The faster we're falling, we're stopping and stalling. We're running in circles again, just as things we're looking up. You said it wasn't good enough but still we're trying one more time. Maybe we're just trying to hard, when really it's closer than it is too far. △
hannah & charlie
Profitant que l’ensemble de ma fratrie ne soit pas à la villa pour la journée et chargé de veiller sur mon neveu, je jouissais de l’usage des pièces communes de la maison, regardant avec Oliver l’un de ses dessins-animés préférés. « Je reviens, pas de bêtises. » soufflais-je en me relevant du canapé pour me diriger vers les toilettes du rez-de-chaussée situées derrière la porte attenante à celle du bureau de Gauthier. Perdu dans mes pensées, je débouclais ma ceinture, déboutonnant mon pantalon dans la foulée. Et alors que je baissais le regard sur la cuvette des toilettes, entreprenant d’ouvrir la braguette de mon jean, je sursautais, faisant un véritable bond en arrière, ne pouvant retenir un petit cri de stupeur qui m’échappait. Reprenant un minimum de contenance, je me rapprochais de nouveau de la cuvette pour y voir la confirmation de ce que j’avais cru apercevoir : un serpent qui baignait dans l’eau des toilettes. Et j’y aurai cru jusqu’au bout, si le petit rire d’Oliver dans mon dos n’était pas venu le trahir. Je me retournais aussitôt pour le regarder alors qu’il s’esclaffait : « T’as eu peur ! » criait-il, visiblement satisfait de sa blague. « Oh tu vas voir. » Comprenant la menace sous-jacente, il avait détallé à la vitesse de la lumière et je m’étais mis à lui courir après, boutonnant mon pantalon en cours de route tant bien que mal. « Si je t’attrape, tu vas m’le payer. » Je trouvais en réalité sa farce plutôt rondement menée, mais il en allait de ma fierté d’Oncle de lui montrer qui commandait ici. Et pour sûr, si je me laissais impressionner par un vulgaire serpent en plastique, toute mon autorité serait remise en question. Du haut de ses trois pommes, le petit courrait avec une agilité déconcertante dans le salon, entreprenant des virages incessants qu’il m’était difficile de négocier avec la même souplesse. Pourtant à force de volonté, je gagnais du terrain sur le garçon, quand le drame se produisait. J’assistais à la scène, comme au ralenti, anticipant ce qui allait suivre avant même de le voir : Ollie qui se prenait les pieds dans le tapis du salon, perdant l’équilibre pour venir heurter le rebord de la table basse en verre qui trônait devant le canapé, son menton amortissant le choc. Je me précipitais après du petit garçon qui, déboussolé par la violence du choc, eu un petit temps mort avant de se mettre à pleurer, réalisant à retardement la douleur qui s’emparait de lui. Je l’avais cueilli à même le sol pour le soulever à bout de bras et observer les dégâts. Le menton ouvert, ce dernier gouttait sur le tapis. Je lui soufflais quelques mots de réconfort, le portant contre mon torse alors que j’examinais la blessure plus en détail. « Tu t’es pas loupé, Kiddo. » soufflais-je en grimaçant, essuyant quelques larmes sur ses joues alors qu’il continuait de pleurer. Retournant dans les toilettes, je sortais de l’armoire à pharmacie qui se trouvait au-dessus de l’évier, une trousse de premiers soins. J’essayais Oliver sur la cuvette des toilettes fermées pour désinfecter le tout, l’entendant se plaindre et le regardant gesticuler en prétextant que ça piquait. Constatant la profondeur de l’entaille, je me décidais à emmener Oliver à l’hôpital, l’installant dans son siège auto sur la banquette arrière de ma voiture, avant de prendre la route en direction du centre médical de la ville. « Combien de fois, je ne suis pas déjà venu ici pour toi hein ? » tentais-je de plaisanter, dans l’espoir de le distraire. Quelques dizaines de minutes plus tard, je faisais mon entrée dans le service des urgences, mon neveu dans les bras qui avait enfin cessé de pleurer. Trop occupé cependant à m’assurer que le saignement était bien sous contrôle grâce au pansement de fortune que je lui avais fait, je manquais de rentrer dans quelqu’un. « Oh excusez… Hannah ? » m’étonnais-je aussitôt en reconnaissant la blonde avec qui j’avais eu une brève et désastreuse aventure quelques semaines plus tôt avant de la recroiser il y avait seulement quelques jours dans une cellule de dégrisement suite à une soirée à laquelle SJ m’avait traîné. « Qu’est-ce que tu fais là ? » lui demandais-je avant de laisser mon regard détailler sa tenue. « Oh. » soufflais-je, oubliant un instant Oliver dans mes bras, en remarquant la blouse médicale qu’elle portait. « Tu travailles ici ? » me corrigeais-je finalement. Et visiblement agacé que je ne lui porte plus toute mon attention, Oliver s’était mis à ronchonner en tirant sur ma joue : « Charlie, j’ai mal. » Je me tournais vers lui. « T’inquiète pas bonhomme, on va t’trouver un médecin. » lui soufflais-je, m’apprêtant à aller en direction du bureau d’accueil, non sans accorder un dernier regard à Hannah : « J'espère que t'as pas eu de problèmes à rentrer après l'autre soir. » dis-je en référence directe à nos dernières retrouvailles et à ces types chelous qu'elle semblait connaître. « Au plaisir ? » lui demandais-je en haussant brièvement les épaules.
La fatigue me serrait la tête comme dans un étau, je ressentais encore les conséquences de notre virée en soirée avec Wendy, pour se changer mutuellement les idées. Ça faisait déjà plusieurs jours mais je n'arrivais pas à m'en remettre, en témoignait mon anti cernes qui avait déjà diminué de moitié par rapport à avant la fête. Je n'aurais su dire ce qui m'avait le plus achevé entre la soirée en elle même ou la nuit au commissariat qui avait suivie... Celle où j'avais retrouvé Charlie, Liam et Zelda, où j'avais fais le connaissance d'Ariane – j'espérais ne jamais l'énerver – et le brun des toilettes dont je n'avais pas retenu le nom, celle où j'avais envoyé paître Heller qui s'était cru au dessus du monde, encore. Quoique je penchais pour la cellule de dégrisement, ça avait quand même été mémorable en y repensant. Un sourire naissait à la commissure de mes lèvres au fur et à mesure que les souvenirs remontaient à la surface, ma collègue en face qui me lançait un thumbs up alors qu'elle s'occupait d'un patient me tirait un rire. C'était une belle journée. Le service était vraiment plus sympa avec la pétillante blonde. Je venais de terminer avec une patiente qui avait été admise pour un traumatisme crânien – une sombre histoire de lavabo assassin – et je n'avais rien à faire avant un petit moment. Je décidais donc de prendre une pause, sortant de la cafétéria, cappuccino dans une main, cookie aux noix de macadamia dans l'autre, j’arpentais les couloirs des urgences à la recherche de mon amie, histoire de la kidnapper pour qu'elle prenne sa pause avec moi, en espérant qu'elle ait terminé, bien sûr. « Oh excusez… Hannah ? » Tiens, quand on parle du loup... Obnubilée dans ma poursuite, j'avais failli avoir un accident piéton, je posais la main par réflexe sur mon gobelet avant qu'il ne se renverse, je refusais de gâcher un bon café. En entendant mon nom, j'avais levé la tête, surprise de reconnaître cette voix. « Charlie ? » Prononcer son nom sur ce ton plein de perplexité me renvoyait à notre début d'aventure étouffé dans l'oeuf et à la façon dont il m'avait congédiée, sans aucune grâce pour le coup. Et même si je m'étais plus ou moins réfugiée vers l'anglais en présence de Strange dans cette cellule, je devais admettre que je n'avais pas totalement digéré. « Qu’est-ce que tu fais là ? » qu'on lançait en même temps, la suite logique après s'être retrouvé en face à face avec quelqu'un qu'on ne pensait pas revoir de sitôt. J'ouvrais la bouche pour lui répondre et surtout lui retourner la question – à nouveau. « Oh. Tu travailles ici ? » réalisait-il avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, son regard se posant sur ma blouse d'infirmière. « Oui. » Je confirmais, sans trop savoir pourquoi, c'était plutôt obvious avec la tenue. M'apprêtant à réitérer ma question, je m’apercevais de la raison de sa présence ici. « Charlie, j’ai mal. » Dans les bras de Charlie, le petit garçon que j'avais vu sur une photo. Le neveu était beaucoup plus mignon en vrai que sur une image, l'objectif ne lui rendait pas justice. « J'espère que t'as pas eu de problèmes à rentrer après l'autre soir. » J'haussais les épaules. « Je suis rentrée avec Wendy, pas très fraîche mais entière. Et toi ? » A ce que je me souvienne, elle était parti avec le reste de la troupe, sauf Liam bien évidemment. « Tu devrais aller t'annoncer. » lui dis-je en lui montrant l'accueil du doigt, voyant la moue boudeuse du petit, il n'allait pas tenir très longtemps. « Au plaisir ? » J'opinais du chef en lui accordant un geste de la main et un sourire – plus pour le garçonnet, à vrai dire. Il me laissait là pour s'avancer en direction du bureau. Quelques minutes plus tard, après avoir terminé ma boisson et mon gâteau, j'allais voir à l'accueil à mon tour, censée prendre les patients dans l'ordre d'arrivée, j'avais décidé d'user de mon sourire pour déroger à la règle. « Linda.. ? » Cinq minutes avaient suffit, c'était dans la poche. « Tu veux quel dossier ? » J'arborais un petit air de fierté en remerciant la secrétaire. « Hazard-Perry. » Je repartais avec le dossier qui m'intéressait, prête à aller prendre en charge le jeune homme. « Charlie ? Viens avec moi. » Je l'entraînais avec le petit gars dans un des box et installait le petit. Son dossier à la main, je parcourais les informations. « Alors, Oliver c'est ça ? T'as eu une vilaine chute ? Je vais regarder tout ça avant que le médecin ne vienne, tu es d'accord ? » J'attendais l'approbation de l'enfant, chacun avait son approche quand il s'agissait de patients en bas âge, c'était la mienne. « Si t'es sage, tu pourras peut être avoir un bonbon. » que je lançais au petit qui commençait déjà à avoir les yeux brillants à cette perspective. « Enfin, si ton oncle est d'accord, bien sûr. » rajoutais-je en lançant un regard au blondinet.
The faster we're falling, we're stopping and stalling. We're running in circles again, just as things we're looking up. You said it wasn't good enough but still we're trying one more time. Maybe we're just trying to hard, when really it's closer than it is too far. △
hannah & charlie
Oliver dans les bras, alors que je faisais irruption dans le service des urgences, je manquais de rentrer tout droit dans quelqu’un qui n’était autre qu’Hannah, la prenant par surprise elle aussi, visiblement en plein service à en juger par sa tenue d’infirmière que je remarquais après coup et qu’elle venait confirmer d’un petit : « Oui. » La coïncidence me surprenait, me faisant perdre contenance un bref instant alors que je l’observais, me rendant compte que j’ignorais quasiment tout d’elle quand bien même j’avais passé presque deux soirs en sa compagnie. Ollie, impatient et le menton toujours en sang, me ramenait cependant bien vite à la réalité, tirant sur ma joue pour attirer mon attention. Reprenant mon rôle d’oncle à cœur, je décidais de prendre les devants pour aller m’avancer vers le bureau d’accueil afin qu’il soit rapidement pris en charge, prenant cependant un instant pour adresser quelques mots à la jeune femme, m’inquiétant de savoir si elle était rentrée sans encombres chez elle compte tenu des types louches qui semblaient graviter autour de son existence et qui ne m’inspiraient rien qui vaille. « Je suis rentrée avec Wendy, pas très fraîche mais entière. Et toi ? » J’avais hoché la tête lentement avant d’ajouter : « Oui, Tad est venu nous chercher avec Ariane. » Ce qui était la stricte vérité sans pour autant révéler l’entière réalité de ma matinée à la suite de ma sortie de cellule de dégrisement. Car si mon meilleur ami était bien venu nous chercher jusqu’au poste de police, le trio de je constituais avec Tad et Ariane s’était retrouvé embarqué dans une after party chez Ryleigh avec Andy et SJ. Et sans trop savoir pourquoi, je ne me sentais pas l’envie d’évoquer ma relation avec l’anglaise face à Hannah. « Tu devrais aller t'annoncer. » me soufflait-elle en désignant la secrétaire médicale qui se tenait derrière le bureau des entrées, me ramenant à la raison initiale de ma venue aux urgences. Adressant un dernier mot d’au revoir à la blonde, tandis qu’elle accordait un sourire et un léger signe de la main à Oliver qui le lui rendait, bien volontaire et bien élevé, je tournais les talons pour m’avancer vers ledit bureau. Après avoir donné le nom de mon neveu et la raison de notre venue, je m’étais retrouvé assis dans la salle d’attente à poireauter, le petit garçon sur les genoux. J’essayais de le distraire un minimum pour l’empêcher de penser à cette entaille sur la mâchoire qui continuait de le lancer et de saigner malgré le pansement de fortune que je lui avais fait. « … Et on ira faire un petit tour sur la plage avec Tad, si tu as envie et que ta mère me laisse encore le droit de… » Du blanc des yeux, j’avais remarqué Hannah qui s’avançait vers nous, un dossier dans les mains avant même qu’elle ne se soit adressée à moi : « Charlie ? Viens avec moi. » Un peu surpris d’être appelé aussi tôt mais pas mécontent à cette idée, je me tournais vers Oliver : « Allez viens, Kiddo. » Le soulevant avant de me redresser, le tenant fermement contre ma poitrine, j’avais emboîté le pas de l’infirmière qui nous guidait vers l’un des box du hall des urgences. Je lui laissais Oliver, la regardant le prendre en charge, bras croisés sur le torse. « Alors, Oliver c'est ça ? T'as eu une vilaine chute ? Je vais regarder tout ça avant que le médecin ne vienne, tu es d'accord ? » Il l’observait avec ses grands yeux brillants, avant de lui répondre : « D’accord. On jouait avec Charlie. Il me courrait après et j’ai glissé. » expliquait-il, sa petite main venant un instant se poser sur le pansement qu’il avait sous le menton. « J’aurai gagné si j’étais pas tombé, hein Charlie ? » me demandait-il, ne perdant pas le nord malgré la douleur. « Dans tes rêves, bonhomme. » répliquais-je alors avec un petit sourire en coin, attendri. « Si t'es sage, tu pourras peut-être avoir un bonbon. » Un large sourire était venu se loger sur les lèvres roses du petit garçon qui me lançait un regard, visiblement à la recherche de mon approbation quand Hannah ajoutait : « Enfin, si ton oncle est d'accord, bien sûr. » Un petit rire était venu passer la barrière de mes lèvres en les entendant et j’avais hoché la tête en haussant les épaules nonchalamment : « Sa mère va déjà me tuer d’avoir osé abîmer son fils, je suppose que son taux de sucre dans le sang passera totalement inaperçu. » avais-je conclut alors qu’Oliver exultait un petit « Ouiii ! » qui aurait presque laissé croire qu’il n’avait pas une entaille sous le menton. D’ailleurs son excitation retombait aussitôt que la morsure de la douleur se faisait ressentir de nouveau. J’avais observé l’infirmière lui retirer avec une précaution toute particulière le pansement afin d’observer la blessure de guerre, Ollie se montrant particulièrement calme et courageux face à elle. Et cette constatation m’amusait : « Ah tu fais plus le malin quand c’est elle qui s’occupe de toi hein ? » le taquinais-je alors qu’il me tirait la langue pour toute réponse. Pour sûr, c’était bien un Hazard-Perry pure souche, pleinement conscient de son pouvoir d’attraction et montrant déjà qu’il deviendrait bien vite un véritable bourreau des cœurs. Hannah disparaissait un instant avant de revenir quelques instants plus tard, flanquée du médecin dont elle parlait plus tôt. Ce dernier se présentait, redemandant les mêmes informations à mon neveu, avant d’aller à son tour examiner l’entaille. Pinçant les lèvres, sourcils légèrement froncés le médecin s’était tourné vers moi : « Il faudrait faire quelques points de sutures, maximum trois à en juger par la taille de la coupure. » Cette fois-ci, j’avais perdu mon attitude joviale qui se voulait rassurante pour me montrer plus sérieux. « Théo va me tuer. » soufflais-je en jetant un coup d’œil à Oliver qui cherchait mon regard en quête d’un peu de réconfort. « T’inquiète pas, bonhomme, ça va bien se passer. T’es un grand garçon maintenant. On ira manger une gaufre pour faire passer tout ça. » le rassurais-je aussitôt, reprenant mon rôle de tuteur à cœur. Le médecin s’était alors installé, pour préparer l’intervention, faisant d’abord une piqûre à Oliver pour anesthésier localement la zone blessée avant d’entamer la suture. Et je sentais le regard qu’Ollie me portait, ma propre inquiétude et culpabilité le distrayant. Sachant pertinemment qu’il se montrerait bien plus brave si je n’étais pas là, je saisissais l’occasion pour interpeler la blonde : « Dis, Hannah, j’peux te parler deux minutes ? » lui demandais-je en désignant d’un geste du menton l’extérieur du box. Et laissant mon neveu entre de bonnes mains, le médecin lui faisant la conversation avec un naturel presque déconcertant, je sortais du box pour retrouver Hannah quelques mètres plus loin. « Ecoute, je… » commençais-je, passant un instant ma langue sur ma lèvre inférieure avant de venir la mordre, à la recherche de mes mots. Je n’avais jamais été le genre qui reconnaissait facilement ses torts, encore moins qui s’en excusait. « J’aurai pas dû te congédier de la sorte l’autre soir. » soufflais-je finalement du bout des lèvres, mon regard daignant enfin venir à la rencontre du vert de ses prunelles. J’avais agi comme le dickhead moyen, trop pris dans la honte de l’instant pour me montrer un minimum humain face à l’australienne. Et si le malaise était toujours palpable, si je n’avais toujours pas digéré cette déconvenue, je savais bien qu’elle n’y était malheureusement pour rien. J’avais également conscience que mes excuses étaient loin d’être celles qu’elle entendait. Je savais qu’un autre type que moi aurait sûrement trouvé la force de lui demander pardon avant de formuler quelques mots pour la rassurer et lui affirmer qu’elle n’avait rien fait de mal. Mais la communication et moi nous n’avions jamais été très à l’aise et il allait falloir qu’elle se contente de ça pour aujourd’hui. « D’ailleurs, à propos de notre nuit au poste de police, j’ai pas pu m’empêcher de penser à ces deux types et à la façon dont ils s’adressaient à toi… » ajoutais-je finalement, sans vraiment trop savoir où je voulais en venir et laissant donc ma phrase en suspens, alors que je venais passer mes doigts sur ma barbe de trois jours.
En moins de temps qu'il n'en fallait pour dire son nom, j'avais croisé Charlie déjà deux fois depuis notre soirée désastreuse, à croire que l'univers voulait nous faire passer un message. « Oui, Tad est venu nous chercher avec Ariane. » Je souris en me rappelant de l'ami de l'anglais, celui qui était au pub le soir de notre rencontre, il était bien cool de venir le chercher en cellule alors que le journaliste l'avait abandonné au bar pour passer la soirée avec moi, un sourire de cette soirée qui n'avait pas un goût amer. J'haussais cependant un sourcil, il m'avait semblé que Ryleigh avait lancé une invitation d'after de l'after chez elle, j'ouvrais la bouche pour poser la question et me ravisait finalement, j'avais bien vu qu'il y avait quelque chose de bizarre entre les deux et de toute façon, je finirais bien par être au courant si il y avait eu une fin de soirée chez la brune, je n'aurais qu'à demander à Seung. Pour satisfaire ma curiosité uniquement, bien évidemment. A la place, je conseillais à Charlie d'aller déclarer son arrivée à Linda, la secrétaire de l'accueil, qui s'occupait de l'ordre des prises en charges des patients, autrement le bonhomme dans les bras de l'anglais pourrait attendre un bon moment avant que l'on guérisse sa blessure. M'écoutant, il partie en direction du bureau alors que je lançait un geste de la main accompagné d'un grand sourire au neveu de Charlie qui m'avait déjà charmée avec ses petites boucles qui entourait son visage. Je décidais cependant de m'occuper du petit bout en priorité au retour de ma pause, un passe-droit que j'obtenais aisément en promettant à Linda de lui emmener des beignets le lendemain. Dans un box avec Charlie et le petit Oliver, je demandais à ce dernier l'autorisation de m'occuper de lui en lui promettant de faire attention à ne pas lui faire mal. « D’accord. On jouait avec Charlie. Il me courrait après et j’ai glissé. J’aurai gagné si j’étais pas tombé, hein Charlie ? » qu'il répondit, un sourire aux lèvres. Et je riais devant la réponse négative de Charlie. « Moi, je suis sûre que tu aurais gagné Oliver. » que je lançais, autant pour taquiner le journaliste que pour détourner l'attention du petit de la douleur pendant que je manipulais le pansement de fortune qui pendouillait à son menton, l'entaille était assez profonde bien qu'elle ait pratiquement arrêtée de saigner. Je lui assurais qu'il aurait un bonbon si il restait sage après avoir obtenu la permission de son oncle, ce qui me permettait de manipuler son petit menton et de désinfecter la blessure sans trop de fracas. « Tu es très courageux, Oliver. » le rassurais-je en lui souriant, j'étais persuadée que c'était l'attrait du bonbon mais ce n'était pas l'avis du tonton. « Ah tu fais plus le malin quand c’est elle qui s’occupe de toi hein ? » me tirant un léger rire quand Ollie lui tirait la langue pour réponse. « Dis donc toi, je crois pas que tirer la langue soit très sage. » Et je posais la corbeille contenant les bonbons plus loin, comme pour lui dire qu'ils s'éloignaient de lui, ce qui eut le don de le calmer instantanément. J'éclatais de rire et lui en donnait un, incapable de résister à sa petite bouille tristoune. « Citron ou framboise ? » Je le laissais choisir le goût qu'il préférait et disparaissait de la pièce quelques minutes le temps qu'il le déguste – il l'avait bien mérité – pour revenir avec un médecin qui terminerait le travail. Le docteur annonçait quelques points de sutures vu l'estafilade que le bonhomme arborait. Je le rassurais comme je pouvais en lui donnant une peluche, un petit ourson adorable, pour qu'il reste avec lui pendant l'intervention puis sortais du box avec Charlie, m'apprêtant à m'occuper d'un autre patient. « Dis, Hannah, j’peux te parler deux minutes ? » Je me tournais vers lui et hochais la tête alors qu'il m'entraînait un peu plus loin, dans un coin tranquille. « Ecoute, je… J’aurai pas dû te congédier de la sorte l’autre soir. » Je restais stupéfaite, les sourcils levés sous la surprise. Je n'avais pas cerné l'anglais comme quelqu'un qui s'excusait, surtout une fois arrivés chez lui ou son comportement s'était modifié sitôt que la populace avait été loin. Et même si ses excuses étaient un peu sommaire, ça suffisait pour que je lui décroche un sourire, les balayant d'un geste de la main. « C'est pas grave, je suppose que ça a du être gênant pour toi aussi... » Voilà un des seuls inconvénients à être un homme à mes yeux, la panne est bien voyante... Ou invisible selon le point de vue sous lequel on se place. Je me demandais toujours la raison du coup de fatigue de son anatomie, si j'y étais pour quelque chose bien que les choses avaient plutôt bien commencées, je penchais plutôt pour une raison extérieure qui rongeait ses pensées, peut être un problème au travail, qui sait. Il paraît que le moindre stress est mauvais pour ce côté là. « D’ailleurs, à propos de notre nuit au poste de police, j’ai pas pu m’empêcher de penser à ces deux types et à la façon dont ils s’adressaient à toi… » entendis-je Charlie lancer, un peu hasardeusement au vu de son ton. J'haussais un sourcil. « Tu veux dire le catcheur et son pote barbu ? » Liam & Heller, évidemment, il fallait qu'ils continuent à me pourrir la vie même absents. « Je leur parle pas meilleur non plus. » Et je croisais les bras sur ma poitrine, me crispant légèrement, ce sujet de conversation ne me mettait pas à l'aise. « Et il parlait de la même façon à ton amie. » que j'ajoutais, un peu comme quand on a une mauvaise note et qu'on le justifie à nos parents en arguant ne pas être le dernier de la classe.
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hannah & charlie
Profitant de savoir Oliver entre de bonnes mains, pris en charge par le médecin qui se chargeait de lui recoudre le menton, j’avais suivi Hannah hors du petit bloc pour lui adresser quelques mots. Pas réellement taillé dans le moule qui me permettait de présenter des excuses quand la situation l’exigeait pourtant, je tâchais de faire un minimum amende honorable en reconnaissant mes torts d’une certaine façon. Je n’étais pas spécialement fier de cette soirée, que ce soit de mon attitude au regard de la blonde après le tragique événement ou de mes incapacités physiques au pire moment. « C'est pas grave, je suppose que ça a dû être gênant pour toi aussi... » avait-elle répondu et j’avais pincé les lèvres pour seule réponse. M’attarder sur cette humiliation cuisante n’était clairement pas dans mes objectifs de la journée, ni même dans mes plans à long terme. Plus vite cet épisode était relégué dans l’oubli, plus vite je serai capable de passer à autre chose. Car bien malgré moi, ce moment de faiblesse manifeste continuait de me hanter, encore plus maintenant que Ryleigh et moi entamions doucement un rapprochement. Changeant alors du sujet sans même chercher à me montrer subtil ou discret, j’abordais les deux types étranges qui avaient partagé pendant un temps notre cellule de dégrisement. « Tu veux dire le catcheur et son pote barbu ? » Un léger sourire illuminait mes traits. « J’aurai plutôt opté pour Rocky Balboa et Papa Ours, mais oui, je parlais d’eux. » confirmais-je, en faisant toujours référence à Liam et Heller qui semblaient avoir des difficultés à réfléchir avant d’agir. « Je leur parle pas meilleur non plus. » se défendait-elle, le ton un peu sec, l’attitude presque revêche alors qu’elle croisait ses bras sur sa poitrine. La verve cinglant de la blonde ne m’avait en effet pas échappé. Néanmoins, je ne pouvais pas lui en tenir rigueur, je n’avais moi-même pas pu m’empêcher de leur réserver mes répliques piquantes. « Et il parlait de la même façon à ton amie. » continuait-elle, toujours sur la défensive sans que je ne parvienne à comprendre pourquoi. « Tu veux parler d’Ariane ? » lui demandais-je plus par rhétorique que par réellement interrogation puisqu’en effet, le fait que la rousse et Heller se connaissaient ne m’avait pas échappé, me hérissant les poils d’exaspération à l’entendre s’adresser à elle comme à une vulgaire poupée de cire. « J’avoue que j’ai dû mal à comprendre comment vous pouvez toutes les deux connaître de pareils spécimens. » C’était surtout ça ma question principale : comme deux filles aussi différentes et indépendantes qu’Ariane et Hannah en étaient venues à croiser la route de deux types aussi gauches que nigauds que semblaient l’être Liam et celui que je prenais pour son mentor. « C’est ton ex non, le grand dadais ? » ne pouvais-je m’empêcher d’insister, ne parvenant pas à comprendre ce qu’elle avait bien pu trouver à un type de genre : con comme un balai et quasiment sous stéroïdes, à se croire plus fort que le reste du monde, prêt à taper sur tout ce qui bougeait pour essayer de se faire respecter. Constatant néanmoins que je mettais les pieds en terrain miné vu le sujet sensible que ça avait l’air d’être, et conscient de ma totale illégitimité à lui poser pareilles questions personnelles, je décidais de changer de sujet : « Enfin, en tous les cas, merci d’avoir pris en charge Oliver aussi vite. » Je lui adressais un semblant de sourire, étant tout de même vachement reconnaissant de ce privilège qu’elle m’avait octroyé alors que j’étais loin d’en être digne. J’étais pleinement conscient du temps qu’elle m’avait fait économiser en plaçant Ollie en haut de la pile des patients. « Si tu finis ton service bientôt, je te proposerais bien de nous accompagner manger une gaufre pour te remercier de ce coup de main. » lançais-je, sans trop réellement y croire. Il y avait peu de chances qu’elle finisse dans moins d’une demie heure et je doutais qu’elle ait réellement envie de me suivre à nouveau pour un tête-à-tête après l’échec cuisant de notre première entrevue. « Je devrais retourner auprès d’Oliver. » suggérais-je finalement, en désignant d’un pouce lancé par-dessus mon épaule, le bloc qui se trouvait dans mon dos et duquel la voix fluette d’Oliver racontant ses aventures nous parvenait sans peine. Hésitant un instant, pas certain de recroiser la demoiselle une fois de retour auprès de mon neveu, je lui adressais un faible sourire avant de faire volte-face. Je retrouvais Oliver qui grimaçait, totalement désensibilisé de sa mâchoire inférieure alors que le médecin entreprenait de lui appliquer un pansement bien plus joli et propre que celui que je lui avais fait précédemment. « Alors Kiddo, comment ça s’passe ? » lui demandais-je aussitôt le médecin avait-il fini avec lui. Encore un peu courageux mais plus bien vaillant, il hochait la tête en m’accordant un faible sourire. Puis je me tournais vers le médecin pour écouter ce qu’il avait à me dire, me donnant des conseils pour l’entretien et le nettoyage de la suture, prescrivant à Oliver les médicaments adéquates pour atténuer la douleur et prévenir une éventuelle infection de la plaie. J’écoutais ses recommandations avec attention, pour être certain de pouvoir tout retranscrire à Théodora une fois de retour. « Ta mère va m’assassiner bonhomme. » plaisantais-je en venant caresser son crâne avec tendresse. Après quelques instants le médecin nous libérait et Oliver de nouveau dans les bras, je me retrouvais capable de quitter les lieux non sans devoir aller régler un semblant de paperasse au comptoir des entrées. J’y recroisais alors Hannah qu’Oliver s’empressait d’interpeller : « J’ai trois points ! Et j’ai même pas pleuré. » qu’il disait fièrement en lui montrant de son index le pansement qui couvrait le dessus de sa mâchoire. « On va aller manger une gaufre pour fêter ça, Ollie. » lui soufflais-je avant de regarder Hannah avec un petit sourire. « Si tu n’es pas disponible maintenant, ça ne sera que partie remise. » lui indiquais-je.
Dire que ce moment de panne avait été aussi gênant pour l'un que pour l'autre était un énorme euphémisme, j'avais eu envie de m'enterrer dans le matelas kingsize de Charlie et ne plus jamais en sortir. Quoique, ça aurait été encore plus bizarre à bien y réfléchir. Je secouais la tête, interrompant le flux de mes pensées et le délire de mon cerveau, finalement je préférais ne plus y penser. Et l'anglais enchaînait sur la soirée où ils s'étaient tous retrouvés en cellule de dégrisement, où se trouvait aussi Liam – dont l'ombre aimait décidément la suivre – et Heller, qui avait bien cru qu'elle le suivrait comme un toutou. Grosse erreur. « J’aurai plutôt opté pour Rocky Balboa et Papa Ours, mais oui, je parlais d’eux. » Un sourire se frayait un chemin sur mes lèvres et mon cerveau me rappelait que le jeune homme les avaient embrassées. C'est drôle de voir les associations d'images qu'un organe tel que la cervelle était capable de faire avec un peu d'imagination. Malgré le sujet, je voyais Strange déguisé en gros ours et mon ex avec la tête de Sylvester Stallone, signe qui m'indiquait que la fatigue commençait vraiment à se faire sentir. Cependant, je me renfrognais très vite, adoptant un ton plus dur que je le voulais en essayant de me défendre pitoyablement, prenant Ariane comme bouclier. Ce n'était pas très juste de ma part à vrai dire, la question de Charlie était probablement pleine de bonnes intentions mais c'était un sujet sensible de mon côté. « Tu veux parler d’Ariane ? » J'haussais un sourcil et ne répondait pas, c'était pourtant évident, personne d'autre dans cette cage de métal n'avait tenu tête au grand méchant loup, pas même sa brebis égarée qui s'était contenté d'accepter l'autorité de son boss. Connaissant Liam, j'ignorais comment il pouvait garder son calme devant Heller, c'était assez surprenant. « J’avoue que j’ai dû mal à comprendre comment vous pouvez toutes les deux connaître de pareils spécimens. C’est ton ex non, le grand dadais ? » Et je maudissais le barman d'avoir balancé cette bombe devant tout le monde, je n'avais pas tenu à ce que ça se sache, pas du tout même. Je grognais dans ma barbe invisible et hochais doucement, douloureusement, la tête. Le ressentiment qui m'habitait encore par rapport à Liam m'empêchait d'avouer notre relation sereinement, pourtant je n'avais pas honte qu'elle ait eu lieu, j'étais désespérée de la suite par contre. « Oui. » que je lâchais juste, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir. Mal a l'aise, je cherchais une échappatoire, mon ancienne relation me brûlait de l'intérieur et je n'étais pas prête à en parler à quelqu'un d'autre qu'à Wendy. Surtout avec quelqu'un avec qui j'avais failli coucher il y avait à peine quelques jours. « Enfin, en tous les cas, merci d’avoir pris en charge Oliver aussi vite. » lançais Charlie finalement, me donnant accès à cet échappatoire que je convoitais tant. Aussitôt, je me remis à respirer correctement, ma voix reprenant un ton normal. « Pas de soucis, avec plaisir. Il est adorable ce petit gars. » répondis-je avec un sourire, à la fois soulagée d'être passée à un sujet plus heureux et contente d'avoir fait la connaissance d'Oliver. Il allait être un véritable bourreau des cœurs plus tard. « Si tu finis ton service bientôt, je te proposerais bien de nous accompagner manger une gaufre pour te remercier de ce coup de main. » Je jetais un coup d’œil à ma montre et esquissait une grimace, vu l'horaire ça allait être tendu... En même temps, la nourriture c'était ma vie. Dilemme. « Je peux peut être m'arranger pour partir un peu plus tôt mais il faudrait au moins que je termine avec mon patient avant. » Je devais contrôler l'état d'un patient que j'avais pris en charge une heure avant et m'assurer que tout allait bien pour qu'il puisse rentrer chez lui. « Je devrais retourner auprès d’Oliver. » J'opinais du chef, la petite intervention devait être terminée maintenant. « Oui, je pense qu'il est réparé maintenant. Je te rejoins à l'accueil. » J'appréciais Charlie malgré la rencontre désastreuse que nous avions eu, sans vraiment savoir pourquoi. Je filais de mon côté faire mon travail tout de même, croisant mon amie et collègue au détour d'un couloir je lui demandais de bien vouloir reprendre mes dossiers pour la fin de la journée afin que je puisse terminer le service en avance, ce qu'elle acceptait sans même grogner, j'adorais l'amitié que l'on partageait et je souriais en lui lançant un signe de la main et un bisou dans le vent et retrouvais Charlie et le petit Oliver qui arborait fièrement un pansement sur le menton. « J’ai trois points ! Et j’ai même pas pleuré. » Je lui tapais dans la main et lui ébouriffait les cheveux. « Bravo ! T'as été super courageux, t'es un vrai petit homme toi ! » Et je riais. « On va aller manger une gaufre pour fêter ça, Ollie. Si tu n’es pas disponible maintenant, ça ne sera que partie remise. » Je regardais la petite bouille triste de l'enfant et m’accroupissais à sa hauteur. « Tu me fais un câlin si je viens avec vous ? » A peine ma phrase terminée, il se jetait dans mes bras, manquant de me faire tomber sur le sol froid de la salle d'attente. « Ok, ok, t'as gagné, Oliver. » Je me redressais, retirant ma blouse par la même occasion. « J'ai pu m'arranger, faut juste que je prenne mes affaires. »
Après un rapide détour par mon vestiaire, nous étions tous les trois attablés dans une petite crêperie, une gaufre devant chacun de nous. Le chocolat ornant la mienne me faisait saliver d'envie alors que les boissons arrivaient à leur tour. « Un vrai goûter de champion. » que je lançais au bonhomme qui s'éclipsait pour aller se laver les mains avant de manger. Restée seule avec Charlie, je sirotais une gorgée de mon café viennois en le regardant. « Liam c'est... pas quelqu'un de fréquentable. Mais il avait été là pour moi quand je n'avais personne et on s'est rapprochés comme ça. Je l'ai quitté après deux ans, c'était ma première vraie histoire, ça a beaucoup compté pour moi. Et c'est encore un peu douloureux. » J'avais expliqué d'une traite, dans les grandes lignes, ma paille se promenant dans ma tasse, j'engloutissais une grande cuillère de chantilly pour m'empêcher de vomir et me réconforter. Mais je ne parlais pas d'Heller, surtout vu ce qu'il s'était passé entre nous.
The faster we're falling, we're stopping and stalling. We're running in circles again, just as things we're looking up. You said it wasn't good enough but still we're trying one more time. Maybe we're just trying to hard, when really it's closer than it is too far. △
hannah & charlie
J’avais proposé à Hannah de se joindre à nous autour d’une gaufre, sans trop savoir pourquoi. Retour de bâton de mon éducation d’anglais de bonne famille qui exigeait que je me montre digne d’un véritable gentleman ou simple culpabilité quant à la façon dont je l’avais traitée lors de notre dernière entrevue ? Je n’aurais trop su le dire et l’idée de me poser davantage la question ne m’enchantait pas outre mesure. « Je peux peut-être m'arranger pour partir un peu plus tôt mais il faudrait au moins que je termine avec mon patient avant. » avait-elle répondu, m’étonnant presque de la voir accepter quand je m’étais presque attendu à un refus poli de sa part. « Oui, je pense qu'il est réparé maintenant. Je te rejoins à l'accueil. » Reprenant mon rôle d’oncle et de tuteur presque exemplaire, j’étais revenu trouver Oliver tout juste suturé, avant de me diriger à nouveau vers le bureau des entrées pour régler la dernière paperasse avant de tomber à nouveau sur l’infirmière. Oliver s’était chargé de faire la conversation, vantant ses mérites face à la blonde qui jouait le jeu de bonne volonté, venant lui taper dans la main en le félicitant : « Bravo ! T'as été super courageux, t'es un vrai petit homme toi ! » Je souriais à les voir interagir, avant de reformuler ma proposition à Hannah, ignorant toujours si elle avait réussi ou non à se libérer pour cette fin d’après-midi. « Tu me fais un câlin si je viens avec vous ? » Et comme à son habitude, ne refusant jamais une occasion de distribuer sa joie et sa bonne humeur à quiconque s’en réclamait, le petit garçon était venu presque lui sauter au cou avec enthousiasme. « Ok, ok, t'as gagné, Oliver. J'ai pu m'arranger, faut juste que je prenne mes affaires. » confirmait-elle finalement à mon attention et sans plus tarder j’avais proposé de la conduire avec nous en voiture jusqu’au café qui vendait les gaufres qu’Oliver préférait dans toute la ville. Ainsi une vingtaine de minutes plus tard, nous étions tous les trois assis autour d’une table, nos gaufres encore fumantes venant tout juste d’être servies devant nous. Oliver observait le chocolat et la chantilly qui ornaient la sienne avec une admiration, approbation confirmée par Hannah qui ne tardait pas à commenter : « Un vrai goûter de champion. » Jetant un coup d’œil à la mienne, recouverte d’une épaisse couche de miel, je finissais par m’adresser à Oliver en le voyant prêt à attaquer sa gaufre. « Hé, pas si vite bonhomme. On n'oublie pas les bonnes manières. Va te laver les mains. » lui indiquais-je en désignant les toilettes qui étaient aménagés en conséquence pour les nombreux enfants qui constituaient la clientèle de l’établissement. A peine Oliver avait-il disparu dans les sanitaires que le serveur nous apportait nos boissons, déposant face à moi une tasse de thé fumant. Alors que je me saisissais de ma cuillère pour remuer légèrement le liquide chaud, Hannahe me prenait alors au dépourvu en répondant à mes interrogations laissées en suspens : « Liam c'est... pas quelqu'un de fréquentable. Mais il avait été là pour moi quand je n'avais personne et on s'est rapprochés comme ça. Je l'ai quitté après deux ans, c'était ma première vraie histoire, ça a beaucoup compté pour moi. Et c'est encore un peu douloureux. » Je relevais le regard pour l’observer un instant, sourcils légèrement froncés. « Je me doutais que c’était pas quelqu’un de fréquentable, à dire vrai. » Je le voyais encore s’énerver, décrocher un crochet du droit à ce pauvre SJ qui n’avait rien demandé, je me souvenais la façon dont il avait tenté de m’impressionner mais également comment il avait essayé de s’en prendre à Ryleigh à un moment avant que SJ ne lui fasse un plaquage digne de ses années de rugby. « Je peux comprendre que ce n’est pas facile de tourner le dos à son passé. » Et je parlais en connaissance de cause. J’avais fui Ryleigh, espérer enterrer mes sentiments pour cette dernière mais j’avais échoué en beauté. Malgré tout le mal qu’elle m’avait fait, celui qu’elle serait à tout jamais capable de me faire, je n’avais pas pu m’empêcher de revenir auprès d’elle. « Et c’est qui l’armoire à glace ? » ne pouvais-je m’empêcher de demander à Hannah. Car si Liam était son ex, ce qui les reliait elle et Ariane à celui que j’avais surnommé Papa Ours restait une énigme selon moi. « Je t’avoue que j’aime pas beaucoup la façon dont il se prend pour le grand manitou. » Il était dans la cellule de dégrisement pour donner des ordres à ceux qu’il considérait visiblement comme ses sous-fifres, tentant ces derniers de menaçantes à peine sous-jacentes, avant de revenir d’où il était arrivé. Et alors qu'Hannah s'apprêtait à répondre (ou à éviter la question, nous ne le saurions sûrement jamais), Oliver refaisait son arrivée, s'installant de nouveau à mes côtés sur la banquette pour se jeter sur sa gaufre. « Mange, Kiddo. Tu l'as bien mérité. » lui soufflais-je en caressant le haut de son crâne avec affection.
J'avais finalement refilé mes dossiers en attente à d'autres de mes collègues pour pouvoir terminer en avance et accepter l'invitation de Charlie a aller manger une gaufre avec son neveu. Pour la gaufre ou la compagnie ? Mystère. Toute personne normalement constituée aurait fuit l'anglais au vu de la situation qui nous liait et pourtant. Dieu sait que je n'étais pas normalement constituée. Je venais rejoindre les deux garçons au bureau d'accueil où Linda officiait pour qu'ils récupèrent l'autorisation de sortie avant de quitter l'hôpital et le petit bout me pressait de venir avec eux prendre ce goûter, sérieusement comment pouvait-on dire non à cette tête d'ange ? Si quelqu'un en était capable qu'il m'appelle. Je marchandais tout de même un câlin avant d'accepter officiellement. Un instant plus tard, après un rapide crochet par mon vestiaire pour récupérer mes affaires où j'en avais profité pour distribuer une étreinte à Wendy qui m'avait sauvé la mise en acceptant de reprendre une bonne partie de mes patients, nous nous retrouvions tous les trois dans la voiture de Charlie. Et je retrouvais bien l'appartenance sociale du jeune homme dans le cuir qui ornait les sièges et le moindre détail du bijou, un sourire se formant sur mes lèvres. « J'ai l'impression de me retrouver dans une des petites voitures de collection de mon fr... cousin. » J'avais failli mentionner mon frère, comme si l'anglais n'avait déjà pas assez de questions comme ça. Et peu après, le trajet terminé, installés à une table d'un café de Brisbane que je ne connaissais pas encore, je lorgnais sur ma gaufre encore plus goulûment qu'Oliver. Et mes joues s'empourpraient quand je m'en rendais compte, j'étais encore plus pressée de la déguster qu'un enfant haut comme trois pommes. « Hé, pas si vite bonhomme. On n'oublie pas les bonnes manières. Va te laver les mains. » Sitôt dit, sitôt fait, le garçonnet sautait de sa chaise pour filer appliquer la demande de son oncle. J'en profitais pour répondre aux interrogations de Charlie que j'avais laissé flotter dans l'air, racontant ce que j'avais sur le cœur. « Je me doutais que c’était pas quelqu’un de fréquentable, à dire vrai. Je peux comprendre que ce n’est pas facile de tourner le dos à son passé. » J'haussais les épaules. « Il n'a pas toujours été comme ça. » Du moins, à ce point là. Je ne voulais pas le défendre mais j'étais persuadée que dans un sens, j'avais participé à ce qu'il soit encore plus instable qu'avant. Ma paille tournoyait dans le liquide chaud qui passait du tube de plastique à mes lèvres en un sentiment de chaleur réconfortante. « Et c’est qui l’armoire à glace ? Je t’avoue que j’aime pas beaucoup la façon dont il se prend pour le grand manitou. » Je fronçais les sourcils, le sujet de mon ex passait encore, en revanche strange était persona non grata dans mes conversations. « Parce qu'il faut bien compenser... » marmonnais-je dans ma moustache de chocolat et ma paille, refusant d'en parler sauf pour m'en moquer. « Mange, Kiddo. Tu l'as bien mérité. » Sauvée par Ollie qui revenait des toilettes, je prenais le signal de départ de Charlie pour moi aussi et attaquait ma gaufre en même temps que le petit Hazard-Perry. Très bientôt les assiettes se vidèrent et alors que Charlie se dirigeait vers le comptoir pour régler la note, j'attrapais la main du petit garçon et l'emmenait dans l'aire de jeux du café. « Retire tes chaussures, Oliver, pour jouer. » Profitant que la piscine à boules était vide, je me glissais dedans avec lui et commençait à mimer un requin qui court – ou qui nage – après le bonhomme. « Je vais te mangeeeeeeer. » Et en seulement quelques minutes, un tas d'autres enfants avaient empli le bac, j'en sortais donc et laissais à Oliver le soin de s'amuser avec les autres, ne doutant pas un seul instant de sa capacité à les charmer. Assise sur un banc à côté, le surveillant du coin de l'oeil, je remettais mes bottines et retirais ma veste à la place, cette séance m'avait donné chaud.
The faster we're falling, we're stopping and stalling. We're running in circles again, just as things we're looking up. You said it wasn't good enough but still we're trying one more time. Maybe we're just trying to hard, when really it's closer than it is too far. △
hannah & charlie
« J'ai l'impression de me retrouver dans une des petites voitures de collection de mon fr... cousin. » Hannah hésitait, trébuchait avant de tenter de se rattraper maladroitement. Et sous mes airs de je-m’en-foutiste, je dissimulais en réalité une propension impressionnante à stocker des informations récoltées çà et là sur mon entourage. Alors, peu désireux d’aller me mettre le nez là où il n’avait rien à y faire, le souvenir d’une Hannah plutôt touchy au sujet de son ex encore en mémoire, je rangeais ce détail dans un coin, me laissant une note mentale de remettre le sujet sur le tapis un jour où la conversation s’y prêterait, à supposer que nous soyons amenés à nous recroiser à l’avenir. De toute façon, nous venions d’arriver à destination, Oliver bien trop pressé d’obtenir sa gaufre pour patienter longtemps avant de recevoir sa récompense. Et la conversation n’avait pas tardé à revenir sur la nuit en cellule de dégrisement que nous avions passée tous les deux en compagnie, notamment, de l’ex d’Hannah. « Il n'a pas toujours été comme ça. » tentait-elle et elle se confrontait alors à mon regard d’incompréhension, sourcils froncés, l’air dubitatif. « Pas toujours été comme ça ? Tu veux dire bête comme ses pieds à vouloir à tout prix cogner sur tout le monde ? C’est un bus qui lui ait passé dessus récemment pour mettre à mal son système nerveux de la sorte ? » J’étais mauvais, presque agressif dans mes propos tant le souvenir que m’avait laissé ledit Liam était teinté de mauvaises impressions. Je le revoyais jouer le coq dans cette cellule de dégrisement, je pouvais encore entendre le bruit qu’avait fait son poing en venant s’écraser sur le visage de SJ, je me souvenais sans mal de la façon dont il avait regardé Ryleigh, l’air décidé à lui faire payer son affront. Et rien qu’à y repenser, je sentais la moutarde me monter au nez. Décidant néanmoins de redescendre de mes grands chevaux, j’étais venu chercher le regard d’Hannah du mien. « Ecoute, je sais que je ne devrais sûrement pas parler de lui comme ça, mais il ne m’inspire pas confiance. » J’étais à présent plus doux, me sentant presque coupable de souffler le froid et le chaud sur Hannah continuellement depuis notre première rencontre. « Vous êtes restés longtemps ensemble ? » lui demandais-je finalement, désireux de savoir combien de temps la blonde avait pu rester en compagnie de pareil abruti. « J’ai dû mal à vous imaginer ensemble, c’est presque le jour et la nuit. » dis-je finalement, dans un presque sourire en coin. De ce que j’avais pu découvrir au sujet de la jeune femme, notamment lors de notre rencart improvisé, c’était qu’elle était douce, presque délicate dans ses gestes mais qu’elle avait paradoxalement un esprit aiguisé que j’avais pu deviner au cours de notre conversation, ne manquant pas bien-sûr de me confronter à sa personnalité forte qui lui assurait de ne pas se laisser marcher sur les pieds. Et cela me semblait être l’opposé exact de ce que j’avais pu observer chez notre compagnon de cellule aux pulsions violentes. « Je sais bien qu’on dit que les contraires s’attirent, mais tout de même… » Finalement, j’étais venu mentionner Heller, le chef de bande visiblement quand j’ignorais de quoi en retournais réellement, pour me plaindre de la façon qu’il avait de s’adresser à Ariane et elle. « Parce qu'il faut bien compenser... » bougonnait-elle et avant même que je n’ai pu la relancer à ce sujet, Oliver refaisait son apparition, prêt à se régaler. C’était lui qui avait tenu le crachoir pendant une bonne partie du moment que nous avions mis pour terminer nos gaufres, relatant ses exploits à une Hannah étrangement patiente et réceptive. Du haut de ses cinq ans, le petit Ollie avait déjà une prestance à faire pâlir les plus grands de ce monde. Pour sûr, il irait loin dans la vie. « Je reviens. » dis-je finalement, lorsque la collation fut terminée pour l’ensemble de la tablée. Et je m’étais levé de mon siège pour payer la note, laissant à Hannah le soin de surveiller Oliver. J’avais jeté un coup d’œil rapide par-dessus mon épaule pour m’assurer que tout allait bien, quand je remarquais Hannah en train de courir après mon neveu dans la piscine à boule, son rire couvrant le brouhaha ambiant. Et le temps que je revienne à leur hauteur, gaufres payées, je retrouvais Hannah hors de la piscine, Oliver occupé avec ses semblables. « Déjà essoufflée ? » la taquinais-je en m’asseyant aussitôt à ses côtés. C’était du sport de vivre avec un enfant, de jouer avec lui surtout. J’en faisais les frais au quotidien, ne parvenant jamais à venir à bout de l’énergie débordante du garçon. Moi qui n’avait pas véritablement repris le sport après avoir quitté les équipes d’aviron et de Lacrosse d’Oxford en déménageant à Brisbane, ma condition physique se maintenait grâce au petit bonhomme haut comme trois pommes. « Fais attention, c’est un bourreau des cœurs, pire que son oncle. » plaisantais-je finalement, en détournant mon regard du garçon pour observer Hannah. « Il est très doué pour séduire son public. C’est un véritable fléau et ses victimes sont plus nombreuses chaque jour. » Et alors que je parlais, je me mettais à sourire doucement à l’évocation du fils de ma sœur, c’était ma fierté personnelle et j’étais le premier fan d’Ollie, sans même avoir honte de l’avouer. Décidant finalement de revenir à un sujet bien moins joyeux, désormais que les oreilles du garçon n’étaient plus proches de nous pour traîner : « Dis-moi, Hannah, est-ce qu’il faut que je m’inquiète de te savoir traîner avec ces types ? » Si je ne la connaissais encore que très peu, je devais avouer que sa compagnie m’était agréable, et sûrement déformation de mon rôle de grand frère protecteur, je n’avais pas envie de savoir Hannah enlisée dans de sales histoires. Me redressant finalement, non sans avoir demandé à Oliver de nous rejoindre hors de la piscine à boule, je me tournais vers Hannah, désignant la sortie d'un geste de la tête : « Je te dépose ? »