joie des cartons, je compatis. Vous êtes arrivée quand?" Elle emménager peut-être d'une autre ville? Il garda sa question au chaud, histoire de ne pas trop lui en poser d'un coup, il ne faudra pas lui faire peur et passer pour un psychopathe. Il s'installa où elle lui invita avant de disparaître dans la pièce voisine pour se changer. Il profita du fait d'être seul pour soupirer un bon coup, il ne comprenait pas trop la spontanéité qui l'avait saisit et pousser à entrer. Il posa les mains sur ses joues en les frottant énergiquement, comme pour se re booster, terrorisé à l'idée de faire ou dire une gaffe. "Ah!" Il lâcha une petite exclamation de surprise quand Bubulle lui sauta dessus toutes griffes dehors en se retenant de jurer. Cette fois, le chat semblait bien plus amical, mais Mickey restait toujours méfiant envers la boule de poils, s'offusquant qu'il n'est pas été aussi aimable dès le départ. Il lui lança un regard noir comme s'il essayé de lui faire comprendre qu'il boudait. Leur combat de regard cessa au retour de sa patronne qui n'était dupe quant au comportement de son chat visiblement. Mickey en était presque soulagé. "On va dire que c'était à cause de la panique et du vertige qu'il n'a pas vraiment coopéré..." Docile et ronronnant, il avait presque l'impression d'avoir affaire à un autre chat. "Je n'ai pas vraiment l'habitude des chats, je ne m'y suis possiblement pas pris comme il aurait fallu!" Il était plutôt chien, mais n'en avait pas non plus, les animaux ce n'était pas son domaine. Les relations sociales non plus. Elle finit par se présenter et il réalisa qu'il ne l'avait pas fait non plus... "Enchanté. Je m'appelle Mickey." Bon en même temps entre le sauvetage du chat furieux et l'accueil en peignoir, y avait de quoi être un peu déboussolé."Et vous arrivez d'où Hannah?" Il n'en oubliait pas les quelques cartons qui traînaient ici et là, désireux d'en apprendre un peu plus sur la demoiselle. "Je suis né ici et je suis quasiment certain de ne vous avoir jamais vu!" Il n'avait pas forcement la prétention de connaître toute la ville néanmoins, il connaissait plusieurs quartiers et ne pensait pas avoir déjà croisé la demoiselle. "Je suis certain que je n'aurais pas oublié votre visage... Ni même Bubulle!" Ca, il ne risquait pas de l'oublier de si tôt le chat!
« Insistante, c'est ça! C'est exactement le mot que je cherchais... Pour rester poli ! » Je lui souris, la joie des personnes âgées. Ma voisine n'avait personne à qui parler et elle avait une certaine tendance à harponner n'importe quel être humain doté de parole qui passait un peu trop près d'elle. Un vrai piège à souris. Je fermais la porte derrière le pompier, avant qu'elle ne s'incruste aussi au café. Une voisine comme ça était à la fois une plaie et une bénédiction selon la situation, si je me faisais voler ma voiture un jour, j'étais sûre qu'elle saurait dire jusqu'au goût du sandwich du voleur – en admettant qu'il en mange un. Je m'excusais pour le bazar des cartons. « La joie des cartons, je compatis. Vous êtes arrivée quand ? » Je m'éclipsais pendant qu'il parlait, non pas que je sois mal-polie mais je venais de me rentre compte – avec l'aide du sauveur de Bubulle – de ma tenue, pour le moins inappropriée.
Je revenais, vêtue d'un tee shirt et d'un jean, mes chaussons licorne aux pieds. « Je suis arrivée il y a une semaine. Et j'ai jamais été très douée avec le rangement de toute façon. » Je ris, le pire dans mon déménagement ? Ranger. Je retrouvais Bubulle assis sur les genoux du pompier, ronronnant, dans une démarche d'excuses. Cette scène m'arracha un sourire. « On va dire que c'était à cause de la panique et du vertige qu'il n'a pas vraiment coopéré... Je n'ai pas vraiment l'habitude des chats, je ne m'y suis possiblement pas pris comme il aurait fallu ! » Je n'avais pas de mal à imaginer comment mon chat avait dû être embêtant, je souriais au pompier, m'excusant à mon tour. « A vrai dire, il a un peu de mal avec les inconnus, surtout quand je ne suis pas là. Mais merci d'avoir bravé son sale caractère pour me le ramener, cet idiot ne sait pas redescendre des arbres, en général je vais le chercher, cette fois vous avez été plus rapide que moi. Heureusement que vous passiez par là ! » Il me donnait son nom ensuite, en réponse à ma présentation. « Enchanté. Je m'appelle Mickey. » Un sourire en coin apparut malgré moi, la coïncidence était bien trop tentante, il s'appelait Mickey et mon chat l'avait attaqué ? Je pouffais, m'étouffant au passage avec le café que je venais de nous servir. « Et vous arrivez d'où Hannah ? Je suis né ici et je suis quasiment certain de ne vous avoir jamais vue ! Je suis certain que je n'aurais pas oublié votre visage... Ni même Bubulle ! » Mon chat, entendant son nom, relevait sa tête pour la frotter contre celle de Mickey. « Je viens de Newcastle, je suis née là-bas. J'ai vécu à Brisbane il y a quelques années, j'étais en stage aux urgence de St Vincent, tu es pompier depuis longtemps ? Je ne t'ai pas croisé à l'époque. » Je passais au tutoiement, lui donnant l'autorisation de faire de même.
Je m'excusais un instant, mon étouffement de rire m'avait fait monté le rouge aux joues, j'avais besoin de me rafraîchir le visage. J'entrais dans ma salle de bain, c'était un petit appartement, il y trônait une baignoire, un évier et les toilettes étaient aussi dans la même pièce. Je passais devant sans m'attarder, sans voir que quelque chose clochait. C'est quand j'eus terminé d'humidifier la tête que je m’apercevais d'une chose étrange, il y a avait une tâche sombre au fond de la cuvette, je tirais pourtant toujours la chasse d'eau et j'avais, de surcroît, nettoyé la salle de bain en profondeur hier après-midi. « Qu'est-ce... » Je m'approchais, les sourcils froncés. Bientôt, j'hurlais, la 'tâche' avait bougé, c'était un serpent. Il fallait que ça tombe sur moi, moi qui avait une peur panique des serpents, une phobie incontrôlable. « MICKEY !! » Je m'étais réfugiée en hauteur, sur le rebord de la baignoire, j'avais bien conscience que j'exagérais, je ne savais même pas si le serpent pouvait sortir des WC mais je ne voulais pas prendre le risque, si il fallait que je dorme ici, je le ferais. Je ne contrôlais rien lorsqu'il s'agissait de serpents.
C'était assez surréaliste, il avait un peu de mal à assimiler comment il était passé du moment où il comptait les minutes avant de pouvoir quitter la caserne, à celui d'une intervention de sauvetage de chat pour finir sur le canapé d'une inconnue à attendre un café, le tout en à peu près une heure de temps. C'était assez fou pourtant il le vivait plutôt bien et était assez satisfait de la tournure des choses. Exception faite de la partie de catch avec le chat qui heureusement, commençait à se rattraper bien que la suspicion ne soit pas entièrement dissipée. Mickey gardait Bubulle à l’œil. Vis-à-vis d'Hannah par contre, aucune méfiance tant elle semblait sympathique. Fraîchement arrivée à Brisbane visiblement, qui s'excusait pour le désordre. "C'est une décoration sympa aussi les cartons." Il lui épargnait de détailler comment, c'était chez lui, un véritable bordel comme après le passage d'un ouragan. Il avait beau aimer l'ordre, il manquait surtout de temps alors les choses s'entasser et ça se transformait vite en capharnaüm. Et franchement, chez elle ce n'était pas si choquant, on voyait bien qu'il s'agissait d'un emménagement et non pas qu'elle était bordélique. Vraiment pas de quoi être désolé selon lui, pas comme le comportement de Bubulle par contre! Sa politesse l'empêchait de dire la vérité et de régler ses comptes avec la sale bête qui ronronnait paisiblement sur ses genoux désormais. Mais bon, ça le gênait quand même un peu qu'elle s'excuse pour le chat, ce n'était pas de sa faute à elle après tout. "Il a peut-être sale caractère, mais au moins il est reconnaissant, c'est déjà ça..." Il quitta Hannah des yeux pour offrir une caresse à Bubulle et lui grattouiller l'oreille pour tenter de l'amadouer encore un peu. Mickey avait compris qu'il valait mieux avoir cette bombe à retardement dans la poche plutôt que le voir encore contrarié. Les traces de ses griffures commençaient à le picoter d'ailleurs, autant se reconcentrer sur son hôte pour ne plus y penser. Quitte à être là, autant faire connaissance. Elle se présente à son tour, venant d'Angleterre, mais ayant déjà été à Brisbane par le passé alors il fait travailler sa mémoire comme il peut, en vain. "Ça va bientôt faire vingt ans que je bosse. Après ça bouge tellement aux urgences et on est tellement dans la course contre la montre que je crois qu'on ne prend pas vraiment le temps de se regarder, trop occuper à veiller sur les blessés..." Même s'il a déjà pris le temps de détailler le personnel féminin par moment, mais ça, autant le passer sous silence pour éviter de passer pour un pervers. Il se voit déjà se lancer dans une conversation profonde et philosophique sur leur métier respectif, mais là prise d'un fou rire, s'excusant d'un bref signe de la main et disparaître vers la salle de bain. Perplexe, il se demande si ça vient de lui et ce qu'il a bien pu dire comme bêtise. Il cherche un miroir du regard aux alentours, vérifier qu'il n'ait pas une énorme trace de saleté sur le visage... Il repasse à toute vitesse ce qu'il a dit, des fois qu'il ait sorti une connerie mais rien ne fait tilt. C'est Bubulle qui finit par lui donner le dé-clique : il réalise l'image du chat et de la souris qui se dessine quand il caresse Bubulle et là, c'est tellement fort que même lui, ça l'amuse. Il se souvient qu'il a décelé un léger sourire à l'entente de son prénom, c'est rare que ça n'arrive pas mais il ne s'est pas formalisé sur le coup. Faut dire que ce n'est pas très commun dans le coin même si c'est pourtant un prénom très célèbre d'une certaine façon... On l'a tellement taquiné sur le sujet qu'il est blindé de toute façon et armé d'un grand sens de l'humour. Puis il l'entend hurler son prénom et se lève brusquement du canapé en éjectant Bubulle par la même occasion qui lâche un râle très aiguë et contrarié. Sans remords, il file en direction de la salle de bain en laissant Bubulle, sans même vérifier comment s'est passé son atterrissage. Un chat retombe toujours sur ces pattes, il parait. Une fois dans la salle de bain, il remarque Hannah debout sur le rebord de sa baignoire terrorisée. "Tout va bien?? Qu'est-ce qu'il se passe?" La panique totale pour elle, l'incompréhension suprême pour lui. De la voir sur ses deux jambes lui faisait dire qu'elle n'était pas tombée. Elle ne semblait pas s'être blessée non plus. On ne crie pas sans raisons. Il espérait qu'elle ne soit pas folle jusqu'à ce qu'elle se mette à pointer les toilettes du doigt où il finit par voir une forme assez familière au fond de la cuvette. "Putain de bordel de merde, un python!" Son cri à lui s'apparentait plus à de l'agacement que de la peur. Il avait souvent eu ce problème quand il était petit, ce qui lui avait causé pas mal de sueurs froides et d'incalculable cauchemars mais il avait appris à surmonter cette angoisse à force d'y avoir affaire dans son travail. Dans leur quête d'eau par un temps beaucoup trop sec pour leurs besoins, les serpents d'Australie sont forcés de trouver des recoins pour se réhydrater. De quoi faire de très mauvaises surprises aux gens qui découvrent les intrus là où l'on n'aime pas être dérangé. Une opération insolite et délicate qui devrait rester anecdotique pourtant, ça arriver bien trop régulièrement au goût de Mickey qui avait horreur de toucher les reptiles. Même s'il était toujours en uniforme, il n'avait pas de gants. Et puis hors de questions de rester sans rien faire alors qu'Hannah n'attendait sûrement qu'une chose, qu'il se débarrasse de ce serpent. Il regarde tout autour de lui et se saisit du peignoir de la demoiselle qu'il plonge dans la cuvette, histoire d'essayer d'attraper le serpent en évitant de le toucher directement parce que ça a quand même des sales petites dents les bestioles-là, mais aussi une sacrée force dans la mâchoire. Il en vient à préférer l'altercation avec Bubulle. Cet énergumène-ci lui a donne plus de fil à retordre, priant qu'il ne faille pas démonter la cuvette pour le déloger. "Il n'est pas bien gros, je l'ai!" Triomphant, il ressort le bras de la cuvette avec une partie du serpent emballé dans le peignoir sauf que le tissu n'est pas assez long et ne permet pas de camouflé le reste du corps du reptile qui doit bien mesurer un peu plus d'un mètre. Heureusement, ce n'est pas l'un des plus grands qu'il ait vu, remerciant le ciel de ne pas avoir eu affaire à pire mais voilà qu'il se met à frétiller le bougre, pas content d'avoir été délogé. Mickey veut bien jouer les héros sauf qu'il ne faille pas oublier qu'il n'affectionne pas particulièrement cette bestiole qu'il essaye de contenir comme il peut en l'enroulant tant bien que mal dans le peignoir. "Y a une fenêtre? Ou un carton à proximité?" Il se concentre plus sur ce qu'il fait que sur les alentours bien qu'il n'ait qu'une envie: balancer la bête dehors au plus vite sans l'approcher d'Hannah. "Je... Je vais me débarrasser de cette bestiole et.... Je repasserai à l'occasion pour vous rendre votre peignoir!" Mickey n'attend même pas l'accord d'Hannah et prend direction de la sortie en courant à toutes jambes espérant atteindre les hautes herbes en retrait des habitations pour relâcher ce maudit serpent. En tout cas, il n'y a pas à dire, il s'en souviendra longtemps du jour où il a rencontré Bubulle et sa maîtresse.