| (leenassan) maybe we'll find better days |
| | (#)Jeu 15 Fév 2018 - 19:51 | |
| leena & hassan maybe we'll find better daysAnd you ask me what I want this year, and I try to make this kind and clear: just a chance that maybe we'll find better days. 'Cause I don't need boxes wrapped in strings, and designer love and empty things, just a chance that maybe we'll find better days. ☆☆☆ Preuve étant que tout arrivait effectivement à point à qui savait attendre, comme le voulait l'expression, Hassan semblait enfin voir le bout de ses incertitudes concernant le ton qu'il souhaitait donner à la pièce qui lui servait de bureau. Fut un temps, à l'époque où la maison avait appartenu à ses parents et où les propriétaires suivant n'étaient pas encore passés par là, où cette pièce n'avait été rien d'autre qu'une buanderie, et les premiers mois le brun avait eu du mal à l'associer à quoi que ce soit d'autre qu'à l'odeur de linge propre et le bruit de la vapeur qui s'échappait du fer à repasser. Peu à peu il avait pourtant fini par faire des choix, remplacer le carrelage par un parquet à chevrons, retirer le papier peint d’un autre âge et lui préférer une peinture d’un blanc doux, et choisir avec soin les meubles qui – avec le tapis persan choisi en cliché parfaitement assumé – habilleraient au mieux une pièce qui, peut-être un peu plus que les autres, lui tenait à cœur. Et en terme de meuble le brun s’était persuadé d’avoir trouvé ni plus ni moins que la perle rare, un bureau en palissandre très old school déniché la semaine précédente chez une antiquaire dont il avait l’habitude de fréquenter la boutique, Hassan incapable de résister lorsqu’il était question de fureter au milieu d’objets poussiéreux et usés auxquels il trouvait un charme et un cachet inimitables. Désormais délesté de sa voiture au profit d’une moto qu’il avait mis bien des mois – pour ne pas dire des années – à apprivoiser, le brun s’était malgré tout retrouvé dans l’incapacité de transporter le dit bureau jusque chez lui, et avait accepté non sans un certain soulagement la proposition de l’antiquaire de le lui faire livrer directement chez lui. Rendez-vous était donc pris pour la semaine suivante, Hassan depuis peu en possession de son emploi du temps pour ce nouveau semestre qui débutait à peine, et ayant profité d’une demi-journée encore vide de tout cours à dispenser pour y caler l’arrivée de sa dernière acquisition mobilière. Assis en tailleur sur le tapis aux pieds du canapé, le professeur regardait d’un œil distrait les pérégrinations de Bear Grylls sur l’écran de télévision tout en s’accordant quelques minutes de jeu et de papouilles avec Spike qui, sans grande surprise, en redemandait encore et encore en donnant l’impression de ne jamais en avoir eu assez. La moiteur de ces derniers jours avait cédé sa place à une chaleur moins lourde, moins désagréable, et la très légère brise qui s’engouffrait parfois dans les allées de Logan City avait persuadé Hassan d’ouvrir en grand la baie vitrée du jardin et les fenêtres du salon pour créer un courant d’air. L’odeur des Wisteria chatouillait ses narines, et amenait comme à chaque fois avec elle le brin de satisfaction d’avoir ramené à la vie celui qui grimpait le long de la façade et au-dessus du porche de la maison, et que les précédents propriétaires avaient peu à peu laissé à l’abandon après que la mère d’Hassan, elle, ait passé tant de temps à en prendre soin. Fut un temps où il avait eu d’autant plus l’air d’avoir mauvaise mine que Kelly entretenait son jardin à la perfection juste de l’autre côté de la clôture. Extirpant son téléphone de la poche de son jean pour vérifier l’heure, le brun en avait profité pour checker ses emails et scroller quelques articles du Oz et du Green Left Weekly, quelques photos sur instagram, avant d’être interrompu par la sonnette de l’entrée et les aboiements d’un Spike qui avait bondi sur ses pattes et filé ventre à terre jusqu’à la porte. Comme d’habitude. « Bonjour … ? » Retenant Spike par son collier pour l’empêcher d’aller témoigner son amicalité envahissante à la visiteuse, Hassan était partagé entre l’impression d’avoir déjà vu la jeune femme et la déception qu’il ne s’agisse pas de l’antiquaire … A moins que si. Du moins c’est ce que laissait sous-entendre le logo sur la camionnette garée devant l’allée. « Pardon. C’est que je m’attendais à voir votre collègue. Attendez, je vais vous aider. » Pas bien grande et pas bien épaisse, il aurait été un vrai mufle de la laisser décharger son meuble toute seule. Alors qu’elle tournait les talons pour ouvrir la marche, pourtant, il avait été pris d’une fulgurante envie de récupérer son téléphone dans sa poche pour vérifier ses doutes. Tuée dans l’œuf par le fait qu’elle avait fait volte-face avant qu’il n’en ait eu le temps. « Vous n’avez pas eu trop de mal à trouver ? Les numéros ne se suivent pas tous dans le quartier, c’est un vrai labyrinthe. » Attrapant chacun l’un des côtés du bureau pour le décharger de la camionnette, ils l’avaient amenés jusqu’à la porte d’entrée où Hassan avait tant bien que mal réussi à repousser Spike jusque dans le bureau, où il l’avait momentanément enfermé, obtenant un retour un aboiement outré. « Il y a besoin que je signe quelque chose ? » Un reçu, une garantie, ou dieu sait quoi. Elle s’apprêtait à répondre lorsque son téléphone avait sonné, et alors qu’elle rejetait l’appel du bout des doigts lui n’avait pas pu faire autrement que d’apercevoir la photo qui lui servait de fond d’écran. « C’est … Vous vous appelez Leena. J’me trompe ? » Bien sûr que non, parce que s’il n’était auparavant pas sûr de lui, désormais il mettrait bien sa main à couper que c’était elle, la petite brune à côté de Rhett sur la photo qu’il avait liké à peine dix minutes plus tôt.
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| | | | (#)Ven 23 Fév 2018 - 15:46 | |
| C’était une chose que de passer des soirées avec sa meilleure amie – c’en était une autre que de penser qu’elles avaient encore 20 ans seulement et la même résistance à l’alcool qu’auparavant… La soirée de la veille avait été merveilleuse ; toutes les deux comme quand elles étaient ados, à profiter de la plage, à boire et à discuter et à rire, à danser ensuite, pendant que tout le monde dormait, occupées à goûter cette sensation d’avoir l’impression qu’on est les seules à vivre et à exister tandis que l’aube pointe à peine le bout de son nez. Leena était rentrée chez elle passablement ivre mais surtout heureuse et détendue – le réveil avait été un peu différent. La nausée, une barre au-dessus des yeux, pas une once d’énergie. Une gueule de bois des plus classiques, et qui lui arracha des protestations grommelées entre ses dents : non mais comment je peux ENCORE me laisser avoir comme ça. Heureusement que sa journée ne commençait pas trop tôt et qu’elle devait seulement faire un petit tour à la boutique, car elle n’aurait jamais été capable de faire plus. Prenant son mal en patience, elle se doucha, but un thé, attendit qu’il passe sans encombres, se prépara un déjeuner qu’elle parvient avec peine à manger, avala une bonne dose d’aspirine et retourna dans sa chambre se préparer. Après un bref coup d’œil dans le miroir, elle se concentra pour trouver une belle tenue et se maquiller convenablement, histoire de ne effrayer les clients qu’elle allait croiser dans la journée. Elle opta pour une robe légère verte avec des motifs et se maquilla avec application, remontant ses cheveux en un chignon pour couronner le tout. Quand elle prépara son sac et ses affaires, elle mit d’emblée ses lunettes de soleil sur son nez afin de protéger ses yeux de la terrible lumière du jour qui lui vrillait déjà le crâne rien qu’à travers les rideaux. Puis elle se mit en route : direction la boutique, elle avait quelques rangements à y faire, avant de préparer sa livraison.
Pourquoi le nom de Jaafari ne lui était pas inconnu ? Le H. ne lui disait rien mais le reste oui – comme quand on a rêvé mais qu’on ne parvient pas à se souvenir, on sait que c’est là, quelque part, mais on ne met pas la main dessus. Tant pis. De toute manière, elle était bien peu fraîche, alors elle avait renoncé à ses capacités mentales pour aujourd’hui. Elle enfila un petit gilet avant de se mettre en route, la camionnette chargée, car une légère brise soufflait sur Brisbane. Tant mieux pour Leena, qui s’imaginait déjà souffrir de la chaleur en plus de sa gueule de bois. Le trajet en direction de Logan City lui fut des plus faciles – l’adresse était à deux pas de chez Kelly, et elle avait d’ailleurs prévu d’aller boire un thé chez sa cousine ensuite, une fois la livraison effectuée. Elle lui envoya un message : en route pour ma livraison, je te dis quand j’ai fini ! et s’engagea le sourire aux lèvres dans les rues joliment encadrées et fleuries, avant de s’arrêter devant le bon numéro. L’homme qui sortit de la maison, retenant un chien qui aboyait en remuant la queue, fit sentir à Leena que le H. Jaafari n’était pas uniquement une construction de son esprit. C’était Hassan – le meilleur ami de Rhett, retrouvé ici à Brisbane quand il était rentré. Elle se sentit devenir toute rouge et plongea dans le coffre de la camionnette pour ouvrir les portes et se donner une contenance. « Bonjour !! » dit-elle avec un sourire, renonçant à se présenter car le chien couvrait le son de sa voix… La bonne excuse. Surtout parce qu’elle ne savait pas comment faire et que tout d’un coup Hassan l’impressionnait énormément et qu’elle ne savait plus ou se mettre. Il vint pour l’aider, elle lui répondit en soulevant le bureau : « Oh oui, sans problèmes, je connais le quartier, ma cousine habite juste à côté… Merci pour le coup de main ! » Ils entrèrent et déposèrent le meuble, et Leena sortit, un peu fébrile, le papier à faire signer. Hassan semblait beaucoup trop rapide pour elle à précéder ses gestes de ses questions pertinentes, et lorsqu’elle enleva ses lunettes de soleil, elle eut l’impression d’être encore plus mise à nue devant lui et n’osa pas croiser son regard. « Voilà pour vous, c’est le certificat d’achat, et j’ai juste besoin de votre signature ici… » Son téléphone sonna juste à ce moment-là, probablement Kelly, elle raccrocha sans regarder, murmurant un petit « Désolée ». Décidément : non seulement elle devait avoir l’air d’une empotée, mais en plus elle n’était même pas au top de sa forme pour prendre sur elle et donner à Hassan une image beaucoup plus valorisante d’elle. Rhett étant déjà un peu pudique et secret sur les gens qui gravitaient autour de lui, si en plus elle grillait ses chances dès le début…
Hassan prononça son prénom – il avait compris – et elle n’eut pas d’autre choix, cette fois, que de le regarder bien dans les yeux. Son regard était doux et rassurant. Elle eut un petit sourire d’excuse. « Oui. Je… Vous… Hassan, c’est ça ? J’ai eu la puce à l’oreille avec ton nom de famille qui me disait quelque chose, mais je n’en étais pas certaine… » Un petit silence vint interrompre sa phrase. Elle sentait que son cœur battait trop fort, ce qui n’aidait pas le mal de tête latent qui lui vrillait les tempes, heureusement moins fort qu’à son réveil. « Bon eh bien, depuis le temps que j’entends parler de toi, je suis contente de te rencontrer enfin ! C’est drôle, tu es vraiment voisin de ma cousine Kelly. Que de coïncidences ! » Elle eut un petit rire amusé, tentant de penser à tout sauf à Rhett pour ne pas paniquer encore plus. Ce n’était pas à elle de faire un pas en avant et elle se sentait un peu bête, plantée sur le pas de sa porte. « Ah et au fait, je n’ai pas peur des chiens, tu n’es pas obligé d’enfermer le tien ! » Super. Maintenant, il avait toutes les raisons de croire qu’elle était débile. |
| | | | (#)Lun 12 Mar 2018 - 22:55 | |
| D’abord vaguement surpris de ne pas avoir affaire à la jeune femme qui lui avait finalisé la vente du bureau la semaine précédente, Hassan avait rapidement laissé cela derrière lui, après tout il devait bien se douter qu’on ne gérait pas un commerce florissant en étant seul, à moins d’être doté d’une paire de bras supplémentaires. Amical par nature, il avait donc accueilli la jeune femme avec un sourire et un ton enjoué, tentant tant bien que mal de retenir les ardeurs de Spike qui, s’il possédait le même sens amical que son maître, était en revanche doté de bien moins de retenue que lui. S’inquiétant de la difficulté possible à ce qu’elle ait trouvé son adresse, les numéros de Logan City ne se suivant pas tous et étant un véritable casse-tête au premier abord, il avait acquiescé lorsqu’elle avait répondu « Oh oui, sans problèmes, je connais le quartier, ma cousine habite juste à côté … Merci pour le coup de main ! » Gageant que le « à côté » était une expression et non pas une indication à prendre telle quelle au pied de la lettre. Ayant en quelques minutes transporté le meuble jusque dans l'entrée de la maison, Spike faisait valoir sa désapprobation au fait de ne pas être invité à la fête en chouinant à travers la porte du bureau, Hassan s'était exécuté sans sourciller aux indications « Voilà pour vous, c’est le certificat d’achat, et j’ai juste besoin de votre signature ici … » fournies par la jeune femme et avait apposé sa signature sur le papier au moment où son téléphone sonnait. « Désolée. » s'était-elle excusée en rejetant l'appel, dévoilant au passage pendant un quart de seconde au regard du brun la photo qui ornait son fond d'écran et avait remis en ordre ses soupçons éventuels quant à l'identité de sa visiteuse. Pas du genre à tergiverser sur les choses pendant cent sept ans, il avait lancé le prénom d'un ton faussement hasardeux juste pour la confirmation, et s'apprêtait à se présenter à son tour lorsqu'elle l'avait pris de vitesse « Oui. Je … Vous … Hassan, c’est ça ? J’ai eu la puce à l’oreille avec ton nom de famille qui me disait quelque chose, mais je n’en étais pas certaine … » Semblant hésiter, ne plus savoir sur quel pied danser, elle semblait malgré tout s'être trouvé une contenance au moment d'ajouter « Bon eh bien, depuis le temps que j’entends parler de toi, je suis contente de te rencontrer enfin ! C’est drôle, tu es vraiment voisin de ma cousine Kelly. Que de coïncidences ! » Un brin surpris à son tour, Hassan avait affiché une mine un brin enthousiaste en répétant « Oh, c'est Kelly, ta cousine ? » Comme quoi elle habitait effectivement vraiment à côté. « Le monde est petit. Mais, du coup, je ne savais pas que tu étais australienne. » De ce qu'il en avait compris, il imaginait Rhett s'être entiché d'une britannique, et une qui devait beaucoup tenir à lui pour envisager de s'expatrier dans un pays qui, certes appartenait lui aussi au Commonwealth, mais était une sorte d'opposé parfait. « Mais je suis ravi de te rencontrer aussi. Je commençais à croire que Rhett te gardait volontairement cachée pour entretenir le mystère. » Le ton était léger, malgré une pointe de sérieux dans l'affirmation, et Hassan s'était alors bien gardé de faire remarquer que si la jeune femme semblait avoir déjà entendu parler de lui, de son côté Leena n'avait jamais été directement mentionnée. Mais Rhett était comme ça, plus il prenait une chose au sérieux plus il avait tendance à la garder pour lui … Une preuve, à ses yeux, que Leena n'était pas une femme parmi d'autres. « Ah et au fait, je n’ai pas peur des chiens, tu n’es pas obligé d’enfermer le tien ! » Ayant un moment presque oublié Spike et ses supplications de comédien de l'autre côté de la porte, le brun avait demandé « Sûre ? Il n'est pas méchant pour deux ronds, mais disons qu'il a un enthousiasme un peu excessif. » et finalement consenti à libérer l'animal devant la confirmation de la jeune femme. Quittant ventre à terre le bureau le chien aboyait joyeusement en sautillant autour de Leena, et tant las qu'un brin attendri comme souvent, Hassan s'était entendu protester « Oui, oui, t'es content on a compris. » et avait mis en garde la demoiselle lorsque trop heureux d'avoir une nouvelle compagne de jeu potentielle, Spike avait fait l'aller-retour jusqu'à sa caisse de jouets pour en rapporter un et l'abandonner aux pieds de la jeune femme « T'as pas fini si tu te lances là-dedans, il voudra jamais te laisser t'en aller. » Il y avait deux manières infaillibles d'obtenir les faveurs du Jaafari à quatre pattes : la nourriture, et le fait d'accepter de jouer avec lui. Une vraie bonne pâte. « Oh mais, tu as peut-être d'autres clients après ? Je ne voudrais pas abuser de ton temps. » Quand bien même l'existence même de Leena le rendait curieux et le poussait à vouloir en savoir davantage sur celle que Rhett lui cachait presque, il ne voulait pas risquer de la mettre en retard.
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| | | | (#)Lun 30 Avr 2018 - 16:43 | |
| La « meilleure amie » fait toujours peur aux garçons – Leena goûtait aujourd’hui le meilleur ami, pas certaine d’être plus à l’aise que ça. Le fait que Kelly soit à quelques pas de là lui apportait un réconfort étrange (elle se disait : si ça se passe mal je pourrais me réfugier en pleurant chez elle, puis ensuite elle revenait à la raison, Hassan ne semblait pas non plus être une personne désagréable) mais le reste s’arrêtait là. Comme souvent dans ces moments-là, elle se sentait idiote et inintéressante, et s’il ne l’avait pas reconnue, elle était prête à parier qu’elle aurait fait demi-tour sans rien dire. Mais au fond, penser à Rhett l’apaisait un petit peu : c’était lui qui la liait à Hassan, et tout ce qui était lié à Rhett ne pouvait être que positif. « Eh oui ! C’est quand même fou… Je suis née ici, oui, mais j’en suis partie il y a dix ans. ! » C’était drôle que Rhett ne l’ait pas mentionné. Puis elle se souvint que ce n’était pas si simple que cela, que les deux amis s’étaient un peu perdus de vus, et surtout retrouvés depuis un an, ils avaient des choses à rattraper, et sa nationalité était la dernière des choses importantes. Elle sentit son cœur se serrer un peu : certes Hassan l’avait reconnue, mais est-ce que Rhett lui avait déjà parlé d’elle au moins ? Non pas que c’était essentiel et qu’Hassan ait besoin de tout savoir, mais toute les questions que Leena se posaient en ce moment lui revinrent en cascade dans la tête. Si Rhett ne la mentionnait jamais, qu’est-ce que cela voulait dire sur les perspectives qu’il avait en tête à leur sujet ? Elle sentit sa bouche devenir toute sèche. Et quand Hassan confirma justement ce qu’elle pensait, elle se força à sourire, mais les mots qu’elle venait d’entendre lui donnèrent envie de fondre en larmes. « Oh, quand tu me connaîtras un peu mieux, tu verras que je n’ai vraiment rien de mystérieux ! » Elle se força à rire et à sourire, balayant le reste de ses pensées par la même occasion. Il ne manquait plus qu’elle passe pour une pauvre petite chose devant Hassan.
Heureusement, le chien apporta la diversion parfaite, et Leena se baissa pour le caresser. S’amusant de la situation – le chien tout fou, qui une fois qu’elle fit un geste vers lui comprit qu’elle était ralliée à sa cause partit chercher un jouet, Hassan s’excusant à moitié – elle fit un petit signe de tête pour signifier qu’elle n’était pas du tout dérangée. « J’ai toujours rêvé d’avoir un chien, mais en même temps ça me fait peur de n’avoir pas assez de temps pour lui, de mal m’investir. Ça tombait bien que Rhett ait un chien, comme ça j’ai eu les avantages sans la responsabilité ! » C’était une de leurs habitudes, même à Londres : partir faire d’immenses balades, dans les parcs, dans la ville, même en campagne proche, avec Roxy. Leena adorait ça, marcher des heures sans vraiment de but, tout le stress de la semaine s’évacuait et elle rentrait toujours avec les idées bien plus nettes. Il y eut un léger moment de flottement – Leena comprit qu’il voulait l’inviter à rentrer deux minutes, elle attrapa le jouet de la gueule du chien et s’arrêta avant de le lancer – est ce qu’elle était vraiment en position de le faire, et puis tout se déverrouilla, quand il s’inquiéta de ses clients suivants. Leena sentit que les battements de son cœur étaient un peu trop rapides et ses joues probablement un peu trop roses ; malheureusement elle était habituée à tout ça, le stress et les idées qui s’emballent bien trop vite étaient un héritage de son adolescence, dont elle n’avait jamais réussi à se défaire complètement. Elle s’éclaircit la gorge et rassembla toutes ses forces, prenant son courage à deux mains. « Tu es mon dernier client ! Je n’ai rien après, si ce n’est une visite promise à Kelly car je suis dans son coin, mais je ne lui ai pas donné d’heure exacte. Si tu n’es pas occupé pour l’instant, je serais ravie de faire un peu plus ta connaissance en tout cas ! Ça me fait plaisir de rencontrer l’entourage de Rhett, parce que comme tu dis, il est quand même champion en matière d’entretien de mystère » elle se mit à rire – Rhett était secret, trop parfois, mais c’était aussi l’une des choses qui faisait son charme, car il ne le faisait pas exprès. Après ces mots, elle lança le petit joujou en plastique quelques mètres plus loin, que le chien s’empressa d’aller ramasser à la vitesse de l’éclair. « Je ne sais même pas exactement ce que tu fais dans la vie, tu travailles à l’université n’est-ce pas ? Depuis longtemps ? » Les seules choses qu'elle savait à son sujet était ça et une vague histoire de mariage et de divorce, avec une femme au milieu, que Rhett connaissait également, mais ce n'était clairement pas le meilleur moyen d'approche, surtout si elle voulait essayer de faire bonne impression. |
| | | | (#)Lun 28 Mai 2018 - 21:21 | |
| Même en fouillant dans sa mémoire Hassan était à peu près certain que Rhett ne lui avait jamais mentionné le fait que Leena, sa Leena, était originaire de leur Australie et de Brisbane plus en particulier ; Pas que cela soit un détail d’importance capitale à première vue, bien que le brun soit du genre à ne pas croire aux coïncidences, et au fond le brun était le mieux placé pour savoir que tant d’années à vivre sur deux faces opposées du globe avaient étiolé un peu ce que Rhett et lui savaient de l’autre. « Eh oui ! C’est quand même fou … Je suis née ici, oui, mais j’en suis partie il y a dix ans. ! » lui avait en tout cas confirmé la jeune femme, Hassan ne se sentant pas encore dans la position de demander ce qui l’avait poussée à rentrer au bercail après une décennie toute entière. Rhett, peut-être. A rajouter à la liste des mystères qui entouraient la jeune femme, bien qu’elle se soit empressée d’assurer « Oh, quand tu me connaîtras un peu mieux, tu verras que je n’ai vraiment rien de mystérieux ! » tandis que ses joues se coloraient d’une légère teinte de rouge dont Hassan n’avait pu s’empêcher de remarquer qu’il y avait là un trait de famille entre sa voisine et elle. « Je ne demande pas mieux. » Interrompus par les couinements de Spike de l'autre côté de la porte, n'ayant pas son pareil pour jouer la comédie et obtenir gain de cause, Hassan avait fini par le libérer lorsque la jeune femme avait donné son approbation, et bien trop content de rencontrer une nouvelle personne à qui réclamer de l’attention le berger allemand s’était montré fidèle à lui-même : un poil brusque dans son affection, très empressé à l’idée d’aller chercher l’un de ses jouets, et très pataud au moment de le ramener alors que ses pattes glissaient plus vite que sa volonté sur le parquet grinçant du salon. « J’ai toujours rêvé d’avoir un chien, mais en même temps ça me fait peur de n’avoir pas assez de temps pour lui, de mal m’investir. Ça tombait bien que Rhett ait un chien, comme ça j’ai eu les avantages sans la responsabilité ! » Et il comprenait, lui-même avait été forcé de déménager lorsque Spike avait grandi et que l’appartement qu’il louait à Fortitude Valley était devenu trop petit. Bien sûr les raisons de ce déménagement étaient multiple et Spike n'en était pas la principale, mais avoir un jardin où l’animal pourrait se dégourdir les pattes entre deux balades avait sérieusement fait penser la balance dans ses critères de recherche. « Ça demande un peu de réorganisation et de changer quelques habitudes, c’est vrai. » avait-il admis dans un léger sourire, le regard glissant vers son animal avant de revenir à Leena « Mais ensuite on oublie vite à quoi ressemblait la maison avant d’en avoir un. » Foi de bonhomme qui n'avait jamais eu le moindre animal de compagnie avant Spike. Bien que tout à fait enclin à continuer ce brin de causette avec la jeune femme Hassan ne souhaitait pas lui faire prendre de retard sur ses livraisons, mais le rose lui montant à nouveau aux joues sans qu’il ne saisisse pas très bien pourquoi – bien que dix ans de vie commune avec une grande timide lui ait appris à ne plus forcément chercher d'explication à ce genre de choses – elle avait assuré « Tu es mon dernier client ! Je n’ai rien après, si ce n’est une visite promise à Kelly car je suis dans son coin, mais je ne lui ai pas donné d’heure exacte. Si tu n’es pas occupé pour l’instant, je serais ravie de faire un peu plus ta connaissance en tout cas ! Ça me fait plaisir de rencontrer l’entourage de Rhett, parce que comme tu dis, il est quand même champion en matière d’entretien de mystère » Le rire du brun se joignant au sien, il lui avait sans se faire prier plus longtemps indiqué le chemin de la cuisine, par laquelle on accédait au jardin. Ouvrant en grand la baie vitrée au plus grand plaisir du chien qui s’était élancé dans l’herbe, le brun avait assuré « Je suis sûr que ta cousine ne m’en voudra pas de te garder un peu. Et au pire je trouverai un moyen de se racheter à ses yeux. » Haussant les épaules avec amusement, bien qu’on ne peut plus sérieux, il avait proposé « Tu aimes la citronnade ? J'en ai fait tout à l’heure. J’ai du thé ou du jus de fruit, sinon. » Et si l'espace d’un instant la voix gentiment moqueuse de son frère lui lançant Un vrai petit homme d’intérieur lui était revenue à l'esprit, Hassan avait rapidement laissé couler. Quel mal à cela, après tout ? S'en retournant quelques secondes à la cuisine pour sortir deux verres il était revenu les poser sur la table « Je ne sais même pas exactement ce que tu fais dans la vie, tu travailles à l’université n’est-ce pas ? Depuis longtemps ? » Acquiesçant d’abord d’un signe de tête, il avait tiré une seconde chaise pour s'asseoir « C'est ça, oui. Je suis enseignant. Et depuis … houla, treize ans ? Ça ne me rajeunit pas. » Et d’avoir refait le calcul était sans conteste une bonne piqûre de rappel du temps qui passait. « J'ai fait toutes mes études là-bas, alors on peut dire que je n’ai jamais quitté l’université, d’une certaine façon. » Et là où la pratique du rugby avait toujours été une vocation professionnelle pour Rhett, elle n'avait jamais dépassé aux yeux d’Hassan le stade de hobby lui ayant permis d’obtenir une bourse d’études et de ne pas avoir à piocher dans l’héritage de ses parents. Le rugby avait toujours une place importante dans sa vie, mais en vivre n'avait jamais été un objectif. « Tu y as étudié aussi ? » Puisque Kelly oui, après tout, c’était une possibilité. « Ce serait quand même fou, tu aurais pu croiser Rhett des centaines de fois, et finalement il a fallu attendre que vous soyez à l'autre bout du monde. » Comme quoi les choses, parfois, ne tenaient à presque rien.
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| | | | (#)Sam 23 Juin 2018 - 17:14 | |
| Il y avait quelque chose de rassurant dans la personne d’Hassan et sa maison bien agencée, comme une sorte d’équilibre qui émanait du lieu et de son propriétaire. Le tempérament toujours un peu angoissé de Leena ne disparaissait jamais entièrement mais elle savait aujourd’hui s’accrocher au positif et aux petits signes encourageants, et la façon d’être d’Hassan lui apportait peu à peu de quoi se détendre, même malgré l’ombre de Rhett qui planait, auréolée de toutes les certitudes qui l’accompagnaient. Elle découvrait avec plaisir la maison joliment lumineuse et le jardin qui s’étalait derrière la baie vitrée, tandis que le chien détalait avec entrain dans l’herbe pour revenir ensuite aux pieds de Leena, le jouet en plastique entre ses dents (manquant de la déstabiliser par la même occasion). Elle rit et le caressa puis lança l’objet de nouveau – consciente que c’était là le début d’une répétition sans fin. Il aurait pu être effrayant de premier abord mais il était adorable, et Leena avait appris à ne pas avoir peur des chiens, surtout quand leur maître ne montrait visiblement aucun signe de retenue concernant le fait qu’il joue avec une inconnue. S’amusant de la remarquant sur Kelly, elle rétorqua sur le même ton que lui « C’est vrai qu’elle peut-être à cheval sur beaucoup de choses, mais heureusement elle me connaît depuis suffisamment longtemps pour savoir que la ponctualité n’est pas forcément mon fort ! » Pauvre Kelly, quand elle y pensait, quand elle était plus jeune il était arrivé tellement de fois qu’elle soit en retard, et elle revoyait nettement les sourcils froncés de sa cousine. Avec le temps, elle avait appris à faire plus attention. Elle accepta volontiers la citronnade qui lui faisait bien envie par ce temps, et relança une nouvelle fois le jouet à Spike tandis qu’Hassan avait disparu à l’intérieur de la maison chercher les boissons. Leena songea que c’était une merveilleuse façon de finir cette journée de travail, installée bien tranquillement sur la terrasse, tandis que le temps était si agréable.
La carrière d’Hassan était impressionnante, même s'il restait assez vague pour l'instant. Leena sourit et sentit que cet éternel problème allait arriver : que l'on suppose qu'elle ait fait des études et qu'elle doive dire que non, tout en se sentant d'un coup ramenée à une place inférieure. Et pourtant c'était parfaitement stupide ; on ne jugeait pas les gens de par leurs diplômes et ils pouvaient être tout aussi brillants sans avoir suivi un parcours scolaire classique. Mais Leena savait pourquoi elle se sentait mal à ce sujet : comme si le fait qu'elle réussisse plutôt bien sa carrière professionnelle n'existait pas, sa mère avait toujours jugé bon de souligner que sa fille n'avait pas fait d'études, avec une pointe de déception dans la voix. Ce qu'elle ne comprenait pas c'est que le système scolaire avait été un cauchemar pour sa fille, et qu'elle aurait préféré mourir plutôt que de s'imaginer 5 ans sur les bancs d'une fac après le lycée, après avoir subi près de deux ans de harcèlement scolaire. « Et tu enseignes quoi ? Hmm, non, je n'y ai pas été, à vrai dire j'ai arrêté après le lycée et j'ai tout de suite travaillé pour me faire de l'argent pour pouvoir partir faire le tour de l'Europe avec ma meilleure amie, Tess. » Elle sourit timidement, but une gorgée de la délicieuse citronnade. Avec le temps elle avait appris à ne pas rougir de son parcours, elle savait qu'elle était compétente dans son domaine. Mais c'était toujours un peu embêtant face à des gens à qui on voulait donner une bonne impression - ou face à des gens dont la carrière laissait clairement entendre qu'ils étaient particulièrement brillants. « Je ne me suis jamais faite au système scolaire - enfin, c'est plutôt lui qui ne voulait pas de moi ! J'ai eu quelques problèmes au collège et en vérité j'avais juste hâte d'en finir et de faire autre chose. Les formations que j'ai faites ensuite ont été auprès de professionnels directement, je n'ai pas de diplôme officiel. Du coup, impossible d'avoir croisé Rhett ! En revanche ce qui est plus fou c'est que vu notre passion commune du rugby, le fait de ne l'avoir jamais croisé dans un bar un soir de match, ça c'est incroyable ! » Elle se mit à rire cette fois. « Mais on a bien rattrapé le coup à Londres en tout cas ! » Elle ne comptait pas les souvenirs qu'elle avait avec Rhett, les soirs où il pouvait sortir, quand ils allaient suivre n'importe quel match qui passait dans un pub, l'ambiance chaleureuse et feutrée, la bière et la bonne humeur. « Toi aussi tu joues, c'est ça ? C'est drôle, je sais quelques bribes de ta vie par ci par là, sans même t'avoir rencontré jusque là ! » Si la situation avait été différente et qu'elle n'avait pas su qu'une histoire compliquée entourait la vie de couple d'Hassan elle aurait fini par demander s'il vivait ici tout seul mais elle s'en tint à cela, préférant ne pas mettre les pieds dans le plat. |
| | | | (#)Mar 10 Juil 2018 - 14:45 | |
| La situation avait quelque chose d’étrange, pas désagréable mais sortant de l’ordinaire ; Le fait de pouvoir mettre un visage, une voix et une personne de chair et d’os sur la description forcément subjective qu’en avait fait un tiers. Rhett avait parlé de l’un à l’autre et inversement, Hassan s’était fait sa propre idée de ce à quoi ressemblait Leena, de qui était la personne pour qui son ami semblait avoir eu un véritable coup de cœur durant son expatriation en Europe, et sans doute s’il avait parlé de lui à la jeune femme, celle-ci c’était fait sa propre idée de qui était le brun que Rhett considérait comme un ami de longue date. Pas britannique pour un sou, c’était la première surprise pour Hassan qui ne se serait pas imaginé trouver en Leena une compatriote ; Et bien que le brun aime assurer qu’il ne faisait aucune préférence, il avait ce côté profondément bienveillant vis-à-vis du pays qui l’avait vu naître et grandir, et des personnes qui comme lui étaient originaires de leur grande île-continent. « Et tu enseignes quoi ? » avait-elle de son côté questionné lorsqu’il avait confirmé les approximations de Rhett quant au fait qu’il travaillait lui aussi pour l’université. « Hmm, non, je n'y ai pas été. » avait-elle par ailleurs repris lorsqu’il avait questionné la possibilité qu’elle y ait été élève, elle aussi. « À vrai dire j'ai arrêté après le lycée et j'ai tout de suite travaillé pour me faire de l'argent pour pouvoir partir faire le tour de l'Europe avec ma meilleure amie, Tess. » Remarquant à peine le drôle d’air qu’elle avait semblé arborer un quart de seconde, et concluant qu’il l’avait tout simplement imaginé, il s’était exclamé avec un certain enthousiasme « Vous avez visité beaucoup de pays ? Parfois je regrette de n’avoir pas voyagé un peu plus quand j’en avais encore l’occasion. » Avant de décider de se poser, avant d’épouser Joanne qu’être brinquebalée çà et là sur le globe ne faisait pas rêver, avant de décider que son quotidien continuerait de se produire à Brisbane et nulle part ailleurs. Pas vraiment un sacrifice, plutôt une affaire de choix. Et réalisant qu’il n’avait pas répondu à la première question il avait rajouté « J’enseigne la géographie politique. Du coup j’ai principalement des étudiants en histoire et géographie, en droit international ou en journalisme. » Ce qui, en soit, l’occupait déjà pas mal et aurait pu se suffire à soi-même si la solitude désormais de mise ne l’avait pas poussé à accepter d’honorer d’autres engagements pour remplir le temps dont il ne savait pas quoi faire. Sa décision de travailler pour ABC n’était pas uniquement en choix par dépit cela va sans dire, mais l’idée d’avoir une manière supplémentaire d’occuper son temps avait assurément fait pencher la balance. Pour en revenir à l’université, ou plutôt au système scolaire plus généralement, Leena avait de son côté fini par expliquer sans le savoir l’air soucieux qu’Hassan lui avait trouvé précédemment « Je ne me suis jamais faite au système scolaire – enfin, c'est plutôt lui qui ne voulait pas de moi ! J'ai eu quelques problèmes au collège et en vérité j'avais juste hâte d'en finir et de faire autre chose. Les formations que j'ai faites ensuite ont été auprès de professionnels directement, je n'ai pas de diplôme officiel. » Et à cela il s’était contenté d’acquiescer, désireux de ne pas faire preuve d’une indiscrétion déplacée ou encore de réveiller de vieux et mauvais souvenirs. Il n’était de toute façon sans doute pas la meilleure oreille pour comprendre ce genre de choses, lui dont la scolarité s’était toujours passée sans encombres et presque avec facilité. « Du coup, impossible d'avoir croisé Rhett ! En revanche ce qui est plus fou c'est que vu notre passion commune du rugby, le fait de ne l'avoir jamais croisé dans un bar un soir de match, ça c'est incroyable ! » avait en tout cas repris Leena avec plus d’engouement « Mais on a bien rattrapé le coup à Londres en tout cas ! » Laissant échapper un rire amusé le brun avait de son côté assuré « Ça ne m’étonne pas, les vieilles habitudes ont la vie dure. » et même si la double casquette de sportif universitaire et de boursier les obligeaient l’un et l’autre à un minimum de raison et de sérieux, Rhett tout comme Hassan n’était jamais le dernier pour faire la fête, surtout lorsque le ballon ovale était le prétexte utilisé. « Toi aussi tu joues, c'est ça ? C'est drôle, je sais quelques bribes de ta vie par ci par là, sans même t'avoir rencontré jusque là ! » Et ils en revenaient donc à ce à quoi il songeait un peu plus tôt, tandis qu’il répondait par l’affirmative en prenant le temps d’avaler une gorgée de citronnade. « Depuis que je suis gamin, oui, mais rien à voir avec Rhett. » On ne comparaît pas un joueur international sélectionné à deux reprises pour porter les couleurs de son pays, et un joueur amateur dont les seules couleurs étaient désormais celles de son club de quartier. « On jouait ensemble à l’université. Mais il jouait pour faire carrière, moi simplement pour le plaisir, et pour justifier ma bourse d’études. Je n'ai jamais voulu en faire mon métier. » Il aurait probablement pu, s’il avait voulu. Mais Rhett était à l’époque sans conteste le meilleur joueur de leur équipe, le genre de joueur qui avait suffisamment marqué sa génération de la sélection universitaire pour avoir été accueilli à bras ouverts lorsqu’il était revenu y poser ses valises en tant qu'entraineur. Il aurait mérité d’autres titres, d’autres lauriers, et une fin de carrière moins prématurée … mais enfin. « Ça a dû être difficile pour lui, après son accident. » avait-il d'ailleurs songé à voix haute « Heureusement qu’il t’avait, là-bas. » Et bien que pris dans ses propres ennuis de santé à l’époque, ce qui l'aurait rendu aussi inutile qu’incapable à être d’un quelconque soutien pour le sportif, Hassan culpabilisait malgré tout toujours un peu. Mais Rhett n'avait rien dit sur son accident, lui n’avait rien dit sur son cancer, et en définitive l’un et l'autre avaient montré une nouvelle fois la preuve qu’ils étaient fait du même bois. « C'est pour lui, que tu as décidé de revenir ? » La question lui avait échappé, malgré lui, et réalisant sa propre indélicatesse il s’était empressé de rattraper « Excuse-moi, je suis beaucoup trop curieux, ne te sens pas obligée de répondre, ça ne me regarde pas. » Mais la faute à cette curiosité, la faute à cette impression que Rhett parlait de la jeune femme comme il ne lui avait parlé d'aucune depuis Sophia, depuis longtemps.
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| | | | (#)Lun 27 Aoû 2018 - 16:04 | |
| Parler de son voyage était toujours quelque chose qui lui donnait le sourire, jusqu’aux oreilles : il ne fallait pas la lancer sur le sujet, sous prétexte d’en avoir pour des heures ! Hassan n’avait peut-être pas encore mesuré combien Leena pouvait être bavarde, elle se lança sans se faire prier dans son récit, puisqu’il lui avait demandé. « On a fait vraiment un tour complet, de l’Irlande aux pays Baltes, de la Finlande à la Grèce ! On ne pensait d’ailleurs pas réussir à mettre un pied dans chacun d’entre eux mais finalement tout s’est bien goupillé ; on est restés plus longtemps dans certains que dans d’autres comme en France, en Grande-Bretagne, en Italie et en Suède. Soit parce qu’on y connaissait des gens, soit parce que la vie y était tellement agréable qu’on avait envie d’en profiter un peu et de faire le tour du pays de manière plus approfondie. C’est comme ça que je suis tombée amoureuse de l’Irlande et de la Grande-Bretagne et que j’ai décidé de m’installer à Londres par la suite, on a tenté notre chance avec Tess, trouvé des petits boulots, etc. En tout cas c’est vraiment l’expérience la plus intense et la plus merveilleuse de ma vie, si je ne l’avais pas faite je suis sûre que je n’aurais rien osé faire de mes dix doigts. C’est cliché, mais le voyage ça fait vraiment grandir, ça a été le cas pour moi en tout cas. Tu as été dans quels coins, toi ? » Elle fit attention tout de même ; elle n’avait pas envie de passer pour une pipelette auprès d’Hassan, et elle se connaissait trop bien pour savoir qu’elle aurait pu parler encore et encore. Savoir qu’il enseignait la géopolitique l’impressionna un peu plus, et elle était même persuadée qu’il ne disait pas l’ampleur de son poste et de sa mission ; il lui faisait un peu penser à Rhett, plutôt humble et pas du genre à se mettre en avant, c’était drôle, ils étaient assez semblables sur le papier. Encore plus lorsqu’il évoqua le rugby, une passion commune visiblement, qu’ils avaient tous les deux pratiquée très tôt. Elle se prit à se demander quel genre d’ados ils avaient été ensemble, quel genre de personnalités ils avaient eu, sûrement un peu sur le devant de la scène en appartement à une équipe de sport, bons élèves tous les deux, surtout Hassan. Elle adorait s’imaginer Rhett plus jeune, avec les traits plus enfantins, le caractère un peu moins tranché. Elle lui posait tout le temps des questions sur son enfance et sa jeunesse et cela faisait rire Rhett ; tout pudique qu’il était il ne savait pas trop quoi répondre ou ne s’étendait pas trop sur le sujet, tandis qu’elle insistait pour le faire rire. Et tout d’un coup Hassan mentionna l’accident, et Leena fut rappelée à la réalité – cette scène serait inscrite dans ses souvenirs pour le restant de ses jours. C’était la nuit, son téléphone l’avait réveillée, elle avait pourtant eu une soirée agitée la veille car elle avait fait la fête avec quelques-uns de ses collègues, d’ordinaire quand elle buvait autant elle ne se réveillait pas si facilement. Mais elle avait décroché et c’était l’hôpital, elle figurait que la liste des personnes à appeler en cas d’urgence, à Londres. Elle avait accouru et jamais une heure n’avait paru aussi longue, aussi douloureuse. Rhett avait été renversé par une voiture, il était gravement blessé, c’était un peu tôt pour savoir si le pronostic vital était engagé, les médecins penchaient plutôt pour un non. Mais tout de même. Elle avait eu la peur de sa vie. Elle avait veillé des heures à son chevet, jusqu’à son réveil ; réveil entaché par le fait de la sentence médicale, implacable. Il ne pourrait plus jouer, pas en tant que professionnel. Sa carrière était terminée. « Oui… Terriblement difficile. C’est un miracle qu’il se soit repris aussi vite, aussi bien. Je suis tellement fière de lui ! » Elle avait cru qu’il n’y parviendrait pas, au début ; elle l’avait vu dans un tel état, et lui qui ne parlait pas facilement se murait un peu plus chaque jour dans le silence, même si Leena faisait tout pour l’en sortir. C’était une prouesse, la façon dont il avait accepté son sort et réussit à trouver un nouveau métier qui ne l’éloignerait pas de sa passion. « Il t’en parle ? Il ne parle tellement de rien, jamais. C’est compliqué de savoir ce qu’il y a sous sa carapace, parfois » conclut-elle en riant. Rhett était un adorable ours, mais un ours tout de même. Après tout, ce côté l’avait toujours séduite de toute façon, et elle avait appris avec le temps à savoir comment lui tirer les vers du nez, non sans mal. C’est alors que la question qui fusa des lèvres d’Hassan la prit totalement de court – heureusement qu’elle venait de reposer son verre et qu’elle n’était pas en train de boire car elle se serait probablement étranglée – et si il s’excusa de son indélicatesse, le mal était fait ; Leena avait été tellement prise de court qu’elle avait eu l’air d’un lapin pris dans les phares d’une voiture. Nier aurait été pire, et elle choisit de jouer la carte de l’honnêteté. « C’est si évident que ça ? » dit-elle avec un petit sourire coupable. Le problème lorsqu’on était si secret, comme Rhett, c’était qu’il lui était difficile de savoir non seulement ce qu’il pensait mais aussi ce qu’il confiait à ses proches, à son meilleur ami. Avec elle, Rhett pouvait parfois beaucoup parler, mais elle savait qu’il était loin d’agir ainsi avec tout le monde. « Il me manquait terriblement et, oui, ça a en grande partie contribué… » Elle baissa les yeux. Maintenant, elle avait l’air d’une andouille. Non seulement Hassan avait lu en elle comme dans un livre ouvert mais en plus, peut-être même qu’il savait des choses sur leur relation qu’elle ignorait. « Rhett le sait, mais je ne suis pas sûre qu’il mesure à quel point. Tu ne lui répèteras pas, hein ? » fit-elle en riant, à moitié sérieuse – même si elle savait bien que ce qui se jouait entre les deux meilleurs amis n’était pas de son ressort. « À vrai dire je savais que je devrais revenir un jour, hmm… » Comment dire. Elle était dans sa lancée et n’hésita que quelques secondes avant de poursuivre. Hassan ne pouvait pas le savoir, mais il allait être la première personne à qui elle allait confier son histoire familiale de but en blanc. « C’est un peu compliqué avec mes parents, qui n’ont jamais quitté Brisbane. Je les ai fui mes parents dès que j’ai pu quand j’ai terminé le lycée, mon frère a disparu quand j’avais 14 ans et ça a complètement fait éclater la famille. J’avais besoin de partir de là. Mais rien n’est réglé pour autant. Il faut bien affronter les choses un jour ou l’autre » termina-t-elle en haussant les épaules. « Je compte le dire à Rhett, il ne le sait pas encore, juste que c’est compliqué. J’ai suffisamment été cataloguée ici comme celle dont le petit frère a été enlevé, j’avais besoin de redémarrer à neuf, en Europe. » C’était peut-être très bizarre de l’avouer à Hassan avant Rhett mais c’était trop tard ; il avait visiblement compris plus de choses que quiconque en quelques secondes, de toute façon. Elle se mit à rire. « Voilà, maintenant tu sais beaucoup trop de choses sur moi et tu dois me prendre pour une vieille folle !! » Elle attrapa son verre et se mit à boire, dans l'espoir de s'y noyer et de disparaître. « À ton tour maintenant, je me sentirais moins seule ! » rajouta-t-elle. |
| | | | (#)Sam 20 Oct 2018 - 22:49 | |
| Écouter Leena parler de ses voyages européens avait quelque chose de presque attendrissant, tant elle semblait s’y transporter de nouveau rien qu’à les évoquer, des paillettes dans les yeux et de la rêverie dans la voix. Il y avait dans sa façon de s’exprimer ce brin d’exaltation qui lui rappelait Sophia, y penser arrachant à Hassan un pincement au cœur autant qu’il lui faisait comprendre ce qui chez Rhett avait provoqué l’étincelle. Son récit terminé, la jeune femme s’était fendue d’un « C’est cliché, mais le voyage ça fait vraiment grandir, ça a été le cas pour moi en tout cas. » que le brun ne doutait pas être empreint de vérité, avant de se voir retourner la question « Tu as été dans quels coins, toi ? » Loin d’avoir autant baroudé qu’elle, et le je-ne-sais-quoi qui continuait de le retenir alors qu’il en avait de nouveau pleinement la possibilité assombrissant un peu le tableau, il avait dodeliné la tête et répondu « Oh, pas autant que toi. » d’un ton amusé avant de préciser néanmoins « Mais j’ai vécu quelques temps en Iran, mon pays d’origine, et j’ai profité d’être là-bas pour visiter un peu les pays alentours. Arménie, Géorgie, Oman, Turquie … J’y suis jamais resté très longtemps mais j’en garde de bons souvenirs. » Souvenirs d’autant plus précieux à ses yeux qu’il les partageait avec son frère, leur expatriation temporaire ayant permis de resserrer des liens que les années d’adolescence d’Hassan n’avaient pas soignées. « Et puis avec le boulot je bouge aussi un peu, l’UQ a pas mal de partenariats avec des universités asiatiques, alors même si c’est pour des conférences et que ça ne dure que deux ou trois jours ça laisse un peu de temps pour aller visiter. » Il pensait notamment à l’Indonésie, aux Philippines, ou au Viêt-Nam, des destinations à la portée forcément moins exotique que ceux d’Europe, pour les australiens qu’ils étaient. Fatalement, et parce qu’il représentait le véritable lien entre leurs deux univers, la conversation avait fini par dériver vers Rhett. Leena représentait cette partie de l’histoire du rugbyman qu’Hassan ne connaissait pas ou peu, cette période britannique durant laquelle son ami avait accompli ce qui avait toujours été un rêve d’enfance pour lui : jouer au rugby en Europe, terre natale par excellence de ce sport. Mais ce que son rêve européen lui avait donné il l’avait également repris, comme Hassan l’avait appris bien plus tard, et si le blond parlait peu de l’accident qui lui avait coûté sa carrière et son rêve le professeur pouvait parfois deviner dans certains traits et certaines expressions l’amertume que Rhett tentait de camoufler lorsqu’il revenait ses souvenirs londoniens. « Oui … Terriblement difficile. C’est un miracle qu’il se soit repris aussi vite, aussi bien. Je suis tellement fière de lui ! » avait pourtant nuancé Leena, dont le brun ne doutait pas qu’elle avait été d’une grande aide dans le processus entamé par le rugbyman pour aller de l’avant. « Il t’en parle ? Il ne parle tellement de rien, jamais. C’est compliqué de savoir ce qu’il y a sous sa carapace, parfois. » La gratifiant d’un vague sourire, il avait secoué doucement la tête et terminé son verre avant de lui concéder « Ça, Rhett est beaucoup moins bavard quand il s’agit de parler de lui-même. » parce que le sportif possédait cette pudeur dont on ne le déferait probablement jamais. « Mais il ne m’en parle pas vraiment, non. Je n’ai jamais osé demander non plus, pour tout t’avouer. » Pudeur partagée, sans doute, et probablement aussi le malaise d’Hassan à faire preuve de curiosité vis-à-vis des péripéties médicales de Rhett quand lui-même n’avait pas été honnête à ce sujet avec lui. Souvent il avait songé lui parler de la leucémie et puis, chaque fois, il avait reculé à la dernière seconde en se cachant derrière de fausses excuses. Il s’étonnait en revanche d’apprendre que le sportif n’était pas plus loquace avec Leena qu’avec lui ; A la manière dont Rhett parlait d’elle il l’aurait imaginée être une confidente de choix, et à en juger par le rouge qui lui était monté aux joues lorsqu’il avait outrepassé sa curiosité, elle aurait probablement aimé qu’il en soit effectivement ainsi. S’excusant maladroitement de son indélicatesse, il n’avait pas eu le cœur à nier lorsque l’antiquaire lui avait demandé « C’est si évident que ça ? » et s’était contenté de hausser les épaules avec douceur. « Il me manquait terriblement et, oui, ça a en grande partie contribué … Rhett le sait, mais je ne suis pas sûre qu’il mesure à quel point. Tu ne lui répèteras pas, hein ? » Mimant la clef avec laquelle on verrouillait ses lèvres avant de la jeter derrière soi sans regrets, il l’avait gratifiée d’un sourire sincère avant de promettre « Je serai une tombe. » tout en se gardant bien de faire remarquer que de son côté, Rhett semblait conscient de bien plus de choses qu’il ne souhaitait l’admettre, pour des raisons qui ne regardaient que lui. S’il y avait bien quelque chose que les années n’avaient pas altéré c’était la manière qu’avait son ami de gérer son rapport aux femmes. Souhaitant néanmoins faire preuve de totale transparence, Leena ne s’était pas arrêtée à cette seule confidence en guise d’explication, et après une brève pause elle avait repris d’un ton qu’on devinait mesuré, un brin hésitant. « À vrai dire je savais que je devrais revenir un jour, hmm … C’est un peu compliqué avec mes parents, qui n’ont jamais quitté Brisbane. Je les ai fuis dès que j’ai pu quand j’ai terminé le lycée, mon frère a disparu quand j’avais 14 ans et ça a complètement fait éclater la famille. J’avais besoin de partir de là. Mais rien n’est réglé pour autant. Il faut bien affronter les choses un jour ou l’autre. » Un peu pris au dépourvu, et craignant de faire un commentaire maladroit ou que la jeune femme pourrait trouver déplacé, Hassan s’était contenté d’un signe de tête lorsqu’elle avait ajouté « Je compte le dire à Rhett, il ne le sait pas encore, juste que c’est compliqué. J’ai suffisamment été cataloguée ici comme celle dont le petit frère a été enlevé, j’avais besoin de redémarrer à neuf, en Europe. » en craignant peut-être une éventuelle gaffe du brun à ce sujet auprès de Rhett. « Promis, pour ça non plus je ne dirai rien. » Marquant une brève pause, il avait observé plus en détails les traits du visage de Leena. « Mais Rhett te connaît depuis suffisamment longtemps maintenant, je ne pense pas que cela changerait la manière dont il te voit. Et puis ce n’est pas le genre à cataloguer les autres … Mais ça je pense que tu le sais déjà. » Et un rire d’échapper à l’antiquaire tandis qu’il clôturait cela d’un sourire sincère. « Voilà, maintenant tu sais beaucoup trop de choses sur moi et tu dois me prendre pour une vieille folle !! » Les joues rosies, elle s’était donné une contenance en se saisissant à nouveau de son verre pour le terminer. « À ton tour maintenant, je me sentirais moins seule ! » Pris au dépourvu et n’ayant pas la moindre idée ni de ce qu’il pourrait bien avoir à lui dire ni de ce qu’elle pourrait déjà avoir appris à son sujet par le biais de Rhett, il avait presque été tenté de la questionner à ce sujet en guise de réponse. Mais échaudé par le vent qui tournait pour bon nombre de ses relations, et ne se sentant pas le courage d’affronter les désillusions potentielles dont leur ami commun aurait pu s’épancher auprès de la jeune femme à son sujet, il avait renoncé avec couardise et préféré marmonner un « Oh je … je ne sais pas trop quoi te dire. Je n’ai rien de très intéressant à raconter à mon sujet … » trahissant la tendance partagée avec Rhett à ne pas savoir gérer le fait de devoir parler de lui-même. Heureusement pour lui – ou malheureusement pour Leena – leur échange avait été de nouveau interrompu par le téléphone de la jeune femme, sur l’écran duquel s’affichait le prénom de leur autre connaissance commune. De l’autre côté de la haie qui séparait leurs deux maisons, Kelly s’impatientait sans doute de ne pas voir sa cousine arriver, et Hassan ne voulait pas la retenir plus que de raison « Sauvé par le gong, on dirait bien. » s’était-il alors amusé, avant de reprendre « Elle doit d’attendre, je ne vais pas te retenir plus longtemps. Mais ça m’a fait plaisir d’enfin te rencontrer et de pouvoir discuter un peu avec toi, Rhett se mordra les doigts d’avoir autant tardé à nous présenter. » avec à peine plus de sérieux. Raccompagnant la jeune femme jusqu’à la porte, il l’avait une dernière fois remerciée pour la livraison du meuble et l’avait observée parcourir les quelques mètres qui séparaient son allée de celle de Kelly avant de refermer la porte, satisfait de voir que Rhett semblait pour une fois s’être entiché d’une personne qui aurait sur lui une influence bénéfique.
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| | | | | | | | (leenassan) maybe we'll find better days |
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