Angelina n'en revenait pas des moyens que ses parents avaient mis pour fêter l'anniversaire de leur petit-fils. Les grands chandeliers étaient allumés, le jardin était décoré de lanternes néo-gothiques absolument partout et un orchestre jouait du jazz dans le Gazebo qui trônait dans l'immense jardin de Gilmore. On aurait dit un mariage plus qu'un simple anniversaire et Angelina n'en revenait pas que ses parents soient allés aussi loin. Qu'est-ce que ça allait être lorsqu'il fêterait ses dix-huit ans ? La chaleur estivale avait permis l'organisation de cette garden party géante qui ne manquait pas d'ambiance pompeuse. Un photographe naviguait entre les invités pour immortaliser la présence de tous et trois baby-sitters avaient été engagées pour surveiller les bambins qui couraient partout entre les tables de banquets et les serveurs engagés pour l'occasion. Angie avait l'impression d'évoluer dans un dîner présidentiel vêtue d'une robe rouge moulante et d'escarpins noirs pour respecter le dress code spécial St Valentin que ses parents avaient plus ou moins imposés. Les smokings, les tenues de Cocktails, tout était surjoué et on se demandait si l'invité d'honneur de la soirée fêtait ses 65 ans ou ses quatre ans. Abel lui-même était ligoté dans un petit costume avec un noeud papillon rouge qui avait provoqué un véritable fou rire chez la jeune maman. Abel était habitué aux tenues beaucoup plus casual, en cohérence avec ses habitudes de petit garçon de se tâcher et se rouler partout. Galvanisé par les compliments des invités, le petit garçon se pavanait menton bien relevé dans les bras de sa mère, fier comme un paon. Henri Gilmore, malgré sa maladie, avait habillé son crâne chauve d'un chapeau élégant, il avait perdu du poids ce qui accentuait sa haute taille mais la vigueur et la joie avec laquelle il accueillait ses invités était rassurante pour l'assemblée. 

Angelina regarda son téléphone dans sa pochette, elle stressait à l'idée de l'arrivée d'Arthur dans cette garden party luxueuse et pompeuse. Elle l'avait prévenu par texto de ne pas être choqué, et de ne pas oublier de se parer de son plus beau costume. Angelina avait tout de même réussi à négocier la venue des petits copains d'école d'Arthur dont les parents malgré leur air emprunté se mêlaient naturellement au cocktail. Ils étaient terriblement gentils avec Angelina, ce qui la mettait mal à l'aise, elle qui évitait généralement de fricoter avec les parents d'élèves. Angelina avait du supplier sa mère de ne pas adresser d'invitation à la maitresse de leur fils car elle ne voulait pas que les rapports soient biaisés. Bref, cette garden party basculait vraiment dans le too much et le thème prépondérant de St Valentin filait la nausée à Angelina. Les serviettes en forme de peur, les petites statuts de Cupidon. Elle n'en pouvait plus d'entendre sa mère répéter à tout le monde qu'il n'y avait pas de doute, Abel était né le jour de la St Valentin car cet enfant n'était qu'amour blablabla. Mais voilà, à cause de la condition de son père, Angelina avait cédé à tout, préférant que chacun passe un bon moment, l'idée en tête que ce pouvait être le dernier anniversaire d'Abel en compagnie de son grand-père. "Mademoiselle Angelina, le père de Monsieur Abel est arrivé." Angelina se retourna et vit Arthur au sommet des marches, un cadeau sous le bras l'air un peu ennuyé, voir dépassé des événements. Angelina se mordit nerveusement la lèvre et se dirigea vers lui. "Je t'avais dit que c'était too much..." Elle jeta un regard gêné à l'ensemble de la scène.

Quand Angelina t’avait parlé d’organiser l’anniversaire d’Abel, tu n’avais pas insisté. Après tout, cela ne changeait pas grand chose que ce soit organisé chez ses parents ou chez toi, la seule différence que tu y voyais à ce moment là était la taille de votre jardin. L’important à tes yeux c’était de partager ce moment précieux avec Abel et comme Angelina t’avait invité, tu ne te voyais pas lui refuser l’honneur de se charger des préparatifs. Tu avais vite compris cependant que c’était plutôt ses parents qui se chargeaient de tout ça et tu ne pouvais t’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment. Tu te souviens très bien, quand tu sortais avec Angelina de réceptions chez ses parents et disons que c’était une expérience … que tu n’arrivais pas à oublier tellement que tout avait été vieux jeu. Mais tu n’avais rien dit, te contentant d’acheter à Abel son cadeau d’anniversaire qui était composé d’un jouet dont il te parlait depuis des semaines et de quelques livres que tu avais trouvés à ta librairie habituelle. Le jour de l’anniversaire d’Abel finit par arriver. Tu te réveillais dans ta maison bien vide quand ton fils n’était pas là. Malheureusement le 14 février ne tombant pas un jour férié ou un week-end, c’est au lycée que tu te rendis après avoir veillé à appeler ton fils pour lui souhaiter bon anniversaire avant qu’il n’aille à l’école. La journée se déroula normalement, sans accroc et sans problème. L’euphorie de la rentrée des classes était passée, il était maintenant temps, pour les élèves, de se concentrer sur les enseignements choisis. Tu étais rentré chez toi après ta journée pour te préparer avant de te rendre chez Angelina. Elle t’avait envoyé un message te disant de mettre ton plus beau costume. Un costume ? Pour l’anniversaire de ton fils ? Tu avais froncé les sourcils laissant un drôle de pressentiment venir t’habiter. Tu avais hésité pendant plusieurs minutes, te demandant si tu allais vraiment sortir le costume avant de décider de suivre le conseil d’Angelina. Tu allais déjà faire tâche, pas besoin d’en rajouter.

Une fois prêt, tu pris la direction du manoir des Gilmore et c’est sans surprise que tu arrivais après des dizaines de voitures bien garées à des places spécifiques par le voiturier qui se faisait un plaisir de garer la voiture de chacun. Sortant de la voiture, tu pouvais entendre de la musique qui venait du jardin. Tu n’étais pas venu au manoir depuis ta rupture avec Angelina et quelque chose te disait que tu aurais certainement préféré pousser un peu plus la date de retour. Prenant la direction du jardin, ce fut le choc quand tu arrivais à l’endroit où était installée cette fête d’anniversaire. Cela ne ressemblait d’ailleurs pas à une fête d’anniversaire mais plutôt à une fête de la Saint Valentin. Si des enfants n’étaient pas en train de courir au milieu des invités et entre les tables, jamais il ne te serait venu à l’idée que cela puisse être la fête d’anniversaire de ton fils. Tu regrettais soudainement d’avoir laissé à la maison la cravate et la veste du costume. Mais bon, tu pensais venir à l’anniversaire de ton fils où tu allais pouvoir jouer avec lui, pas à une fête guindée et sans intérêt. Alors que tu observes la scène devant toi, Angelina se dirige vers toi et te dit : « Je t'avais dit que c'était too much... » Too much ? Non, c’était encore plus que du too much. Tu sentais la colère monter en toi parce que tu te demandais à quel moment ils avaient pu penser que c’était approprié pour une fête d’anniversaire. Avaient-ils au moins demandé à Abel ce qu’il voulait ? « A quel moment exactement as-tu pensé qu’une fête de ce genre était une bonne idée ? » Maintenant que tu avais pu t’habituer aux décors, tu ne manquais pas de remarquer qu’il n’y avait pas que toi qui étais mal à l’aise. Les parents des amis d’Abel n’étaient pas beaucoup mieux mais semblaient vouloir le cacher à tout prix, certainement touchés d’être invités par des gens richissimes. « Est-ce que vous avez demandé à Abel ce qui lui ferait plaisir ? Est-ce qu’à un seul instant vous avez pensé que la fête devrait tourner autour de lui ? » Parce que clairement, ce n’était pas le cas. Abel fêtait ses quatre ans. Le jardin aurait dû être rempli de châteaux gonflables, de jeux d’eau, de chasse aux trésors, toutes ces activités dirigées vers les enfants. Pas une soirée guindée.

Comment avait-elle pu penser une seule seconde qu'Arthur saluerait le mal que s'était donné sa mère pour organiser cette fête ? La mine qu'il affichait en disait long sur ce qu'il pensait de la scène qui se déroulait devant ses yeux. Il n'était pas du tout content de ce qu'il voyait et Angelina ne pouvait pas vraiment le blâmer. Ce n'était pas comme ça qu'elle avait imaginé la fête d'anniversaire de son fils mais ses parents l'avaient eu par surprise. Alors lorsque Arthur la blâma elle pour l'organisation, Angelina eut un mouvement de recul comme si il venait de lui coller une gifle. "Mais ??? Ce n'est pas moi qui ait décidé de faire ça, j'ai laissé carte blanche à ma mère car ça lui faisait plaisir de s'occuper d'autre chose que du cancer de mon père pour une fois !" Elle n'en revenait pas. Elle savait qu'Arthur n'était pas un grand fan des fêtes Gilmore, en atteste les excuses qu'il l'obligeait à trouver à l'époque pour s'y soustraire, mais il était censé savoir qu'elle non plus n'était pas super à l'aise. Elle n'avait jamais apprécié les grandes réceptions données par ses parents, la plupart du temps elle se faisait la belle pour aller fumer dans l'abri de jardin de son père avec Carlisle. Qui devait être dans le coin d'ailleurs, il lui avait envoyé un texto pour le prévenir de son arrivée. Sauf que maintenant elle était coincée avec Arthur qui ne décolorait pas. Le fait est que les questions qu'il posait était légitime. "Abel s'éclate, regarde le." Elle le montra d'un geste du menton en train de rire aux éclats avec le Mime que sa mère avait embauché et qui s'amusait à imiter tout ce que faisait Abel. Grimaces comprises. "J'avoue qu'on est loin de Disneyland mais il a pas l'air malheureux non plus. Puis demain je l'emmène visiter une réserve naturelle avec Carlisle, Nina et son meilleur copain d'école. Ca faisait plaisir à mes parents d'organiser ça, ils n'ont vu personne depuis qu'on a apprit pour la maladie de mon père alors si tu dois faire un scandale, hurle sur moi mais pas sur eux s'il te plait. Ils pensaient bien faire." se justifie t-elle, sachant pertinemment que ça ne servait pas à grand chose et que sa défense était légèrement vaine. Arthur risquait de penser qu'elle avançait la maladie de son père comme un joker pour ne pas qu'il s'énerve alors que c'était vraiment le cas.

Angelina sent la crise d'anxiété monter en puissance en elle, c'est l'effet que lui a toujours fait Arthur. Il avait cette manière de se montrer dur, impartial, il la faisait constamment culpabiliser sur ce qu'elle faisait ou ce qu'elle était. Sans doute ce qui l'avait poussé aux crises d'hystérie si souvent lorsqu'ils étaient encore ensemble. Leur couple n'aurait jamais tenu, il était voué à l'échec, à chaque fois qu'elle le revoyait elle se rendait compte un peu plus de l'évidence même si lorsqu'elle était revenue à Brisbane elle avait encore des sentiments pour lui ils avaient totalement disparu aujourd'hui. A la place, Arthur lui reflétait tout ce qu'elle avait mal fait mais cette fois-ci elle acceptait de prendre ses responsabilités même si en soit, elle n'y était pas pour grand chose. Elle ne voulait surtout pas qu'Arthur prenne ses parents pour cible étant donné les circonstances. "Détend toi s'il te plait, serre toi un verre, fais quelque chose. Je comprends que tu sois énervé mais tu pourras organiser ton propre anniversaire si tu le souhaites avec Abel, il n'y a aucun problème. Et tu n'es pas obligé de rester toute la soirée, j'ai dit à ma mère que tu avais Abel à partir de 21h parce que justement je savais que ça ne te plairait pas et que tu voudrais emmener Abel autre part." 21h était un peu tard pour enchaîner sur une deuxième soirée pour un enfant de cinq ans mais c'était tout ce qu'elle avait réussi à obtenir de sa mère qui déjà trouvait un peu fort de café de lui subtilisé l'invité d'honneur de la soirée. Mais voilà, Angelina n'avait rien lâché car elle était complètement entre deux et qu'elle ne pouvait pas satisfaire tout le monde visiblement. Angelina trouvait la situation injuste, déjà qu'elle détestait les anniversaires (elle n'avait même pas pris la peine de fêter ses trente ans, et c'était tant mieux) elle voulait juste organiser une soirée film popcorn à la base. Et là voilà coincée dans cette soirée guindée, dans une robe trop serrée avec son ex énervé. La totale.

Devoir enfiler un costume pour venir fêter les quatre ans de l’anniversaire de ton fils te rendait malade. Tu aurais aimé être en jean tout simple, un jean qui t’aurait permis d’organiser des jeux, d’être là avec les enfants, de tout faire pour qu’ils passent un bon moment. Au lieu de ça, tu te retrouvais au milieu de la réception la plus guindée de l’histoire où la plupart des gens étaient mal à l’aise et où les enfants aussi étaient habillés comme des pingouins. Tu te demandais pourquoi Angelina t’avait invité à venir, tu n’allais pas être capable de tenir ta langue très longtemps et elle te connaissait assez bien pour savoir que ce serait le cas aujourd’hui. Ce n’était pas un anniversaire pour un gosse de quatre ans, c’était une réception pour retraités dans laquelle tu venais d’entrer. « Mais ??? Ce n'est pas moi qui ait décidé de faire ça, j'ai laissé carte blanche à ma mère car ça lui faisait plaisir de s'occuper d'autre chose que du cancer de mon père pour une fois ! » Comment ne t’en étais-tu pas douté ? Tu connaissais Angelina pourtant, tu aurais dû te douter que le cancer de son père allait venir justifier toute sorte de choses maintenant. Et tu n’étais pas un assez gros connard pour tout lui jeter à la figure. Oh Dieu sait que tu avais envie de le faire … Terriblement envie de le faire mais il faudra faire sans. « Tu ne vas pas pouvoir utiliser le cancer de ton père pour justifier tout et n’importe quoi Angelina. Je comprends que ta mère ait eu besoin de se changer les idées et je vois bien qu’elle y a mis tout son cœur mais tu aurais au moins pu limiter les dégâts. » Les Gilmore étaient beaucoup de choses mais ils n’étaient pas des gens buttés avec qui l’on ne pouvait pas discuter. Angelina aurait au moins pu essayer de lutter contre le dress code qui en cette journée d’été était insupportable et vous donnait l’impression de vous rendre au palais pour prendre le thé avec la famille royale. « Abel s'éclate, regarde le. J'avoue qu'on est loin de Disneyland mais il a pas l'air malheureux non plus. Puis demain je l'emmène visiter une réserve naturelle avec Carlisle, Nina et son meilleur copain d'école. Ca faisait plaisir à mes parents d'organiser ça, ils n'ont vu personne depuis qu'on a apprit pour la maladie de mon père alors si tu dois faire un scandale, hurle sur moi mais pas sur eux s'il te plait. Ils pensaient bien faire. » Angelina te connaît bien mal. Les scandales, tu les fuis depuis bien longtemps. Les scènes qui attirent l’attention aussi. Tu t’es toujours fondu dans la foule. Oh tu attirais les regards mais simplement en passant. Et tu savais te tenir. Durant votre relation c’était Angelina qui faisait des crises et des scandales. Pas toi. Donc cela n’allait certainement pas changer aujourd’hui, tu refusais d’en arriver là. « On se croirait à une soirée guindée pour retraités. La plupart des invités ont l’air tellement mal à l’aise que j’ai pitié pour eux. » Dis-tu en montrant divers parents des amis d’Arthur. Le reste des invités devaient être des proches des Gilmore. « Pourquoi tes parents ont-ils eu besoin de l’anniversaire d’Abel ? Ils peuvent inviter leurs amis quand ils veulent. » Dis-tu an haussant les épaules. « Et je sais me tenir merci bien. » Dis-tu à Angelina. Non, tu ne feras pas de scandale. Tu es énervé certes mais tu ne gâcheras pas la journée d’Abel pour autant. Et puis ce n’est pas comme si tu avais une Valentine pour te tenir compagnie en cette journée. Ca c’était un autre problème, un problème sur lequel tu préférais ne pas t’attarder quand Angelina se trouvait près de toi. Vous n’aviez pas tenu plus de six mois ensemble et la difficulté que vous aviez à vous entendre sur l’éducation d’Abel aujourd’hui était bien la preuve que vous n’auriez jamais pu être bien assortis. « Détend toi s'il te plait, serre toi un verre, fais quelque chose. Je comprends que tu sois énervé mais tu pourras organiser ton propre anniversaire si tu le souhaites avec Abel, il n'y a aucun problème. Et tu n'es pas obligé de rester toute la soirée, j'ai dit à ma mère que tu avais Abel à partir de 21h parce que justement je savais que ça ne te plairait pas et que tu voudrais emmener Abel autre part. » Tu pousses un soupir. Tu peux voir l’anxiété et la colère se mélanger sur le visage d’Angelina. Elle essayait de te calmer, de te faire comprendre qu’elle essayait de faire un compromis. Si elle savait que tu n’allais pas apprécier pourquoi t’inviter ? Mais si tu n’avais pas été invité, tu aurais été vexé également donc tu te contredisais dans cette histoire. Tu savais que c’était à toi de faire un pas en avant désormais sinon la situation allait dégénérer et cela n’en valait pas la peine. « Ca ne me dérange pas de rester avec Abel ici. Je ne compte pas lui organiser une autre fête, il aura droit à un repas de famille sinon ma mère me tuera mais c’est aujourd’hui son anniversaire et je refuse de jouer à qui organisera le meilleur anniversaire. » Vous aviez déjà bien assez de soucis comme ça avec Angelina, ce genre de guéguerre était inutile. « Je connais tes parents Angelina, je sais qu’ils ont les meilleures intentions. Jamais je n’aurais pu offrir pareil anniversaire à Abel mais peut-être que l’année prochaine on peut participer au comité d’organisation de l’événement ? » Madame Gilmore ne lâchera pas les rênes tu en es certain mais peut-être que des compromis pouvaient être trouvés. « Tu crois que ta mère m’en voudrait si je lançais une partie de baseball ? La danse de salon c’est pas mon truc. » Dis-tu en haussant les épaules. Ni lécher les bottes des amis des Gilmore, les enfants c’est toujours plus safe.

Franchement, elle aurait du le voir venir bien avant, elle s'était montré beaucoup trop naïve. Chassez le naturel et il revient au galop n'est-ce pas. La paix des ménages ne pouvait pas durer éternellement et la guerre semblait avoir été de nouveau déclaré. Tendu comme jamais, Arthur ne tarde pas à se comporter en Arthur. Les reproches affluent et Angelina sent sa poitrine se gonfler sous l'effet de la colère, le souffle lui manque et elle eut immédiatement l'envie d'en griller une pour soulager son stress. Arthur pensait que Angelina se cachait derrière la maladie de son père pour se dédouaner de ce qu'il se passait alors que ce n'était pas du tout son intention. Jamais elle n'oserait se servir de la maladie de son père comme une arme pour imposer des choses au père de son fils. Choquée, l'indignation se lit sur son visage et elle ne tarde pas à rétorquer. "Alors excuse-moi mais j'allai pas empêcher ma mère de tenter de faire plaisir à son petit fils alors que son quotidien s'est résumé à des perfusions et des couloirs d'hôpital ces derniers temps. Sauf que c'est trop tard pour tenter de sauver les meubles, Arthur est lancé et lorsqu'il mentionne les parents d'élèves mal à l'aise Angelina est bien obligé de lui accorder le point. "Oui bon ok c'est pas la fête de l'année mais le buffet est excellent." C'était le pire truc à dire mais Angie en avait rien à foutre, elle aurait aimé qu'il salue un minimum les efforts qui avaient été mis en place. Elle ne voulait surtout pas que Abel ressente la colère de son père, leur fils était une éponge et il était inenvisageable qu'il voit ses parents se disputer le jour de son anniversaire alors que c'était censé être son jour.

Et il faut croire que Arthur avait lu dans ses pensées car il finit par retomber comme un soufflé au grand soulagement d'Angelina. Sans doute parce qu'il a lu sur son visage que l'angoisse était en train de prendre possession d'elle et qu'elle le vivait mal. Les conflits avec Arthur l'avait toujours mis dans tous ses états car contrairement à beaucoup de personnes Arthur n'était pas manipulable, il n'allait pas dans son sens juste parce qu'elle était belle ou parce qu'il voulait la garder dans la poche. Il ne lui donnait pas raison pour avoir la paix, non Arthur restait sur ss positions quand il les estimait juste mais la nouveauté était que parfois,il acceptait de la rencontrer à mi-chemin en mettant de l'eau dans son vin. Mieux encore, il acceptait de rester sur place pour qu'ils puissent tous les trois profiter de l'anniversaire d'Abel malgré les fausses notes du début. Un sourire énorme se dessine sur ses lèvres alors qu'elle presse doucement son bras en signe de paix. "Je te promet que l'année prochaine tu auras quartier libre, Abel sera grand et il choisira tout de A à Z sans que mes parents s'en mêlent !" Angelina mesurait sa chance qu'Arthur lâche l'affaire. A présent, elle lui aurait dit oui à n'importe quoi tant elle était touchée par sa façon d'avoir gérer une situation qui ne lui plaisait pas du tout. "Fais tout ce que tu veux, tu sais bien que ma mère t'adore, j'ai tout ce qui faut dans l'abri de jardin. Tu m'accompagnes pour aller les chercher ? J'ai trop peur d'y aller toute seule." L'abri de jardin se trouvait à trois minutes à pieds enfoncé dans la forêt du manoir Gilmore, c'était une énorme verrière où on trouvait à l'intérieur un salon de jardin, des plantes, une bibliothèque et plusieurs malles et coffres où étaient rangés en vracs des jouets pour le jardin. C'était également là où Angelina fumait ses joints et avait eu sa première fois quand elle était ados mais rien de tout ça ne risquait d'arriver en présence d'Arthur...

« Oui bon ok c'est pas la fête de l'année mais le buffet est excellent. » Tu ne peux t’empêcher de lever encore une fois un sourcil. Sérieusement ? Elle essayait de te vendre cette fête en te parlant du buffet ? Cependant, tu savais que dans la vie il fallait choisir ses batailles et tu avais choisi de te battre avec Angelina pour avoir ton fils une semaine sur deux chez toi par contre se battre avec Angelina sur cette fête d’anniversaire ne servait pas à grand chose parce que vous ne pouviez pas changer les choses. Tu lui avais fait comprendre ton agacement par rapport à cette fête d’anniversaire et Angelina te connaissait assez bien pour deviner que tu allais réagir ainsi à une telle cérémonie. Tu trouvais cette fête ridicule. Le fait que ton fils soit né le jour de la Saint Valentin ne voulait pas dire qu’il devait passer tous ses anniversaires entourés de ballons rouges et de cœurs. C’était son anniversaire avant tout, la Saint Valentin n’était qu’une fête commerciale qu’il fallait célébrer en couple mais tu n’avais pas occupé ce statut depuis bien longtemps. Au lieu de rétorquer comme tu aurais pu le faire, tu lâchais l’affaire. A ton tour, tu connaissais assez Angelina pour remarquer qu’elle était à deux doigts de péter les plombs ou de succomber à son anxiété, tu ne saurais pas dire. Mais vous n’aviez pas besoin de ça aujourd’hui et ses parents n’avaient pas besoin de ça. Malgré le dégoût que tu avais pour ce genre de fête, tu savais que les parents d’Angelina n’avaient que de bonnes intentions mais tu te demandais depuis quand ils n’avaient pas organisé une fête pour un enfant et surtout depuis quand ils n’avaient pas été à un anniversaire d’un enfant de moins de dix ans. Cette fête semblait plus être pensée pour des adultes qu’autre chose mais tu gardais tout cela pour toi, tu en avais déjà assez dit de toute manière. A tes paroles, tu pus lire le soulagement sur le visage d’Angelina. Il était évident qu’elle s’était attendue à ce que tu continues sur ta lancée et que tu exposes littéralement mais tu savais te tenir et voilà longtemps que tu avais appris que ce genre de crise ne résolvait rien. Alors à la place tu lui demandais si tu pouvais lancer une partie de baseball avec les enfants car il était hors de question que tu te retrouves à valser sur la piste de danse improvisée. Tu ne doutais pas que les parents d’Angelina trouveraient un moyen de vous pousser dessus sans que vous ne vous en rendiez compte donc mieux valait garder vos distances. « Je te promet que l'année prochaine tu auras quartier libre, Abel sera grand et il choisira tout de A à Z sans que mes parents s'en mêlent ! » Un petit pas en avant et tu avais droit à de belles promesses. Le soulagement qui se dégageait d’Angelina te faisait comprendre que tu pouvais demander à peu près n’importe quoi, elle te dirait oui. Cependant, ce n’était pas ton genre et cette promesse te satisfaisait. « Ne t’avise pas d’essayer de la briser l’année prochaine, je serai le premier à te rappeler cette promesse faite sous ce si beau soleil de février. » Dis-tu à Angelina avec un clin d’œil. Tu doutais qu’elle essayerait de revenir à ce genre de fête l’année prochaine mais si c’était le cas, tu n’allais pas te gêner pour lui rappeler ce qu’elle t’avait promis cette année. Et puis tu voulais qu’Abel décide de ce qu’il voulait pour son anniversaire. « Fais tout ce que tu veux, tu sais bien que ma mère t'adore, j'ai tout ce qui faut dans l'abri de jardin. Tu m'accompagnes pour aller les chercher ? J'ai trop peur d'y aller toute seule. » Tu hoches la tête avant d’emboiter le pas à Angelina. Elle avait trop peur de l’abri de jardin ? Cela te semblait un peu étrange mais dans tous les cas, vu la robe et les chaussures de la jeune femme, elle n’aurait pas pu tout transporter toute seule sans se faire mal. Quelques minutes plus tard vous arriviez à l’abri de jardin et tu ne pus t’empêcher de lui dire : « C’est cet abri qui te fait peur ? J’ai plutôt l’impression que c’est un endroit parfait pour de petites escapades plus ou moins innocentes. » Dis-tu avec un clin d’œil alors que tu allais ouvrir la porte pour laisser entrer Angelina. « Après toi. » Tu savais être galant quand il te fallait et c’était la Saint Valentin après tout. Une fois à l’intérieur, tu ne manquais pas de noter qu’il y avait un peu de tout. « Tu ne saurais pas où sont les accessoires sportifs par hasard ? » Lui demandas-tu en te mettant à chercher. Tu demandais ensuite à Angelina avec un sourire en coin sur les lèvres : « Pas de charmant jeune homme à ton bras pour cette Saint Valentin ? Tes parents doivent sans aucun doute penser que c’est un sacrilège. » Pour une raison qui t’était inconnue, ils avaient toujours voulu voir Angelina mariée et caser sauf que tu doutais que c’était ce qu’Angelina recherchait.

L'abri de jardin est sans doute son endroit préférée sur la propriété Gilmore dans laquelle elle ne s'est jamais sentie vraiment à l'aise. Tout était trop pompeux, trop riche, trop gothique, trop bourgeois pour elle. Elle se sentait bien plus à l'aise dans son loft avec son fils. Mais l'abri de jardin avait ce côté familier, chaleureux, agréable surtout durant la saison estivale. Le chemin pour y arriver était un chouïa tortueux mais avec Arthur pour l'aider à enjamber les branches ils y étaient finalement parvenus sans difficulté. Arthur se fendit d'une petite remarque qui fit glousser Angelina. Il n'imaginait pas à quel point il avait raison “Non c’est pas l’abri lui-même, c’est vraiment la forêt autour. Regarde toutes ces ombres, c’est vraiment flippant, j’ai toujours peur que quelqu’un soit là en train de m’observer dans le noir.” Angelina était du genre à parano à la base mais elle l’était devenue d’autant plus de quelques temps, elle avait fixé trois cadenas sur la porte et se méfiait de tout le monde depuis que son patron Carlos s’était fait descendre dans la ruelle jouxtant le Canva. Ca avait été un véritable traumatisme pour elle et depuis elle limitait un maximum ses déplacements seule malgré ses cours de boxe. Elle pénétra donc en première dans l’abri de jardin dans lequel il faisait presque désagréablement chaud. Arthur semblait parfaitement calme maintenant, de quoi mettre Angelina également de bonne humeur. Leurs échanges avaient tellement été tendus ces derniers temps qu’avoir de nouveaux des échanges normaux avec lui avait une saveur particulière. “Si ils sont dans la malle là-bas, attention j’espère que t’es pas allergique à la poussière.” Elle alla de son côté chercher un kit de badminton et un ballon de rugby. “C’est vrai que j’aurais du y penser avant, c’est vraiment une bonne idée. On voit ton côté prof des écoles là !” Abel rentrait toujours avec plein d’histoires à lui raconter lorsqu’il allait chez son père, elle savait qu’il l’emmenait faire mille et une activité pour le stimuler. Le vocabulaire d’Abel s’enrichissait de jour en jour et il était bien plus facile à gérer qu’avant qu’Arthur ne rentre dans sa vie. La jeune maman était admirative de la manière dont Arthur avait géré son nouveau rôle en comblant son fils de bonheur à tous les instants.

Le ballon de rugby sous le bras, Angelina éclata de rire lorsque Arthur s’étonna qu’elle n’ait pas de cavalier pour la Saint-Valentin. “Franchement c’est ma dernière préoccupation en ce moment... “ Depuis des années à vrai dire, mais elle n’avait pas envie d’avoir l’air 100% pathétique devant son ex. Ca n’avait rien de flatteur que d’avouer qu’elle n’avait connu personne d’autre après lui, si ce n’est un ex avec qui elle avait couché à l’arrache dans sa voiture, rien de bien glorieux franchement. “J’aimerai bien pourtant, avoir quelqu’un avec qui partager mon quotidien, surtout quand Abel est pas là, ça fait vide. Mais à part les mecs du Canvas… Je rencontre pas grand monde.” Elle n’avait jamais été du genre à trainer sur les sites de rencontre ou à multiplier les rencards. Elle avait bien participé à un ou deux rencards arrangés mais elle avait fini par s’en échapper en prétextant un ennui avec la baby-sitter ou son chien malade… Elle n’était plus rompue à l’exercice comme elle avait pu l’être avant hélas. Elle préférait la réalité au virtuel plutôt deux fois qu’une. Même si elle ne parvenait pas à tomber sur la perle rare. Il y avait bien Phoenix mais… Elle s’interdisait de penser à Phoenix. “J’aimerai construire quelque chose de sérieux pour une fois mais ça a l’air d’être hors de ma portée. Peut-être que je suis faite pour être seule après tout, je suis tellement bien avec mon fils. Enfin notre fils.” rectifia t-elle avec un sourire désolée. Elle l’aida à remettre la hanse du sac de jeu sur son épaule. “Et toi alors ? T’as quelqu’un qui t’attend à la maison ?” C’était bizarre de lui poser cette question sans jalousie qui pointe dans sa voix, comme elle l’aurait posé à n’importe qui d’autre. Il semblait qu’elle était définitivement passée à autre chose après des années à espérer qu’il finirait par reconnaitre qu’ils étaient des âmes soeurs et qu’ils pourraient enfin reconstituer la famille qu’ils auraient pu être si elle ne s’était pas enfuie.

Il fallait l’avouer, l’abri de jardin des Gilmore n’était pas situé à l’endroit le plus accueillant de la propriété mais tu ne pus t’empêcher de penser que c’était exactement ce qui aurait dû attirer Angelina. Tu n’arrivais pas à imaginer qu’à une époque cet endroit isolé ne soit pas son repère. Mais ce n’était plus le cas aujourd’hui et vu le petit chemin sinueux, tu pouvais comprendre pourquoi. « Non c’est pas l’abri lui-même, c’est vraiment la forêt autour. Regarde toutes ces ombres, c’est vraiment flippant, j’ai toujours peur que quelqu’un soit là en train de m’observer dans le noir. » Tu n’avais jamais été quelqu’un de peureux ou d’anxieux par nature. Oui, la forêt n’était pas un lieu très lumineux et joyeux mais tu ne voyais pas ce qui pouvait vous arriver. Tu savais qu’il y avait des malades mentaux partout sur terre mais tu préférais ne pas trop penser au fait que tu pourrais croiser la route d’un de ces individus un jour. « Pour l’instant il n’y a que moi qui t’observe. » Lui dis-tu avec un clin d’œil avant d’ajouter : « Je serai ton Superman pour te protéger contre les ombres. » Tu la taquinais bien évidemment. Tu aurais pu venir à l’abri tout seul mais Angelina s’était proposée pour t’accompagner et tu n’avais rien contre un peu de compagnie. Une fois tous les deux à l’intérieur, tu demandais à Angelina si elle savait où se trouvaient les équipements nécessaire à ta petite partie de baseball improvisée et autres sports d’ailleurs car si tu devais chercher, vous seriez là pendant encore quelques heures vu la taille de l’abri. Chez les Gilmore, tout était plus grand et plus impressionnant que chez les autres. « Si ils sont dans la malle là-bas, attention j’espère que t’es pas allergique à la poussière. C’est vrai que j’aurais du y penser avant, c’est vraiment une bonne idée. On voit ton côté prof des écoles là !” » Tu ne pus t’empêcher de laisser échapper un petit rire à la remarque de la jeune femme. Tu avais toujours été habitué aux sports collectifs. Cela t’a permis de toujours penser aux autres, à ce que tu pourrais faire avec les autres et cela a toujours défini ta manière de penser. Et il était grand temps de dynamiser cette fête d’anniversaire. « J’ai toujours adoré les enfants. Trouver des manières de les occuper est beaucoup plus simple que d’essayer d’intéresser une classe d’adolescents les yeux rivés sur leurs téléphones. » Dis-tu en attrapant dans la caisse ce dont tu allais avoir besoin. « Et voilà ! » Dis-tu en la refermant. Tu attrapais ensuite les objets sortis avant de demander à Angelina : « C’est bon ? Tu as tout de ton côté ? » Il allait être temps de faire marche arrière.

Vu la tenue d’Angelina, tu ne pus t’empêcher de lui demander si elle était venue seule à cette fête d’anniversaire qui était plus une fête de la Saint Valentin qu’autre chose. Mais tu te doutais déjà de la réponse car aucun homme n’aurait laissé partir sa cavalière avec un autre sans venir chercher au moins des explications sur la situation. Du moins c’était ainsi que tu aurais réagi de ton côté. « Franchement c’est ma dernière préoccupation en ce moment... J’aimerai bien pourtant, avoir quelqu’un avec qui partager mon quotidien, surtout quand Abel est pas là, ça fait vide. Mais à part les mecs du Canvas… Je rencontre pas grand monde. » Tu hoches la tête parce que tu comprends ce que veut dire Angelina. Toi, c’est ce que tu as toujours voulu mais après le départ de Lily, il était impensable pour toi de refaire confiance à quelqu’un de cette manière et quand tu avais rencontré Angelina, tu avais essayé et tout ça pour que ça se finisse encore une fois comme un fiasco. Alors tu avais abandonné mais maintenant qu’Abel était entré dans ta vie, tu voulais essayer de nouveau et peut-être construire cette famille dont tu as envie depuis si longtemps. Elle sera plus dysfonctionnelle que celle que tu imaginais à la base mais peu importe. « J’aimerai construire quelque chose de sérieux pour une fois mais ça a l’air d’être hors de ma portée. Peut-être que je suis faite pour être seule après tout, je suis tellement bien avec mon fils. Enfin notre fils. Et toi alors ? T’as quelqu’un qui t’attend à la maison ? » Tu soupires, aidant Angelina avec le sac qu’elle est en train de porter et dans lequel tu as mis tes trouvailles. Non, tu n’as personne qui t’attend chez toi malheureusement. Enfin, c’est sans doute mieux ainsi car tu ne pourrais pas lui offrir une belle Saint Valentin était avec ton fils la plupart de la journée. Tu es bien conscient qu’avoir un enfant n’est pas toujours un avantage sur le marché amoureux mais ton fils passera toujours avant les autres. « Personne n’est condamné à finir seul Angelina. Pas plus toi que moi. On a peut-être pas eu les meilleures chances mais faut qu’on reste optimiste. » Tu avais du mal à l’être des fois, avançant à l’aveuglette dans une direction que tu avais abandonnée il y a bien longtemps. « Par contre se concentrer sur les mecs du Canvas n’est peut-être pas une très bonne idée. » Lui dis-tu avec un clin d’œil. Tu ne le savais que trop bien, c’était dans ce type de bar que tu allais chercher de la compagnie pour la nuit, ce n’était pas là que tu allais rencontrer l’amour de ta vie. Du moins probablement pas. « Et non, personne ne m’attend à la maison. Je … J’ai fui toute forme de relation pendant longtemps et ce n’est pas facile de faire confiance à quelqu’un de nouveau. » Dis-tu en haussant les épaules. Même si pour l’instant ce n’était pas facile de tomber amoureux tout court mais les deux étaient certainement liés. « Puis j’ai pas vraiment eu le temps d’y penser, Amelia a définitivement quitté la ville la semaine dernière. » Dis-tu à Angelina, lâchant une bombe que tu aurais dû garder pour plus tard.

Elle avait oublié à quel point c'était facile de parler avec Arthur, c'était ce qui l'avait séduit chez lui dès le début. Sa propension à pouvoir parler de tout avec facilité. C'était sans doute ce qui avait rendu d'autant plus compliqué leur rupture, Angelina n'avait pas perdu que son petit-ami, elle avait perdu son meilleur ami également. En dehors des disputes et des crises de jalousie, Angelina et Arthur avaient une complicité évidente qui n'avait fait qu'exacerber les sentiments de la brune à son égard. Maintenant que la rancoeur et l'animosité étaient loins derrière eux, parler de tout et de rien, même de choses importantes semblaient d'une évidence familière. Angelina était fière de ce qu'ils étaient en train de devenir, la situation avec le père de son fils avait été anxiogène pendant des mois et des mois, devenant le principal sujet de conversation avec ses amis. Elle était constamment stressée par le conflit qu'ils avaient nourris depuis leur rupture et Angelina savait qu'elle n'avait aucune issue de secours puisqu'Abel serait toujours leur lien. Quelque part, Arthur avait eu un effet bénéfique sur elle car à cause de cette tension permanente, cela avait demandé à Angelina d'être beaucoup plus raisonnable et raisonnée dans sa manière d'être maman mais aussi d'être femme. C'était ça, son super-pouvoir au brun, il parvenait toujours à l'influencer d'une manière positive, chose assez rare pour être remarquée tant Angelina se targuait d'être indépendante, d'avoir ni Dieu ni maitre. Comme quoi le changement pouvait avoir du bon. "C'est bon j'ai tout, on peut y retourner. Abel va se demander où on est passé." Il était occupé à jouer avec une autre petite fille lorsqu'ils étaient partis mais il allait se rendre compte d'une minute à l'autre de l'absence de ses parents, si ce n'était pas déjà fait. Rien que d'imaginer son fils en train de les chercher et son petit menton trembloter elle avait envie de courir jusqu'au manoir. Son amour pour son fils était parfois irraisonné, mais c'était un aspect qu'elle travaillait.

Personne n’est condamné à finir seul Angelina. Pas plus toi que moi. Les mots d'Arthur viennent s'imprimer dans l'esprit de la brune. Elle ne sait pas si elle est censée être soulagée ou inquiète d'apprendre que même Arthur avait des difficultés pour trouver quelqu'un. Pourquoi était-ce si difficile de nos jours de trouver quelqu'un avec qui on se sentait bien ? Maintenant qu'elle était stabilisée Angelina se surprenait à avoir envie de trouver quelqu'un chez elle lorsqu'elle rentrait le soir. Parfois même elle pensait à avoir un second enfant avant que l'idée ne la quitte aussi vite. Abel était son exception, elle n'avait jamais voulu d'enfant jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle était enceinte de trois moi et demi. Mais quoiqu'il en soit, le fait qu'Arthur la rassure le fait qu'elle n'était pas forcément faite pour être seule avait de quoi la rassurer sur l'avenir. Aussi incertain soit-il pour le moment. Elle rit lorsqu'il parle des mecs du Canvas. "Oh ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de sélectionner mes conquêtes dans ce trou à rat, je songe même pas à changer de travail, surtout depuis l'arrivée du nouveau patron mais comme j'ai arrêté mes études à 18 ans et que j'ai aucune autre expérience à part celle de Barmaid...." C'était un de ses plus grands regrets, elle était pourtant brillante à l'école, diagnostiquée surdouée même et pourtant elle brillait plus par sa répartie insolente et ses frasques que pour son bulletin de notes. Excès de rébellion ou anti-conformisme le fait est qu'elle avait commencé la fac et ne l'avait jamais fini. Angelina est tirée de ses pensées par Arthur qui lui apprend que non, personne ne l'attend chez lui mais ce n'est pas cette information qui suscite la surprise d'Angie, non, c'est le fait qu'Amélia sa soeur ait quitté la ville. Angelina manque de faire tomber les raquettes de Badminton. "Quoi ?! Mais pourquoi, qu'est-ce qu'il s'est passé ?!" Elle sait que ses relations avec sa famille ont toujours été compliquées, ses relations avec ses soeurs étaient l'équivalent de marcher continuellement sur des oeufs. "Elle a gardé contact quand même ?" Parce qu'il s'agissait aussi de la tante de son fils et que l'idée qu'ils puissent ne pas se connaitre lui faisait de la peine. Elle n'avait aucun frère et soeur et elle aimait l'idée que Abel puisse avoir des tantes sur qui compter et avec qui passer des moments privilégiés en grandissant. Mais entre Agathe qui refusait de lui parler et Amélia maintenant qui venait de quitter la ville, les cousinades risquaient de se faire sacrément rare... "Je suis vraiment désolée Art..." Elle n'avait pas d'autres mots mais elle était pleine d'empathie à l'égard de son ex, elle avait le sentiment qu'il passait son temps à réparer les pots cassés. En vain.

Tu étais prêt à tout faire et à organiser n’importe quoi pour échapper à cette soirée guindée. Ce n’était pas de ce que tu avais imaginé pour l’anniversaire de ton fils mais maintenant que tout le monde était là dans ce décor des plus déroutant pour un enfant de quatre ans, il fallait faire avec. Et il était temps de laisser les personnes les plus âgées danser sur des tubes de leur époque et d’attirer les enfants plus loin dans le jardin pour les distraire. Ce n’était pas comme s’il manquait de la place chez les Gilmore, les deux mondes pouvaient coïncider mais il était hors de question pour toi de jouer à cette mascarade. Les parents Gilmore en avaient peut-être besoin pour se changer les idées et tu allais tenir ta langue mais tu n’en pensais pas moins. Angelina avait semblé trouver que ton idée était une bonne idée et t’avait conduit à l’abri de jardin pour y chercher le matériel nécessaire. Une fois que vous aviez tout ce dont vous aviez besoin, tu lui demandais si elle était sûre d’avoir tout récupéré. « C'est bon j'ai tout, on peut y retourner. Abel va se demander où on est passé. » Tu hoches la tête car il est fort probable qu’Abel se mette à vous chercher à un moment ou à un autre. Tu l’as aperçu tout à l’heure et il t’a fait un signe de la main mais il est temps que tu ailles le prendre dans tes bras pour lui souhaiter un bon anniversaire. Tu sais que tu auras le temps pour tout ça quand vous serez tous les deux plus tard dans la journée mais tu vas le faire quand même parce que c’est important. Tu aides Angelina à porter le grand sac et tu essaies aussi de l’aider à faire le chemin inverse car si sa robe était certes très sexy, elle n’était pas faite pour se rendre dans un abri de jardin au milieu des arbres. Sur le chemin, vous continuiez la conversation commencée plus tôt. Angelina était comme toi, seule dans sa vie si l’on oubliait Abel quelques secondes. Vous étiez tous les deux seuls et cela t’étonnait qu’Angelina cherche une relation car elle ne t’avait pas semblé vouloir se caser mais après tout, pourquoi pas ? Par contre, tu doutais qu’elle trouve un prétendant fiable dans le bar où elle bossait. « Oh ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de sélectionner mes conquêtes dans ce trou à rat, je songe même pas à changer de travail, surtout depuis l'arrivée du nouveau patron mais comme j'ai arrêté mes études à 18 ans et que j'ai aucune autre expérience à part celle de Barmaid.... » Tu regardais Angelina étonné de cette annonce. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle veuille changer de travail. Tu l’avais toujours connue barman et tu n’avais jamais pensé qu’elle s’en lasserait. Mais pourquoi pas après tout ? Elle était encore jeune, une reconversion était tout à fait possible et serait sans doute moins difficile que si elle décidait de la faire dans dix ou vingt ans. « Qu’est-ce que tu aimerais faire ? » Te contentas-tu de lui demander. Tu savais qu’Angelina avait arrêté les études bien trop tôt mais pour certains métiers, il ne fallait pas des années et des années d’étude. Des fois une formation pouvait suffire. En réalité, tout dépendait ce dans quoi Angelina voulait se lancer. « Qu’est-ce qu’il a ton patron ? » Lui demandas-tu car tu trouvais cela étrange que cette décision s’explique par l’arrivée de ce nouveau patron. Angelina ne tarda pas à te retourner tes questions et au lieu de t’attarder sur ton célibat, tu lui confiais qu’Amelia avait définitivement quitté Brisbane un peu brusquement d’ailleurs. « Quoi ?! Mais pourquoi, qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Elle a gardé contact quand même ? » Ah voilà des questions auxquelles tu aimerais pouvoir répondre. Malheureusement, cela n’était pas possible. Tu n’avais pas un lien assez fort avec ta sœur pour comprendre ce qui l’avait poussée à partir. Haley finirait par te le dire un jour très certainement mais pas maintenant, pas encore. Ce n’était pas le bon moment pour en parler, vous alliez devoir attendre un peu que le départ soit moins frais, qu’il vous fasse moins mal. « Je ne sais pas pourquoi elle est partie, nous n’étions pas assez proches pour qu’elle me fasse des confidences et Haley refuse d’en parler. Pour l’instant elle n’a contacté personne mais nous ne garderons pas contact. Nous avons à peine parlé cette année après plus de dix ans de silence radio, c’est terminé. » Tu étais en train de te rendre compte après des années et des années à espérer que ce n’était peut-être pas plus mal car finalement, tu pouvais passer à autre chose. « Je suis vraiment désolée Art... » Tu la regardais avec un petit sourire triste alors que vous étiez de retour dans le jardin si bien entretenu des Gilmore et que les voix des personnes présentes commençaient à résonner. « Ce n’est pas de ta faute, c’est la vie. Au moins maintenant je peux tirer un trait sur cette relation. » Dis-tu en haussant les épaules. « C’est dommage pour Abel mais il n’a jamais été question de lui présenter Amelia alors il ne pourra pas la regretter. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu étais triste de te dire que tu ne connaitras jamais Lily-Rose mais il faut tourner la page, c’est mieux comme ça.

Ce moment dans les bois avec Arthur était beaucoup plus intéressant que prévu, comme quoi c'était une bonne idée de lui demander de l'accompagner. Faut dire que tout avait mal commencé lorsque le brun avait débarqué et s'était rendu compte que ce qu'il avait imaginé comme un petit goûter d'anniversaire était en fait une garden party digne de la Maison Blanche. Finalement, la pilule avait finie par passer car l'un comme l'autre avaient décidé de mettre un peu d'eau dans leur vin. Désormais, ils étaient tous les deux sur le point de lancer une contre-soirée bien plus appropriée à l'âge de l'invité d'honneur. Ce petit périple jusqu'à l'abri de jardin s'était transformé en une occasion de se mettre à jour sur la vie de l'autre. Si jusqu'ici Arthur comme Angelina faisaient en sorte de garder leur distance et de ne jamais trop en dire, il semblait que ce soir les barrières tombaient peu à peu. La question d'Arthur sur ce qu'elle aimerait faire la fit cogiter un peu mais elle n'était pas encore prête à avouer à haute voix l'envie secrète qui s'affirmait depuis quelques temps dans un coin de sa tête : reprendre ses études. Elle avait toujours eu l'envie de faire médecine quand elle était jeune, ou avocate, ou de longues études mais tout lui paraissait hors de portée après avoir arrêté ses études. Aujourd'hui, à 30 ans, Angelina se demandait si il n'était pas tant pour elle, maintenant qu'Abel était un peu plus grand de reprendre sa vie en main et de s'extirper de cette situation sordide avec le Canvas. "Je pense qu'il est temps que je passe à autre chose, je suis restée beaucoup trop longtemps au Canvas sauf que pour le moment il faut que j'y reste encore un peu. Mon patron s'est fait descendre, du coup c'est son cousin qui est venu récupérer l'affaire et nos relations sont pas au beau fixe. J'ai accepté de rester le temps qu'il comprenne comment fonctionne le bar mais je me demande si ça serait pas mieux pour moi de reprendre mes études... En accompagnant mon père plusieurs fois à l'hôpital, en regardant les allers venues des infirmières je me suis dis pourquoi pas..." Elle parle à voix presque basse, en fixant la pointe de ses escarpins car elle ne se sent pas vraiment capable, elle a un peu honte d'avouer qu'après des années à vivre avec l'insouciance qu'on lui connait, elle décide finalement de se réveiller. Elle se sait intelligente, surdouée même à en croire ce que lui avait le psychiatre chez qui ses parents la forçaient à aller quand elle était ado mais l'éternel problème d'Angie était qu'elle n'avait pas confiance en elle. Jamais. C'était ce qui la rendait jalouse maladive autrefois, c'était ce qui faisait qu'elle restait un peu trop souvent dans sa zone de confort mais tout ça avait vocation à changer.

Néanmoins elle ne voulait pas rabattre la couverture à elle car Arthur aussi traversait une vilaine passe dans sa vie familiale. Ses relations avec ses soeurs avaient toujours été étranges, Angelina n'avait jamais osé mettre son nez dedans car elle voyait bien que c'était beaucoup plus grave et compliqué que ce qu'elle pensait elle ne voulait pas se montrer invasive. Mais elle avait de l'empathie pour son ex, elle posa une main bienveillante sur son avant bras de sa main libre. "Abel a un papa génial, il a pas besoin de grand monde à part lui." Même si Angelina avait bien conscience qu'on ne faisait pas des enfants pour soi elle était bien obligée d'admettre qu'elle ne s'était plus jamais sentie seule depuis qu'elle avait Abel dans sa vie. D'ailleurs, elle espérait que son fils ne s'inquiète pas trop et accéléra le pas autant qu'elle le pouvait en talons aiguilles pour retrouver son petit bout le plus vite possible. Jouer avec son papa et sa maman le jour de son anniversaire serait sans aucun doute un temps fort pour le petit bonhomme trop peu habitué à partager des activités avec ses parents séparés. Ils arrivèrent enfin sur le chemin principal au bout duquel Abel les attendait en criant de joie en tenant la main de son grand-père. "Tu vois mon chéri, Papa et Maman sont là." Angelina connaissait bien son fils. "Regarde qui est là mon coeur !" dit-elle en désignant Arthur d'un signe de tête. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle vit son fils sauter dans les bras de son père. Finalement, c'était une très jolie soirée.