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 si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin

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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptyJeu 25 Jan - 1:20


C’est de bonne heure que je me suis rendu au théâtre ce matin. A planning chargé, il n’était pas question de s’accorder le luxe d’un réveil à 8:00 bien que mes nuits soient le plus souvent de courte durée. Loin d’être insomniaque, simplement chanceux de ne pas nécessiter de nombreuses heures de sommeil pour être en pleine possession de mes capacités. Utile quand je dois terminer un travail de maquette du jour pour le lendemain ou appeler Vassili malgré un important décalage horaire.
Enfin, la liste des éléments à vérifier peut bien s’étaler sur 2 heures. Et encore, si on est efficace et que je ne passe pas ma matinée à déambuler d’un bout à l’autre du théâtre. Ca ne serait pas le moment de prendre du retard et il reste encore de nombreux détails techniques à revoir : coordonner les instructions avec le régisseur plateau, vérifier les costumes, m’entretenir avec Charles à propos de la troupe amateur, et-ce avant que les comédiens ne viennent répéter pour la représentation de demain soir. Leur arrivée prévue pour 12:00, je ne devrais pas avoir de problèmes pour finir dans les temps. Car peu adepte du manque d’organisation, c’est sans mal que je devrais me tenir aux plages horaires établies.

1 tiers du planning. Voilà ce qui a été entrepris en 3 heures. Ce genre de constatation qui a le don de m’agacer quelqu’en soit les raisons. Et certes, je ne peux blâmer personne pour un rideau qui refuse de remonter face à un système motorisé défectueux, mais ce genre d’incident ne pouvait pas plus mal tomber. Le temps que le chef technique arrive, trouve la source de la complication et le remette en marche, on en a encore pour bien 1 heure. Une nouvelle qui n’est pas non plus pour réjouir Charles. Bon, mieux vaut que ça arrive pendant une vérification en amont que le jour de la représentation et je veux bien que ce soit les aléas du spectacle vivant, mais ça n’enlève pas au fait que tout le monde se porterait mieux sans. Et, ça m’emmerde. D’autant plus que ça n’impacte pas seulement mon propre planning, mais également celui de l’organisation globale de la journée. Avec ce rideau affaissé, impossible d’entreprendre un filage complet de la pièce. Et Charles préfère tout de même attendre l’arrivée de tous les comédiens pour voir quelles scènes sont à répéter en priorité. Il ne reste plus qu’à patienter et j’aurai perdu ma matinée. Pas stressé, mais titillé par l’agacement. Non, décidément ça m’emmerde. Je vais me fumer une clope.

Sur le parvis du théâtre, actionnant le briquet pour y allumer la cigarette d’un geste précis d’habitué, c’est Myrddin que j’aperçois le premier en direction du théâtre au coin de la rue. A l’heure pour les répétitions. Généralement peu enclin à la communication quand en proie à l’énervement, le fait de mettre un peu de côté les évènements du matin en expirant la fumée me rend tout de même plus abordable qu’il y a 10 minutes dans la salle de spectacle.
Myrddin ! Ne te presse pas tout de suite en loges : il y a un problème sur la scène avec le rideau. Les répétitions sont retardées d’au moins 30 minutes.” Une pure information à titre indicatif, l’irritation précédente dissipée à son approche.
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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptySam 27 Jan - 2:10


Si la vie est un théâtre...

— MYRDDIN & ANDREÏ
La reprise après le nouvel an a été immédiate. J’ai eu le temps de profiter de Thomas, de mon fils et de mes parents, bien entendu, mais ils sont depuis repartis et Arthur a retrouvé sa nounou. Tom aussi a repris le chemin du boulot, et notre petite vie a continué tranquillement après des fêtes de fin d’année qui me sont apparues comme une bouffée d’air frais. Je me suis déjà fait la promesse de toujours passer les fêtes en famille, histoire d’être sûr de les voir au moins une fois dans l’année. Arthur a besoin de ça, et puis ce sont de nouvelles traditions qui s’installent petit à petit et me donne encore plus l’impression d’avoir réussi à créer un foyer avec Thomas. Quand j’étais petit déjà, je ne me souviens pas d’un seul noël passé sans la famille, même mes parents qui pouvaient être très occupés étaient toujours présents. Et puis Arthur a besoin de points de repères durables, de stabilité, après tout ce qu’il a vécu. Il aime ses petites routines du matin, lorsque moi ou Thomas nous occupons de lui. Je pense que ce genre d’habitudes du quotidien lui permette d’oser plus de choses, car elles le rassurent et sa curiosité peut ainsi s’exprimer sans peur.

Mais bon. J’ai laissé Arthur aux bons soins de sa nounou, avant de prendre la route pour les répétitions. Il m’arrive de l’emmener, mais nous avons trop de pain sur la planche en ce moment pour que je garde un œil sur lui, que quelqu’un d’autre le fasse, ou qu’il distraie les comédiens. Même s’il est sage comme une image et qu’il a déjà un siège attitré au premier rang, je me fais toujours un peu de soucis pour lui. Alors je réserve ses visites pour les jours où j’ai moins à faire. Je n’ai pas l’impression d’aller bosser, et ça c’est absolument merveilleux. A mon arrivée à Brisbane j’ai dû reprendre le boulot, trouvant une place dans une librairie. Bien que j’adore les livres, ça n’était pas pareil. Cela permettait de payer ma moitié du loyer, et d’être assez dans ma bulle, mais non, ça n’était clairement pas équivalent à un métier qu’on fait totalement pas passion.

Et puis il faut dire ce qu’il en est, les répét’ s’accordent plus à mon rythme naturel. Si je me réveille souvent en même temps qu’Arthur ou Tom, pour passer un peu de temps avec lui avant qu’il ne parte bosser, je suis très content de ne plus me lever aux aurores. Et puis dès que je peux, je ne me lève qu’à 9h30 ou 10h. Lorsqu’on devient parent, la limite de la grasse matinée se recule... Il n’empêche que cela me convient mieux d’avoir une matinée tranquille avec mon fils et de me coucher tard si les répétitions s’éternisent, ou après les représentations. Le seul souci avec ce décalage, c’est qu’il m’arrive de louper le coucher de mon fils, et lorsque je rentre, Tom est parfois déjà couché. Mais je ne changerais pas ces horaires, car je fais absolument ce que j’aime. Alors que ce n’était plus dans mes habitudes depuis deux ou trois ans, j’arrive même en avance quelques fois, pour le simple plaisir de me mettre plus tôt en action.

J’aperçois donc le théâtre où loge la compagnie alors que j’ai un bon quart d’heure d’avance. Au fond, je sais que ça ne sert à rien, et qu’il y aura de toute façon un peu de délai car les techniciens qui profitent du matin pour faire le job ont toujours plus ou moins de retard. Que ce soit le son ou les décors ou les lumières ou les costumes... Tout comme les comédiens prennent toujours plus de temps que prévu pour répéter. Le seul moment où tout le monde est à l’heure, c’est lorsque le spectacle est sur le point de commencer. Enlevant les écouteurs de mes oreilles et les rangeant avec mon portable dans mon sac, j’aperçois à mesure que j’approche la silhouette du russe. Qu’Andreï soit dehors en train de fumer une clope ne me rassure guère. En général il ne sort pas avant d’avoir fini sa part de travail, et là, il paraît assez fermé. Plus que d’habitude. Du coup ça ne m’étonne pas le moins du monde lorsqu’il m’informe qu’il y a un problème avec sur scène avec le rideau. Je soupire légèrement en me passant une main dans les cheveux.

— Et bah, c’était bien la peine que je me presse... lançais-je avant d’hausser les épaules. Enfin bon, ça faisait longtemps qu’on avait pas eu ce genre de soucis, ça devait bien arriver à un moment.

J’affiche ensuite un sourire alors que je vais serrer la main du scénographe. On pourrait dire que cela fait des années qu’on se connait, et c’est vrai. Depuis Londres, même si nous n’avons été que peu en contact, et encore moins depuis que j’ai dû quitter la scène londonienne. Mais c’est un plaisir de l’avoir retrouvé ici, à l’autre bout du monde. Son nom m’avait sauté aux yeux, je m’en souviens. Inoubliable ce gars-là. Et depuis quelques mois que nous travaillons ensemble (comme nous en avions parlé à la volée il y a des années de cela), il est passé de collègue à ami, presque facilement, tant nous partageons des points communs. Je reste à côté de lui car, comme il m’a averti, cela ne sert à rien de se presser. Les loges m’attendront bien un peu.

— Sinon ça va toi ? Le reste s’est bien passé ou t’as encore des trucs à faire ? questionnais-je en glissant mes mains dans mes poches. Dans quel état d’esprit est Charles aujourd’hui ? Je n’ai pas encore cerné ce complexe metteur en scène, ça avait été beaucoup plus facile avec Saul. Mais Charles avait gagné mon respect quasi immédiatement par sa façon de travailler et sa détermination à faire progresser tout le monde – plus que par son cv long comme le bras, car on comprend vite que les réussites de quelqu’un peuvent cacher un caractère de chien et des méthodes déplorables. Reste qu’il y avait encore cette distance entre moi et Charles, je reste méfiant, j’en ai conscience. T’aurais une clope dis ? demandais-je en tournant mon regard sur Andreï.

Je ne fume plus que rarement depuis l’arrivée d’Arthur, et je m’accorde ces écarts seulement au théâtre, où quatre-vingt pourcent des comédiens et employés s’adonnent à ce plaisir. Je ne suis pas parvenu à stopper totalement, mais au moins je ne le fais pas en présence de mon fils ou de Thomas. Là... Andreï me donne envie, et je suis un peu faible.
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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptyMer 31 Jan - 0:38


Pas d’humeur à la vue des problèmes techniques rencontrés plus tôt dans la matinée, je me voyais déjà ruminer seul pour le restant de la journée. Mais il faut dire que l’arrivée de Myrddin à le don de me dérider un peu. D’une part car je sais que sa présence au plateau est invariablement gage de sérieux, mais surtout parce qu’il s’agit d’un ami dont la venue m’enchante toujours. Dès notre première rencontre à Londres, j’avais déjà émis le désir de travailler avec lui. Sollicité de toutes parts, cette proposition n’avait pas donné suite et l’on avait fini par perdre contact. C’est donc avec le plus grand enthousiasme que j’ai découvert que la Northlight Company comptait ce talentueux comédien parmi sa troupe. Un enthousiasme partagé puisque que l’entente qui régnait au plateau s’est vite étendue en dehors d’un domaine strictement professionnel. Car il faut dire qu’à quelques nuances près, nous possédons un caractère assez similaire Myrddin et moi. Notre désir de ponctualité n’en est qu’un détail. Et bien que l’annonce de cette complication de rideau n’est pas non plus pour le faire sourire, j’apprécie le bon sens dont il use pour relativiser.
Hochant la tête, “Ca arrive toujours de façon inopinée, mais heureusement que l’on a de bon techniciens. Au moins on a pas de soucis à se faire sur la réparation. ” C’est alors tout naturellement que je réponds à la poigne de Myrddin avant de récupérer la clope coincée entre mes lèvres qui encombrait ma main.

Au vu du temps qu’il nous reste à tuer, il n’y a plus de raisons de me presser pour finir cette dernière. C’est donc d’une calme expiration que je laisse la fumée quitter mes poumons pour répondre à Myrddin. “Et bien, je t’avoue que ça m’a pas mal retardé dans mon planning. Même si je sais qu’il y a toujours une part d’improvisation qui vient s’immiscer dans ce qui était prévu, je ne pensais pas que j’allais devoir reprendre plus de la moitié encore ce soir. Ce que je voulais éviter en somme. ” Et encore heureux que je m’y sois pris tôt. Mais l’agacement qui me taraudait précédemment s’est déjà bien vite dissipé, rebondissant sur la deuxième interrogative de mon interlocuteur “Mais j’ai tout de même pu m’entretenir avec Charles et l’incident n’a pas l’air de le stresser plus qu’une veille de représentation ne l’exige. Du moins, il attend que vous arriviez tous pour vous donner ses directives” Un pragmatisme qui ne m’étonne pas de lui, toujours fidèle à sa bienveillance sur les planches.
De tous les metteurs en scène avec lesquels il m’a été donné de travailler, Charles fait parti de ceux dont la collaboration a été aussi rapide qu’évidente. Bien que mon arrivée en tant que scénographe coïncide avec la période de transition d’un metteur en scène à un autre, le contraste entre la vision de Saul et de Charles n’a pas été un frein à notre association. Malgré des désaccords mouvementés durant nos travaux à la table, j’apprécie la liberté qui m’est octroyé dans mes propositions et leur réalisation. Mais sa vision précise et sa force de direction sont sans doutes ce qui ont permis au mieux à notre travail commun de s’épanouir. Un épanouissement qui n’aurait sûrement pas été envisageable sans l’expérience que je me suis forgée depuis maintenant près de 8 ans. Un apprentissage constant, autrefois de l’exercice du métier. Aujourd’hui de ce que peut m’apporter ce métier en lui-même. “En revanche, ça ne m’étonnerait pas qu’il vous demande de redoubler de concentration et d’attention. ” Une précision qui saura dans tous les cas parler à tous les comédiens de la compagnie, aussi impliqués que Myrddin les uns que les autres. “Je n’avais pas pu y assister mais la répétition d’hier s’était bien déroulée pour vous, non ?

C’est en redirigeant la cigarette à mes lèvres que Myrddin me demande de lui en filer une. Jamais sans mon paquet, il n’y a pas de raisons de lui refuser. Même s’il est vrai qu’il est l’un des rares à s’abstenir de fumer entre deux répétitions, je serais mal placé pour lui faire une quelconque remarque. Car pour ma part, depuis Londres, le tabac ne m’a pas quitté. “Sers-toi, tu peux utiliser mon briquet ” Lui tendant mon paquet déjà bien entamé. “Mais je me dédouane de toutes responsabilités en ce qui concerne une potentielle rechute dans la nicotine.” Sur le ton de l’humour, il n’y a qu’avec peu de personnes de mon entourage que je me permets ce genre de taquinerie légère. Myrddin en fait parti. Bien que pas encore amis proches, on ne s’est jamais refusé des familiarités. Surement facilité par la venue ponctuelle d’Arthur, un fils bien plus assidu aux répétitions que certains comédiens que j’ai vu défiler dans ma carrière.
Tu nous ramène du monde pour la représentation de demain ? Ou on pourra au moins compter sur la présence d’Arthur et de Thomas dans le public ? ” Bien que  phrase assez passe-partout, le ton n’est pas non plus anodin. Un moyen de m’informer sans non plus m’immiscer dans une sphère privée de la vie de Myrddin. Car l’air de rien, la présence d’Arthur dans les gradins et son intérêt pour le théâtre m’enchante toujours.
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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptyVen 2 Fév - 12:55


Si la vie est un théâtre...

— MYRDDIN & ANDREÏ
Andreï est un peu le genre de gars qui peut faire peur. Il est rare de trouver aussi franc, et l’aura qu’il dégage n’est pas avenante au premier abord. Pourtant, c’est rapidement devenu un ami. Le fait de travailler ensemble nous a permis de comprendre que nous partagions plus de choses que de simples verres lors de soirées à Londres. Je suis assez heureux que notre envie commune de bosser ensemble ait vu le jour, je n’y croyais plus depuis bien longtemps. Mais depuis Arthur, donc quasiment un an, je vais de surprise en surprise. D’abord lui, mon fils, ensuite ma décision franche de revenir sur les planches, l’aide de Saul qui est tombée à point nommé, et ainsi de suite, jusqu’à retrouver Andreï il y a plusieurs mois. Et je ne parle même pas de mes fiançailles, c’est un tout autre sujet qui me porte sur un nuage depuis lors. 
 
Mon humeur est bonne en voyant Andreï, malgré la tête qu’il tire. Pour être honnête, c’est souvent la même, mais j’arrive à discerner les réels signes qui montre son agacement certain. Il m’annonce que la journée a pris du retard en raison d’un problème technique du rideau. Nonchalant, je relativise sans soucis. Ce n’est ni la première ni la dernière fois, et contre les caprices du matériel, nous sommes impuissants. Notre sort est entre les mains des techos compétents, et donc, on a plus qu’à patienter sagement. J’approuve totalement les paroles du russe qui vont en ce sens. Le rideau sera bientôt oublié et les comédiens pourront commencer les répétitions. Je le salue au passage, et m’informe sur ce qui lui reste encore à faire et sur l’état de notre metteur en scène. Andreï m’explique qu’il a encore beaucoup de pain sur la planche car, outre ce problème, d’autres plus petits et prévisibles sont venus s’ajouter. Rien de bien méchant, mais l’accumulation lui ordonne de reporter la moitié de son planning à ce soir. Je grimace sans y penser, compatissant et compréhensif. Personne n’apprécie de voir son programme changer drastiquement, mais comme il peut présentement rien y faire, autant passer un peu à autre chose et se vider de toute frustration. 
 
J’apprends ensuite que Charles n’a pas été perturbé le moins du monde par l’incident du rideau – il a dû en voir d’autre au cours de sa carrière. Son niveau de tension n’est pas différent des autres veilles de représentations, ce qui est plutôt bon signe. J’hoche la tête lorsque Andreï ajoute que le metteur en scène nous attend pour donner ses directives de toute façon. Encore une fois, rien qui ne sort de l’ordinaire dans le déroulement de la journée. 
 
— Je n’en doute pas non plus, hochais-je la tête à son addition à propos de concentration et d’attention. Puis je réponds à sa question sur la répét’ d’hier. Oui, dans l’ensemble elle a été plutôt bonne. Mise à part Margot qui a encore du mal avec le fait d’apparaître en sous-vêtements, mais malgré sa pudeur elle s’est faite une raison et compte bien tous nous époustoufler, commençais-je avec un léger sourire. C’étaient les meilleurs, ceux qui a chaque nouveauté se battaient et l’apprivoisaient pour en faire une force. Trop longtemps j’ai perdu cette capacité, mais Arthur m’a littéralement forcé à la retrouver, et toute la troupe m’aide sans qu’ils ne le sachent je pense. Et puis j’ai encore quelques lignes que je n’arrive pas à me rentrer dans le crâne, mais on a trouvé quelques rebonds si jamais j’oublie mon texte demain. 
 
Je n’ai aucun problème à avouer mes faiblesses à Andreï. Si peu sont au courant des réelles raisons de mes soucis de mémoire, et parfois de concentration, tous ont conscience de mes efforts et de mon travail pour palier à cela. Andreï, de part son séjour à Londres, en sait davantage, car les bruits courent rapidement là-bas, dans le monde des théâtreux. Et puis avec le russe, Arthur a été un puissant brise-glace, ce gamin a gagné le cœur de toute la troupe d’un battement de cil. Aussi, même si nous ne sommes pas si intimes que cela, il y a une certaine familiarité entre le scénographe et moi, ce qui explique son humour que peu de personnes connaissent. J’hausse les épaules en prenant une cigarette qu’il accepte de me donner. 
 
— Ça risque pas, je me jetterais moi-même par la fenêtre avant de fumer chez moi et d’vant mon fils. Pis une par-ci par-là, je peux pas moins, et j’ai déjà essayé. 
 
Je cède, je l’avoue, ça m’arrive quelques fois, et même Thomas ne le sait pas. Je tiens un rythme très bas, pour la simple et bonne raison que je n’achète plus de paquet. Il n’y a qu’ici, au théâtre, que je m’octroie ce plaisir qui a le don de me déstresser un peu. J’en suis revenu à faible quantité à présent, et depuis si longtemps (plus d’un an, déjà), que je doute que je retombe totalement dans l’addiction. M’enfin c’est presque touchant qu’Andreï s’inquiète. Ma cigarette allumée, je lui rends son briquet sans attendre, histoire de ne pas le retrouver dans ma poche en rentrant chez moi. Le scénographe demande ensuite si j’ai ramené un peu de public pour demain, et si ma famille sera de la partie. Je vois très bien où il veut en venir ; sa question n’est pas si anodine que ça, mais il me laisse le choix de ce que je vais répondre. Si j’extrapole ou non pour le tenir au courant du bien-être de mon fils et de mon homme. 
 
— Quelques collègues de Thomas vont venir normalement, mais je ne les connais pas. Tom sait très bien faire ma pub en revanche, expliquais-je avec un léger rire, en jouant machinalement de mon pouce avec la bague à mon annulaire gauche. Et il sera là, mais sans Arthur... Le petit est fatigué en ce moment, je ne veux qu’il fasse un caprice au milieu de la représentation. En revanche quand ça sera plus calme ici je l’amènerais, je crois que ça lui manque figure-toi, précisais-je avec un sourire attendri et amusé sur le visage, avant de prendre une bouffée de tabac. Et toi alors ? Tu nous ramènes des gens cette fois-ci ? lui retournais-je alors la question. 
 
 
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Dernière édition par Myrddin Owens le Mar 13 Fév - 19:20, édité 1 fois
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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptyVen 9 Fév - 3:49


D’un point de vue purement professionnel, s’il est intéressant de se retrouver face à des avis foncièrement différents des siens, il est toujours agréable d'en partager un identique. Car il n’est pas nécessaire de débattre de façon véhémente d’un sujet pour qu’il en résulte une communication intéressante. Une caractéristique que je retrouve chez Myrddin où peu d’échange suffit pour se comprendre. A la grimace qu’il esquisse à l’annonce de mon travail resté en suspens, je sais que je n’ai pas besoin d’en dire plus pour traduire mon agacement de la matinée. Et hochant la tête à propos du travail de nos techniciens, nous sommes du même avis au sujet de Charles et l’exigence qu’il sera susceptible de demander au plateau.

Bien que confiant quant à la réponse de Myrddin, je suis satisfait de savoir que la répétition d’hier se soit globalement bien déroulée. Et je ne peux qu’esquisser un sourire d'acquiescement à l’évocation de la performance de Margot. Toujours bienveillant, Charles aime néanmoins voir ses comédiens explorer leur jeu plus loin qu’ils ne s’en pensent capable. Sans aller jusqu’à les pousser dans leur retranchement, pratique que peu bénéfique, mais tout de même hors de leur zone de confort pour en tirer le meilleur d’eux-même. Une volonté parfaitement bien exprimée à travers sa direction scénique d’une Margot d’accoutumé si pudique. Scène difficile, le temps nécessaire lui a été donné pour lui permettre de dépasser sa gêne d’être ainsi exposée. Car chacun à ses difficultés auquel il doit palier sur scène. Ce n’est pas moi qui dirait le contraire. Ma propre expérience du jeu à l’époque de Moscou me l’avait bien fait comprendre. Et si j’ai toujours été impliqué dans la justesse de l’interprétation de mes rôles, c’est le regard du public que je n’ai pas supporté. Enfin, écoutes je ne vais pas retourner en arrière. Je sais que le moi de l’époque aurait dit regarde ce que j’ai fait, regarde ce que tu as fait. Mais je suppose que j’ai fait le bon choix quand je me suis risqué dans la jungle du spectacle vivant.
Si l’épreuve à surmonter de Margot n’est que ponctuelle à l’occasion de son rôle dans cette pièce, Myrddin a lui aussi sa faille avec laquelle il doit composer continuellement. Des difficultés pour ancrer son texte qui ont tendance à s’accroître après certaines répétitions fatigantes. Jamais prétexte pour demander une charge de travail en moins, c’est en revanche un paramètre pris en compte pour la cohésion de groupe de la troupe qui a su développer une écoute particulière. Une cause de trous de mémoire jamais abordée ensemble. Inutile puisque nous avons tous deux déjà conscience que j’en connais la raison. Notre passé commun à Londres suffit à le justifier. Car bien qu’évoqué dans les médias, l’information s’était propagée encore plus vite dans le milieu professionnel à l’époque. Loin d’être de ces ragots colportés par certains auxquels je ne porte aucune attention, les conversations finissaient toujours pas aboutir à ce même sujet. Son aggression. Il faut dire que son impact sur sa carrière de comédien n’est pas négligeable, et les motifs et conditions de l’attaque ne laissent pas indifférent. C’en était à rappeler les violences perpétrées dans ma Russie natale. Une date qui coïncide avec le moment où Myrddin et moi nous sommes perdus de vue jusqu’à mon arrivée au sein de la compagnie. Et c’est naturellement que j'acquiesce à sa remarque, “ Il ne restera plus qu’à faire un dernier point avant les répétitions de toute à l’heure dans ce cas. Et je ne doute pa qu’encore une fois la pièce prendra une toute autre ampleur le Jour J en public. ” Positif ou négatif, conscient qu’une représentation n’en vaut jamais une autre, soumise à l’improvisation et le ressenti du moment.
Récupérant mon briquet à glisser dans la poche de ma veste, je ne suis pas sourd à l’argumentaire de Myrddin. Pas de risque de rechute donc, et sans grand étonnement la présence d’Arthur y est pour beaucoup. Dans le fond ça me rassure de le voir le prendre comme ça. Car si je n’ai jamais émis l’idée d’arrêter, je sais à quel point c’est difficile pour ceux qui ont le désir de se détacher de ce type d’addiction. Ca serait con de s’y remettre maintenant. Et s’il y a bien un sentiment qui me fait horreur c’est celui de culpabilité. J’ai beau me foutre d’être apprécié de tous, impacter négativement la vie de quiconque n’est pas dans mes projets et serait bien pour m’abominer. Même s’il ne s’agit que d’une simple rechute dans le tabagisme. Et c’est du même ton de capitulation que je lui réponds “Je comprends. Pour ma part je laisse cette volonté à d’autres. Il faudrait vraiment un cas de force majeur pour m’obliger à stopper

Pas con, je sais que Myrddin perçoit vite les perches qu’il m’arrive de tendre, laissant libre choix à mes interlocuteurs de les prendre ou non au vol. Et il faut croire que c’est Thomas qui s’occupe de promouvoir le spectacle. Si investit auprès de Myrddin, ça ne m’étonne pas le moins du monde. Même si la salle accueille toujours pas mal de monde, il est toujours essentiel de pratiquer le bouche à oreille. Pas d’Arthur, mais c’est vrai que la représentation se finit tard. Un léger sourire au coin de mes lèvres en apprenant que le théâtre lui manque. “Peut-être bien que l’on a affaire à une pousse de comédien
Enfin, pour ma part, ce n’est jamais avec beaucoup de personnes de mon entourage proche que je partage les informations relatives aux spectacles. Souvent communiquées avec le réseau professionnel ou encore différents artistes rencontrés sur Brisbane, quelques-uns ont annoncés leur venue mais cela reste incertains. Enchaînant, mes lèvres quittant ma clope se consumant avec lenteur “Pas ce soir, mais il est possible qu’une amie fasse le déplacement demain. Une première collaboration au théâtre ensemble, elle ne rate en général aucune création récente. ” Retrouver Leena autour d’une pièce de la compagnie est toujours amusant, et non sans nous rappeler notre première association à Londres. Fasciné par son travail, c’est sans aucune hésitation que j’avais fais appel à ses talents en tant qu’accessoriste sur une pièce. Et si elle est devenue ma plus proche amie, j’ai toujours son nom en tête pour une éventuelle participation sur un spectacle.

Et, jetant un regard à ma cigarette pour y dégager les cendres d’une légère tape de mon doigt, je ne peux que remarquer l’anneau brillant qui orne celui de Myrddin. Tiens, fiancé ? Je sais qu’un hochement de sourcil de ma part aura traduit cette réflexion intérieure. Cependant fidèle à mon naturel pudique, ce sont mes yeux sensiblement interrogateurs relevés en sa direction qui parlent bien mieux que mes mots. Non pas insistant, mais sans volonté de camoufler ma surprise gage de sincérité.
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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptyMar 13 Fév - 19:19


Si la vie est un théâtre...

— MYRDDIN & ANDREÏ
La journée de commence pas si bien, mais ce n’est qu’un contretemps fâcheux et je sais que nous saurons faire avec. Il n’empêche que je compatis avec ce pauvre Andreï qui voit son travail retardé encore et encore, ce qui laissera moins de temps à la fin pour les détails de perfectionniste. Cependant je le connais et ce trait de caractère nous est commun, alors je sais qu’il trouvera tout de même un moyen de satisfaire son besoin de pousser au maximum la qualité de ce qu’il produit. Nous n’avons besoin d’en discuter plus, toutes les implications sont claires, et nul besoin de retourner le couteau dans la plaie sans raison. Une partie du théâtre est à l’arrêt jusqu’à ce que le rideau fonctionne de nouveau, alors nous n’avons plus qu’à prendre notre mal en patience. Et pour patienter, après avoir parlé de Charles et être tombés d’accord, je lui demande s’il accepte de me dépanner d’une cigarette. Ce n’est pas franchement dans mes habitudes, c’est plutôt devenu comme un petit plaisir que je m’autorise de temps à autre.

Tout en allumant la clope, puis en lui rendant son briquet, j’explique à Andreï comment s’est déroulé la répétition d’hier. Le plus marquant reste encore Margot qui va devoir combattre sa pudeur pour apparaître en sous-vêtement. Différencier la scène et la vie lorsqu’il s’agit de son corps peut être compliqué pour certain. D’autres comédiennes n’auraient eu aucun problème avec cette direction scénique, mais je suis persuadé que Charles n’a pas fait ce choix par hasard. Pour que Margot s’améliore, la confronter petit à petit à son point faible est une bonne technique qui marche bien avec la jeune femme. Depuis plusieurs mois elle a déjà beaucoup progressé. Sinon, je bloque toujours sur quelques lignes de texte, mais nous avons réussi avec mes partenaires de jeu à contourner le problème ; si je me trompe en représentation, nous savons déjà comment nous allons rebondir.

Depuis mon arrivée, il a y a bientôt presque un an, j’ai réussi à m’intégrer parfaitement malgré ce défaut. Des restes de mon agression dont je me serais bien passé, puisqu’à chaque trou de mémoire je me rappelle à la place de cette affreuse nuit. J’en ai encore des palpitations et si je n’arrivais pas me contrôler depuis le temps, de réelles crises de panique pourraient revenir. Au moins, avec Arthur et Thomas dans la tête, la dépression est bien bien loin à présent ; ils m’ont sauvé. Mais concernant mes faiblesses, j’ai pu compter sur Saul dès le départ. Lui faisant confiance, ses comédiens ont suivi le mouvement et ont fini par s’accorder à mon rythme lorsque cela était nécessaire. D’un autre côté, je bosse tellement pour compenser que je doute ralentir la troupe. Travailler ne me fait pas peur, et bien qu’avant cela l’anxiété me dévorait à l’idée de remonter sur scène et de me planter, de comprendre dos au mur que je ne pouvais plus faire ce métier, maintenant cela me motive encore plus. Charles a pris le relai avec brio, et il est impossible de nier sa capacité à composer avec tous les comédiens, leurs points faibles et leurs points forts.

Si la cohésion du groupe ne souffre pas de mes difficultés, je sais que les causes de celles-ci n’ont jamais été réellement abordées. Ils savent que j’ai été victime d’un évènement violent, et que j’ai passé deux mois dans le coma. Mais je n’ai jamais expliqué quoique ce soit, préférant de loin garder cet évènement pour moi. Je n’aime pas étaler ma vie, et bien que les séquelles aient fortement diminuées, je sais que c’est une chose qui ne me quittera jamais. Heureusement, personne n’a osé me questionner, et si mes collègues savent quelque chose ils l’ont gardé pour eux. La seule exception s’avère être Andreï. Il sait réellement ce qu’il s’est passé, bien qu’il ne soit pas plus bavard que les autres, ce dont je ne me plaindrai pas. En son temps cette affaire avait fait du bruit dans le milieu artistique, et dans les médias, en raisons des motifs de l’attaque. Je suis bien content qu’on ne cherche plus à me poser des questions là-dessus, je n’ai pas évité les interviews par simple caprice. Mon instinct avait été de me protéger en me renfermant sur moi-même, ça l’est toujours plus ou moins. Le simple fait qu’Andreï soit au courant me donne un sentiment de soutien, je sais qu’il comprend, partageant mon orientation sexuelle et venant d’un son pays quelque peu coutumier de ce genre de pratiques. C’est suffisant.

— Oui, c’est toujours différent lorsque le public est là… Je suis plutôt confiant en tout cas, sauf catastrophe on devrait très bien s’en sortir, ajoutais-je avec un hochement de tête.

Les dernières répétitions le prouvent, nous sommes prêts. Il reste bien des détails que je repère, ou que Charles note, mais quelques représentations sont nécessaires pour que l’accord générale de la pièce s’affirme. Nous avons fait notre possible en répétitions, je doute que nous puissions encore progresser sans se confronter au public. Andreï plaisante ensuite aussi de mon envie de clope, et je lui réponds, sérieux et amusé à la fois, je ne pourrais pas même si je le voulais. Je me suis promis de ne jamais y exposer Arthur, et Thomas serait bien mécontent de me savoir encore fumeur. J’ai diminué mon rythme sans trop de problème, et sans presque m’en rendre compte – sauf les premiers jours –, et totalement grâce à Tom. Le fait que je ne sois plus déprimé ou terriblement insomniaque ou sujet à des angoisses joue aussi pas mal. Andreï lui n’est pas pressé d’arrêter, ce n’est même pas du tout dans ses plans, il n’aurait, d’après lui, par la volonté. Je souris légèrement, comprenant ce qu’il veut dire.

Au lieu de continuer sur ce sujet, je réponds à sa question suivante en l’informant que Thomas viendra bien nous voir jouer demain soir. En revanche, Arthur sera déjà couché, lui. Je lui donne aussi quelques nouvelles, appréciant toujours autant son tact. Andreï a une façon unique de chercher à savoir des choses, il laisse souvent le choix à l’autre. Même si ça ne me dérange pas de m’ouvrir plus à lui qu’à d’autres, c’est agréable de savoir qu’on peut ne rien dire et ne pas recevoir de réflexions. J’explique aussi au passage que Thomas a fait sa petite pub, il ne peut s’en empêcher, et ça me fait toujours rougir. Aujourd’hui j’en souris, et puis j’avoue avec amusement avoir l’impression qu’Arthur se languit du théâtre. Il ne m’a pas accompagné depuis déjà quelques temps, car les répétitions prenaient de plus en plus d’ampleur. Après, c’est peut-être mes propres projections qui me font imaginer cela, en tant que père on n’est pas forcément objectif.

— Sans doute oui… je me souviens avoir commencé très très jeune aussi, précisais-je, toujours avec un sourire amusé. En tout cas il adore les histoires depuis toujours, c’est comme ça que Tom a réussi à l’apprivoiser d’ailleurs.

Je me souviens de ça dans les moindres détails, quand le premier jour Arthur se méfiait fortement de Thomas, et que ce dernier l’avait amadoué en lui racontant la version simplifiée d’une histoire de Jules Vernes. L’enfant avait été subjugué, même s’il ne devait pas tout comprendre. Je demande alors ce qu’il en est du côté d’Andreï, s’il a parlé de la pièce dans son entourage. Ce n’est pas trop son genre, aussi sa réponse ne me surprend pas. En revanche une amie à lui devrait venir un de ces soirs, une collaboratrice qui plus est, avec qui il lui arrive de travailler. J’esquisse un sourire. Les mais d’Andreï se comptant sur les doigts d’une main, je crois avoir mon idée de la personne à laquelle il fait référence, bien que son nom m’échappe.

— Je vois, c’est la londienne ? Faudra que tu me la présentes un jour tout de même, répliquai-je avec une petite moue. Ne serait-ce que pour la féliciter de son travail.

J’inspire une bouffée de cigarette, et je remarque le très net regard d’Andreï rivé sur ma bague. Je détourne un instant les yeux, un peu gêné. Ses questionnements sont très clairs, il n’a pas besoin de les formuler pour que je comprenne. Malgré mon léger malaise qui n’a pas réellement lieu d’être, j’arbore un petit sourire qui me donne les yeux brillants. L’amour on appelle ça, je ne sais si je m’y ferais un jour à ces papillons dans le ventre. Quoique je n’ai pas envie de m’y accoutumer. Je laisse un instant mon attention s’attarder sur l’anneau doré à mon doigt.

— J’ai pas trop besoin de t’expliquer hein ? commençais-je en regardant alors Andreï. Thomas a fait sa demande le 24 décembre. Mais on a pas encore de date. Je tire une nouvelle fois sur ma cigarette et laisse la fumée s’échapper en un souffle avant de continuer, oubliant que mes joues ont pris quelques teintes rouges. Je n’aime pas étaler ma vie intime, mais ça finira bien par se savoir. Je n’ai encore rien dit à personne ici, enfin à part le strict minimum – quoique quelques-unes ont vite remarqué la bague et ont tout aussi vite compris. A vrai dire rien n’est vraiment décidé, je ne saurais même pas par où commencer, alors je préfère laisser Thomas gérer l’organisation. Je suis juste en train de réfléchir à la liste de ceux que j’ai envie de voir à mon mariage. Et c’était déjà bien assez. T’es dedans bien sûr, ajoutais-je avec un sourire en coin. Il n’y aura pas grand monde, c’est certain, mais à y réfléchir, j’ai plutôt envie d’y croiser Andreï ; on se connait depuis longtemps, même si nous ne sommes pas à proprement parlé proches. Ça me ferait plaisir en tout cas.

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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptyJeu 1 Mar - 0:19


S’il y a bien une chose sur laquelle nous sommes unanime au sein de la compagnie à propos de Charles, c’est la façon avec laquelle il sait user de tact et de professionnalisme pour faire des faiblesses de ses comédiens une force sur scène. L’évolution de l’état d’esprit de Margot à propos de son rôle et de la performance à laquelle elle doit se livrer en est un des exemples les plus flagrants. Une qualité chez un metteur en scène essentielle, car j’ai  un trop bon nombre de fois vu des répétitions se finir en conflits à cause d’un metteur en scène trop peu à l’écoute de son équipe. Bloqué dans telle ou telle vision de la scène et du personnage sans percevoir la raison pour laquelle un comédien ne réussissait pas l’exercice demandé. Problématique quand le travail du metteur en scène est avant tout celui de réunir une équipe pour la réalisation d’un projet commun. Et, quitte à formuler des conclusions hâtives, il me semble que c’est ce même tact qui a été essentiel lors de la transition du passage de la compagnie des mains de Saul dans les siennes. Un travail de composition à ne pas négliger, d’autant plus que le changement de direction a été le moment d’un nouvel échange pour l’équipe. Un temps pour l’évocation de nos parcours, nos méthodes de travail et des évènements plus personnels qui sont susceptible d’influencer le montage des pièces. En particulier Myrddin pour qui l’apprentissage des textes reste une étape moins aisé que pour le reste des comédiens de la compagnie.
Pourtant, le temps passé avec lui m’aura aussi appris que comme moi-même, Myrddin reste de nature pudique. Et si l’équipe est consciente du traumatisme que ce dernier a subi, les véritables causes n’en ont jamais été énoncées. Malgré quelques remarques curieuses et des spéculations entendues à la volée, je n’ai jamais évoqué quoique se soit à son sujet. N’ayant aucun rôle à jouer dans le relais d’une quelconque information, autant le concernant qu’un autre. Loin de commérages qui n’ont rien pour m'intéresser.

C’est en reportant la cigarette à mes lèvres, mon briquet glissé à sa place dans la poche de mon manteau, que je me fait cette réflexion à voix haute. Arrêter de fumer n’est pas et n’a jamais été dans mes projets ou bonnes résolutions de nouvelle année. Il faut dire que la clope est devenue une habitude telle que je ne parviendrais pas à me souvenir du jour où j’ai commencé. Et encore moins du nombre de paquets que j’ai dû écouler. Et même si la question de l’habitude reste une excuse pour ne pas à avoir à me confronter au manque que pourrait causer un arrêt du tabagisme, sans volonté ni personne pour m’y pousser, je ne vois pour le moment aucune raison de m’en défaire. Et je vois bien au sourire entendu de Myrddin qu’il comprend ma position. Il faut dire que sans Thomas et Arthur, c’est peut-être encore avec son propre paquet que Myrddin aurait partagé cette pause avec moi. Une situation familiale qu’il nous est donné d’entrevoir une partie par les quelques présences d’Arthur aux répétitions et les quelques fois où il m’a été donné de rencontrer Thomas.
Pourtant, ce n’est que rarement qu’il m’a été donné l’occasion de l’entendre parler de leur début de relation à tous les trois. N’ayant jamais forcé la main, c’est toujours de façon assez naturelle que Myrddin vient à me parler de choses de leur quotidien et découvrir la passion d’Arthur pour les histoires à le don de me faire sourire, un haussement de sourcil amusé. “Bah, il a le temps avant de se dévoiler une passion pour les planches… Ou pour la dramaturgie qui sait ?” Une remarque qui n’est pas sans me rappeler une parcelle  de mon enfance. Mon frère et notre amour commun de la littérature. De ces souvenirs que je n’ai pas eu la volonté de balayer d’un revers de la main. Un bref rappel de ma mémoire, non sans me remémorer que mon frère avait également émis l’envie de venir voir une des pièces de la compagnie. De ces grandes phrases lancées entre deux vannes lors de nos appels téléphoniques récurrents. Le jour où je le verrais débarqué en Australie celui-là, il n’est pas encore arrivé. Mais pour l’instant, la plus susceptible de prendre place parmi les spectateurs c’est bien Leena. Myrddin n’aura pas mis longtemps pour pointer le doigt dessus.

Effectivement : Leena. Une raison de plus pour la presser de prendre ses places pour le spectacle” Voir que Myrddin a retenu les fois où j’ai été amené à évoquer Leena ne pouvait me faire plus de plaisir, ayant déjà depuis longtemps la volonté de faire nos deux mondes de la création se rencontrer. Car il est vrai que j’ai à maintes reprises abordé son travail au sein de divers réunions techniques, et notre amitié auprès de Myrddin au détour d’évocations de Londres. Et si je suis de façon générale dans la retenue, il n’y a pas de doute sur le fait que j’accorde une reconnaissance particulière aux réalisation qu’elle entreprend et à la personne qu’elle est. “Et elle a toujours des retours intéressants sur les spectacles ou expositions qu’il lui est donné de voir. Mais je pourrais te donner accès à sa newsletter si tu le souhaites. ” Fine dans sa critique, le regard en éveil constant. J’ai toujours aimé échanger avec Leena, et particulièrement sur des sujets artistiques. Aucun détails ne lui échappe. Mais pour l’heure, un détail ne m’a pas échappé, et c’est la présence nouvelle d’un anneau au doigt de Myrddin. S’il ne me faut que très peu de temps pour deviner de quoi il en recours, ma sincérité à parler avant moi, en témoigne ma mine quelque peu surprise. Et si je ne suis pas du genre à exposer tout haut mes réflexions quand il s’agit de la vie personnelle d’autrui, il serait malhonnête de continuer à agir comme-si je n’avais rien remarqué. Préférant laisser Myrddin s’exprimer face à mon regard interrogateur ou passer outre.

Tirant des bouffées de ma cigarette, c’est avec attention que j’écoute les quelques explications que Myrddin a à me donner au sujet de ses fiançailles prochaines. Des explications que j’accompagne d’un léger hochement de tête, faisant abstraction de la gêne certaine que je sens monter à ses joues pour ne pas rajouter à son embarras. Pourtant, c’est à son annonce de ma présence requise à son mariage que je suis moi-même pris d’un embarras certains. Prenant une longue inspiration sur la clope du bout de mes lèvres, recrachant la fumée non sans un sourire en réponse au sien en coin. “Bah putain.” Peu bavard quand il s’agit d’exprimer des remerciements et en proie à un léger malaise, c’est pour le moment tout ce que je trouve à formuler. Je suis sur le cul. Bah putain. Mais jamais déstabilisé bien longtemps, c’est souvent par un humour direct que je reprends ma contenance habituelle.“ Bon et bien, trouvez déjà une date pour être sûr d’y voir vos invités, et tu pourras compter sur moi pour sortir un costume trois pièces !” Et je sais que malgré un attardement très bref sur la question, Myrddin me connaît assez pour reconnaître quand je suis touché par une action. “Pas sûr que Thomas veuille de moi s’il te voyait fumer en ma compagnie mais on ne peut pas aller contre le monde du spectacle vivant hein ?
Et même si l’annonce du mariage prochain de mon ami comédien me ravi, je ne peux me laisser aller à penser que cette notion d’union reste fortement abstraite pour ma part. Enfin, ces questionnements théoriques laissés à part, c’est par une interrogative moins gênante pour Myrddin que précédemment mais relative au même sujet que se porte mon intérêt. “ Et l’enterrement de vie de garçon est compris dans le programme ?
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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptySam 17 Mar - 20:07


Si la vie est un théâtre...

— MYRDDIN & ANDREÏ
Que la compagnie soit entre de bonnes mains a été un grand soulagement pour tout le monde. Avec le départ de Saul, un des piliers disparaissait, mais c’était sans compter sur ses contacts. Il a su donner les rênes à la bonne personne, et la transition a été moins difficile que prévue, car tout bénéficiait de l’accord de Saul. C’est encore avec une certaine tristesse que je repense à notre ancien metteur en scène, mais sans rancune. Charles rempli ce rôle avec brio, et a réussi à avoir les bonnes grâces de tout le monde, petit à petit. Il s’est fait sa place, et tout le monde en est ravi, l’entente est de retour dans la troupe. Cette transition a aussi permis à chacun de faire un point, de se trouver parfois de nouveaux buts, et a contraint à une communication dont les effets positifs se ressentent aujourd’hui. En tout cas, Charles a été très compréhensif en ce qui me concerne ; il sait me motiver tout autant que Saul et son regard est intéressant. Je peine encore à le comprendre totalement, à le cerner, et parfois il est un peu compliqué de saisir ses intentions, mais c’est petit à petit que nous nous apprivoisons. Certains metteurs en scène sont plus faciles d’accès que d’autres, suivant les types de comédiens... Mais j’ai bon espoir. Et puis j’ai un talent, celui d’être capable de tout faire une fois sur scène, et ça aide. Ma pudeur naturelle et mon flegme anglais disparaissent d’un coup, je me transforme. En dehors en revanche, c’est une toute autre histoire. Peu sont au courant de mon passé. Mis à part Andreï, qui était à Londres à peu près à ce moment-là, et plus ou moins Clément, je n’en vois pas d’autres. Et Charles, mais ça coule de source, si on commence à avoir des secrets pour son metteur en scène alors que c’est l’une des personnes les plus aptes à nous aider, on n’avance pas.

En attendant, je m’octroie le plaisir d’une cigarette, appréciant la compagnie du russe qui n’est ni trop causant, ni pas assez. Nous discutons un instant nicotine, et mon risque d’y replonger, quasi infime. Je suis déterminé à ne pas retomber dans ce cercle vicieux, d’autant que le prix du paquet en Australie a de quoi faire pâlir plus d’un portefeuille. Et puis j’ai Arthur pour me motiver. Les enfants sont une grande source de force et de courage. Ajoutons à cela un Thomas qui regardais mes clopes d’un œil mauvais... Non vraiment, je ne souhaite pas recommencer à fumer de manière régulière. Quelques encarts, de temps à autre, toujours loin de ma famille, me suffisent. Tout le contraire d’Andreï qui ne voit aucune raison pour arrêter, et ça n’est pas du tout dans ses priorités visiblement. Je n’ai aucune raison de le juger, chacun fait ce qu’il veut, en étant conscient des risques. Qui ne l’est pas de nos jours, qui plus est... J’ai aussi été dans son cas fût un temps, où, sans impulsions venant de l’extérieur, je ne voyais pas pourquoi arrêter la cigarette. C’est bon, cela détend, réchauffe parfois, une habitude mauvaise mais une habitude quand même. Je n’aurais pas trouvé la volonté en moi, je le sais parfaitement, et il a fallût Thomas pour me sortir de ma dépression et envisager un arrêt. Puis Arthur est apparu dans ma vie, décidant à ma place, sans que je ne m’en rende compte ou trouve quoique ce soit à y redire.

De fil en aiguille, nous parlons un peu plus en détail de mon fils, que j’amène parfois lors des répétitions. Il est toujours d’un calme angélique et j’explique que si j’ai eu la passion du théâtre depuis tout petit, Arthur adore les histoires. Autant dire qu’il est servi entre moi et Thomas, pour qui c’est une sorte de spécialité. Andreï s’en amuse, soulignant que le petit garçon a de toute façon le temps de se découvrir une passion pour la comédie ou la dramaturgie. Je ris légèrement en acquiesçant. Ah ça oui, il a bien le temps de grandir ce bout de chou. Je parle assez naturellement d’eux, et de Thomas qui fait souvent passer les annonces de nouvelles représentations. Pour Andreï, j’apprends qu’une amie à lui devrait venir, et selon ses précisions, je comprends qu’il s’agit de la londonienne dont il m’a déjà parlé quelque fois. Il a déjà travaillé avec elle d’ailleurs, et je suis assez content à l’idée de la rencontrer enfin. Le russe ne s’épanche que rarement sur sa vie privée, alors il est aisé de retenir les personnalités récurrentes qui doivent valoir le coup. D’autant plus si elles viennent de Londres. Andreï ajoute qu’elle a toujours de bonnes critiques à donner sur ce qu’elle voit, spectacles ou expositions, son opinion m’a l’air donc intéressante si elle compte à ce point pour le brun.

Sans grande transition, j’en viens à parler mes fiançailles. Un regard d’Andreï m’a fait comprendre qu’il avait remarqué la bague ornant mon doigt, et qu’il était curieux. Un regard suffisait toujours avec lui. C’est avec un peu plus de pudeur que j’évoque la demande de Thomas, ainsi que quelques détails, comme le fait que nous n’ayons pas encore décidé de date pour les noces. En parler me fait encore bizarre, un petit mélange de papillons de joie et d’appréhension dans le ventre. Qu’on le veuille ou non, c’est un palier. Personne n’est réellement au courant dans la compagnie, Andreï doit être le premier à qui j’en parle aussi ouvertement – et encore c’est un grand mot. Pour finir, je lui annonce vouloir sa présence à mon mariage. Sa réaction ne fait qu’agrandir mon sourire d’amusement. Il ne s’y attendait pas. Embarrassé, cela se voit, il n’en reste pas moins égal à lui-même en reprenant contenance avec humour. Il me rappelle d’abord trouver une date, et qu’ensuite il viendra avec plaisir, sortant le costume trois pièces pour l’occasion. J’arbore un sourire satisfait, en tirant sur ma cigarette, ravi que l’invitation le touche.

— Ca marche, j’te tiendrais au courant, répondis-je, avant de rire de nouveau, alors qu’il fait remarquer que Tom ne sera sans doute pas très content de le voir s’il apprenait qu’Andreï l’accompagne dans ces écarts de nicotine. Il n’a qu’à pas le savoir, c’est tout, répliquais-je dans un haussement d’épaules détaché, mais un sourire revient bien vite sur mes lèvres.

De toute façon, je pense qu’il se doute que je fume encore de temps à autre. Je ne fais rien pour me cacher, comme mettre tout mes vêtements dans la machine dès mon arrivée ou me parfumer à outrance, ou encore mâcher un chewing-gum après chaque cigarette. Il n’a jamais fait de commentaires, pour le moment en tout cas. Andreï retrouve toute mon attention alors qu’il me questionne au sujet de l’enterrement de vie de garçon qui se fait traditionnellement avant chaque mariage. Je marque une pause, puis me passe une main dans les cheveux.

— C’est prévu ouais, mon meilleur ami a dit qu’il s’en chargeait... Du coup, j’suis au courant de rien du tout... avouais-je. Ni la date, ni les gens qui seront là, ni le programme. Absolument rien. Et pourtant Nathan n’a jamais pu garder de secrets mais là, il a dû découvrir comment faire, ris-je légèrement. Ça me dérange un peu, mais pas tant que ça, car mon meilleur ami est l’une des personnes me connaissant le mieux, même si avec l’arrivée d’Arthur, et le changement dans sa vie à lui – nouvel appart’, une colocation, reprise d’études... –, nous nous voyons moins fréquemment. Nous avons néanmoins mis un point d’honneur à garder une certaine régularité. T’as déjà participé à un truc comme ça toi ? demandais-je alors à Andreï. Moi non, et à part c’qui est montré dans les films, j’sais pas à quoi m’attendre. Et ça, c’est un peu frustrant.

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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptyMar 17 Avr - 16:10


Au sein de la compagnie ça n’est un secret pour personne que je ne suis pas des plus causants. Appréciant la part d’ombre que me permet de maintenir ma place de scénographe vis-à-vis du public, c’est la même discrétion que j’ai toujours apprécié conserver auprès de mes collègues. Pourtant sans réserves lorsqu’il s’agit de parler travail et projets auprès de Charles comme des autres comédiens, j’ai mis bien plus longtemps avant de me dévoiler peu à peu à un petit nombre d’entre eux. Le dialogue facilité auprès de Myrddin avec qui la compréhension s’est rapidement établie de la façon la plus simple qui soit. Et si nous étions déjà familiers depuis nos quelques rencontres sur Londres au sein d’un si petit milieu du spectacle vivant, je suis certains d’à présent pouvoir le compter comme ami. A l’entente cordiale, sûr de pouvoir s’épauler d’une quelque façon au sein du théâtre et partageant ces pauses cigarettes qui sont déjà parvenues à me liquider trois paquets depuis le début de la semaine. Simple fait auquel je n’accorde pas plus d’importance, la clope fermement ancrée dans mon quotidien et sur laquelle je ne me suis pour ainsi dire jamais remis en question. Pas le temps de me préoccuper de cette addiction au tabac mais surtout pas l’envie de m’y contraindre. Je laisse ça à d’autres et tant mieux si Myrddin a trouvé la motivation extérieure nécessaire pour arrêter de voir son argent se consumer dans cet achat. Car d’après ce que j’ai compris, il n’est pas question de concilier tabagisme et vie de famille pour Myrddin comme pour Thomas. D’autant plus qu’exposer Arthur à la fumée de la cigarette n’y est pas plus envisageable.
Un petit garçon dont nous sommes bien vite amené à parler. Bien que cela fait un certains que nous ne l’avons pas vu accompagner son père aux répétitions, sa présence auparavant n’avait pas manqué de tous nous marquer au sein de la compagnie. Attentif, en éveil. Pas de ces gamins dont l’attitude peut très vite vous faire perdre patience et en oublier le fait que ça ne reste qu’un enfant. Car il est vrai que sur le lieu de travail, toute perturbation peut facilement m’horripiler. Mais c’est avec un plaisir certains que j’en viens à apprendre l’intérêt d’Arthur pour les histoires qui ne manquent pas de l’alimenter. Émettant l’hypothèse qu’il prenne lui aussi un jour le chemin des planches qui rythme aussi bien le quotidien de Myrddin que celui de Thomas. Bien que je n’ai encore jamais rencontré le compagnon de mon ami, je n’ai pas manqué de remarquer que la billetterie compte toujours diverses invitations au nom de Beauregard. Ne manquant jamais de nous ramener du public, à en faire pâlir l’attachée de diffusion de la compagnie. Ce sont des contacts plus professionnels de mon côté informé des dates de représentations via les réseaux sociaux. Mes relations amicales sur Brisbane et d’une manière plus générale se comptant sur le bout des doigts, je n’ai de ce côté là pas grand monde à inviter aux spectacles. Mais s’il y a bien une personne que je ne manquerai pas de prévenir, c’est bien Leena. Et Myrddin à tôt fait de le deviner. Avec mon frère, elle fait partie de ces personnes que j’ai souvent eu l’occasion d’évoquer au cours de diverses conversations et c’est bien souvent que j’ai émis l’idée de la lui faire rencontrer. Une fin de représentation en serait l’occasion idéale même si sa présence est toujours soumise à son emploi du temps chargé. Je l’ai toujours connue aussi en effervescence que se soit sur Londres ou Brisbane et sa créativité n’a jamais fini de me surprendre.

Pour l’heure, si je ne suis pas surpris par l’annonce des fiançailles de Myrddin et Thomas n’ayant pas manqué de percevoir du coin de l’oeil un anneau qui ne m’avait auparavant encore jamais sauté aux yeux, c’est plutôt l’invitation de Myrddin qui a le don de me déstabiliser l’espace d’un instant. Bien que se considérant comme ami, je n’en aurais jamais demandé autant. Décontenancé, c’est une pointe d’humour et une bouffée de ma cigarette qui me donne finalement de quoi répondre. Car à vrai dire, le seul mariage auquel j’aurais pu m’imaginer assister est celui de mon frère. Pour ça, il m’en a parlé de mariages. Et si j’ai vite compris d’où lui venait son désir de construire une famille et de s’y épanouir, l’idée de mariage reste toujours pour moi une notion quelque peu abstraite que Vassili touchait du bout des doigts puisque pour ma part la question ne s’est jamais posée. Sujet de taquinerie récurrent au téléphone, il a bien compris que l’amour avec un grand A n’était pas dans mes perspectives de recherche. Mais guère sensible à ce sujet, je n’en suis pourtant pas moins heureux pour ceux qui s’y retrouvent. Laissant Myrddin traduire ma pudeur et retenue comme témoignage d’une joie certaine à la nouvelle et d’une reconnaissance à son invitation.

D’une dernière plaisanterie au sujet de la probable réaction de Thomas s’il venait à comprendre que c’est en ma compagnie que son fiancé rechute dans la nicotine, c’est un nouveau sujet qui retient son attention. Évoquant avec pertinence ce que je sais être traditionnellement de mise avant tout mariage : l’enterrement de vie de garçon. Et à la mine déconfite accompagnant les dires de Myrddin, c’est assez vite que je comprends qu’il ne peut m’en dire grand chose. Son meilleur ami décidé à s’en charger, le mystère reste total à propos de chaque paramètre de l'événement. Et c’est avec amusement que je reprends une bouffée de ma cigarette à présent bientôt consumée, compatissant au flou dans lequel le comédien est projeté. D’autant plus que sa dernière remarque est sans appel : il n’a aucune idée de ce en quoi peut réellement consister un enterrement de vie de garçon.
Bougeant la tête à la négative, prenant ce qui me semble être la dernière bouffée de ma cigarette, je n’en même pas plus large à la question de Myrddin. “Je t’avoue que je n’ai moi non plus aucune idée du déroulement de cet évènement n’ayant jamais assisté à un mariage moi-même, bien que se soit pratique courante en Russie ”. Là où les gens se marient avec une décomplexion et rapidité déconcertante, c’est à plusieurs reprises que je me souviens avoir perçu dans les rues de Moscou des groupes d’amis de ce que je suppose être un enterrement de vie de garçon. Totalement ivres dans lesquels l’une des personnes se démarque par l’originalité de sa tenue et son taux d’alcoolémie certainement plus élevé que tous les autres réunis. “Mais de ce que j’ai déjà pu voir, le principal intéressé n’est jamais raté ! ” Un clin d’oeil dans la direction de Myrddin. “Peut-être bien même que tes talents de comédien seront mis à l’épreuve ? Enfin, ça ne peut être au final qu’amusant ” Tout dépend encore de la personne qui l’organise, mais de ce que Myrddin m’avait déjà évoqué de son meilleur ami, il est sûrement entre de bonnes mains.

C’est une personne à peine sortie de l’entrée du théâtre qui vient interrompre cette dernière pensée, venant se joindre à nos côtés et que je reconnais comme étant l’un des techniciens plateau. “Ah, Andreï ! le problème de rideau est bientôt réglé : on fait les dernières modifications… Oh, salut Myrddin ! Bon ouai, ducoup vous pourrez tous les deux bientôt regagner le plateau d’ici le temps qu’je m’en grille une.” Le temps de répondre à sa salutation et d’un hochement de tête à son information délivrée avant de le voir s’éclipser. Un léger silence, comme me remémorant le fil d’une conversation promptement interrompue.“Enfin, je n’ai pas envie de trop m’avancer sur un sujet que je ne connais pas” Un dernier sourire sur les lèvres avant d’embrayer. “ Mais je ne crois pas me tromper en disant que le devoir nous appelle !
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Message(#)si la vie est un théâtre, la pause clope en est l'entracte -Myrddin EmptySam 28 Avr - 13:47


Si la vie est un théâtre...


— MYRDDIN & ANDREÏ

Je suis heureux de pouvoir compter Andreï comme l'un de mes amis. Ça ne s'est pas fait consciemment, nous ne sommes pas le genre à être collé l'un à l'autre, mais nous pouvons compter l'un sur l'autre. Dans le milieu du théâtre ce n'est pas un détail à négliger. Et je pense que nos précédentes rencontres à Londres ont aidé à ce rapprochement avec le taciturne russe, pas facile à approcher pour tout le monde. Il reste très professionnel au sein de la compagnie, et ne s'ouvre qu'auprès de rares personnes. Je pense que Londres nous relie, d'une manière un peu nostalgique, comme on retrouve un vieux pote qu'on appréciait et automatiquement, on s'y raccroche. L'entente est aisée entre nous, naturel, nos caractères ne diffèrent pas trop au fond et notre volonté de perfection dans nos boulots respectifs est identique. Et puis partager des cigarettes de temps à autre aide aussi, instaurant des moments de pause bienvenues, dont le but est de se vider un peu la tête pour repartir de plus belle, ainsi on parle de tout et de rien.

Aujourd'hui c’est le sujet d'Arthur qui vient sur le tapis, ce petit d'un calme olympien lorsque je l’emmène avec moi. Il a su gagner le cœur de beaucoup de monde, car il n'est pas de ces enfants qui au bout d'une demi-heure deviennent insupportables car il faut les occuper. Arthur est doté d'une très grande capacité d’écoute, en revanche il ne parle guère et fait facilement son timide. Cela fait un moment qu'il ne m'a pas accompagné, alors des nouvelles ne sont pas de refus. Il est facile de l'imaginer plus tard suivre mes traces sur les planches, et je ne doute pas qu'un environnement artistique sera de toute façon ce qui l’attirera pour s’épanouir. Mais je ne veux rien lui imposer, il fera bien son chemin, comme nous tous. Ceci dit il est très intéressé par les histoires de près ou de loin, et avoir Thomas qui les raconte superbement en plus de moi fait qu'il n'en manque jamais. En parlant de Tom, Andreï remarque ma bague de fiançailles, ce qui apporte ce sujet sur le tapis. Je ne l'ai pas annoncé officiellement à qui que ce soit ici, seulement à mes proches, je laisse les autres remarquer la bague s’ils en ont envie, venir me demander, mais je n’irais pas le crier sur tous les toits.

En parlant du mariage, j’évoque à Andreï que sa présence sera requise. Je n'aime pas m’entourer de gens, surtout pour une occasion pareille, je préfère des personnes qui comptent à mes yeux qu'une foule que je connais à peine. Le scénographe fait largement partie de la première catégorie. C'est un collègue que j’apprécie fortement, à l'instar du jeune Clément ou de quelques autres que je serais ravi de compter parmi les invités. Mais Andreï est un peu surpris, quoique je devine derrière son humour et son petit silence qu'il est touché par l'invitation. Nous continuons sur notre lancée, évoquant au passage Thomas avant de se poser sur l'enterrement de vie de garçon dont je ne sais absolument rien. Je m'en serais passé sans aucun doute, car je vis déjà avec Tom comme si c’était depuis toujours. Pour moi, je ne me voyais pas finir ma vie autrement que dans ses bras, liens du mariage ou non. D'autant plus qu'il y a Arthur. Mais tradition oblige, et surtout insistance folle de Nathan, dont l'impatience m'a fait chaud au cœur car témoignant qu'il allait bien, j'ai cédé et accepté. Il gère tout, et ainsi je suis laissé totalement en dehors des préparatifs. Terminant ma cigarette tranquillement, j’écoute Andreï me confier qu'il n'a assisté à ce genre de soirée personnellement, et qu'il serait bien en peine de m'aider à imaginer ce que Nath' à prévu pour moi. Mise à part que le fiancé finit toujours mal. Je rigole légèrement, parce qu'il y a une forte probabilité que cela se termine ainsi.

— Sans aucun doute oui… Je pense que mon meilleur ami trouvera bien de quoi me mettre dans l'embarras t'en fait pas assurais-je avec un sourire amusé.

Sur scène je suis capable de tout, dans la vraie c'est une autre paire de manche où ma pudeur prend plus de place. Lorsque je prends la place d'un autre, il est facile d’oublier le reste, puisque cela ne nous concerne pas. Mais cette soirée-là, il ne s'agira pas de jouer un rôle. Enfin, je fais confiance à Nathan, il me connait parfaitement. Alors que je tire une dernière fois sur ma clope, ou peu s'en faut, un homme, collègue technicien, sort du bâtiment pour prévenir Andreï que le mécanisme du rideau remarche de nouveau, à quelques réglages près. Ce n'est maintenant plus qu'une question de minutes. Il me salut au passage, et me signifie que pour moi aussi, il est bientôt l'heure d'aller travailler. Lui rendant son sourire et son bonjour, je le regarde ensuite s'éclipser pour se détendre à son tour d'un peu de nicotine. Le silence s'installe quelques instants, avant que je ne croise le regard du scénographe. Celui rappelle notre précédent sujet de conversation, pour conclure qu'il est au moins certain d'une chose, c'est que la pause est terminée. Je lui souris avec un hochement de tête, termine comme il se doit ma cigarette avant de l'éteindre, puis me met en route avec lui pour rentrer, continuant pour quelques phrases une conversation qui s'amenuise d'elle-même. Au détour d'un couloir, je bifurque vers les loges, le saluant d'un geste de la main rapide, puisque nous serons de toute façon amenés à nous revoir aujourd'hui, et c'est seul que je continu mon chemin. Les comédiens convoquer aujourd'hui, soit quasiment tout le monde, sont déjà présents dans les multiples loges, occupés à différentes tâches, et je m'installe au milieu de ce joyeux bordel de coulisses pour me préparer à mon tour. Et ma journée de travail peut enfin réellement démarrer.

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