Deux heures du matin. Kyte profite du calme de la nuit pour faire quelques accélérations sur les routes désertes. Sa bécane gueule de sa voix rauque, les champs défilent à toute allure, le vent glacial lui fait chialer les yeux et son cul tape dur sur la selle à chaque aspérité. Mais bordel, quel bonheur. Quelle liberté. Ça lui rappelle son adolescence et ses premières escapades avec les copains. Et puis aussi son voyage en Europe et comment seule la route pouvait lui faire oublier les horreurs de la guerre. Ça lui rappelle le soir où il a emballé Lenore et où il a su qu’elle était la femme de sa vie. Puis le soir où il l’a perdue aussi, et que même la route elle pouvait plus absorber son chagrin, ni son désespoir, ni son envie de crever et de tuer pareil. Mais ça lui rappelle surtout que même alors que le monde s’écroule autour de lui, la route elle est toujours là. Qu’elle l’entraîne jusqu’à ce que l’horizon l’avale tandis que ses problèmes, ils restent bien sagement sur le bitume derrière lui. Jusqu’à ce que tout s’arrête. Jusqu’à ce qu’il redescende et que la vie le rattrape. Et la vie, c’est quand même une sacré salope, dans l’histoire.
Le casque bien enfoncé sur son crâne, Kyte quitte l’anonymat de la campagne pour rejoindre la ville de Vancouver. Bientôt, les bâtiments se dressent à l’horizon et il grimace devant toutes ces tours comme ça lui gâche la vue du ciel étoilé. Le progrès, quelle connerie ! Il grommelle dans sa moustache, sans se soucier de l’ironie de sa réflexion, quand on sait que son plus grand amour n’est autre que la machine de l’enfer bien callée entre ses jambes. Les grandes théories et les liens compliqués, c’est pas trop son truc à Kyte. La spécialiste de la prise de tête, c’est plutôt Jaimie. C’est même pour ça qu’il aime bien faire équipe avec elle. Elle réfléchit, et lui il agit. Kyte, il a toujours été plutôt dans l’action. Et ça tombe bien, parce que quelque chose lui dit que cette nuit, il va être servi.
La meule s’engage dans les grandes avenues et ralenti dans les ruelles. C’est pas la première fois qu’il vient la chercher, mais il vérifie quand même l’adresse sur le petit bout de papier mâchonné qui traîne dans le fond de sa poche. Pour être sûr. Il balaie la rue déserte de ses yeux d’aigles, détaillant les grands portails ornés de pics sanguinaires, les caméras de surveillance, les plantes exotiques et les immenses baraques que seuls les riches peuvent bien songer à se payer. Il secoue la tête et ricane comme s’il venait de se raconter une bonne blague. C’est qu’il arrive pas trop à comprendre comment une môme comme Jaimie, avec des parents plein aux as et une vie de princesse, se retrouve à s’enfuir dans la nuit avec un type un peu louche et deux fois plus vieux qu’elle pour foutre le bordel au système auquel elle doit son petit confort. Cette gosse, c’est une énigme. Mais il perds jamais trop de temps à y réfléchir pour essayer de mieux comprendre. Elle sera là, c’est le plus important. Le comment du pourquoi, il s’en bat les chataignes.
Une chouette hulule au-dessus de lui, une voiture passe au loin. Et dans a rue, toujours pas de trace de Jaimie. Kyte regarde sa montre : deux heures trente-trois. Sale môme ! Il peste déjà en s’allumant une clope pour se tenir chaud. L’a pas intérêt à nous mettre en retard moi j’te le dis. Il sait bien que trois minutes c’est pas vraiment encore un retard, mais il est nerveux d’avance. C’est l’atmosphère guindée du quartier, ça le met pas à l’aise. Comme s’il s’attendait à ce qu’une grand-mère sorte de derrière un buisson pour lui refaire le portrait façon cubisme à coup de canne. Brrr, il en frissonnerait presque. Alors il tire une latte pour se réchauffer, et il pousse la chansonnette pour se détendre et se mettre un peu dans l'ambiance.
- Malbrough s'en va-t-en guerre-euh; mironton, mironton, mirontaine-euh. Malbrough s'en va-t-en guerre-euh, ne sait quand reviendra. Ne sait quand reviendra. Ne sait quand reviendra !
Il sourit tout seul du bon choix de ses paroles. Parce que ce soir, c'est la guerre. Pas sur les barricades ni le fusil à la main. Non, leur ennemi est bien plus perfide. Bien plus systématique. Et surtout, pour ce foutu gouvernement, ce soir, ce sera Jaimie et lui les méchants.
AVENGEDINCHAINS & WHITEFALLS
Dernière édition par Kyte Savard le Sam 7 Juil 2018 - 17:17, édité 1 fois
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"Old growth, holds hope, let the brambles scrape your skin, Scars are storybooks, blood will wash away your sins." - Canada, 1997
J’ai eu du mal à trouver le sommeil ce soir-là. Une fois mon devoir de mathématiques terminé, je me suis enfouie de bonne heure sous mes draps. Je savais que j’avais besoin de dormir au moins quelques heures. Mais alors que j’attendais seule dans le noir que la nuit m’emporte, mon cerveau a cru bon de me bombarder d’images et de scénarios catastrophe. Je flippais de rejoindre Kyte et de quitter la ville à moto – j’étais jamais montée sur un de ces engins avant. J’appréhendais notre action, parce que cette fois on ne se contenterait pas de sauver des animaux comme à notre habitude, on allait vraiment foutre le bordel. Cette nuit, j’allais vraiment comprendre ce que c’était que de faire de la désobéissance civile. J’avais peur de ce que je ressentirai en faisant une infraction à la loi, et peur des conséquences. Enfin, j’étais terrorisée à l’idée de ne pas réussir à m’endormir, ou pire que mon réveil ne parvienne pas à me réveiller. Alors après avoir tourné sur moi-même pendant bien une demi-heure, j’ai fini par rallumer la lumière et j’ai pris le livre qu’on lisait en littérature : Hamlet. Je savais pas si je détestais ou si j’adorais. Je sais juste qu’au bout d’un moment, l’anglais un peu poussiéreux a fini par m’endormir, et j’ai pu goûter à quelques heures d’un sommeil agité mais réparateur. Vers deux heures du matin, mon réveil m’a arrachée à mes songes. A tâtons, je me suis extirpée de mes couvertures et j’ai enfilé les vêtements que j’avais préparés la veille. J’ai tressé mes cheveux, avalé une banane et un avocat pour me donner du courage, et j’ai enfilé mes rangers et mon sac à dos. J’ai jeté un dernier regard à ma chambre, comme pour en inspirer la quiétude une dernière fois. Et puis j’ai ouvert ma fenêtre et j’ai escaladé la façade du manoir de mes parents pour m’échapper dans la nuit, comme une voleuse. J’ai remonté l’immense terrain au pas de course, en contournant les talus de végétation pour échapper aux caméras de surveillances. Bordel, s’enfuir de cette baraque c’était comme essayer de s’échapper d’une putain de prison ! Enfin, je suis arrivée dans la petite forêt de notre domaine et j’ai remonté le mur de pierres jusqu’à la brèche de sécurité que je ne connaissais que trop bien. J’ai escaladé l’arbre le plus proche et j’ai enjambé le mur avant de me laisser retomber de l’autre côté. Un sourire conquérant aux lèvres, j’ai contemplé mon œuvre, puis j’ai remonté la rue au pas de course.
Kyte m’attendait deux rues plus loin, nonchalamment appuyé contre sa bécane, la clope au bec et la voix chantante. Je comprenais pas comment il pouvait être aussi calme. C’était peut-être l’âge ou c’était peut-être son expérience. Je savais juste que j’étais une pile de nerfs et qu’il avait l’air parfaitement détendu, comme s’il m’attendait juste pour une sortie cinéma. Lorsqu’il m’a vue, il a fait mine de froncer les sourcils et il m’a fait une remarque sur ma ponctualité, alors j’ai roulé des yeux et j’ai pris le casque et les gants qu’il me tendait. « Ça va c’est pas dix minutes qui vont faire foirer la mission ! » J’ai tenté de protester. Apparemment si, dix minutes ça le rendait chafouin, si j’en croyais sa façon de grommeler dans sa moustache. Mais c’était Kyte, je crois qu’il aimait bien rouspéter à tort et à travers. D’ailleurs, il a même pris le temps de finir sa clope sans trop se presser, et j’ai pas pu m’empêcher de hausser un sourcil en le regardant intensément, comme pour marquer ma victoire. Il s’est pas laissé décontenancer, le bougre. Il a pris ses lattes tranquillement, puis il a balancé le mégot dans la poubelle et il m’a fait signe de monter en scelle. « Sois prudent, j’ai pas envie de finir dans un fossé. » J’ai pas pu m’empêcher de préciser. Je me sentais pas stable, et j’étais franchement pas rassurée. Alors j’ai fait comme il m’a dit et je me suis accrochée à sa taille comme à ma vie. L’instant suivant, il mettait le moteur et on disparaissait dans la nuit.
J’ai cru qu’on allait crever environ cent fois. Kyte conduisait comme un malade, et en plus il prenait toute la place sur la scelle alors j’avais l’impression d’avoir les fesses dehors à moitié. Sa moto gueulait comme c’est pas permis et à chaque crevasse, je me prenais comme un coup de pieds au cul. Il disait qu’il voulait éviter les grands axes, alors il me traînait dans des ruelles complètement loufoque - qu’il prenait en sens inverse sans pression – et je vous jure que j’ai failli dégobiller mon encas, par peur et parce que j’étais pas loin d’avoir le mal de mer. Enfin, on a quitté Vancouver, et là mon Kyte il s’est lancé dans une course poursuite avec le vent sur les grands axes déserts qui nous amenaient droit au cœur de la nature. J’avais les yeux qui chialaient à cause du vent glacial dans ma face et j’avais l’impression que si je serrais pas les fesses comme une malade, j’allais finir en drapeau derrière lui. Et puis après un moment, j’ai fini par m’y faire, à cette étrange vitesse instable. J’ai senti mon corps se détendre alors que mon cœur se laissait éblouir par la beauté des contrées sauvages qu’on fendait à toute vitesse. J’ai pris plusieurs grandes inspirations, et j’avais l’impression d’emplir mes poumons de tout ce qu’il y avait de bon dans ce monde. J’arrivais même à oublier un peu l’odeur d’essence de la vieille machine de Kyte et ses vrombissements d’enfer !
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Elle arrive avec la discrétion d’un danseur de claquettes poursuivit par une armée de brigands. Ses pas résonnent dans la rue perpendiculaire avant que sa gueule d’ange rougie par l’effort n’apparaisse devant ses yeux. En temps normal, cette vision l’aurait fait sourire. Mais là, Jaimie le coupe dans les dernières phrases de son refrain et ça le froisse un peu. « T’en as mis un temps ! » Il contre-attaque, les sourcils froncés et la moustache pareille. Elle roule des yeux, l’insolente adolescente, et elle prend les gants et le casque qu’il lui tend avec cet air dramatique et supérieur que les bouts de femmes en devenir connaissent toutes ; et Kyte a une pensée compatissante pour ses futurs mecs qui vont forcément en chier. Quelque part, ça l’attendrit un peu toute cette fougue, aussi. Mais ça, vaut mieux pas le montrer, ça l’encouragerait. En proie à des sentiments contraires, Kyte grommelle plus encore et se tasse contre sa moto pour finir sa clope. Les bras croisés contre sa poitrine tout juste développée, la môme le guette avec le sourcil de la victoire et Kyte sait pas trop ce qu’elle s’imagine avoir remporté, comme bataille, alors il se contente de l’ignorer. Tiens, c’est tout juste s’il mettrait pas un peu plus de temps que nécessaire à sucer le mégot ! Et puis quand y’a vraiment plus rien, il finit par le balancer dans une poubelle. « Allez, allez assez perdu d’temps. Grimpe don’ gamine. » Il lui dit d’un ton las et pressant en désignant la selle derrière lui. Elle s’exécute, grommelle déjà quelques petites instructions pour entraver sa liberté et Kyte sait d’avance qu’il va pas les respecter. L’engin, il fait corps avec lui, et le risque, ça fait partie de l’aventure ! Il saute sur le kick et se délecte du cri du moteur qui déchire la ruelle et leurs oreilles alors qu’ils s’arrachent dans la nuit.
Les voitures, les feux tricolores, c’est plus que des figurines en carton sur le bord de la route qui les avale. Kyte slalome entre les obstacles de la ville et puis enfin il accélère sur la grande route à sa sortie. L’air pur de la montagne emplit ses poumons d’un vent de joie et d’excitation. Il le lui dira jamais, mais la moto, c’est presque quelque chose qu’il préfère faire à plusieurs. Entourés de ses frères de club sur de longues distances, mais aussi avec la chaleur d’une nana dans son dos. Idéalement, une pas trop dégueulasse qui est pas contre poser ses lèvres un peu partout sur son corps. Mais on peut pas tout avoir dans la vie, et puis une môme un peu casse couille et casse gueule c’est pas mal aussi dans son genre. En tout bien tout honneur, évidemment. Ils traversent des champs et des forêts, longent les montagnes et les lacs. Ils s’enfoncent dans la nature là où les gens bienpensant de la ville ils osent pas s’aventurer. Là où le théâtre des horreurs est à son paroxysme, loin des yeux chastes d’une société fondée sur le mensonge. Il bifurque dans une route trop bien entretenue pour un lieu aussi reculé, et s’approche d’un immense bloc de béton triste comme une prison dans la nuit. Au dernier moment, il tourne dans un petit chemin et arrête sa moto derrière un buisson, à côté de deux grands gaillards qu’on fait pareil avec leurs camions. « T’es en retard. » Remarque Robert en lui serrant la main quand même, de bonne guerre. « Ah, ça va ! » Kyte réplique d’un ton sec. « C’est pas dix minutes qui vont flinguer la mission ! » Il serre la main de l’autre bonhomme et fait semblant de pas voir les petits yeux avides de Jaimie braqués sur lui. « La môme dont tu nous as parlé ? » Demande alors Christian en la désignant du menton. « Celle-là même. » Kyte répond sans trop de détails. C’est comme ça dans cette branche de l’activisme. On discute en dehors des missions mais personne a trop le cœur à ça avant de se lancer. « Les autres sont déjà en place. Faut juste qu’on neutralise le garde. Et on pourra commencer l’évacuation. » Commente à nouveau Robert. Kyte hoche la tête. « Je me charge du gardes. La gamine vous fera signe quand la voie est libre. » Puis, il se tourne vers Jaimie. « Prête ? » Elle le regarde avec ses grands yeux et y’a autant de peur que de détermination à l’intérieur. C’est bon ça. Il sait qu’elle est prête pour ce genre de missions. Qu’elle a envie d’avoir un véritable impact. Depuis un an et demi qu’il la teste, il a confiance en ses capacités et son sang froid. Et ce soir, elle en aura besoin, parce que c’est le grand saut. « Allez, allez, viens avec moi. » Il lui dit en plaçant une main dans son dos. Il enfile sa cagoule et avance à couvert, bien planqué par la nuit noire et les buissons. Les môme lui emboite les pas jusqu’à un poste de surveillance où un type s’endors à moitié sur un vieux Marvel. Le job le plus chiant du monde, où il se passe jamais rien ; et c’est tant mieux, parce qu’il verra rien venir. Kyte se planque derrière la porte et fait signe à Jaimie de pas bouger de derrière le buisson et de fermer sa gueule. Il sort un flingue de sa ceinture, fait faut sauter le verrou et entre d’une traite dans la pièce. Le garde sursaute et mets la main à sa ceinture par réflexe mais il a pas le temps de dégainer son arme avant que Kyte lui fonde dessus et l’attrape par les épaules, le flingue collé sur sa nuque. « A terre ! A terre ! » Qu’il gueule. « Fermes la et reste tranquille s’tu tiens à ta vie ! » Il menace de sa voix la plus effrayante. « WOLF ! » Il beugle en direction de la porte. « Trouve-moi de quoi le bâillonner et l’attacher à son siège. »
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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"Old growth, holds hope, let the brambles scrape your skin, Scars are storybooks, blood will wash away your sins." - Canada, 1997
On a traversé des champs et des forêts, et c’était tellement ressourçant toute cette beauté que pendant quelques minutes j’arrivais même à oublier pourquoi j’étais sur cette moto et où on allait Kyte et moi ce matin-là. Et puis après une bonne heure de route il a fini par ralentir pour s’engouffrer dans une petite route bien cachée qui menait à un gros bloc de béton sombre. Paradoxalement mon cœur a accéléré et mes tripes se sont retournées, parce que je me doutais bien qu’on approchait de notre destination finale. On s’est écartés de la route et mon mentor a arrêté la moto derrière un gros bosquet pour qu’on ne puisse pas la voir sans avoir le nez dessus. Il s’est avancé vers deux grands gaillards à l’air morose qui nous attendaient. Le premier a fait une remarque sur notre retard en lui broyant la main, et – il fallait s’y attendre – Kyte a rouspété en grognant que dix minutes c’était pas grand-chose. Il reprenait exactement mes mots ma parole ! J’ai croisé les bras et j’ai pas pu m’empêcher de le fixer pour qu’il remarque bien que j’étais pas passée à côté de l’ironie de cette situation. Mais il a fait semblant de ne pas me remarquer et s’est contenté d’échanger quelques mots avec l’autre type qui s’enquérait de mon identité. J’ai levé mon menton dans sa direction pour les saluer, mais j’ai pas trop osé leur sourire ou leur tendre la main parce qu’ils avaient pas l’air hyper commode dans le genre. Je me contentais de les observer à une distance respectable en me demandant si c’étaient eux qui étaient en charge du plan de notre mission. J’espérais, parce que j’avais réalisé au cours de ces derniers mois que la stratégie, c’était pas vraiment le point fort de Kyte. « Les autres sont déjà en place. Faut juste qu’on neutralise le garde. Et on pourra commencer l’évacuation. » A fini par lancer le premier type, et j’ai senti ma gorge se serrer. Attends, comment ça ‘neutraliser’ ? J’ai pas eu le temps de me poser davantage de questions parce que Kyte a décidé que cette mission nous revenait de droit. Il m’a demandé si j’étais prête et moi j’avais juste envie de lui gueuler un truc dans les lignes de : I didn’t sign up for this shit! Mais j’ai bien vu dans son regard que j’avais pas vraiment le choix alors j’ai hoché la tête parce que de toutes les façons, les mots, ils étaient restés bloqués quelque part dans ma gorge.
« Allez, allez, viens avec moi. » Il a marmonné sans plus attendre en plaçant une main dans mon dos pour m’arracher au sol. On a enfilé nos gants et nos cagoules, et on s’est faufilés entre les arbres, en restant dans la forêt aussi longtemps que possible alors qu’on progressait vers le bâtiment de la mort. La seule source de lumière qui guidait nos pas provenait d’un petit poste de surveillance vers lequel on avançait comme des putain de moustiques attirés par un lampadaire. On n’était plus qu’à quelques mètres quand Kyte a bondit dans les airs et fait une roulade sur l’herbe avant de se plaquer sans un bruit contre la porte du complexe. Moi je suis restée sur place, un peu surprise par cette manœuvre que je jugeais à la fois compliquée et inutile, et me demandant si j’étais censée faire la même chose. J’ai écarté les mains et levé le menton dans sa direction pour lui demander ce qu’il était en train de foutre et il m’a répondu par tout un tas de gestes silencieux. J’ai rien compris. Sauf quand il m’a fait signe de la fermer, alors là je me suis plaquée contre un arbre et j’ai attendu sagement. Ça a semblé lui convenir parce qu’il s’est relevé d’un bond et, l’arme au poing, il s’est précipité dans la pièce. « A terre ! A terre ! Ferme la et reste tranquille s’tu tiens à ta vie ! » Il a gueulé d’une voix que j’avais du mal à reconnaître. J’avais le cœur qui battait à cent à l’heure et mes jambes avaient du mal à me soutenir alors je me suis raccrochée à l'arbre pendant que lui attrapait un type rondouillard par le col et le jetait sur le sol. « WOLF ! » Il a beuglé, et j’ai supposé que c’était moi. J’ai aussi supposé que s’il n’utilisait pas mon véritablement prénom c’était pour ne pas me compromettre légalement, et j’étais pas très à l’aise avec cette idée ni ce que ça impliquait. Mais je suis sortie de ma cachette et je suis allée voir ce qu’il me voulait. « Trouve-moi de quoi le bâillonner et l’attacher à son siège. » Il m’a lancé l’air de rien, comme s’il n'aurait pas pu y penser avant et trimbaler le nécessaire dans son sac. J’en revenais pas. C’était un miracle que ce type soit encore en vie après toutes ces années d'activisme aussi peu organisé. Les mains tremblantes, j’ai fouillé dans les tiroirs en essayant de ne pas regarder le garde qui me suppliait au sol, les yeux rouges de larmes et la face blême de terreur. J’aurais voulu le rassurer, lui dire qu’on allait rien lui faire, que tout ce qu’on voulait c’était sauver les animaux et qu’ensuite ce serait comme s’il nous avait jamais rencontrés. Mais ma voix était bloquée dans ma gorge et j’avais peur qu’il puisse la garder en mémoire et s’en servir pour m’identifier aussi, alors je suis restée muette comme une carpe. J’ai fini par trouver du scotch d’électricien et des vieux foulards et j’ai fait comme Kyte me disait, je m’en suis servie pour neutraliser le garde. Je peux vous dire que je faisais pas la fière, en l’attachant sur sa chaise. Ça a peut-être duré que quelques secondes mais moi j’ai comme la sensation que ça a duré des heures pendant lesquelles j'arrêtais pas de croiser son regard implorant qui me compressait les poumons. Après, Kyte m’a dit de filer voir les autres parce qu’il fallait encore qu’il s’occupe des caméras et j’ai fait comme il a dit, sans me poser de question. Je pouvais plus supporter la vision de ce gars qui avait rien demandé. Qui faisait un job de salaud mais qui avait peut-être pas le choix. Qui surement, dans le fond, était un bon gars, mais qu’avait une famille à nourrir. Ou peut-être bien que c’est un connard et qu'il bouffe du bacon tous les matins malgré les cris de ses victimes qu'il a entendu toute la nuit ! Je me suis dit comme pour m’encourager. J’ai couru sur la pelouse comme pour échapper à mes pensées, et je crois que ça marchait un peu. Avec l’air vif et cendré de la nuit, je retrouvais un peu de mon courage et de mes couleurs. Ou c’étaient peut-être justement les cris déchirants des animaux alors que je m’approchais du bâtiment qui renforçaient ma détermination. J’étais là pour eux ; et j’allais pas les laisser tomber. Peu importait le prix. « La voie est libre. » J’ai expiré, à bout de souffle, alors que je retrouvais les deux lascars à côté de leurs camions. Ils ont hoché la tête, comme si aucune parole n’était nécessaire, et ils ont ouvert les camions remplis de paille sans un mot. Après, ils m’ont fait signe de les suivre et ils ont rejoint une dizaine d’activistes qui attendaient tapis dans l’ombre un peu plus loin. D’un seul mouvement, ils sont sortis des fougères sans un bruit et se sont répartis autour du grand bâtiment. Vérifier les caméras, forcer la porte, installer des barrières pour créer un chemin jusqu’aux camions : chacun avait une tache bien précise et moi je les regardais s’affairer avec une fascination teintée de respect et de crainte. Quand la serrure qui maintenait la porte a sauté, les cris des animaux paniqués ont semblé s’en échapper, et leur plainte m'est devenue insupportable. Ne vous inquiétez pas, nous sommes là pour vous sauver ! Nous ne vous ferrons aucun mal ! J’avais envie de leur murmurer en caressant leur pelage souillé par les heures de transport et leurs excréments. Mais j’étais comme clouée sur place, incapable de faire le moindre mouvement. « Vas-y gamine. T’es en charge des animaux. Rentre là-dedans et va donc aider à libérer ces innocents. » M’a dit Kyte en posant la main sur mon épaule. Je ne m’attendais tellement pas à le voir revenir si tôt que j’ai sursauté à ce contact. Puis mon regard a croisé le sien et je crois que j’y ai récupéré un peu de force, parce que l’instant d’après, je courrais vers l’entrée de l’abattoir.
(c) DΛNDELION
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The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
La môme, elle met un temps fou à réagir, si bien que Kyte se demande si c’est pas un peu trop tôt. S’il la pousse pas un peu trop fort. Et puis d’un coup, elle sort de sa paralysie, et la voilà qui s’affaire avec des gestes fébriles, fouillant les tiroirs et les moindres recoins à la recherche d’ustensiles appropriés pour la tâche qui lui incombe. Pas une parole, pas une hésitation. Une muraille de glace autour d’un cœur tendre. Une lueur discrète brûle dans les yeux du vieux malfrat, et c’est peut-être un peu de fierté ou même un poil d’affection. Elle brille toujours lorsqu’il l’observe attacher le gardien sur la chaise et le bâillonner sans un mot. Le regard droit sur sa tâche, le geste sûr. Quel sacré p’tit bout d’femme ! il jubile intérieurement. Mais faut pas trop lui montrer. La nuit est longue et elle a encore bien des choses à prouver. « Allez. Allez, file ! Va don’ rejoindre les autres, moi j’ai encore fort à faire avec ces maudites caméras ! » Il ordonne d’un ton bourru. Pour la tester, pour la déstabiliser un peu, pour la préparer surtout. Parce qu’à l’ALF y’a peu de chance qu’elle tombe sur des crétins gâteux dans son genre qui voudront la prendre sous leur aile. Nan, à la tête de ces actions coup de poing en marge, y’a plus que des clebs enragés et des vieux cons désabusés aussi chaleureux qu’une calotte glacière. Et une gamine sensible comme ça, faut qu’elle fasse ses armes le plus tôt possible. Surtout une femme. Surtout une qu’est jolie comme un cœur et qui vient des beaux quartiers bien propres.
Il la regarde mettre les voiles et pose sa main sur l’épaule du garde ligoté en soupirant de satisfaction, comme si c’était sa p’tite femme et qu’ils s’attendrissaient ensemble de voir leur môme voler de ses propres ailes. Mais le rêve est de courte durée : le type gigote, couine et se débat comme un porc qu’on mènerait à l’abattoir, et l’ironie est mordante étant donné les circonstances. Kyte la savoure quelques secondes puis lui caresse tendrement le haut du crâne avant de l’abandonner derrière lui, parce que c’est pas tout mais il a une mission à mener. Les caméras ne sont pas trop compliquées à gérer. En fait, il suffit simplement d’arracher les câbles qui les relient aux écrans de contrôle, et le Canadien s’y emploie avec une frénésie jouissive. C’est qu’il aime bien le petit crépitement et les étincelles qui s’en échappent lorsqu’il tire dessus si brusquement que les fils se déchirent entre ses mains gantées. L’idée qu’il puisse s’électrocuter ne lui traverse pas l’esprit. Bénis soient les courageux, et plus encore les ignorants. Sa besogne achevée, il s’allume une clope et rejoint tranquillement les autres, pas pressé de mettre les mains dans le cambouis, ou plutôt la fange. C’est qu’il aime pas trop rentrer dans ces hangars sordides, Kyte. Ça lui rappelle le camion maculé de terre qui passait à la ferme tous les ans, quelques semaines après que les vaches aient toutes vêlé. Celui qui engloutissait leurs petits pour quelques billets placés dans la paume de son père. Il entend encore le cri des bêtes séparées de leur veaux, le regard terrorisé des rejetons abandonnés à leur triste sort, et ça le hante plus encore que les corps déchiquetés qui illustrent ses souvenirs de guerre. Mais pas autant que celui de sa douce Myrtille quand elle est devenue trop vieille pour être rentable. La peur et la trahison, et les larmes sur son pelage sombre qu’il touchait sous ses doigts secs. La beuglante qu’il a poussée en regardant le camion s’éloigner, impuissant. La raclée que lui a filé son paternel par la suite. Et puis la revanche qu’il a pris à la nuit tombée, quand la folie guidait ses gestes et la fumée sortait de ses naseaux. Une mauvaise blague sur la viande de la noiraude, et Kyte a bien cru qu’il allait envoyer son géniteur gober des vers en enfer. Et faut dire que c’est probablement le destin qui l’attendait si ses frères n’étaient pas parvenus à le neutraliser. Le vieux avait fini à l’hôpital, et Kyte à la rue. Quelques mois plus tard, il s’engageait dans l’armée.
Il grogne entre ses moustaches, se raconte une blague à l'humour bien sombre pour échapper au poids de ses souvenirs, accélère le pas pour rejoindre ses camarades dans la nuit noire. Les barrières destinées à guider les rescapés sont déjà installées et le verrou qui retenait la double porte en taule vient de sauter. Elle s’ouvre sur un vide béant qui mène tout droit dans les profondeurs de l’horreur, et les cris déchirants qui s’en échappent ne viennent que renforcer cette impression. Cette litanie d’enfer les paralyse tous un peu, même les plus anciens. Mais ce soir Kyte s’inquiète surtout pour les plus jeunes, et parmi eux sa petite protégée qui reste plantée comme un piqué au milieu du chemin. « Vas-y gamine. » Il lui dit alors en posant une main sur son épaule pour l’arracher à ses pensées. « T’es en charge des animaux. Rentre là-dedans et va donc aider à libérer ces innocents. » Il lui parle dans un langage qu’elle comprend. Celui de la douceur féroce et des idéaux inébranlables. Celui qui ne rechigne pas à faire un peu de mal tant qu’on a le bien dans le fond du cœur. Elle lève ses yeux verts et plante son regard dans le sien. Le brouillard s’évapore et une sorte de détermination y apparaît à la place. Alors Kyte serre encore un peu son épaule et il hoche la tête pour l’encourager une dernière fois. Puis il la pousse un peu brutalement pour amorcer son départ, et la voilà qui cours vers l’entrée de l’abattoir. D’autres mômes la suivent, et Kyte reste avec les plus anciens. Ils le savent pas, les gosses, mais ce soir c’est comme une initiation. C’est à eux de prendre la relève, de se démener dans ce combat qu’ils doivent s’approprier. De poursuivre le chemin tracé par ceux qui restent à l’extérieur et les regardent en préparant les camions. Les premières bêtes sortent bientôt, et avec elles une forte odeur de rance, de sueur, d’excréments et de terreur. Le nez aussi bouché que son cœur est fermé, Kyte les hèle depuis le camion. Il les pousse avec de braves gaillards pour les entasser. Jaimie, elle ressort pas une seule fois. C’est elle qui reste à l’intérieur et qui murmure à l’oreille des grands bestiaux paralysés par la peur. Pour les rassurer, pour les pousser à suivre la troupeau jusqu’à l’extérieur où ils seront enfin amenés à l’abri.
Les camions se remplissent et partent dans la nuit. D’autres arrivent et le même cirque recommence dans une précipitation contrôlée. Bientôt, le flot des animaux se tari, alors Kyte attrape un type par le bras. Plutôt jeune, l’esprit clair, bien bâti et les cheveux bruns en bataille. « Hey, tu vois c’est qui la Jaimie ? P’tite brune, pas commode, avec l’accent pas d’ici. » Une lueur vive brille dans ses yeux clairs et le gars rigole avec cet air un peu con que les adolescents en rut peuvent avoir. Mais peu importe. Il la visualise et c’est tout ce qui importe à Kyte. « Aide la avec les derniers rescapés et dis-lui de trouver la salle du meurtre. Tu vois c’que j’veux dire ? Vous la trouvez et vous vérifiez qu’y a plus personne à l’intérieur. Et faites vite mon gars. 'Faut pas tarder à s’arracher. » Le type hoche la tête et lui répond un « Oui m’sieur » un poil trop révérencieux pour être honnête. Et puis il part en courant avec l’énergie de ses dix-neuf ans et la légèreté de son corps pas encore trop alourdi par la bière et les responsabilités. Ah, sacré beau gosse ce gamin. Moi j'te l'dis. Un peu comme moi quand j'avais son âge, tiens. Il se raconte avec complaisance en secouant la tête avec indulgence. C'est que dans le fond, il serait pas contre boire une potion de jeunesse pour narguer un peu le temps qu'à creusé des balafres dans sa peau et son âme pareille.
AVENGEDINCHAINS & WHITEFALLS
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"Old growth, holds hope, let the brambles scrape your skin, Scars are storybooks, blood will wash away your sins." - Canada, 1997
Un instant je courrais sous un ciel étoilé ; le suivant j’entrais en enfer. Ce qui m’a marquée en premier lieu, c’est l’odeur qui vous prenait aux tripes et vous brûlait les narines. Une odeur de rance, de sueur, de déjection et de terreur. Et puis il y avait ces beuglements qui vous glaçaient le sang et s’élevaient dans les ténèbres étouffantes comme un chant démoniaque. J’ai relevé mon foulard sur mon nez et j’ai fait quelques pas dans la salle où les bêtes étaient entassées toute la nuit avant d’être exécutées le matin, de l’autre côté de cette porte tout au fond du couloir de la mort. Je me sentais comme une étrangère en ces lieux, et c’est sans doute pour ça que j’essayais de me faire oublier, de ne pas faire le moindre bruit. Mais malgré ma discrétion, mes pas claquaient sur le ciment inégal du sol gorgé d’humidité. De l’eau ou de la pisse, je n’en savais trop rien. Lorsque mes yeux se sont enfin habitués à l’obscurité, j’ai réalisé qu’il s’agissait aussi d’un mélange de sang et de pus et j’ai dû perdre toutes mes couleurs parce que Todd s’est approché de moi. « Ça va ? » Il m’a demandé en posant une main sur mes épaules. Todd, c’était un grand brun qui faisait beaucoup d’actions de désobéissance civile avec moi, et ses magnifiques yeux bleus ne me laissaient jamais indifférente. « Regarde pas, concentre-toi sur les animaux. » Il m’a dit d’une voix rassurante. J’ai hoché la tête et froncé mes sourcils, irritée d’avoir laissé transparaître mon horreur et mon dégoût. Mes sentiments n’étaient rien comparés au calvaire que ces vaches enduraient, alors je n’avais pas le droit de me focaliser là-dessus ! « Ouai, ça va, t’inquiète. » J’ai répondu d’un ton un peu bourru et je me suis dégagée. Parce que j’étais terrifiée à l’idée qu’il prenne conscience des sentiments qui m’agitaient à son égard, je crois que j’étais encore plus odieuse avec Todd qu’avec les autres mecs. C’était stupide, j’en avais conscience, mais j’étais comme incapable de faire autrement.
Suivant son conseil, j’ai grimpé sur une barrière pour me rapprocher des vaches qui se recroquevillaient tout au fond de leur enclos tandis que mes acolytes faisaient sauter les verrous. « N’ayez pas peur. » J’ai dit de ma voix la plus douce. « On ne vous veut aucun mal. On est là pour vous sauver. » Il y a eu un grand bruit de métal qui casse, quelques beuglements, le son métallique d’une chaînette qu’on fait glisser, et la barrière s’est ouverte avec un grincement tandis que quelques activistes avançaient prudemment vers les animaux. Leur tâche était de les attirer hors de leur enclos pour les guider jusqu’aux camions. Une mission qui s’avérait potentiellement dangereuse car, si elles paniquaient, ces magnifiques vaches canadiennes de 500 kilos n’auraient aucun mal à les encorner ou encore les écrabouiller. Pour éviter ça, mon rôle était de les mettre en confiance. C’était celui de Kyte avant moi, si j’avais tout compris, et il avait passé l’été à me parler des vaches et des gestes à avoir avec elles. Je m’étais même entraînée sur quelques protégées du refuge où j’allais souvent faire du bénévolat à quelques kilomètres de chez moi. Mais ce soir, c’était la première fois que j’allais murmurer à l’oreille de bêtes véritablement terrorisées par le sort qui les attendait. Autant dire que je ne faisais pas la fière, en escaladant la barrière pour retomber dans leur enclos. Détends-toi putain, elles peuvent sentir ta peur, je me suis rappelée à l’ordre. Comme Kyte m’avait conseillé de le faire, j’ai bloqué toutes les émotions qui menaçaient de me submerger et je me suis concentrée sur la tâche que j’avais à accomplir. « Tout doux ma belle. Tout doux. » J’ai dit en m’approchant d’une vache qui avait reculé dans un petit coin. Derrière moi, les plus courageuses sortaient déjà, trottant vers leur délivrance. « Si tu suis tes copines, je te promets qu’on t’offrira une belle vie. » J’ai continué en marchant doucement vers la récalcitrante. Elle a poussé un mugissement craintif, et je pouvais voir la peur dans ses yeux écarquillés. « Tout doux, je ne te veux aucun mal. » J’ai tendu ma main devant moi sans cesser de lui parler et je me suis immobilisée. On est restées un moment comme ça, peut-être quelques secondes, mais vu la douleur dans mes épaules, j’avais plutôt l’impression qu’il s’agissait de minutes. Et puis, tout doucement, elle est venue renifler ma main de ses naseaux humides. « Voilà, c’est bien. Tu peux me faire confiance. » Je l’ai encouragée de ma voix la plus basse. Elle m’a laissé lui caresser la joue, alors je me suis approchée. Après un mouvement de recul, elle m’a finalement laissée caresser son corps. Quand je me suis redressée pour regarder dans ses yeux, j’ai vu que de longues stries mouillaient son pelage sous ses yeux. Bon sang, elle pleurait ! J’ai senti mon cœur se briser en mille morceaux et j’ai dû lutter pour contenir mes propres larmes. Sans réfléchir, je l’ai enlacée et je me suis serrée contre son cou. « C’est fini. Tu es libre maintenant. Ton calvaire est fini, je te le promets. » J’ai murmuré contre son pelage. Peu à peu, ses muscles se sont détendus. Alors j’ai posé ma main sur son dos et j’ai avancé vers la sortie en lui faisant signe de me suivre. Quand elle s’est ébranlée, j’ai pu voir qu’elle boitillait. Ça m’a donné envie de buter tous les connards de l’univers. « Elle est terrorisée et blessée à la patte, je pense qu’elle aura besoin de soins spécifiques. » J’ai dit à Carla qui m’attendait à la barrière pour prendre le relais. « Bah alors ma grande, faut pas avoir peur. » Elle lui a dit d’une voix un peu plus énergique que la mienne. J’allais protester mais étrangement ma petite protégée ne s’en est pas inquiétée plus que ça. J’ai caressé sa croupe et l’ai regardée emboiter le pas de ma coéquipière, puis j’ai pénétré dans l’enclos suivant, et j’ai recommencé la même danse avec les plus craintives.
J’ignorais depuis combien de temps j’étais dans cette enfer de pleurs et de douleur. Je savais juste que j’en étais à mon septième et dernier sauvetage, celui d’une vache sur le point de vêler et que la peur rendait presque agressive. Celle-là, je ne suis pas parvenue à la calmer, malgré tous mes efforts. Alors ce sont Jade et John, deux jumeaux et enfants de fermiers, qui s’en sont chargés. Ils l’ont sauvée « à la dure » comme ils disaient, avec des cordes et tout le bordel. Et ça m’a fait mal au cœur de les voir la tirer comme ça, mais je me suis rassurée en me disant que c’était pour son bien. « Hey, Jaimie, t’es toujours là-dedans ? » C’était la voix de Todd, et je me suis étonnée qu’il se souvienne de mon prénom. « Ouai, je suis là, qu’est-ce que tu veux ? » J’ai demandé en le cherchant des yeux. Un ricanement m’a répondu, et il s’est faufilé jusqu’à moi. « Kyte veut que tu trouves la salle de meurtre, pour vérifier qu’il n’y a plus personne à l’intérieur. » J’ai dégluti, parce que le nom ne me plaisait pas, et aussi parce que ça c’était absolument pas prévu et que je n’avais aucune idée de comment la trouver. « Parce qu’on pourrait croiser des gens ? » J’ai demandé, pas certaine de comprendre ma mission. « Je crois pas non, c’est plus pour être sûr qu’il ne reste plus d’animaux. Je peux venir avec toi ? » Mon cœur a fait une petite danse bizarre dans ma poitrine et j’ai hoché la tête. « Ouai, si tu veux. »
Et comme ça on a remonté le couloir de la mort à la recherche de cette fameuse salle. Le silence est retombé autour de nous, simplement rompu par le bruit de nos pas, de nos respirations et de quelques gouttes qui glissaient le long des parois et tombaient sur le sol en béton. Je voulais me dire que c’était de l’eau. Et pourtant, l’odeur métallique qui alourdissait l’air me donnait une toute autre impression. Lorsqu’on est arrivés devant la porte, on a tous les deux tendus la main pour l’ouvrir et nos doigts se sont entremêlés. J’ai senti le rouge me monter aux joues, et j’ai remercié l’obscurité de m’aider à voiler ces émotions. « Vas-y. » J’ai soufflé, le laissant crocheter la serrure et tourner la poignée. « Après toi, » il m’a dit avec un de ces sourires plein de charme dont il avait le secret. J’ai essayé de ne pas regarder ses lèvres trop longtemps et je me suis faufilée à l’intérieur. Une fois dans la salle de meurtre, j’ai tout fait pour ne pas regarder les machines monstrueuses et les crochets scintillants auxquels les animaux devaient être accrochés après avoir été abattus. Avec Todd, on a vérifié chaque recoin, chaque couloir. « La voie est libre. » J’ai confirmé après avoir ouvert la dernière pièce. Comme c’était pareil de son côté, on a repris le chemin de la sortie, le cœur plus léger qu’à l’entrée, la poitrine gonflée de notre fierté. On avait sauvé un tas d’animaux ce soir, et maintenant on allait infliger tellement de dommages à ce lieu de crime et de souffrances qu’il ne pourrait plus tuer pendant des années ! On avait beau faire quelque chose d'illégal, cette pensée me réjouissait. En fait, c'était peut-être même là ma plus grande satisfaction. Je me sentais plus : j'avais l'impression d'être une vraie rebelle, une révolutionnaire même. Mieux encore, une résistante !
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Les camions s’ébranlent dans la nuit noire et disparaissent au-delà des chemins sinueux. Les gémissements angoissés des bêtes s’évanouissent à l’horizon et le silence retombe sur les activistes restés en arrière. Lourd. Pesant. Témoin de l’excitation qui frétille dans leurs veines et du calme éphémère qui s’étire dans ces minutes cruciales précédant le chaos. Kyte sait reconnaître ces instants fragiles où la réalité semble se suspendre au bout de ses doigts. Pour l’instant ils n’ont commis que quelques infractions mineures. Le vol d’animaux destinés à l’abattoir. Ça coute de l’argent à l’état qui n’aime pas trop les rebelles, mais dans le fond c’est une action que le public peut comprendre. Tout le monde bouffe son steak à pleines dents, mais personne n’aime se dire qu’il ordonne la mort des animaux qui terminent dans son assiette. En fait, le viandard le plus invétéré aime bien s’inventer défenseur des animaux et adepte de la bientraitance. Parlez-lui donc d’un pauvre agneau tremblotant arraché à sa mort certaine, et nul doute qu’il prendra le temps de se réjouir. Montrez lui les images atroces d’un cheval mal étourdi qui s’éveille sur la chaîne d’abattage et il sera le premier à crier au scandale ! « Nom de nom, bande de barbares, ne savez-vous donc pas tuer avec dignité ? » Douce illusion destinée à anesthésier les consciences. Kyte secoue la tête avec un air sombre, parce qu’il sait bien, lui, que c’est un oxymore des plus hypocrites. La mort, il l’a assez regardée en face pour savoir qu’il ne peut jamais y avoir de dignité là-dedans. Que ce soit dans les yeux des poules que son père abattait dans l’arrière court un dimanche sur deux, dans ceux de sa mère agonisant dans son mouroir ou encore des ennemis qu’il avait ordre d’exécuter sur le front, elle a toujours le même masque. Une crispation de la mâchoire, une terreur glaciale dans le regard, un éclair de compréhension qui vous noue les tripes et un dégoût vivace, un instinct de survie si viscéral qu’il vous fait oublier tout sens de l’honneur, toute élégance, toute loyauté. La mort, c’est le viol de l’âme.
Kyte savoure cette intime conviction et la colère froide qu’elle diffuse dans son être. Il s’en nourrit alors qu’il fait signe aux gamins d’aller chercher les bidons d’essence, l’alcool et les briquets. Les activistes se mettent en mouvement et leurs pas précipités, leurs souffles courts et leurs gestes fébriles remplacent la torpeur précédente. Le temps reprend ses droits et l’agitation remplit la nuit. C’est le moment, et il n’est plus question de faire marche arrière. De simples délinquants, les activistes de ce soir deviendront des criminels. Des hors la loi, des rats que le gouvernement cherchera à serrer, à presser, à enfermer. Des raclures de la société, oui mais des raclures révolutionnaires. Des rebelles rattachés à une cause. Les lèvres de Kyte esquissent un sourire satisfait et ses poings se placent sur ses hanches. Il aime bien se dire que c’est cet idéalisme, ce combat pour la vérité et la liberté qui dictent ses mouvements. Ça lui évite de regarder plus profondément dans son âme et de se confronter à sa haine de la nature humaine, sa soif d’adrénaline, son trouble de l’opposition, son envie de caillassage et de prendre sa revanche sur un système trop rangé, trop aseptisé, dénué de toute aventure.
Les pions sont en place et ils n’attendent que son signal. Tapis à l’entrée de l’abattoir, ils attendent le retour de Jaimie et de l'autre vermine lancé à sa suite – comme trop de temps s’écoule, Kyte espère qu’elle a pas choisi ce moment précisément pour s’envoyer en l’air avec lui. Faut qu’jeunesse se passe… Il grommelle dans sa barbe, mi énervé, mi attendri. Elle ressort enfin, ses joues tâchées de crasse et son regard un peu plus terne qu’à son arrivé – oui mais un peu plus vaillant aussi. D’un signe de tête, elle lui confirme que l’abattoir est vide et que ces instruments de torture seront alors leurs seules victimes. Alors Kyte lève sa main et donne l’ordre sans un mot. Ils progressent avec calme et efficacité, comme leurs mentors les ont entraînés. Armés de leurs bidons d’essence et d’alcool ils envahissent le bâtiment et déversent les produits dans les allées et sur les machines de torture, près des moteurs et des ordinateurs de contrôle. Leur odeur âcre remplace bientôt celle de la mort, mais ce n’est pas assez pour purifier ce lieu d’agonie. Ils reviennent et s’emparent des bottes de pailles qu’ils déversent un peu partout à l’intérieur. L’opération ne prend que quelques minutes. Bientôt ils sont tous de nouveau dehors et s’assurent de la présence de leur binôme. Jaimie les compte une fois de plus pour être sûre, et puis alors Kyte sort la vieille bougie qu’il a volée dans une paroisse locale. Un sourire sarcastique aux lèvres, il laisse glisser ses doigts rugueux sur le dessin de la vierge marie et du petit Jesus qui l’illustre. Puis il la tend à Jaimie et fait frémir sa moustache comme pour se donner de l’importance. « A toi d’jouer gamine. Que justice soit faite ! » Il la voit perdre ses couleurs et ça le fait jubiler à l’intérieur. Elle pensait pas que l’honneur lui reviendrait. Elle en avait probablement pas envie non plus. Mais Kyte est bien décidé à faire d’elle un homme ; et un homme est à la fois jury, juge et bourreau. Et pour elle, ça commence ici. Elle déglutit, la gosse, et c’est tout juste si sa main tremble pas lorsqu’elle referme ses petits doigts délicats autour de la grosse bougie. « Enflamme-moi tout ce merdier. » Kyte l’encourage encore en lui tendant le briquet. Il fournit les armes et donne les ordres mais c’est à elle de faire le geste ultime, de prendre cette responsabilité sur ses épaules et dans sa conscience. Il est temps de briser ses dernières réserves, de la pousser plus loin encore, de rallumer cette flamme dans les yeux et d’ériger les barrières autour de ses remords.
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ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"Old growth, holds hope, let the brambles scrape your skin, Scars are storybooks, blood will wash away your sins." - Canada, 1997
« C’est pas trop tôt ! 'Faisiez quoi là-dedans ? » La remarque graveleuse de Kyte a fusé et quelques rires gras nous ont accueilli dès la sortie. J’ai levé les yeux au ciel et serré les poings, prête à lui lancer une réplique cinglante, mais un bras passé autour de mes épaules et un petit rire léger m’en a dissuadé. « Laisse tomber, il est vieux et con. » A murmuré Todd à mon oreille, et j’ai senti un bref sourire étirer mes lèvres alors qu’on échangeait un regard plein de... complicité ? J’ai puisé dans ses prunelles la sérénité nécessaire à la suite de cette mission et j’ai fait quelques pas vers Kyte, répondant d’un signe de tête à sa question muette : la voix était libre. Sans plus attendre, mon mentor a levé la main, agité le doigt, et tous les activistes se sont mis en mouvement, attrapant bidons d’essence, alcool et mottes de paille qu’ils déversaient dans les grandes pièces puantes de l’abattoir. C’était bizarre de le voir dans une position de leader comme ça, il en retirait un certain charisme et je trouvais qu’il avait pas mal la classe. L’espace de quelques secondes, il m’est apparu comme la première fois que je l’avais vu un an plus tôt. Je faisais alors ma première action et j’essayais de dissimuler ma crainte de me faire prendre. J’étais devenue plus douée de ce côté-là et c’était grâce à l’apprentissage que j’avais fait à ses côtés. Alors je me suis campée près de lui et je l’ai regardé avec un sourire et la poitrine qui se gonflait de fierté. Parce que Kyte, c’était un peu la figure paternelle que j’avais jamais trouvé chez mon géniteur : un homme qui m’avait pris sous son aile, qui m’avait guidée, qui m’avait appris tout ce qu’il savait, et qui avait placé ses espoirs dans la relève que je pouvais représenter. Il était tout ronchon, tout cabossé et un peu tordu, mais il avait le cœur au bon endroit et surtout les idéaux qui allaient dans le même sens que les miens alors croyez-moi, on ne pouvait pas vraiment demander mieux comme mentor. Du coup je lui pardonnais pas mal de trucs… sa lourdeur notamment.
Ils sont tous ressortis quelques minutes plus tard, à peine plus bruyants que le vent lorsqu’il s’infiltre dans les feuilles d’une forêt. J’ai repéré les visages et compté les silhouettes pour m’assurer qu’il ne restait plus personne à l’intérieur, puis j’ai regardé Kyte qui fouillait dans son sac pour en ressortir une grosse bougie, du genre qu’on peut trouver dans les églises à tendance catholiques. J’ai pas pu réfréner un froncement de sourcil et un petit sourire amusé en le voyant passer religieusement ses doigts sur le dessin du petit Jésus et de la vierge Marie décorant les côtés de l’arme du crime. Sourire que j’ai pas mal ravalé lorsqu’il me l’a tendue en me disant que c’était à moi de jouer, et qu’il fallait que je rende justice à toutes les victimes innocentes qui avaient péri entre ces murs, sacrifiées sur l’autel de la gloutonnerie humaine. Je pouvais sentir le sang quitter mon visage et je ne me sentais plus très bien tout d’un coup. Je pouvais aussi sentir le regard des autres activistes dans mon dos, certains qui étaient là depuis bien plus longtemps que moi et qui s’estimaient certainement plus légitimes à porter ce flambeau. Alors je pouvais pas flancher : ce serait montrer une faiblesse qu’ils seraient bien trop contents d'exploiter ou de me reprocher. J’ai refermé mes doigts autour de la bougie et j’ai relevé les yeux vers Kyte qui me tendait désormais un briquet en me disant d’enflammer ce merdier. J’ai pris le cracheur de flamme et une inspiration pour me donner du courage, et puis j’ai regardé le ciel et les étoiles en suppliant je savais pas trop qui de me préserver de je savais pas trop quoi, mais j’étais quasiment certaine que ce que j’espérais c’était de pas me faire prendre la main dans le sac. Puis j’ai dardé mon regard sur la maison de l’horreur qui se dressait devant moi et j’ai senti une étrange sérénité m’envahir. Il fallait que je détruise ce camp de la mort, que je plante un pieu dans le spécisme et que je paralyse ce système d’oppression synonyme de tant de souffrance. Aveuglée par la douleur, la rage et un idéalisme un peu naïf, un peu violent, un peu fou, j’ai fait tourner la roulette du briquet et j’ai regardé la flamme danser devant mes yeux dans la nuit, réfléchir son reflet fou dans mes prunelles embrasées. Et puis j’ai allumé la mèche. « Tiocfaidh ár lá. » J’ai dit à voix basse dans ma langue natale. Notre jour viendra, « Et en l'attendant : que justice soit faite ! » J’ai dit d’une voix un peu plus forte pour que les autres puissent l’entendre. Ils ont répondu d’une clameur commune, et les sentir comme ça unis face à cette adversité a renforcé ma détermination. La tête haute, le pas certain, j’ai avancé vers l’antre moisi de cet enfer. Je me suis arrêtée à un mètre, puis je me suis accroupie et j’ai fait rouler la bougie sur le sol. Sa flamme a léché l'asphalte gorgé d’essence à l’instant même où elle pénétrait à l’intérieur, et une nuée de flammes s’est propagée dans toutes les directions, léchant les murs et les barrières, remontant le long des parois en béton et jusqu’aux portes là-bas au fond, illuminant l’ombre de cette étincelle d’un espoir destructeur, une conviction sans compromis. « Jaimie cours ! Bordel, cours ! » J’entendais la voix de Todd dans mon dos mais j’étais comme incapable d’y prêter attention. Il a dû s’en rendre compte car j’ai bientôt senti sa main se refermer autour de mon avant-bras et il m’a entraînée en arrière, m’arrachant à ma fascination. Mon regard s’est posé sur la lisière de la forêt vers laquelle courraient les autres pour se réfugier. Kyte m’attendait quelques mètres en arrière, l’œil fou et les bras qui s'agitaient nerveusement. J’ai couru dans sa direction et il a foncé à mes côtés. J’ai bien senti qu’il était prêt à me gueuler un truc mais j’ai rien entendu parce que déjà retentissait une grande explosion et alors il y a eu une onde de choc, un souffle brûlant dans notre dos et on s’est tous retrouvés projetés sur le sol. « Ça va ? » M’a demandé Todd en m’aidant à me relever. J’ai attrapé la main qu’il me tendait et après un bref état de mes membres, j’en ai conclu que je n’aurais rien de plus grave que quelques bleus et égratignures. « Ouai, mais merde je pensais pas que ça prendrait feu aussi rapidement ! » J’ai lancé un coup d’œil suspect dans la direction de Kyte qui faisait celui qui n’entendait rien tandis que Todd éclatait de rire. « Je suppose que personne n'a pensé à te prévenir pour les explosifs ? » Il m’a demandé avec un grand sourire tout plein d’un charme un peu con, un peu insouciant, et j’ai senti ma colère se dissiper dans mes veines et la peur qui allait avec. « Non, en effet. » J’ai tout de même répondu avec une pointe de sarcasme. Mais dans les faits ça importait peu tant que la mission était accomplie. Reprenant mon souffle, j’ai braqué mon regard sur l’abattoir qui brûlait au loin et c’était comme si la providence purgeait ce lieu de malheur avec ses énormes flammes qui rugissaient dans la nuit. « Ça va peut-être te paraître bizarre, mais je trouve ce spectacle magnifique. » J’ai dit avec émotion, tout juste assez haut pour être entendue. J’ai senti la main de Todd se refermer autour de la mienne, me communiquant sa chaleur. « Ça va surement sonner encore plus bizarre, mais je trouve pas ça aussi magnifique que toi… Et j’ai terriblement envie de t’embrasser. » Surprise, j’ai détaché mon regard du brasier gigantesque pour le braquer sur son visage et j’ai vu qu’il ne plaisantait pas. Le regard terriblement sérieux, ses yeux allaient des miens à mes lèvres, et je se sentais mon cœur qui me picorait d’une anticipation doublée de panique. Puis comme j’en avais quand même sacrément envie et que c’était totalement romantique, j’ai senti un sourire étirer mes lèvres et j’ai planté mon regard dans le sien. « Bah alors qu’est-ce que t’attends ? » Il a laissé échapper un petit rire, puis il a attrapé ma nuque et j’ai senti ses lèvres s’écraser contre les miennes. J’entendais bien Kyte qui beuglait dans mon dos et j’avais pas mal envie de lui faire signe d’aller se faire foutre, mais je préférais me concentrer sur Todd, et son baiser, et toutes ces nouvelles sensations pas mal humides mais plutôt agréables que la caresse de ses lèvres éveillait en moi.
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Elle met du temps la gamine mais enfin elle finit par comprendre et alors elle marche vers l’antre nauséabonde de l’abattoir et elle fait rouler la petite bougie sur le sol. Les poings sur les hanches, un sourire fier aux lèvres, il l’écoute clamer ses paroles révolutionnaires et voit ce feu brûler en elle presque aussi surement que le brasier qui s’allume sous leurs yeux. Bien. Il est temps de se barrer avant que les explosifs ne s’y mettent. Mais Jaimie elle bouge pas. Elle reste bien là-devant à contempler le spectacle comme une môme attardée. « Jaimie ! Aaah ! Jaimie ! » Il hurle en reculant pour se mettre en sécurité à la lisière de la forêt où foncent déjà tous les autres. Mais elle ne bouge toujours pas. Heureusement le gamin beau gosse un peu bête fonce l’attraper par la main et alors ils remontent tous les deux la colline en courant, et Kyte les attend en haut en faisant les cents pas, les yeux exorbités par l’exaspération, pas loin de s’arracher les cheveux comme elle arrive pas assez vite. Quand elle est à sa hauteur il l’attrape par les épaules pour l’entraîner dans sa course, la protéger de son corps. Il aimerait bien lui dire comme elle est stupide de s’attarder aussi longtemps auprès d’une tanière remplie d’explosifs mais il a pas le temps de dire quoi que ce soit qu’une énorme détonation éclate dans leurs dos, et bientôt une lumière vive déchire la nuit, éclairant l’ombre du bois devant eux. Une vague brûlante les projette face contre terre, et Kyte est certain que ça lui a bien cramé quelques poils de cul ! « Aaaah bout d’calvaire ! Qu’est-ce qui t’as pris ? » Il grogne en se redressant.
Mais Jaimie ne l’écoute pas. Il faut croire que la gamine est beaucoup plus intéressée par la perspective de se perdre dans les yeux vides du grand dadais plutôt que d’écouter les mugissements de son mentor. Bah, faut bien qu’jeunesse se passe tiens. Alors Kyte les laisse se rouler des pelles dans la pénombre, parce qu’après tout il sait bien qu’avec l’adrénaline qui agite le cœur, ça réveille ce genre d’instinct un peu primal. Lui-même il dirait pas non à une jolie rombière rondouillette, mais comme y’en a pas il se détourne vers le feu d’artifice qui crépite là en bas. Ses yeux dévorent les flammes qui emplissent son âme et ses poumons pareil. Il se délecte de cet enfer et de ce chaos dont il est le maître. Bordel, il pourrait rester là toute la nuit à regarder ce feu sauvage purifier ces pierres de leurs immondes sacrifices. Mais il sait que les alarmes ne vont pas tarder à se déclencher et qu’il aura intérêt à être bien loin lorsque la police débarquera pour tenter de sauver ce bâtiment moisi et appréhender les coupables. C’est qu’il est toujours recherché pour ce meurtre qu’il a jamais commis en Norvège et tout un tas d’autres crimes dont il est bien responsable pour le coup. Autant dire qu’il a pas l’intention de sacrifier sa liberté juste pour le plaisir d’apprécier ce beau spectacle encore quelques minutes de plus. Alors il la laisse encore échanger un peu de sa salive avec le niaiseux et puis comme il estime que c’est assez et qu’ils auront bien l’occasion d’explorer leurs amygdales et tout le reste plus tard, il l’attrape par le bras pour la décrocher à sa ventouse. « Allez gamine, on s’arrache. » Il ignore le regard furieux qu’elle lui lance et tire les bords de sa veste pour se donner de l’importance. « T’as vu la hauteur de ces flammes ? Même si l’alarme est morte, sûr que toutes les villes alentour elles ont entendu l’explosion et que les pompiers et les flics ils vont débarquer d’une minute à l’autre. J’te file même mon billet qu’ils sont déjà en route tiens ! » Il raconte d’un ton à la fois morne et pressé. Puis il met sa main sur l’épaule du jeune type aux yeux clairs et l’oriente vers la lisière de la forêt. « Allez, allez. Vas-donc dans ta voiture attitrée hum ? J’prends la gamine avec moi sur la bécane et une fois au local tu pourras en faire c’que tu veux. »
AVENGEDINCHAINS & WHITEFALLS
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"Old growth, holds hope, let the brambles scrape your skin, Scars are storybooks, blood will wash away your sins." - Canada, 1997
J’étais bien dans la chaleur de ses bras. J’étais bien à l’orée de cette forêt. Là où je me trouvais, je pouvais sentir les caresses du vent sur ma nuque et celles de Todd dans mon dos. Au loin, l’abattoir en flammes faisait comme un feu d’artifices qui éclairait la nuit. Je me sentais en sécurité sous la voute des étoiles, libre d’admirer les reflets du brasier qui se reflétaient dans les yeux clairs de mon compagnon. J’aurais pu rester dans cet état de transe pendant des heures. Mais bien sûr c’était sans compter Kyte qui a commencé à s’agiter dans mon dos. Je l’aurais bien volontiers ignoré s’il n’avait pas pris la liberté de m’agripper par le bras pour m’arracher à l’étreinte de Todd. « Aïe, mais t’es malade, qu’est-ce qu’il y a ? » J’ai demandé furieusement tandis qu’il remettait sa veste en place et se passait une main dans les cheveux, l’air de rien. Il m’a parlé de la hauteur des flammes comme si j’en avais quelque chose à foutre de ses balivernes. Et puis il a commencé à me parler de l’explosion et des villages alentours et des flics qui tarderaient pas à débarquer et alors là brusquement mon esprit s’est reconnecté à la réalité et j’étais beaucoup plus encline à coopérer. Il a dit à Todd de filer dans sa voiture attitrée et qu’il pourrait « faire ce qu’il voulait de moi » une fois au local et j’ai ouvert la bouche en fronçant les sourcils tellement je trouvais ça nul et déplacé. « T’es vraiment qu’un gros macho ! » J’ai protesté. J’aurais bien enchaîné sur un couplet cinglant destiné à le remettre à sa place mais le temps pressait alors j’ai placé mes paumes devant moi pour leur signifier que le débat était clôt pour l’instant mais on savait tous les trois qu’ils en avaient pas fini avec moi et que je me rattraperai bien à la clubhouse. « Tu veux venir avec moi ? » M’a proposé Todd en jetant un regard en biais à Kyte, tout chevalier servant qu’il avait décidé d’être ce soir. « Non, t’inquiète pas. File avec ton groupe avant qu’ils ne se cassent sans toi. » Je lui ai assuré. Il m’a fait un de ces grands sourires, le genre qui revient pas mal vous hanter par la suite, puis il a déposé un baiser maladroit sur mes lèvres et il s’est élancé à la suite des autres militants qui étaient déjà loin. Moi j’ai emboité les pas de Kyte qui revenait vers notre planque du début où sa bécane était toujours.
On était juste au niveau de sa moto, j’avais le casque dans les mains, lorsqu’une nouvelle explosion a attiré mon regard. C’est là que j’ai compris ce que Kyte voulait dire lorsqu’il m’a parlé des flammes qui progressaient plus rapidement que prévu. Tout l’abattoir était désormais consumé par ce feu purificateur. L’étable, la salle d’abattage… mais aussi les bureaux. « Le garde ! » J’ai soufflé en sentant mon cœur se serrer dans ma poitrine. J’ai jeté un regard désemparé dans la direction de Kyte qui enfourchait déjà sa Harley avec un haussement d’épaules. Comme si c’était une fatalité, comme s’il n’y pouvait rien. Mais moi j’avais le cœur qui battait à cent à l’heure et je revoyais son regard terrorisé, cette supplication dans le fond de ses prunelles. « Bon sang Kyte, le garde ! On peut pas le laisser crever ! » J’ai répété bêtement, comme s’il avait pas déjà pensé à tout ça. Comme si c’était pas déjà décidé dans sa tête. Il a braqué son regard de glace sur moi et c’est la première fois que je l’ai senti me geler les entrailles. Y’avait un mélange de dureté et de froideur, mais aussi une vague de compassion que je ne comprenais pas. Il m’a dit qu’on avait pas le temps, que les alarmes avaient sonné et il m’a répété que la police était déjà probablement en route mais ça connectait pas dans mon esprit alors j’ai foutu mon casque entre ses mains et je me suis élancée vers l’immense brasier. Les pas de Kyte ont résonné dans mon dos et il m’a encore attrapée par le bras pour me forcer à m’arrêter et à lui faire face. Il m’a dit que j’allais me faire prendre si je restais et dans ces yeux il y avait la même détermination que tout à l’heure mais il y avait aussi de la peur. Et cette peur là je savais bien que c’était pas pour moi. C’était pour lui. Au loin, les sirènes de police retentissaient déjà et moi je savais bien ce qu’il risquait s’ils le chopaient. Et je savais aussi qu’il avait plus de chance de s’échapper si j’étais pas coller à son cul. J'ai compris que j'avais deux secondes pour me décider. Deux secondes pour choisir de sauver mes miches où celle qui type qui rôtissait peut-être déjà dans la fournaise. Cette pensée m'a fait froid dans le dos et soudain j'ai su que j'avais ma réponse. « Et bah tire-toi ! » J’ai hurlé en me dégageant d'un coup sec. « Tire-toi alors espèce de gros lâche parce que je serai pas complice d’un meurtre ! » Je l’ai poussé de toutes mes forces, la respiration saccadée et des tremblements partout dans le corps. Je savais pas si c'était l'adrénaline, la peur ou les larmes qui n'étaient pas loin. Peut-être un peu de tout ça à la fois. Alors j'ai défié Kyte du regard et je l'ai poussé encore. J’ai pas aimé voir la blessure que j’infligeais à son cœur mais bon sang, on le savait tous les deux à ce stade : y’avait plus qu’une chose à faire, il devait me laisser derrière. Et c’est ce qu’il a fait.
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Elle proteste la gamine. Même dans l’urgence il faut qu’elle trouve un combat politique, qu’elle lève le poing contre le patriarcat. Ça le fait sourire, toute cette passion un peu folle, tous ces idéaux qui se bousculent derrière ces yeux verts comme les forêts qu’elle essaie de sauver. Il comprend pas, mais il admire. Il admire même s’il le lui dira jamais ; même s’il lui rabâche à longueur de journée que ce p’tit cœur idéaliste c’est sa plus grande faiblesse, qu’elle ferait bien de s’endurcir, de se détacher. Comme lui, comme eux tous. Comme ceux qui survivent. Et elle comprend un peu, il le sait. D’ailleurs, elle se lance pas dans de beaux discours et elle congédie son nouveau petit copain d’un baiser trop rapide pour être romantique, mais y’a quand même de la beauté dans cette maladresse adolescente, dans cet empressement et ces hormones qui se bousculent et qui se mêlent à l’adrénaline. Kyte, il reconnaît bien ça, et foutre dieu comme ça lui manque. Mais pas le temps de s’attarder dans les souvenirs. Y’a que le moment présent qui importe et les minutes qui sont comptées. Il s’élance vers l’endroit où sa bécane est bien planquée, la petite Jaimie sur ses talons.
Ça schlingue déjà sacrément la fumée quand ils arrivent à sa meule. Pas le temps de parler, maintenant il faut s’arracher. Il enfonce son casque sur son crâne, ses lunettes sur ses yeux et il grimpe sur la bécane sans un regard en arrière. Mais la gosse elle a les yeux figés sur l’abattoir en flammes, une vision d’horreur sur son visage encore enfantin. Il voit la panique défiler dans ses yeux comme une tornade alors qu’elle se rappelle soudain l’existence du garde. Nom d’une pipe en bois, Kyte l’avait complètement oublié celui-là. Bah, y’a plus qu’à espérer que les pompiers arrivent assez tôt pour lui sauver la peau du cul va. Il hausse les épaules et lui fait signe de grimper parce qu’il y a plus grand-chose à faire que d’arracher le bitume. Mais évidemment elle l’entend pas de cette oreille. Foutu idéalisme. Elle s’agite, hébétée, elle répète la même phrase en boucle comme si ça pouvait changer quelque chose et puis finalement elle décrète qu’ils ne peuvent pas le laisser crever. Kyte est pas d’accord, ils peuvent très bien d’après lui. Après tout, il a qu’à pas faire un métier de connard. Mais il entend le danger dans sa phrase. Il sait bien qu’à partir du moment où elle a prononcé ces mots elle en a fait sa responsabilité. S’il la force à partir elle aura ce poids sur la conscience, et prendre la mort d’un autre c’est un fardeau qu’il peut pas mettre sur des épaules aussi frêle, dans un cœur aussi pur. Mais si elle reste… Tabernak, si elle reste c’est sûr qu’elle se fera prendre. Que même si les flics ils arrivent pas à temps, ce « bon » garde qu’elle veut sauver la neutralisera sans trop de problèmes. Sauf s’il vient avec elle. Mais ça il n’en est pas question. Et Kyte, ça le dérange pas trop de sacrifier la vie de cet inconnu plutôt que de finir la sienne derrière les barreaux. Alors il plante ses yeux pâles dans les mirettes affolées de la gosse et il prend la décision pour elle. « On a pas l’temps gamine. Il en vaut pas la peine. » Mais elle secoue la tête et le regard flou elle pose son casque entre ses mains et trotte mollement vers l’immense brasier. « HEY ! » Il gueule dans son dos, mais elle ne se retourne pas. « Ah ! Bout d’calvaire ! » Il beugle et frappe sa bécane, puis s’en extirpe agilement et court après la gamine. Il la rattrape en quelques enjambées et agrippe son bras pour la forcer faire volte-face. Y’a plus une once de patience dans ses traits déformés par l’urgence. « Arrête donc ton caprice gamine ! Tu t’feras prendre si tu reste c’est certain ! T’sais c’que tu risques si t’es prise sur un coup pareil ? Crois-moi tu veux pas l’découvrir ! » Il les connaît les mômes comme elle. C’est des louves libres, pas taillées pour être enfermées en prison ou dans des camps de détention. Ils se souvient pas si elle est majeure ou pas, elle lui semble si jeune, mais l’offense est si grave. Il devrait essayer de la convaincre, lui dire combien ça va la briser. Mais déjà la compassion s’évapore et les sirènes de police retentissent au loin. Kyte sent son cœur s’endurcir, sa nuque se raidir, son sang battre plus fort pour balancer l’adrénaline dans son corps et bientôt il n’a plus qu’une idée en tête : fuir. Fuir pour gagner sa liberté, pour continuer ses actions, pour errer sur cette terre encore et encore et punir les hommes là où la loi s'y refuse. « J’te préviens gamine, si tu reste t'es toute seule. » Et la môme elle lui hurle de se tirer, et dans son regard angoissé, dans ses grands yeux effrayés, il sait bien qu’elle a qu’à moitié conscience de ce qu’elle fait. « Ça vaut pas l’coup. » Il proteste encore par acquis de conscience, et parce que ça lui fait quand même un peu mal de la laisser sur place, de la laisser payer pour tout ce qu’ils ont fait. « Ça vaut pas l’coup. » Il répète et elle le pousse plus fort encore avec sa voix qui déchire la nuit et ses entrailles avec. Il sait bien qu’elle va le hanter cette scène, mais au moins elle le hantera pas en prison.
Alors sa décision prise, il tourne les talons sans un regard en arrière. Il marche deux pas et bientôt ses jambes le portent plus rapidement, à travers les cailloux et les mottes de terre du terrain inégal et jusqu’à sa Harley. Elle risque moins qu’toi. Il se dit en enfonçant son casque et en démarrant d’un coup de kick. Elle risque moins qu’toi et ses vieux son plein aux as. T'vas vouère qu'elle aura un bon avocat. C'est juste l'affaire de que'ques mois. Le moteur beugle quand il met un coup d’accélérateur et il démarre dans un nuage de fumée, laissant le bloc de béton en flammes et la gamine dans son sillage. Les arbres défilent à toute vitesse et le chemin accidenté lui tape sérieusement le cul. Et puis enfin la route qui s’étale à perte de vue, vers l’Alberta qu’il compte rejoindre à l’aurore. Loin de ce merdier, loin des flics et des procès, des menottes et des prisonniers. Loin de Jaimie aussi, qu’il reverra peut-être jamais. Mais c’est la vie et elle doit continuer. C'est sa chienne vie et il doit l'assumer.
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ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
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PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"Old growth, holds hope, let the brambles scrape your skin, Scars are storybooks, blood will wash away your sins." - Canada, 1997
Il m’a dit que ça valait pas le coup. Il me l’a dit comme s’il cherchait à me convaincre mais je voyais bien dans son regard que c’était juste pour être au clair avec sa conscience maintenant. J’étais même pas surprise quand il a tourné les talons. Le vide dans ses yeux, cette tristesse mêlée de détermination, c’était déjà un indicateur pas mal précis dans le genre. Je sais pas trop pourquoi mais j’ai senti un truc se briser à l’intérieur en le regardant s’éloigner d’un pas vif. Peut-être que dans le fond j’espérais qu’il resterait avec moi. Peut-être que je me sentais trahie. Peut-être que je commençais à comprendre le poids de la décision que je venais de prendre, aussi. J’ai senti un sanglot enfler dans ma gorge, le genre de gros hoquet sans larmes qui nous étouffe de l’intérieur. J’ai jamais vu Kyte partir. Nul doute qu’avec les flics qui arrivaient, il avait opté pour les petits chemins à travers les bois plutôt que de s’aventurer sur la grande route. Alors je me suis raccrochée au rugissement de sa Harley qui retentissait au loin, et je l’ai écouté jusqu’à ce que ce ronronnement familier ne s’évanouisse dans le vent. Et puis lorsque le silence m’a enveloppée de nouveau, je me suis sentie vide. Vide comme jamais avant et terriblement seule. J’avais les jambes et les mains qui tremblaient malgré la chaleur qui me cramait le dos et je savais que c’était le choc, la peur et l’adrénaline qui se mélangeaient dans mes veines dans un cocktail moyennement agréable. Merde, la chaleur ! Je me suis arrachée aux sentiments qui me paralysaient, j’ai remonté l’armure tout autour de mon cœur, tout autour de mon âme. Il fallait que je sois efficace si je voulais sauver la vie de cet homme et avoir une chance de me tirer avant que la police n’arrive.
Sans perdre une seconde de plus, je me suis élancée vers la cabine de surveillance dont la porte était toujours enfoncée. Les flammes n’avaient pas encore atteint ce bâtiment, mais une lourde fumée alourdissait déjà les lieux, empoisonnant l’air. Faites qu’il ne soit pas trop tard. Je priais sans trop savoir à qui j’adressais cette supplique. A la nature, surement. A l’air, au feu et aux autres éléments. J’ai vidé une partie de ma gourde sur un foulard que j’ai enroulé autour de ma tête pour protéger mon nez et ma bouche des gaz toxiques et puis, penchée en avant pour avoir le plus de chances de respirer de l’air pur, j’ai plongé dans le poste de garde. A l’intérieur, le gardien avait eu le réflexe de faire tomber sa chaise pour avoir le visage le plus près du sol. Les yeux rivés sur les flammes qui ravageaient le bâtiment d’en face, il ne m’a remarquée que lorsque j’ai coupé les liens qui retenaient ses pieds à l’aide de mon canif. Il a commencé à beugler derrière son masque quand j’ai libéré ses poignets, mais j’avais pas la moindre idée de ce qu’il me voulait, et très franchement c’était pas vraiment ma priorité. Il fallait qu’on sorte de là. J’ai passé un bras sous ses épaules pour l’aider à se relever et je l’ai guidé vers la sortie. On a couru comme ça vers la lumière, vers l’air pur, vers la fraîcheur du soir Canadien. Quand on était assez loin on s’est arrêtés tous les deux et on inspirait la nuit et la vie et le souffle du vent qui balayait nos cheveux et giflait nos visages. On toussait pas mal aussi, comme pour nettoyer nos poumons après ce qu’ils avaient subis. Et puis d’un coup j’ai entendu les sirènes de police au loin et mon cœur s’est mis à tambouriner comme un malade dans ma poitrine. Il fallait que je parte. Il fallait que je parte. J’ai regardé autour de moi comme un animal traqué, j’étais à deux doigts de prendre la fuite, qu’importait la direction, aussi loin que mes jambes voudraient bien me porter, quand le garde m’a agrippée le bras. « Pourquoi t’es revenue ? » Il m’a demandé avec le visage dur mais une lueur de curiosité dans le regard. « J’pouvais pas vous laisser crever. » J’ai répondu avec la plus grande naïveté. « Alors pourquoi tu m’as attaché ? » Je voyais déjà les gyrophares qui clignotaient au loin et je sentais ma liberté se carapater aussi surement que mes jambes refusaient de bouger. « J’savais pas qu’ils allaient foutre le feu, j’savais pas. Je suis désolée, je suis tellement, tellement désolée. » J’ai fait avec la voix qui se brisait et les affreux sanglots qui me reprenaient comme des spasmes. Les pompiers et les flics ont débarqué avec un crissement sinistre et alors que les premiers se précipitaient vers la bâtisse pour arrêter l’incendie, les autres pointaient déjà leurs armes sur nous en nous ordonnant de nous agenouiller et de mettre les mains en l’air. « Je travaille ici ! Je suis une victime dans cette histoire ! » Hurlait le garde à mes côtés tandis qu’ils nous plaquaient au sol pour nous passer des menottes à tous les deux. Une rapide vérification de son identité l’a rapidement libéré, tandis que j’ai fini à l’arrière d’une voiture de police. Dehors ils prenaient sa déposition et moi j’avais les lèvres scellées, le regard aussi vide que le cœur, les pensées et le corps paralysé par la peur grandissante qui rongeait mes os et mes entrailles. J’avais des images atroces qui se bousculaient dans ma tête et défilaient devant mes yeux absents. Je voyais mon avenir et il était franchement pas glorieux. Et je me disais que je le méritais bien pour prendre des décisions aussi merdiques. J'étais presque soulagée d'être ici, comme si assumer mes conneries devant la loi était plus facile que de les laisser moisir dans ma conscience et pourrir mon âme. Je me souviens avoir levé la tête vers les étoiles qui brillaient toujours et alors que les larmes me piquaient les yeux, j’ai promis à la nature que si jamais je m’en sortais je ferais tout différemment. Que je serai plus intelligente pour la défendre.
Au final je sais pas si c’est la nature qui m’a sauvée, la bonté du juge, l’efficacité de mon avocat ou le porte-monnaie de mes parents. Toujours est-il que le garde que j’avais récupéré a raconté à tout le monde qu’un type bizarre m’avait forcée à l’attacher et que j’avais pas l’air à l’aise en le faisant. Qu’une fois qu’ils étaient tous partis, j’étais la seule à être revenue le chercher. J’crois que dans le fond c’était un type bien, ou qu’il s’imaginait me devoir la vie. Peut-être aussi qu’il avait eu pitié de moi. J’en savais rien, mais je prenais. Mon avocat m’a conseillé de plaider coupable alors c’est ce que j’ai fait. J’ai raconté au juge que j’étais venue pour sauver des animaux et que je ne savais pas qu’ils allaient mettre le feu au bâtiment – ce qui était vrai. Je leur ai jamais dit que c’était moi qui avait lancé la bougie. Ils ont voulu me faire chanter et m’ont demandé le nom des autres personnes dans l’organisation. Je leur ai dit que je les connaissais pas, qu’on avait des noms de code et que je connaissais rien des autres. Ils ont voulu me faire chanter sur le type charismatique qui m’avait influencée mais même là j’ai rien donné. de toutes les façons, j'avais rien à part son prénom. Par contre j’ai pas lésiné sur mes remords et là pour le coup personne ne pouvait douter de ma sincérité parce que ça sortait carrément des tripes. Je le sais que j’ai eu de la chance. J’ai eu la chance d’être une adolescente de bonne famille et sans histoires. J’ai eu la chance que toute cette histoire se déroule avant le 11 septembre 2001. J’ai eu la chance que la principale victime plaide en ma faveur. J’ai eu la chance d’avoir un avocat compétent pour me conseiller.
C’est ce que je me répétais en boucle chaque fois que j’étais sur le point de craquer, enfermée dans ce centre de redressement destiné à me remettre les idées en place. J’avais de la chance d’être là et pas en prison. C’était une opportunité pour me reprendre, pour me concentrer sur mon éducation pour ne pas perdre le fil et pouvoir réintégrer mon lycée en janvier. J’en ai lu des bouquins entre ces quatre murs grisâtres, j’en ai lu des théories, des essais, des témoignages en tous genres. Petit à petit, j’ai compris que le moyen le plus efficace de lutter contre le système ce n’est pas de l’attaquer de l’extérieur mais bien de l’intérieur ; en utilisant les règles déjà en place. Cette idée a germé dans mon esprit pendant six longs mois, et quand je suis ressortie je me suis fait deux promesses. La première, c’est que je ne participerais plus jamais à des actions directes illégales car il y avait beaucoup trop de risques associés et trop peu de résultat. La deuxième c’est que j’allais tout faire pour étudier le droit à Harvard, devenir avocate et défendre la faune et la flore à grande échelle. Alors pour ça j’allais être une lycéenne exemplaire et mériter le pardon qu’on m’avait laissé miroiter, celui qui pourrait effacer mon casier judiciaire à ma majorité. Et j’allais aussi devoir affronter Kyte pour lui dire que notre association était terminé. Que plus jamais je ne l’accompagnerai sur le terrain, plus jamais. Et ce serment, il était renforcé par l'amertume de sa trahison qui coulait encore dans mes veines et empoisonnait parfois mon coeur. Parce que je savais pas ce que je risquais en le laissant m'embarquer dans ces aventures. Mais lui il le savait. Il l'avait toujours sût. Et ce type que j'avais considéré comme mon père ne m'en avait jamais protégée. Pire encore, il m'avait abandonnée au moment critique, me laissant affronter seule les conséquences de nos actions. Et ça, je crois que je ne lui avais jamais vraiment pardonné. Je ne sais pas si un jour je le pourrai.
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.