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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyMer 31 Jan 2018 - 4:58

do i wanna know?
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Les coups à sa porte sont beaucoup plus assumés que je le voudrais, trop durs, trop secs. Je sais que j’aurais dû lui donner signe de vie plus tôt, je sais qu’à la seconde où tout m’est tombé sur la gueule, elle aurait été une bonne alliée, qu'elle aurait pu comprendre, supporter, aider d'une quelconque façon, ou du moins, c’était ce que je croyais. Avant, selon ce qu'elle avait bien pu me laisser croire avant d'aller jouer dans mon dos, littéralement. Force était d’admettre qu’elle comme les autres avait de la difficulté à discerner les vraies intentions de tous ceux qui se targuaient aujourd’hui d’être là pour ma soeur, alors qu’aucun d’entre eux n’avait à l'époque daigné voler jusqu’à ses côtés pour être près d'elle quand elle en avait le plus besoin. Qu’elle ait fait la charité à Ezra, qu’Heidi se soit mise en tête de tout bavasser à celui qui, jadis, avait été comme un frère pour moi, et qui m’avait filé les ecchymoses qui couronnaient maintenant mon visage de l’avoir accusé avec raison ; ça, ça passait pas. Elle ouvre la porte de longues secondes plus tard, sachant probablement que la suite ne sera pas facile, mais qu’elle a tout de même des explications à me fournir, et que je ne quitterai pas le couloir tant que je ne les aurai pas reçues. Qu’on bénisse les quelques jours que j’ai laissés passer entre ses confessions qui ont rameuté le Beauregard au café, et le moment où je me trouve sur le pas de sa porte. Je sens que le feu qui bouille à l'intérieur aurait été beaucoup plus difficile à gérer, à maîtriser, probablement impossible. « J’espère que je dérange pas. » bien sûr que je n’ai pas pris la peine de lui téléphoner, de la texter au préalable. Ce genre de conversation ne prend pas ses aises par avance, ce genre de confrontations n’est pas préparé - tout cela est simplement évident, et trop longues ont été les heures à me demander le pourquoi du comment derrière pour accepter le fait de la contacter hypocritement, à la pêche aux informations. La brunette me laisse entrer sans plus de cérémonie dans cet appartement qu’elle partage depuis peu avec une amie, grand bien m’en fasse qu’elle ne soit plus à quelques murs de distance d’Ezra. Quoiqu’un round two m’aurait semblé particulièrement jouable avec le blond, au passage. « Tu lui as dit quoi, Heidi? » aucune dentelle ici, appréciant tout de même le fait que l’endroit me semble vide, et qu’ainsi je ne risque pas de tomber sur une colocataire au malaise palpable alors que j’ai besoin de ses réponses, qu’elles me sont essentielles pour digérer la trahison, pour l’excuser peut-être, un jour. Qui sait. Quand j'en aurai l'envie, la force. « Oh et attends un peu, j’ai mieux. » que je me corrige, un peu trop abrupte pour Heidi, pour ce à quoi on était habitués. Si depuis toujours, depuis notre rencontre, depuis mon retour à Brisbane tout était léger avec elle, facile, simple, c’est totalement le contraire qui se joue ici, dans ce salon que je ne prends même pas la peine de cerner pour y trouver des éléments qui lui ressemblent comme j'aurais naturellement été porté à le faire. Mes prunelles sont vissées aux siennes, mon visage figé dans un rictus qu’elle ne reconnaîtra sûrement pas, qui lutte entre le dépit et la hargne. « Pourquoi est-ce que tu t’es mêlée de tout ça? » si j'avais laissé passé l’épisode de l’hôpital, puisqu’une visite à Noah était inévitable. Qu’elle avait su bien cerner le fait que je le regretterais toute ma vie si on ne m’avait pas poussé, là, elle avait abusé côté implication. J’en comprenais qu’elle voulait probablement bien faire, qu’elle n’aurait pas été assez cruelle pour manigancer des retrouvailles forcées et tout sauf nécessaires entre Ezra et moi, mais au-delà, c’est une incompréhension totale qui transparaît dans ma voix, mes supplications, mes questionnements. Parce que personne ne lui avait donné le droit d’aller jacasser ce que j’avais cru en sécurité en son sein, ces confidences que je lui avais faites dans un élan de confiance, de proximité. Si j’avais su ne serait-ce qu’une seule seconde qu’elle n’attendrait que l’occasion parfaite pour vider son sac, et principalement le mien, à l’intention du Beauregard, j’aurais abrégé la conversation bien plus tôt. Et c’est immobile devant elle que j’attends, que j’insiste, que je tente de contenir l’acide qui brûle ma langue, qui s’est déjà trop déversé sur Ezra, sur Tad, sur Lene pour qu’il en reste assez, pour illustrer à quel point le fait qu’elle aussi se soit mise de la partie a pu me blesser. Deep. « Parce que j’ai beau chercher pourquoi tu t’es mis le nez là-dedans, j’trouve pas. »
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyMer 31 Jan 2018 - 7:06



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Sans savoir comment ça avait pu arriver, je m’étais retrouvée happée dans des histoires qui ne me concernaient pas et qui me dépassaient au moins tout autant. Des trahisons, de la rancœur, des secrets, autant de sujets qui étaient la gangrène des relations et qui me mettaient mal à l’aise. Bien-sûr, j’avais eu mon lot de ce côté-là, j’avais moi aussi eu quelques couteaux dans le dos, je m’étais mois aussi retrouvée piégée par mes propres mensonges au point de mettre bon nombre de mes relations (et de celles de mon entourage) en péril. Mais les histoires qui tournaient autour de Matt et qui agitaient le trio infernal qu’il constituait avec sa petite sœur et Ezra étaient tellement anciennes, que le mal fait n’en était que plus violent, ébranlant tout et tout le monde sur son passage. C’était cette triste réalité, effrayante et angoissante, qui m’avait frappée lorsque je m’étais retrouvée face à Ginny dans cette fameuse chambre 214 à l’hôpital. Les tensions étaient si profondément encrées en chacun d’eux que Matt avait failli passer à côté de la chance de pouvoir voir une dernière fois son neveu. Et c’était là que j’avais commencé à mettre mon nez là où il ne fallait pas, à plonger dans un tourbillon d’histoires qui échappaient à mon contrôle. Je m’étais mise dans une position délicate, inextricable, car il avait fallu que je sois liée d’une étrange façon aux trois protagonistes de cette sordide histoire. C’était au départ pour Matt que j’avais décidé de me mêler de ce qui ne me regardait pas. Parce que le voir souffrir de ne pas pouvoir voir Noah m’insupportait, parce que malgré moi je portais cette peine avec moi alors que je ne connaissais même pas le garçon. Et c’était comme ça que je m’étais retrouvée à agiter un drapeau blanc devant Ginny pour des raisons totalement indépendantes de son rapprochement avec mon meilleur ami (en dépit de la promesse que j’avais faite à ce dernier de mettre de l’eau dans mon vin avec la McGrath). C’était triste quand même de songer qu’il avait fallu que la vie d’un petit garçon soit en jeu pour que je sois capable de ravaler ma fierté et d’accepter d’enterrer de longues années de franche hostilité avec la jeune femme. Et comme si ce cocktail détonnant ne suffisait pas en soi, il avait fallu qu’Ezra fasse partie de l’équation, qu’il soit le père de Noah, celui que Matt ne pouvait plus voir en peinture. Et c’était là que les choses avaient commencé à se compliquer pour moi. Parce qu’il avait fallu que par une étrange ironie de la vie, Ezra ait également été mon voisin et mon confident pendant plus de deux ans. Si mon déménagement m’avait donné une excuse pour l’éviter sans que cela en ait véritablement l’air, si j’avais espéré que ma culpabilité de ne pas lui dire l’entière vérité soit atténuée par la distance physique qui existait désormais entre nos deux appartements, il n’en était rien. Je m’étais pris le retour de bâton en pleine face lorsqu’au nom du bon vieux temps, il était venu me proposer une soirée à l’ancienne. Et j’avais essayé de tout mon cœur de ne pas tout gâcher, de tenir ma langue, de me contenter des blagues, de la pizza, de la bière et d’un bon film. Mais j’avais cédé, comme une débutante, face à ses sourires complices et son amitié que je ne méritais pas quand je lui mentais de façon aussi éhontée. Je lui avais alors tout déballé, vidant mon sac. Je lui avais avoué que j’avais fini par reconstituer les pièces du puzzle de la vie de Ginny que j’avais récolté çà et là, en lisant entre les lignes de ce qu’Edward me confiait à l’atelier, en retenant les petits indices que Ben laissait fuiter lorsqu’il parlait de la jeune femme et en demandant à Matt de combler les trous, le poussant à la confidence. Et j’aurai pu me sentir encore plus misérable de me renseigner de la sorte sur celle que j’avais toujours méprisé, si mes intentions n’avaient pas été aussi désintéressées. Je ne tirais pas le moindre avantage à en apprendre plus sur la McGrath, car chaque information m’enfonçait un peu plus dans ma culpabilité, me poussant à éprouver pour Ginny une certaine affection que je ne me reconnaissais pas. J’avais donc avoué à Ezra que je savais qu’il était le père de Noah, que je savais ce qu’il s’était passé entre le grand frère et la petite sœur McGrath à l’époque. Et dans l’élan de mes confidences, parce que maintenant que les vannes étaient ouvertes, je ne pouvais pas décemment faire de la rétention d’informations, j’avais même avoué à mon ancien voisin que j’avais accompagné Matt jusque dans la chambre 214. Et la soirée avait basculé, Ezra était entré dans une colère noire et j’étais rentrée chez moi, encore plus misérable qu’à l’arrivée, ayant néanmoins concédé à donner à Ezra l’adresse du DBD dans l’espoir que la communication rétablirait les choses (et persuadée que je ne pouvais pas plus aggraver mon cas auprès de l’un et l’autre de toute façon). Et je ne pouvais pas plus me tromper. C’était du moins ce que je découvrais avec effroi lorsque j’ouvrais la porte à un Matt furibond qui faisait ce qu’il pouvait pour contenir sa colère. Lorsque j’ouvrais le battant de la porte, les ecchymoses d’une couleur variant entre le violacé et le jaune qui couvraient son visage me sautaient aux yeux, me brisant le cœur, et je frissonnais alors qu’il m’assénait un « J’espère que je dérange pas. » avec une froideur qui n’avait jamais trouvé sa place entre nous. En temps normal, Matt n’aurait même jamais eu la présence d’esprit de demander une chose pareille, c’était là les fondements même de notre relation, on ne dérangeait jamais l’autre, c’était, au contraire, une présence réconfortante et on s’arrangeait toujours pour savoir l’autre pas trop loin. Sans trouver quoi dire, je me dégageais simplement du passage pour laisser le McGrath entrer dans l’appartement. Si, à en juger par ma façon de gérer toute la situation, je pouvais sembler naïve, je ne l’étais pas. Aussi, à en juger par les bleus qui couvraient encore la peau de Matt, je savais parfaitement pourquoi il était venu me trouver, je savais de toute façon que ce n’était qu’une question de temps avant que le piège ne se referme sur moi. « Tu lui as dit quoi, Heidi ? » claquait-il, brisant le silence qui baignait l’appartement. Si je savais cette confrontation inévitable, je n’étais pas pour autant prête à y faire face. Je découvrais une nouvelle facette du McGrath, pas nécessairement la plus reluisante, mais je pouvais concéder que je l’avais légèrement cherché. Mêle toi de tes affaires la prochaine fois, songeais-je en mon for intérieur, soupirant pour me donner une contenance. Je cherchais mes mots, me demandant par où je pouvais bien commencer. « Oh et attends un peu, j’ai mieux. » me coupait-il aussitôt, brut de décoffrage, sans les sourires en coin et le ton enjôleur qu’il me réservait habituellement. « Pourquoi est-ce que tu t’es mêlée de tout ça ? » La question me clouait sur place, me laissant pantoise, incapable de trouver quoi lui dire sur le coup. Mais j’accusais le coup, bras croisés sur ma poitrine en me disant que ce n’était qu’un mauvais moment à passer. « Parce que j’ai beau chercher pourquoi tu t’es mis le nez là-dedans, j’trouve pas. » concluait-il finalement, sans daigner s’adresser à moi de façon moins abrupte. Et si son ton me serrait le cœur, son attitude commençait sérieusement à m’agacer. Pensait-il sérieusement, sous couvert de s’appeler Matt McGrath, pouvoir débarquer chez moi comme une furie en s’adressant à moi comme si j’étais une gamine de dix ans ? Il voulait se la jouer rude ? Très bien, moi aussi, je savais me montrer désagréable et particulièrement bornée. « Tu veux des explications ou t’es venu uniquement dans le but de m'faire ton p'tit numéro ? » rétorquais-je aussitôt en arquant un sourcil inquisiteur, le fixant d’un regard dur que je n’avais encore jamais posé sur lui. « Parce que si c’est ça, vas-y, vide ton sac une bonne fois pour toutes. »  Je n’étais pas sûre d’assumer mes propos jusqu’au bout, un peu effrayée au fond de le voir déverser toute sa colère sur moi d’un coup. Mais si je devais passer par-là, je préférais qu’il le fasse vite et d’un coup, comme lorsqu’il s’agissait de retirer un pansement. « Tu m'sonnes quand tu seras prêt à avoir une conversation. » le provoquais-je. Parce que j’espérais sincèrement que ses paroles dépassaient sa pensée. C’était de sa faute à lui, au fait que quoi qu’il se passe, quoi qu’il fasse je tenais à lui, si je m’étais lancée dans toute cette histoire à la base. Et s’il comptait me reprocher de m’inquiéter pour lui, je lui souhaitais bon courage, parce que je n’étais pas prête à lui céder du terrain là-dessus.
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Dernière édition par Heidi Hellington le Jeu 22 Mar 2018 - 3:02, édité 1 fois
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyDim 4 Fév 2018 - 2:00

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Tout détonnait dans cette scène. Tout était de trop, tout était difficile, tout était à des lieux de nous ressembler, et j'ignore si c'est ce qui me fait le plus mal, ou ce qui me motive à me trouver ici. De mes coups à sa porte qui sont beaucoup trop empressés, de mon pied qui tape avec impatience le rythme, du regard noir que je lui renvoie quand la poignée craque, quand Heidi ouvre enfin. Et je tente tellement fort de ne pas exploser tout de suite, pas devant elle, pas si facilement, de ne pas avoir un ton plus excédé encore que celui que je tempère, de ne pas lui dire des choses que je pourrais regretter plus tard, de briser ce qui reste, de craquer, fissure qui ne nous survivrait pas. Parce que je sais foncièrement qu’elle n’a pas fait pour mal, qu'elle n'est pas bordée de mauvaises intentions, parce que je sais approximativement ce qui a pu lui passer par la tête quand elle est allée tout dire à Ezra, quand elle a mis cartes sur table avec le blond, quand elle a lancé la guerre froide. Je sais à l’air qu’elle me renvoie qu’elle se doutait non sans grande surprise que je finirais pas demander des explications, que je viendrais à la source, que je ne laisserais pas passer l’affaire sous prétexte que ça ne valait pas la peine de comprendre. Et je réalise également que je n’ai jamais été dans cet état devant Heidi ; avec Heidi. Que tout avait toujours été simple entre la jeune femme et moi, que rien n’avait jamais eu besoin d’être forcé, ou difficile, que tout coulait de source. Jamais je n’avais pu penser me retrouver dans son hall d’entrée avec le visage aussi fermé, le ton aussi froid, glacial. Elle me le rend bien alors que j’ai annoncé mes couleurs, alors que je l’ai confrontée, que je n’ai pas hésité une seule seconde avant de lui balancer tout ce qui me fâche un pas à peine fait dans l’appartement. Et Heidi ne s’en laisse pas démordre, et elle croise les bras, et elle me toise, et elle m’encourage presque. « Très bien. J’vais te dire ce qui est arrivé selon moi. Tu me corriges si jamais. »  la pointe me tue, la pique fait tout sauf me soulager. C’était clair pourtant ; je voulais savoir le pourquoi derrière. Qu’elle me donne le champ libre pour exposer mes suppositions n’augure rien de bon, mais je suis déjà si bien parti qu’il me paraît impossible d’attendre, de faire l’autruche, de choisir le silence et la patience. « Tu t’es dit qu’après l’hôpital, y’avait un pas de fait dans la bonne direction. Tu t’es dit que c’était canné, réglé, que si Ginny ne m’avait pas arraché la tête là, y’avaient de bonnes chances qu’Ezra fasse pareil. Alors dans un élan de naïveté tu lui as tout raconté. Tu t’es dit que si le frère et la soeur étaient en terrain neutre, les anciens meilleurs potes pouvaient l’être aussi, hum? Je t’annonce que des confidences et des belles intentions ça changera absolument rien. » et je laisse tout sortir, et je prends à peine mon souffle à travers, et je vrille mes iris aux siens. Chaque accusation vient d’une longue réflexion qui a pris plusieurs jours, dès l’instant où j’ai su d’où Ezra s’était enfin buildé pour venir à ma rencontre, ce qui avait déclenché sa rage et son besoin de vengeance, ce qui avait justifié le reste. Heidi me laisse m'énerver tout seul, ne manque aucune parole, n'interrompt pas une seule fois. Et si je déteste particulièrement le fait d’être si acide envers elle, et si je ne supporte pas la simple pensée que dans cette histoire, je ne puisse pas compter sur elle comme tant d’autres fois avant, c’est toutefois stoïque que je reste là, à finir mon plaidoyer, à croiser les bras sur mon torse, à la toiser des prunelles. « Alors, dis-moi. » le silence est brisé, le combat de celui ou celle qui tient le plus longtemps l’attention de l’autre sans sourciller est derrière nous. Et je me pose sur le canapé, là, celui que je reconnais de son ancien appartement, celui où on s’était installés pour manger des pizzas, regarder la télé et boire des bières. Celui où elle a probablement fait pareil avec mon ancien meilleur ami, avant de lui donner toutes les armes nécessaires pour raviver sa haine envers moi, et la mienne envers lui. « Je brûle ou je gèle? » j’appréhende sa réponse comme elle m’est nécessaire, essentielle. Je déteste tout ce qui risque de sortir de cette conversation, tout autant que j’en ai besoin. Si je souhaite finir par mettre la totalité de cette histoire derrière moi, si je veux vraiment avancer là-dedans sans regret aucun, si j’espère un jour pouvoir compter Ginny comme ma soeur à nouveau, j’ai besoin d’avoir tous les détails de la situation, jusqu’aux moindre bribes. Et même si la confiance envers Heidi est brisée, voilà qu’elle est la seule pouvant me dire tout ce que j’ai besoin de savoir pour aspirer ultimement à la rédemption. Ou non.
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyDim 4 Fév 2018 - 4:57



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Matt avait fait son entrée fracassante, cherchant la confrontation. Combat que je savais à venir mais que je redoutais du plus profond de mes entrailles. Parce que je savais que rien de fondamentalement bon ne résulterait de cette conversation quand bien même elle était dramatiquement nécessaire. Je l’avais laissé entrer, sentant aussitôt la rage qu’il tentait, en vain, de contenir pour ne pas tout de suite m’acculer. Il me provoquait, m’ébranlait par son ton dur, son regard froid que je ne lui connaissais pas, du moins pas avec moi. J’essayais de ne pas me laisser impressionner par ses piques, ses attaques qui m’atteignaient pourtant inexorablement. Je me tenais face à lui, malgré ma petite taille, essayant de me montrer forte, lui opposant résistance avec toute la volonté que je possédais. « Très bien. J’vais te dire ce qui est arrivé selon moi. Tu me corriges si jamais. » J’avais alors retenu mon souffle, sachant d’avance que je n’étais pas prête à entendre ce qu’il avait à me dire. Mais je n’avais pas le choix. Je l’écoutais alors me sortir son laïus, m’exposant ce qu’il s’était passé dans ma tête selon lui. Chaque mot qu’il prononçait était un coup porté au cœur mais je n’en perdais pas une miette, certaine que cette conversation resterait gravée dans ma mémoire à tout jamais. Il était fort, m’atteignant sans grande peine par ses mots aussi durs qu’ils étaient difficiles à entendre. Je le méritais, juste retour de bâton pour mes agissements passés qui étaient pourtant fondés sur de véritables bonnes intentions mais dont les conséquences me dépassaient, nous dépassaient tous. Et n’y croyant plus, il finissait par donner le point final, terminant son accusation rodée. Son discours se tenait, reflet des heures qu’il avait dû passer à réfléchir à la raison pour laquelle les choses s’étaient déroulées de la sorte. Et je déglutissais difficilement. Face à la force de sa colère à mon encontre je sentais ma détermination qui s’étiolait, je me sentais me ratatiner un peu plus sous chaque mot accusateur qu’il portait à mon intention. Si je ne laissais pas grand-chose de mon trouble s’afficher sur mes traits, j’en menais beaucoup moins large à l’intérieur. Le cœur qui se serrait à l’idée que je venais d’envoyer valser une relation parfaite sous tout rapport pour des histoires qui ne me concernaient pas, mais qui valaient pourtant que je me donne cette peine. « Alors, dis-moi. » J’avais frissonné à nouveau quand il était venu rompre le silence pesant qui baignait l’appartement, retenant avec force et détermination les larmes que je sentais sans peine montrer jusqu’à mes yeux, ma gorge se nouant douloureusement, mes entrailles se tordant sous la violence de notre conversation à sens unique. Et il s’était détourné de moi pour aller se nicher sur le canapé qui trônait au milieu du salon que je partageais désormais avec Kaecy. Et j’avais du mal à croire que tant de bons souvenirs puissent résider dans mon précédent logement quand celui-ci serait définitivement entaché par cette sombre soirée, qu’importe ce qui adviendrait par la suite. Et je savais que c’était maintenant à mon tour de lui tenir le crachoir, de lui faire mes aveux. Mais je sentais mon courage me filer entre les doigts, mains tremblantes face à ce qui m’attendait et qui venait à peine de commencer. Du pas traînant et lourd d’un condamné à mort qui se dirigeait vers l’échafaud, je prenais sa suite, venant m’asseoir à ses côtés. Je veillais à maintenir une distance de sécurité avec lui, comme pour me protéger de la rage et de l’incompréhension qui bouillonnaient en lui, mais également parce que sa proximité physique me troublait quand je ne m’étais jamais sentie aussi éloignée de lui-même lorsque la moitié de la planète nous séparait. « Je brûle ou je gèle ? » avait-il tonné finalement, s’impatientant visiblement de mon silence qui durait. Mais j’avais besoin de prendre mon temps, de rassembler les pièces de ma personne qu’il venait d’éparpiller aux quatre coins du salon en me volant dans les plumes avec cette brutalité inédite. « T’en as pas marre d’être en guerre avec tout le monde, Matt ? » ne pouvais-je m’empêcher de lui demander, ne pouvant retenir ma voix de trembler un peu, de colère et de tristesse également. Parce que je savais que j’étais sûrement l’une de ses dernières alliées quand sa sœur lui avait tourné le dos, quand Ezra lui en voulait plus que jamais. Parce que je savais que même Lene, sa colocataire, continuait de lui mener la vie rude, information portée à ma connaissance par le protagoniste de cette géante mascarade lui-même lors de nos nombreuses conversations passées. Parce que je savais que moi, je me tenais toujours de son côté et que, même si les apparences ne jouaient pas en ma faveur, indiquant tout le contraire, c’était avant tout son bien-être qui me préoccupait. C’était à cause de lui que j’étais allée mettre mon nez dans ces histoires qui ne me concernaient pas. Mais je savais qu’il n’était pas prêt à l’entendre et que la seule chose qu’il avait besoin venant de moi désormais était une explication pure et simple. Néanmoins, au milieu de la douleur que c’était d’assister, impuissante, à la destruction de notre relation, je ne pouvais m’empêcher de me vexer, de me mettre en colère contre lui pour oser prononcer certains mots à mon égard. Avait-il seulement le culot de penser réellement que j’étais à ce point naïve ? Mais je ravalais mes griefs, mettait ma fierté de côté le temps de lui fournir ce qu’il était venu chercher. Alors après un profond soupir, cherchant à me donner du courage, à me faire oublier ses mots qui résonnaient encore entre mes oreilles, je me lançais : « Ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. » Parce que là où Matt se trompait, c’était de croire que mon intervention ne datait que d’après notre rendez-vous à l’hôpital quand je m’étais, en réalité, enlisée dans cette histoire juste avant. « Ce que je ne te t’ai pas dit, c’est que le jour où on est allés voir Noah, je m’étais assurée qu’Ezra ne soit pas là. » Avant de passer chercher Matt, je m’étais arrêtée à l’appartement situé juste en dessus du mien pour faire à Ezra ce que j’avais fait passer pour une visite de courtoisie. Je m’étais alors inquiétée de connaître ses plans pour la journée, sous couvert de la curiosité bienveillante d’une amie quand en réalité mes desseins étaient bien moins honorables. S’il y avait bien quelqu’un à qui j’avais planté un couteau dans le dos, ce n’était pas Matt qui en avait été la victime mais Ezra. J’avais, pendant plusieurs semaines, continué de jouer mon rôle de voisine et amie bienveillante à son égard, me gardant bien de lui avouer que je savais tout au sujet de Ginny, de cet enfant qu’ils avaient eu et de l’implication de Matt dans cette histoire. Pire, j’avais même profité de son ignorance totale au sujet de ma connaissance du sujet de Noah pour lui soutirer l’information cruciale, mais nécessaire, qui m’avait assuré qu’il ne viendrait pas se mettre en travers de mon plan pour aider Matt. « Je n’en suis pas fière crois-moi. » confessais-je le cœur lourd, pas certaine que l’aveu en question me rachèterait d’une quelconque façon aux yeux du McGrath. « Ce que tu ne sais pas non plus, c’est qu’Ezra a été là pendant deux ans pour moi quand je suis revenue à Brisbane. J’étais perdue, j’avais tout à reconstruire ici, je devais regagner la confiance de tous ceux que j’avais déçu et abandonné en chemin. Je pense que s’il y a bien quelqu’un qui peut comprendre ça c’est toi. » Au fond, Matt et moi avions vécu des situations similaires à quelques années d’intervalle et je savais qu’il pouvait comprendre à quel point regagner une place dans une vie qui avait continué de se jouer sans nous n’était pas chose aisée. « Et Ezra était là, tout du long. C’était, c’est, plus que mon voisin, c’est mon ami, mon confident, un pilier pour moi ici. » Il l’était du moins devenu au fil du temps, s’imposant par sa bonne humeur et sa gentillesse naturelle, me conquérant chaque jour un peu plus à coup de pizzas et de soirées passées devant la télé à refaire le monde. « Après l’hôpital, je pensais que j’avais déjà fait plus que ce que j’aurai dû faire. Mais c’était nécessaire. Alors j’ai choisi de porter le poids de ma culpabilité, parce que j’étais certaine d’avoir fait la bonne chose. » Et aujourd’hui encore, même si Noah était rétabli, je ne regrettai pas du tout que Matt ait eu l’opportunité de passer le seuil de la chambre 214, le jeu en avait valu la chandelle. Evidemment, ma relation avec Ezra avait pâtit de cette décision, me poussant à l’éviter parce que je ne pouvais pas me regarder dans un miroir en sachant tout ce que je lui cachais alors que je prétendais être son amie. « Puis, il y a eu cette soirée. Ezra m’a proposé de venir chez lui et je pouvais pas refuser parce que ça faisait déjà trop longtemps que je l’évitais. » J’y étais allée malgré moi, le cœur lourd. « Et après tout s’est enchaîné. Je voulais pas lui dire. Mais c’était trop difficile d’être là, face à lui, en sachant tout ce que je savais et que j’avais fait, et de continuer à prétendre que je n’avais rien à me reprocher. » Je sentais déjà ma voix se briser un peu à mesure que j’avançais dans l’histoire, mais je tenais bon. « J’ai perdu le contrôle. Les choses sont allées si vite. Je lui ai avoué que je savais pour Noah, pour Ginny, pour toi. » C’était de plus en plus difficile de continuer parce qu’à mesure que je parlais, je me rendais compte que je n’avais pas la moindre excuse, que j’étais fautive dans un cas comme dans l’autre. « Il m’a assailli de questions, je savais plus ce que je devais dire ou pas, je me suis retrouvée piégée dans mes mensonges. » Et le piège s’était tristement refermé sur moi. En une seule soirée j’avais perdu deux des piliers de ma vie. Mais la crainte de perdre Matt surpassait de loin celle d’entacher ma relation avec Ezra, parce que je connaissais le McGrath par cœur, que je savais que regagner sa confiance serait un travail de longue haleine qu’une vie entière ne suffirait pas à accomplir.
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Dernière édition par Heidi Hellington le Jeu 22 Mar 2018 - 3:02, édité 1 fois
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyMer 14 Fév 2018 - 5:23

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C’est une étrange dualité qui se joue là, dans ma tête, dans mes mots. Autant mes accusations me font du bien, autant mes paroles teintées de la rage qui reste entre les visites d’Ezra, de Tad, la mise à la rue de Lene, autant elles m’arrachent le coeur, elles me serrent la gorge. C’est un mal nécessaire que de vider ce qui reste, de me servir d’Heidi comme d'un punching bag de fortune alors qu’elle n’a rien demandé, qu’elle a sûrement été là au mauvais endroit, au mauvais moment. Et si je déteste tout de ses agissements, et si j’ai la haine facile devant les manigances que je lui attribue, dont je l’accuse depuis le début de mon plaidoyer, ce n’est pas sans avoir besoin d’elle, de l’amie, de l’alliée qu’elle a toujours été pour me secouer un peu, pour me prouver que tout ceci n’était qu’une grosse connerie, pour trouver l’épine, la seule, de positif à travers tout ce foutoir. Une histoire qui n’en finit plus, des ennemis qui se multiplient, mes ressources qui se referment et toujours cette agressivité dans la voix, ce noir dans les prunelles. Elle me pique en pointant du doigt tous les dos qui se retournent sur mon passage et c’est un rire beaucoup trop mauvais, jaune, ridicule qui glisse le long de mes lèvres, qui lui fait écho. « Je te dirais qu’après 8 ans ça finit par devenir une habitude. La routine qui rassure, quoi. » et l’ironie est douce, et mes yeux se plissent, acérés, sachant très bien que peu importe mes attaques, que peu importe mes accusations, elle finira par me dire la vérité. Parce que ça a toujours été ainsi entre nous, parce que c’est un accord tacite, un contrat en bonne et due forme. La vérité, toujours, pas de conneries, pas de mensonges. M’installant sur le canapé qu’elle me désigne comme si j’y étais le bienvenu, comme si mon arrivée quelques minutes plus tôt n’était pas tout sauf chaleureuse, tout sauf commune. « Bah je suis tout ouïe maintenant. Vas-y, j’t’en prie. » et je me cale contre les coussins, les prunelles qui se vissent à la silhouette d’Heidi, lui ajoutant évidemment une pression tout sauf nécessaire maintenant qu’elle entame ses confessions. Je devrais être plus posé, je devrais garder les mauvaises intentions que je lui prête pour ailleurs, pour un autre moment, pour jamais, mais c’est trop facile de lui rejeter le blâme comme j’ai bien pu le faire avec tout le monde. De la mettre dans le même sac, dans les mêmes ruses, dans la même hypocrisie qui guident ceux qui, jadis, avaient partie prenante dans ma vie. Mais voilà que la brunette ne se laisse pas abattre par mon attitude revêche, et qu’elle inspire, s’avance. Si le début de son histoire se tient un minimum, si ces quelques premières explications ne sont pas reçues comme une catastrophe ambulante, c’est à la mention du prénom du Beauregard que je me raidis sur mon siège, serrant les dents, chaque muscle qui se contracte de l’imaginer dans la même pièce que lui, de le savoir à user de belles paroles et de belles intentions pour avoir encore et toujours ce qu’il veut. « De où tu… laisses, juste... » son voisin, son pote, son plan cul peut-être, l’homme de sa vie, tiens, pourquoi pas. Et c’est l'immensité de scénarios qui passent dans ma tête maintenant qu’elle s’enlise, qu’elle raconte, qu’elle justifie et que tout ce qui me reste, c’est le souvenir de la gueule bien fière d’Ezra qui m’annonce qu’il sait tout, qu’il a toutes les morceaux du puzzle, qu’on lui a tout donné sans plus de cérémonie sur un plateau d’argent et les clés de la ville au passage. Je laisse passer de longues minutes avant de prendre la parole, avant d’avoir un minimum de contenance, prenant le temps nécessaire pour mettre de l’ordre dans ma hargne, jugeant qu’au moins son honnêteté lui laissera une chance supplémentaire, un passe-droit et un seul. « Mais pourquoi tu te sens mal vis-à-vis de lui? » la question d'office qui remonte en premier, qui mériterait un soupir, un râle, un roulement d’yeux, mais qui est posée avec calme, ton froid, mais moins piquant qu’à mes premiers mots à son encontre. « Il a toujours tout su de l’histoire, Heidi. Il a toujours été au courant du fait qu’elle était enceinte, qu’elle était à Londres, qu’il était le père. Qu’elle l’attendait, qu’elle l’espérait. » et ça, il ne s'en vantait pas. Qu’Heidi ait eu besoin de se vider le coeur et de lui dire ce qu’elle savait, qu’elle ait ressenti la nécessité de le protéger, de jouer de lui comme la prunelle de ses yeux, comme le pauvre type de l’histoire, la victime, me répugne bien au-delà de ce qu’elle a pu lui dire, de ce qu’il a su de sa bouche. C’est ça, au final, qui m’enrage. Le reste, Ezra aurait bien fini par l’apprendre un jour ou l’autre. Et pour ce qui est de la bagarre, ce n’était qu’une question de temps avant qu’on finisse par se cogner l’un l’autre. Mais que devant mon amie il passe une nouvelle fois pour celui qui avait tout perdu dans l’histoire me semblait tellement faux, tellement ridicule, tellement injuste que je dois me reprendre à plusieurs fois pour ne pas exploser à nouveau. « Il a pas à être pris en pitié parce qu’il les a abandonnés. » Heidi sait très bien tout l’histoire, maintenant. Elle en connaît les moindres détails à l’entendre, entre ce que j’ai bien pu lui confier, ce qu’elle a gratté de mon ancien frère, mon ancien meilleur, de Ginny même, qui sait. Avec le doigté dont elle avait fait preuve pour accumuler toutes les pièces du casse-tête, plus rien ne m’étonnerait désormais. « Et pendant tout ce temps je croyais qu’Ezra gardait ses tactiques de charme pour rafler des parties de poker. » un nouveau rire, sec, vif, noir, et je secoue la tête de la négative, encore sous le choc d’à quel point il était capable de manipuler toutes les femmes de ma vie en quelques minutes à peine. Ginny était retombée dans ses bras à la seconde où ils s’étaient revus. Heidi lui avait tout déballé sans même penser aux conséquences. Qui serait la prochaine à laisser ses beaux yeux lui promettre le monde? « C’est pas une surprise que je veuille voir Noah, que je sois allé à l’hôpital. » et ces mots qu’il avait pu me dire, il y a quelques semaines avant d’envoyer valser ses jointures contre ma joue, qui me reviennent en tête, qui rendent le reste tellement ridicule, tellement imbuvable. « Il est arrivé au café en grandes pompes, à me gueuler dessus en disant que j’aurais dû lui demander la permission avant de débarquer à la 214. » d’un éclat vil, c’est maintenant une hilarité malsaine qui secoue mon corps devant le potentiel grotesque de la chose. Et comme Heidi ne semble pas encore faire la connexion entre mes remarques acerbes et leurs justifications, je me fais un plaisir de les lui exposer bien à plat, bien en vue, bien en lumière. « Ce mec me pue au nez, Heidi. » et je maugrée, et je rumine, et je me lève, incapable de rester en place, de calmer, de ravaler le feu qui naît en moi, qui anime la suite. « Lui demander la permission. » mes yeux roulent, mes doigts se triturent, je cherche où mettre le pied et j’accélère, multipliant les pas dans le salon. « Genre, il m’a pas demandé la permission quand il a oublié de mettre une capote. Quand il a pas eu les couilles nécessaires pour me tenir tête. Quand il a attendu 7 ans, une Ginny complètement vidée et un Noah sur son lit de mort pour lever le petit doigt et montrer un signe minime d’intérêt. » et le mieux, le pire, c'est que je pourrais continuer ainsi encore bien longtemps.
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyMer 14 Fév 2018 - 6:39



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C’était l’âme en peine et le cœur lourd que je faisais mes révélations à Matt, les larmes à la porte de mes prunelles, concentrant toute la volonté qu’il me restait pour ne surtout pas leur laisser l’accès à mes joues. J’étais consciente de mes torts, les ecchymoses couvrant encore le visage de Matt pour me rappeler mes erreurs avec amertume et une douleur supplémentaire. J’étais coupable et je ne cherchais à me dédouaner. Le cœur au bord des lèvres, je me livrais, entière et sans filtre sous le regard sévère du McGrath qui me jaugeait de ses iris marrons, les traits toujours aussi durs. Le souffle court, je parvenais néanmoins à la fin de mon récit, avouant avec une honte à peine dissimulée le dernier élément de mon crime le plus récent. Et j’attendais la sentence, le cœur battant la chamade, les joues rougies par l’émotion palpable qui régnait dans l’appartement, qu’il me livrait finalement : « Mais pourquoi tu te sens mal vis-à-vis de lui ? »  Sa question me prenait de court, je m’étais attendue à des cris, à des insultes, prête à le laisser me traîner dans la boue, guettant le coup final qu’il s’apprêtait à m’asséner. Et son interrogation au sujet de ma relation avec Ezra me laissait pantoise alors qu’il reprenait la parole : « Il a toujours tout su de l’histoire, Heidi. Il a toujours été au courant du fait qu’elle était enceinte, qu’elle était à Londres, qu’il était le père. Qu’elle l’attendait, qu’elle l’espérait. » Et je fronçais les sourcils, osant affronter son regard lourd de jugement qu’il posait sur moi, pour la première fois que j’avais commencé mes aveux. « Il a pas à être pris en pitié parce qu’il les a abandonnés. Et pendant tout ce temps je croyais qu’Ezra gardait ses tactiques de charme pour rafler des parties de poker. » Si son rire glacial me glaçait presque le sang, c’était mes sourcils qui venait se froncer alors que mon cerveau enregistrait ses paroles, les encaissant avec lenteur. « Eh doucement cow-boy. Me prête pas des intentions qui ne sont pas les miennes. Je sais ce qu'il a fait, et j’ai jamais dit que j'approuvais. » précisais-je alors, sur mon visage l’expression d’une franche confusion. J’essayais d’organiser mes pensées, de faire le tri au milieu de cette bobine de laine emmêlée qu’étaient les émotions par lesquelles Matt me faisait passer à l’instant. « Je lui cherche pas d'excuses, à toi non plus à vrai dire. » reprenais-je finalement, le ton calme, l’émotion encore palpable dans ma voix presque chevrotante qui reprenait peu à peu son assurance habituelle maintenant que la tempête semblait prête à s’éloigner désormais que la vérité avait été mise sur la table. « Cette histoire ce n'est pas la mienne. Je voulais juste qu'il sache, que j'arrête de lui mentir en prétendant ne rien savoir. C'est la seule raison qui m'a poussé à tout lui dire. » Parce que je ne supportais pas les non-dits, les secrets étant ma hantise, que trop consciente qu’ils étaient le cancer des relations finissant toujours par refaire surface pour nous exploser au visage au pire instant pour nous clouer au tapis. Et mon expression se transformait un instant alors que je m’apprêtais à lui faire un semblant de reproche, le nez retroussé dans une expression boudeuse : « Je ne sais pas à quel moment j’ai pu te laisser croire que j’étais aussi naïve, mais tu fais fausse route. » Parce que je ne pouvais nier que l’idée qu’il me pense aussi simple d’esprit m’atteignait, profondément, plus de cette rage sous-jacente que j’avais senti dans chacun de ses propos précédents. « Ezra ne m’a pas retourné le cerveau, Matt. Je refuse juste que cette histoire qui nous dépasse tous, moi encore plus, vienne entacher mes relations. » Parce que ce n’était pas mon combat, que je n’avais un pied dans ces tourments familiaux que parce que ma loyauté envers le McGrath et ma nouvelle affection pour sa petite sœur m’avaient poussé à mettre mon nez là où il n’aurait jamais dû aller fureter. Parce que ce conflit avait déjà détruit trop d’amitiés pour que je le laisse en faire de même avec moi sans rien dire, sans essayer au moins de changer la tendance. Parce que j’étais têtue et pas du genre à me laisser faire et que c’était normalement ce que Matt appréciait chez moi mais qu’il semblait avoir oublié au milieu de ces tensions qu’il affrontait. « C’est pas une surprise que je veuille voir Noah, que je sois allé à l’hôpital. » qu’il disait finalement, et je l’observais, lèvres pincées. « Il est arrivé au café en grandes pompes, à me gueuler dessus en disant que j’aurais dû lui demander la permission avant de débarquer à la 214. » Je l’écoutais vider son sac sans oser l’interrompre, imaginant la scène de l’affrontement entre les deux hommes, un frisson grimpant le long de mon échine à cette idée. « Ce mec me pue au nez, Heidi. » Il s’était relevé d’un coup, me faisant presque sursauter par sa vivacité, se mettant à tourner comme un lion en cage dans le salon, sous mon regard effaré et impuissant. « Lui demander la permission. Genre, il m’a pas demandé la permission quand il a oublié de mettre une capote. Quand il a pas eu les couilles nécessaires pour me tenir tête. Quand il a attendu 7 ans, une Ginny complètement vidée et un Noah sur son lit de mort pour lever le petit doigt et montrer un signe minime d’intérêt. » Et n’y tenant plus, j’avais à mon tour bondi sur mes pieds pour me placer face à lui, l’affrontant de ma petite taille et sans la moindre peur dans les yeux. « Hé, Matt, doucement. » soufflais-je du bout des lèvres dans une tentative pour essayer de le calmer un peu. J’étais venue poser ma main sur son bras, le serrant doucement entre mes doigts pour le forcer à arrêter les cent pas qu’il faisait depuis quelques instants. Je le regardais droit dans les yeux, les sourcils légèrement froncés à le voir agité de la sorte. « Matt, te méprends pas, c'est toujours à tes côtés que je me tiendrai, même si t'es le plus stubborn qui puisse exister sur cette planète. » J’étais venue poser ma main sur sa joue, effleurant du bout des doigts les ecchymoses qui couvraient son visage. « Mais ressasser comme ça c’est pas bon pour toi. Je doute que ça soit en te battant avec Ezra que tu récupéreras Ginny ou que tu changeras le passé. » Je parlais à présent d’une voix douce, calme, ayant retrouvé une contenance maintenant que ce n’était plus contre moi que le McGrath dirigeait sa colère, affrontant son regard, mes prunelles toujours brillantes de l'émotion qu'il avait fait naître chez moi, mon cœur pas tout à fait remis encore de ses mots qu'il avait prononcé. « Je comprends ce qui te révolte. A dire vrai, je comprends même ce qui t’a poussé à agir comme tu l’as fait à l’époque, même si je dirais pas que j’approuve. » Parce que je savais ce que c’était que d’être à la place de Ginny, protégée contre mon gré, étouffée avec l’impression que tout le monde avait le droit de dicter la façon dont je devais mener ma vie, mais que je savais également ce que c’était que d’aimer quelqu’un au point de vouloir le protéger de tout, y compris de lui-même, à tout prix. « Mais si tu continues comme ça Matt, tu vas te mettre tous les gens qui comptent pour toi à dos définitivement. Et si tu penses que je vais te laisser faire sans rien dire, c’est que tu ne me connais vraiment pas. » J’avais retiré ma main de sa joue, pour me détourner de lui et me diriger vers la cuisine, revenant quelques instants plus tard, deux verres à la main et une bouteille de whisky dans l’autre. « Je pense que ça te fera du bien. » dis-je, posant les verres sur la table pour les servir avant de lui tendre le sien. Et je m’autorisais à afficher l’ombre d’un sourire sur mes lèvres, avant de porter le liquide ambré à ces dernières, ayant bien besoin d’un petit remontant moi aussi pour affronter l’ascenseur émotionnel qu’il m’imposait, impitoyable qu’il était.
©BESIDETHECROCODILE


Dernière édition par Heidi Hellington le Jeu 22 Mar 2018 - 3:02, édité 1 fois
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyVen 23 Fév 2018 - 6:21

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Ce sont des vagues de rage qui passent encore et toujours. Envers elle, envers Ezra, envers la situation. Heidi qui m’avait connu dans mes meilleurs jours, et qui me voyaient maintenant dans mes pires. Heidi qui ne jugeait pas, jamais, qui ne s’en donnait pas le droit, mais Heidi tout de même, et le couteau planté dans mon dos de la savoir roucouler au bras d’Ezra, de l’imaginer lui raconter tout ce qui se dit entre nous, merde, tout ce que Ginny avait même pu lui dire dans le couloir de l’hôpital, cette journée-là. « Tu le dis toi-même, c’était pas ton histoire. » que je pointe, que je pique, sachant très bien que ça ne sert à rien d’être méchant envers elle, que je devrais garder mon venin pour attraper Ezra une nouvelle fois par le collet. Juste d’y penser et mes poings se serrent, juste de m’en rappeler et il y a mon sang qui ne fait qu’un tour. Et si j’avais espéré qu’elle soit plus naïve, si j’avais vraiment cru qu’elle n’ait fait que croire au meilleur d’entre nous, force est d’admettre qu’elle avait réfléchi à la chose, qu’elle l’avait marinée avant d’agir. Qu’il ne s’agissait pas d’un coup de tête, qu’Ezra avait tout su parce qu’elle avait mûri le plan, et cela avait le don de m’horripiler au plus haut point. Parce que ce n’était pas Heidi d’aussi mal me juger, parce que ce n’était pas ce à quoi elle m’avait habitué à anticiper chacun de mes gestes, à savoir clairement ce qui pouvait bien se passer dans ma tête d’un seul regard. Elle avait merdé sur toute la ligne, et même si son intervention m’avait permis de casser la gueule une bonne fois pour toute à Ezra, n’en restait que ce qu’elle avait fait, ce qu’elle avouait ce soir ne lui donnait pas gain de cause. « Mais on t’a rien demandé. On t’a pas demandé de t’y mettre le nez, on t’a pas demandé de jouer les preux chevaliers, d’aller à droite et à gauche envoyer tes bonnes intentions et t’assurer que le message passe. » mes paroles claquent sur le silence feutré de l’appartement, sur l’absence de quiconque d’autre, mes mots sont posés, difficiles, mais nécessaires. Ce n’était pas à elle de se mettre le nez là-dedans, ce n’était pas à elle de jouer les justiciers de la vérité. C’était une affaire de famille, c’était un cas à part, et le moins d’intermédiaires on avait, le mieux on s’en sortait. Déjà Tad d’un côté, Edward de l’autre, et on s’y perd. Et justement, la brune croit bon souligner qu’elle est avec moi, qu’elle a choisi mon camp ; ce dont je doute, malgré tout, malgré le fait que j’espère que cette sensation de trahison partira, malgré les sentiments amers que j’ai lorsque je pose mon regard sur elle. Le contact de sa paume sur mon visage a un drôle d’effet, la chaleur de sa peau qui presse contre les bleus, mouvement de recul naturel lorsqu’elle presse un peu plus. Elle se veut douce, elle se veut calme, elle réussit presque, alors que je laisse aller un long soupir, râle qui fait craquer ma mâchoire encore un peu sensible des coups reçus encore assez récemment pour que le corps s’en souvienne. « Il est bien lonely mon côté ces jours-ci, Heidi. Je suis pas sûr que tu fasses une bonne affaire. » si sa présence m’avait toujours rassuré, je ne peux que douter maintenant. Douter de ses motifs, douter de l’impulsion qui l’a fait agir de la sorte auparavant, douter de ses couleurs. C’est un pincement au coeur, là, de l’entendre dire quelque chose dont je ne suis plus sûr, alors qu’il n’y a pas si longtemps, j’avais l’impression qu’on était à deux contre le monde. La vie fait drôlement les choses. Et sur le ton de celle qui met en garde, Heidi pousse l’avertissement qu’on me gueule dessus depuis des semaines, à savoir que mes gestes n’auront jamais le bon effet sur ma soeur et notre relation désormais chaotique. « Non, sûrement. Mais il mérite chaque coup. Et ça adoucit un peu la situation. »  comme un gamin, comme un enfant qui se contente de peu, qui choisit avec parcimonie de faire mal, de faire mieux avec ce qu’il a. « Qu’on comprenne ou pas, qu’on approuve ou pas, c’est pas comme ça que je récupérerai Ginny ou que je changerai le passé. » et j’insiste sur mes mots, les mêmes qu’elle a usés, en signe de vengeance, ou de tentative de. Elle était pas cruelle Heidi, elle était pas mesquine, et c’était probablement pour ça que j’arrivais pas à la détester foncièrement pour ce qui s’était passé. J’étais énervé, j’étais trahi, j’étais échaudé, mais j’étais pas fermé. Juste sur mes gardes. Les gens qui me tournent le dos, et je les vois tous, un à un, alors qu’elle fait de même, me quittant pour passer à la cuisine chercher un whisky, des verres. Le canapé nous accueille tous les deux une fraction de minute plus tard, à distance raisonnable l’un de l’autre, et c’est de longues secondes qui tournent, dans ma tête et dans mon verre, maintenant que mes iris y sont vrillés sans l’ombre de la moindre tentative de vouloir parler. L’alcool fera son temps, je ravalerai en silence, and we’ll call it a night. La brunette retournera dans sa vie, je retournerai à la mienne, et l’ombre d’une alliée qu’elle a tenté de dessiner malgré ses intentions encore brouillées ne sera qu’un mirage demain matin. Pourtant, je suis encore là, de nombreuses lampées plus tard, le whisky qui brûle la plaie, là, que je sens à l'intérieur de ma joue. « Le plan était simple, au départ. » ma voix enrouée, écorchée, ajoutera, perçant le silence. Un ange passe, puis un autre. Je ne lève pas la tête vers elle, je préfère me faire croire que je me parle à moi-même d’abord. Ainsi, je n’aurai pas la crainte qu’elle parte en vendetta ailleurs avec ces nouvelles confessions. « Le plan, c’était juste qu’elle soit heureuse, qu’elle ait une chance, qu’elle se retrouve pas scotchée à lui pour toute sa vie, avec ses rêves qu’elle abandonne de travers. » Ginny qui aspirait à tellement plus, à tellement mieux. Un diplôme à l’Académie, un atelier rien qu’à elle, des toiles qu’on lui achète, les rêves dans les yeux. Elle ne demandait pas beaucoup, elle se contentait de peu, elle aurait été capable d’aller loin avec sa tête dans les nuages et ses pieds emmêlés - mais ça, on le lui avait volé. Nous, tous. « Le plan c’était pas que ça parte en vrille à ce point, qu’elle fasse une dépression, qu’elle… m’enfin. C’était pas au programme que ça se passe aussi mal. » et je m’interromps, le souvenir encore trop frais malgré les années, ma soeur inconsciente dans mes bras, les bouteilles de médicaments ornant le plancher de la salle de bain à Londres. Heidi n’a pas besoin de savoir ça, par pudeur pour ma soeur. « Et le pire là-dedans, tu sais c’est quoi? » Heidi, oui. Y penser me fait réaliser qu’elle est toujours là, attentive, silencieuse. Je tourne le regard vers elle, prend le temps de la couver, de voir à son visage, à son expression, à sa posture qu’elle ne dira rien de plus tant que je n’aurai rien avancé. Qu’elle ne bouge pas, comme promis. « C’est que je sais que j’ai merdé. Je suis pas con, je les entends tous à m’accuser d’avoir mal choisi pour elle et même si ça me révulse de le dire… je sais qu’ils ont raison. » les aveux tombent, mon souffle se perd, et l’entendre fait toujours plus mal que de le penser. « Je l’ai su à la seconde où ils l’ont mis dans l’avion. Probablement même avant. » et je me ferai toujours croire que c’était pas le cas. Je me dirai toujours que ça n’a été qu’au premier signal d’alerte que j’ai voulu faire marche arrière, que j’ai tenté de trouver de l’aide en contactant Tad. Pas avant, par principe. « J’fais quoi si elle me sort de sa vie pour toujours, comme elle l’a fait avec les parents? »  je m’étonne moi-même de la question, même si elle est légitime. Maintenant, elle n’a plus besoin de moi. Maintenant, je ne sers plus à rien.
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyMar 6 Mar 2018 - 4:15



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« Tu le dis toi-même, c’était pas ton histoire. » Souffle coupé sur le coup : c’était un nouveau crochet du droit que je venais de me prendre dans la mâchoire, me clouant au tapis. Moi qui pensais presque naïvement que la tornade Matt en avait plus ou moins fini avec ses attaques virulentes à mon encontre - se concentrant désormais sur Ezra - je m’étais plantée en beauté. Figée, presque effrayée face à la nouvelle vague de rage qui se préparait à s’abattre sur moi, je restais plantée là, bouche presque entrouverte du fait de mon souffle court. J’attendais qu’il lance la prochaine offensive, le cœur battant comme s’il avait conscience qu’il vivait ses derniers instants. Et la nouvelle explosion du McGrath ne tardait pas : « Mais on t’a rien demandé. On t’a pas demandé de t’y mettre le nez, on t’a pas demandé de jouer les preux chevaliers, d’aller à droite et à gauche envoyer tes bonnes intentions et t’assurer que le message passe. » Et je n’avais rien à répondre à ces attaques, parce que c’était la vérité, que j’en étais consciente. Incapable d’affronter tout ça en me contenant parfaitement, je sentais avec déception et presque colère, mes yeux qui s’embrumaient. Si je ne voulais pas pleurer, parce que j’avais l’impression de ne faire que ça ces derniers temps entre Ginny et Noah, Ezra, Dean et maintenant Matt qui s’y mettait, mes glandes lacrymales, elles, n’en avaient que faire de ma volonté. Je n’avais pas la moindre envie d’imposer à Matt la peine qu’il m’infligeait, chacun de ses mots comme autant de coups qui venaient meurtrir mon cœur, pourtant ma vision de brouillait alors que des larmes venaient perler aux coins de mes yeux. J’avais l’impression de me ratatiner à chacun de ses mots qui me touchaient avec force. Matt était un sniper, atteignant sa cible coup sur coup, à mon plus grand dam. Le léger mouvement de recul qu’il avait eu lorsque j'étais venue toucher ses ecchymoses achevant de faire effondrer mes dernières barrières. Presque brûlée par ce contact, j’étais venue croiser les bras sur ma poitrine, comme pour tenter d’empêcher des morceaux de moi de venir s’éparpiller aux quatre coins du salon. Regarde fuyant, joues humides, je me murais dans mon silence, m’enjoignant mentalement de reprendre contenance, de faire face avec un minimum de dignité à ce que j’avais causé presque délibérément. « Il est bien lonely mon côté ces jours-ci, Heidi. Je suis pas sûr que tu fasses une bonne affaire. » Si pareille remarque m’aurait normalement fait rouler des yeux avec exagération, un sourire aux lèvres, il n’en était rien aujourd’hui. Silencieuse, je tentais d’accuser le coup, prenant conscience avec horreur de l’étendue des dégâts. J’assistais, impuissante et démunie, à la fin tragique de ma relation avec Matt. Essuyant mes larmes avec une conviction que je ne ressentais pas, je tâchais de reprendre le contrôle, histoire de ne pas laisser tout ça se terminer sans au moins me battre. J’avais ressemblé ce qu’il me restait de courage, soldat partant au front à court de munitions et déjà bien amoché, pour tenter de faire entendre mon point de vue au jeune homme. Je ne cherchais pas son pardon, je ne cherchais pas sa pitié, je voulais juste qu’il sache la vérité, du moins ma vérité, qu’elle lui plaise ou non. Et j’étais finalement venue lui donner mon point de vue sur sa dernière entrevue avec Ezra, sans juger mais pointant pourtant d’une doigt une évidence : la violence ne résoudrait rien, bien au contraire. « Non, sûrement. Mais il mérite chaque coup. Et ça adoucit un peu la situation. Qu’on comprenne ou pas, qu’on approuve ou pas, c’est pas comme ça que je récupérerai Ginny ou que je changerai le passé. » C’était presque un coup bas, une attaque facile qui me blessait sans le moindre effort. Mais volontaire et presque pieuse même, plutôt que de rentrer dans son jeu de la colère, je lui tendais l’autre joue. J’avais cependant besoin de retrouver mon souffle, de m’éloigner un instant de lui pour essuyer mes larmes, reprendre du poil de la bête et affronter une soirée qui s’annonçait longue, pénible et éprouvante. Je jetais alors mon dévolu sur la seule chose qui me semblait capable de rendre la situation moins indigeste, moins dérangeante, moins douloureuse : une bouteille de Whisky. Presque trop rapidement, j’étais de nouveau à ses côtés, à l’autre bout du canapé, un verre à la main que j’avais descendu presque d’une traite, la main tremblante. Le silence était pesant, me glaçant le sang chaque seconde un peu plus. Fébrile, avec l’impression que j’allais devenir folle à rester silencieuse comme ça, Matt finissait par me délivrer enfin de la pression qui m’écrasait les épaules : « Le plan était simple, au départ. » Il se taisait de nouveau, sans que je daigne oser le regarder. C’était trop difficile de lire la déception dans ses yeux mais j’avais également peur d’interrompre son récit en posant mes yeux sur lui. « Le plan, c’était juste qu’elle soit heureuse, qu’elle ait une chance, qu’elle se retrouve pas scotchée à lui pour toute sa vie, avec ses rêves qu’elle abandonne de travers. » Cette discussion résonnait en moi étrangement, parce que depuis que je connaissais l’histoire de Ginny, je me sentais liée à elle d’une certaine façon, retrouvant dans son histoire quelques points communs avec la mienne qui avait permis à cette affection pure et désintéressée à l’égard de la jeune femme de prendre place peu à peu dans mon cœur encore plus à la suite de ma visite à l’hôpital. C’était l’émotion qui venait me tordre les entrailles, qui me faisait une fois de plus monter les larmes aux yeux. « Le plan c’était pas que ça parte en vrille à ce point, qu’elle fasse une dépression, qu’elle… m’enfin. C’était pas au programme que ça se passe aussi mal. » Si j’étais en colère contre Matt, profondément ébranlée par la rage qu’il dirigeait vers moi, je sentais la culpabilité qui appartenait au McGrath, comme si c’était la mienne. Tout cette histoire, c’était beaucoup trop difficile, trop ancré, trop enchevêtré. « Et le pire là-dedans, tu sais c’est quoi ? » Ce fut la première fois depuis que j’étais venue m’asseoir à ses côtés que j’osais tourner le regard vers lui, frissonnant presque lorsque mes yeux rencontraient les siens. « C’est que je sais que j’ai merdé. Je suis pas con, je les entends tous à m’accuser d’avoir mal choisi pour elle et même si ça me révulse de le dire… je sais qu’ils ont raison. » Les larmes aux coins des yeux, j’avais entrouvert ma bouche pour interrompre mon mouvement en cours de route. « Je l’ai su à la seconde où ils l’ont mis dans l’avion. Probablement même avant. » Regardant alors le jeune homme avec un attendrissent certain, les yeux brillants. « Tu pensais bien faire, tu voulais bien faire. » C’était toujours ce qu’on disait, pour s’excuser. Et même si ça ne changeait rien à la réalité, j’étais certaine que Ginny pouvait comprendre cette nuance, que c’était bêtement, naïvement, maladroitement en pensant agir dans son intérêt que Matt avait fait tout le contraire. « J’fais quoi si elle me sort de sa vie pour toujours, comme elle l’a fait avec les parents ? » Je secouais la tête, doucement. « Elle ne le fera pas. » Je ne la connaissais pas réellement, mais celle que j’avais aperçu dans cette maudite chambre 214 faisait preuve d’une sagesse surprenante pour quelqu’un d’aussi jeune. Son attitude, en laissant Matt venir voir Noah, en lui accordant cette étreinte dont il avait besoin, en me demandant de veiller sur lui, ce n’était pas l’attitude de quelqu’un qui cherchait à le faire sortir une bonne fois pour toute de sa vie. « Et tu ne la laisseras pas faire non plus. » ajoutais-je. Parce que pour sûr, ce serait un travail de longue haleine, un parcours semé d’embûches. Matt devrait montrer à Ginny qu’il était digne de faire partie de son entourage, qu’il voulait être un soutien pour elle, qu’il espérait pouvoir faire amende honorable. « S’il y a une chose dont je suis certaine c’est la force du lien qui te lie à elle et elle à toi. » C’était un lien puissant entre eux et en y mettant du sien, Matt pourrait réussir à laisser Ginny le reprendre dans sa vie. « Peut-être que des excuses seraient les bienvenues. » Je ne savais pas exactement où ils en étaient tous les deux, mais pour sûr des excuses ne seraient jamais contre-productives. Je le regardais un instant, avant de me détourner pour remplir mon verre à nouveau, ayant besoin d’un peu de courage pour affronter ce qui allait venir. Car dans ma discussion avec Matt à propos de Ginny, j’avais l’impression de regarder dans un miroir mes propres inquiétudes vis-à-vis de ma relation avec le grand-frère. Et avant même que je n’ai pu ouvrir la bouche pour prononcer le moindre, j’avais éclaté en sanglots. Secouée de spasmes, j’avais tenté de respirer, de me calmer pour lui présenter les excuses que je lui devais. Essuyant presque rageusement mes joues, j’avais relevé la tête sans vraiment affronter le regard de Matt. « Je suis vraiment désolée. C’était pas du tout comme ça que je voulais que ça se passe, que je pensais que ça allait se passer même. » Je prenais le risque de raviver sa colère, de me prendre une nouvelle rafale de reproches, mais j’avais besoin qu’il sache que je n’avais jamais pensé à mal, ni à nuire à ses intérêts, bien au contraire. « Je sais que ça changera rien aux faits, que ça me rend pas plus pardonnable pour autant, mais je voulais que tu le saches. »
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Dernière édition par Heidi Hellington le Jeu 22 Mar 2018 - 3:02, édité 1 fois
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyJeu 15 Mar 2018 - 22:19

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L’ambiance baisse d’un ton, la conversation aussi. Parce que je suis épuisé, littéralement vidé de cracher mon venin sur quiconque, encore plus sur elle. Plusieurs semaines qui s’écoulent et toujours la même rage au ventre, au coeur. Le poison qui chemine entre mes pensées et mes paroles, et la totale incompréhension de la seule qui, depuis le début de toute cette histoire, en avait su les détails, avait anticipé, suffit à être une oreille, une confidente, tout ce dont j’avais pu avoir besoin sans jugement aucun. De la voir ainsi ce soir me répugne, de nous voir ainsi encore plus, et je lâche d’un cran, je relativise, la voix posée, installé sur le canapé le regard perdu au loin, j’sais même plus où. « Ça, ça pèse pas dans la pyramide des arguments si tu demandes à Ezra, et à Ginny. » Heidi tente de rassurer, elle en est bien loin. Que j’ai voulu faire la chose correcte à l’époque était pointé du doigt, jugé, détesté par n’importe qui passait mon chemin. Évidemment que j’étais le méchant dans l’histoire, évidemment que j’avais tout planifié pour couper à ma soeur le seul mec qu’elle avait vraiment aimé, évidemment que c’était par pur égoïsme de la voir s’envoler vers d’autres cieux avec Ezra, loin de nous, loin de moi que j’avais tout manigancé. La blague. J’avais été là quand les parents voulaient la filer chez les nonnes plutôt qu’au manoir familial. J’avais été là pour les dissuader de la forcer à avorter, tellement jeune pour porter la vie selon eux alors que malgré la surprise, Gin voulait garder l'enfant. J’avais été là quand elle arrivait pas à dormir la nuit, quand elle se perdait dans les couloirs du manoir avant de finir à pleurer dans le jardin, pensant que personne l’entendrait. J’avais été là quand elle s’était écroulée sur le plancher glacé de la salle de bain, et la voir démunie dans mes bras avait été la pire attaque, la pire réalisation, le pire culpabilité que je ne pourrais jamais avoir la force de porter seul. Et les autres croyaient que j’avais tout prémidité, que j’avais voulu l’enliser là-dedans, que j’avais fait exprès? Bien malhabile de croire qu’on me laisserait un passe-droit parce que mes intentions étaient honorables au départ. Ici, on ne voyait que les résultats catastrophiques. « C’est bien ce qu’elle fait depuis novembre, hen. Et plus elle s’éloigne, moins je suis sûr qu’elle va revenir. »  m’ignorer, me laisser dans le silence le plus complet. Sans Edward, je n’aurais jamais su qu’ils étaient divorcés. Sans Heidi, je n’aurais jamais pu aller voir Noah à l’hôpital. Sans Lene, je ne saurais même pas que Noah était encore en vie. « La blague.  » et des excuses? Elles me paraissent tellement dérisoires à ce stade-ci. De petits mots dont elle douterait de la sincérité. Ginny était une fille d’actions, de preuves tangibles. Les mots valaient pour elle, mais pas autant que les agissements, que la façon de réagir à quoi que ce soit. Et voilà que depuis le passage d’Ezra au café, mes gestes m’éloignaient encore plus d'elle que quoi que ce soit d’autre que j’aurais bien pu lui faire à elle, ou à quiconque dans l’équation. « Pourquoi tu penses que je suis comme ça, avec tout le monde? Avec toi? Parce que je veux pas la perdre, parce que je veux convaincre tout le monde que y’a jamais rien eu qui était fait contre elle, qu’on en finisse là, qu’on...  » laisser faire le tout, et ça me reste en tête, c’est bloqué, enreigstré. Elle ne le voyait déjà pas suffisamment, Heidi, que peu importe qui se retrouvait face à moi recevait une dose de rage, de violence, pour le simple fait que je pouvais pas rester immobile devant tout ce qui se trame? Et malgré tout l’air que je déplace, malgré mes interventions, malgré ce que je me tue à dire à qui veut bien l’entendre - ou pas - je peux pas faire rien de plus. Je peux pas faire mieux. Je peux pas, parce qu’il est trop tard, j’ai gâché sa vie, en tout et pour tout. « Elle en voudra pas. Elle s’en fiche, quand c’est 8 ans qui lui ont été enlevés, des excuses même si ça fait beau sur papier, ça lui ramenera pas un voyage dans le temps. »  aucune possibilité de faire pire, encore moins de faire mieux. Ginny était restée bloquée à cet avant, cette nostalgie, cette douleur d’abandon qu’elle traînait depuis. Elle en aurait des séquelles jusqu’à la fin de ses jours, elle se retrouverait toujours en phase devant cet aparté qui avait failli lui coûter la vie. Et parce que j’en peux plus de mon discours, parce que j’en peux plus de juste rager, je lève enfin les yeux vers Heidi, je souffle, rien que pour voir avec surprise les larmes qui ne mettent pas longtemps à s’étaler sur ses joues. Et ses sanglots crèvent le silence, et mon impuissance n’est que plus grande, sachant que je suis la cause de tout ça, sachant que même si je lui en voulais toujours, c’était ma faute et uniquement la mienne si tout ce que je touchais finissait toujours par m’exploser au bout des doigts depuis mon retour à Brisbane. Elle est inconsolable et elle m’évite et je laisse mon souffle se stopper dans une expiration, de la voir réduite à ça. Et merde. Incapable, pur et dur, idiot, et elle ne me le confirme que trop. « Oh, tu parlais de te faire des excuses à toi, c’est ça?  » que je tente, l'humour pour désamorcer la situation, une blague qui passe plutôt mal alors qu’elle le prend au pied de la lettre, qu’elle s’excuse à son tour, qu’elle se justifie encore et encore et que je ressers la poigne de ma main autour du verre de whisky qu’elle m’a servi plus tôt. Le simple fait d’en reparler me met à vif, le simple fait de me souvenir à nouveau à qui elle était allée bavasser me refroidit non sans me rendre la vue d’Heidi dans cet état particulièrement difficile à supporter. « Je sais.  » pour simple acceptation, néanmoins les excuses de la brune sont sincères, pas besoin d’en douter. Elle a merdé, j’ai merdé tout autant. Qu’est-ce que ça nous laisse? « Mais Heidi… »  je laisse son souffle se calmer un peu, pas encore tout à fait à l’aise de l’attirer à moi dans un élan de réconfort, la dualité des sentiments que j'éprouve pour elle à l'instant rendant toute affection plus difficile à démontrer, à assumer. « Quand je t’ai dit tout sur cette histoire-là, c’était pas pour que t’ailles en parler à la pire personne à qui le faire. » c’est ça que je veux qu’elle comprenne. Pas qu’à mes yeux, je crois qu’elle ait voulu mal faire. Mais bien parce que mes confidences, mes secrets, ils lui étaient dédiés et à personne d’autre. Et que c’est ce lien là, cette confiance là qui est brisée. Pourtant, ma voix est douce. Je veux juste expliquer, je veux plus agresser, mon ton étant plus doux, moins véhément que plus tôt. « Quand j’t’ai dit ce que personne d’autre savait, c’était parce que j’avais confiance en toi. » et c’est ça qui me fait le plus mal. C’est que maintenant, j’allais devoir prendre une minute à réfléchir avant de lui dire quelque chose. Avant, y’avait aucun filtre. Avant, peu importe les merdes que j’avais pu cumuler, je savais qu’Heidi encaisserait, rirait, garderait le tout pour elle, jugerait pas. Et l’inverse était toute aussi vraie. Sauf que là où j’avais assuré ma partie du contrat, elle avait pas assumé. « C’est comme si j’étais allé personnellement chercher Dean par le collet en lui disant où t’étais, ton adresse, ton horaire du temps, et la liste des mecs que t’a dragué depuis que vous êtes plus ensemble. » et j’en mets, j’en rajoute, j’essaie de lui faire voir, beaucoup moins agressif que plus tôt, tout de même sérieux. Ses larmes me troublent, son état me rend encore plus malade envers moi-même, mais c’est pas aussi simple de chasser le noir de mes pensées, de chasser le mal qu’elle m’a fait, même sans le vouloir. Pourtant, j’essaie, j’essaie fort, et je gobe le contenu de mon verre d’un trait, le temps qu’on s’en remette, du moins, qu’on essaie. « J’me suis emporté, mhm? » c’est la moindre des choses à dire, et elle aurait bien le droit de me gifler pour apporter le truc d’une façon aussi conne, de diminuer autant la façon pas du tout cool avec laquelle je l’ai secoué depuis mon arrivée. Néanmoins, quand il s’agit d’Heidi, c’est tellement plus difficile d’assumer qu’elle ne soit pas toujours au top, tellement haute sur son piédestal. C’est ça qui pique, qui grince, qui dérange. Qu’elle ne soit pas si parfaite que ce que j’ai toujours pu croire, qu’elle soit au même niveau que les autres, qu’elle soit humaine, et tout ce qui va avec. «  C’est la première fois, avec toi j’pense bien. » et gosh, faites que ce soit la dernière. « Il est où, Lago, pour me montrer qu’on te parle pas comme ça?  » et c’est un rire pas du tout assumé qui suit, un soupir aussi, le chien d’Heidi qui jamais n’aurait été fan de moi s’il avait assisté à ça.
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyMer 21 Mar 2018 - 22:53



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La tension était à son comble entre Matt et moi, nouvelle étape dans notre relation dont je me serai volontiers passée. Cette altercation violente et chargée en sentiments et ressentiments, c’était tout le contraire de tout ce qui avait toujours forgé notre relation. A Matt, je n’associais d’ordinaire que des souvenirs agréables, des conversations simples, des après-midis et des soirées passées à refaire le monde sans nous prendre la tête. Simplicité, c’était toujours ce qui avait le mieux résumé notre lien, si tant est que réduire ce que nous étions à un seul mot soit possible. Et j’avais tout remis en question parce que j’avais eu le malheur de me trouver là où je n’aurai jamais dû m’aventurer. « La blague. Pourquoi tu penses que je suis comme ça, avec tout le monde ? Avec toi ? Parce que je veux pas la perdre, parce que je veux convaincre tout le monde que y’a jamais rien eu qui était fait contre elle, qu’on en finisse là, qu’on... » Il n’avait pas fini sa phrase, mais ce n’était pas nécessaire pour que je comprenne où il souhaitait en venir. Je n’avais jamais douté de la bonne volonté de Matt dans chacun de ses agissements, même s’ils s’étaient avérés se retourner contre Ginny en fin de compte. « Elle en voudra pas. Elle s’en fiche, quand c’est 8 ans qui lui ont été enlevés, des excuses même si ça fait beau sur papier, ça lui ramènera pas un voyage dans le temps. » qu’il continuait et je décidais alors d’insister légèrement, d’appuyer mes propos, de l’amener à voir les choses de la façon dont je les envisageais. Je prenais alors une inspiration, tâchant de garder une voix presque assurée malgré les larmes qui perlaient aux coins de mes paupières. « Je ne parle pas de lui servir des excuses et de s’arrêter là, Matt. » précisais-je alors doucement, du bout des lèvres presque. « Mais si tu commences par ça avant de lui montrer que c’est sincère, à travers tes actions, ça aura du poids. » Et elle ne pourrait pas l’ignorer. Bien-sûr que les excuses n’étaient que des mots, que des paroles et bien-sûr qu’avec dans le temps, elles perdraient toute signification, toute importance si elles n’étaient pas accompagnées de preuves tangibles qui justifieraient toute leur sincérité aux yeux de Ginny. C’était alors que Matt relevait son regard pour croiser le mien, témoin des larmes qui roulaient sur mes joues malgré ma volonté de les empêcher. « Oh, tu parlais de te faire des excuses à toi, c’est ça ? » qu’il tentait et c’était un semblant de sourire qui se prenait dans ma gorge, se mélangeant avec le prochain sanglot. C’était un drôle de hoquet qui parvenait à ses oreilles et me rendait bien pathétique à osciller de la sorte entre deux émotions aux antipodes, indigne que j’étais de ses excuses quand bien-même il aurait réellement eu l’envie de m’en présenter. J’étais d’ailleurs aussitôt venu lui faire mes propres excuses, estimant qu’il devait savoir que jamais je n’avais voulu ça. Et je le sentais se tendre de nouveau, ses lèvres se pinçant alors qu’il lâchait un : « Je sais. » Il savait mais ça ne changerait rien aux choses, à comment j’avais tout mis en péril, nous précipitant tous les deux au point de non-retour. « Mais Heidi… Quand je t’ai dit tout sur cette histoire-là, c’était pas pour que t’ailles en parler à la pire personne à qui le faire. » Et rien qu’à l’écouter me dire ce que je savais déjà, j’avais envie de me gifler moi-même. Si j’avais fait les choses avec les meilleures intentions du monde, si j’avais été persuadée sur le coup que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, je me rendais compte que je n’avais jamais eu autant tort qu’à ce moment-là. « Quand j’t’ai dit ce que personne d’autre savait, c’était parce que j’avais confiance en toi. » Et l’emploi du passé ne m’échappait, me brisant le cœur sur le coup, si seulement c’était encore possible de casser davantage un palpitant déjà en morceaux. La confiance de Matt était quelque chose que j’avais toujours chéri et je venais de la perdre en espérant faire au mieux, quelle ironie au fond, quand on y songeait que c’était à peu près le même schéma qui conduisait aujourd’hui Matt à devoir reconquérir sa propre sœur. Et c’était un nouveau sanglot qui me secouait, parce que maintenant que Matt venait de prononcer la sentence à voix haute, je me rendais compte que ce n’était pas qu’un mauvais rêve mais bel et bien la réalité. « C’est comme si j’étais allé personnellement chercher Dean par le collet en lui disant où t’étais, ton adresse, ton horaire du temps, et la liste des mecs que t’a dragué depuis que vous êtes plus ensemble. » Rien qu’à entendre le nom de Dean, je m’étais figée, immobilisée dans mon dernier sanglot. C’était un sujet sensible, depuis que je l’avais quitté mais d’autant plus depuis qu’il était revenu avec grand fracas dans ma vie, exigeant des explications pour un geste que moi-même j’avais du mal à comprendre dans sa totalité, à justifier à voix haute. « T’aurais même pas besoin d’aller le chercher bien loin, tu sais. » grommelais-je presque entre mes lèvres, avant même de pouvoir me retenir le commentaire. Si je n’avais pas spécialement envie d’aborder le sujet de Dean avec Matt, bien peu désireuse d’attirer la couverture à moi dans pareil moment, la réplique m’avait échappé, profitant que je sois bien trop en proie à mes remords et mes émotions pour pouvoir garder ça pour moi. « J’me suis emporté, mhm ? » Et je le regardais un peu incrédule de voir comme il savait souffler le chaud et le froid en l’espace d’une simple conversation. « C’est pas comme si j’le méritais pas. » glissais-je dans un haussement d’épaules, défaitiste et coupable que j’étais. Je n’avais même pas l’énergie de lui faire payer cette façon qu’il avait eu de me secouer, de m’ébranler comme il venait de le faire, comme il était l’un des rares à en avoir le pouvoir. « C’est la première fois, avec toi j’pense bien. » qu’il disait alors et j’avais pincé les lèvres un instant. « Si tu veux bien qu’on arrête le compte à un, je dis pas non. » rétorquais-je alors, l’œil toujours brillant, la lèvre inférieure toujours tremblante. « C’est trop dur. » que j’avouais sans la moindre honte. Je n’avais pas de mal à reconnaître le côté essentiel qu’avait la présence de Matt à mes côtés, ce qu’il y avait chez lui qui faisait qu’il n’était jamais bien loin, ce lien indescriptible qui avait survécu aux kilomètres et aux années mais qui venait d’être mis à mal par mes récentes décisions peu judicieuses. Le ton de Matt était néanmoins plus doux, comme s’il cherchait à atténuer la violence des instants qui avaient précédé ce moment et je ne pouvais qu’approuver la démarche, bien trop ébranlée de voir la flamme de la colère et la lueur de la déception au fond de ses pupilles. « Il est où, Lago, pour me montrer qu’on te parle pas comme ça ? » tentait-il alors dans une tentative pas même dissimulée de m’arracher un sourire, entreprise qui était presque un succès si la grimace étrange qui étirait mes lèvres comptait comme telle. « En pension chez ma mère, c’était plus facile pour le déménagement. J’étais censée aller le chercher ce soir, mais je suppose que ça attendra encore un peu. » répondis-je en relevant les yeux vers lui, regardant avec culpabilité les ecchymoses qui couvraient son visage. « Ça te donne presque des allures de bad boy, tu sais. » C’était sûrement trop tôt pour en plaisanter, c’était sûrement une erreur de plus que je faisais, alors je gardais pour moi la réflexion qui aurait naturellement suivi quant au fait que c’étai pas pour me déplaire, que le petit côté mauvais garçon était indéniablement attrayant. Et avant qu’il n’ait le temps de s’agacer de nouveau, de m’asséner une nouvelle bourrasque de rage, j’étais venue ajouter : « Ça me fait penser à cette soirée, sur la plage. » commençais-je, presque hésitante à poursuivre. « Je ne sais pas si tu te souviens mais t’avais fini par te prendre la tête avec Seb, qui était particulièrement lourd ce soir-là. Si ma mémoire ne me joue pas des tours, t’avais fini dans le même état. » Et me rappeler les souvenirs du bon vieux temps, lorsque Matt et moi formions un "nous" non officiel et à peine assumé, une période somme toute heureuse et simple, me tirait un demi-sourire amusé. Finalement, osant pour la première fois de moi-même affronter le regard du McGrath, j'avais soufflé entre mes lèvres : « Dis-moi qu'on va surmonter ça. »
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyJeu 22 Mar 2018 - 14:45

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Et c’est lorsque tout est plus lourd encore que je pense mentionner Dean. C’est con, c’est pas réfléchi, c’est de la facilité, c’est suffisant pour faire le rapprochement - et ça rend Heidi foutument mal à l’aise. Et fuck, comme si l’air ne pouvait pas être plus lourd, comme si l’ambiance ne pouvait pas être plus à couper au couteau, voilà que je sens direct à la façon dont son visage se décompose que Dean est dans les parages. « Il est revenu? » parce que ça en dit long, sur tout, sur sa vie, sur la leur, sur son passé, son présent, son futur. Dean, c’était l'histoire de sa vie, c’était le mec qu’elle avait aimé de tout son coeur, assez pour penser passer le reste de son existence à ses côtés. C’était aussi le type qu’elle avait abandonné derrière, qui avait joué un rôle dans son envie de fuir, de se rapatrier à Brisbane, de reprendre sa vie là où elle l’avait laissée - sans lui. C’était ce qui nous rapprochait tous les deux, la fuite qu’on avait prise, personne dans notre sillage, à vouloir faire table rase et à chercher du renouveau, un recommencement. C’était la nostalgie dans sa voix de savoir que l’irlandais était à nouveau dans son quotidien, et la crainte de retomber dans ses vieilles habitudes, sa routine, ses vieux plis. Et c’était aussi, surtout, le fait qu’elle ne m’en ait pas parlé, alors qu’elle savait que je ne la jugerais pas à ce sujet, que j’écouterais, que je serais là si besoin. Et un autre coup au coeur, deux désormais, alors que je me fais violence pour garder ça aussi à l’intérieur, ménager ce que je tente de rétablir comme ordre, du moins, comme tentative d’harmonie entre nous dans un salon un peu moins en chaos. Et on en revient au programme principal, à mon entêtement, à ma rage, à la hargne qui avait trouvé sa place sur mes lèvres depuis mon arrivée. « C’est pas comme si j’avais la preuve que ce genre de façon de faire allait apporter des résultats positifs. » que je rétorque, usant presque des mêmes mots, sachant que dans l’histoire, même si elle avait merdé, j’aurais très bien pu réagir moins au quart de tour, j’aurais très bien pu ne pas lui faire vivre un calvaire simplement parce que ma confiance avait été heurtée. Lutter contre le feu avec le feu, y’avait rarement moins pire comme scénario. Et c’est là que je réalise que c’est bien la première fois où on se rend à ce niveau là, où on se crie dessus, où notre vie se ponctue d’autres choses que de discussions légères, de blagues nées il y a plus d’une dizaine d’années qu’on ramène encore les larmes aux yeux. Là, c’est plus compliqué, là, notre duo est exposé à la vraie vie.  « Bah, en toute honnêteté, je pense pas que tu puisses faire pire. »  et un sourire, fin, narquois, un brin moqueur qui se dessine sur mes lèvres. Ça, c’était au moins la vérité pure et crue, et même si ça faisait mal à dire, à l’avouer, je voyais pas Heidi cumuler à mes yeux une plus grosse gaffe en mon domaine. C’était pas mal le maximum qu’elle aurait pu mettre en place, volontairement ou non, et à partir de là, si on survivait à ça, on survivrait à tout le reste. J’inspire longuement, resservant autant à la brune qu’à moi une nouvelle rasade d’alcool. Parce que c’est dur, parce que ça ne l’est pas juste pour elle, mais tout autant pour moi. On part de où, là? On fait comment? « Va falloir que je me creuse la tête si je veux te rendre la pareille. » je m’entends dire, faisant glisser le verre sous ses yeux, en profitant pour prendre une longue gorgée, mimant presque une réflexion trop longue, à l’air trop sérieux pour que je ne sois vraiment sincère. Bien sûr que non, j’allais pas tenter de la rattraper au tournant, bien sûr que j’étais sarcastique, et qu’aucun plan de match ne serait mis en place pour me venger. Néanmoins, j’avais la rancoeur mal placée, surtout lorsqu’il s’agissait d’Ezra - et accessoirement Ginny. Pour lui, à cause de lui, j’arrivais un peu trop facilement, et violemment j’en conviens, à faire de tout une vendetta personnelle.  Puis, y’a la question de Lago qui n'est pas dans les parages, et si j’avais l’habitude de lui gratter les oreilles dès la seconde où j'entrais chez la jeune femme, la situation et les derniers émois risquaient de me retirer de son top 5 d’humains préférés s’il avait pu entendre quoi que ce soit qui ait pu se dire dans la dernière heure. « Si je tiens à garder mes mollets intacts - c’est un bon plan. » sans aucune malice, le cabot restait le moindrement protecteur envers Heidi, et aux vues de ma voix haut perchée et de mes attaques répétitives, pas sûr qu’il m’aurait laissé aller dans mon élan. Une longue inspiration, un peu plus calé dans les coussins, et je laisse à la Hellington toute la place pour relancer la conversation. « C’était le but, voyons. » que je rigole, un peu moins sans forcer, évitant de la regarder du coin de l’oeil sécher ses larmes, avant de profiter de l’accalmie pour ressasser les souvenirs que ma mine balafrée lui ramènent en tête, et tout ce qui s’y rattache dans notre propre historique. « Et si ma mémoire est bonne, c’était encore de ta faute, ce soir-là. » cette fameuse bagarre de coqs, c’était parce que Seb avait été un peu trop grabby avec elle, parce qu’il s’était imaginé que c’était correct de lui faire des avances, même si, dans les faits, ouais ça l’était, si on se disait qu’elle et moi n’avions jamais été officiellement en couple - m’enfin, tout le reste, sauf les gros mots qui le décrivent. Ça allège les esprits, ça provoque des rires, de penser qu’encore une fois, j’en étais venu aux poings dans un moment où Heidi était impliquée. Et si y’a toutes ces années elle prenait autant de place que ça dans ma vie pour que j’ai une poussée de violence à lui dédier, aujourd’hui c’est beaucoup plus qui a motivé le geste, et qui rend le tout encore si douloureux à décrire. « J’imagine. » mollement, tout de même honnête, suivi d’un soupir. Qu’on va passer à travers ça. Parce qu’en bout de ligne, c’est une connerie, non? C’est surement ce qui rendrait Ezra bien heureux, de savoir que son courroux s’allonge jusqu’à Heidi et moi maintenant. Salaud. « Comme j’imagine que ça va se régler avec Ginny. » j'espère, devrais-je dire. Dans un monde parfait, dans un univers où m’excuser à ma soeur lancera le bal, montrera le drapeau blanc, implantera la première brique à notre mur, à nos bases, à notre nouvelle, seconde, millième chance. À ce propos. « J’suis désolée, Heidi. »  et je suis son conseil, finissant par tourner la tête dans sa direction, accrocher mon regard au sien. C’est pas tout à fait ça, il reste toujours une certaine retenue, un certain malaise, mais l’intention est là, et surtout, c’est pas dit que je vais laisser le lien entre nous deux exploser si facilement. « Commençons par ça. » et par une nouvelle gorgée d'alcool brûlant qui fait beaucoup trop de bien par où il entre.
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyJeu 29 Mar 2018 - 21:23



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matt & heidi
« Il est revenu? » avait-il demandé aussitôt que j’avais répondu que s’il voulait raconter ma vie à Dean, il pourrait même s’économiser le billet d’avion Brisbane-Adelaide. Et la question était légitime en soi quand ce dernier avait disparu de ma vie deux ans et demi plus tôt quand je l’avais abandonné pour revenir à Brisbane, annulant par la même occasion nos fiançailles. « Ouais. » soufflais-je du bout des lèvres sans le moindre enthousiasme palpable à l'annonce de cette nouvelle. C'était la mort dans l'âme que je faisais de nouveau face à mon ex-fiancé. « Pour renouer avec Ben d'après ce qu'il dit. » Mais j'avais du mal à croire qu'il était délibérément venu poser ses valises dans ma ville natale, l'endroit même où j'avais grandi et où je m'étais réfugiée aussitôt que je l'avais quitté, sans penser croiser ma route un seul instant. Brisbane avait beau être une grande ville, elle ne l'était pas à ce point, pas alors que nous avions encore aujourd'hui plus d'une connaissance en commun. Je voulais bien croire que son envie de retrouver Ben, de tenter de se racheter une conduite à ses yeux était sincère. Mais je ne pouvais m'empêcher de remettre ses motivations à priori louables en question. « Comme tu t'en doutes, il est venu chercher des explications. » C'était d'ailleurs là le nœud du problème, ce qui me poussait à me demander s'il n'espérait toujours pas quelque chose entre nous, un happy ending en somme. Et même s'il avait argumenté en prétendant avoir grandi, avoir changé, avoir compris la raison qui l'avait poussé à me perdre en même temps qu'il avait perdu son meilleur ami de toujours, je ne savais guère comment me positionner vis-à-vis de lui, de ce "nous" que nous avions été et que j'avais jeté par la fenêtre sans même me retourner. Le sujet Dean était sensible chez moi depuis la disparition de Matteo. Lorsque notre couple avait commencé à battre de l'aile, j'avais esquivé les questions à propos de notre couple et de ce mariage qui se profilait à l'horizon. Quand je l'avais quitté du jour au lendemain, pour revenir planter ma tente à Brisbane, je m'étais contentée de rester vague à propos des motifs de cette séparation, incapable réellement de mettre des mots sur ce qu'il se passait dans ma tête. Puis les choses s'étaient tassées, peu à peu les gens avaient cessé de m'associer à lui comme ce tout que nous avions formé pendant presque dix ans de relation. Et depuis son retour, dont je n'avais été informée que tardivement, parce qu'il avait mis du temps avant de se décider à venir me trouver, parce que ni Ben ni Cora n'avaient pu se résoudre à me l'annoncer de peur de l'impact que cette révélation aurait sur cette vie que je reprenais peu à peu en main, comme une grande fille, je n'en avais parlé à presque personne pour ainsi dire. Ben était trop occupé et Adam bien trop souvent avec nous pour que je puisse me laisser aller à la confidence, Cora avait bien d'autres chats à fouetter que de devoir s'occuper de ma vie sentimentale en ruines. J'avais brièvement trouvé le temps d'évoquer le sujet avec Matteo quelques jours auparavant et plusieurs semaines après les faits. Et aujourd'hui parler de Dean avec Matt était étrange, non pas parce que je ne lui faisais pas confiance, bien au contraire – contrairement à moi, lui s'était toujours montré irréprochable dans notre relation – mais parce qu'annoncer à voix haute le retour de ce fantôme du passé rendait tout à coup la chose concrète, bien plus réelle et effrayante qu'elle ne semblait déjà l'être dans ma tête bien confuse. « Mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui. » Il n'était pas question pour moi d'appâter Matt avec mes états d'âmes pour me faire plaindre et jouer sur la corde sensible pour le pousser à m'accorder une seconde chance. Aujourd'hui, il était question de lui, de mes erreurs, de nous et la dernière chose que je voulais c'était que Dean vienne s'immiscer dans cette relation qui ne le concernait pas, un lien qui s'était tissé entre le McGrath et moi bien avant l'arrivée de mon ex-fiancé dans ma vie. « C’est pas comme si j’avais la preuve que ce genre de façon de faire allait apporter des résultats positifs. » avait-il finalement répondu, lorsque la tension environnante s’était quelque peu relâchée alors qu’il prenait du recul sur la situation et son attitude vis-à-vis de moi. Je lui avais accordé un fin sourire, le cœur à moitié dedans, encore trop amoché pour pouvoir me laisser profiter de l'instant. Et alors que je proposais qu’on en reste là des comptes à régler tous les deux, il répondait : « Bah, en toute honnêteté, je pense pas que tu puisses faire pire. » C'était un nouveau coup, non pas que je ne le méritais pas en somme. Et je voyais bien le sourire qui se dessinait sur les lèvres de Matt comme pour me dire de ne pas trop le prendre à cœur. Mais ça le concernait, ça nous concernait alors forcément je le prenais à cœur, sûrement trop même. Mais qu'importe, j'avais presque l'impression d'être anesthésiée à force, suite à la violence de notre altercation, à la dureté de ses mots et de son regard qui m'hanteraient l'esprit quelques temps encore, pas assez cependant pour me pousser à ne pas me battre pour regagner une place que j'estimais légitime dans sa vie, dans son existence. Non, pour sûr, je ne le laisserai pas se débarrasser de moi comme ça, sans rien dire, sans me battre. C'était ironique – presque triste sinon – de songer que j'étais prête à livrer un combat pour sauver une relation indéfinie et indescriptible avec Matt quand j'avais simplement déposé les armes pour tourner le dos à Dean face à nos problèmes, à ces non-dits qui avaient gangrené une relation de longue date. « Va falloir que je me creuse la tête si je veux te rendre la pareille. » ajoutait-il en me tendant un nouveau verre dont je me saisissais vite pour en boire une gorgée. « Oh nul besoin d'élaborer de grands stratagèmes. Il te suffirait de me dire que tu ne veux plus de moi. » Pour sûr, ce serait le coup fatal. Au même titre que je n'imaginais pas un monde sans Ben pour l'égayer, je n'imaginais ma vie sans Matt, à portée de main ou au bout d'un texto ou d'un appel, peu importait les kilomètres qui nous séparaient. Je n'avais pas la moindre idée de où nous allions tous les deux, mais j'aurai pu le suivre, yeux fermés, sans la moindre peur au ventre. Si c'était avec Matt, le reste m'importait peu. Il était finalement venu s’inquiéter de la disparition de mon chien qui n’était pourtant jamais bien loin dans les parages à l’accoutumée. « Si je tiens à garder mes mollets intacts - c’est un bon plan. » Et en effet, je n’étais pas mécontente de le laisser une soirée de plus chez ma mère, clairement pas la tête à m’occuper d’un chien quand bien même une promenade pour me vider l’esprit ne serait pas la pire idée dans de telles circonstances. Désireuse néanmoins d’améliorer le climat qui régnait entre nous, d’aborder un sujet légèrement plus joyeux, je m’autorisais à rire un peu des balafres du McGrath en faisant appel à nos souvenirs communs. « C’était le but, voyons. Et si ma mémoire est bonne, c’était encore de ta faute, ce soir-là. » J’hochais alors lentement la tête, sur le visage un petit air coupable malgré le fin sourire qui étirait mes lèvres. « A dire vrai, je préfère quand tu te bats pour sauvegarder mon honneur ! » Et un brin de malice s'était glissé dans mes yeux. Parce que le souvenir était doux, remontant à une époque bien plus calme et heureuse qu'à l'heure actuelle. Parce que c'était les débuts de Matt & Heidi, Heidi & Matt. « Quand bien même tu n'avais pas besoin de jouer des poings pour savoir que j'avais une préférence toute marquée pour toi. » Mais c'était la situation qui le voulait, ce côté incertain et non-officiel auquel nous nous étions accrochés qui rendait le tout plus intense, papillons dans le ventre et yeux brillants à l'appui. Profitant de l’accalmie de l’instant provoquée par ces réminiscences, je posais à Matt la question à un million de dollars, celle qui déterminerait la suite : parviendrions-nous à surmonter ça ? « J’imagine. » La réponse n’était pas aussi assurée que je l’aurai espéré sans pourtant réellement y croire mais elle me dénouait un peu le nœud qui s’était formé dans ma gorge à l’instant même où Matt avait fait irruption dans mon salon. « Comme j’imagine que ça va se régler avec Ginny. » Le regard empli d’une douceur extrême malgré tout l’agitation qui continuait d’embrouiller mes pensées et de faire battre mon cœur de façon irrégulière, je soufflais alors tout doucement : « Pour Ginny, j’en suis persuadée tu sais. C'est quelqu’un de bien, sûrement trop même. » soulignais-je, incapable de croire que j’en venais à prononcer ces mots au sujet d’une personne qui, jadis, ne m’avait inspiré que mépris et agacement. « J’suis désolé, Heidi. » J’avais fermé un instant les yeux en secouant doucement la tête de droite à gauche. « Commençons par ça. » ajoutait-il alors que j’arrêtais mon petit manège pour le regarder avec tout le sérieux du monde. « Tu me dois aucune excuse. » assénais-je, fermement mais le ton parfaitement calme comme si j’avais peur que si je me mettais à parler trop fort l’agitation précédente retrouverait ses droits sur notre duo. « Mais je suppose que ça nous fait pas mal de choses à cocher en terme d’étapes franchies dans notre relation. » ajoutais-je, un petit sourire en coin. « Après les soirées, les cuites, les blagues, le surf, le sexe, la distance aussi, les retrouvailles, le premier rencart officiel n’oublions pas, on peut désormais ajouter la première dispute et les premières excuses également. » énumérais-je avec une certaine légèreté que je ne ressentais pas réellement avant d’ajouter : « Espérons que la prochaine étape soit notre première réconciliation. »
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Message(#)matteidi ▲ do i wanna know? EmptyMar 3 Avr 2018 - 15:40



do i wanna know?
If this feeling flows both ways, sad to see you go, was sorta hoping that you'd stay. Baby we both know, that the nights were mainly made for saying things that you can't say tomorrow day. Crawlin' back to you. △
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Une soirée en dents de scie, et aucune assurance que ça se termine mal, ou bien. C’était un terrain glissant avec Heidi, c’était un endroit où on ne s’était encore jamais retrouvés tous les deux, encore moins dans cet état, et c’était pas dit que ça passera aussi facilement que toutes les autres anicroches, aussi minimes et ridicules aient-elles pu être jadis. Je rigole jaune, en lui disant que maintenant, c’est à mon tour de lui rendre l'ascenseur, de faire pire, de lui briser le coeur autant qu’elle m’a brisé le mien - et même si ma voix semble détachée, c’est pas aussi facile que ça à amener. « Essaies pas, t’es prise avec moi pour encore bien longtemps. » je ne sais pas d’où ni de comment, mais ça, j’y tiens. L’idée sera probablement de mettre un peu de distance, de ravaler la pilule dans mon coin, de pas faire de scène à la simple idée qu’elle n’arrêtera probablement pas de voir Ezra pour mes beaux yeux, et que tout ce qui sortira devant elle risque peut-être de passer par l’oreille du blond le jour où Heidi ne pensera pas à mal, et croira que ce coup-là, ce que je lui ai dit sur le Beauregard n’avait pas d’importance dans la balance. Un trop gros risque, surtout sachant comment le type était si bas dans mon estime, et qu’il y resterait probablement encore bien longtemps. Mais pour la santé de notre amitié datant de nombreuses années, et pour alléger un peu l’ambiance alors que la simple idée de partir non sans laisser un voile de hargne planer sur nous deux, je laisse la discussion dériver vers quelque chose de plus fun, de la nostalgie, du temps où on était jeunes et cons, du temps où ce genre de prise de tête ne serait jamais arrivé, parce que j’ignorais tout de la relation de Ginny et d’Ezra et que de ce fait, cette colère si tangible maintenant ne m’aurait pas semblé du tout logique. La blague. « Va falloir qu’on fasse quelque chose à ce propos, ça arrive un peu trop souvent au goût de mes jointures. » et je laisse un rire s’échapper de mes lèvres, mon regard qui s'accroche un temps au sien, qui ne le tient pas aussi longtemps que j’aurais voulu, mais tout de même un peu plus et un peu moins froidement que précédemment. Y’a du progrès, ou du moins, y’a une tentative de. Si la brune s’assure de pousser le flirt innocent, la drague naïve, la candeur de ses grands yeux brillants d’avoir pleuré, de voir l’espoir se dessiner, c’est tout sauf si j’accuse la préférence qu’elle se targue d’avoir pour moi. À l’intérieur, y’a toujours cette voix mauvaise qui ne se prive pas de dire que si justement, elle était dans mon camp, y’avait quelque chose de très Judas à sa manoeuvre, mais personne n’a envie que la vague remonte, que le raz-de-marée soit à nouveau ce qui anime le salon, et donc, j’hoche de la tête, mise sur l’humour encore et toujours. « Faut croire qu’à tous les dix ans je m’assure de faire le check up de routine. » une décennie presque que nos chemins s’étaient séparés, et malgré tout, malgré ce soir, malgré la dispute et la confiance qui s’effrite, elle arrivait toujours à faire que je veuille lui donner une seconde chance là où des dizaines d’autres n’auraient eu droit qu’à la première partie de ma présence ici, et une porte claquée dans la volée. L’air est un peu moins lourd quand je prends une pause de tout ça pour porter mon attention uniquement sur mon verre, pour laisser l’alcool laver ma rage, brûler mon palais. La prochaine conversation du genre qui serait aussi douloureuse restait bien sûr le talk que j’aurais avec ma soeur, et de voir à quel point je me suis emporté contre Heidi me montre clairement que je suis tout sauf prêt, que je n’ai rien compris. Mais en beau con incapable de voir la vérité en face, c’est à peine si je le comprends, c’est à peine si je le conçois et c’est bien là le pire. Comme si elle lisait dans mes pensées, Heidi suggère une porte, une possibilité avec ma cadette, et avec un peu de chance, dans un éclair de génie, je l’écouterai sur le moment venu. « Si toi-même tu le dis, c’est que ça doit être vrai. » l’amour de son frère pour elle n’avait pas de secrets pour moi non plus, et je savais à quel point Heidi avait elle-même été aux prises avec des comportements venant de Matteo qui frôlaient de beaucoup la façon que j’avais d’agir avec Ginny. De ce fait, son avis compte, et je jure que j’en tiens rigueur, les prunelles perdues dans le vide, sur cet appartement que je découvre pour l’une des premières fois, que je prends vraiment le temps d’observer, alors qu’aux autres reprises où j’ai pu venir, j’ai profité simplement de la présence de la jeune femme sans regarder à mieux.  Et je m’excuse, parce que même si ça fait mal de voir qu’on en est rendus là, c’est la moindre des choses. J’ai pas été habile dans la façon où je lui ai lancé la sensation qui me brûle de l’intérieur, et lui cracher du venin à la figure ne règlera en rien la situation. Pourtant, même si sur papier il s’agit de la meilleure façon de poser les bases selon elle, ce n’est pas tout à fait ça non plus. Ma voix n’est pas aussi légère, mon regard pas si libéré, ma facilité légendaire à ses côtés a de beaucoup diminué. Alors je force la note, je tente de sourire à son énumération de nous deux, de ce qu’on avait vécu, de nos souvenirs, qui finalement me fait plus de mal que de bien. C’est probablement pourquoi ma pique sonne si faux, alors que de base elle était toute bien réfléchie pour désamorcer la situation, pour la faire rire, pour repartir sur les bases des deux adolescents qu’on pouvait être lorsqu’on était que tous les deux. « Pas si vite, j’ai aucune assurance que t’iras pas bavasser à Ben que je suis passé te gueuler dessus, ou à Ginny que j’ai cogné son amour de jeunesse. » mine faussement sérieuse, rire qui tarde à monter. « Quoi, too soon? » si de base ç’aurait été mon drapeau blanc, amende honorable finale que j’agitais sous ses yeux, la réalité est entièrement différente et laisse un goût amer sur ma langue. « Ça va revenir... » l’hésitation me fait mal, maintenant que je tente autant de me convaincre que de la rassurer. Avec de la volonté et du temps, tout revenait de toute façon, non? « … c’est juste que j’ai besoin de temps pour pas voir ce qui est arrivé comme ce que c’est pas. » comme une attaque à moi, à Ginny. Comme une façon de prendre parti du côté de tous ceux qui se sont fait plaisir de me mettre les malheurs de ma soeur et sa presque mort sur les épaules depuis des semaines. Comme une manoeuvre hypocrite de rester dans mon entourage tout en passant les infos croustillantes à mon pire ennemi et qu’il puisse s’en charger contre moi à la première occasion possible. « Pour digérer la sensation aussi. » la trahison, pure et dure. Je sais maintenant à la voir que toutes les manigances que j’ai pu m’imaginer sont fausses et qu’elle n’a pas prémédité de me faire mal à ce point, mais le résultat est le même, et autant pour elle que pour moi, je crois qu’une pause est nécessaire. « C’est bien parce que c’est toi que j’en ri. » un rire nerveux, un rire que j’aimerais bien contrôler et qui semble être tout sauf à propos ici, mais qui sort tout de même, et mal. « Considère que t’es parmi les privilégiés qui ont accès à un traitement de faveur. »  même Tad, que je connaissais de si loin, qui avait depuis toujours été l’apothéose de la non-malice aurait facilement pu se retrouver la tête dans l’étau si je m’étais écouté le jour où je l’ai croisé. Elle a un passe-droit, elle a ma rancoeur, ma rancune que je mets on hold, et c’est probablement ce qui nous sauvera, un jour.

« Je dois aller prendre l’air, Heidi. » de longues minutes passent avant que je termine mon verre, que je me rende à l’évidence, que je lâche la conclusion, pensif. Retourner dans la réserve du café ne me branche pas particulièrement, mais j’ai bien l’impression que plus je reste ici, plus je me fais du mal, je nous fais du mal. « Je… on se voit plus tard.  » et c’est dans un geste las que je finis par me lever, accuser mon départ d’un signe de tête, tenter une approche comme tant de fois avant, que je retiens au dernier moment. Ça suffit Matt, rentre chez toi.

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