J'ai l'impression d'avoir sa sueur sur moi, sa salive collée à mes lèvres. Me laver ? Me battre ? Ce qui est sûr c'est qu'à présent à onze heures du soir, je suis réveillée et en sueur. J'ai l'impression d'avoir fait une séance de sport à taper dans le punching ball. Je ne pense plus sereinement. Je me lève et manque de me cogner le pied dans le pied du lit ce qui me rends encore plus mal. Je m'étais endormie tôt ayant beaucoup de nouveauté et donc de nouvelle chose à gérer dernièrement. Usée je l'étais, fatiguée aussi, mais les cauchemars ne s'envolent pas, car on le veut. JE le veux tellement fort que ça devrait pourtant être partie. Ça fait cinq ans que cela me fait pousser des cris de rage et de peur durant la nuit. Que je me retrouve à devoir évacuer la haine de mon être tout entier pour être paisible. Alors, que je quitte ma chambre, je vais à la seconde chambre. Je sais exactement ce que je veux. Épanouir mon envie de frapper. Je me concentre même plus quand je fais glisser mes bandes sur mes mains frêles et déjà abimé à cause de coup donné dans la journée. J'ai un trop plein d'énergie et comme toujours je ne connais que très peu de solution pour les faire taire. Les gants enfilés, je cogne de toutes mes forces, coup de genoux, coup de point, uppercut et compagnie. Tout y passe. Je n'aurais terminé que quand je serais à terre et complétement démuni de toute cela. Je me laisse aller, je sais qu'à force je vais m'user les mains de façon à m'empêcher de taper dans le punching ball, qu'il me restera plus qu'à aller courir, qu'à faire autrement pour me dépenser. C'est ça que j'aime dans la boxe en salle, je peux frapper mon partenaire. Actuellement c'est Mikel qui m'aide le temps que mon professeur assigné ne revienne de congé. Une fois le mal passé, du moins en partie, je me relève, pour aller jusqu'à mon téléphone.
SMS à OONA : Si tu es réveillée, j'arrive …
Je n'attends pas de réponse de ma tante à ce moment précis. L'idée d'aller la voir est née comme ça dans mon esprit. Elle est souvent en train de composer de nouvelle recette ou autre vidéo. Elle s'est lancée dans un blog, chose que moi je n'aurais plus le courage de faire. Je ne serais pas me retourner sur le monde qu'est internet. Violent et écœurant, rien que d'y penser je me sens sale, revoyant les commentaires haineux contre moi après la vidéo de mon propre viol. Les mots ont fait écho en moi plus jeune , mais malgré les années ça fonctionne encore. C'est comme une lace bien aiguisée qui plonge encore encore dans mon âme, dans mon coeur pour me mettre à terre. Alors parfois je tiens, la tête forte élevée et tout, mais ce n'est pas facile tout au contraire. Enfin, je laisse glisser l'eau sur ma peau, fermant les yeux, frottant mon être tout entier, prenant soin de particulièrement frotter mes lèvres. Me laver me fait du bien sans vraiment le faire, je le sais parfaitement, mais c'est un rituel après un cauchemar je ne me rendors jamais sans être passé par l'étape d'une bonne douche. Je me faufile hors de la douche en enroulant une serviette autour de mon être, alors que je me penche pour lire le message de ma tante. Juste un cœur, je sais qu'elle est donc réveillée et apte à ce que je m'incruste chez elle. Elle est moins étouffante que ma mère. Maman est sans cesse en train de me demander quand je compte rencontrer à nouveau des hommes, un mec surtout, un bien , ça m'aiderait. Mais en quoi ? Enfin, je me séche et je m'habille.
Je suis dehors à présent, un sweat oreille de panda avec la capuche dressée sur ma tête et un jogging. Je marche et je n'ai pas forcément peur, surtout qu'avec Oona, ma tante, nous vivons exactement dans le même quartier Toowong. Les étoiles brillent dans le ciel alors en marchant je les contemple, un sourire mécanique sur mes lèvres. Mon esprit évacue complétement tout, je me sens bien, mais pas mieux. C'est compliqué à expliquer. Arrivant devant la maison de ma tante, je rentre à l'intérieur avec les clefs qu'elle m'a passé pour me laisser parfois venir m'occuper des fleurs. J'ai toujours besoin de la magie des fleurs, de la bonté de ces plantes qui vivent dans son jardin. « Je suis là!» Je vais à la cuisine et une fois ma tante face à moi, je me plonge dans ses bras. Je me sens bien, mon sourire apparaît enfin, le vrai, celui illuminant mon visage de petite poupée. Je sers un peu les dents retenant des larmes, car ce câlin me rappellerait presque celui du soir où ma vie à basculer dans ce qu'on peut trouver de pire dans ce monde, la lâcheté et la méchanceté des autres. LUCKYRED
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blaze & tata oona
Le silence. Précieux ami, tendre compagnon. Difficile à trouver, il l'est encore plus à garder. Il n'y a que le bruit du vent qui fait bruisser les feuilles dehors, le grattement du furet sur le parquet, signe qu'il en approche vers mon laboratoire. Laboratoire, autrement dit, la cuisine. Accoudée sur le comptoir en pin et sa tablette de zinc lustré qui refroidit mes avants-bras, j'attends la bestiole remuante qui termine sa course à mes côtés. « Salut toi, tu viens m'aider à trouver une nouvelle recette ? » Un petit museau humide qui trouve sa place dans le creux mon poignet, affectueuse démonstration. Un sourire rehausse mes lèvres vers le haut et je griffonne quelques mots sur un bloc-notes. Framboise, mûre et champagne. Très peu de secondes pour noter plus que le vibreur de mon téléphone me distrait de mes interrogations culinaires. Un message de ma douce poupée. Si tu es réveillée, j'arrive... Comme un code secret, que nous sommes les seules à comprendre. Cette maison, ce jardin, les trois seuls résidents y sont son refuge. La vie est une chienne parfois, à mordre, à laisser des traces. Il y a de celles qui disparaissent avec le temps et il y a celles qui s'inscrivent sous la peau, qui ne s'effacent jamais. Indélébiles. La poupée de porcelaine a été brisée, de nombreuses fois, des plus terribles des manières. Quand on touche autant au corps qu'à l'âme, quand le consentement n'est plus et que l'on force la porte d'entrée. Et je fus l'élue, cette nuit-là, appelée à venir secourir cette âme déchirée, éclatée en mille morceaux. À regarder ce visage pâle, ce regard éteint, ce corps parsemée d'hématomes. Cette femme faite marionnette de la folie des hommes. Ébranlée ne fut pas assez fort pour décrire mon état.
D'une main, je caresse la petite tête poilue de l'animal, de l'autre, renvoie simplement un cœur à travers le téléphone. Elle viendra, c'est certain. Son havre de paix est au numéro onze à Toowong. La descendante de son aîné est comme une flamme sous les cendres. Elle sentait éteinte, parfaitement oubliée, mais se ravive lorsque le moment y est propice. La gamine a décidé de revivre, de recommencer, malgré cet épisode, malgré d'autres obstacles innommables de la part de gens que l'on considère comme des êtres humains. Elle a décidé de se battre, dans tous le sens du terme et cela n'aurait pu me rendre plus heureuse. Cette petite lueur que j'ai vu envahir son regard, c'était comme un infime rayon de soleil qui entre par une fenêtre presque close, qui trouve sa place et qui finit par prendre tout l'espace.
Je jette un coup d'oeil au petit mustélidé qui s'amuse à mordiller mon pouce, joueur et finit par siffler. Une fusée noire et blanche ne met que quelques secondes à se ramener dans la pièce, se jetant presque contre mes jambes. Avec un éclat de rire, je viens passer mes doigts dans la fourrure douce et en pétard de la bête. « Les mecs, ce soir, on se tient bien. Blaze est en route. » Les oreilles aux aguets, le regard doré de Bobby qui se darde dans le mien. Ce chien est beaucoup trop intelligent pour son propre bien. Un tiroir plus loin, je laisse un biscuit pour chaque animal, qu'ils s'empressent de dévorer comme des malpropres. « Je croyais avoir dit de bien se tenir ? Une demoiselle s'en vient chez nous, bande de malappris. » Le temps de réfléchir à quelques autres associations de saveurs, de noter quelques dates importantes sur mon agenda, de boire une gorgée de la bière qui commence à tiédir sur le comptoir, que le bruit de la clé qui débloque la serrure se fait entendre. Le duo animal délaisse la cuisine pour se rendre à l'entrée et j'attends l'arrivée de la poupée. Je suis là ! Il n'y a qu'elle et Dan qui possèdent l'accès à cette maison. J'attends qu'elle apparaisse, tout en blondeur lunaire si fidèle à la famille, avec ses grands yeux de biche et ses lèvres pleines. Et elle fuse dans mes bras, comme à son habitude.
Je sers cette poupée si délicate qui pourtant se recolle de plus en plus au fil des jours. Devient de plus en plus forte, au fil des semaines. Un baiser dans ses cheveux, peu importe où. « Salut ma jolie. Tu sens..la pêche ? » finis-je par murmurer contre sa tête avec un rire. Puis je me recule d'elle, un sourire sur les lèvres avant d'aller chercher deux tasses dans une armoire. « Comme d'habitude ? » Tout cela avec un clin d'oeil. Elle sait très bien que quand ses pas l'amènent ici, c'est toujours avec un chocolat chaud maison qu'elle est accueillie.
Ce qui est parfois dur dans ces moments-là, c'est que je ne sais jamais si c'est mon esprit qui me fait complétement délirée ou bien si je rêve. Car tous mes sens se souvienne pleinement et horriblement de la moindre chose. Les mains rugueuses me caressant, mes yeux blottis dans une noirceur si écœurante, ces odeurs d'alcools, de sueur se mélangeant à ma douce odeur qui m'a toujours bercé, le gout du sang filtrant après le coup que j'avais pris pour m'être défendu, leur voix écrasant presque la musique de la fête se donnant à quelques pas de nous. Les jours défilent, mais je suis toujours cette feuille brisée par le vent, par un pied qui n'aurait jamais du la frôler, brisée par la vie en soit. Je me bats et je tente de garder la tête haute, mais c'est aussi difficile de le faire que de le dire. Parler de tout cela est une merde pas possible. J'ai trop peur, trop honte et pourtant, je le sais je ne devrais pas avoir à ressentir ce genre de chose, mais c'est ainsi, les autres, les internautes de la vidéo du pire moment de ma vie ont fini par avoir raison de ma culpabilité. Je ne me sens pas coupable, mais je me sens atroce d'avoir pu rencontrer virtuellement des personnes si horribles en plus de celle m'ayant brisé et volé un bout de mon âme. Alors, je tape chaque fois dans le punching ball, chaque fois qu'un truc ne va plus, que je ne contrôle plus une chose dont j'ai besoin de contrôler. Alors, je souffre physiquement ce qui me fait oublier la douleur psychique et ça c'est une bonne chose, une très bonne chose.
J'ai beau taper, vivre, survivre je ne parviens pas à faire en sorte de cesser de me sentir sale, complètement détruite. Ma mère a du mal, elle ne comprend pas, elle voudrait que je sois vivante souriante et que je me pose, que je trouve un homme bien. Mais je me le demande encore, cela existe il encore ? La réponse dans ma tête est clair: peut être, mais j'en ai clairement rien à faire. J'y pense sous la douche, j'y pense, j'aimerais faire plaisir à ma famille, mais c'est dur, horrible. Je m'efforce de survivre, de me créer une vie dans celle que j'ai déjà eu. J'ai dû en avoir trois depuis ma naissance. Mon viol fut la fin d'une partie de mon âme, le passage à tabac fût la seconde fin d'une énième vie et la perte d'un enfant inconnu fut le coup de pute que la vie m'avait tendu. Comment croire au destin ? Sinon, j'ai vraiment un karma de malade, faudrait surtout que je meurs sur place. Ce n'est même pas mon propre choix de mourir qui me brise, le fait que je sois devenue faible pour des personnes si crétines, si inutile, mais le tout, un schéma qui fait de moi une pauvre petite chose que je me refuse toujours à être.
Je ne mets jamais très longtemps avant de rejoindre mon nouvel appartement à la petit maison, mignonne et totalement semblable à ma tante, je mets quelques minutes. Le même quartier, je ne l'ai pas fait exprès de choisir cet appartement, ou alors inconsciemment. Elle est d'un grand soutient depuis bien des années, elle est comme une meilleure amie, comme une sœur, mais elle est surtout ma tante, la jeune sœur de mon père que ce dernier décrirait sans doute comme une catastrophe ambulante tellement elle était douée pour faire de petites bêtises inattendues comme foutre le feu. J'aimerais lui ressembler plus tard, elle est une personne sûre d'elle, qui n'a pas besoin d'entre dans le moule et elle me prouve qu'on peut être bien sans un homme, même si je me doute qu'elle n'est pas une nonne, heureusement pour elle. Je n'irais jamais reprocher un rapport sexuel à une quelconque personne tant que c'est consenti, je m'en tape. Je rigole, ce rire s' étouffe dans la chevelure de ma tante et je me décale pour la voir. « Oui sans doute … je viens de me doucher, mais promis la prochaine fois je viens toute dégoulinante de sueur !» Je lui lance un clin d'œil et d'un revers de main j'efface la peine qui a pu y avoir sur mes joues. « Comme d'habitude !» Répétais-je en la suivant du regard, prenant place sur l'un des tabourets entourant l’îlot central de sa cuisine. Je regarde un peu partout. «Tu créais une nouvelle recette ?» Là elle peut voir la malice apparaître dans mes yeux, des yeux pétillants de malice même. Je vais l'aider et elle le sait d'avance. LUCKYRED
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blaze & tata oona
Je me souviens comme si c'était hier, de son arrivée dans nos existences. Une petite chose fragile, quelques cheveux de blé parsemés ici et là sur un minuscule visage. Deux grandes mirettes bleues, pétillantes d'une vie qui commence à peine. Elle était si petite, si délicate. Il aurait suffi d'un rien pour la briser, la laisser glisser, filer d'entre nos bras. Les visages fatigués, épuisés, des heureux parents. Mon aîné n'ayant été qu'un amas d'angoisse, d'espoir, de bonheur, impossible à se faire se figer quelques instants. Et Blaze était arrivée, si jolie. Pourtant, c'est une femme que je tenais entre mes bras, une femme que la vie avait décidé de ne pas épargner par les obstacles. De sombres tâches clairsemées, venant se rajouter les unes aux autres. Et la perte de son âme, un long moment. Disparue avec les rires infâmes de ses agresseurs, prenant l'impuissance d'une femme à leur avantage. Tirer son plaisir de la peur et de l'agonie des autres. Une femme qui avait ravivé la flamme de la vie, qui avait décidé qu'il fallait se battre, qu'il fallait avancer. Qui avait fait l'effort de tourner la page, continuer, sans oublier pour autant. Parce que je savais pertinemment qu'ils étaient toujours là, quelque part. Des silhouettes noires tapies dans un coin de sa tête, resurgissant aux moments opportuns. Et Dieu sait que j'aurais voulu effacer tout ceci de sa mémoire, rayer à jamais ses souvenirs disgracieux, soigner correctement ses blessures.
Elle rétorque vivement à ma question, me laissant le temps de lever les yeux vers le plafond. « Sans façon. La cage du furet et le poil humide de Bobby me suffisent largement ! » Les désavantages de posséder des animaux, comprenez. Ils sont vifs, malicieux, compréhensifs et remplis d'amour, je le concède. Mais le nettoyage, c'est tout de suite moins sympathique. Cependant, je laisse ces pensées plus loin pour me concentrer à nouveau sur la demoiselle contre moi, que je finis par repousser doucement afin de lui proposer notre boisson préférée. Après les tasses, voilà le tour du chocolat, déjà préparé en sucettes dans une étagère. À bas la poudre de cacao industrielle. Déposant une de ces précieuses gourmandises dans leurs récipients et versant le lait frais à l'intérieur, je ne peux que laisser échapper un sourire à sa question. Blaze me connait par coeur, elle ne sait que très bien ce qui m'arrive le plus souvent de faire lorsque je me retrouve seule chez moi. Créer, créer encore, imaginer de nouvelles recettes. Mélanger les saveurs et les parfums pour découvrir d'innovantes créations culinaires. « Effectivement ! Un nouveau dessert pour la carte. Framboise, mûre et champagne, qu'en penses-tu ? »
J'observe le lait bouillir doucement avant de le verser dans les tasses et d'en tendre une à la jolie poupée qui accompagne cette nuit. « Je réfléchis encore à la forme que ça prendra, j'hésite entre une verrine ou quelque chose de plus complexe, comme un mille-feuille ou une coque garnie. » Il est toujours compliqué pour moi de trouver quelle silhouette prendra ma recette. J'aime trouver de nouvelles idées, surprendre mon entourage, créer l'illusion d'une chose pour que l'on en découvre une autre. L'habitude me lasse vite. « Et j'apprécie toujours ton avis, ma belle. Mon assistante et goûteuse préférée ! Comment est-ce que tu imaginerais cette douceur ? »
Mon passé m’a clairement volé une part de mon âme, de ma vie et de mes rires. J’en ai conscience, mais ça m’a aussi amené à être faible, puis à redoubler de force. Je ne suis pas forcément forte jusqu’à ne plus penser à ça, jusqu’à affronter mes plus grandes peurs. Parfois, en écoutant certaines personne qui ne connaissent pas mon passé, j’ai l’impression d’être une tarée. Un baiser pour beaucoup ce n’est rien, ce n’est pas plus apportant qu’un homme te pénétrant. Mais pour moi, mes lèvres sont devenues sacrés. Un baiser pour moi peut être plus enivrant qu’une partie de jambe en l’air. Mes lèvres caressant celle d’une autre personne, ma langue venant danser et virevolter au rythme de nos cœurs, c’est une manière de faire un avec l’autre personne comme pour le sexe. Mais le sexe pour moi est moins important, pas que j’irais avec n’importe qui surtout au vu de ma situation, c’est étrange, je le sais. J’en ai conscience, mais mes lèvres furent les dernières à être violés, les dernières à être sali, alors que je me pensais presque sauver de leur départ. Puis il m’a embrassé laissant sa langue caresser la mienne, j’ai encore et toujours l’impression d’avoir son haleine se confrontant à la mienne parfois, ou encore sa langue caressant la mienne, alors que mon être entier tremblé sous ses mains. Tout ça, je ne peux l’oublier, mais je me pense forte, prête à combattre bien des choses. Je le suis, mais je ne suis pas imbattable, je reste humaine et je suis loin de l’oublier.
Je crois les bras en souriant à ma tante de mes dents blanches tout en secouant la tête. « Oh donc je suis placée à la même hauteur qu’eux ? » Je les regarde à tour de rôle, le chien puis le furet. « Désolée les gars je vous aime, mais quand même ! » Je lâche un petit rire et ça me fait du bien. Je ne suis jamais stressée ou en proie à ma propre peur avec ma tante. Mes parents c’est compliqué, pourquoi ? Mon père dans son regard je le vois trembler pour moi, ça me rend triste et mes rires ne sont vraiment jamais réels, ils sont forcés et pourtant j’ai envie de rire de bon cœur avec lui. Il me manque et pourtant il est là. À chaque instant mon père est là. Mais il a fallu me perdre et cela le tue, cela le tue de ne pas avoir eu le droit de les tuer de ses mains, cela le tue que le fait d’avoir perdu un enfant me fasse souffrir. Tout ce que je ressens le tue, alors je me taire, je me tais aussi et j’oublie mes maux, mais en vrai je parvins à les affronter avec cette fureur blonde qu’est ma tante. Ma mère est formidable, elle oublie ce qui m’est arrivée, mais il faut un juste milieu et elle ne l’a pas. Elle me voudrait voir avoir des enfants, j’en ai perdu un dont je n’avais même pas connaissance. Elle me voudrait blotti dans les bras d’un homme avec un sourire illuminant mon visage, mais je ne suis pas prête. Je ne le sens pas. Les hommes, je les regarde, parfois j’imagine une vie avec eux, mais je frémis et s’il était horrible ? Alors, je prends peur. J’ai peur. Mes yeux flirtent avec les gestes d’ Oona et je laisse un sourire venir effleurer mon visage. « J’en pense que ça me donne faim … et que le mélange pourrait me donner un orgasme ! » Les orgasmes j’en ai eu depuis que je me suis faite violée … ils ont tous étaient produit par un plat, un dessert de ma tante. Autrement rien.
« Merci ! » Que je lui dis en prenant le chocolat chaud dans mes mains. Je serre mes mains autour de la tasse qui laisse sa chaleur m’envouter un instant, fermant les yeux et expirant délicatement. Je me sens bien, l’odeur vient taquiner mon nez et je finis par ouvrir les yeux. Mille-feuille. « Mille-feuille ça m’a l’air parfait dans ma tête ! » Le mille-feuille est sans doute mon dessert préféré, je suis très gourmande. Je la regarde déposant mon regard dans le sien, avant de prendre une gorgée de mon chocolat qui était à la parfaite température, ni trop chaud, ni trop tiède. Parfait, tout bonnement. Le nirvana se trouve actuellement dans ma bouche et je soupirs de plaisir. « C’est toujours aussi bon ! » Disais-je amusée. « Moi je teste sous forme de mille-feuille, de coque garnie ou en verrine ! Voir lequel m’éclate en bouche tout en me faisant prendre un pied d’enfer ! » Je pince mes lèvres et je ris un peu. « Ça me fait du bien d’être ici, au bout de dix secondes j’oublie tout …. Alors toi ou cet endroit qui est magique ? » Que je lui demande tout en venant poser ma main sur la tête de Bobby. « Je ne t’ai pas dit, mais j’ai trouvé un chaton et je l’ai adopté … » J’étais fière de moi, de m’engager dans cette aventure.
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Je me rappelle si bien les jeunes années de ma poupée. Assise sur le comptoir de la cuisine, les jambes pendouillant dans la vide, les yeux dardés sur les produits étalés à travers le plan de travail. De nombreuses fois, elle était venue observer mes faits et gestes, l'estomac grondant de la jeune fille d'à peine quinze ans, affamée par les parfums qui se répandaient dans la pièce. Et à chaque fois, elle finissait une cuillère, une fourchette à la main, à déguster mes nouvelles créations, ravie, les sensations aux maximum. Elle restait honnête, dégainant compliments ou critiques acérées sur mes plats, me donnant toujours plus de raisons de continuer à expérimenter, à modifier, à imaginer encore, à faire toujours mieux. Porthos était le savoir-faire, les règles conservatrices et professionnelles, Blaze était la réalité de la clientèle, le résultat final, tant attendu, lorsque les plats étaient servis. Je n'avais jamais douté de son goût, de ses expressions, je m'étais toujours adaptées à ses dires et ses conseils de "goûteuse" inexpérimentée en matière de connaissances culinaires. Elle suivait son instinct, ses envies, ce qu'elle ressentait en mâchouillant, en laissant glisser les saveurs et les odeurs à travers elle, savourant lentement ce qui se trouvait entre ses lèvres. Et c'était indispensable à mon progrès, à mon évolution. Avoir un aspect critique imperturbable, impartial. Ce qui donnait cet unique avantage à mon travail, comparé aux autres restaurateurs qui ne comptaient que sur leurs expériences passées, sur les écrits des livres des plus grands chefs. Je visais l'excellence et l'innovation, la nouveauté, la découverte d'autres choses pour surprendre mon public, mes clients. Et la jeune femme à mes côtés était un atout indispensable à cela. Elle était toujours à mes côtés comme j'étais toujours aux siens. Parce que nous étions une famille, des amies, des âmes proches et inséparables, malgré les douze années qui nous différenciaient.
J’en pense que ça me donne faim…et que le mélange pourrait me donner un orgasme ! Je laisse échapper un rire, amusée par la franchise de ma nièce. Jamais de pincettes entre nous, jamais de tabous. Toute la vérité, rien que la vérité. « Je vais noter ça quelque part, on pourrait presque en faire un nom accrocheur, n'est-ce pas ? Orgasme dévastateur, ça en jette hein ? » répondis-je, hilare. Elle me remercie entre attrapant sa tasse et je reviens rapidement rajouter une poignée de petits marshmallows sur le dessus du breuvage, pour la forme. Et aussi pour la gourmandise. Lorsque je prononce le mot mille-feuille, je vois pétiller ses yeux. Son dessert préféré. Je me souviens des trop nombreuses fois où elle est venue quémander cette douceur, l'air candide, insistant jusqu'à ce que je n'en puisse plus et que j'accède à sa demande. Un soupir de plaisir après la première gorgée et je ne peux que sourire. Lui faire plaisir est toujours un immense bonheur à mes yeux. La moindre petite chose qui peut l'aider à aller mieux, à la faire oublier, est un petit pas de plus. Puis elle continue en me disant que peu importe la forme, elle est prête à tester la recette, quel que soit le résultat. Blaze tout craché. Je pouffe un peu, piquant une des petites guimauves avec mes doigts avant de l'enfourner rapidement dans ma bouche. « On partira d'abord sur un mille-feuille alors, j'essayerai les autres après. Peut-être une tuile de framboise pour faire la séparation entre les couches et une crème pâtissière mûre-champagne ? » Revisiter les classiques, c'est mon délire. Trouver une nouvelle manière d'arranger des plats cultes dans le monde de la cuisine, c'est trouver une nouvelle façon de sublimer les composants de base. Et la plupart du temps, c'est grâce à elle que les idées me viennent. Son visage délicat et ses sourires sont inspirants. Cette douceur et cette fragilité dissimulée que l'on retrouve dans certaines de mes recettes signature, c'est elle. Ça me fait du bien d’être ici, au bout de dix secondes j’oublie tout …. Alors c'est toi ou cet endroit qui est magique ? Et ça fait du bien au coeur, ces mots là. C'est ce qui prouve que ça marche, qu'elle respire, qu'elle peut relever la tête hors de l'eau, ici. Je bois une gorgée du chocolat, appréciant la teinte suave et sucrée descendre le long de ma gorge puis réponds avec un franc sourire. « J'imagine que c'est un mélange des deux. Tu es chez toi, ici, tu le sais, tu le seras toujours. » Char vient grimper sur mon épaule, venant se prostrer dans le creux de mon cou, rajoutant de la chaleur à mon organisme. Elle m'explique ensuite qu'elle a trouvé un petit chat, qu'elle a choisi d'adopter. Je lui renvoie un signe du pouce, la bouche toujours tournée vers le haut. Très bien. « Mais c'est génial ! Les animaux, ça fait un bien fou, regarde moi avec mes deux hommes poilus, on rigole bien. Tu verras, c'est la meilleure expérience que tu puisses vivre. C'est de l'amour au quotidien ! » Je termine enfin, caressant le pelage brun de mon petit mustélidé du bout des doigts, sa truffe humide venant serpenter vers mon oreille, de temps en temps. « Comment tu l'as trouvé ? Il était abandonné ? »
Oona la femme accomplie, elle est une tante formidable et passer du temps avec elle me fait parfois oublie, l’enfer que j’ai vécu, l’enfer que je vis encore. Mais pas seulement Oona est une bonne oreille, elle est attentive et toujours présente que mon petit cœur flanche, quand je commence à me montrer totalement renversée par la situation. Rien n’est simple depuis ce maudit, ce jour où j’ai du tout changé dans ma vie. Le jour où j’aurais surtout du lever la tête, mais je venais d’être bafoué et la famille était la seule chose qui comptait encore à ce moment précis. Pleurer et laisser mes larmes brûler ma peau avait été l’une des choses que j’avais été capable de faire. Oona ma reine de mes bon songes avait su me rassurer, elle était parfaite, prête à tout pour moi, mon cœur s’est remis à battre en la voyant. Elle m’avait ressuscité de cette satanait nuit. Elle aurait pu être une grande sœur et non pas seulement ma tante. Elle était un tout dans ma vie, car elle était dans ma famille, mais aussi elle avait su prendre une place considérablement importante dans ma vie. Telle une meilleure amie. Elle était la bonne oreille, la bonne personne avec qui je pouvais lâcher mes mots, lâcher ma peine ou encore dépeindre toutes ces sensations que j’avais quand je rêvais, quand j’avais la sensation de perdre pied, que je m’enfonçais dans des abimes qui m’effrayait, qui me donnait envie de courir, mais que j’étais coincée.
Je peux tout faire devant elle, me mettre à nue physiquement comme psychiquement je sais que rien ne pourra l’ébranler tout comme son amour ne disparaîtra pas si jamais un jour je fais une erreur. Et je suis sûre d’avoir fait des erreurs, une surtout. Celle que mon père me reproche encore par des regards, la peur de perdre sa seule fille, son enfant chéri. Les mains et les idées de ma chère tante étaient des ressources sûre pour laisser la talent d’abord brut, mais surtout aiguisé à présent nous concocter des choses aussi ravissante que délicieuse. Alors que l’une de ses créations se nomme : Orgasme Dévastateur n’est pas une chose qui m’étonnerait pour le coup. « C’est plus qu’accrocheur, tu vas faire un tabac avec ce genre d’accroche ! » Je souris et je capte ses pupilles quelques minutes en pinçant mes lèvres. « Tu tiens le bon bout avec cette nouveauté … » Puis j’ajoute. « Comme toujours. » Je lui offre un sourire. Ce sourire on ne le voit pas souvent. Je souris pourtant, mais je ne suis pas non plus la personne la plus joviale du monde et j’en suis bel et bien au courant. Très même. Je dépose mes coudes sur le rebord du centre de la cuisine, le sourire aux lèvres, je soupire en déposant ma tête sur mes mains. Je crois que quand elle me parle de nourriture, j’ai toujours l’impression qu’elle me raconte une belle histoire, un conte de fée, j’y crois, pourtant, je sais que ça n’existe pas et que je ne suis pas prête-moi d’en vivre un … puis je m’y refuserais à vrai dire. Puis je reprends ma tasse, laissant le fruit du boulot d’Oona glisser sur mes pupilles gustatives. Comme c’est bon, comme je pourrais fermer les yeux et laisser tout ce qui me hante s’enfuir, comme ça, en un claquement de doigt. « C’est à moi ça ! » Que je bougonne en râlant un peu quand elle me pique une guimauve pendant que j’avais les pensées ailleurs, loin d’elle, mais jamais très longtemps, sans doute la magie que possède Oona. « J’imagine les couleurs et le rendu dans ma tête et c’est tellement magnifique … va savoir pourquoi, mais j’imagine bien un jolie rond plutôt qu’un rectangle … ça sera encore plus exceptionnel puis je ne demande si tu en serais capable ! » Lâchais-je amusée. Elle est capable de tout faire de toute façon et je n’en douterais jamais. Je souris à la réponse de ma tante et je laisse mes épaules se lâcher. Ça me fait du bien. « C’est chez moi ? » Je souris, ce n’est pas une réelle question, il faut surtout attendre la suite pour comprendre. « Non, car mon chez moi c’est toi, maman, papa …enfin ceux qui compte pour moi, alors peu importe où vous serez avec vous, je serais chez moi ! » Je sens les larmes et pour le coup, je me maudis d’avoir décidé de dire une chose pareille, ça me va jamais de laisser aller mes émotions, car je suis sensible et fragile, mais je le montre tellement peu que quand je le fais tout craque, tout me plonge dans des angoisses obscures sans que je comprenne pourquoi. Puis j’en viens à parler de Koda. Je suis heureuse de l’avoir avec moi, vraiment. « Je suis heureuse de me dire que je suis capable de m’occuper d’une autre personne que moi ! » C’est comme une grande promesse pour l’avenir et j’adore ça. « Je ne sais pas il était dans la buanderie commune de l’immeuble, il est sorti de nulle part comme un petit pacha. Il a une couleur d’ourson ! » J’ai les yeux qui pétillent en disant cela, j’ai toujours adoré les ours. C’est doux et dur à la fois. Une image sauvage et douce à la fois. J’adore ces derniers. « Du coup devine comme je l’ai appelé ! » Bon, j’ai eu de l’aide, j’y aurais pas pensé moi-même , mais ce nom fût comme une évidence même.
Il n'y avait jamais eu aucun tabou entre nous, depuis toujours. Aucun complexe, aucune zone d'ombre. La vérité, quelle qu'elle soit, toujours. Qu'elle ravisse, qu'elle fasse mal, qu'elle déçoive. J'avais toujours considéré ma nièce comme cette délicate poupée de porcelaine que l'on a presque peur d'exposer à la lumière, de peur que cela entache sa beauté. Et pourtant, j'avais du la laisser vivre ses expériences, s'exposer à l'extérieur, découvrir le monde par elle-même. Quitte à en voir le côté sombre, quitte à en perdre une partie de son âme. Tout en sachant que je serai là, quoi qu'il arrive, que ma main serait tendue vers elle, que ma maison serait son refuge, que mon affection pour elle restait indéfectible. J'avais été l'épaule sur laquelle elle a pleuré, les bras dans lesquels elle s'était blottie, le lit dans lequel elle s'était endormie de nombreuses fois, l'oreille dans laquelle elle avait déversé ses peurs et ses peines. Et cela n'avait fait que renforcer notre tendresse l'une envers l'autre, à travers les mois. Malheureusement pour mon aîné, sa fille s'était tournée vers moi dans ses moments les plus obscurs. Parce qu'elle avait certainement du voir quelque chose dans ses yeux, un certain jugement, quelque chose qui l'avait fait fuir pour ses retrouver chez moi. Je ne pouvais blâmer mon frère pour avoir été inquiet, pour avoir eu peur, pour avoir ressenti une pointe de colère envers cet événement que l'on n'aurait souhaité à personne. Mais j'avais préféré rester neutre, juste accueillir un oisillon blessé dans ma maison, panser ses blessures, sans chercher à porter une quelconque opinion sur la situation. Elle n'en aurait pas eu besoin et ce n'était toujours pas le cas. Elle avait juste eu besoin d'une amie, de quelqu'un de confiance et c'est ce que je lui avait apporté, depuis le début. Ma petite poupée toute craquelée.
Et cette poupée était beaucoup trop enthousiaste quand il s'agissait de nourriture. Et surtout de desserts. Je voyais ses yeux briller, les pupilles presque dilatées d'anticipation. Et ses compliments me firent sourire à nouveau, comme si rien ne pouvait faire retomber mes lèvres vers le bas lorsqu'elle était à mes côtés. « J'imagine que j'aurais nettement plus de clients si je commençais à utiliser ce genre de noms pour mes plats... » répondis-je, goguenarde. Quelle bande de petits coquins que vous êtes. Je porte la tasse à mon visage pour reprendre une gorgée de chocolat chaud, attrapant un marshmallow entre mes dents, laissant fondre la sucrerie sur ma langue. J'apprécie tellement ces moments de calme, de rires, de sérénité dans la cuisine. Des instants qui paraissent comme hors du temps, un petit souffle d'oxygène avant de reprendre le train-train infernal de nos vies respectives. Puis elle me fait part de ses idées concernant le fameux mille-feuille et je note distraitement ces réflexions sur mon bloc-note, notant l'aspect arrondi qui pourrait donner un effet beaucoup plus doux et enjôleur au dessert. « Élémentaire, ma chère Watson. » rétorquai-je avec l'ombre d'un sourire.
Puis nous partons sur le fait de sa présence ici et on commence la séquence émotion. Parce qu'on finit toujours par en revenir à ça, parce qu'on finit toujours par rappeler que nous sommes une famille et que nous sommes unis. Que l'on ne se laissera jamais tomber. Mais ce moment est vite écourté et je préfère retrouver ses lèvres tournées vers le haut. Mieux. Beaucoup mieux. On peut vraiment voir la joie sur ses traits, qui détend les creux formés par la tension sur son visage. Elle est heureuse d'avoir ce petit chaton à ses côtés et je ne peux que comprendre son extase. Mes deux poilus sont une raison suffisante à mon bonheur. Et quand elle le raconte, j'imagine clairement la petite boule soyeuse se balader avec ses grands airs de roi dans la fameuse buanderie, ça me donne envie de pouffer de rire. On dirait Bobby quand il est fier d'avoir fait une connerie et qu'il se promène dans la maison, la queue relevée, les yeux pétillants. Puis elle me demande de deviner comment elle l'a prénommé et j'essaye de faire le lien entre les informations. Chat, ours. Disney ? Je connais ma nièce, elle possède le même amour pour ces dessins-animés que moi. On est comme des gamines devant cette télévision, à regarder ces images colorées défiler, le coeur battant. « Baloo ? Humphrey ? Kenaï ? »
L’obscurité fait partie de tout être vivant. Elle a une grande place en moi. Elle y couve mes peines, mes peurs et ma rage. Toutes ces choses qui sont présente en moi pour me rendre dingue, pour me faire perdre pied. Alors, il est parfois difficile de ne pas me relever, c’est même plus doux de rester au plus bas. Car on est sûr, même peut être trop, que rien ne peut nous arriver. Après tout une fois au sol, rien ne fera mal et encore moins une chute. Mais parfois il est bon de se relever, bon de se battre. Et je suis bien contente que mes proches, Oona, mes parents, ma famille en sommes ont toujours été là pour me soutenir, qu’importe les déboires, les peines. Venir boire ce chocolat chaud en compagnie de ma tante était une chose qui me réconfortait et me détendait à souhait. La regarder imaginer ou encore faire de nouveau plat est une chose qui me passionne, elle est enivrée de cette passion qui me rend toujours souriante. Je crois que mon sourire n’est jamais aussi étincelant qu’au côté de ma famille. Ils sont important pour moi, ils sont une part de moi, sans même peut être le savoir. Bon la bouffe aussi fait partie de ma vie, peut-être un peu trop, heureusement que je suis une sportive qui fait que je sais parfaitement perdre les petits kilos qui osent s’accrocher à moi. « Tu ne serais plus où donner de la tête surtout … avec ce genre de nom... Ou alors tu attirerais les plus pervers du monde ! » Je ris un peu et reprends une gorgée de mon chocolat qui se vide petit à petit. Laissant les marshmallows atterrir dans ma bouche, je les laisse fondre, mais comme souvent, j’ai bien du mal à laisser fondre et je les croque comme une bourrique.
Tous mes problèmes et mes démons surtout sont très loin de moi actuellement, cela me fait du bien comme toujours. La fatigue commence pourtant à tarauder mon être et ce n’est pas forcément plaisant. Mais je tiens à rester avec Oona. On en arrive comme toujours à la séquence émotion, à cette petite séquence qui me donne la chair de poule et que je ne parviens pas à contrôler. Mais ça me fait me souvenir que comme je venais de lui dire, mon chez moi c’est eux, un jour peut être ça sera une famille que j’aurais créé, mais tout de même, rien n’est facile dans cela pour le moment. Je souris, comment ne pas sourire en voyant qu’elle me connait ? Un peu déçu quand même qu’elle n’est pas su trouver Koda. Ce petit ours enfant qui m’a fait craquer : dites à mes amis que je m’en vais ! Je plaide coupable, à chaque fois que je prononce son nom, je me retrouve à chantonner dans ma tête cette foutue chanson, me laissant totalement aller. Et cela n’était pas une bonne chose. Je me retrouve à bailler, l’épuisement commence à faire rage dans mon être, mes paupières batifoles alors que je tente de les garder ouverte. « Non Koda ! » Lançais-je amusée. Amenant ma tasse à mes lèvres, je me rends compte avec tristesse qu’elle est vide. « Y a plus ! » Je souffle un peu et je me dis que moi qui boit un chocolat chaud, ça ne dure jamais très longtemps. Je bois vite, bien trop vite.
Je tombe de fatigue et je me lève donc jusqu’à ma tante « Tu te doutais que comme toujours je finirais dans ton lit, hein ! » Je l’embrasse et la serre contre moi, tout en sentant mes yeux se fermer. « Je te vois demain matin, je crois que tu vas devoir me coucher si je n’y vais pas de suite ! » Je l’embrasse à nouveau et glisse un « Je t’aime !’ » Comme toujours à ma tante. Elle n’a jamais besoin de me dire que c’est naturel, car je dis je t’aime comme un merci, car elle est toujours là pour moi et c’était une bonne chose. Je me rends jusqu’à chambre la laissant à sa cuisine sachant qu’elle va même peut être me suivre par la suite. Je me pose sur le lit, laissant mes yeux rivés sur le plafond, je ne me sens pas partir. Mais finalement, je m’endors, j’espère juste ne pas me réveiller avec un nouveau cauchemar qui me paraîtra bien trop vrai.