Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Ce maison, cette gigantesque villa plutôt, ce n'était clairement pas son monde et elle ne contrôlait rien. Au bar, la jeune femme avait un semblant de contrôle, ici, c'était le territoire de Charlie. C'était déjà le cas pendant le trajet mais les baisers de l'anglais, qui la rendait toute chose, avait achevés de la convaincre. « Il y a le reste de ma fratrie qui loge ici aussi. » Sa fratrie ? « Oh mon dieu, t'es pas le seul exemplaire ? » Elle rit, continuant de le taquiner alors qu'il la faisait rentrer dans la demeure de la fratrie. « Fais comme chez toi. » Elle ne se fit pas prier, observant les lieux autour d'elle, il y avait un certain goût pour la décoration, c'était impressionnant. Joli, plein de classe et de charme, tout le contraire du pub McTavish où ils s'étaient rencontrés, à la fois moderne et stylé. Elle sifflait pour signifier son approbation. « Superbement décoré. Tu me fais faire le tour du propriétaire ? » C'était effectivement le cas de le dire, elle ne doutait pas un seul instant que cette villa n'était pas une location. Elle s'assit sur le canapé trônant au milieu du salon chic, jamais elle n'avait ressenti pareille sensation simplement avec un meuble, le confort, la douceur du cuir – du vrai cuir. Chaque pièce de la demeure avait sa propre identité, Hannah en prenait plein les sens. Charlie revenait de la cuisine, en adéquation totale avec le reste de la bâtisse, une bouteille de vin et deux verres à pieds à la main, lui faisant signe de le suivre. « Viens par ici. qu'il lançait alors qu'elle lui emboîtait déjà le pas, ouvrant une large baie vitrée donnant sur une piscine éclairée par de petites lampes sous l'eau. Nouveau sifflement. « J'étais sûre qu'il y avait une piscine quelque part. » siffla-t-elle, déclenchant un rire de la part de Charlie. Elle s'assit en tailleur sur le rebord de la piscine, passant sa main sous l'eau, laissant s'infiltrer le liquide entre ses doigts, comme un voile ruisselant. « J’espère que tu aimes le bon vin. » dit-il en lui présentant la bouteille débouchée. Difficile à dire, elle était prête à parier qu'à l'instar de l'intégralité de la bâtisse, elle n'avait jamais goûté pareil breuvage mais ce serait avec plaisir qu'elle allait palier à ça. « Château Saint Emilion, 1961. Définitivement l’une des meilleures cuvées de Bordeaux qui existe. » Son accent changeait à certains mots, ce qui fit dire à l'australienne qu'ils étaient étrangers, français sûrement lorsque l'on entendait la sonorité. « A vrai dire, je te crois sur parole. » La Hannah fanfaronne du bar était bien loin, enfouie sous une couche de luxe clinquant – pas disparue pour autant. Elle trempait ses lèvres dans le breuvage bordeaux que son hôte venait de lui servir et fut assaillie d'un goût âpre quoique très agréable. « Il a énormément bien vieilli, on sent bien les tanins. Pour la petite anecdote, l'importation des vignes américaines en France a détruit pratiquement toutes les exploitations viticoles françaises et apparemment, le vin datant d'avant cet événement n'a pas du tout le même goût. Ce serait un des meilleurs vins au monde. » A des milliers d'euros la flacon – même pas la bouteille – encore heureux. « Excellent n’est-ce pas ? » Elle ne put qu'hocher la tête en approbation, ne pas aimer une telle cuvée aurait été un sacrilège bien qu'elle préférait le blanc moelleux. « Que dirais-tu que je te fasse faire un tour express du propriétaire ? » Le temps de la visite était arrivé. Main dans la main, ils se promenaient dans les pièces de la splendide demeure, au détour des couloirs d'un blanc immaculé. « Ce qui se passe derrière cette porte est tenu top secret par mon grand-frère, on ne sait pas trop ce qu’il y trafique, mais c’est sûrement soporifique compte tenu de son travail dans la finance. » expliqua-t-il pendant qu'ils se tenaient devant une grande porte double. Sans qu'elle ait le temps d'ajouter quelque chose – bien qu'elle pensait que ses propos n'attendaient pas de réponse de toute façon – il l'embarqua à nouveau dans la course au travers du labyrinthe qui lui servait d'habitation, ainsi qu'a sa famille. Les escaliers montés, ils arrivèrent bien vite devant l'espace personnel de l'anglais, qui l'invitait à y entrer, la suivant de près. Une fois n'est pas coutume, elle observait ce qu'il se trouvait autour d'elle dans la pièce – meubles, décoration, linge, papiers, photos. En un regard circulaire, elle passait tout au crible. « Bienvenue dans mon monde. » Il n'en fallait pas plus à la jeune femme pour prendre cette phrase comme une invitation à y entrer et à poser des questions. Satisfaire sa curiosité débordante, voilà ce qu'elle préférait, pour le pire ou le meilleur. Surtout pour le pire. Elle s'approchait d'abord du bureau où bon nombre de presses siégeaient. « Tu es dans le journalisme ? » C'est vrai qu'ils n'avaient pas énormément discutés, voir pas du tout, ils ignoraient pratiquement tout l'un de l'autre. Même si elle n'avait pas l'intention de construire une relation stable avec Charlie, elle ne pouvait s'empêcher de pêcher des informations. Une photo sur le-dit bureau attira son attention, elle présentait Charlie et un petit garçon, avec qui il avait un certain air de ressemblance. Un sourire illumina le visage de la jeune femme. « Il est adorable. Petit frère ? Ou... fils ? » Même si la réponse était positive, elle ne fuirait pas, peu lui importait. Elle se tournait vers Charlie et avançait vers lui pour passer ses bras autour de son cou, prenant l'initiative d'un baiser entre eux pour la première fois de la soirée, ses cheveux blonds tombant dans son dos, son corps tendu sous l'effet de l'attirance et l'aura de séduction entourant les deux jeunes gens. Elle se sépara de ses lèvres pour aller s'asseoir sur le grand lit de l'anglais, reprenant son verre de vin au passage afin de s'en abreuver.
De certains mots, de certains regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la douceur d'autres mots et d'autres regards. △
hannah & charlie
Quand bien même j’avais essuyé deux cuisantes défaites ce soir, j’étais décidé à ne pas rentrer bredouille de ma petite escapade à Bayside et, pour ma plus grande satisfaction, Hannah avait accepté de me suivre jusqu’à la villa que je partageais avec le reste des Hazard-Perry (à l’exception de ma grande-sœur qui logeait de son côté). L’air de ne pas y toucher et sans que la jeune femme ne puisse rien y faire, j’avais pris les rennes de la soirée, la précipitant sans plus de ménagement dans mon univers de jeune héritier londonien. Pourtant, si ma vie ici dépassait déjà le niveau de vie de la quasi-totalité de mon entourage, ce n’était qu’une version édulcorée du milieu dans lequel j’étais né et avais grandi jusqu’à mes vingt-deux ans. Faisant pénétrer la demoiselle dans mon monde, je l’avais guidé au bord de la piscine pour profiter pleinement de la vue sur le terrain et la douce atmosphère de cette nuit d’été, l’air de nouveau respirable sans la chaleur du soleil pour nous assommer comme à longueur de journée. Je lui présentais la bouteille de vin avant de la servir, la regardant tremper ses lèvres dans le liquide pourpre avant qu’elle ne me livre son opinion : « Il a énormément bien vieilli, on sent bien les tanins. » Dans un petit hochement de tête, j’avais acquiescé, goûtant moi aussi au nectar que je venais de nous servir. « Pour la petite anecdote, l'importation des vignes américaines en France a détruit pratiquement toutes les exploitations viticoles françaises et apparemment, le vin datant d'avant cet événement n'a pas du tout le même goût. Ce serait un des meilleurs vins au monde. » Je ne m’étais pas attendu à ce qu’elle s’y connaisse plus que ça en vin et j’étais impressionné (pour ne pas dire surpris) de la voir me faire part de ses connaissances dans le domaine. « Et cultivée en plus de ça ? Il faut croire que je n'ai pas tout perdu ce soir. » Un sourire amusé étirant mes lippes alors que je songeais que d’habitude, les filles que je ramenais, bien que gâtées par la nature et n’ayant rien à envier aux modèles lingerie des magazines de mode, n’avaient dans la tête. Ce qui ne me dérangeait pas outre mesure dans le sens où ce que je faisais avec elles se passait de toute conversation sensée. Néanmoins, je ne pouvais nier que la présence d’Hannah à mes côtés avec un côté rafraîchissant que je devais bien lui reconnaître. Je lui proposais sans plus tarder de visiter le reste de la maison, passant rapidement sur les pièces se trouvant au rez-de-chaussée pour la guider jusqu’à ma chambre à l’étage. Je la regardais observer d’un regard circulaire la pièce, s’approchant rapidement de mon bureau sur lequel traînait encore tout un tas de paperasse que j’avais accumulé précédemment en faisant mes recherches pour mon travail. « Tu es dans le journalisme ? » me demandait-elle avec une vivacité d’esprit qui me séduisait un peu plus. Avec un sourire bienveillant sur la face, comme j’en arborais rarement, j’avais cligné des yeux pour approuver ses dires. « Chez ABC Radio, oui. J’ai été diplômé y a quelques mois. » l’informais-je sans m’étendre davantage sur ce que je faisais pour la chaîne d’information. Le moins que l’on pouvait dire, c’était que je ne parlais que rarement de moi (aussi improbable cela soit-il connaissant mon ego surdimensionné) et que je ne me confiais pas facilement. Son regard s’arrêtait finalement sur une des photos qui se trouvait dans un cadre sur mon bureau. « Il est adorable. Petit frère ? Ou... fils ? » se risquait-elle à me demander en désignant un cliché d’Oliver et moi, sur la plage de Brisbane, le petit garçon n’ayant pas plus de trois ans à l’époque. De nouveau, un sourire s’était peint sur mon visage. « Aucun des deux, c’est mon neveu. » A nouveau, je ne me faisais pas beaucoup plus bavard à ce propos. Non pas parce que je n’aimais pas en parler, car quiconque me connaissait savait pertinemment que la moindre occasion était bonne à prendre pour m’écouter m’extasier face au bonheur que c’était de compter le petit garçon dans ma vie aujourd’hui. Mais si je voulais m’étendre sur le sujet, il aurait fallu que je raconte à Hannah les circonstances pour le moins particulières qui entouraient sa naissance et je n’avais pas la moindre envie d’évoquer ce passé que je cherchais délibérément à fuir. Tentative mise à mal par l’arrivée de ma grande-sœur en ville, suivie de près par Ryleigh. Aussitôt que le prénom de l’anglais me venait en tête, je cherchais à m’en débarrasser, l’enfouissant dans un coin de ma tête en espérant ne plus visualiser son regard perçant pour le reste de la soirée à venir. Heureusement pour moi, Hannah s’était décidée à arrêter son investigation pour passer ses bras autour de mon cou. J’avais aussitôt répondu à son baiser, ma main libre venant se saisir de sa nuque un instant. Puis la belle blonde s’était éloignée, me contournant pour venir prendre place sur mon lit. Je l’avais suivie, m’asseyant à ses côtés, venant boire une gorgée de vin avant de déposer mon verre sur ma table de nuit. J’avais aussitôt reporté mon attention sur la jeune femme, la regardant savourer le vin que je nous avais servi un peu plus tôt. « On dirait que tu prends goût à la vie de luxe. » avais-je soulevé, un sourcil arqué, la mine taquine. Puis, j’étais venu me saisir de son verre de vin pour le déposer à côté du mien. Me tournant pour observer l’australienne, un long regard avait suivi dans le silence apaisant de ma chambre. Ce calme était agréable après les mois de tourments que j’avais connu. Cette fois-ci, c’était moi qui était venu chercher ses lèvres des miennes. D’abord doux et prévoyant, pour lui laisser le temps de me repousser si le cœur lui en disait. Mais elle me rendait mon baiser. L’attirant à moi, j’avais fait en sorte qu’elle vienne se loger sur mes genoux me faisant face, à califourchon. L’un de mes bras s’était enroulé autour de sa taille, mon autre main venant retrouver sa place attitrée dans son cou. Je l’avais regardé un instant, admirant ses jolis yeux verts (une petite voix maléfique au fond de mon cerveau ne pouvant s’empêcher de me souffler qu’ils n’avaient pas la profondeur de ceux de Ryleigh). Mes lèvres étaient venues se poser dans sa nuque, juste en-dessous de son oreille pour venir ensuite courir avec lenteur et sensualité le long de son cou gracile. Et parce que le goût de ses lèvres pulpeuses me manquait déjà, j’étais venu planquer son visage contre le mien pour l’embrasser avec force. C’était un baiser langoureux, de ceux qui éveillaient tous les sens, faisaient courir un long frisson le long de l’échine, mettant aussitôt en appétit. Mon corps avait tout de suite réagi en conséquence, mon souffle s’accélérant quand mon rythme cardiaque s’emballait. Et quand, enfin, à bout de souffle, j’avais dû rompre le baiser pour reprendre ma respiration, mes yeux étaient venus chercher les siens, les accrocher avec intensité, une lueur de désir au fond de la pupille. « Dis-moi, c’est souvent que tu réserves pareil traitement à tes adversaires vaincus au combat ? » Parce que si c’était le cas, je voulais bien perdre plus souvent. Et attendant sa réponse, ma bouche était venue déposer toute une série de baiser le long de la clavicule de la jeune femme pour finir sur son épaule dénudée, avec la lenteur d'un spationaute évoluant dans l'espace en toute apesanteur. Si c’était la première fois depuis le retour de Ryleigh dans mon existence que j’avais l’occasion de passer ma nuit en compagnie d’une femme, je voulais y aller en douceur, prendre mon temps pour en savourer chaque instant.
L'ivresse du moment, la tentation. Hannah savoure l'exquis millésime, l'environnement agréable, la compagnie plaisante, l'eau chlorée perlant sur sa peau. « Et cultivée en plus de ça ? Il faut croire que je n'ai pas tout perdu ce soir. » lança-t-il, arrachant un doux rire à la jeune femme. « Juste le match et le billard, c'est déjà pas mal. » qu'elle réplique, toujours aussi vive. N'avait-elle pas dit qu'elle voulait lui rappeler tout le long de la soirée ? Elle hausse les épaules, trempant ses lèvres dans le breuvage à nouveau. « J'ai étudié le vin et la viticulture, un peu. » Par intérêt, par soif de savoir, parce que ça l'intéressait et qu'elle fait ce dont elle a envie. Elle était comme ça, Hannah, libre, simple. Bien vite elle se retrouvait embarquée dans un road trip à travers la maison Hazard-Perry jusqu'à la chambre de son hôte, à l'instar de la demeure entière, elle était gigantesque. Pour autant, au contraire du reste, on sentait que c'était l'espace de Charlie, son cocon, on sentait sa patte. L'effluve de son parfum trônait dans l'air, il avait déjà ravi les narines de la jeune femme, amenant de la fraîcheur dans ce pub rempli d'odeurs d'alcool, de tabac et de sueurs de supporters. Elle aimait cette ambiance d'habitude mais elle découvrait auprès de Charlie qu'accorder une pause à son odorat était tout aussi réjouissant, voir plus. Hannah farfouillait, comme à son habitude, furetait, piochant des informations par ci, par là, dans cet espace étendu. Un peu plus et la chambre de l'anglais avait la taille de son appartement à elle. A ses yeux, c'était à la fois scandaleux et fascinant, une immersion dans un autre contexte de vie. « Chez ABC Radio, oui. J’ai été diplômé y a quelques mois. » Elle avait donc vu juste. Opinant du chef, elle continua, son attention attirée par un cadre posé à côté où Charlie était montré avec un garçonnet, d'à peine cinq ou six elle aurait dit, lui tirant un sourire qui vint illuminer ses lèvres. « Aucun des deux, c’est mon neveu. » Elle se tournait vers lui après avoir assimilé les données. « Donc, que je récapitule, caméléon qui sait se fondre dans la foule populaire, bon professeur – pas assez pour gagner mais quand même – journaliste, proche de sa famille... » Elle s'était rapprochée pendant sa tirade, attrapant Charlie par le cou pour goûter ses lèvres à nouveau. « Et une bouche délicieuse. » Et non, le traditionnel 'que demande le peuple ?' n'arriva pas, trop cliché même pour cette scène. Au lieu de ça, elle lui lançait un clin d'oeil en s'éloignant pour aller s'asseoir sur le matelas moelleux qui surplombait le sommier du lit king size au milieu de la pièce, son ballon en main, rempli du breuvage onéreux dont elle se délectait. Bien vite rejointe par le journaliste. « On dirait que tu prends goût à la vie de luxe. » qu'il lançait, non sans une once d'amusement dans la voix. « T'es bien moqueur pour quelqu'un qui a perdu deux fois de suite, je trouve. Ce serait un sacrilège si on n'appréciait pas une bouteille comme celle-ci. » rétorqua-t-elle, un sourire aux lèvres vite remplacé par une expression de surprise quand le jeune homme vint lui prendre son verre des mains pour le poser un peu plus loin, le réunissant avec le sien. Elle se tournait vers lui, interrogative quand elle s’aperçut du regard qui lui portait, l'observant avec attention, en un rien de temps, leurs bouches s'étaient jointes de nouveau et elle avait atterri à califourchon sur les genoux de l'anglais, l'entourant des ses bras, une main dans ses cheveux, l'autre sur sa joue, leurs langues se mêlant dans un ballet rose, l'air était électrique. Un frisson dans le bas ventre. « Dis-moi, c’est souvent que tu réserves pareil traitement à tes adversaires vaincus au combat ? » Piquée au vif, elle posa ses deux mains sur son torse, y effectuant une légère pression pour qu'il se retrouve allongé sur le dos dans un bruit sourd. Elle le regardait, sourire en coin. « Non. » Pas que Charlie soit spécial, simplement qu'elle ne gagnait pas normalement. « En fait, je sais pas, c'est ma première victoire. Au billard, du moins. » Pour bien remuer le couteau dans la plaie, taquine, mutine, espiègle. Des yeux rieurs qu'elle plantait dans ceux de l'anglais, reprenant leur baiser en l'attrapant par le col, ses cheveux blonds tombant le long de son visage. Ses doigts s'infiltrèrent sous le polo, parcourant le torse de Charlie, bien décidée à passer à la vitesse supérieure – malgré que les couleurs de l'Angleterre sur ce même polo lui brûlait les doigts. « Je crois que je vais le réduire en cendres après. » Une menace qui ne s'y apparentait pas, tant son ton était chaud, ses mots murmurés à l'oreille. C'est elle qui allait se consumer finalement. Elle revenait prendre en otage les lèvres sucrées du journaliste, ses mains remontant sur sa peau, retirant le fameux polo peu apprécié. Liam, le club, sa vie. Elle avait décidé de tout oublier dans les bras de Charlie.
De certains mots, de certains regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la douceur d'autres mots et d'autres regards. △
hannah & charlie
« Donc, que je récapitule, caméléon qui sait se fondre dans la foule populaire, bon professeur – pas assez pour gagner mais quand même – journaliste, proche de sa famille... Et une bouche délicieuse. » avait-elle soufflé, me tirant un sourire pas peu fier, avant de venir combler la distance qui nous séparait pour m’embrasser, se détournant finalement pour s'installer sur mon lit. Maintenant qu’Hannah était entrée dans ma chambre, qu’elle avait pris place sur mon lit, je n’avais plus qu’une idée en tête : découvrir ce qui se cachait sous cette couche superflue de vêtements. Pourtant, je ne précipitais rien, calmant mes ardeurs, continuant d’agir avec la désinvolture qui me caractérisait, ne laissant rien entrevoir de cette envie que la demoiselle avait su faire naître en moi. Je l’avais rejoint sur le matelas, l’observant avec amusement savourer le verre de vin que je lui avais servi un peu plus tôt, ne pouvant m’empêcher de la taquiner un peu à ce sujet. « T'es bien moqueur pour quelqu'un qui a perdu deux fois de suite, je trouve. Ce serait un sacrilège si on n'appréciait pas une bouteille comme celle-ci. » Un petit sourire en coin était venu se loger sur mes lèvres alors que je la débarrassais de son verre malgré son air surpris et quelque peu courroucé de me voir lui retirer pareil breuvage des mains. Mais je m’étais rapidement fait pardonner en l’attirant à moi, sur mes cuisses, mes bras s’enroulant aussitôt autour d’elle pour presser son corps contre le mien, pour avoir tout le loisir de l’embrasser avec passion, plaquant ses lèvres contre les miennes, venant à la rencontre de sa langue. Et ce baiser mettait tous mes sens en alerte, son parfum enivrant semblant embaumer toute la pièce tout à coup. Il n’y avait plus que nos deux corps s'enlaçant, nos lèvres s'embrassant qui comptaient, cet instant qui parvenait presque à faire taire les tourments qui continuaient de me peser sur le moral. Puis, à bout de souffle, j’avais choisi de m’éloigner de ses lèvres un instant pour reprendre mes esprits et lui lancer une petite pique pour laisser à mon cœur le temps de retrouver un rythme cardiaque normal. Et alors que je me jouais de ses sens en embrassant son cou, sa clavicule, savourant la douceur de sa peau, elle me repoussait sur le lit et je me laissais faire dans un sourire en coin, écoutant sa réponse : « Non. En fait, je sais pas, c'est ma première victoire. Au billard, du moins. » avait-elle répondu lorsque je lui avais demandé si elle avait pour habitude d’embrasser de la sorte tous les perdants qui l’affrontaient ou si c’était un traitement qui m’était spécialement réservé. Elle cherchait sûrement à remuer le couteau dans la plaie, mais l’évocation de ma défaite ne me faisait plus rien, j’étais bien trop occupé à accrocher son regard de mes pupilles, appréciant d’y lire le désir certain que j’avais réussi à faire naître en elle. Mais bien vite nos lèvres étaient venues se trouver, se sceller, se mouvoir les unes contre les autres. L’ambiance dans ma chambre était désormais électrique, tout mon corps tendu dans l’attente de ce qui était à venir. Pourtant, j’étais bien décidé à ne pas brûler les étapes, à savourer de chaque instant, de chaque regard, de chaque baiser, de chaque caresse. Mes mains étaient venues s’agripper à ses hanches, plaquant son bassin contre le mien dans ce besoin que j’avais de la sentir contre moi. C’était à son tour de jouer avec moi, glissant ses doigts fins sous mon polo pour venir caresser mon torse, déclenchant aussitôt un frisson chez moi alors que ma peau se couvrait d’une légère chaire de poule à ce tout nouveau contact. C’était comme si ses doigts me brûlaient, laissant des traînées de feu partout ils étaient passés. Alors je l’embrassais avec plus de force, plus d’urgence, m’abandonnant totalement à cet instant. « Je crois que je vais le réduire en cendres après. » avait-elle plaisanté contre mes lèvres et je comprenais aussitôt qu’elle parlait de mon haut. « Tu peux bien en faire ce que tu veux. » avais-je soufflé d'une voix rauque tout contre sa bouche, l’aidant à me retirer le polo avant de l’abandonner à même le sol. Je m’étais redressé, un de mes bras se glissant dans le creux de ses reins. Mes lèvres venaient butiner sa mâchoire, descendant dans son cou, j’y faisais glisser ma langue par instants, soufflant chaudement contre sa peau de pêche, ma main libre se glissant sur sa chute de reins. Je faisais durer le plaisir, savourant chaque frisson que je devinais chez elle sous mes baisers, imaginant son impatience grandissante dans ses caresses plus pressantes. Je cherchais à la chatouiller, à la faire languir, à la voir râler de me montrer si lent à passer aux choses sérieuses. Je me saisissais finalement du bas de son tee-shirt pour le lui retirer et faire face à son soutien-gorge. Un petit sourire en coin, presque satisfait, m’avait échappé avec que je ne revienne l’embrasser avec encore plus d’intensité, me montrant tout à coup plus entreprenant. Pendant ce temps, ma main droite était venue courir le long de sous-vêtements de la demoiselle pour le dégrafer du premier coup, d’un doigté expert. Aussitôt, j’avais rompu mon baiser pour observer ce que je venais de découvrir, comme si je venais de déballer mon cadeau de Noël, mes yeux brillants d’excitation. D’un rapide mouvement, j’étais venu allonger Hannah sur mon lit, plaçant mon bassin entre ses cuisses avant de fondre sur sa poitrine sans plus tarder. Me pressant contre la belle australienne, je caressais sa peau, embrassais ses seins, revenant de temps à autre capturer ses lèvres, mon regard avide se posant partout où les délicates courbes de la demoiselle m’apparaissaient. Interrompant un instant mon petit jeu, j’étais venu chercher son regard du mien, pour lui poser une question silencieuse alors que mes doigts étaient déjà venus trouver son pantalon, comme pour lui demander l’autorisation de le lui retirer. Et aussitôt que je lisais dans son regard son approbation, j’étais venu lui retirer son jean alors qu’elle soulevait son bassin pour m’aider. Savourant de la découvrir quasiment nue devant moi et l’aidant à son tour à me retirer mon bas, mes lèvres étaient venues chercher les siennes pour un baiser plus lent, plus intense et définitivement langoureux alors que mon bassin se pressait contre le sien. Je sentais l’excitation qui montait à moi, cette envie bouillonnant peu à peu dans mon bas ventre, augmentant à chaque baiser que je lui accordais, à chaque caresse que je m’autorisais sur son corps aux courbes sublimes, à chaque fois que je sentais son souffle s'accélérer.
« Tu peux bien en faire ce que tu veux. » Et les choses ont dérapées, sans crier gare. Sa voix, aux accents de préhistoire, gutturale à souhait. Son souffle chaud tout contre sa bouche, ses lèvres qui en redemandaient, encore et encore, jamais vraiment satisfaites, une insatiabilité constante en cet instant envahissait la jeune femme. Elle pressait son corps tout contre Charlie, tendue à l'extrême, prête à l'accueillir. Elle le voulait, le désirait ardemment et le petit jeu qu'ils avaient commencé il y avait maintenant quelques heures au pub McTavish commençait à durer, elle n'aurait pu dire ce qui l'excitait le plus entre les baisers, les caresses ou l'envie réciproque de l'anglais. Elle se sentait convoitée, le regard brûlant de Charlie faisait naître une éruption volcanique dans son bas ventre, les cuisses chaudes, la peau moite de plaisir, elle attendait qu'il daigne terminer cette plaisanterie mesquine. Gémissante, n'en pouvant plus, en sous-vêtements puis pratiquement nue comme un ver devant un Charlie uniquement torse nu, elle décidait d'inverser la tendance. Ses doigts fins tâtonnèrent pour aller trouver les boutons et la braguette du jean qui ne tarda pas à se retrouver à son tour à terre, les vêtements se multipliant étendus sur le sol tout autour d'eux et du lit qui supportaient leurs corps découverts et enlacés. Ses mains venaient rencontrer la délicate tige qui fleurissait à la limite du bassin du jeune homme, assurant un mouvement de va et vient pour faire monter la température – bien que la chaleur était déjà à la limite de l'insoutenable – et lui prodiguant des caresses d'une douceur infinie. Les deux amants prenaient leur temps depuis le début de leur rencontre, se découvrant peu à peu, au fur et à mesure, là, ils découvraient le corps de l'autre. Elle n'hésitait à prendre un instant à tout moment pour observer l'anatomie de l'homme qu'elle s'apprêtait à recevoir. Mais le gonflement attendu ne vint finalement pas, devant l'expression pleine d'interrogations de Charlie, l'australienne comprit bien vite que quelque chose clochait. « Charlie ? » Elle l'appelait, presque dans un murmure, soufflant son nom comme si elle n'osait pas le dire à voix haute. Toujours sous le corps luisant du jeune homme, elle s'arrêtait aussi, son dernier gémissement qui mourrait sur ses lèvres ourlées, son pique d'envie qui redescendaient aussi sec, comme si quelqu'un désoulait instantanément devant un événement spécial. La lueur de désir qu'elle avait aperçu dans les yeux clairs du Hazard-Perry tout au long de leurs préliminaires avait à présent disparue, laissant sa place à quelque chose de beaucoup moins jovial. « Charlie ? » qu'elle répétait, devant le silence gênant de l'intéressé. Bouillante (comme une baraque à frites) il y a peu, Hannah était désormais embarrassée, perplexe et gelée. La douce chaleur qui l'avait envahie sous les effleurements l'avait aussi bien vite désertée, sa peau était toujours couverte de chair de poule, seulement, maintenant, pour une toute autre raison. Voyant que l'anglais ne réagissait pas, comme prostré, elle l'avait légèrement poussé pour reprendre le contrôle de ses gestes et avait repassé ses sous-vêtements pour se couvrir. La pièce avait perdu une dizaine de degrés en quelque seconde, sûrement dû à l'attitude glaciale de Charlie désormais.
De certains mots, de certains regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la douceur d'autres mots et d'autres regards. △
hannah & charlie
Hannah sous mon corps, je profitais de la vue sur son anatomie qu’elle m’offrait, mes lèvres avides ne pouvant se retenir de venir chercher le contact avec sa peau pour l’embrasser avec envie. Après qu’elle m’ait aidé à me débarrasser de mon pantalon, j’étais venu de ma main caresser son intimité, jouant de mes doigts sur ses zones les plus sensibles. Je me délectais de l’entendre soupirer, gémir sous mes caresses, me tirant un petit sourire de satisfaction. C’était la vision de son corps frissonnant, de ses lèvres se pinçant pour retenir un gémissement, de cette impatience et de ce désir grandissant que je lisais dans ses yeux qui me faisait basculer. J’étais décidé à passer la seconde, à accéder à cette envie commune que nous partagions d’être toujours plus proches l’un de l’autre. Je l’avais laissé me retirer mon boxer pour venir à son tour s’occuper de moi, faire monter le désir d’un échelon encore, entamant les choses sérieuses. Je sentais l’envie et l’excitation qui grandissaient en moi, déployant dans mon corps une douce chaleur qui trouvait sa source dans mon bas ventre, m’électrisant et embrumant mes connexions synaptiques. Je n’attendais plus qu’une chose : l’union de nos corps et l’accession à la jouissance que cela promettait. Pourtant sans savoir pourquoi, alors que je l’embrassais, continuant de jouer de ma main sur son corps pour la préparer à ce qui allait suivre, c’était l’image de Ryleigh qui venait s’imprimer dans mon cerveau. Mon cerveau disjoncté choisissait le pire instant pour me rappeler l’anglaise, cette femme objet de tous mes fantasmes et de tous mon amour qui était hors de ma portée, aujourd’hui plus que jamais. Alors je redoublais d’efforts et de volonté, pour tenter de revenir à l’instant présent, à Hannah qui se trouvait sous mon corps que je continuais de presser contre le sien. J’étais acharné, persistant dans mes caresses pour espérer que ces réminiscences disparaitraient aussi vite qu’elles étaient arrivées. Je sentais cependant que quelque chose ne tournait pas rond. Malgré la vue délicieuse de ses courbes ravissantes, les frissons bien réels qu’elle me tirait à chacune de ses caresses, les légers feulements que je laissais passer à travers mes lèvres, quelque chose clochait, me tirant malgré moi de ce moment bien plus qu’agréable. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, pourquoi mon corps se décidait à me faire défaut dans un instant aussi crucial que l’épisode actuel. Mon cerveau refusait d’admettre la triste réalité, essayait d’ignorer cette voix dans ma tête qui me criait pourtant ce qui était en train d’arriver. Jamais je ne m’étais retrouvé dans cette position, du moins pas en charmante compagnie. Et le regard de franche incompréhension que me lançait Hannah me pesait, d’autant plus lorsque mon prénom résonnait entre ses lèvres : « Charlie ? » me tirant un énième frisson qui venait lécher mon échine. Fermant les yeux avec force, j’essayais, en vain, de m’abandonner à ses caresses, de la laisser jouer de ses doigts de fées sur mon corps récalcitrant pour reprendre le cours de nos actions précédentes. Pourtant, en dépit de ses tentatives et de sa bonne volonté manifeste, la situation ne s’améliorait pas. Le coup de la panne, le grand classique, le redouté. Je sentais la morsure de la honte m’envahir, éloignant avec brutalité ma volonté de voir les choses reprendre leur cours normal et supposé. « Charlie ? » qu’elle répétait. Et dans un grognement de frustration, je m’étais arraché à son étreinte alors qu’elle me repoussait, pour rouler sur le matelas, me laissant tomber sur celui-ci avec lourdeur, lui adressant un : « Laisse tomber. » d’un ton sec où la frustration se faisait clairement entendre. Je me prenais la tête dans les mains, incapable de trouver quoi faire et quoi dire pour atténuer le malaise de l’instant. L’atmosphère autrefois chaude et sensuelle était devenue lourde, pesante. Mon ego en prenait un sacré coup, me coulant sur place, face à mon incapacité à pouvoir entamer le rapport sexuel le plus simple qui soit. Je sentais Hannah qui bougeait à mes côtés, retirant ma main de mon visage pour l’observer se rhabiller sans que je ne trouve un seul mot à lui murmurer. Je savais au fond de moi qu’elle n’y était pour rien, que c’était la faute d’une toute autre femme qui hantait mes pensées à chaque instant depuis son retour dans ma vie et que malgré tous les efforts de la blonde, elle ne serait jamais en mesure de surpasser cet obstacle. J’étais d’autant plus frustré que l’envie d’unir mon corps à celui de l’australienne pour une nuit au moins, était bien réelle, dissimulée sous un paquet d’autres émotions que je ne parvenais pas à mettre de côté. Je me sentais misérable, diminué, atteint dans ma virilité et c’était quelque chose qui ne m’arrivait presque pas, voire jamais. J’étais désarmé face à la situation, ma froideur éternelle reprenant les commandes pour terminer cette soirée de la pire façon qui soit. D’un geste las, j’étais venu attraper mon boxer qui était resté sur le matelas après que la blonde me l’ait retiré pour l’enfiler en quatrième vitesse, désirant dissimuler ma faiblesse de l’instant le plus rapidement possible. « J’vais t’appeler un taxi. » m’étais-je contenté de lui dire, la congédiant sans plus de cérémonie, le peu de dignité qu’il me restait m’empêchant de la rassurer, de lui expliquer que ce n’était pas de sa faute et qu’il n’y était malheureusement pour rien. J’avais juste envie de la voir disparaître par la porte de ma chambre pour espérer pouvoir oublier cette soirée désastreuse que je venais d’essuyer. J’avais aussitôt pris mon téléphone, commandé un chauffeur pour la blonde avant de lui lâcher un petit « Il t’attend devant l’entrée. » qui rompait brutalement le silence pesant qui avait trouvé place entre nous, lorsque le véhicule était arrivé, incapable de bouger de mon lit sur lequel je m’étais assis, ne daignant même pas la raccompagner jusqu’à la porte.