What the hell are you doing here ?

Come down to the black sea swimming with me. Go down with me, fall with me, let’s make it worth

Ce soir la pluie s'est invité sur Brisbane. Le tonnerre perçait parfois la nuit, brisant la mélodie de la pluie sur les toitures des habitations sous le regard d'une demi lune accusatrice. Le temps ne semblait pas vouloir se calmer. Le ciel sombre pleurait des larmes inconsolable sur le monde.
Les yeux rivés sur l'écran de contrôle a l'intérieur de sa voiture, Liam patiente, bercé par le rythme réfréné de l'orage. 3h30 du matin. Entièrement habillé de noir, ses mains gantées tapotant nerveusement sur le volant de sa Golf, la capuche de son sweet déjà rabattu sur son crane, prêt a un cambriolage de plus. Les soirs de pluie était le moins risqué pour lui, il l'avait apprit avec l'expérience, le bruit de l'orage camouflant sa propre personne. Efficace lorsque les habitants de la maison avait le sommeil légé. C'était le cas. L'insomniaque de la maison avait finalement éteint les lumières, avait certainement cédé a Morphée. A l'opposé de Liam. L'adrénaline circulant dans ses veines l'empêchait de fermait l'oeil, le gardait éveillé. Il avait tout programmé. Jusqu'au Pitbull d'attaque qui dormait a l'extérieur dans sa niche. Et ce n'était pas le panneau "attention chien méchant" sur le portail qui allait le dissuader. Garé a quelques rues de la maison, assez proche pour fuir rapidement, assez loin pour que personne ne puisse identifier sa voiture si jamais la situation tournait mal. Son sac également noir sur les épaules, il se décide finalement a sortir, affrontant la pluie jusqu'a la fameuse maison. Il escalade sans difficulté le portail, évite de déclencher la lumière automatique, contourne soigneusement la niche du chien qui semble dormir a point fermé avant de se réfugier sous le porche, contrôlant ses moindres gestes jusqu'a sa respiration. Le plus dur reste a venir, parvenir a lever de l'extérieur le volet coulissant de la baie vitré, pour ça il allait devoir agir en synchronisation avec le tonnerre pour camoufler le plus possible. Son sac déposé contre le mur, il sort les outils adéquate puis patiente. Un éclair jaillit. 1...2...3. Boum. La baie vitrée vibre, le tonnerre gronde. Sans jamais perdre sa concentration il bloque le volet roulant, ne le montera pas plus haut. Liam se glisse en rampant a l'intérieur de la maison. Direction la chambre d'amis, là ou les bijoux de famille sont cachés. Il n'a pas besoin de monter a l'étage, elle se trouve proche du salon. Il n'a pas besoin de chercher longtemps, la boite est là. Presque trop facile. Ces gens là ne prenait donc aucune precaution. Il ne se fait pas prier et emporte tout jusqu'a la minuscule bague en argent au fond de la boite. Surprise de Liam. La bague de fiancaille attendra. Précautionneusement, le voila qui revient sur ses pas, rampant a nouveau pour sortir, rejouant la scène a l'envers. Peut être un peu moins discrétement. La pluie s'est légérement apaisé. Assez discret pour ne pas réveiller les habitants, pas assez pour l'animal au dents de fer. Sans s'en apercevoir il vient de le réveiller. Liam fait marche arrière, pret a déguerpir sans se douter qu'une mauvaise surprise l'attendait dans l'angle de la maison. Il contourne une fois de plus la niche mais rien ne se passe comme prévu. Il n'a pas le temps d'agir qu'une boule en furie lui saute dessus dans un aboiement effrayant faisant tomber Liam, sa machoire d'acier vint se refermer sur la première chose qu'il trouva dans un grognement de menace. Il ne peut retenir un hurlement qu'il tenta de camoufler...en vain. Une brulure indescriptible au niveau de sa cuisse droite l'oblige a serrer les dents, tentant de se débarasser de l'animal a coup de pied. Plus il se débat, plus le pitbull s'accroche a sa cuisse. Le drame est inévitable, les lumières a l'étage s'allument, la première tête ne tarde pas a faire son apparition sur le balcon. Liam résiste a la panique, la douleur dans sa jambe bien trop fulgurante, dans un dernier élan d'energie il parvient a se débarasser de l'animal et fuit en clopinant, ignorant les appels au secours de son corps. Sa capuche vicée sur son crane, il se laisse tomber du portail avant de courir comme il pouvait en direction de sa voiture, les larmes aux yeux tant la douleur était atroce. La dernière chose qu'il entend avant de disparaitre dans l'obscurité, c'est cette phrase résonnant comme une menace, une sentence.

- ... On a été cambriolé, appel la police...

Les minutes pour atteindre sa voiture lui paraissent interminables. Essouflé, il se laisse choir sur le siège conducteur, le coeur pret a exploser, balancant rageusement son butin sur le siège passager. Liam s'offre une minute de répit pour observer sa blessure sanguinolente. L'animal ne l'a pas loupé. Il grimace avant de finalement frapper nerveusement son volant avec ses poings, lançant une floppée d'insultes en tout genre destiné au pitbull. Heureusement, le bout de tissue était resté en place, il n'avait laissé aucune trace qui permettait de remonter jusqu'a lui. Liam démarre la voiture en furie direction le QG du club, conduisant comme ci il avait le diable en personne aux trousses, des crissements de pneus a chaque virages. En route, il prit le temps de téléphoner a Champagne, le bras droit qu'il ne pu s'empêcher d'insulter copieusement également, lui demandant d'avertir l'infirmière car il était évident qu'il avait besoin de soins en urgence. Si il y avait bien une chose que Liam détestait c'était bien que les choses ne se passent pas comme prévu. Mauvais joueur par dessus le marché, il allait certainement passer ses nerfs sur quiconque allait le croiser dans la maison. Arrivé sur place, le loup en furie se gara en travers, la rage suintait de ses yeux, ouvrant brutalement la porte du QG. Personne. Champagne avait du sentir le coup, laissant la place pour Liam et ses instants de folie. Il ne tarda pas a laisser exploser son instabilité, frappant chaque murs qui se présentait a lui dans des grognements bestiales avant d'envoyer tout valdinguer sur la table, rien de fragile heureusement puis de se laisser tomber sur un fauteuil qui ne tarda pas a être taché de sang. Il prit quelques minutes pour reprendre ses esprits, le regard dans le vide, vide de sens, une moue indéchiffrable sur ses lèvres qu'il portait dans ses grands moments comme ci la vie l'avait soudain quitté, seul son torse montait et descendait au gré de ses inspirations. Les cheveux mouillés, ébourrifé par la pluie, il avait l'air d'un fou. La douleur finit par le ramener a la réalité, il se pencha sur sa cuisse, les dents serrés. C'est le moment que choisit Champagne pour réapparaitre, son regard indiquait une sorte de "c'est bon, t'es calmé ?". Liam ne prit pas la peine de le regarder.

- Elle fou quoi, bordel...

Le bruit de la porte attire son attention, il en déduit que c'est elle. L'infirmière.

- C'est pas trop tôt ! Lacha il d'une voix rauque.

*Mon regard se tourne vers elle et quelque chose se brise, l'impression que je viens d'avaler un verre d'acide. Je reste là a la regarder comme si j'avais vu un fantome. Ca l'était. Un fantôme du passé. Je sens mon corps se crisper et cette moue que j'avais auparavant sur le visage se forme a nouveau. Je me dis que ce n'est pas possible, que mon esprit me joue des tours, qu'elle ne peux pas être là. Ce sang que je perd, c'est la seule explication plausible...
Alors ma tête bascule en arrière dans un rire dément. C'en est trop ce soir.

- Putain, je perd trop de sang, j'ai des hallucinations...

Pourtant lorsque mes yeux s'ouvrent a nouveau, elle est là. Toujours là. Hannah.*

Yamashita sur épicode

What the hell are you doing here ?

Hannah & Brisbane... C'était une longue histoire, un lourd passé qu'elle n'avait pas encore digéré, le pourrait-elle un jour ? A présent qu'elle était de retour dans cette ville où elle avait tellement de souvenirs, rien n'était moins sûr, la jeune femme avait méticuleusement évité les endroits habituels où elle aurait pu croisé Liam ou quelqu'un de son entourage, elle avait essayé de se reconstruire des souvenirs, moins douloureux, au travers de la ville, avec d'autres personnes, moins nocives. C'était, bien évidemment, sans compter sur Heller Strange, le vieil 'ami' de Liam, ou plutôt son chef, grand gangster de Brisbane, héro du côté sombre de la ville, héro.... A peine une semaine après qu'Hannah ait posé un pied en ville, il l'avait retrouvée, alors qu'elle était sur la route du retour du travail, pressée de rentrer chez elle, il l'avait accostée, sans violence mais menaçant, de sourdes menaces, implicites, lourdes, effrayantes, lui expliquant qu'il était au courant de tout.

Voilà comment elle se retrouvait à jouer les infirmières à domicile pour lui, contrainte d'accepter de mettre ses aptitudes à son service, en échange elle gardait la vie sauve. Chantage minable. Néanmoins, elle gardait un semblant de liberté, Hannah n'appartenait pas au club, pas totalement, elle était plutôt une sorte de freelance, un prestataire de services. Jamais elle ne se serait abaissée au point de faire partie de ce club qui l'avait détruite des années auparavant, elle gardait une once de fierté de cet arrangement. Cela faisait donc quelques jours maintenant qu'elle servait Strange et sa clique.

La jolie australienne était de repos ce soir, elle avait prévu de se faire une soirée cocooning, prendre soin d'elle et se faire plaisir avec un bon bain de mousse, histoire d'oublier un instant les embrouilles dans lesquelles elle s'était empêtrée comme une grande, à cause de sa trop grande curiosité. A peine installée dans son cocon mousseux que son téléphone sonna, affichant le nom de
Champagne, encore. Hannah soupira en se laissant tomber toute entière sous l'eau, renonçant pendant un instant à son asservissement cruel par le monstre des rues.

Se relevant, un sourire apparut sur ses lèvres à cette image grotesque d'Heller, un genre de blob barbu arpentant les rues de Brisbane, c'était une des rares fois où penser à lui la faisait rire, elle se devait d'en profiter. Sachant pertinemment que Champagne détestait attendre, surtout dans ce genre de cas, elle prit tout son temps pour se sécher, s'habiller et se maquiller, refusant de coopérer si facilement comme un agneau doux. Elle se mit en route plus de 40 minutes après le coup de fil, fort était à parier qu'ils n'allaient pas être très contents et c'était bien sûr le but recherché.

La porte de la maison servant de QG au club à peine passée, les fruits de sa tête brûlée lui tombèrent dessus. « C'est pas trop tôt ! » Un sourire en coin, narquois. « Je suis pas à votre putain de disposition. » Hannah entra dans la pièce où l'attendait Champagne et...

Liam.

Sa pire crainte se concrétisait devant ses yeux écarquillés, depuis qu'Heller l'avait mise au travail forcé, elle avait peur de se retrouver à devoir soigner Liam et, surtout, à se retrouver en face de lui, voilà qui était fait. Elle lâcha le rouleau de bandage qu'elle tenait entre les mains, qui atterrit sur la laine du tapis qui décorait le salon.

What the hell are you doing here ?

Come down to the black sea swimming with me. Go down with me, fall with me, let’s make it worth

*J'essaie de réagir, de trouver une explication alors je me tourne légérement, interroge Champagne du regard, ce que j'y vois est suffisant pour me glacer le sang, me tordre l'estomac, laissant un regard pétri d'émotions s'échouer sur Hannah. Une hallucination réaliste du destin. Quand j'avais enfin réussit a l'oublier, tirer un trait sur cette relation toxique, elle réapparaissait dans mon monde. La vie. Fourbe et vicieuse. C'était ça exister. Être la douleur d'un autre. A ce moment là, je suis incapable de faire la différence entre ce qui me fait le plus mal. Mon coeur ou bien ma blessure. C'est douloureux. Bien trop douloureux pour être supportable. Je ne le cache pas. Parcequ'elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Elle l'avait toujours fait. Hannah connaissait mes craintes, mes envies, mes doutes jusqu'aux blessures mentales que la relation avec mon père m'avait laissé. La seule avec qui j'avais pu m'ouvrir, dévoilant qui j'étais réellement derrière ce masque de chaire. Elle avait touché du doigt chacun de mes secrets, excepté celui qu'elle venait de découvrir ce soir. Ce double jeu que je lui avais toujours caché. Ce Liam qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de connaitre, je l'avais toujours protégé de cet homme là. Bien trop dangereux pour être dévoilé au grand jour. Bien trop violent pour le laisser sortir de cette prison mentale dans laquelle je faisais en sorte de l'enfermer en sa présence. Tout comme je pouvais le faire avec Zelda.
De toute ma vie je n’ai jamais ressenti ça. Rien de pareil. J’ai éprouvé la honte et la lâcheté, la souffrance et la force. J’ai connu la terreur et l’indifférence. Et pourtant, je n’ai jamais connu un sentiment aussi atroce, aussi horrible, aussi paralysant. Je me sens estropié, incontrôlable. Et pourtant vivant. Je ne peux m'empêcher de revivre a un a un ces douloureux souvenirs que j'avais pourtant cru enterré assez profond pour qu'ils n'aient plus a ressortir. Jamais. Enterré sous des métres cube de conscience. L'impression de marteler un mur invisible. L'impression de me sentir soudainement si faible. et elle le sait. Parce qu'en fin de compte, ce sont nos émotions qui nous affaiblissent, pas nos actes. Je l'avais compris dès l'instant ou la pression de mon père s'était abattu sur moi.*

- Liam... Tu... Tu...

Son coeur se serre. Cette voix. Rien n'avait changé. Si ce n'était cette pointe de douleur dans les mots de son ancienne amour. Il voit dans ses prunelles la douleur, les séquelles de retrouvailles qui n'aurait jamais du avoir lieu. Pour elle aussi, ce sera perpétuité. Condamnée à souffrir. On oublie jamais réellement, on vit avec tout comme on s'habitue a la douleur. Ils finiront par se noyer dans leurs tourments. Comme ils se noient dans leurs cauchemars. Ca en devenait terrifiant. Cette façon de transformer l'amour en haine. Car oui, Liam la haissait. Ce silence insurmontable qu'Hannah lui avait laissé après l'avoir quitté. Les messages sur son répondeur n'avait servit a rien. Lui qui avait tant eu peur de s'attacher, de tout donner, recevait un retour de flamme en plein coeur.

- Remet le sur pied, on aura besoin de lui prochainement.

La voix de Champagne le ramène a la réalité, comme une main tendu pour l'extirper des sables mouvants émotionnels qu'était son esprit. Liam le dévisage, reprenant son rôle, son visage se fermant a nouveau. Ne pas se laisser submerger. Ici elle était dans son monde. Le départ de Champagne les laissent en tête a tête. Voyant Hannah se rapprocher, bien décidée a le soigner après avoir jeté un coup d'oeil médusé a sa blessure, Liam se lève, saisissant son bras, sa voix grave bien trop menaçante pour ne pas être prise a la lègère.

- Je t'interdis de me toucher !

Elle ne l'écoute pas, le forçant a se rassoir, sa jambe l'empêchant de résister. Contraint d'agir sous ses ordres, il sert les poings, n'ayant pas l'intention de se laisser faire aussi facilement. Sa blessure tronait au milieu de sa cuisse, son pantalon déchiré ne suffisait pas a laissé la place pour le soigner correctement, il allait devoir partiellement se déshabiller.
Liam serre les dents avant d'attraper le bras d'Hannah, sa force décuplée par sa rage l'empêchant d'allé plus loin.

- Qu'est ce que tu fou ici Hannah ? Il crache son nom comme si le prononcer pouvait lui bruler les lèvres. Tu n'as aucune idée dans quoi tu viens de mettre les pieds. Tu n'aurais jamais du revenir...

La douleur le coupe, il grogne, lachant son ex avant de s'adosser au fauteuil, a bout de souffle. Il reste silencieux avant d'ajouter dans un souffle.

- Tu ne vaux pas mieux que mon père...

Il détourne le regard, refusant de croiser le visage de son ex. Soudain quelque chose se passe a l'intérieur de son esprit. Une sorte d'éclaircie entre la souffrance et l'inconscience. Il réalise ce que la présence d'Hannah ici signifiait réellement. Hannah ne pouvait pas être là par hasard. Liam se retourne lentement vers elle, une lueur peu descriptible dans les yeux.

- Heller t'as...

Il ne termine pas sa phrase. La réponse s'impose a lui comme une évidence douloureuse. Si elle était ici c'est qu'elle savait quelque chose susceptible de compromettre les activités du club. Si elle était ici c'est qu'Heller l'avait contraint a travailler pour eux. Il réalise. Réalise ce que cela signifiait. Bien trop de choses.

Yamashita sur épicode

What the hell are you doing here ?

Liam. Liam. Liam. Liam.

Le nom de son ex ne cessait de tourner dans sa tête, se mêlant à toute sorte de sentiments plus profonds, intimes et douloureux les uns que les autres. Peine, la peine de revoir le premier homme qu'elle n'ai jamais aimé, et la peine de le revoir dans ce contexte surtout. Colère, la rage qu'elle avait eu le temps de développer durant toutes ces années à se demander à quelle autre personne il avait bien pu dévaliser la maison ? Et si il avait cambriolé la maison de quelqu'un qu'elle connaissait ? De quelqu'un qu'elle avait soigné ? Peur. La peur viscérale qu'elle avait ressentie et qui l'avait poussée à fuir il y a bientôt trois ans renaissait à l'instant T dans ses tripes, une boule dans le ventre endurcie. Tout lui revint un mémoire d'un seul et grand coup, la frappant au visage tel un uppercut.

*Flash-back* L'armoire, le bazar de boîtes en hauteur, la bague... La bague.

Leurs moments de bonheur. La vie est une pute, elle donne autant qu'elle reprend, voir plus, elle laisse entrevoir un futur heureux pour briser les rêves la seconde d'après. Malgré tout, Hannah ressentait aussi une pointe de joie, elle ne pouvait se l'expliquer mais c'était là, d'une évidence malaisante. Elle était purement et simplement troublée, perdue dans le tourbillon de ses émotions. Tout cela lui donnait le tournis, sa tête lui intimait de fuir, à nouveau, elle n'était pas prête pour les grandes retrouvailles. Il lui avait déjà fait assez de mal, sans le savoir.

*Flash-back* La joie immense qui l'avait envahie, le besoin de le retrouver même si la demande n'était pas encore officielle. Les cris.

Elle avala sa salive avec pénibilité, rassemblant ses forces et son courage. Elle avait à peine entendu Champagne et son 'ordre'. Bien avant qu'il ne sorte de la pièce, ils étaient déjà seuls à seuls, juste lui et elle, le face à face de l'angoisse. La jeune femme s'approchait de son ancien amour, mettant la pression de côté pour l'empêcher de se vider de son sang, surprise par la violence avec laquelle il lui attrapa le bras, elle sursauta. « Je t'interdis de me toucher ! » Ouille. Leurs yeux se croisèrent, la haine et la colère dans ceux de Liam frappèrent à nouveau Hannah en pleine face. Elle restait muette depuis, incapable de briser le silence.

Occupée à le rafistoler, elle préférait se concentrer sur sa blessure et son travail, sa tête dans une sorte d'enveloppement de coton, le reste de la scène se déroulèrent alors qu'Hannah avait l'impression de voler au travers, agissant comme un robot. Elle était là sans l'être tout à fait. Nul doute que son envie d'être le plus possible d'ici y faisait pour beaucoup. Hannah découpa le jean de Liam pour accéder à sa blessure, une fois terminé, le second contact de ses doigts entourant le fin poignet de la jeune femme la tira de sa torpeur, elle fit face à nouveau à la blessure de son cœur, celle qui ne nécessitait aucun soin que la médecine pouvait fournir. « Qu'est ce que tu fous ici Hannah ? Tu n'as aucune idée dans quoi tu viens de mettre les pieds. Tu n'aurais jamais du revenir... » Elle sourit, le genre de sourire froid et distant, uniquement teinté de tristesse, le genre de ligne fine sur les lèvres, plus un rictus incontrôlé qu'un vrai sourire. Bien sûr que si elle savait où elle mettait les pieds, elle avait passé trois ans à essayer d'oublier que ça existait mais ça, c'est lui qui ne le savait pas. Les yeux clos à demi, le flot de souvenirs qu'elle essayait de contenir depuis le début de cette nouvelle rencontre menaçait d'exploser de plus en plus.

*Flash-back* Du sang. Des coups. Des cris. Les mêmes cris, encore et encore, des supplications.
Cet homme suppliait Liam de s'arrêter, sans effet.

« Tu ne vaux pas mieux que mon père... » La goutte d'eau qui fait déborder le vase. Hannah était plutôt bien placée pour savoir à quel point ces mots étaient une injure pour Liam, un affront pour elle. Elle rouvrit les yeux d'un coup, les plantant dans ceux de son ex avec une assurance dont elle ne se serait jamais cru capable. Retirant d'un coup sec sa main de son bras, elle sentit son sang affluer à nouveau. La marque des doigts de Liam était bien visible, preuve de la douleur que ça avait pu engendré. Elle attendit, le même air assuré ancré sur le visage, qu'il comprenne de lui même, ce qui ne tarda pas à arriver. « Heller t'as... » La jeune infirmière avait profité de la réflexion du cambrioleur pour terminer son ouvrage de bandage et finir de le soigner, enfin.

« Oui. » Il n'avait pas eu besoin de terminer sa phrase pour qu'Hannah devine à quelles conclusions il était arrivé. Jamais elle n'aurait été ici, aidant une organisation criminelle, de son plein gré, si elle n'avait pas quelque chose à défendre. « Ton grand ami, Heller, a 'demandé' mes compétences en échange de ma vie. Le calcul a été vite fait. » Encore une fois, elle n'avait pas dans l'idée de finir rôtie à 26 ans. Entendant un raclement de gorge derrière elle, elle n'eut pas à se tourner pour comprendre l'avertissement de Champagne qui était revenu dans la pièce quand il l'avait entendue évoquer le grand patron. « Quoi, Champomy ? J'ai rien dis de mal sur votre boss. » Elle était tête brûlée mais pas suicidaire.

Chassant d'un geste de la tête les restes de souvenirs, sans succès.

*Flash-back* « Je vous en prie, arrêtez de me faire du mal, j'ai compris ! Cet homme, innocent, allongé à terre dans cette sordide ruelle. Le visage plein de sang, d'hématomes et de coupures dues à des coups. Tout soulevait le cœur de la jeune femme, cachée dans l'ombre d'un coin de mur. Mais le pire, le pire c'était l'auteur. Liam.

Hannah s'éloigna de Liam, rassemblant ses affaires dans le sac de secours qu'elle avait emporté. Son téléphone sonna, une photo de Cory et elle prit la place sur l'écran de son smartphone. Son ami, squatteur de canapé qui se demandait très certainement où elle était partie en pleine nuit, sans rien dire. Elle était obligée de lui mentir. Elle avait la nausée rien que de penser qu'il pourrait être impliqué par sa faute. Toisant Liam, elle décida qu'il méritait de connaître au moins une partie de la vérité, ça le ferait réfléchir un peu plutôt que mettre toute la faute sur son dos. « J'ai découvert que tu étais un cambrioleur au compte de ce club de merde il y a quatre ans. » Autrement dit, un an après qu'ils se soient mis ensemble.

What the hell are you doing here ?

Come down to the black sea swimming with me. Go down with me, fall with me, let’s make it worth

L'attaque du molosse, sa fuite, sa blessure. Elle. Hannah. C'était soudain bien trop de choses a encaisser en une soirée. Le poison qui se diffuse dans les veines. L'hallucination qui prend de l'empleur. Tout était pourtant réel. Affreusement réel. L'impression d'être dans un cauchemar éveillé, ses vieux démons lui caressant les cheveux a la manière d'un mère, lui intimant que tout allait bien se passer avant d'enfoncer encore un peu plus profondément le couteau dans la plaie. Cette plaie qui s'était réouverte a l'instant même ou Liam avait croisé le regard de cette femme. Cette femme a qui il avait promit son amour des années auparavant. Ce genre de promesse qui se brise mais qui ne s'oublie jamais réellement. Le temps n'est pas avec nous mais bien contre nous. Des milliards de minutes pour oublier le passé, un millième de seconde pour y plonger a nouveau. Le temps est un traitre. Rien d'autre. Trop perdu pour résister, la douleur l'anesthésie un court instant, il se laisse faire sous la main d'Hannah. Méticuleuse et sensible. Sensible. Si seulement elle avait pu l'être après l'avoir quitté. Mais non. A croire que la froideur de Liam avait finit par déteindre sur elle avec les années. A la virgule près il se souvenait du mot qu'elle lui avait laissé. Là non plus le temps n'avait pas fait effet. Quelque part dans un coin de son cerveau. Juste pour se rappeler a quel point il faut se méfier des femmes. Se méfier des relations humaines. De l'homme. 
Liam reste silencieux, accusant le coup, faisant parfois craquer ses doigts nerveusement tandis que son ex finissait de le recoudre. C'était presque ironique cette façon de le soigner alors qu'elle même avait été la maladie dans le passé. Son propre virus mental, sa guérison quand elle le décidait. Sauf que le remède n'avait jamais eu l'intention de revenir, laissant Liam bouffé par ses propres démons. Encore une fois, le club avait été son seul échappatoire. Sombrer un peu plus, se renfermer un peu plus. La cicatrisation avait finalement opéré. Quelque chose de décousu. Ce soir son coeur saigne a nouveau. Ce soir Le club est son propre tribunal. Hannah son juge. Son bourreau. Sa malédiction. Il grimace lorsqu'elle termine de le soigner. Ou bien est ce la réponse de son ex qui tambourine a travers ses oreilles ? Ses compétences en échange de sa vie. Ca résonne dans son esprit. Ca tourne. Ca vire. Comme un écho d'un autre temps. Cette évidence il refuse de la croire, de l'affronter. Elle savait quelque chose d'important. Sans quoi elle ne serait pas ici. Ils n'en seraient pas là. Et lui. Heller. Comment avait il pu la ramener alors qu'il savait. Il avait peut être été le seul a voir la douleur qu'avait causé le départ d'Hannah. Quoi qu'il en était, on ne discute pas les ordres du boss bien que l'idée de l'appeler en plein milieu de la nuit pour mettre les choses aux clair quant a cette histoire invraisemblable l'effleure un instant. Un semblant de conscience l'oblige a renoncer au milieu du champs de bataille qu'était son esprit. Heller n'avait rien a voir dans cette histoire personnelle, si il y avait des problèmes majeurs a régler, c'était bien entre Liam et Hannah. Le téléphone de son ex sonne. Il remonte doucement a la surface, se rappel de l'importance de l'oxygène pour rester en vie. Il reprend sa respiration la voyant s'éloigner, plaquant ses cheveux encore humide en arrière, sentant ses nerfs lacher a nouveau. Alors il se lève, boitant jusqu'a la table, évitant ce qu'il avait fait tomber auparavant. Mettre le plus de distance possible entre elle et lui. Il savait pertinnement ce qu'il était capable de faire dans ces moments là, bien trop effrayant pour prendre un quelconque risque. Parceque oui, Liam avait beau la hair de tout son être, il y avait encore une minuscule parti de lui qui tenait encore a cette fille. La seule qui l'avait aidé a sortir des griffes de son père, la seule qui l'avait plus ou moins aidé a s'ouvrir sur le monde qui l'entourait. La seule qui l'avait rendu heureux le temps que ça avait duré. Il s'était promis de ne jamais la toucher. Cette promesse tenait toujours. Elle tiendrait. Jusqu'a la fin. 

- J'ai découvert que tu étais un cambrioleur au compte de ce club de merde il y a quatre ans.


Il se mord la lèvre. Ca part, incontrôlable. Son poing s'abat sur la table, seul manière d'évacuer ce trop plein de mauvaise énergie, d'évacuer ce qui le ronge. Les cheveux éparpillé sur le visage, il reste dans cette position, incapable d'émettre le moindre mots, seul ses cheveux bougeant au rythme de sa respiration. Liam finit par prendre la parole, osant enfin croiser le regard d'Hannah. Sa voix reflète son propre état.

- Toi et ta curiosité de gamine écervelée, voila ou ça t'as mené. Voila ou ça nous a mené !

Il pose ses deux mains sur la table, défiant son ex du regard avant de reprendre sur le même ton. Glacial.

- Fallait que tu mettes ton nez dans ce qui te regardait pas, hein ?! C'était plus fort que toi ! Il cherche ses mots. Et pendant tout ce temps t'as fermé ta gueule, t'as continué a me faire éspérer des conneries alors que depuis le début tu comptais me quitter...pourquoi t'as rien dit ?! 

Il craque, se met a marcher le long du mur tel un lion en cage, ravalant des larmes brulantes qui ne sortiront pas. Pas devant elle.

- Comment t'as su ? Qu'est ce que tu sais d'autre ?


Le temps des mensonges est révolu. Celui des souffrances est venu.

Yamashita sur épicode

What the hell are you doing here ?

Ma tête me faisait mal, elle bourdonnait, tout ça était bien trop. Je m'adossais au mur derrière elle, incapable de me tenir, trop fragilisée. Avec un soupir, je me tint la tête. « J'ai tellement essayé... » Et arrivé si loin, mais à la fin, ça n'avait plus d'importance, je devais tomber pour tout perdre. Mais à la fin, ça n'avait plus d'importance. Je l'avais soufflé, plus pour moi que pour Liam, j'ignorais même si il avait entendu. M'était avis que non, il était bien trop occupé à croire que j'étais une sorcière. Je suis déjà fatiguée de la violence dont il fait preuve.

Je sursaute lorsque son poing brise la table en une fraction de seconde, il est assez loin de moi et pourtant je ne me sens pas en sécurité, comme cette nuit-là. Voilà ce qui m'avait poussé à partir. « Toi et ta curiosité de gamine écervelée, voila ou ça t'as mené. Voila ou ça nous a mené ! » J'ai beau avoir peur, j'ai aussi ma fierté, ses mots me blessent, me serrent le cœur et me mettent en rogne, ça part tout seul, sans que je ne puisse intervenir. « Va te faire voir !  » Je serre les poings, je regrette déjà cette phrase mais ma colère est en train de se décupler.

Il continue.

« Fallait que tu mettes ton nez dans ce qui te regardait pas, hein ?! C'était plus fort que toi !Et pendant tout ce temps t'as fermé ta gueule, t'as continué a me faire espérer des conneries alors que depuis le début tu comptais me quitter...pourquoi t'as rien dit ?!  » C'était injuste, je n'avais jamais préméditer de le quitter. Une larme se mit à rouler sur ma joue, je l'essuyais vite, rageusement. Je sentais les mots pousser sur mes lèvres, comme si j'allais vomir, je sentais la tirade venir. « Parce que tu crois que ça a été facile pour moi ?! Chaque jour, j'avais peur de te voir débarquer dans mon service, que ce soit toi à qui je doive sauver la vie, que ce soit toi que je voyais entrer la tête en sang. J'avais peur qu'il t'arrive quelque chose, que tu te fasses tuer et que ça reste un 'cas inexpliqué'. J'ai jamais eu l'intention de te quitter, je t'aimais putain ! Je ne suis pas la sorcière que tu penses, remet toi aussi en question. »

Je secouais la tête, si j'avais pu rentrer dans le mur, je l'aurais fais. Je déglutis péniblement, j'avais une profonde envie de me mettre en boule sous le jet d'eau chaude rassurant de ma douche et pleurer toutes les larmes de mon corps, espérant me laver de toutes les mauvaises choses au passage. A chaque douche, j'espérais qu'elle allait effacer le souvenir de Liam, Heller et toute sa clique. En vain. Ce n'était que quelques minutes de répit. «  Comment t'as su ? Qu'est ce que tu sais d'autre ? » Je soupirais à nouveau, est-ce que c'était vraiment important ? Pourtant les vannes du flot de paroles avaient cédées, je ne pouvais plus rien y faire à présent, tout sortait. « On s'en tape de comment je l'ai su, peut-être que ma 'curiosité de gamine écervelée' m'a poussée à essayer de savoir où tu allais ? Où tu étais en pleine nuit alors que je t'attendais ? Non même pas, je te faisais confiance, je ne t'ai jamais demandé pourquoi tu disparaissais sans arrêt, tu as juste oublié un détail, un plan d'une maison. Je l'ai brûlé au fait, me remercie pas. » J'étais sèche, je n'avais qu'une envie c'était rentrer, mes jambes essayaient de se tourner vers la porte mais mon cœur n'était pas du même avis, lui, il avait besoin de se vider. Je fusillais mon ex du regard. « J'ai trouvé la maison, j'étais devant quand une femme m'a accostée, une voisine assez âgée qui n'avait pas vraiment de gens à qui parler, elle m'a parlé du cambriolage en se désolant d'à quel point le monde était devenu laid. Je ne pouvais que lui donner raison, encore plus quand j'ai fais le rapprochement. » Je m'arrêtais là, la suite était délicate, je ne voulais pas lui dire ce que je savais d'autre, c'était la raison pour laquelle j'avais pris la fuite sans demander mon reste.

Liam insistait pour savoir mais je ne pouvais pas me résoudre, je secouais la tête et fermais les yeux, espérant que tout disparaisse autour de moi et que je me retrouve sur une plage, j'en avais bien besoin. Pourtant la question qu'il ne répétait sans cesse me martelait la tête, je sentais sa voix se rapprocher. Je grommelais. « Laisse-moi tranquille, tais toi. » J'essayais de toutes mes forces et cédais finalement. J'ouvrais des yeux noirs sur mon ex qui s'était rapproché. « TU AS FAILLI TUER UN HOMME, LIAM. » J'avais hurlé, malgré moi, le poids de ce secret trop lourd à porter, je me sentais libérée d'un coup. Lui, me regardait sans comprendre, il avait reculé d'un pas. Je me laissais choir sur la moquette à terre, mon dos glissant sur le mur. Pour le coup, j'étais vraiment vidée de mon énergie. Je reprenais, ma voix plus faible. « Qu'est-ce que tu faisais avant de rentrer le soir où je suis partie ?  »

Je le fixais et voyais qu'il comprenait petit à petit, ses yeux s'écarquillant, horrifié. « Je pouvais passer au dessus des cambriolages par amour. Mais ça, c'était trop. » Je ne terminais pas ma phrase, il avait bien comprit que c'était ce qui avait précipité ma fuite. Si j'avais anticipé la rupture, je n'aurais pas oublié la moitié de mes affaires chez lui. Ce soir-là, j'avais embarqué tout ce que je pouvais le plus vite possible et avait mit les voiles, voilà tout.

What the hell are you doing here ?

Come down to the black sea swimming with me. Go down with me, fall with me, let’s make it worth

C'est douloureux. Difficile a savoir ce qui l'était le plus. Le sang suinte en un goutte a goutte écarlate venant tacher le bandage sur sa cuisse. Il aurait du rester tranquille. Il aurait du prendre du repos. Laisser reposer sa blessure. La course folle de son coeur. Le mal de tête s'intensifie. Et il tourne. Tourne. Tourne. Dans le vide. Sa force le lache. Il est obligé de se tenir a la table, le coeur au bord des lèvres. Son corps lui envoie des signaux d'alertes qu'il ignore. Ne pas montrer sa faiblesse. Jamais. Pas devant elle. Pas maintenant qu'elle était revenue. Pas maintenant qu'elle était dans son propre monde. Ses faiblesses il les avait bien trop montré dans ses messages, ses appels lorsqu'elle était partit. Sa faiblesse c'était elle. Pour toujours et a jamais. Elle qui avait su le trouver. Le percer a jour. L'aimer, derrière cet homme que tout le monde rejetait. Il ferme les yeux, écoutant un semblant de conscience qui le supplie de se calmer. Il le doit. Que la violence ne mène a rien, tout comme l'alcool ne résolvait pas les problèmes. Si facile a entendre, si difficile a appliquer. Le combat de sa vie. Depuis...il avait perdu le compte en réalité. Depuis toujours, peut être. S'évader de cet enfer, de ces souvenirs qui afflux. Tout ce qu'il avait ensevelit. Parceque les douleurs psychologiques était bien plus dévastatrices que des douleurs réels. Celle là se guérissent. Les autres ne sont que camouflées. Alors les souvenirs finissent de remuer le couteau dans la plaie, les coutures de son coeur sautent une a une pour mieux laisser Hannah s'y infiltrer. Ce qu'il voit c'est ce bonheur envolé. Un souvenirs lointain dont il n'est même plus sur de la saveur. Cette partie de lui disparu en même temps que son ex. Des images, des mots, des sensations, des odeurs. Des douleurs. Rien de précis, ou au contraire bien trop pour être assimilé totalement dans un tel état. Une blessure toujours a vif malgré les années dans laquelle il s'était perdu. Oublié. Personne ne lui avait apprit a surmonter ce genre de chose, encore moins son père qui lui même ne lui avait jamais montré un exemple en refusant la mort de sa propre femme. Personne ne lui avait apprit a soigner cette douleur terrible au creux de son ventre. L'impression d'être un enfant dans le noir qui appel une mère inexistante. Alors pour se soulager c'est derrière la violence qu'il se cache. Le silence finit de le consumer, il rouvre les yeux, trouvant enfin le courage d'affronter le regard de cette fille. Il n'est pas en état d'assimiler tout ce qu'elle déballe, tout ce qu'elle a sur le coeur, lui même ne trouve plus aucun sens a ses propres pensées. Le regard vide, il se laisse porter par les mots, revenant parfois a la réalité entre deux reproches. Son coeur redescend. Le calme après la tempête, cet sorte d'état second dans lequel Liam pouvait être après une telle crise, après un tel lacher prise. Les yeux a demi clos, des larmes prêtent a couler qui font briller ses iris. Il ne cédera pas, pourtant. Comme si il avait oublié comment pleurer. Comment vivre. 
Disparaitre...cas inexpliqué...cambriolage...il reste là a l'écouter sans vraiment être attentif, revenant doucement a la réalité. 

- Comment t'as su ?

Il répète. D'une voix plus calme mais toujours aussi menaçante. Comme si la seule chose qui l'importait c'était ça. Comme si la réponse d'Hannah allait pouvoir lui permettre d'avancer, de tourner la page. La moitié d'une page. Liam se rapproche d'elle, la regardant de toute sa hauteur, se sentant capable de briser cette distance qu'il avait lui même imposé, effrayé par ses propres agissements. 
Je te faisais confiance Hannah. Je t'aimai. Mais tu m'as brisé le coeur. C'est ce qu'il pense en la regardant. Peut être qu'une partie de lui aurait aimé le penser a voix haute. Aucun mot ne sortira, pourtant.
Je t'aurais jamais fais de mal Hannah. Je t'ai protégé pendant tout ce temps. De tout ça...
Elle est sur le point de craquer. De délivrer ses secrets. Mettre enfin des mots sur ce qui l'avait poussé a fuir si précipitamment. Mais était il réellement capable de l'entendre ? Cette vérité.
Je t'ai offert plus que ce que je n'ai jamais pu offrir a quelqu'un et tu as tout brisé en une soirée. Est ce que je t'ai hanté comme moi tu as pu me hanter ?
*Soudain les mots fusent. Elle hurlent, cédant a la pression. La pression. C'est la mienne qui remonte en flèche. Dos contre le mur, elle cède aux larmes, cède a la peur, cède au désaroi. Et moi je comprend enfin ce qui l'avait rongée. Détruit. Cette homme que j'avais d'abord menacé quand lui même m'avait menacé de balancer ce qu'il avait vu, un cambriolage en régle, a la police, j'avais cédé a la colère sous le regard d'Heller et Champagne. Si ils ne s'étaient pas interposés, cet homme serait probablement mort a l'heure qu'il est. Mes yeux s'arrondissent. Hannah avait vu de moi ce que je lui avait toujours caché. Je l'avais toujours protégé de cet homme là. Bien trop dangereux pour être évoqué. Elle en avait vu a nouveau une partie ce soir. Médusé, j'observe ses quelques larmes perler le long de sa joue pour venir s'échouer lamentablement sur le sol froid. Je m'accroupis pour être a sa hauteur.

- Je pouvais passer au dessus des cambriolages par amour. Mais ça, c'était trop.

Ma respiration se coupe avec l'étrange envie de passer mon doigt sur cette joue au souvenir si doux, sécher cette dernière larme. Ca me fait mal de la voir pleurer. Ca ne devrait pas. Pas après ce qu'elle m'a fait. La remise en question n'est clairement pas pour ce soir, ses reproches déjà loin. Je me lève, emportant avec moi cette tentation, a vrai dire, je m'éloigne justement pour ne pas y céder. Je reprend mon rôle.*

- Pourquoi t'es revenu ? Le monde est grand, il a fallu que tu refoutes tes pieds ici. Tu ne connais pas Heller, au moindre faux pas il mettra ses menaces a exécutions. Ou que tu ailles il te retrouvera. Il laisse le silence faire son effet. Je ne serais pas là pour réparer tes erreurs Hannah. Je ne serais plus jamais là. Pas après ce que tu m'as fais.

Double sentence. Lui faire comprendre qu'il ne dissuadera pas Heller si il décidait de l'éliminer et qu'il n'avait absolument rien assimilé des reproches qu'elle lui avait fait auparavant.  Il rajoute pourtant quelque chose. L'impression de s'entendre parler comme ci ce n'était pas lui qui avait prononcé ses mots.

- Ton insouciance mal plaçée t'as conduite a ça Hannah. Tout ce que t'as gagné c'est de faire partie du club. Tu as des choses a me reprocher ? Tu ne vaux pas mieux que nous maintenant, tu es des notre. Il bouge, fuyant son regard. Tu serais restée a ta place, nous serions surement encore ensemble en ce moment. Il rajoute, hésitant. Mariés...

Yamashita sur épicode

What the hell are you doing here ?

On dit souvent que le temps guérit les blessures. C'est faux. Le temps camoufle, enfouit au plus profond de nous les douleurs et choisit le pire moment pour remonter à la surface, pour détruire le pansement bon marché. Et nous avec. C'était ce qu'il m'arrivait en ce moment, j'avais beau m'être préparée à la possibilité de croiser Liam, une chose est sûre, je n'avais pas été préparée à cette violence. Mon cœur non plus. Il y avait tellement de non-dits, de secrets, de poids trop lourd à porter, je ne pouvais plus me contrôler, mes propos me dépassaient. J'avais essayé, vraiment, de garder encore le secret que j'avais gardé pendant trois longues années. En vain. Dès lors que des mots s'étaient frayés un chemin entre mes lèvres, je sus que c'était terminé. « Comment t'as su ? » Liam répétait cette même question, inlassablement. A croire qu'il n'avait rien écouté de ce que j'avais bien pu dire ou qu'il ne voulait même pas y prêter attention. Je soupirais. Bien sûr, je ne m'étais pas attendue à des excuses, loin de là, mais j'espérais quand même qu'il soit capable de comprendre.

Visiblement pas.

J'hurlais, malgré moi, la raison de tout ça, la raison de ma fuite, de mon silence, de mon état actuel. Je laisse sortir tout ce qui me dévore de l'intérieur depuis tout ce temps, tout ce que le temps a caché. Tout ce qui fait – aussi – que je suis ici. Je relève des yeux mouillés sur Liam, sur l'homme que j'avais tant aimé. Je ne voulais pas me résoudre à pleurer, surtout pas maintenant, surtout pas ici, surtout pas devant lui. Mais comme le reste, mon corps et mon esprit m'avaient trahis. Je suis désolée. Les mots moururent sur mes lèvres. Je savais que je n'avais pas eu la meilleure réaction au monde mais j'avais écouté ma peur, uniquement, jamais je n'avais voulu blesser Liam, jamais je ne lui aurais fais du mal volontairement. Tout cela était beaucoup plus gros que lui et moi.

Je me calme doucement alors qu'il s'éloigne à nouveau, j'ai l'impression de peiner à respirer quand il est trop proche. Dès que je pose mes yeux sur lui, c'est ce monstre de ce soir-là que je vois. Et pourtant, je sais qu'un autre Liam se cache derrière toutes ces couches, je le sais parce que je l'ai côtoyé des années. Je l'ai serré dans mes bras, embrassé, j'ai passé mes doigts délicatement sur sa peau. Et ça n'arrivera plus jamais. J'ai le cœur qui se sert à cette idée et je ne peux m'expliquer pourquoi. « Pourquoi t'es revenu ? Le monde est grand, il a fallu que tu refoutes tes pieds ici. Tu ne connais pas Heller, au moindre faux pas il mettra ses menaces a exécutions. Ou que tu ailles il te retrouvera. » Je sais déjà tout ça, j'ai bien compris ses menaces, elles étaient assez explicites. Je fixe cet homme, sans comprendre. « Je ne serais pas là pour réparer tes erreurs Hannah. Je ne serais plus jamais là. Pas après ce que tu m'as fais. »

Je comprends enfin où il veut venir, il prend un malin plaisir à me remettre à ma place, à me dire à quel point je l'ai mérité et à quel point il ne se ferait pas prier pour ne pas intervenir. Mes regrets, un instant plus tôt, sont déjà envolés après ça. C'est la colère qui prend le dessus. Cuisante, rageante, elle emporte tout avec elle – les sanglots, les remords, les excuses que je brûlais de lui présenter. Détruits, eux aussi. « Ton insouciance mal placée t'as conduite a ça Hannah. Tout ce que t'as gagné c'est de faire partie du club. Tu as des choses a me reprocher ? Tu ne vaux pas mieux que nous maintenant, tu es des notre. » Il continue, ma colère continue de croître de son côté. « Je ne serais jamais comme vous !  » Les mots fusent, cinglants.

Je me relève d'un coup, enveloppée d'une force dont je ne me sentais pas capable. Je fais face au bourreau, au fantôme de mon passé. Je ne veux plus avoir affaire à lui, je ne veux qu'une chose, c'est rentrer chez moi, à Newcastle, encore. Pourtant cette fois, je ne peux pas fuir. « Tu serais restée a ta place, nous serions sûrement encore ensemble en ce moment. » J'ouvre la bouche, j'ai le cœur en miette, je reste muette. « Mariés... » Ce mot me percute de plein fouet, je ne demandais que ça à l'époque. « Et dans deux mois, je serais veuve. » Mon ton sarcastique me fait mal à moi-même, je me sens pourtant libre. Je tente encore de lui faire ouvrir les yeux sur les événements. « J'ai jamais dis que j'étais toute rose mais regarde toi. Je suis ici pour me sauver pas pour profiter d'innocents, il y a une grande différence. Je ne suis pas des vôtres, je ne suis pas comme vous. Rentre toi bien ça dans le crâne. » Je ne pèse plus mon ton, toute ma rage transpire dans ces mots, c'est terminé. J'abandonne l'idée de discuter, j'abandonne l'idée de tout mettre à plat. J'attrape mes affaires et sors de cette maison maudite sans un mot, sans un regard en arrière. Avec la ferme intention de tourner la page, une bonne fois pour toute.