Ca ne faisait une bonne journée et demie que j'étais de retour. Mina était venue me chercher à l'aéroport et malgré les retrouvailles joyeuses j'en avais pris plein la gueule. Normal, je lui avais caché l’existence de ma fille pendant un an. Il y a de quoi être en colère, je ne peux que le comprendre. Mais je n'avais pas fini de m'en prendre plein la gueule, fallait que je passe chez mon ex aussi. C'est moi qui avait coupé toute relation avec elle. Je lui avais dis que ce n'était pas de sa faute, que je devais partir sans pour autant lui expliquer la vraie raison. Ou plutôt les raisons. Je ne savais pas encore si je devais les lui révéler, si elle les encaisserait, elle a déjà perdu la vue, je ne voulais pas non plus en rajouter à l'époque, alors aujourd'hui c'était la même chose. Je voulais simplement être vraiment là pour elle et pour notre fille. Je ne sais pas encore si je suis encore amoureux d'elle ou si je veux continuer ma vie avec elle. Une partie est pour et l'autre bien trop réticente. Pour l'heure, pas besoin de casser la tête, il fallait juste que je la prévienne de mon retour et du fait que j'assumais enfin notre fille et que j'allais pouvoir m'en occuper. Après tout je lui avais donné mon nom, même si je l'avais voulu je n'aurais pas pu me défiler bien longtemps. J'avais juste besoin d'air pour réfléchir et me retrouver. Je m'étais donc rendu chez mon ex, un peu la boule au ventre, je dois bien l'avouer et patienter sagement devant sa porte, qui à l'époque était la mienne aussi, jusqu'à ce qu'elle vienne m'ouvrir.
Je cours dans toute la maison pieds nus, à la recherche de mon t-shirt fétiche pour aller bosser, celui-là même que m’a offert Parker et qui la met dans tous ses états. « Nana ! Tu n’as pas vu mon t-shirt blanc avec la dentelle dans le dos ? » Marina est la nounou de Zoey, c’est une femme d’une cinquantaine d’années que nous avions engagée Enzo et moi à la naissance de notre fille parce que je n’arrivais pas à m’en occuper. Elle est toujours là, même si mon lien avec Zoey a beaucoup évolué, elle m’aide beaucoup et c’est toujours autant un bonheur de l’avoir avec moi. « Regardez dans l’entrée il me semble l’avoir vu. » Je lève les yeux au ciel, exaspérée de ma propre personne. Je suis déjà passée une bonne dizaine de fois dans le salon pour chercher ce foutu t-shirt. Je suis déjà à la bourre pour me rendre au boulot, Parker risque bien de me faire une scène. Je lui ferai les yeux doux et elle ne pourra que sourire. Je finis par trouver mon t-shirt et l’enfile au moment où quelqu’un sonne à la porte. Je m’arrête net. Il est quasiment 21h, je ne pense pas que Nana ait invité quelqu’un, et je ne vois pas qui pourrait me rendre visite à une heure pareille. Je ne suis qu’à deux pas de la porte, alors je n’attends pas plus longtemps avant d’ouvrir. Mais à cet instant, je le regrette immédiatement. Mon regard se pose sur cet homme qui se tient devant moi. Mon esprit a du mal à faire la part des choses. Enzo. Il est parti il y a cinq mois, mais ce n’est pas ça le pire. C’est surtout que je ne l’ai pas vu de mes propres yeux depuis plus de quatre ans. Mon coeur s’emballe dans ma poitrine, mon souffle s’accélère, je n’arrive pas à détacher mon regard de lui. Je déglutis mais n’arrive pas à prononcer quoi que ce soit. Je commençais tout juste à faire mon deuil et le voilà qui revient. « Qu…qu’est-ce que tu fais là ? ». Je n’ai rien trouvé de mieux. Cela dit, ça aurait pu être pire. Mes jambes deviennent du coton, je suis prête à m’effondrer d’un instant à l’autre.
Le stress montait un peu trop et je sentais mes mains devenir de plus en plus moites. Tellement que je regrettais déjà d'être venu la voir. Non je ne suis pas prêt, pas prêt du tout à l'affronter, même si j'aurais déjà moins son regard réprobateur à subir. Mais la voir ainsi m'a toujours brisé le cœur et c'est peut-être aussi ce qui m'a aidé à l'aimer encore plus, j'en sais trop rien, parce que au final c'est ce qui a un peu brisé notre couple. Mais j'ai aussi cette peur que je sois parti alors que elle, elle m'aimait toujours comme au premier jour. J'ai toujours tout fait pour elle, même quand on a eu Zoey. Seulement ça a été la goutte qui a fait déborder le vase pour moi, et ça, pas sûr qu'elle le comprenne. La porte finit par s'ouvrir et comme à chaque descente pour choper ces sales voyons, ma respiration s'arrêta. Non pas cette fois-ci pour parfaitement bien tirer si on m'attaque, mais parce que j'ai bel et bien l'impression que je vais pas pouvoir m'en sortir cette fois-ci. Je préférerais largement repartir au boulot, là maintenant tout de suite plutôt que de l'affronter … Que d'affronter celle qui a été l'amour de ma vie, celle qui a perdu la vue … mais qui me reconnaît ? Je fronçais direct les sourcils, oubliant mon stress et mon malaise pour laisser place à une totale incompréhension. Elle me voit ? Elle y voit de nouveau ? C'est quoi ce délire ? Je ne disais toujours rien, stupéfait, pour finalement voir qu'elle me regardait bel et bien Maxyn ? Tu peux me voir ? J'étais tellement sous le choc que j'étais incapable de répondre à sa question, de dire autre chose, de parler de mon absence, de m'excuser, ou de lui dire mes nouvelles intentions tellement j'étais agréablement surpris de cette nouvelle-là.
Je ne peux pas détacher mon regard de lui. Quatre ans. Quatre longues années que je n’ai pas posé mes yeux sur lui, détaillé les traits de son visage. Il a changé, mais il reste toujours aussi beau. J’ai l’impression de retrouver l’homme que j’ai perdu, l’homme que j’avais aimé, avant mon accident. Tous ces sentiments à l’intérieur de moi me brûlent de l’intérieur, je n’arrive plus à respirer. Et puis je repense à ce message laissé sur notre répondeur, celui qui disait qu’il partait, sans donner aucune autre raison valable. Je m’appuie contre la porte pour ne pas flancher, ce n’est pas le moment. Ma vie commençait à reprendre une tournure à peu près agréable, et le voilà de retour alors que j’avais fini par ne plus espérer le revoir ici. « Maxyn ? Tu peux me voir ? » Je cligne des yeux, une fois puis deux. Je prends une inspiration pour lui répondre, mais je me ravise rapidement, sentant que la boule dans ma gorge m’empêche de sortir le moindre son. Je me racle la gorge légèrement et me contente de hocher la tête, sans pour autant lâcher son regard. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire. Tout se mélange dans ma tête, et ne parlons même pas de mon coeur. « Je… je sais pas ce que tu fais là mais si c’est pour repartir, comme la dernière fois. Ne te donne pas la peine d’entrer. » Je suis amère, et je pense que ça se comprend. Il m’a fait beaucoup de mal. Je sais que je n’ai pas été la meilleure petit amie qui soit pendant ces quatre dernières années, je sais que j’aurai pu faire des efforts, me rendre compte que j’avais la chance d’avoir un homme merveilleux à mes côtés. Mais au lieu de ça j’ai laissé mon handicap prendre le dessus, pourrir ma vie. Et tout s’est enchaîné. Mais je lui en veux d’être parti sans aucune explication. Je lui en veux terriblement.
Dernière édition par Maxyn Hollister le Mar 7 Avr 2015 - 19:50, édité 1 fois
C'était comme si tout s'écroulait de nouveau. Mais pour laisser un bel espoir et une bonne nouvelle. Une bouffée d'air frais s'était emparé de mon cœur quand elle hôcha la tête pour me répondre. Elle pouvait à nouveau y voir, à nouveau poser son beau regard bleuté dans les mien et me voir. Ca me faisait une sensation étrange mais tellement agréable et bénéfique. Seulement je retombais bien vite de mon petit nuage quand elle me rappela ce qui était vraiment en question aujourd'hui. Je laissais donc de côté l'explication de sa nouvelle vision pour essayer de lui expliquer ce qu'il s'était passé. Je lui devais bien ça, surtout maintenant que je suis sûr de moi et de ce que je veux faire de ma vie. Non. Je veux entrer Maxyn, et ne plus repartir. Pour notre fille. Je ne peux pas l'abandonner comme mes parents l'ont fait. Tout s'expliquait si bien à présent dans ma tête, j'étais prêt à être père, à avoir des enfants, enfin peut-être pas tout de suite pour le deuxième, c'est déjà assez nouveau pour moi, j'allais devoir reprendre tout à zéro et me renseigner un max pour bien s'occuper d'un enfant et parfaitement bien l'élever dans la joie et la bonne humeur, malgré les petits problèmes des parents. Je ne voulais pas qu'elle grandisse avec des parents éloignés, mais est-ce qu'on était prêt à se remettre ensemble ? J'en doute. Je suis heureux de la voir, qu'elle me voit encore plus, surtout de cette façon avec cette belle lueur dans les yeux, mais était-ce réellement suffisant pour se laisser aller de nouveau à nos sentiments ?! Je finissais donc par passer devant elle, rentrant chez elle, qui il y a 5 mois était chez moi, pour bien lui montrer que je suis sincère et que je suis prêt à être présent aujourd'hui.
Je ne peux pas m’empêcher, c’est plus fort que moi, il faut que je sois froide et désagréable. D’un côté, j’ai envie de lui sauter dans les bras, lui raconter tout ce qui s’est passé en son absence, comme si celle-ci avait été mûrement réfléchie, anticipée, et annoncée. Mais ce n’est pas le cas. Enzo est parti sans rien dire, seulement ce foutu message dur notre répondeur, message que j’ai écouté un million de fois avant que Jordan finisse par le supprimer parce que je me faisais plus de mal qu’autre chose. Je me suis sentie tellement seule quand il est parti, je crois que je ne lui pardonnerai jamais. Je ne sais même pas pourquoi il est là. Si c’est pour me faire souffrir un peu plus, qu’il s’en aille, j’ai d’autres chats à fouetter. Mais au lieu de ça, sa réponse est sans appel. « Non. Je veux entrer Maxyn, et ne plus repartir. Pour notre fille. Je ne peux pas l'abandonner comme mes parents l'ont fait. » C’est mon corps tout entier qui ce tend en cet instant. Enzo passe près de moi, je sens son parfum, l’odeur de sa peau. Je ferme les yeux et serre les mâchoires, parce que ces sentiments me brûlent déjà de l’intérieur. Ma main se referme sur la poignée, j’essaie de faire bonne figure, mais à l’intérieur de moi, c’est le branle-bas de combat. Je finis par fermer la porte, quelques secondes après l’entrée de mon ex-fiancé. Je ne sais pas exactement quoi faire, quoi dire. J’ai envie de lui envoyer à la gueule toute cette rage que je ressens pour lui, tout ce que j’ai dû retenir pendant ces cinq putain de mois atroces. Un brut sou me fait me retourner. Nana est en bas des escaliers, Zoey dans ses bras, elle vient de lâcher le biberon de ma fille, sûrement sous la surprise de voir Enzo ici. « Merde ». Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux. Il n’est pas question qu’il s’approche de Zoey, pas pour le moment, il me doit d’abord des explications. Je m’avance vers la nounou et bloqua ainsi le passage entre le regard d’Enzo et sa fille. Tout bas, je demande à Nana « Remonte à l’étage avec Zoey. J’ai besoin de parler avec lui. » Elle hoche la tête, elle semble presque plus choquée que moi. Je la regarde monter et fais vole-face pour me retrouver face à Enzo. « Je crois que tu as des choses à me dire. » Je n’ai pas l’habitude de passer par quatre chemins.
Je ne comptais pas me dégonfler, surtout qu'elle ne me foutait pas à la porte. Elle était sûrement bien trop choquée de me voir pour ça aussi. Mais j'en profitais pour rentrer, bien déterminé à faire des explications, des explications que j'aurais du faire il y a quelques mois avant de partir. Mais je n'aurais pas réussi à le faire si j'avais fait ça. Je n'aurais pas pu partir. Rien que de voir son doux visage me confirmait bien que j'en aurais été incapable. Mais ça aurait été sûrement le meilleure solution. La communication est la base, je le sais, mais avec Maxyn ça n'avait jamais été ça, surtout quand elle a perdu la vue. Pour cause, je n'ai trouvé que la fuite. Shame on me. Je sais. Mais je compte bien essayer de me faire pardonner. Au moins en étant là pour ma fille. Ma fille qui a vraiment grandi, tellement que je ne la reconnais presque pas. Oui parce que Nana était là, dans la même pièce et me dévisageait alors que le biberon était tombé par terre. Maxyn se rua sur elle pendant que je me penchais un peu pour observer ma fille qui ne semblait pas me voir, mais qu'importe. Ca me faisait bizarre, et j'espérais que j'avais à l'aimer un jour comme on se doit d'aimer sa fille. J'ai surtout peur là aujourd'hui. Une appréhension énorme. Finalement Zoey disparut de mon champs de vision et ce n'est que mon ex qui me fait de nouveau face pour me dire que je devais m'expliquer. Je pris alors une grande respiration, ne sachant pas trop par où commencer Oui, je crois aussi. En tout cas, même si ça ne risque pas de valoir grand chose, j'ai quand même besoin de m'excuser Maxyn. Ce que j'ai fait, je sais que je n'aurais pas du. J'aurais du t'en parler avant de … avant de fuir. J'ai été con et je le regrette aujourd'hui. Je ne savais plus trop où j'en étais. Je ne sais même pas comment elle va prendre tout cela. S'il faut, quand j'aurais fini mes explications, elle ne sera pas satisfaite et elle voudra que je sois rayé de sa vie et de celle de notre fille à tout jamais. J'avais le cœur qui battait la chamade, parce que non, je ne voulais pas ça, vraiment pas.
Mon regard est planté dans le sien, cinq longues années que je n’ai pas vu son regard, ni même la couleur de ses yeux. Ce n’est pas facile, je suis tiraillée par tous ces sentiments qui se bousculent en moi. Une boule dans la gorge, l’estomac noué, je me fais violence pour garder mon calme et je lui demande finalement des explications. Il ne tarde pas, il a l’air d’avoir préparé son discours. « Oui, je crois aussi. En tout cas, même si ça ne risque pas de valoir grand chose, j'ai quand même besoin de m'excuser Maxyn. » Oui, c’est quand même la moindre des choses. Alors je reste là face à lui, les mains sur les hanches, les sourcils froncés. Je le laisse poursuivre. « Ce que j'ai fait, je sais que je n'aurais pas du. J'aurais du t'en parler avant de … avant de fuir. J'ai été con et je le regrette aujourd’hui. » Je ne sais pas quoi dire. Tout ça semble si inattendu, si difficile à encaisser. J’ai rêvé de ce moment pendant cinq mois sans aucune interruption, et aujourd’hui, il est là, devant moi, à s’excuser. J’ai l’impression de rêver. Je suis sur une autre planète, c’est pas possible autrement. Je passe mes mains dans mes cheveux, nerveusement. Je crois même que je tremble. J’ai du mal à respirer. « Mais tu… » Je lève les yeux au ciel pour essayer de ravaler mes larmes. Mes jambes ont de plus en plus de mal à me tenir, et je dois même m’asseoir sur l’accoudoir du canapé. Mon souffle est court, j’essaie de me calmer mais en vain. « Pourquoi ? » Je redresse finalement mon regard que j’avais fui depuis quelques secondes. « Pourquoi t’es parti sans rien dire ? J’espère que t’as une putain de bonne raison ! » Je ne l’empêcherai jamais de voir notre fille, parce qu’elle aura besoin de son père en grandissant. Il le sait aussi bien que moi. Si je décide de l’évincer définitivement de ma vie sentimentale, je sais qu’il en sera autrement pour la vie de Zoey. Je serai bien trop égoïste de priver ma fille de sa figure paternelle.
Je ne me sentais clairement pas à l'aise, mais je devais absolument avoir cette conversation avec mon ex, je le lui devais et je subirais toutes les questions qu'elle voudra, elle pourrait même me gifler que je la laisserais faire. Après tout est-ce que je mérite mieux ? Je ne mérite même pas son pardon, et ce n'est même pas ce que je suis venu chercher, je voulais qu'elle sache que j'étais vraiment désolé pour ce que je lui avais fait subir, et que je me rendais compte que j'avais fait que des erreurs. Je voulais aussi avoir la chance d'éduquer notre fille mais au fond, je sais que je ne le mérite pas, c'est elle qui mérite d'avoir un père. Et j'ai vraiment envie d'être à la hauteur. Mais seulement si sa mère le veut bien. Elle ne se sent pas bien et j'aurais du m'en douter, ce genre d'aventure est toujours dur à vivre et je me sentais mal de la lui avoir fait vivre. Elle s'était installé sur l'accoudoir alors que moi je n'osais pas bouger d'un poil, toujours les mains dans mes poches qui étaient horriblement moites. Elle me demandais une bonne raison. Est-ce que j'en avais une réellement ?! Pas une qui tienne la route j'en ai bien peur. Mais je pouvais tout de même essayer de lui expliquer ce qu'il s'était passé Je ne pouvais pas te le dire en face tout simplement parce que je n'aurais pas réussi à te le dire. Je me serais rétracté et j'aurais abandonné l'idée de … de t'abandonner. Seulement c'est ce que j'aurais du faire, mais j'étais vraiment mal Maxyn. J'aurais du t'en parler mais j'ai pas eu les couilles. Oui tout était de ma faute et je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai fait, j'ai seulement des raisons, mais rien de pardonnable j'en suis bien conscient.
Je continue de le regarder, je n’arrive pas à détourner mon regard longtemps de son visage. Je ne l’ai pas vu depuis si longtemps. J’ai eu sa présence plusieurs années, mais le voir est carrément autre chose. C’est un peu comme une renaissance. Pourtant, je ne veux pas craquer ni même me laisser aller à mes sentiments encore présents pour lui. Ce serait trop facile, je ne veux pas lui faire ce cadeau. Alors je me fais violence. J’essaie d’employer une voix détachée, pas trop faible. Je le force à me parler, à me donner des explications, parce que j’en ai besoin. « Je ne pouvais pas te le dire en face tout simplement parce que je n'aurais pas réussi à te le dire ». Ça ne me suffit pas. « Je me serais rétracté et j'aurais abandonné l'idée de … de t’abandonner. » Je secoue un peu la tête. Toutes ces années à vivre avec lui, je n’avais jamais remarqué cette faiblesse dans sa personnalité. Est-ce que je lui faisais peur ? Mes yeux s’embrument de nouveau. « Seulement c'est ce que j'aurais du faire, mais j'étais vraiment mal Maxyn. J'aurais du t'en parler mais j'ai pas eu les couilles. » Je déteste quand il tourne autour du pot comme ça. Je secoue la tête une nouvelle fois. Je ne vais pas le laisser faire. « C’est pas ce que je t’ai demandé Enzo. Pourquoi t’es parti ? Pourquoi tu nous a laissées Zoey et moi ? C’est ça la question ! » Je fronce un peu les sourcils et me lève pour me rapprocher de lui, même si ça peut s’avérer dangereux. « C’est quoi le problème ? T’as rencontré quelqu’un ? T’arrivais plus à me supporter ? A supporter mon handicap ? Dis moi à la fin ! J’ai besoin de savoir ! » Je le bouscule de par mes paroles, mais je reste quand même assez éloignée de lui, je ne voudrais pas me sentir flancher. Je veux des explications, il me les doit. Il me doit bien ça.
J'avais du mal à m'expliquer, j'avais du mal à lui exposer mes sentiments d'un coup, à lui dire pourquoi j'avais été un tel connard. Je ne sais tellement pas comment lui dire tout ça. C'est si dur, et pourtant je suis là pour ça, je suis là pour réparer un temps soit peu les dégâts pour éviter qu'elle m'en veuille à vie et que je puisse profiter comme il se doit de notre fille. Seulement, si moi je savait tourner autour du pot, ce n'était pas le cas de mon ex. Elle commença à perdre patience, à me poser des tonnes d'hypothèses, ayant de plus en plus peur qu'elle prenne tout ça mal. Il fallait que je me lance, elle voulait savoir, elle en avait besoin. Mais elle était si proche et si faible que j'avais comme le besoin de la prendre contre moi. Je me retenais, je pense que sinon elle me rejetterais facilement. Je soupirais un bon coup avant de poursuivre mon explication Je t'aimais Maxyn, mais tu me rejetais, du moins c'est l'impression que j'avais, je suis senti de trop et j'étais perdu. J'avais besoin de recul … Je me rend compte qu'en fin de compte mon amour pour elle s'était consumé et qu'il ne m'était resté que de la simple affection, affection qui m'avait agacé parce qu'elle me rejetais. Et puis je n'étais pas prêt à être père … Lui avouais-je difficilement dans une petite voix, sachant pertinemment que je vais en prendre plein la tronche et que si elle ne veut plus me voir pendant un temps, le temps de tout digérer je ne pourrais que le comprendre, même si ça me briserait le cœur. Non en fait, je ne mérite que ça. Je ne mérite pas son pardon, je ne mérite même pas ma fille, mais Maxyn mérite de l'aide, Zoey mérite un père. C'est le pire des dilemme. J'attendais patiemment la réaction de celle qui fut ma copine pendant de longues années, ayant vraiment peur de la sentence, mais me sentant prêt à la recevoir. Je n'osais tout de même pas la fixer dans les yeux.
Je tremble presque, cette situation est vraiment éprouvante pour moi, surtout qu’elle n’était pas du tout attendue. A aucun moment j’ai pensé qu’il pourrait revenir. Pour moi, c’était fini, j’avais fini par tirer un trait sur lui, sur tout ça. Enfin, c’est ce que je croyais, parce que là, en face de lui, je me rends compte que ce n’est pas tout à fait le cas. J’essaie du mieux que je peux de lui demander les explications qu’il me doit. Ce n’est pas facile, je sais que je pourrai m’éffondrer à tout moment à cause de ses paroles, mais j’en ai besoin, j’en ai besoin pour avancer, pour vivre, pour me sentir plus libre. Je le regarde prendre une grande inspiration. « Je t'aimais Maxyn, mais tu me rejetais, du moins c'est l'impression que j'avais, je suis senti de trop et j'étais perdu. J'avais besoin de recul … » Mes yeux s’emplissent de larmes. Alors c’est de ma faute ? C’est à cause de moi qu’il est parti ? D’un seul coup, c’est comme si tout mon monde s’écroulait. J’avais essayé de me remettre en question, mais je n’avais pas voulu m’enfoncer plus, il était parti, sans rien dire, et me dévaloriser n’aurait fait qu’empirer ma situation. Alors j’ai fermé les yeux, comme ils l’étaient depuis cinq ans. Fermé les yeux sur la réalité, sur le fait que oui, il pouvait partir à cause de moi, de mon caractère de merde. Putain, ça fait mal. Je serre les mâchoires et lève les yeux au ciel pour essayer de ravaler mes larmes, mais ça devient compliqué. Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux. J’ai besoin d’air je crois. « Et puis je n'étais pas prêt à être père … » Cette fois je replonge mon regard dans le sien. Zoey est aussi une des raisons pour laquelle il est parti, visiblement. Ça me fait presque plus mal encore que la phrase qu’il a prononcée plus tôt. Parce que Zoey, ce n’est pas de sa faute. Elle n’a rien fait de mal, elle est née, c’est tout. Elle n’a rien demandé. Et puis elle a perdu son père du jour au lendemain. Déjà que je ne m’estime pas être une très bonne mère, elle s’est retrouvée quasiment seule. A cause de ses parents aux bras cassés. Parce que oui, je crois bien qu’on est des parents en mousse. Tout ça me fait bien trop mal, et je n’arrive plus à sortir un son d’entre mes lèvres. C’est trop dur. Alors je ferme les yeux pour me retrouver dans ce noir qui m’a accompagnée toutes ces années, comme si j’étais plus en sécurité dans le noir. Une larme coule sur ma joue, puis une autre la suit. C’est trop dur à supporter. C’est un torrent de larmes qui dévale sur mon visage, je ne tiens plus debout, alors je m’accroupis, puis m’assieds, là au milieu du salon. Je ne sais plus qui je suis, où j’habite, je ne sais plus ce que je veux, je suis totalement perdue. J’ai besoin d’aide.
Est-ce que j'étais le mieux placé pour l'aider ? Pour la soutenir ? Je savais que mes paroles allaient lui faire du mal.Au final j'aurais du lui écrire une lettre et attendre que sa douleur passe pour qu'elle me permette de m'occuper de notre fille, de façon permanente cette fois-ci. Mais ça aurait été dans ma continuité de lâche. Alors non, il ne fallait pas que je pense à ça, même si ces paroles que je lui avais annoncé lui faisaient de plus en plus mal. Aie, j'ai été trop dur, voilà qu'elle se mettait à pleurer. Mais en même temps je venais de lui dire que j'étais parti à cause d'elle, alors qu'elle devait être encore amoureuse de moi à l'époque. Je me sens tellement horrible d'un coup, encore plus salopard que jamais. Peut-être que je n'aurais pas du, mais en la voyant s'effondrer par terre, je n'ai pas pu me retenir et suis venu à ses côtés pour la prendre dans mes bras. Tu n'imagines pas à quel point je suis désolé … Il ne faut pas t'en vouloir, juste à moi, parce que tu étais handicapée, tu n'as rien à te reprocher. Oui elle avait tout à me reprocher. J'aurais du prendre sur moi à l'époque, j'aurais du être plus fort, j'aurais du être un homme et assumer mes responsabilités, en parler avec elle et me rappeler les merveilleux moments passés avec elle. Je la serrais contre moi, ça me faisait du bien de la sentir de nouveau contre moi, encore plus maintenant qu'elle a retrouvé la vue. Ca me fait vraiment un bien fou de savoir qu'elle avait retrouvé la vue. Même si mon amour pour elle s'était consumé, je ressens encore cet attachement particulier envers elle et je pense que ça le restera à jamais. Rien que parce qu'on a vécu quatre ans ensemble et qu'on a eu une fille.
Je m’effondre, je m’effondre parce que je ne tiens plus debout, parce que ma tête et lourde et que tout se bouscule à l’intérieur de moi. Mon coeur tambourine si fort dans ma poitrine que j’ai presque peur qu’il puisse sortir d’un seul coup. Mon estomac est noué, si fort que j’ai envie de vomir. Mes genoux viennent s’écraser sur le sol, je me mets en boule, comme une forme de protection. Je ne sais plus quoi dire, plus quoi faire. Je veux qu’il me prenne dans ses bras, je veux qu’il s’en aille, je veux qu’il reste, je veux qu’il ne revienne jamais. Ma tête est sur le point d’exploser, les larmes coulent sur mes joues à n’en plus finir, je hoquète. Et soudain, je sens les bras d’Enzo se refermer autour de moi. Mon coeur semble s’arrêter net, pendant quelques secondes. Ma respiration s’accélère pourtant. Je suis surprise, mais ça fait un bien fou. « Tu n'imagines pas à quel point je suis désolé … Il ne faut pas t'en vouloir, juste à moi, parce que tu étais handicapée, tu n'as rien à te reprocher. » Je ne peux plus parler, je ne peux plus rien dire. Il a bloqué toute parole, seules mes émotions parlent à l’intérieur de moi. Je reste là, blottie quelques minutes dans ses bras, au sol, dans un silence de plomb. Les yeux clos, je retrouve mes sensations primaires. Je respire l’odeur de sa peau, son parfum. Je sens sa barbe ripper sur mon visage. Mon coeur reprend sa course folle. Je n’ai plus envie de réfléchir. Alors lentement, mes mains se desserrent, mes mains se décrispent pour venir se poser sur lui. Je peux le toucher, enfin. Je reste encore blottie contre lui, le temps que mon corps arrête de trembler et puis d’un seul coup je me rends compte que je suis en train de lâcher prise, beaucoup trop. Il ne mérite pas que je retombe aussi facilement dans ses bras. Ce n’est pas du tout le but. Je rassemble mes forces et le pousse doucement, sans aucune violence, avant de me relever. Mon corps est encore faible. Je prends une distance avec lui, rompant notre étreinte. J’essaie de mettre de l’ordre dans mon esprit. Je passe ma main dans mes cheveux pour dégager mon visage, et j’essuie mes larmes d’un revers de main. « Tu devrais partir. » Je ne sais pas bien ce que je fais. Je vois qu’il est déçu, mais après tout, à quoi s’attendait-il ? « Reviens ce week end pour voir Zoey si tu veux. On discutera plus calmement. »
Heureusement elle ne me repoussa pas. Elle aurait très bien pu franchement, c'est tout ce que je mérite, mais c'est pour elle que je venais la serrer dans mes bras, pas pour me sentir mieux, moi. Non, mais pour qu'elle arrête de pleurer par ma faute. Je n'en vaux pas la peine vu la souffrance que je lui ai faite subir. J'essayais de la consoler au mieux, même si je dois bien avouer que ça me faisait du bien de l'avoir contre moi à nouveau, parce que même si mon amour pour elle s'est perdu, je sais qu'au fond y'aura toujours une partie de moi relié à elle, comme si une partie de moi était toujours amoureux. Peut-être que ça l'est au fond, mais tout s'est brisé entre nous. Comme elle brisait notre étreinte. Elle avait raison, parce que sinon, dieu sait combien de temps on aurait pu rester ainsi vu que j'avais bien senti qu'elle avait apprécié le geste, que je lui avais manqué au fond. Sinon elle n'aurait pas pleuré et elle ne m'aurait pas demandé toutes ces explications. Du moins, c'est mon hypothèse. Donc elle avait finalement réussi à reprendre un peu ses esprits pour me demander de partir et ce serait mentir de dire que ça ne m'avait pas fait mal. Oui ça m'a piqué au cœur, je ne m'attendais pas à ça d'un coup alors que je m'y attendais depuis le début. Mais peut-être parce que je m'attendais aussi à ce qu'elle me vire avec coup de pied au cul, je ne sais pas trop. Mais quand elle rajouta que je pouvais passer ce week-end pour voir Zoey, pouah, je me suis senti revivre et un sourire se fendit sur mes lèvres Merci Maxyn. Merci. Oui merci parce qu'elle me donnait la seconde chance que je ne méritais pas mais que Zoey méritait, et je sais qu'elle en est conscience et même avec mon retour perturbant elle s'en rendait compte, alors oui, j'ai espoir que je puisse enfin être le père mérité pour ma fille. Je reculais donc, regardant encore mon ex une dernière fois, tellement heureux qu'elle ait retrouvé la vue. Peut-être que la prochaine fois on pourra parler de ça aussi. Mais pour l'instant je ne voulais pas davantage la déranger, je m'éclipsais donc par là où j'étais rentré quelques minutes plus tôt.