when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
*Je pensais cette fois que ce serait différent. Que cette fille était un nouveau départ, une façon de me montrer le droit chemin vers ce qu'on appelait le bonheur. A croire que les hommes comme moi n'y avait pas droit. Je l'avais attendu. Peut être trop pour quelqu'un qui prétendait être intouchable. Ce message que j'avais espéré, cet appel en absence qui n'était jamais arrivé m'avait atteint plus que ce que je n'aurais cru. Cet absence. Ce vide. Ce manque. Oui, c'est ce qu'elle avait crée. Ce qu'elle avait laissé. Je pensais pourtant que nous étions sur la même longueur d'onde, ce baiser me l'avait confirmé. M'étais je trompé ? Dis moi Zelda, qui suis je pour toi...* Cette stabilité enfin trouvée qui s'effrite a nouveau, s'émerveiller des gouttes d'eau chaudes prisonnières de son regard. Le regard de la femme qui l'avait détruit, de nouveau dans sa vie. Si réel. Si peu supportable. Si douloureux. Prôner le silence et c'est ses protestations qui lui reviennent en pleine face. Un boomerang. Comment se remettre en question alors qu'il se considérait comme la principal victime du jeu de cet impitoyable destin. Hurler intérieurement mais personne ne peux m'entendre. Un appel au secours a jamais sans réponse. Pour finalement se rendre compte avec amertume que la seule qui pouvait t'aider a t'évader, t'apaiser répondait aux abonnés absents. Zelda. Et si un début de sentiment était susceptible de pointer le bout de son nez, Liam n'en était pas conscient. Pas encore. L'attachement, lui, était déjà bien ancré. Bien trop pour l'ignorer. Etrange lorsque la raison de sa promesse de ne plus jamais montrer d'attachement ou de sentiment envers une femme revenait dans sa vie, qu'il était justement a deux doigts de la rompre. Après ces fameuses retrouvailles avec Hannah, Liam avait disparu. Quelque part dans un bar, noyer son chagrin dans l'alcool, surement. Rien de très net durant ces derniers jours. Pourtant assez pour lui rappeler son père et ses reactions similaires. Suffisant pour créer l'électrochoc. Il n'avait plus touché un verre d'alcool depuis cet instant. Jusqu'a la prochaine fois. Il s'était bien rendu au bar ou il l'avait rencontré dans l'espoir incertain de déceler sa silhouette...en vain. Comme si cette fille n'avait jamais existé. Comme si Hannah l'avait remplacé. Amertume et désarroi. Alors il avait bien fallu reprendre le court de sa vie. Briser les insomnies a coup de cambriolages, laisser la violence faire battre son coeur. Oublier. Essayer. Et la brèche se referme lentement. Après une journée agitée au club, Liam avait enfin pu trouver le sommeil après des jours a errer dans un demi sommeil peuplé d'agitation, récupérant d'une fatigue qui le tenait sur les nerfs. Du moins plus que d'habitude. C'est le soleil de janvier qui l'extirpa de sa longue nuit. La douche termina de le réveiller, bien décidé a profiter de son dimanche loin du club, loin d'une éventuelle possibilité de tomber sur son ex. Sa cicatrice sur sa cuisse droite était amplement suffisant pour lui rappeler a son bon souvenir. Machinalement il s'habilla, passant sa main dans sa touffe de cheveux pour se trouver une coiffure correct qu'il ne tarda pas a trouver. Glissant son portable dans la poche de son pantalon avant de scruter les messages. Rien. Ses pas le guidèrent jusqu'au parc, les mains dans les poches, les yeux plissés, profitant de la chaleur du soleil jusqu'a ce qu'une tornade a poils non identifié ne vienne le percuter, l'obligeant a se retourner. Amusé, il laissa le chien lui renifler la main, lui faisant la fête comme si ces deux là se connaissait depuis toujours. Liam avait toujours aimé les chiens, excepté les pitbulls furieux qui utilisait sa cuisse comme plat de résistance. Cependant leurs entretiens l'avait toujours dissuadé, estimant qu'il n'avait pas le temps entre le club et son travail de barman. Il restait parfois plusieurs jours sans rentrer chez lui. Une voix lui semblant familière parvint jusqu'a ses oreilles. Il se retourne, la surprise est de taille.
- Liam ?!
Zelda ?! Lui reste silencieux, accusant le coup. Il avait passé des jours a attendre un signe de vie de cette même fille et voila qu'elle réapparaissait quand il s'y attendait le moins. Ignorant si il devait considérer son silence comme une envie de couper les ponts, il se retrouva troublé par sa propre réaction, ne sachant si il devait lui en vouloir ou au contraire être heureux. Si bien que sa bouche alterna a plusieurs reprises entre un fin sourire et l'indifférence. Elle se penche pour récupérer son chien.
- Laisses le, ça va...
Il se rend compte a quel point ce qu'il vient de dire est stupide comme mots de retrouvailles mais rien ne lui vient a l'esprit. Comme ci l'absence de Zelda l'avait de nouveau muré dans le silence. Un pas en avant, deux pas en arrière. On reprend tout a zéro. C'était ça, apprendre a connaitre Liam, avoir une patience hors du commun. De son coté, la jeune femme semble génée par l'approche de son chien, lui demandant ce qui avait bien pu l'attirer. Il secoue la tête, cherchant a l'intérieur de ses poches. Rien. Son regard vacille entre l'animal et Zelda. De nouveau cette attirance perceptible, presque rassurant que rien n'avait changé. Son regard s'éclaircie en entendant sa proposition. Il reste silencieux, s'installant a ses cotés, savourant ce nouveau moment a deux intérieurement. Elle tente de s'expliquer maladroitement sur la raison de son silence de ces derniers jours. Il hoche vaguement la tête. Surtout après... Le flash de ce baiser furtif lui apparait comme une évidence. Elle n'avait pas osé faire le premier pas. Alors Liam a bien envie de reprendre le jeu. Là ou ils s'était arrétés. La réponse est toute trouvée. Percutante. Lui aussi pouvait jouer les provocateurs. Sourire en coin sur les lèvres, il prend enfin la parole.
- Timide Zelda ? Tu ne l'étais pas pourtant lorsque tu m'as...
Il bloque. Comme si le mot "embrasser" pouvait raviver trop de souvenirs. Le silence quant a la fin de sa phrase bien trop évocateur. Il change de sujet.
- Je l'aime bien ce chien. Il plonge son regard dans celui de Zelda, comblant enfin ce manque. Il hésite. Je suis content de te revoir.
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
Il ne réalise pas vraiment. Lui qui s'était résigné a tirer un trait sur elle, sur ces éventuels retrouvaille malgré cette envie de la revoir bien trop pressante pour être ignorée. Ce manque qui ne se comblait pas. Depuis que son regard s'était posé sur elle. Depuis que sa main avait frolé la sienne. Depuis ce baiser. Il avait du se rendre a l'évidence, le silence de Zelda lui ouvrant des portes sur cette vérité susceptible de l'effrayer. Cette fille était peut être plus importante qu'il ne l'aurait cru. Bien plus qu'une simple attirance, Liam ressentait le besoin de la protéger. Et ça depuis le moment ou sa souffrance s'était mélée a la sienne. Ou son silence avait murmuré bien des choses au creux de son oreille. A partir de ce moment elle ne l'avait plus quitté. Peu importe la distance, elle avait laissé sa marque, son image gravé quelques part dans sa mémoire. Difficile d'attirer l'attention d'un homme tel que Liam. Zelda avait fait bien plus que ça. Tout comme l'on pouvait devenir accroc a la drogue, accroc a l'alcool, on pouvait également l'être pour quelqu'un. Penser plusieurs fois a la même personne des jours durant, c'est un bon début. Le signal d'alerte. La pente s'intensifie, il est encore temps de tout stopper avant la chute. Brutale. Ou bien se laisser tenter. Encore. Et encore. Jusqu'au point de non retour. Ignorer les conséquences, jouer la sourde oreille et prétendre que tout ira pour le mieux. Que tout était sous contrôle. On gagne rarement a ce jeu, elle prend souvent le dessus bien avant que l'on s'en aperçoive. Vicieux. Le principe même de la drogue. Zelda était sur le point de passer le pas. Dangereuse mais ô combien délicieuse. Liam penche légérement la tête sur le coté, observant le chien couché a leurs pieds. Calme et apaisé. Lui, n'avait aucune idée de ce qu'il se passait au dessus de lui. Si les animaux pouvait pleinement comprendre les interactions humaines, il aurait certainement gardé un oeil ouvert. Ou bien deux. Se redressant, Liam fouilla la poche droite de son pantalon pour en sortir des lunettes de soleil qu'il posa sur son nez pour éviter l'aveuglement du soleil. Egalement une façon subtile de s'y "cacher" dérrière, observer la jeune femme a sa guise avec un peu moins d'appréhension. Elle qui lisait si bien dans son regard, pouvait elle en faire de même en avançant a tâtons ? Son regard vadrouilla autour de lui sans vraiment trouver de point d'accroche, sa tasse de café pendue a mi chemin entre la table et ses lèvres. Je suis content de te revoir. Il semble presque regretter ses propos, peut être dit un peu trop précipitamment pour quelqu'un qui voulait jouer la carte de l'indifférence, faire comme ci son silence ne l'avait pas affecté plus que ça. Mensonge. Jusqu'a se mentir a lui même. A vrai dire, il plongeait dedans depuis presque toujours mais ne s'était jamais laissé submergé. Il fallait apprendre a nager dans cette marée incertaine lorsque l'on menait une double vie. Ne jamais se laisser rattraper par les sables mouvants, c'est tout ce qui compte.
- Je suis contente de te revoir aussi, Liam.
Il tente de freiner ce rictus qui cherche a chasser cette froideur naturel, n'y arrive qu'a moitié. Le regard en biais dans sa direction, il savoure intérieurement. Ses lunettes cachant ses yeux au milieu de sa chevelure noire lui donnait un air d'autant plus mystérieux. Presque sexy. Sexy, Zelda, elle, l'était. Il n'avait pas besoin de s'y reprendre a deux fois pour le remarquer. Elle avait toujours ce petit quelque chose qui l'avait fait craquer la première fois. Elle se mord la lèvre, lui, passe en synchronisation sa langue sur les siennes comme pour chercher a se rappeler le gout de la jeune femme avant de se détacher d'elle a nouveau. Non, rien n'avait changé. Soudain Zelda vient rompre le silence, attirant son attention. Elle est curieuse, se décide enfin a poser les premières questions, celle qui n'avait pas eu le temps d'avoir été posée lors de la précédente rencontre, bien trop occupé a analyser les silences de chacun. Il y a des limites au silence. Liam sourit a nouveau. Nous y voila. Il se décide a répondre, lui offrant une première réponse. Elle allait devoir creuser un peu plus pour en apprendre plus sur lui. Ou bien en dévoiler un peu plus sur elle. Donnant donnant. Il n'était pas du genre a se dévoiler si facilement mais ça elle l'avait bien comprit. Lui aussi.
- Je suis d'ici, j'ai toujours habité dans le coin. Et toi ?
Vague, comme toujours. A croire que c'était devenu sa marque de fabrique. Son sourire s'élargie au rire de la jeune femme. 25 ans. Si jeune.
- L'age de l'insouciance. Le temps s'empresse de balayer tout ça. Liam avait fait du temps son principal ennemi depuis qu'il avait passé le cap des 30 ans, trouvant que tout s'était accéléré sans crier gare. Il la défit dérrière ses lunettes. Tu me donnes quel age ?
Fais attention a ce que tu dis s'entend il rajouter avant de pouffer de cette même manière qui pouvait le rendre attachant. Liam installe ses coudes sur la table de la même façon que Zelda, rapprochant leurs visages, le parfum de la jeune femme balayé par la petite brise, sa voix plus basse, plus sensuel comme pour ne pas briser cette intimité, comme pour prouver qu'il n'avait pas perdu la main dans le jeu.
- Je connais ton prénom, ton age mais ce n'est pas suffisant. J'aimerai en savoir plus sur cette fille qui embrasse les barmans avant de disparaitre dans la nuit. De nouveau ce rictus déstabilisant. Il romp le contact, s'adossant a sa chaise sans la lacher des yeux. Surprend moi.
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
*Je bascule sous mes propres paroles. C'est comme un flash. Une évidence refoulé. Sans quoi je n'en serais pas là. Ce baiser signifiait bien plus. Le jeu a tourné. J'ai succombé. Ce que je craignais aveugle mon esprit. Une lumière qui jaillit au bord des ténèbres qui m'envahissait. Cette étrange sensation, c'était ça. Ce pré sentiment qui fait battre mon coeur. L'envol des oiseaux a l'approche du tsunami. Un tsunami émotionnel. Zelda s'est engouffrée dans la brèche. Frolé ma faiblesse. Tout comme Hannah l'avait fait des années auparavant. Le même scénario est en train de se répéter sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Sans que je ne veuille y faire quoi que ce soit. Cette fille qui m'observe. Creuse l'intérieur de mes pensées, c'est difficile a expliquer, difficile a admettre. Elle me fait du bien. Ma poitrine se libère. Ces derniers jours passés a chercher de l'oxygène, un sens a ce qu'il m'arrivait, a ses cotés semble si loin et si proche a la fois. Elle est ce bien qui fait mal, celle qui réveille cette intime peur de l'abandon, celle qui m'observe me noyer dans ses non dits. Et je ne sais plus nager. Je reste impassible en désynchronisation avec mon esprit qui s'amuse a me jouer des tours. Peut être est ce le retour d'Hannah qui fait que je ne suis plus si sur de moi. Peut être est ce le silence de Zelda qui emplifiait mes peurs de créer une relation a sens unique. J'étais si différent de l'homme que je pouvais être avec elle. Tout comme j'avais pu l'être avec Hannah. Chasser la violence pour la remplacer par la douceur meurtrière d'une vieille crainte. Transformer la nervosité en un goutte a goutte d'adrénaline. Celle qui me poussait a jouer avec le feu. Peu importe les conséquences. Avancer tête baissée, les yeux fermés. Je voulais qu'elle fasse partie de ces conséquences. Je savais me montrer persistant. J'essayais de faire confiance a ce sixième sens. Celui qui me murmurait, au comble des tentations, que le mirage était bien réel. Réciproque. Pourvu qu'il ne se trompe pas. Pourvu que je ne me trompe pas. Sans quoi l'atterrissage risquait d'être enflammé. Je passe une main dans mes cheveux, replacant une mèche sombre, la tête légérement en arrière sans jamais la lacher des yeux. Je me dis que j'ai envie d'arriver a ce moment. De lacher prise. Rejouer ce baiser sans être effrayé par la suite, écouter nos réels envies sans avoir a se cacher, se chercher. Passer ma main dans sa chevelure brune et lui dire que tout ira bien. Je crois au moment. S'il n'y a pas le moment, à ce moment-là, il faut arriver à ce moment-là, au moment qu'on veut. Ce voyage dans lequel elle m'emporte, ce qu'elle pourrait me faire ressentir sous ce coeur désaccordé si la carapace se brisait réellement sous ses assauts, plus que ce que je ne ressens déjà. Electrisant. Effrayant. C'était ça la vie. C'était ça exister. Être la douleur d'un autre. Ce qui a commencé par une amitié s'est renforcé. J'aimerais tellement avoir la force de le montrer. Et même si j'erre, je te garde en tête. Tu es une bougie derrière la fenêtre lors d'une nuit noire et froide d'hiver. Et je me retrouve plus proche que je n'aurais jamais pensé.
- Je suis néo-zélandaise, même si on ne dirait pas. Après tout, l'accent australien se ressemble beaucoup à l'accent néo-zélandais. Tu n'y es jamais allé ?
Je secoue la tête, enveloppé par sa voix. Elle se livre. Enfin. J'irais si tu es mon guide.* Lui qui n'avait jamais réellement quitté Brisbane se surprenait a des envies de voyage. Trop ancré a son père surement. Cette ville avait été synonyme de destruction et de renaissance. Liam ne s'était jamais résolu a la quitter. Son père, lui, avait finit par déserter, emportant ses démons avec lui. Si il avait eu la batmobile a l'époque, cela lui aurait permit de mettre le plus de distance possible entre eux. Ce qui existait dans la réalité était si différent des films. Soudain il entend Zelda pouffer, son attention se concentre a nouveau sur elle. En entendant ses paroles, une moue renfrognée s'installe sur son visage, surement du fait de s'être laisser avoir si facilement. Naif il l'était pour certaine chose. Trait de caractère qu'il avait gardé de cette enfance jamais vraiment terminé. Ou bien jamais vraiment commencé. Zelda l'oblige a affronter cette réalité mais il finit par ranger sa froideur au placard et son rire fait écho au sien.
- Petite menteuse. Souffle il, s'avançant a nouveau, les coudes sur la table avant de repousser son café a demi vide, comme si il cherchait a impressionner la jeune femme. Félicitation, tu viens de me vieillir d'un an. Mais je te pardonne...parceque c'est toi.
Petit clin d'oeil vocal. Une façon de lui faire comprendre son importance a ses yeux a travers un brin d'humour. S'ensuit alors un long monologue qui semble surprendre Liam. Il boit ses paroles, connait enfin la femme derrière le masque. En partie. Ce qu'il lisait dans ses yeux ne ressortait en rien dans ses mots. Alors il reste silencieux et écoute. Pris au piège. Donnant donnant. Et le regard provocateur de Zelda le rendait soudain nerveux. Pourtant il se lance, prend les devants, n'ayant plus envie de se cacher. Pas avec elle. Tombe le masque. Ses lunettes prennent place sur la table, le mensonge au bord des lèvres car jamais il ne prendrait le risque de dévoiler quel homme il était réellement. C'est de cette double vie dont il parle. Pimenter le mensonge d'une pointe de réalité assourdissante.
- Je suppose que c'est a mon tour. Silence. Mon nom c'est Weiss. Liam Weiss. Comme je t'ai dis, j'ai toujours vécu ici. Faut croire que je me suis attaché a Brisbane. Je suis pas vraiment du genre a parler de ma famille, ça a jamais été mon truc, les relations, tout ça... Son ton est plus grave mais il ne revient pas en arrière, sait déjà de quoi il va parler. Douloureux mais nécéssaire. Il voulait que Zelda connaisse cette partie de lui. Après lui avoir caché, il se devait de mettre cette histoire a jour. Je n'ai pas de mère, j'ai vécu avec mon père. Ce dont je ne voulais pas te parler l'autre soir, ce n'était pas le moment. Disons que ce que nous avions établis n'était pas vraiment une relation qu'un fils a avec son père. Il change de position, détourne le regard. Sa salive difficile a passer. Sa mâchoire crispée, il change de sujet, sa voix prenant un autre ton. Je suis parti et je suis devenu barman, comme tu le sais. Le monde de la nuit m'a toujours attiré. On y fait parfois des rencontres inattendus.
Sourire malicieux. Il parle d'elle, a Zelda de faire la rapprochement. A nouveau ce silence qui s'installe. En mentionnant son père, Liam en avait dit bien plus que la jeune femme qui était restée sobre. Il fouille son regard. Confession intime en plein jour. Il hésite. Craque.
- Ce que tu m'as dis. Ce n'est pas ce que je lis dans ton regard.
Et le piège se referme sur elle comme il s'était refermé sur lui.
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
*Elle me scrute. Peut être que Zelda en attend plus de moi. Que mon histoire n'est pas fondée que sur ça. Un homme qui avait toujours vécu ici, une vie sans trop d'importance, tiraillé par ses relations passées, jouant les barmans mystérieux pour gagner de l'argent. Si elle pense pouvoir creuser plus derrière ces mots, elle ne se trompe pas. Il n'y a pas que ça. Il n'y a jamais eu que ça. Je ne peux me détacher de sa bouche, de ses yeux. De cet aura qui m'attire inexplicablement vers elle, je frôle le danger comme j'avais pu le faire avec Hannah. Céder a ce que je ressentais, ce que je croyais ressentir, c'était prendre le risque quelle découvre qui j'étais réellement. On ne se cache pas indéfiniment. Pourtant a cet instant précis, songer a me détacher d'elle pour la protéger semblait bien plus douloureux que le fait qu'elle découvre qui j'étais. Deal with it. Je voulais être libre de cette souffrance. Elle. C'est tout ce qui compte. Les minutes passent. Un millième de seconde pour réaliser que je ne ferais pas marche arrière. J'assumerais les conséquences. Alors je la fixe. Un peu trop intensément. Je ne m'en rend pas compte. L'impression d'assister a un cours d'hypnose ou le courant passe plus que de raison. Mon nom c'est Weiss. Liam Weiss. J'ai toujours vécu a Brisbane. A croire que je me suis attaché a cette ville. Je n'ai pas de mère. Elle est morte en me mettant au monde, de ce fait je ne l'ai connu que par quelques photos et a travers les dires de mon père. Par les liens du sang il est mon père, je ne l'ai jamais considéré comme tel. Ce dont je ne voulais pas te parler l'autre soir, c'était ça. Sa femme c'était l'amour de sa vie, il n'a jamais accepté sa mort alors a rejeté la faute sur moi. C'est devenu un alcoolique. Pervers narcissique. Trop jeune pour avoir les moyens de me défendre alors j'ai subis. Jusqu'au bout. Des mots. Des menaces. Et lorsque j'arrivais a saturation, que je le menaçais de le quitter, de fuir, il revenait vers moi, le coeur au bord des lèvres, des excuses pleins la gueule. Il fallait que je reste avec lui. J'étais le dernier souvenir d'elle. Et ça recommençait. Le même manège. Inlassablement. Jusqu'a ce que je fuis. Des séquelles, j'en ai gardé. Des cicatrices mentales pour me rappeler de ne jamais oublier ce que l'humanité m'a fait. Alors j'ai sombré. Ce réseau mafieux qui sévit a Brisbane. Je l'ai intégré. Ce qui m'a permit de forger une personnalité que je n'avais pas pu me construire sous la pression de mon père. Je ne suis pas que barman Zelda. Je suis un criminel... Ca, c'est ce que j'aurais du dire. Mais rien ne sort. Ce silence qui s'agrippe a moi a m'en arracher le coeur. J'ignorait que se cacher pouvait être si douloureux. Tout ce que je ne dis pas, j'ai l'impression de le porter sur mes épaules. Une bombe a retardement. Pourtant j'ai déja vécu ça. Si elle savait... C'est en entendant la réponse de Zelda quant a ma dernière remarque que je remonte doucement au présent. Sa voix me fait vibrer. Ce qu'elle dit me désarçonne.*
- ... Disons que... je les ai déçus. Profondément déçus et ils me l'ont bien fait comprendre jusqu'à ce que je parte. J'ai été malchanceuse tout simplement et ils n'ont pas aimé.
Liam fronce légèrement les sourcils. Si elle savait a quel point il la comprenait en cet instant. En parler semble lui arracher une sorte de rictus douloureux. C'est ses yeux brillant qui l'oblige a poser sa main sur celle de la jeune femme. La flamme qui s'éteind sous ses paroles. Il regrette de l'avoir obligé a affronter ça. Zelda s'excuse. Liam sourit faiblement, l'impression de se retrouver lui même. S'ouvrir aux autres n'avait jamais été une partie de plaisir. Il devine déjà la jeune femme se renfermer comme lui même l'aurait fait après avoir réalisé qu'il s'était un peu trop laissé allé. Sa deuxième main vint rejoindre celle déjà posé sur Zelda.
- Je... c'est moi qui suis désolé. Je n'aurais pas du...
Comme prévu c'est le silence qui vient s'imposer, ni l'un ni l'autre ne sachant comment poursuivre. Son regard dérive vers les lèvres de Zelda. L'embrasser, la prendre dans ses bras, il aimerait pouvoir la réconforter de cette manière mais ne sait pas réellement comment s'y prendre ni même si Zelda allait l'accepter. Sa main vient caresser sa joue comme il avait pu le faire lors de sa précédente rencontre avec elle. Ce même contact qui avait incité Zelda a l'embrasser. Le contact avec sa peau est électrisant. L'envie se fait plus pressante. Son visage se rapproche légèrement. Il craque. Cède. Ses lèvres se posent sur les siennes. Il sent son corps céder a la pression. L'impression que ses épaules sont devenu aussi légère que des plumes. Le baiser est plus long, plus passionnelle que le précédent. Egalement une manière subtile de lui faire comprendre qu'il la protégeait. A ce moment précis, Zelda était sienne. C'était exaltant. Et terrifiant.
when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.
Sa bouche posée sur la sienne, retrouvant cette sensation délicieuse et envoutante, sa langue venant a la rencontre de celle de Zelda, hésitant, cherchant a prolonger le moment. Encore. Et encore. Repousser le moment ou ils allaient devoir se séparer, quitter ce monde éphémère qui les unissait. Là ou rien ne pouvait les atteindre. Là ou seul le plaisir les portait. Mais rien n'est éternel. Il hère entre la surface et les abimes d'une mer incertaine. L'océan hypnotique dans le regard de Zelda, semblable au chant d'une sirène, il se laisse happer là ou il est intouchable. Les yeux fermés, tout ses sens concentrés sur elle, il n'a plus peur de la perdre. Cette peur de l'abandon qui se décolle lentement. Il respire a nouveau. La crainte qu'elle découvre la vérité a son sujet. Envolée. Rien. Simplement cette sensation de bien être. Quelque chose qui ressemblait au bonheur. Pas exactement le vrai. A vrai dire, il avait oublié a quoi pouvait bien ressembler la sensation. Le moment ou il avait tenu cette bague entre les mains. Là avait été le dernier moment ou il l'avait été. Heureux. Presque marié. Avant que tout bascule. La sensation du désastre. De son insoutenable absence. De son silence assourdissant. Ca, il s'en rappelait. Ca ne l'avait plus quitté. Jamais. Et depuis, cette peur, chevillé au corps. Agrippée a l'âme. Celle d'être abandonné. De tout donner et de ne rien recevoir en retour. S'attacher au néant. C'est ça qui lui revient en pleine face lorsque le contact se romps. Boomerang émotionnel. Ce n'était peut être pas de l'amour. Quelque chose comme. Un fort attachement. Zelda avait d'ors et déjà frolé son coeur. La glace qui se brise. La promesse qui s'effondre. Son coeur qui tambourine comme pour lui prouver qu'il était faible. Cette promesse qu'il n'avait pas su tenir. Tu as perdu et j'ai gagné. Il rouvre les yeux face a Zelda, les deux cherchant a reprendre leurs respirations. C'était fou. C'était exaltant. Mais ô combien terrifiant. Son regard est plus bestial. Animal. Cette fois il en veut plus. C'est réciproque, il le sent. Un sourire complice plus tard, Liam tente de chasser ses idées noires et se pose sur le dossier de la chaise. Comme si le chien de la jeune femme avait pu percevoir ce qu'il se passait au dessus de lui, il vint poser sa tête sur la cuisse de Liam, sa queue allant de gauche a droite. Il opta pour l'humour, cherchant a détendre la tension qui était montée d'un cran.
- Hum, je crois que ton chien est jaloux.
Il pouffe tel un enfant avant de reprendre son sérieux, caressant machinalement la tête de l'animal, évitant de croiser le regard de Zelda qui le plongeait dans un maelström de sensations plus folles les une que les autres. Liam ressentait presque encore des petits picotements sur ses lèvres. Il voudrait les calmer en posant une nouvelle fois sa bouche sur la sienne mais il se retient, craignant de dépasser les limites qu'il s'était imposé en acceptant de prendre un café avec elle.
- Si je savais à quel point tu embrasses bien, j'aurais sûrement continué durant la soirée.
Il plonge son regard dans le sien, la sonde de ses pupilles intenses, ignorant le frisson parcourant son échine en entendant ses mots. C'est réciproque. Il n'a pas besoin de le dire a voix haute, son regard parle pour lui. L'évidence dans ses silences. L'évidence c'était que cette fille le rendait dingue. C'était certain. Une aprés midi pour retourner la situation, faire tomber définitivement ses barrières. Zelda s'adresse de nouveau a Liam. Lui, se concentre du mieux qu'il peut, ses lèvres qui remuent comme un appel a les mordiller, comme seule obsession. Un rendez vous galant. Ce mot aurait du lui faire peur, l'alerter. Ne pas allé plus loin. Pourtant il hoche la tête, comme possédé sans savoir réellement quoi dire. Liam et les rendez vous galant, ce n'était généralement pas des mots que l'on plaçait dans la même phrase. Zelda semble lui brouiller les sens, il commence a peine a comprendre dans quoi il s'embarque. Ce que cela signifiait réellement.
- Un resto ça te dit ? Tu viendrais me chercher dans ton carrosse et je serai habillé de ma plus belle robe pour le bal.
Il ne peut s'empêcher de l'imaginer avant de sourire. Il répond finalement sur le ton de l'humour.
- Pas de pantoufles de verre, Cendrillon.
Liam tente de reprendre son sérieux mais semble peiner a se débarasser de ce sourire qui avait élu domicile a la commissure de ses lèvres. Courbatures garantit. En entendant Zelda plaisanter sur son absence de nouvelle, il fit une mine renfrognée.
- J'espère bien. Siffla il.
C'est le chien de la jeune femme, semblant vouloir se dégourdir les jambes qui les poussent a se lever. Liam s'en sent presque soulagé, ressentant le besoin de prendre des distances nécessaire avant que la catastrophe n'arrive. Il ne l'avait pas encore quitté qu'il attendait déjà les prochaines retrouvailles. L'animal montrant des signes d'impatience, il se pencha pour déposer un baiser sur la joue de Zelda avant de lui susurrer a l'oreille.
- A bientôt babe.
Ce petit surnom auquel il n'avait donné qu'a une seule personne dans sa vie. Son ex. Une façon de lui faire comprendre que Zelda lui appartenait a demi. Pour la deuxième moitié ils allaient devoir y réfléchir. Bien que l'envie de construire quelque chose avec elle était tentante, le danger était toujours présent. La suite au prochaine épisode...