J’étais un peu une grande enfant, surtout ces derniers temps. J’avais l’impression que retourner à l’âge de mes 20 ans me faisait du bien et me permettait surtout de ne pas être obligée de voir que je prenait de l’âge, que la quasi-totalité de mes amis étaient parents avec une vie presque toute tracée alors que j’étais toujours un peu un électron libre qui ne savait pas où il serait d’ici quelques mois, quelques années. Les quelques événements passés m’avaient un peu miné le moral et alors que Arthur me demandait d’aller avec lui dans un parc aquatique, bien sûr, j’avais tout de suite accepté. C’était assez original comme endroit pour se retrouver après ces longues semaines sans se croiser mais finalement, il m’avait vite expliqué qu’il était aussi temps que je rencontre son fils. J’étais vraiment heureuse de pouvoir enfin faire sa connaissance et en effet, le parc aquatique était un excellent cadre. J’allais vêtir mon rôle de tante trop cool avec grand plaisir et ce môme allait garder une image de moi qu’il n’oubliera pas de si tôt. J’aimais avoir ce genre de rôle, celle qui ne se prend pas trop la tête et qui peut facilement être repérée comme l’alliée, celle qu’il faut avoir dans son camp.
Je me dépêchais de me rendre jusqu’à ce parc, j’avais pris la voiture, tout se passait bien, pas de bouchon, j’avais pourtant pensé qu’il y allait avoir du monde aux alentours du parc mais la circulation était assez fluide. Je trouvais une place pour me garer sans soucis. Mon sac à dos sur les épaules, je n’avais bien sûre rien oublier : maillot de bain, serviette et monoï et en réalité, j’avais aussi pris de la crème solaire au cas où Arthur n’y ai pas pensé pour Abel. Je les avais remarqués de loin, lui avec son fils à côté, trop mignon. Je l’avais déjà vu en photo mais le voir à côté d’Arthur, c’était une scène assez … inédite. Forcément, ca l’était, mais surtout c’était touchant. Qui aurait cru qu’Arthur allait être un papa remarquable, il y a encore plusieurs mois, c’était inenvisageable et le voilà non pas avec un bébé dans les bras mais un grand garçon, déjà debout à ses côtés. « Noa, voici Abel, Abel, voici Noa. Papa t’a déjà parlé de Noa puis tu l’as vue en photo à la maison. » Je souris en montrant toutes mes dents, vraiment ravie d’être ici avec eux. « Salut bonhomme ! » dis-je en lui ébouriffant les cheveux. Bon, vu sa tête, c’était peut être pas la bonne technique d’approche. Je m’approchais d’Arthur pour l’embrasser sur la joue. « Salut grand bonhomme ! Je suis contente d’être là. » dis-je en les regardant un à un. « Je nous ai pris les tickets, on peut y aller. » Je suivais donc les guides. Je pourrais rembourser Arthur plus tard pour la place ou alors, je les inviterais à manger à la pause déjeuner. « On se retrouve après les vestiaires ! » nanas d’un côté, mecs de l’autres. On se sépare pour se rejoindre juste après. Il n’y avait pas tant de monde que ça et c’était vraiment agréable. Je ressortie des vestiaires après avoir changé de tenue, bien plus légère. J'avais opté pour un maillot de bain une pièce pour cette fois, je faisais soft, je n'étais pas venu ici pour me dorer la pilule ni pour plaire. J'attendais alors les deux mecs, j'imaginais que ça prenait plus de temps de s'occuper d'un gamin en plus.

Depuis l’arrivée d’Abel dans ta vie, pas mal de choses avaient changé pour toi et tu avais changé toi aussi. Tu ne t’en étais pas rendu compte au début mais le fait d’avoir Abel dans ta vie t’avait assagi. Tu l’avais fait par réflexe, Abel avait besoin de ton temps, de ta présence et quand il n’était pas là, il te manquait. Dans cette configuration là, tu avais du mal à continuer ta vie d’avant, celle où tu ramenais tous les soirs une demoiselle différente dans ton lit. Certes, ce mode de vie te manquait, la présence de quelqu’un à tes côtés te manquait. Tu t’attribuais ce plaisir encore de temps en temps bien entendu, tu n’étais pas devenu moine mais tu voulais autre chose et l’arrivée d’Abel dans ta vie t’avait fait comprendre que si tu ne te laissais pas la possibilité de te jeter à l’eau, cela n’allait pas fonctionner. L’arrivée du petit garçon dans ta vie avait été compliquée à gérer pour toi et tu n’avais pas toujours annoncé cette arrivée de la meilleure manière possible. Bien sûr, une fois que tes proches avaient appris la nouvelle, ils voulaient tous rencontrer Abel dès que possible. Mais pour toi, ce n’était tout simplement pas possible. Abel avait déjà trois ans quand il avait fait ta connaissance et tu voulais créer quelque chose avec lui avant de l’inonder de toutes les présentations qui allaient venir un jour. Car les personnes qui t’étaient les plus proches devaient connaître ton fils, c’était une évidence. Et maintenant que les choses se stabilisaient avec Abel, il était temps qu’il rencontre Noa. Il y avait de multiples photos de ton groupe d’amis chez toi et Abel posait beaucoup de questions, il allait être ravi de rencontrer une des personnes présentes dans les cadres aujourd’hui. Et pour faciliter la rencontre, tu avais choisi le parc aquatique. Noa ne tarda pas à arriver alors tu fis les présentations. La jeune femme ébouriffa les cheveux d’Abel en lui disant : « Salut bonhomme ! » Ce dernier, au lieu de lui sourire vint se cacher encore un peu plus derrière tes jambes. Ton fils était toujours timide et renfermé quand il faisait de nouvelles rencontres. Tu espérais que cela lui passerait mais pour l’instant, il semblait que cela ne se soit pas arrangé. « Salut grand bonhomme ! Je suis contente d’être là. » Tu déposais à ton tour un baiser sur la joue de Noa avant de lui répondre : « Moi aussi ça me fait plaisir. Ca me rappelle des souvenirs. » Lui dis-tu avec un clin d’œil. Noa et toi vous vous connaissiez depuis que vous étiez gamins et vous aviez passés quelques après-midi dans ce parc aquatique à une époque. « Désolé pour Abel, il a toujours besoin d’un peu de temps quand il rencontre quelqu’un de nouveau. » Tu ne doutais pas que ton fils allait se dérider mais tu ne voulais pas que Noa décrypte mal son comportement. Vous passiez l’entrée du parc avant de vous diriger vers les vestiaires où vos chemins se séparèrent. « On se retrouve après les vestiaires ! » Tu hochais la tête avant de la laisser partir du côté femme. Attrapant la main d’Abel, tu l’entraînais dans les vestiaires pour homme où vous vous mîtes en maillot de bain assez rapidement. Pour essayer de faciliter la rencontre d’Abel et Noa, tu profitais de ce moment avec ton fils pour lui parler de ton amie et de comment vous vous connaissiez. Cela sembla le passionner et il fut bientôt temps de sortir des vestiaires. Sans surprise, Noa avait été plus rapide que vous et vous attendait au soleil. « On va s’installer dans un coin avant d’aller se baigner ? » Tu pouvais déjà voir Abel regarder les bassins avec envie. Tu avais pris ses brassards car il ne savait pas encore nager et peut-être que tu pourrais commencer à lui apprendre cela d’ailleurs. « Comment tu vas ? » Demandas-tu à Noa alors que vous avanciez vers un endroit avec un peu d’espace libre pour installer vos affaires.

« Moi aussi ça me fait plaisir. Ca me rappelle des souvenirs. » tu m’etonnes ! Je connaissais, enfin, nous connaissions ce parc comme notre poche. On en avait passé du temps ici quand nous étions gamins. A l’époque, les entrées n’étaient pas aussi chères que maintenant et en même temps, il n’y avait pas non plus autant d’infrastructure. De nombreux tobogan avaient pris place en une quinzaine d’années. Je crois que la dernière fois que j’étais venue ici, je devais avoir vingt-trois ans. Nous étions venus ici avec les enfants d’amis à mes parents qui venaient d’Europe. Des anglais. Je me souviens d’ailleurs que Arthur avait flashé sur la plus vieille. Emy, elle avait vingt ans. Elle était grande, sacrément bien foutu, ses cheveux étaient super long et doux, j’en étais jalouse, d’un blond si clair… et ses yeux, vert profond. Je crois que moi aussi j’avais flashé sur elle, mais à cette période, j’étais loin de penser que je pouvais être attirée par les filles, du moins, loin de l’assumer. Je me posais pas mal de question mais il était hors de question pour moi de l’accepter. J’étais encore bien assez réservée. « C’est pas en haut du Woops que t’as embrassé Emy ? » je revoyais très bien cette scène d’ailleurs. Ils attendaient leur tour pour descendre ce toboggan classé noir sur l’échelle des sensations. Vert étant le moins flippant, rouge un peu plus et noir : l’enfer. Elle avait tellement peur qu’il se fût sentie obligé de la réconforter de la sorte. Assez drôle maintenant qu’on y repense. Quel homme romantique. « Désolé pour Abel, il a toujours besoin d’un peu de temps quand il rencontre quelqu’un de nouveau. » Oh, j’étais loin de m’offusquer pour un gosse qui jouait les timides dans les jambes de son père. A travers mon boulot, j’en voyais tous les jours des mômes comme lui et au bout de quelques dizaines de minute, le démon fait apparition et toute la timidité, envolée. « T’en fais pas, je les connais les petits monstres ! » dis-je en me dirigeant vers les vestiaires, amusée.
J’attends Arthur et Abel sagement, jusqu’à ce qu’ils montrent le bout de leurs nez. Abel équipé de ses brassards, Arthur et son short de bain, laissant montrer ses pectoraux et ses abdos. Par manque de bol, les nanas allaient penser que j’étais la mère, après tout, il pouvait tout à fait me ressembler aussi. J’étais aussi métisse qu’Angelina. Ce n’était pas aujourd’hui qu’on allait pouvoir draguer un peu, mais en même temps, ni lui, ni moi n’étions ici pour ça. Le but de cette journée était de me présenter Abel et surtout de rattraper un peu de temps perdus. « On va s’installer dans un coin avant d’aller se baigner ? » je hochais la tête, allons y. C’était bien cruel pour Abel de voir toute cette eau, prête à nous accueillir et de ne pas sauter dedans aussitôt mais avant, il y avait quelques précautions à prendre. On allait s’asseoir dans un petit coin d’herbe encore disponible avant la prise d’assaut du parc. « Comment tu vas ? » Hm, comme ça, je dirais que je vais bien, mais j’avais un tas de chose à raconter à Arthur et pas mal de choses qui me travaillaient aussi… « C’est assez compliqué ! » Je sorti de mon sac un pot de crème solaire que je tendais à Arthur pour qu’il puisse badigeonner son fils avec. « J’ai été convoqué par la police, il y a quelques jours. J’ai bien l’impression que je suis une de suspect pour… » je baisse d’un ton pour ne pas qu’Abel entende ce que je dis ensuite. « pour avoir tuer quelqu’un… » J’avais l’impression d’avoir un tel détachement en disant ça, mais en réalité, ça me perturbait énormément. Je savais pourtant être totalement innocente et que finalement, la police ferrait rapidement son travail et trouver des preuves qui allait m’innocenter aussitôt. Mais pour eux, j’étais probablement coupable. « un jeune avec qui je me suis pris la tête… plutôt, qui m’a agressé, c’était en septembre. » je n’en avais pas forcément parlé car ce n’était pas non plus une épreuve très traumatisante. « On parlera de ça plus tard… » devant Abel c’était un sujet délicat à aborder. « si non, ma mère, je l’ai enfin revue. Compliqué, elle m’a l’air d’être assez particulière… enfin, tu la connais c’est Cailin Farrell, animatrice télé… ironie du sort, je n’ai jamais connu ma mère, mais ca fait des années que je la voyais à la télé… »

Trouver un lieu où Noa et toi aviez des souvenirs à Brisbane ce n’était pas vraiment très difficile car vous habitiez en ville depuis votre naissance et vous vous connaissiez depuis que vous étiez gamins donc vous en aviez fait des choses ensemble. Voilà pourquoi le parc aquatique était l’endroit parfait pour vous retrouver et pour que tu lui présentes Abel. Ton fils pourra s’amuser dans l’eau toute la journée avec Noa et toi et cela vous permettra de rattraper le temps perdu. Cela faisait longtemps que tu n’étais pas venu glisser sur les toboggans du parc n’ayant aucune raison particulière de venir dans ce lieu. Toutefois, quelque chose te disait qu’Abel risquait de vouloir y revenir régulièrement, comme toi quand tu étais gosse. « C’est pas en haut du Woops que t’as embrassé Emy ? » La question de Noa te ramena des années en arrière alors que tu l’avais accompagnée elle, ses parents et des amis au parc aquatique. Leur fille était d’une beauté époustouflante et tu n’avais pas hésité à passer la journée à flirter avec elle dès que vous étiez loin de ses parents. Quand elle avait eu la frousse juste avant de descendre le plus effrayant des toboggans, tu n’avais pas hésité à l’embrasser pour lui changer les idées. Vous aviez recommencé à plusieurs reprises tout au long de la journée et du séjour de la jeune femme avant de vous quitter sans regret au moment où ses vacances s’étaient terminées. Vous aviez d’ailleurs fait plus que vous embrasser à un moment donné mais ça Noa n’avait pas besoin de le savoir. « C’était le bon vieux temps. » Te contentas-tu de lui dire avec un clin d’œil qui lui signifiait que si, c’était bien là que tu avais embrassé Emy. Tu t’excusais ensuite de l’attitude un peu réservée d’Abel. Tu ne voulais pas que ton amie le prenne mal ou personnellement car ce n’était pas du tout le problème. Tu avais un fils timide ce qui te surprenait vu le caractère social d’Angelina et le tient. « T’en fais pas, je les connais les petits monstres ! » Tu hoches la tête et tu files dans les vestiaires avec Abel pour en ressortir une quinzaine de minutes plus tard.

Quand tu ressors des vestiaires, Noa vous attend patiemment et avant de se jeter à l’eau, tu proposais à ton amie d’aller installer vos affaires dans un coin dans l’herbe pour pouvoir pleinement profiter de la baignade ensuite. Et puis il faut que tu mettes de la crème à Abel avant que tu ne le laisses se jeter à l’eau. Vous trouvâtes rapidement un endroit pour poser vos affaires et alors que tu demandais à ton amie des nouvelles, elle te tendit la crème solaire. « Vient par ici bonhomme. » Dis-tu à Abel qui regardait l’eau avec des yeux remplis d’étoiles. Tu commençais à étaler la crème sur le dos de ton fils alors que Noa te répondit : «  J’ai été convoqué par la police, il y a quelques jours. J’ai bien l’impression que je suis une de suspect pour … pour avoir tuer quelqu’un… » Tu regardais ton amie, complètement sur le cul alors qu’elle te disait ça le plus naturellement du monde, comme si ce n’était pas grave du tout. Tu étais trop choqué pour l’interrompre cependant et tu n’eus pas le temps de faire de commentaire qu’elle était déjà passée à autre chose : « Un jeune avec qui je me suis pris la tête… plutôt, qui m’a agressé, c’était en septembre. On parlera de ça plus tard… Sinon, ma mère, je l’ai enfin revue. Compliqué, elle m’a l’air d’être assez particulière… enfin, tu la connais c’est Cailin Farrell, animatrice télé… ironie du sort, je n’ai jamais connu ma mère, mais ca fait des années que je la voyais à la télé… » Trop d’information … Beaucoup trop d’informations qui venaient d’arriver à tes oreilles, tu n’arrivais tout simplement pas à gérer le flux de ces dernières. Elle était sérieuse ? Vous alliez en reparler plus tard ? Une fois qu’elle eut finit de t’annoncer des nouvelles terrifiantes, tu avais étalé la crème sur le corps de ton fils qui trépignait d’impatience. « Je peux aller me baigner papa ? » Tu souris à ton fils avant de lui dire : « Oui, bien sûr, on arrive. » Tu le vis partir vers le bassin et tu fis signe à Noa de te suivre. Vous alliez discuter de ça au bord de la piscine où tu pourras surveiller Abel. « Comment tu peux m’annoncer un truc pareil aussi calmement ? Ca va pas ou quoi ? » Lui demandas-tu sans crier mais clairement pris au dépourvu. « T’as pris un avocat au moins ? » Tu étais prêt à mettre ta main au feu qu’elle ne l’avait pas fait. Peu importe qu’elle soit innocente, il lui fallait un avocat si elle était poursuive pour meurtre ! « Ta mère est présentatrice télé ? Je … Gosh Noa … » Dis-tu sans savoir trop quoi lui dire de plus. « Et moi qui pensais que devenir père c’était le truc le plus fou qui pouvait arriver … » Dis-tu en regardant Abel qui jouait dans l’eau.

Le bon vieux temps ouais, comme il dit. Le temps où adolescence rime avec présent et c’est tout. On se pose pas milles questions sur notre avenir, même sur demain. On se contente de prendre les choses comme elles viennent sans se retourner la tête, sans faire des plans sur la comète, sans devoir mettre en place toutes sortes de stratégies pour s’en sortir. Je crois que j’étais longtemps restée dans mon adolescence. A défaut d’avoir eut une réelle enfance, j’avais pleinement profité de cette instance de ma vie. Jusqu’à laissé trainer au delà de mes vingt ans même. J’avais parfois aussi le sentiment de revivre ces périodes de ma vie mais surtout pour la liberté que je peux encore avoir. Bien moins sur le côté insouciance. J’étais célibataire, sans enfant, vivant en colocation, tout ça à 34 ans. On me disait parfois qu’il était temps que je sois une vraie femme, que je devais rencontrer quelqu’un, faire ma vie a deux, avoir des mômes. Mais les mômes, sincèrement, je laissais ça pour mes amis. Jouer la tata à temps partielle, c’était très bien pour moi. J’étais loin de cette envie d’élever un enfant, j’aimais bien trop ma vie ainsi. Et puis, j’avais tout à fait la sensation d’être une femme à part entière. Simplement, je ne collais peut être pas à ce qu’on attendait de moi. Les Jacobs disaient parfois que c’était du gâchis. Ainsi soit-il.
Assis au bord de l’eau, Arthur recouvre son fils de crème solaire et le voir ainsi avec un enfant, son rôle de père devenait bien plus concret à mes yeux. Jusqu’à présent, j’avouais avoir du mal à l’imaginer dans cette position mais tout prenait son sens maintenant. Le moment était sans doute très mal venu pour la bombe que je venais de sortir d’ailleurs. Encore sous les yeux de son fils. J’aurai pu patienter un peu… Il s’est d’ailleurs montré assez impatient, demandant s’il pouvait enfin aller à l’eau. « Comment tu peux m’annoncer un truc pareil aussi calmement ? Ca va pas ou quoi ? » J’étais bien loin de réalisé l’ampleur de la situation, je crois bien… « T’as pris un avocat au moins ? » je secoue la tête de droite à gauche. « j’ai été convoquée une fois… je leur ai dis ce que j’avais à dire… ils ont absolument rien contre moi Arthur… non, je n’ai pas d’avocat et je crois que ça ne m’a pas traversé l’esprit. En plus, cet inspecteur, il me connait. On a déjà travaillé ensemble pour d’autres dossiers… il doit bien se douter que j’ai rien à voir avec tout ça… » enfin, j’imagine aussi qu’il en a vu d’autres dans sa carrière.
« Ta mère est présentatrice télé ? Je … Gosh Noa … Et moi qui pensais que devenir père c’était le truc le plus fou qui pouvait arriver … » c’était l’effet surprise ouais. « j’ai eu du mal à capter mais en vrai… j’en ai tellement rien à faire qu’elle soit présentatrice. J’ai l’impression qu’elle est aussi très portée sur sa personne… enfin, j’arrive pas à la capter. Elle a une fille que j’ai rencontré aussi… elle m’a touché même si, au début, j’ai carrément pensé que c’était qu’une connasse… »

Tu pensais que la journée allait être tranquille. Que Noa et toi alliez partager quelques souvenirs se déroulant dans ce parc, que vous alliez prendre des nouvelles l’un de l’autre tout en passant du temps avec Abel. Et finalement, c’était ce que vous faisiez. Mais tu ne t’attendais pas à ce que Noa t’annonce qu’elle était la suspecte principale dans une histoire de meurtre. Ton sang se glaça à cette annonce et tu lui jetais un regard noir car il avait fallu qu’elle te l’annonce alors que tu mettais de la crème à Abel et tu ne pouvais pas réagir comme tu le voulais. Gosh … Noa accusée de meurtre ? Mais comment est-ce qu’elle avait pu en arriver là ? Cette question tournait et retournait dans ton esprit sans que tu saches trop comment y répondre. Tu savais qu’il y avait des meurtres à Brisbane, tu te tenais informé mais tu n’avais jamais pensé être mêlé de près ou de loin à l’un d’eux. Bon, tu n’y étais pas vraiment mêlé mais de savoir que Noa était accusée d’un crime qu’elle n’avait pas commis faisait que tu te sentais tout de même légèrement concerné. Et puis le pire c’est qu’elle te l’avait annoncé comme si de rien n’était, comme si c’était une histoire qui était censée d’amuser. Tu ne pus t’empêcher de te demander si elle réalisait la gravité de la situation car elle te semblait surtout être dans le déni. Tu laissais Abel partir vers la pataugeoire et tu le suivais du regard avant d’aller te mettre sur le bord de la piscine pour le surveiller en compagnie de Noa. Vous n’alliez pas avoir beaucoup de temps pour en discuter, Abel se lassera vite de la pataugeoire et voudra que tu l’accompagnes dans le moyen bassin. « J’ai été convoquée une fois… je leur ai dis ce que j’avais à dire… ils ont absolument rien contre moi Arthur… non, je n’ai pas d’avocat et je crois que ça ne m’a pas traversé l’esprit. En plus, cet inspecteur, il me connait. On a déjà travaillé ensemble pour d’autres dossiers… il doit bien se douter que j’ai rien à voir avec tout ça… » Tu fronces les sourcils à sa réponse. C’est bien ce que tu penses, Noa n’a pas du tout conscience de ce qui est en train de se jouer. Peu importe que ce policier la connaisse ou pas, il va l’accuser comme les autres jusqu’à ce qu’ils puissent prouver qu’elle n’est pas coupable. Parce que même s’il pense qu’elle ne l’a pas fait, si tous les indices mènent à Noa, il n’aura pas le choix que d’enquêter sur elle. D’où la nécessité d’un avocat. « Tu ne peux pas savoir qu’ils n’ont rien contre toi Noa ! » Dis-tu exaspéré. « Il faut que tu prennes un avocat. Je sais que tu es innocente mais il faut que tu prennes un avocat. Si cette affaire s’envenime tu vas en avoir besoin. » Dis-tu parce que tu ne voulais pas que ton amie se retrouve dans une situation encore plus délicate simplement parce qu’elle a été têtue. « Ne prend pas cette histoire à la légère Noa, s’il te plaît. » Vous n’étiez pas dans une sitcom comique où à la fin tout le monde sait qu’on va bien rigoler. Vous ne saviez pas où cette histoire allait mener et mieux valait couvrir ses arrières. Prendre un avocat était un droit qu’avait Noa et cela pourrait éviter certains écueils très certainement. La jeune femme semblait ne pas vouloir s’attarder sur le sujet car elle te parla de sa mère biologique qu’elle avait revue. « J’ai eu du mal à capter mais en vrai… j’en ai tellement rien à faire qu’elle soit présentatrice. J’ai l’impression qu’elle est aussi très portée sur sa personne… enfin, j’arrive pas à la capter. Elle a une fille que j’ai rencontré aussi… elle m’a touché même si, au début, j’ai carrément pensé que c’était qu’une connasse… » Donc Noa avait une demi-sœur. C’était une information intéressante. Cela t’étonnait à moitié qu’il ait fallu un peu de temps pour que le courant passe mais c’était Noa après tout. « On ne peut pas toujours lire les gens comme des livres ouverts. Tu devras la voir plusieurs fois pour la comprendre certainement. Enfin, si tu veux la revoir. » Dis-tu car tu n’arrivais pas à savoir si c’était quelque chose que Noa désirait actuellement. La dernière fois oui mais cette fois c’était moins clair. « Tu as donc une demi-sœur ? Elle fait quoi ? » Demandas-tu curieux avant de faire un signe de la main à Abel qui montait sur un petit toboggan, signe que tu le regardais. Tu ne manquerais pas de le féliciter une fois qu’il l’aurait descendu.

 Bon oui clairement, le moment, l’endroit, la présence d’Abel, rien ne justifiait que je parle de tout ça à Arthur ici. Le lieu ne s’y prêtait absolument pas mais en réalité, je n’avais absolument pas réfléchi avant de balancer l’information. Je me demandais même comment je faisais pour pouvoir sortir normalement, prendre le temps d’aller dans un parc aquatique alors que j’avais sans doute bien plus important à faire. Mais comme quoi exactement ? je n’avais aucune preuve à cacher puisque je n’étais pas sur les lieux du crime ce jour-là, puisque je n’avais en ma possession aucune arme, aucun objet pouvant me mettre ne porte à faux. Ma seule défense était d’attendre que le temps passe et que l’on se rende compte une bonne fois pour toute qu’ils étaient sur la mauvaise piste. Le pire dans tout ça c’est que la nuit où tout ça s’était passé, j’étais chez moi et seule. Loan avait déserté, travaillant tard la nuit, elle était rentrée assez tard et bien sûre, elle n’a pas pour habitude de vérifier que je dors bien dans ma chambre. Mentir à ce sujet ? Ils finiront bien par s’en rendre compte de ça et là, ça ne ferait que m’enfoncer par contre. « Tu ne peux pas savoir qu’ils n’ont rien contre toi Noa ! » Je ne comprenais pas trop cette réponse. « Bah… » pour moi c’était logique. « j’suis innocente donc forcément, ils n’ont aucune preuve… » dis-je assez naïvement. J’avais l’habitude de côtoyer les forces de l’ordre et la justice assez régulièrement avec mon travail, je connaissais leur mode de fonctionnement et je savais que ce n’était pas infaillible, que parfois, les erreurs judiciaires étaient commises mais en ce qui me concerne, je faisais comme si c’était impossible. Surement pour ne pas me rendre compte de la gravité de la situation, pour me protéger. En autres mots, j’étais dans le déni total. « Il faut que tu prennes un avocat. Je sais que tu es innocente mais il faut que tu prennes un avocat. Si cette affaire s’envenime tu vas en avoir besoin. » Bon voilà qu’il commençait vraiment à me faire flipper, pourquoi voulait-il que ça s’envenime réellement ? « Ne prend pas cette histoire à la légère Noa, s’il te plaît. » je balançais mes pieds dans l’eau et regarda vers Abel qui semblait s’éclater. Je restais silencieuse quelques instant, le temps de remettre tout ça en ordre dans ma tête. De me rendre compte de ce qu’il s’agissait réellement, on parlait en effet de quelqu’un qui avait perdu la vie, d’un homicide, sans doute l’acte le plus criminel, dont la peine était la plus élevée et heureusement. Mais cette fois, il s’agissait de moi. Je passais mes mains devant mon visage. Je venais de prendre une douche froide. En quelques mot, Arthur avait réussi à me faire revenir à la réalité. J’en avais le sang glacé. « j’suis dans une belle merde… » et moi qui allait démissionner, j’avais déjà trouvé un nouveau travail où j’allais pouvoir tourner enfin la page. Je commençais mi-mars et personne ne pouvait savoir ce qu’il se passait, je n’avais pas envie d’être grillée pour une accusation sans fondement. « Bon… mettons ça de côté pour aujourd’hui. Et je te promets que je vais me prendre en main… » je n’avais pas envie de gâcher cette belle journée qui s’annonçait. Le mieux était de changer totalement de sujet. Et pourquoi pas se concentrer uniquement sur ma nouvelle mère tien. « On ne peut pas toujours lire les gens comme des livres ouverts. Tu devras la voir plusieurs fois pour la comprendre certainement. Enfin, si tu veux la revoir. » J’avais tellement imaginé les traits du visage de ma mère, me demandant si je tenais plus d’elle ou plus de mon père. Si j’avais ses aspirations, son caractère. Finalement, je tenais plus des Jacobs qu’autre chose. J’étais surtout à leur image, ils m’inspiraient tellement. Caitlin n’avait pas grand-chose en commun avec moi, en dehors de notre physique. Cette fois, je ne pouvais pas le nier, j’avais beaucoup de ma mère en ce qui concerne le capital génétique. Et Nina et moi nous ressemblions un peu également. « Je la reverrai sans doute mais en aucun cas ce sera pour jouer la fille parfaite. J’ai encore des questions à lui poser, notamment sur mon père. J’aimerai savoir si elle a encore des contacts avec lui. J’ai cru comprendre qu’il n’était pas le père de Nina, ma sœur du coup. Donc… » mes parents s’étaient connus bien trop tôt, voilà mon histoire. Née d’adolescents qui ne connaissaient rien à la vie et qui ont flippé en me voyant pousser mes premiers cris. « Tu as donc une demi-sœur ? Elle fait quoi ? » Elle fait quoi ? bonne question, en réalité. « fille à papa ? » j’ignorais encore tout d’elle et j’étais encore dans ce premier jugement que j’avais d’elle tout en sachant qu’elle n’avait finalement pas eu la vie facile. « elle m’a écrit il y a peu de temps. Je lui avais laissé mon numéro si elle voulait en savoir plus sur moi. Et elle a fini par me recontacter, c’est pareil, on doit se voir bientôt… on a rien défini pour le moment. Je sais juste que ma mère n’a pas été tendre avec elle. Lui faisant payer mon abandon… J’ai cru comprendre qu’elle n’avait jamais réussi à l’aimer comme une mère doit aimer sa fille car elle culpabilisait de m’avoir laissé à l’aide sociale…» en y pensant, c’était très difficile comme situation. J’avais eu de la peine pour Nina quand j’avais entendu ces paroles… « J’ai l’impression d’avoir foutu un gros bordel dans cette famille aussi. »

Les séries policières ne sont pas un contenu que tu as l’habitude de regarder. En général, il y a toujours un match de quelque chose à la télévision et tu préfères regarder du sport que de la fiction. Mais le peu que tu en as vu te fait penser que Noa est en train de prendre cette histoire bien trop à la légère. Tu ne t’es jamais plongé dans les statistiques mais il n’est pas rare qu’un innocent soit envoyé en prison jusqu’à ce que des années plus tard on se rende compte qu’il n’était pas le criminel. Tu ne voulais pas que cela arrive à Noa voilà pourquoi il était inconcevable pour toi qu’elle ne prenne pas un avocat. Si elle était déjà passé au commissariat et qu’elle avait répondu aux questions de policiers, elle devait se dépêcher de prendre un avocat car c’est leur métier d’arriver à te faire dire des fois ce qu’ils veulent entendre et pas toujours la vérité. Car il est plus facile de plier une enquête rapidement que de la laisser ouverte des mois et des mois pour qu’elle n’avance pas. Non, il fallait que Noa prenne cette histoire au sérieux. Tu ne quittais pas des yeux ton fils qui s’amusait dans la pataugeoire depuis plusieurs minutes. Il avait l’air tellement heureux que cela te fit sourire. Entre les histoires de Noa et celle de Loan, tu espérais ne jamais avoir de ton côté de problèmes avec la justice. « Bah… j’suis innocente donc forcément, ils n’ont aucune preuve… » Tu lèves un sourcil en regardant Noa dans les yeux. Elle n’est pas sérieuse n’est-ce pas ? Elle ne peut pas croire ce qu’elle est en train de te dire. Ce n’est pas parce qu’on est innocent que les preuves n’existent pas. Elles sont peut-être inexactes et mal interprétées et même si tu voulais avoir confiance dans la police, tout le monde savait qu’il fallait se méfier. « Tu as déjà regardé des séries télévisées Noa ? Il y a toujours des preuves, toujours. Et il y a aussi des statistiques sur le nombre de personnes innocentes envoyées en prison pour un crime qu’elles n’avaient pas commis et la police ne se réveille que des années plus tard. » Dis-tu dans l’espoir de faire comprendre à Noa que la situation était tout sauf anecdotique. Si elle s’était faite interrogée comme témoin pour un petit truc, tu en aurais ri avec elle mais là tu en étais bel et bien incapable car tu semblais être le seul à te rendre compte de la gravité de la situation. Malgré tout, tes paroles semblèrent percer la carapace de naïveté de Noa car elle finit par se passer la main sur le visage et à te dire : « j’suis dans une belle merde… Bon… mettons ça de côté pour aujourd’hui. Et je te promets que je vais me prendre en main… » » Tu comprends qu’elle n’a plus envie d’en parler aujourd’hui alors tu vas laisser tomber le sujet. De toute manière, ce n’est ni le moment, ni l’endroit et vous alliez avoir l’occasion d’en reparler car tu comptes bien vérifier qu’elle prendra bien un avocat dans les jours à venir. Il ne fallait pas traîner. « Tu as toujours eu le chic de te mettre dans des situations pas possibles mais là j’avoue, ça va un peu loin. » Lui dis-tu avec un petit sourire pour la taquiner. Tu aimerais dire que cela n’arrive qu’à Noa mais avec ce que Loan t’a raconté, tu te dis que finalement cela peut arriver à tout le monde. Tu espères juste que cela ne t’arrivera pas à toi. Noa te parla ensuite de sa mère qu’elle avait revue depuis la dernière fois que vous en aviez parlé et apparemment cette dernière était présentatrice télévisée et avait une nouvelle famille. « Je la reverrai sans doute mais en aucun cas ce sera pour jouer la fille parfaite. J’ai encore des questions à lui poser, notamment sur mon père. J’aimerai savoir si elle a encore des contacts avec lui. J’ai cru comprendre qu’il n’était pas le père de Nina, ma sœur du coup. Donc… » Tu hoches la tête. Il est normal que Noa se pose des questions et qu’elle ait besoin de les poser à sa mère. Tu comprends pourquoi elle la revoit, c’est normal. Par contre, tu te demandes pourquoi elle pense qu’elle a besoin de jouer à la fille parfaite. Il faut qu’elle se contente d’être elle-même, sa mère n’a pas à attendre quoi que ce soit d’elle en l’ayant abandonnée. « Je doute qu’elle s’attende à ce que tu joues la fille parfaite. Si elle n’arrive pas à t’accepter telle que tu es, c’est son problème. En tout cas, j’espère qu’elle pourra répondre à tes questions. » Lui dis-tu sincèrement car même si ton père était un connard que tu préférais oublier, ne pas savoir qui il était aurait sans doute était pire que de savoir et d’être déçu et en colère. Tu demandais ensuite à Noa si elle avait rencontré sa demi-sœur et comment elle était si c’était le cas. « fille à papa ? elle m’a écrit il y a peu de temps. Je lui avais laissé mon numéro si elle voulait en savoir plus sur moi. Et elle a fini par me recontacter, c’est pareil, on doit se voir bientôt… on a rien défini pour le moment. Je sais juste que ma mère n’a pas été tendre avec elle. Lui faisant payer mon abandon… J’ai cru comprendre qu’elle n’avait jamais réussi à l’aimer comme une mère doit aimer sa fille car elle culpabilisait de m’avoir laissé à l’aide sociale… J’ai l’impression d’avoir foutu un gros bordel dans cette famille aussi. » Décidément, la mère de Noa n’avait pas la fibre maternelle. Elle avait abandonné sa première fille pour faire payer son erreur à la deuxième. Quelle femme charmante … Mais Noa ne pouvait pas s’en vouloir d’avoir mis le bordel dans cette famille car elle n’avait aucune prise sur la culpabilité de sa mère. « Peut-être qu’elle a juste besoin de réponses comme toi et que finalement vous allez vous apporter quelque chose toutes les deux. Et ce n'est pas ta faute si ta mère est incapable d'aimer correctement ses enfants, tu n'y peux rien. » Dis-tu sincèrement car Nina semblait aussi perdue que Noa d’après ce que tu comprenais. Changeant complètement de sujet, tu dis à Noa : « Au fait, j’ai revu Lily dernièrement, pour la remercier de m’avoir laissé acheter le maison sans avoir à me ruiner en m’endettant jusqu’à la fin de mes jours. » Dis-tu à Noa.

« Tu as déjà regardé des séries télévisées Noa ? Il y a toujours des preuves, toujours. Et il y a aussi des statistiques sur le nombre de personnes innocentes envoyées en prison pour un crime qu’elles n’avaient pas commis et la police ne se réveille que des années plus tard. » Arthur venait de me mettre une grosse claque pour me sortir de ce rêve dans lequel je me trouvais. Cette naïveté, comme si je regardais un Disney avec un regard d’enfant alors qu’une toute autre morale se dessine lorsqu’on est adulte. Arthur était comme ce bon vieux Jiminy Cricket et moi Peter pan, perdu dans mon pays imaginaire, la conscience et le gamin qui reste dans son monde. Je me demandais comment j’avais pu rester si incrédule d’ailleurs. Ce n’était pas faute d’être dans une réalité assez difficile chaque jour au travail. Je côtoyais la misère et la délinquance au quotidien, accompagnant tous ces Oliver Twist, orphelins ou presque, laissés à l’abandon dans la rue, loin d’être dans un conte de fée, au pays des merveilles. Je faisais, plus que n’importe qui face à la triste réalité de cette vie et pourtant, dès qu’il s’agissait de moi, j’étais aussi aveugle que Shang dans Mulan.  Si seulement le mauvais sort pouvait s’arrêter de s’abattre sur moi. Où était la méchante sorcière qui contrôlait ainsi ma vie ? Victime d’une poupée vaudou, comme si je n’avais pas suffisamment de problèmes personnels à régler, il fallait qu’en plus, la police et la justice me tombent dessus alors que j’étais aussi innocente que Blanche Neige dans cette histoire. J’espérais qu’un prince débarque pour me réveiller et me sortir de là comme ça avait été le cas pour Aurore. « Tu as toujours eu le chic de te mettre dans des situations pas possibles mais là j’avoue, ça va un peu loin. » Je le regarde avec un air tellement dépité, même le capitaine crochet pourrait avoir pitié de moi. « tu m’apporteras des oranges en prison alors ? » Lui et tous les autres, si je devais finir en prison, j’espère qu’ils viendront me voir : Isaac, Nicolas, Loan. Puis, ma famille : Kane, Ambroise, Sybille,  Austin, ma sœur, surtout ma sœur !  Je me demande si même Carlisle ou Andy prendraient de mes nouvelles… je tentais le coup de l’humour mais j’étais loin de trouver ça drôle en réalité. Mais bon, il ne fallait pas non plus passer du côté tout beau tout rose au côté obscur de la force. Surtout que j’étais là pour une chose avant tout : rencontrer Abel qui se sentait dans l’eau comme si c’était son élément, petit Némo était mignon à regarder.
Le sujet Noa derrière les barreaux était clos à présent. Je préférais me concentrer sur des sujets un peu plus léger, bien que ma rencontre avec ma nouvelle famille n’était pas forcément le sujet le plus appréciable qu’il soit, c’était toujours plus soft et plus joyeux. « Je doute qu’elle s’attende à ce que tu joues la fille parfaite. Si elle n’arrive pas à t’accepter telle que tu es, c’est son problème. En tout cas, j’espère qu’elle pourra répondre à tes questions. » j’haussais les épaules, les yeux toujours rivés sur le petit poisson qui jouait dans l’eau. « Je pense pas qu’elle attende de moi que je sois parfaite non plus. Je sais pas réellement ce qu’elle attend de tout ça en fait. Peut être simplement renouer des liens. Peut être qu’elle veut se racheter aussi… » une sorte de culpabilité qui l’avait envahie pendant tout ce temps et elle avait trouvé la force pour venir vers moi. J’ignore comment elle avait pu avoir mon numéro d’ailleurs. Peut être qu’en ayant de forte influence, on peut tout avoir assez facilement. Quant à Nina, ma demi-sœur… j’avais l’impression qu’elle était une des deux sœurs de Cendrillon, petite fille gâtée mais sans pour autant avoir l’amour de sa mère. Ma mère qui avait donc le rôle de la marâtre. « Peut-être qu’elle a juste besoin de réponses comme toi et que finalement vous allez vous apporter quelque chose toutes les deux. Et ce n'est pas ta faute si ta mère est incapable d'aimer correctement ses enfants, tu n'y peux rien. » Arthur avait des mots difficiles mais qui étaient tout à fait juste. Incapable d’aimer correctement ses enfants… fallait-il alors donner la vie dans ces cas-là ? « Au fait, j’ai revu Lily dernièrement, pour la remercier de m’avoir laissé acheter la maison sans avoir à me ruiner en m’endettant jusqu’à la fin de mes jours. » tiens, Lily, celle qui avait disparu sans laisser de trace, j’espère qu’elle ne sortirait pas l’excuse d’avoir été enlevée par la Bête, telle Belle. « Ah ! Et du coup ? Vous avez pu vous expliquer aussi ? » parce que c’était sans doute ça le plus important. Je crois qu’Arthur méritait amplement de connaitre les raisons de sa fuite.

Avec ce que Noa venait de te raconter, tu ne pouvais qu’être inquiet pour ton amie. La dernière fois que tu avais eu affaire à la police, c’était quand ton beau-père s’était fait arrêté il y a un peu moins de quinze ans quand il avait été avéré qu’il n’avait pas violé seulement Amelia mais d’autres jeunes femmes sans défense. La police t’avait interrogé, toi et ta mère et tu t’étais senti comme un idiot de n’avoir pas cru ta sœur. Bien entendu, ne vivant plus à la maison familiale à cette époque, tu n’avais pas grand chose à confier aux policiers. Et puis tu en voyais de temps en temps au lycée pour une chose ou une autre mais tu essayais de les éviter au maximum. Tu ne doutais pas une seule seconde que la police était là pour vous protéger mais comme partout dans la vie, comme tout être humain elle faisait des erreurs et cette erreur était en train de s’abattre sur Noa. Tu ne comprenais pas pourquoi elle prenait cette affaire avec une telle nonchalance car même s’il était évident pour toi qu’elle était innocente, ce n’était pas aussi clair pour la police de Brisbane. Au fur et à mesure des remarques que tu faisais à Noa, tu te rendis compte qu’enfin, elle semblait consciente de la gravité de la situation. Cela te rassura mais en même temps tu ne manquais pas de remarquer l’inquiétude qui s’installait sur le visage de ton amie. Tu ne voulais pas lui faire peur, tu voulais juste qu’elle se rende compte que c’était sérieux, que ce n’était pas un jeu. « tu m’apporteras des oranges en prison alors ? » Tu ne pus t’empêcher de lever les yeux au ciel aux paroles de ton amie mais un sourire s’installa sur ton visage. C’était pour Noa une manière de ne pas rendre la situation plus grave qu’elle n’était. Il était temps de clôturer ce sujet de toute manière car vous n’étiez pas dans le meilleur des lieux pour en parler. « Tu ne vas pas finir en prison ! Ca va finir par s’arranger. » Lui dis-tu en essayant d’être rassurant. Si elle prenait un bon avocat et qu’elle arrivait à prouver son innocence, vous en rigoleriez certainement dans plusieurs années. Pour l’instant cependant, vous n’en étiez pas encore là.

Noa te parla ensuite de sa mère et de leur deuxième rencontre. Tu avais du mal à te mettre à sa place car tu avais toujours connu ta mère et ton père malgré le fait que ce dernier soit un connard fini. Tu avais longtemps pensé qu’il avait refait sa vie à l’autre bout du monde mais il s’était contenté de refaire sa vie de l’autre côté de Brisbane où il vivait le rêve américain dans une famille qu’il n’avait pas abandonnée. Charmant … « Je pense pas qu’elle attende de moi que je sois parfaite non plus. Je sais pas réellement ce qu’elle attend de tout ça en fait. Peut être simplement renouer des liens. Peut être qu’elle veut se racheter aussi… » Malheureusement, c’est en la rencontrant encore et encore que ce qu’elle cherche va s’éclaircir. Tu ne peux pas croire qu’elle ait repris contact avec Noa par bonté de cœur toutes ces années après juste comme ça. Non, elle devait vouloir quelque chose, pas spécialement quelque chose de mauvais mais elle voulait quelque chose, il fallait cependant être patient pour savoir quoi. « Tu ne le sauras qu’au fil des rencontres. Mais tu ne lui dois rien alors fait comme tu le sens. » Dis-tu à la jeune femme. Sa mère l’avait abandonnée, elle ne lui devait strictement rien aujourd’hui. Tu faisais parti des gens qui pensaient que partager le même sang ne voulait pas dire que cela vous endettait auprès d’une personne à vie. Et apparemment, sa mère avait eu une autre fille dont elle s’était aussi bien occupée que Noa. Tu ne pus t’empêcher de faire remarquer à ton amie que peut-être qu’elle pourrait apporter à la jeune femme quelque chose qu’elle-même cherchait. Tu ne savais pas très bien mais là aussi, il faudra qu’elle voit avec la demoiselle en question. Tu décidais de parler à Noa de ta rencontre avec Lily au sujet de la maison que tu avais achetée. « Ah ! Et du coup ? Vous avez pu vous expliquer aussi ? » Tu hoches la tête dans un premier temps. Plus d’un an après le retour de Lily à Brisbane, il était temps que vous vous expliquiez. L’année qui venait de s’écouler avait été compliquée pour toi avec l’entrée d’Abel dans ta vie mais tu avais désormais été prêt à entendre ce que Lily avait eu à te dire. « Oui, on s’est expliqué. C’était inévitable je pense. Au fond, je connaissais ses raisons mais j’étais incapable de les accepter. J’ai encore du mal à les accepter mais il est temps de tourner la page. Nous allons régulièrement nous croiser très certainement alors c’est mieux comme ça. » Tu ne savais pas vraiment ce qui vous attendait avec Lily mais désormais, tu n’éprouvais pas de la colère à chaque fois que tu la voyais et c’était une amélioration notable.

« Tu ne vas pas finir en prison ! Ca va finir par s’arranger. » et voilà la sujet clos. Inutile d’ajouter quoi que ce soit, Arthur avait raison, je ne finirai pas en prison, j’allais me sortir de tout ça. J’allais pouvoir profiter pleinement de mon futur nouveau travail et j’allais surement me mettre à faire du Taekwondo au cas où un autre jeune se décide à me chercher des ennuis et cette fois, j’aurai vraiment une bonne excuse pour lui mettre la raclée sans être accusée de meurtre ensuite.  Enfin bref, rien ne sert de faire des plans sur la comète, seul l’avenir nous dira ce qu’il se passera.
La discussion glisse sur le sujet de ma mère et de nos retrouvailles récentes. J’avais beaucoup à dire ces derniers temps. A croire que je ne pouvais pas avoir une vie tranquille, il fallait toujours un petit rebondissement, un imprévu, un peu de drama par ci par là de temps en temps. Je me demandais ce que j’avais bien pu faire au seigneur pour qu’il s’en prenne à moi de la sorte. Non je n’étais sans doute pas la plus à plaindre mais quand même, j’avais mon lot de surprise dont je me passerai bien. Et quant à ma mère… si je m’en serai bien passé ? Bonne question. Tant de fois j’avais cette envie de la connaitre et en même temps, jamais je n’avais fais aucune démarche. A dix ans j’avais changé de prénom au moment de me faire adopter par les Jacobs, pensant tracer un trait sur cette ancienne vie mais finalement, il ne s’agissait pas d’une ancienne vie, c’était juste ma vie. Le début de ma vie ce qui faisait qui j’étais aujourd’hui. Une femme forte et accomplie mais à qui il manque quelques morceau du puzzle pour être savoir entièrement qui elle est. Je fais bonne figure, je me montre optimiste, je me montre joyeuse, toujours souriante, intouchable. Et pourtant. C’était bien loin d’être le cas. Mais c’était bien plus facile ainsi. Pas besoin de se justifier, de rendre des comptes. Noa va bien, c’est le principal, pas la peine de gratter plus loin. Tant mieux pour moi. Je ne demandais rien de plus. « Tu ne le sauras qu’au fil des rencontres. Mais tu ne lui dois rien alors fait comme tu le sens. » j’hochais la tête quand Abel revint vers nous pour un cours instant. Il nous arrose et nous invite à le rejoindre. « on arrive bientôt bonhomme ! » il ne fallait pas qu’on traine trop, j’imagine qu’on ne fait pas attendre le fils d’Arthur. Il retourne dans l’eau aussi rapidement qu’il n’était apparue vers nous. Le toboggan derrière me faisait de l’œil et je crois bien qu’à lui aussi. Puis, je reprends pour répondre enfin à Arthur. « Non, t’as raison, je lui dois rien ! » après tout, mon abandon était un choix délibéré alors je n’avais pas forcément d’efforts à faire pour aller vers elle et jouer à la fille modèle. Puis, ce n’était pas moi, de toute façon. Enfin, fini de parler de moi, j’accaparait la conversation depuis le début. D’abord avec ma bombe et ensuite avec ma mère. Place à Arthur à présent. Ses retrouvailles avec Lily m’intriguaient.  « Oui, on s’est expliqué. C’était inévitable je pense. Au fond, je connaissais ses raisons mais j’étais incapable de les accepter. J’ai encore du mal à les accepter mais il est temps de tourner la page. Nous allons régulièrement nous croiser très certainement alors c’est mieux comme ça. » je hochais la tête. « et les raisons ? » demandais-je curieuse. « j’suis contente que la revoir a au moins pu t’aider à tirer un trait sur cette histoire ! Il était temps ! tu vas pouvoir te concentrer sur de nouvelles jolies nanas ! » dis-je tout à fait innocemment. « tout n’est pas perdu ! »

Imaginer Noa en prison n’était pas quelque chose que tu pouvais faire. Tu n’y arrivais tout simplement pas et tu n’allais pas avoir à y penser car elle n’allait pas finir en prison. Cela arrive que des gens partent en prison pour un crime qu’ils n’ont pas commis mais tu avais confiance dans la police de Brisbane pour qu’ils fassent bien leur travail et que ton amie soit disculpée sans qu’il y ait besoin de plus d’explications. Ce n’était pas l’endroit pour en discuter plus longtemps et puis seul l’avenir vous dira ce qui se passera ensuite mais à tes yeux, Noa ne pouvait pas se passer d’un avocat. Elle te parla ensuite de sa mère qu’elle avait revue depuis la dernière fois qu’elle t’en avait parlé. Elle avait apparemment une demi-sœur, nouvelle qui semblait la chambouler un peu mais Noa avait la capacité de faire comme si tout allait bien même quand ce n’était pas le cas. Du coup, tu avais un peu de mal à bien cerner ce qu’elle pensait de cette seconde rencontre avec sa mère et ce qu’elle attendait de cette relation. Car si elle continuait à la voir, c’était qu’elle attendait quelque chose même si elle non plus ne savait pas trop quoi. Des réponses, ça très certainement mais peut-être autre chose ? Tu avais essayé de te mettre à sa place quand vous étiez adolescents, de savoir que tes parents biologiques étaient quelque part et que tu étais élevé par d’autres mais tu n’avais pas été capable de le faire. En tout cas, tu insistais auprès de ton amie en lui disant que même si elle partageait le patrimoine génétique de cette femme, elle ne lui devait rien donc jouer à la fille parfaite n’était pas une option. Abel ne tarda pas à venir vers vous pour vous tirer dans l’eau et Noa lui dit : « on arrive bientôt bonhomme ! » Puis se tournant vers toi, elle enchaîna : « Non, t’as raison, je lui dois rien ! » Tu regardais ton fils déjà retourné à l’eau et qui vous faisait de grands signes. Il était temps de se jeter à l’eau pour aller le rejoindre. « On ne va pas pouvoir échapper plus longtemps à la baignade. » Dis-tu à ton amie d’un air taquin avant de commencer à avancer vers le bassin. Sur le chemin, tu parlais à Noa de ta rencontre avec Lily. C’était un sujet compliqué pour toi depuis l’année dernière, depuis le retour de la belle blonde en ville mais votre relation évoluait dans une nouvelle direction et tu espérais que ce serait positif maintenant que vous vous étiez expliqués. « et les raisons ? » Tu mets un pied dans l’eau avant de répondre à Noa : « Elle n’était pas prête à s’engager, elle n’était pas prête à faire de concessions par rapport à son rêve. Lily a toujours eu besoin de quitter Brisbane ce qui n’a jamais été mon cas. Elle a choisi son rêve plutôt que notre relation et même si ça fait mal, je me console en me disant qu’elle ne l’a pas fait pour rien, elle a réussi. » Dis-tu avec un sourire. Malgré tout, tu étais fier de la jeune femme parce qu’elle avait réussi à arriver là où elle le désirait depuis le début ce qui n’était pas donné à tout le monde. « j’suis contente que la revoir a au moins pu t’aider à tirer un trait sur cette histoire ! Il était temps ! tu vas pouvoir te concentrer sur de nouvelles jolies nanas ! tout n’est pas perdu ! » Tu ne pus t’empêcher d’éclater de rire à cette remarque. Tu n’avais pas attendu cette explication avec Lily pour t’intéresser à de jolies jeunes femmes mais tu voyais où Noa voulait en venir. Peut-être que cette conversation avait été nécessaire pour que tu te lances dans une nouvelle relation le cœur léger. « Je n’ai pas été un moine depuis son départ. » Dis-tu à ton amie avant d’avancer encore un peu plus dans l’eau. « On verra bien ce que l’avenir me réserve. » Dis-tu en haussant les épaules avant d’aller rejoindre Abel qui s’amusait dans l’eau et qui fut ravi de trouver deux partenaires de jeu pour les heures à venir …