Debout avec le dossier dans patient dans les mains, j'ai la tête dans les nuages. Ça fait trois fois que je relis les antécédents de mon patient et... Nan en fait ça fait quatre fois. Je n'arrive pas à me concentrer et je regarde les portes des urgences comme si j'attendais que le Messi arrive. Juste Kane en fait. Mais il semblerait qu'il ne bosse pas aujourd'hui ou qu'il s'agit d'une journée plutôt calme à Brisbane. Comment ça, personne ne s'est noyé en se baignant, personne ne s'est endormi sur la plage sans crème solaire ? J'en arrive presque à souhaiter le malheur des gens pour le voir débarquer et c'est franchement pitoyable. Pourquoi est-ce qu'il me perturbe à ce point ? Ce n'est qu'un ami et puis, il est en couple en plus. Je secoue légèrement la tête de droite à gauche et me remets en marche. Sauf que je ne fais pas attention où je vais et j'entre en collision avec un patient qui se met à se plaindre et à geindre que je suis sensée le soigner et pas lui faire encore plus mal. Il n'a pas tord. Ça ne fait même pas une semaine que j'ai commencé à travailler ici et voilà que je me fais déjà remarqué et pas dans le bon sens du terme. " Désolée... Je vais venir m'occuper de vous " Mensonge. J'ai déjà oublié à quoi ressemble ce patient qui est retourné s'asseoir en salle d'attente. Salle qui est déjà pleine à craquer alors qu'il n'est que dix heures du matin. Les urgences sont toujours pleines de toute façon. La journée va être sacrément longue. Je me dirige vers le bureau central et croise mes bras sur ce dernier avant de poser mon front dessus. Je renvoie une si belle image de moi même et du service tout entier. Je m'auto flagelle et me redresse rapidement. " Arrêtes de penser à lui et avances putain " Grommelais-je avant de coller le dossier contre mon torse et de me tourner. Hannah est à deux centimètres de moi et me regarde avec un petit regard qui... veut tout dire. Ouille, je suis pas dans la merde moi. " J'y vais, j'y vais... Je suis une peu ... À côté de mes baskets aujourd'hui " Soufflais-je avec un léger sourire, comme pour m'excuser.
Un jour banal au service des urgences de l'hôpital de Brisbane, la salle d'attente était remplie, les patients se multipliaient et le temps manquait, chacun était affairé à sa tâche, n'ayant nullement le temps de faire grand chose d'autre. Pire nouvelle de la journée, le directeur régional était sur place, en 'visite' ou plutôt en flicage. Je venais de terminer avec mon patient et j'avais enfin cinq minutes de répit, je choisissais d'aller discuter avec la secrétaire de l'accueil sur la foule qui venait d'envahir le service, la journée allait être longue. J’apercevais Wendy, une de mes collègues, stagiaire comme je l'avais été il n'y a pas si longtemps, avec qui je m'entendais plutôt pas mal, elle allait et venait, un dossier à la main sans vraiment savoir où aller, elle avait l'air perdue. Aïe. Ce n'était pas tellement le jour étant donné la personnalité que l'hôpital recevait. « J'y vais, j'y vais... Je suis un peu ... À côté de mes baskets aujourd'hui. » Je lui souris doucement, comprenant ce qu'elle ressentait. Combien de jours 'sans' avais-je eu ? « T'en fais pas, fais juste attention au directeur, il n'a pas l'air très commode. » Et justement, lorsque je parle du loup, il apparaît. Fonçant droit vers Wendy, ce que je redoutais risquais d'arriver, avait-il remarqué le manque de concentration de la jeune infirmière ?
J'attrapais le dossier du patient des mains de Wendy au dernier moment, juste avant qu'il ne dise quelque chose. « Ah, merci Wendy, tu l'as retrouvé ! Alors... Mr Jefferson, c'est à vous. » Je souris au chef et à un chirurgien vedette, encadrants le directeur Peyton. « Je ne trouvais plus le dossier de mon patient, Wendy a eu la gentillesse de m'aider à le retrouver pendant que je terminais avec un autre, pour éviter aux deux d'attendre trop longtemps... C'est d'ailleurs l'heure de ta pause, je crois. » Je lançais un clin d'oeil à la jeune femme, lui proposant par la même de prendre quelques minutes pour elle et aller prendre un café ou autre boisson décontractante et filait m'occuper de son patient, parcourant sa fiche des yeux le temps d'atteindre le box de consultation. Douleurs à la poitrine, intéressant.
Le reste de la journée se déroula sans autre accroc, je n'avais pas revue Wendy depuis ce matin, harassée par le nombre de personnes attendant des soins, j'espérais qu'elle se soit repris en main et elle devait d'ailleurs certainement être dans le même cas que moi, c'est dire, même Linda, la secrétaire de l'accueil, habituellement en plein commérage à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit était aussi plongée dans les dossiers. Vers la fin du service, alors que le service était un peu plus vide, je trouvais enfin Wendy et l'accostais. « Hey, ça a été aujourd'hui ? Tu avais l'air absente ce matin, tout va bien ? »
Je ne fais que de penser à Kane et ça m'énerve. Enfin non, je m'énerve. Je m'énerve de penser à lui, de me demander s'il va passer la porte de urgences avec ses collègues ou non. Peut-être qu'il remplace quelqu'un en ambulance aujourd'hui. Il faut vraiment que j'arrête de partir dans milles et unes hypothèses avant de devenir folle et de réellement faire une connerie. Je m'en voudrais vraiment si je venais à faire une bêtise. Il fallait que je me concentre et plus vite que ça ! Hannah face à moi, je grimaçais fortement quand elle me disait qu'il fallait que je fasse attention au directeur. J'avais complètement oublié sa venue et je me sens complètement idiote à ce moment même. Si l'un des dirigeant de l'hôpital ou des responsables me voit aussi perdue, c'est la fin, je peux tirer un trait sur mon année de stage-formation. Ça serait vraiment le pire scénario qui puisse exister. J'ai déjà perdu un an parce que les inscriptions étaient fermées quand je suis arrivée... Elle me prend le dossier des mains et je souris largement, pour faire bonne impression. Alors que les Grands de l'hôpital me tournent le dos, j'articule fortement pour qu'Hannah me comprenne. Aucun son ne sort de ma bouche. " Merci " Parce qu'en plus de me sauver la mise, elle m'offre une échappatoire pour prendre cinq minutes pour moi et tout évacuer. Je lui revaudrais ça, c'est sur. Demain, j'arrive avec des petits gâteaux à la framboise juste pour elle. Je file vers la sortie pour aller m'acheter une boisson chaude en face. Il faut que je me réveille, que je sorte de mes rêves sinon la journée va être encore plus longue qu'elle ne l'est déjà actuellement. Je reviens rapidement pour ne pas dépasser sur cette pause que je ne mérite absolument pas et je mets dans le bain. Un patient, deux patients. Une urgence arrive et on m'invite à m'occuper du cas. J'accroche une perfusion de solution saline et tout va beaucoup mieux. Je n'ai le temps de penser à absolument rien puisque je suis dans le feu de l'action. J'adore ce que je fais, je suis vraiment heureuse et la journée est presque finie lorsque je sors de ce mode infirmière-guerrière dans lequel je me suis mise il y a quelques heures maintenant. Je me dirige vers l'îlot central pour reposer le dossier que j'ai en mains et fais un dernier tour en chambres pour voir si tout va bien, pour vérifier les constantes de certains patients. Et je croise le chemin d'Hannah. « Hey, ça a été aujourd'hui ? Tu avais l'air absente ce matin, tout va bien ? » Je lui souris légèrement. " Tu m'as sauvé la vie toute à l'heure... Je te redois ça " Et comment que je lui redois ça ! Je passe une main dans mes cheveux et me frotte doucement les yeux. Heureusement que je n'ai pas mis de mascara ce matin sinon je ressemblerais à un putain de panda à ce moment même. " J'ai retrouvé un vieil ami et je fais que de penser à lui... Ça a cassé avec mon ex à cause de lui " Il n'a rien fait en soit mais Sonya a juste pété un câble parce que je ne parlais que de lui, qu'un sourire niais se dessinait sur mon visage quand il m'envoyait un texto. Alors les messages se sont raréfiés, pour mon couple. Ou pas. " On dirait une adolescente, je déteste ça ! Surtout qu'il est en couple... Je fais vraiment mais alors vraiment pitié, tu peux le dire ! " Ronchonnais-je en faisant une petite mine triste. " Mais il faut que je me le sorte de la tête " Et je ne sais pas vraiment faire. Ça ne m'est jamais arrivé ça..
Wendy me faisait penser à moi lorsque j'avais commencé mon stage il y a maintenant quatre ans, je la considérais un peu comme une petite sœur élève et voulait la prendre sous mon aile, elle était travailleuse, motivée et elle aimait ce que l'on faisait, j'avais eu l'occasion de l'observer depuis ses débuts ici, elle était douée. Elle méritait de réussir dans ce milieu. J'avais eu la chance de m'en sortir grâce à la bonne équipe que j'avais eu à l'époque, j'estimais que Wendy y avait le droit aussi et m'efforçais donc de la soutenir du mieux que je pouvais. Nos rapports s'en tenaient à des échanges professionnels amicaux pour le moment mais qui sait de quoi est fait le lendemain ? J'aimais bien cette fille. Je me voyais en elle, douce et innocente.
Je l’interrogeais donc sur la cause de son absence mentale de la journée. « Tu m'as sauvé la vie toute à l'heure... Je te redois ça. » Je lui souris et haussais les épaules. « T'en fais pas, c'est normal, tu aurais fais la même chose. Tu ne me dois rien, il faut se serrer les coudes entre collègues. Quoique je ne dirais pas non à un bon café... » Je lui fis un clin d'oeil, le café était ma drogue, ma passion et ma vie entière. « J'ai retrouvé un vieil ami et je fais que de penser à lui... Ça a cassé avec mon ex à cause de lui. On dirait une adolescente, je déteste ça ! Surtout qu'il est en couple... Je fais vraiment mais alors vraiment pitié, tu peux le dire ! » Je l'écoutais d'une oreille attentive, c'était donc une histoire de cœur qui l'avait obnubilée aujourd'hui ? Je comprenais, à l'époque, j'avais aussi failli faire une connerie dans mon travail quand j'avais rencontré Liam. « Ah, les hommes... Ils nous font tourner la tête mais on ne pourrait pas vivre sans eux, hein ? » Même après tout ce qu'il s'était passé, je ne regrettais pas notre relation.
« Mais il faut que je me le sorte de la tête. » Je ris, effectivement elle ressemblait à une adolescente à cet instant mais n'était-ce pas notre cas à tous lorsque l'on parlait d'amour ? Wendy avait les yeux qui pétillaient en parlant de cet ami. « Je suis pas sûre. Si tu ne lui demandes pas, comment veut-tu être certaine qu'il ne ressent pas la même chose ? » C'est vrai, il avait beau être en couple, et d'accord ce n'était pas très sympa, rien n'empêchait Wendy d'au moins lui dire, libre à lui de prendre ensuite la décision. « Il faut que tu crois encore plus ce que tu crois, et quand tu commences à croire ce que tu crois, y a personne au monde qui peut te bouger ! » Face à sa mine, je devinais qu'il lui fallait plus d'explications. « Je veux dire, est-ce que tu es certaine que tout va bien dans son couple ? Je ne te dis pas de te jeter sur lui mais plutôt de tâter le terrain. Si tu ne sais pas ce qu'il en réellement, jamais tu n'arriveras à te le sortir de la tête, aussi fort que tu essayes. » Je n'étais pas vraiment un modèle en ce qui concernait les relations amoureuses mais mes paroles faisaient sens.
Elle ne dirait pas non à un bon café. Demain, il faut donc que j'arrive avec un bon café pour remercier Hannah de ce qu'elle a fait ce matin pour moi. Je ne m'en serais jamais sortie sans elle parce que je suis franchement une mauvaise menteuse. J'esquive assez facilement les confrontations avec des hiérarchiques et là, j'aurais foncé droit dans le mur. Enfin, j'essayais de ne pas penser à mon état de ce matin même si c'était difficile. J'avais réussi à me sortir Kane de la tête et, en un claquement de doigts, il était de retour dans mon esprit. Putain, mais c'est pas possible d'être hantée de la sorte ! Je suis hantée par un vivant en plus, le truc vraiment pas logique. Je me fatigue toute seule et je déteste ce comportement que j'ai. On dirait une adolescente de quatorze ans qui a son premier copain et c'est... usant. Mais en y pensant, si tout avait été différent, Kane aurait été mon premier copain. Pourquoi je pense à ça moi ? Il est en couple. Mets toi bien ça dans la tête Wendy, il est en couple alors retourne jouer avec les demoiselles que tu connais, ça vaut mieux pour toi. « Ah, les hommes... Ils nous font tourner la tête mais on ne pourrait pas vivre sans eux, hein ? » Je ris légèrement et acquiesce. Les hommes ou les femmes. Oui, on vivrait clairement pas sans. " Je comprends pas pourquoi je suis comme ça avec lui alors que bon... Je suis toujours sortie avec des filles quoi " Mais Kane est différent, Kane est... Kane. Il y a quelque chose, un lien qui nous unit et qui le rend si spécial. Il est mon exception qui confirme la règle. Avec dix ans de recul, je n'aurais peut-être pas du dire à mon père que j'étais lesbienne parce que je risque de finir avec un homme. Mon dieu l'angoisse ! « Je suis pas sûre. Si tu ne lui demandes pas, comment veut-tu être certaine qu'il ne ressent pas la même chose ? » Et cette idée me semblait alléchante mais s'il me remballait, s'il me faisait comprendre - ou me disait clairement - que je n'étais qu'une bonne copine et voilà, ça s'arrête là. Je crois que j'aurais tellement honte que je n'oserais plus le voir et lui parler. Ça serait vraiment le pire scénario mais avec ma chance, il fallait s'attendre à tout. « Je veux dire, est-ce que tu es certaine que tout va bien dans son couple ? Je ne te dis pas de te jeter sur lui mais plutôt de tâter le terrain. Si tu ne sais pas ce qu'il en réellement, jamais tu n'arriveras à te le sortir de la tête, aussi fort que tu essayes » Je déglutis légèrement et passe une main sur mon visage. Je sais qu'elle a raison. Et, en temps normal, je suis de ce genre : je fonce. Mais là, je ne sais pas. J'ai l'impression que j'ai beaucoup plus à perdre qu'à gagner. Pourtant, j'ai passé plus de la moitié d'une décennie à ne pas avoir de ses nouvelles, à l'éviter soigneusement. Mais là, le retrouver, le laisser réellement entrer dans ma vie, je suis debout, pieds joints sur le frein avant de foncer dans le mur et de le perdre. " Oui... Mais j'ai peur de pas être assez subtile et de passer pour une grosse forceuse " Lâchais-je avec une petite mine triste sur le visage. " Tu crois que tu pourrais tâter le terrain un petit peu pour moi s'il vient un jour ? Il est pompier mais ça lui arrive de bosser avec les ambulanciers de sa caserne parce qu'il était ambulancier avant... " Et j'aurais vraiment voulu le connaître à cette époque mais ça n'a pas été le cas. Enfin si, mais je ne l'ai jamais vu en action quoi. " Il s'appelle Kane, il est plutôt grand, blond et il est... il pourrait être mannequin tellement il est beau " Soupirais-je doucement. Et puis, alors que toutes ces informations sortent de ma bouche, je la regarde avec de gros yeux. " Ça se trouve, tu le connais ! " Elle a bossé ici quand il était encore ambulancier. Putain la honte... Mais peut-être qu'ils sont amis et qu'elle en sait plus. Oui, peut-être.
J'observais Wendy en plein émoi et en proie aux doutes sentimentaux, je souris, c'était bien une fille. « Je comprends pas pourquoi je suis comme ça avec lui alors que bon... Je suis toujours sortie avec des filles quoi. » Ah, tiens, ça j'aurais pas dis. J'appréciais qu'elle soit assez bavarde sur elle, ça ressemblait à des badinages entre copines et ça, ça me manquait cruellement. Bien que je ne sois jamais très bien entendue avec les filles, je passais le plus clair de mon temps avec des garçons, je les trouvais moins... pimbêches que les filles de ma ville. « Oui... Mais j'ai peur de pas être assez subtile et de passer pour une grosse forceuse. » Je riais aux paroles de Wendy, elle était trop mignonne. « Tu crois que tu pourrais tâter le terrain un petit peu pour moi s'il vient un jour ? Il est pompier mais ça lui arrive de bosser avec les ambulanciers de sa caserne parce qu'il était ambulancier avant... » Je l'écoutais attentivement en haussant un sourcil, un ancien ambulancier ? Intéressant. « Oh, ça fera des bébés ambufirmiers ! » Je levais les mains quand elle me fit des gros yeux. « Ça va, ça va, je rigole. A moitié. Pense à moi pour être la marraine d'ailleurs. Il s'appelle comment ? » J'étais encore morte de rire de mon propre jeu de mot, encore une fois, il m'en fallait vraiment peu pour rire. « Il s'appelle Kane, il est plutôt grand, blond et il est... il pourrait être mannequin tellement il est beau. » Elle était visiblement bien accrochée, je lui souris. Soudain, le déclic, je me mis à réfléchir à toute vitesse. « Ça se trouve, tu le connais ! » Si c'était bien le même Kane auquel je pensais, oui. Grand, blond, ancien ambulancier reconverti en pompier, il n'y en avait trente-six milles, surtout avec ce prénom. Il était à la hauteur du personnage, original. « Kane... Williamson ? Oui, je le connais même pas mal. On a travaillé ensemble régulièrement il y a trois/quatre ans, quand j'étais en stage. Bon choix. » Je comprenais bien l'état dans lequel elle était, elle avait des bons goûts. « C'est même un de mes voisins maintenant à vrai dire. » A l'époque je logeais ailleurs mais depuis que j'étais revenue en ville j'avais emménagé à côté de l'appartement du jeune homme. Il y a quelques années, j'aurais dis à Wendy que l'on était pas assez proches avec Kane pour lui parler de sa vie privée, bien que ça implique aussi la jolie blonde, mais c'était différent maintenant, ils avaient discuté un bon moment quand ils s'étaient rendu compte qu'ils étaient voisins et étaient devenus un peu plus proches. « J'essayerais de lui en parler si j'ai l'occasion, promis. Tu le connais depuis longtemps ? » Si j'aimais les ragots en temps normal, elle venait d'attiser encore plus ma curiosité – légendaire – en mentionnant que c'était Kane qui lui mettait la tête à l'envers.
Ça ne me ressemblait vraiment pas d'être aussi gaga à avoir les yeux qui pétillent de la sorte en parlant de qui que ce soit. Je suis expressive, bavarde et je parle facilement de mes sentiments mais là, c'était totalement différent. Je n'avais même pas réagi comme ça pour Sonya alors que nous avions partagé une très belle histoire toutes les deux. Une histoire mise à mal parce que Madame était jalouse de Kane mais bon. Peut-être qu'elle l'a compris avant moi que ce type, je ne peux juste pas me l'enlever de la tête. Huit ans. Ça fait huit ans qu'on se connait et même si on a passé plus de la moitié de cette période à ne pas se parler, il était toujours dans un coin de ma tête et là, après notre soirée au Triffid, il était plus que dans ma tête, il était un petit peu descendue et avait migré vers la gauche. « Oh, ça fera des bébés ambufirmiers ! » Je la regarde, fronçant les sourcils et la dévisage presque. Des bébés ambufirmiers. Qu'est-ce que c'est que ça ? Non puis, on va pas parler de bébés maintenant, il est en couple et je ne suis pas la fille qui a le plus de confiance en soi pour ce genre de choses. Autant avec une femme, je sais que tout irait comme sur des roues mais là… Je n'ai pas l'habitude de passer des moments charnels avec des hommes. Putain, il ne faut pas que je pense à ça sinon c'est la fin des haricots. J'ai encore besoin de mon cerveau pour travailler. On est bien plus au calme, on peut se permettre de discuter mais d'un moment à l'autre, tout pouvait déraper… « Ça va, ça va, je rigole. A moitié. Pense à moi pour être la marraine d'ailleurs. Il s'appelle comment ? » Et elle n'a pas le temps de finir sa question que je déballe déjà tout. Kane. Je lui collerais bien une prochaine reconversion : mannequin. Ça ne tourne pas rond dans ma tête. « Kane... Williamson ? Oui, je le connais même pas mal. On a travaillé ensemble régulièrement il y a trois/quatre ans, quand j'étais en stage. Bon choix » Je l'envie presque de l'avoir connu à cette époque, de l'avoir côtoyé presque quotidiennement alors que moi, je tends le coup dès que j'entends la cheffe des urgences dire que les pompiers et les ambulanciers arrivent. Je fais vraiment pitié. « C'est même un de mes voisins maintenant à vrai dire. » Elle a Kane en voisin alors que moi, je me retrouve entourée de papy et de mamie ? Bon, j'exagère mais pas trop non plus. Ma mère a pris une maison calme et qui dit quartier calme… " Coooool ! Tu sais à quoi ressemble sa copine ? " Après tout, si c'est sa voisine, elle doit l'avoir déjà croisé non ? Je voulais en savoir plus sur la jeune femme qui partageait sa vie. Il y avait vraiment un truc avec Kane et ça me perturbait, vraiment. Ça me perturbe et, en même temps, j'adore cette sensation, ce besoin d'en savoir plus. J'espère juste que ce n'est pas comme les enfants à Noël. Ça veut ABSOLUMENT un cadeau et une fois qu'il l'a, ça ne l'intéresse plus. Je ne suis pas comme ça mais il sort tellement de mes standards que… « J'essayerais de lui en parler si j'ai l'occasion, promis. Tu le connais depuis longtemps ? » Je sais que je peux lui faire confiance. " Discrète hein ? " Soufflais-je alors que mes joues rosissent légèrement. " Je l'ai rencontré en 2010 à un festival. J'y étais avec des amis, lui aussi et … voilà. On s'est embrassé sur une chanson du groupe Paramore. Je sais pas si tu connais, crushcrushcrush. Et genre tout le reste de la soirée, on l'a passé ensemble à discuter, boire, s'embrasser mais on n'a pas été plus loin. Je voulais pas puis sur la plage, c'est pas le plus agréable " Je ris légèrement. Et cette soirée là, j'ai compris que Kane occuperait une place importante dans ma vie, d'une manière ou d'une autre. " Après j'suis partie plus d'un an faire un tour du monde avec ma maman alors on s'est perdu de vue et tout. Mais j'sais pas, dès que je le vois, je suis de retour en 2010 et j'ai l'impression que tout est hyper facile en fait " C'est indescriptible. " On s'est recroisé l'an dernier à mon ancien boulot et j'étais pareille, toute chose et tout mais j'avais une copine, qui m'a largué parce que j'avais un sourire trop niais quand je lui parlais par texto " Je lève les yeux avant de pointer mon visage du doigt. " T'as l'impression qu'il est niais ce sourire ? " Pas du tout voyons… Ouai, ouai, c'est ça. " Et là il m'a recontacté pour aller voir Paramore en concert, on s'est vu il y a pas longtemps, c'était trop génial la soirée… Un bon burger, des bières et de la bonne musique " The perfect date. Oubliez restaurant aux prix excessifs, fleurs et tout ce qui va avec. Le plus simple, c'est le mieux. " Je devrais peut-être lui envoyer un message non ? " Et aussi vite que Lucky Luke, je dégaine mon cellulaire, prête à lui envoyer quelque chose, ne serait-ce qu'un "salut".
Mon imagination tournait à plein régime mais pour ma défense, pour une fois – ces derniers jours – qu'une conversation avec quelqu'un ne se transformait pas en drama, j'en profitais un maximum. Alors comme ça la jolie Wendy était sous le charme de Kane ? Je souriais en coin, amusée. Et en même temps, je comprenais cette brillante future infirmière. Moi même, je trouvais l'ancien ambulancier très beau, c'était étrange parce qu'il n'était pas du tout mon style de mec à la base. Le Williamson était plus que beau, il était doté d'un charisme énorme. « Coooool ! Tu sais à quoi ressemble sa copine ? » Un joli rire s'échappa de mes lèvres. Je regardais la jeune femme, douceur incarnée, un air attendri sur le visage. J'avais effectivement aperçu de temps en temps une fille avec Kane, ils rentraient chez lui le soir et elle partait le lendemain dans la soirée, ce plusieurs jours dans la semaine, si il avait une copine, ce devait être elle. « Si c'est bien celle à qui je pense, je la vois de temps en temps. Elle est brune, très brune, la peau hâlée. Elle est assez jolie, les yeux sombres, marrons voir noirs, je ne l'ai pas vue d'assez près. Elle a l'air assez jeune par contre ou alors elle fait très jeune. » J'essayais de me rappeler autant de détails que je pouvais alors que mon amie, d'une gentillesse telle que je la considérais comme trop douce pour ce monde pliait sous le poids de mes révélations. Je posais la main sur ses délicates épaules. « Ne t'inquiète pas, ça veut rien dire, elle peut être jolie et être chiante. Et puis, tu es mignonne aussi. » Je promettais alors d'enfiler ma casquette d'espionne pour tirer les vers du nez du pompier et me montrais curieuse d'en savoir plus sur leur rencontre et leur relation, depuis. Je n'étais pas une fille pour rien, les gossips étaient ma vie. Il fallait nous voir avec Cory à blablater sur le monde, assis avec des pop corn, il était le premier à être au courant de tout. « Je l'ai rencontré en 2010 à un festival. J'y étais avec des amis, lui aussi et … voilà. On s'est embrassé sur une chanson du groupe Paramore. Je sais pas si tu connais, crushcrushcrush. Et genre tout le reste de la soirée, on l'a passé ensemble à discuter, boire, s'embrasser mais on n'a pas été plus loin. Je voulais pas puis sur la plage, c'est pas le plus agréable. » Alors que son rire franc me parvenait aux oreilles, j'éclatais de rire aussi. « Je trouve ça plutôt mignon comme rencontre, bien qu'assez direct. Donc il y a eu des rapprochements avant, ce n'est pas un crush à sens unique. Je pense sincèrement que tu as tes chances. » J'étais sûre de moi pour le coup. « Pour la plage, le sable n'est pas très agréable mais sentir les embruns, le vent dans tes cheveux et entendre les vagues s'écraser sur la plage, c'est génial. » Le teint frais de Wendy laissait entrevoir le rouge qui montait aux joues de la pétillante jeune femme. « Revenons à notre sujet. » Elle continua, avec ce petit grain de folie rafraîchissant qui la caractérisait. « Après j'suis partie plus d'un an faire un tour du monde avec ma maman alors on s'est perdu de vue et tout. Mais j'sais pas, dès que je le vois, je suis de retour en 2010 et j'ai l'impression que tout est hyper facile en fait. On s'est recroisé l'an dernier à mon ancien boulot et j'étais pareille, toute chose et tout mais j'avais une copine, qui m'a largué parce que j'avais un sourire trop niais quand je lui parlais par texto. T'as l'impression qu'il est niais ce sourire ? » Complètement. « Oui, carrément. » C'était ce qu'il faisait son charme en même temps. « Et là il m'a recontacté pour aller voir Paramore en concert, on s'est vu il y a pas longtemps, c'était trop génial la soirée… Un bon burger, des bières et de la bonne musique. Je devrais peut-être lui envoyer un message non ? » Je secouais la tête vigoureusement. « Surtout pas, attends un peu, tu as toutes les cartes en main. Techniquement, ce serait à lui de te recontacter, c'est toi la princesse paramore non ? » Sourires. « Il s'est passé quelque chose à cette soirée pour que tu sois comme ça ou c'est juste le fait de l'avoir revu ? »
« Si c'est bien celle à qui je pense, je la vois de temps en temps. Elle est brune, très brune, la peau hâlée. Elle est assez jolie, les yeux sombres, marrons voir noirs, je ne l'ai pas vue d'assez près. Elle a l'air assez jeune par contre ou alors elle fait très jeune. » Je la regarde et, même si j'essaye de tenir la face, je sens mon sourire s'évaporer. Comment ça, elle est plus jeune, brune et elle ne ressemble pas à un cachet d'aspirine - comme moi quoi. Merde. Je ne suis pas son type, son style, son genre de nana. Et je me sens paniquer rapidement. Je suis entrain de m'emballer pour rien, c'est clair et net là. J'ai mis la charrue avant les boeufs et voilà où ça va me mener tout ça. Je venais de me brûler comme une newbie. Ses mains sur mes épaules, je relevais légèrement le visage, mon sourire légèrement effacé. « Ne t'inquiète pas, ça veut rien dire, elle peut être jolie et être chiante. Et puis, tu es mignonne aussi. » Mignonne c'est tout ? J'en avais une putain de boule dans le ventre et je devais savoir. J'allais être plongée dans cette révélation pendant des heures, je le savais. J'espérais qu'elle saurait rapidement s'il était célibataire ou non. Peut-être que je devrais lui demander moi même, maintenant. T'es toujours avec ta copine ? La bonne question pour mettre les choses à plat. Qu'il ne m'appelle pas bébé s'il ne le pense pas, ne me dises pas qu'il a besoin de moi s'il n'y crois pas. Alors qu'il me dise la vérité avant que je me lance à fond dans cette relation.
Et alors que mon sourire s'est effacé, je le retrouve légèrement quand elle me demande comment nous nous sommes rencontrés. Parce que je retourne en 2010 où tout était si sympa. Et simple aussi, par la même occasion. Il m'avait touché d'une façon indescriptible. Vraiment. J'étais niaise et elle le disait elle même. Je passe une main dans mes cheveux, un peu honteuse. Ça ne m'arrive jamais. Pas à moi putain, pas à mois. Et quand je parle de le contacter, elle m'arrête nette. « Surtout pas, attends un peu, tu as toutes les cartes en main. Techniquement, ce serait à lui de te recontacter, c'est toi la princesse paramore non ? » Princesse Paramore... J'aime beaucoup ce surnom qu'elle me donne. « Il s'est passé quelque chose à cette soirée pour que tu sois comme ça ou c'est juste le fait de l'avoir revu ? » Je secoue la tête de droite à gauche. " Absolument pas ! Il m'a dit qu'il était en couple, j'allais pas lui rouler la pelle de sa vie non plus, j'ai un minimum de respect pour sa copine... " Mais alors vraiment le minimum parce que j'aimerais bien qu'il la largue. Genre il se réveille un matin et pouf, ça fait des chocopics, il se rend compte qu'elle ne l'intéresse pas plus que ça. Voire pas du tout. Qu'elle n'était qu'un passe temps. C'est méchant de penser ça. " Mais il m'a fait un bisou sur la joue et j'te jure que j'ai senti tout mon corps s'allumer. Comme si j'étais aspergé d'essence et puis POUF je me suis enflammée " Et avec cette image, j'y mettais les gestes, levant les bras pour imiter une explosion. Complètement folle la nana. " T'as déjà ressenti ça ? " Je voulais savoir si j'étais folle ou pas. Parce que je n'avais jamais ressenti ça avec un homme. Jamais tout court en fait.
Je pose ma main sur les épaules de Wendy, dans un geste amical pour la réconforter quand je vois que son sourire s'éteint à mes propos, ce n'était pas mon intention. Et au fur et à mesure, alors que j'essaye de me rattraper, je m'embourbe encore plus. Je souffle et met une pichenette légère sur le bras de mon amie. « Wendy, t'es une bombe. » Histoire de lui remettre un peu les idées en place et qu'elle arrête de se croire pas assez bien pour Kane. « Sans rire, t'es magnifique, pétillante et pleine d'humour, comment il pourrait ne pas t'aimer ? Et puis franchement, sa copine, aussi gentille qu'elle puisse être, je ne l'ai pas vue décrocher un seul sourire. » J'avais beau y réfléchir ardemment mais je ne me souvenais pas d'une seule fois où j'avais vu ses dents, pour de vrai, elle avait toujours l'air de faire la tronche, du moins en dehors de l'appartement du pompier. Haut les cœurs, je changeais de sujet sur une note plus positive, du moins je l'espérais, en lui demandant les circonstances de leur rencontre. Je sus que j'avais mis dans le mille lorsque son doux sourire se mit à illuminer à nouveau le visage de ma collègue infirmière et blonde et je souris à mon tour quand elle me raconter... Jusqu'au moment où elle parle de lui envoyer un message et que je lui posais la question de savoir si il s'était passé quelque chose avec mon voisin pour qu'elle soit dans un état pareil. « Absolument pas ! Il m'a dit qu'il était en couple, j'allais pas lui rouler la pelle de sa vie non plus, j'ai un minimum de respect pour sa copine... » J'éclatais de rire à sa réponse, elle était quand même partie loin. « Je t'ai pas demandé si t'avais arraché ses fringues non plus, Wen ! Juste, tu sais... Le coup de foudre. » Ses paroles, ensuite, étirèrent mes lèvres en un fin sourire empreint de joie, mes yeux brillants d'une lueur éclatante, elle était amoureuse, c'était clair. « Mais il m'a fait un bisou sur la joue et j'te jure que j'ai senti tout mon corps s'allumer. Comme si j'étais aspergé d'essence et puis POUF je me suis enflammée. » Ahah ! J'avais raison. Le rictus de gaieté qui avait prit place sur mon visage se fanait bien vite quand j'entendais la suite. « T'as déjà ressenti ça ? » J'hochais la tête lentement. « Oui. Une fois. » que je répondais, plus sèche que je ne l'aurais voulu. « Je pensais qu'à lui, nuit et jour, rien que prononcer son nom, ça me faisait sourire, j'attendais la moindre occasion pour le voir. Jusqu'à ce que je m’aperçoive qu'il n'était pas celui que je croyais. » Je déglutis, reprenant une contenance en passant une mèche de mes cheveux longs derrière mon oreille. « Enfin, y a des enfoirés partout je suppose. Mais Kane en est pas un, attends un peu, je suis sûre qu'il va te surprendre en bien. » Je levais les mains devant moi avant qu'elle ne puisse ajouter quelque chose. « Et oui, promis juré, dès que j'ai l'occasion, je lui fais passer un interrogatoire ! Et je laisse menotté devant ton pallier. » ajoutais-je avec un clin d'oeil, persuadée que mon amie n'y verrait pas d'inconvénients.
Je ressens une pichenette sur mon bras et je relève doucement le visage. Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça, ça ne devrait pas. Pourtant, je suis un peu triste de savoir que l'ex de Kane est une bombe. Ça fout grave la pression quand on y pense … Putain, je sais pas comment on fait avec un mec, je sais pas comment on lui fait comprendre qu'il nous intéresse, pour être sûre qu'on a envie de tenter un truc avec lui et qu'il n'est pas qu'un putain de fantasme. C'est de ça dont j'ai peur. « Wendy, t'es une bombe. Sans rire, t'es magnifique, pétillante et pleine d'humour, comment il pourrait ne pas t'aimer ? Et puis franchement, sa copine, aussi gentille qu'elle puisse être, je ne l'ai pas vue décrocher un seul sourire » Je souris légèrement, comme pour montrer que moi, je sais décrocher un sourire, même si là, pour le coup, il montre pas mes belles dents blanches. Hannah, c'est le soutien dont j'ai besoin à ce moment précis, c'est la lumière dans mon petit tunnel tout sombre. Et parler de notre rencontre ne fait qu'aggrandir mon sourire. Kane, mon doux Kane. Ces baisers échangés sur la plage, éclairés par un feu de fortune. Je me souvenais de tout. « Je t'ai pas demandé si t'avais arraché ses fringues non plus, Wen ! Juste, tu sais... Le coup de foudre. » Ouai. Le coup de foudre. Dès que je le vois. Dès que je croise son regard, we're back at it. Je me revois en 2010, son sourire, notre rencontre. Et je retombe sous son charme. " Le feu d'artifice dans le ventre " Que je lance avec un sourire avant de continuer sur ma petite histoire, sur la façon dont je me suis sentie quand les lèvres chaudes de Kane ont touché ma joue. Je n'imagine même pas l'effet que ça aurait eu s'il m'avait embrassé sur la bouche. Et puis, je voulais changer un peu de sujet aussi, parler d'elle. Parce que j'avais l'air d'une gâteuse et peut-être qu'elle avait aussi envie de parler, de se confier. « Oui. Une fois. » Son ton est sec. Mon regard ne la quitte pas et je suis prête à lui faire le plus gros des câlins s'il le faut. « Je pensais qu'à lui, nuit et jour, rien que prononcer son nom, ça me faisait sourire, j'attendais la moindre occasion pour le voir. Jusqu'à ce que je m’aperçoive qu'il n'était pas celui que je croyais. » Je ne sais pas qui est ce garçon mais il ne me plait pas. Il a l'air mauvais. Et Hannah, c'est la lumière, clairement pas la noirceur. « Enfin, y a des enfoirés partout je suppose. Mais Kane en est pas un, attends un peu, je suis sûre qu'il va te surprendre en bien. » La façon dont elle me rassure m'arrache un large sourire. Oui, Kane est un homme bien, tellement bien… « Et oui, promis juré, dès que j'ai l'occasion, je lui fais passer un interrogatoire ! Et je laisse menotté devant ton pallier. » J'ouvre grand les yeux et éclate de rire. " Ça serait énorme ! " Pas que tout ça m'exciterait mais presque. Je suis un peu sauvageonne comme nana, surtout sur ce plan là. " Je crois que là, je t'apporte le café tous les matins ! " Je le lâche en riant légèrement. Je la prends dans mes bras parce que j'en ai envie et que j'ai l'impression que ça lui réchauffera le cœur aussi. " Tous les garçons sont pas des enfoirés… Puis sinon y a les filles ! " Que je balance avec un large sourire avant de me reculer et de lui tirer la langue. J'avais presque envie de la convertir la petite – comme si ça se passait comme ça – parce que dieu qu'elle ferait un carnage dans la communauté LGBT ! " C'est encore assez calme… Tu veux du café d'en face ? " Demandais-je avec un large sourire sur le visage. Je lui dois bien ça, vraiment…
J'essaye de la rassurer en lui montrant à quel point elle est géniale, franchement ? Si Kane ne le voit pas, je lui offre des lunettes tout de suite. Wendy relève les yeux vers moi, un léger sourire aux lèvres, c'est déjà mieux que rien. (#CopineDeKane) Enfin elle me décroche un sourire digne de ce nom quand elle repense à sa rencontre avec le pompier et ça m'arrache un sourire, à moi aussi. « Voilà, un sourire comme ça ! » Je trouve vraiment qu'un simple sourire sur un visage permet d'embellir n'importe qui, j'ai toujours adoré ça. Ce rictus qui transpire la joie. « Le feu d'artifice dans le ventre. » Et mon sourire s'élargit, ouais, ces quelques mots définissent bien ce que l'on ressent. J'adhère, je hoche la tête avec conviction, limite à m'en décoller la nuque. Ça fait tellement du bien et tellement de mal quand ça s'arrête. Mais ça, mon amie n'avait pas besoin de l'entendre, l'euphorie des premiers moments était toujours d'une douceur sans nom. Je passais rapidement sur mon histoire vu la façon dont elle avait terminée... Mais il était vrai que le début avait été magique, ça je ne pouvais pas dire le contraire. Pour la première fois de ma vie, j'avais découvert l'amour, le vrai, quand tu le ressent jusqu'au plus profond de ton être. Elle ne répond rien à ma mini phase de déprime et je crois que je l'en suis grandement reconnaissante, je préfère rester sur le sujet Kane, au moins parler de lui nous rend joyeuses. Surtout Wendy, en fait. « Ça serait énorme ! Je crois que là, je t'apporte le café tous les matins ! » qu'elle répond à ma proposition de larguer l'ancien ambulancier juste devant sa porte, ligoté, prêt à consommer. Et moi, j'hausse un sourcil, subitement intéressée par la perspective d'avoir une livreuse de café à vie. « Va falloir que j'y réfléchisse sérieusement si tu me prends par les sentiments. » La blonde me prends dans ses bras pour une étreinte et je passe mes bras autour d'elle, sa chaleur me réchauffe le cœur, son amitié est ce qu'il m'est arrivé de mieux depuis mon retour dans cette satané ville. « J'espère que ton stage se passera bien et qu'ils te garderont. » que je lui lance à l'oreille, à voix basse. J'adorais travailler avec elle, je savais qu'elle avait toujours un petit ragot croustillant à me mettre sous la dent et je devais avouer que j'en étais friande. Je n'imaginais plus le service sans le petit grain de folie qui caractérisait la Carmichael. « Tous les garçons sont pas des enfoirés… Puis sinon y a les filles ! » J'éclatais de rire devant la suggestion. « Je suis pas sûre de faire chavirer le cœur des filles. » Pour le moment, je ne faisais pas chavirer un seul cœur de toute façon. L'étreinte terminée, elle pointe du doigt le café en face. « C'est encore assez calme… Tu veux du café d'en face ? » Quelle question. « EVIDEMMENT. » Les regards s'étaient lancés sur nous après mon cri, je sentais le rouge me monter aux joues, honteuse. « Oups. Cri du cœur. » J'étais une vraie junkie en manque lorsque l'on me parlait de café, j'approuvais l'idée de Wendy et passait mon bras sous le sien pour l'y entraîner, j'espérais qu'ils avaient des macchiatos. « Tu pourras continuer à baver sur Kane si tu veux même si il n'arrive pas à la cheville de Thor. » Petite pique amicale en passant, j'étais prête à parier qu'elle allait me soutenir le contraire l'hérétique !
Je panique facilement pour un oui pour un non. Je suis comme ça et je dois dire que tout ça, avec Kane, c'est tellement nouveau pour moi que j'ai peur de m'emballer et de finir les ailes brûlées. Ce serait vraiment le pire, quand j'y pense. Nan, le pire serait que je ne sois pas capable de passer au-dessus de ce que je ressens pour lui s'il venait à me mettre un gros stop. Je n'ai pas l'impression qu'il ferait ça. Ou alors il envoie des signes contradictoires… Je ne sais pas comment je prendrais la chose, pour tout dire. Et j'essaye de ne pas y penser. Ça ne sert strictement à rien de faire des plans sur la comète alors que je ne sais pas de quoi demain sera fait. Et puis, peut-être que, comme pour Hannah et son mystérieux amoureux, nous aurons des débuts digne d'un conte de fée avant que tout nous tombe sur le coin de la tête. Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas savoir qu'elle avait souffert d'une manière ou d'une autre, ça me rendait électrique. C'est comme ça, je suis comme ça. On se connait depuis peu toutes les deux mais pourtant, il y a quelque chose. Peut-être parce que je suis son double il y a quelques années de ça. Et puis quand elle me propose le larguer Kane menotter devant ma porte, mon sourire s'élargit. En même temps… Il faudrait être bien bête pour dire non. J'appréhendais énormément chaque étape avec Kane, n'ayant pas l'habitude, mais si on commence comme ça, ça brisera la glace directement ! « Va falloir que j'y réfléchisse sérieusement si tu me prends par les sentiments. » Et j'allais lui apporter le café tous les matins avec un tel cadeau à la fin. J'étais vraiment entrain de moyenner ce genre de choses ? Ça en dit long sur ma personnalité. Ange à l'extérieur mais j'avais le diable au corps. « J'espère que ton stage se passera bien et qu'ils te garderont. » Je souris légèrement. Moi aussi, je l'espère. Je ne voulais pas aller exercer ailleurs, surtout pas maintenant que j'avais retrouvé Kane. C'était complètement idiot. J'avais très bien vécu sept ans sans lui mais là, je ne sais pas… Tout avait changé en un claquement de doigts. Ou plutôt en un échange de SMS. Je regarde Hannah quand elle annonce la couleur « Je suis pas sûre de faire chavirer le cœur des filles. » et j'éclate de rire. " Ouaw ! Tant de conneries en une seule phrase ! " Je tire la langue en m'écartant légèrement avant de proposer d'aller chercher un café. Je ne suis pas une très grande consommatrice en temps normal mais là, d'avoir babillé et papilloné sur Kane, j'avais besoin d'un coup de fouet pour me remettre dans le boulot. Et Hannah était enthousiaste à l'idée d'aller boire un café. À tel point qu'elle me fit sursauter en criant « EVIDEMMENT. » Une vraie pile. Je ris légèrement et on file vers le café. « Tu pourras continuer à baver sur Kane si tu veux même si il n'arrive pas à la cheville de Thor. » Je la regarde alors qu'on traverse la rue, après avoir prévenu nos collègues de notre mini pause. " Euh… Déjà c'est Captain America le mieux " Autant remettre l'église au milieu du village non ? " Faut que j'arrête de penser à lui. Au moins pour la journée, histoire de ne pas faire d'erreur médicale… " C'était ma hantise. La journée de boulot suit son cours. Et quand je quitte le service le soir, aux côtés d'Hannah, je lui lance une dernière remarque, avant de taper sur ses fesses et de filer. " J'te rapporterais des menottes pour Kane, ou pour toi, on sait jamais ! " Une vrai gamine. Mais qu'est-ce que j'étais heureuse de l'avoir dans ma vie, cette belle blonde.