It's been a while » LEENA

It's been a while
Leena & Matteo

Six heures du matin. Je me réveille en sursaut, en me mordant les lèvres pour ne pas crier. Un nouveau cauchemar. Il me faudra quelques minutes pour calmer les battements de mon cœur et pour reprendre mon souffle. Je n’en peux plus. C’est la troisième fois cette semaine que je suis réveillé par un cauchemar. Cette fois-ci, le mauvais rêve ne se déroulait pas en Iraq comme c’est souvent le cas. Oh non, cette fois-ci j’ai juste eu le droit d’assister au mariage de Cleo avec Soren. Vraiment, parfois, j’aimerais que mon cerveau me laisse tranquille juste quelques heures. Dernièrement, je ne fais que penser à la relation que Cleo a pu entretenir, et entretien probablement toujours, avec celui qui a été mon meilleur ami depuis des années. Cela en est presque devenu une obsession. Je les imagine ensemble, faire leur vie comme si je n’avais jamais existé. C’est vraiment dur et cela l’es encore plus depuis que j’ai demandé à Cleo de nous laisser une chance et qu’elle ne m’as toujours pas donner une réponse claire et précise. Je peux comprendre qu’elle soit perdue, après tout elle me pensait mort, mais j’aurais aimé qu’elle n’hésite pas autant. C’est comme si nous avions réellement tout perdu entre nous, comme si notre couple n’avait jamais réellement existé et c’est vraiment compliquer à vivre. Parfois, je me demande si revenir à Brisbane était réellement une bonne idée. Évidemment, cette pensée ne reste jamais bien longtemps, car jamais je ne regretterais de connaître ma fille. Elle est la seule chose qui me permette de tenir actuellement. D’ailleurs, un sourire se dessine sur mes lèvres en pensant à Cami. Il est encore très tôt, mais j’envoi un message à Cleo pour lui faire savoir que je passerais voir ma fille ce soir. Ma relation avec mon ex fiancée est des plus tendues récemment, mais jamais elle ne m’empêchera de voir ma fille et je ne pourrais jamais assez la remercier pour cela. Cleo me répond rapidement malgré le fait qu’il soit à peine sept heures du matin et je comprends que notre fille doit déjà être debout. Nous échangeons quelques banalités par texto avant que je ne sorte de mon lit pour me préparer un petit-déjeuner. Je ne travaille pas aujourd’hui et vu le soleil qui brille déjà dehors, je vais aller me faire une session de surf. Au moins, cela me permettra de me changer les idées une bonne fois pour toutes. Je prends tout de même le temps de déjeuner afin de ne pas partir le ventre vide.

Une fois sur la plage, je ne perds pas de temps pour enfiler ma combinaison et attraper ma planche. L’océan à l’air agiter juste comme je l’aime et cela me promet une bonne session de surf. La plage est presque vide et je préfère cela, au moins on ne se gêne pas sur les vagues. C’est l’avantage de se lever tôt, je peux venir surfer sans me faire embêter par les touristes ou les petits jeunes qui savent à peine tenir debout sur leur planche. L’eau est plutôt fraîche, mais ce n’est pas cela qui va m’arrêter. L’eau est plutôt fraîche, mais ce n’est pas cela qui va m’arrêter. Je perds totalement la notion du temps et ne ressors de l’eau que lorsque je finis par sentir une légère tension dans mes cuisses. Le soleil est beaucoup plus haut dans le ciel désormais et il y a beaucoup plus de monde sur la plage désormais. Ma planche sous le bras je me remonte quelque peu sur le sable, je ne fais pas spécialement attention ou je mets les pieds et finis par manquer de tomber à la renverse en marchant sur un sac poser à même le sol. Pour ne pas perdre l’équilibre, je lâche ma planche et tente de me rattraper comme je peux avant d’échouer lamentablement les fesses en premier sur le sable. Je relève la tête et remarque une petite brunette qui me fixe surprise. « Désolé ! Mince, je regardais pas ou je mettais les pieds. » dis-je tout en tentant de me relever sans aucune grâce tandis que la jeune femme en face de moi semble retenir un rire. Je secoue un peu mes mains pleines de sables et regarde à nouveau la brunette. « Eh. On se connaît non ? Léa non ? » demandais-je étant persuadé d’avoir déjà vu ce visage quelque part.

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

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La vie de créatrice et d’artiste pouvait s’avérer assez solitaire, et Leena s’était d’ailleurs toujours attachée à faire attention à cela : soit avec un autre travail à côté, soit en travaillant parfois dans des ateliers avec d’autres personnes. Elle qui aimait tant le contact avec les gens et les rencontres savait qu’elle aurait déprimé de devoir rester enfermée toute seule chaque jour qui passait. Mais même avec cela, parfois, la solitude lui pesait trop ; cette semaine avait été très chargée car elle avait eu énormément de commandes, et elle s’était empressée de les terminer pour rester dans les délais. Quand elle avait de nouveaux, elle se mettait une pression d’enfer pour tout finir au plus vite, par crainte de donner une mauvaise image d’elle et de perdre de potentielles nouvelles commandes par la suite. Elle avait travaillé des heures d’affilée, et lorsqu’elle termina les derniers bijoux, la tension dans son cou et dans ses épaules était telle qu’elle décida de sortir de chez elle sans plus attendre pour se changer les idées. Malheureusement Tess n’était pas disponible et Rhett non plus ; mais le temps était splendide et elle eut la soudaine envie de profiter du soleil et de la plage et s’empara de ses affaires de sport, ainsi que de sa vieille planche de surf. C’était une des rares choses qui lui avait manqué à Londres : pouvoir aller d’un coup au bord de la mer, goûter à la joie des vagues et du soleil, même en habitant en pleine ville. D’humeur plus légère tout d’un coup, elle se mit en route, heureuse de prendre un peu de temps pour elle et de faire un peu de surf, comme quand elle était plus jeune. Elle avait peu retouché à sa planche depuis qu’elle était rentrée mais les habitudes revenaient vite – comme le vélo, ça ne s’oubliait pas trop, il n’y avait que les muscles qui oubliaient visiblement, car elle avait eu ensuite des courbatures terribles pendant plusieurs jours. Elle ne se départit pas de son idée pour autant et fila à la plage, se changea et enfila sa combinaison. Les vagues étaient juste parfaites : ni trop petites ni trop grosses, et elle n’attendit pas plus longtemps avant de se mettre à l’eau. Il y avait un peu de monde sur la plage, et quelques surfeurs au-delà des baigneurs, mais elle avait suffisamment surfé pour savoir faire attention et ne pas causer d’accident. Elle passa tranquillement une petite heure dans l’eau, retrouvant avec plaisir les joies de la glisse et parvenant même à beaucoup moins tomber que la fois d’avant. Quand elle sentit qu’elle fatiguait un peu, elle remonta le sable et s’apprêta à se poser un peu, sans savoir si elle y retournerait ou pas – elle voulait se laisser porter par ses envies, et profiter, tout simplement. Elle remarqua alors qu’elle avait étalé ses affaires un peu n’importe comment, et au moment même où elle se fit la réflexion, un autre surfeur arriva derrière elle et trébucha dans son sac pour s’étaler dans le sable, juste à ses pieds. Retenant un petit rire, Leena ramassa son sac pour l’enlever du passage tandis que le jeune homme se relevait en s’excusant, et leurs regards se croisèrent. Tout de suite elle sut qu’elle le connaissait ; les rouages de son cerveau mirent un peu de temps à connecter, tandis que le jeune homme en question se faisait visiblement la même réflexion. « Leena, pas loin ! » répondit-elle avec un sourire sincère. « Matteo… C’est ça ? » Question purement rhétorique – elle se souvenait de son prénom, et elle se souvenait de son visage, qui n’avait pas tant changé même s’il s’était affirmé, et que son air semblait un peu plus grave. Heureusement que le soleil avait un peu rougi ses joues ainsi que l’air marin, car Leena sentit qu’elle rougissait comme une adolescente, face à ce garçon qu’elle avait connu des années auparavant. Il était un peu plus âgé et ils avaient suivi les mêmes cours de surf, mais elle ne lui avait jamais trop parlé – en ce temps-là elle était encore trop timide, c’était ses amies qui osaient parler, surtout à ce garçon qui à l’époque faisait tourner les têtes de toutes les filles de l’âge de Leena. Il était toujours aussi bien bâti, elle ne put pas s’empêcher de faire la réflexion, ce qui la fit rougir un peu plus. Ridicule. Secouant un peu ses cheveux du bout des doigts, machinalement, pour en décoller le sel, elle essaya de prendre la parole pour ne pas avoir l’allure d’une petite gamine trop timide – de celle qu’elle avait été avant. « On a fait des cours de surf ensemble ! Mais c’était, ouhlà… Ça remonte, j’ai quitté Brisbane il y a presque dix ans pour y revenir seulement l’année dernière. Je vois que toi aussi tu n’as pas perdu l’habitude de profiter des vagues ! » Elle lui fit un nouveau sourire, cette fois un peu plus crispé car elle était mal à l’aise. Comme toujours lorsqu’elle recroisait des gens de son passé, elle se sentait bien plus vulnérable et stupide, comme si tout le chemin qu’elle avait fait depuis s’effaçait. « Tu… Tu viens souvent par ici ? » demanda-t-elle, regrettant aussitôt sa question qu’elle jugea plate et idiote.

(#)Ven 16 Mar 2018 - 21:52

It's been a while
Leena & Matteo

« »Depuis mon retour d’Iraq, je me rends compte que j’ai de plus en plus de mal à rester concentrer. Je me perds très rapidement dans mes pensées, et ce, parfois pendant de longues minutes. Surfer me permet de me changer les idées, d’avoir l’esprit un peu plus clair, de faire le vide un peu. Encore une fois, j’ai eu besoin de cela et les deux heures que je viens de passer dans l’eau m’ont fait un bien fou. Ce n’est rien de bien compliqué, juste quelques heures sur ma planche. Je suis seul face aux vagues. Je n’ai plus à penser à mes problèmes personnels. Je suis seul avec moi-même. Parfois, cela me fait peur, mais lorsque je suis sur ma planche tout va un peu mieux. Tellement qu’en sortant de l’eau, je suis encore un peu ailleurs, dans ma bulle et je ne fais pas attention ou je marche. Je suis le premier à râler lorsque quelqu’un piétine mes affaires sur la plage et généralement je fais attention ou je vais, mais aujourd’hui je suis vraiment dans les nuages. Tellement que je perds l’équilibre et tombe sur les fesses comme un enfant qui viendrait d’apprendre à marcher. Au-dessus de ma tête, j’entends un petit rire et relève la tête pour croiser le regarde d’une brunette. Tout de suite, son visage rieur me dit quelque chose. Ma mémoire me jouant des tours depuis plus d’un an, je ne suis pas réellement sûr de la connaître. Honteux de m’être étaler sur le sable, je me relève rapidement dans ma grâce légendaire tandis que mon cerveau continue à tourner à milles à l’heure pour remettre un prénom sur ce visage. Je ne suis pas sûr de moi et bien entendu, je me plante complètement. Enfin, presque… « Leena, pas loin ! » me dit-elle dans un beau sourire. Leena. Maintenant, je me souviens d’elle. On, c’était rencontrer sur cette même plage il y a de cela des années désormais. Elle semble me reconnaître également. « Matteo… C’est ça ? » Je hoche la tête, lui souriant également. « Oui, c’est bien ça. » Son regard semble se balader un peu sur moi et je retiens un petit rire. Oui j’ai pas mal changé depuis la dernière fois que l’on a pu se voir. Elle a bien changé également. Je me souvenais d’une adolescente, je me retrouve en face d’une jeune femme magnifique. Elle semble être venue surfer également et je me souviens des cours que l’on as pu prendre ensemble. Visiblement, je ne suis pas le seul à retrouver nos souvenirs liés. « On a fait des cours de surf ensemble ! Mais c’était, ouhlà… Ça remonte, j’ai quitté Brisbane il y a presque dix ans pour y revenir seulement l’année dernière. Je vois que toi aussi tu n’as pas perdu l’habitude de profiter des vagues ! » Un sourire se dessine sur mes lèvres en entendant cela. Ces cours de surf, je n’en avais pas réellement besoin, ma mère m’avait inscrit suite au décès de papa, pour que je puisse me faire des amis. Je me souviens que je passais plus de temps à donner des conseils à mes camarades plutôt qu’à réellement apprendre quelques choses. Cela reste de bons souvenirs malgré tout. « Oui, je me souviens de tout ça. On s’amusait bien, le prof était plutôt cool en plus. » Je pose ma planche sur le sable afin de pouvoir converser un peu plus avec la jeune femme. « Tu… Tu viens souvent par ici ? » me demande-t-elle presque timidement ce qui me fait sourire de nouveau. « Oui. J’aime toujours autant surfer, ça me fait du bien. » dis-je doucement. « Visiblement, tu as continué toi aussi ! » Remarque un peu idiote en soit, mais cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris le temps de faire la conversation avec elle. Sans vouloir être trop curieux ou indiscret, je me permets de la questionner un peu plus. « Tu as voyager pendant ces années loin de Brisbane ? » dis-je avant d’ajouter rapidement « Enfin sans vouloir être indiscret hein. Mais je me souviens de toi, tu étais pas très grande, je pensais pas te revoir dans le coin un jour, même si je n’étais pas toujours par ici. » Je me mets à rougir comme un idiot. Il faut vraiment que je sorte un peu plus de chez moi, c’est pas possible d’être aussi empoté. « Désolé je parle trop, mais ça me fait plaisir de te revoir ! » Je ris un peu essayant de détendre l’atmosphère et surtout ne voulant pas l’effrayer.

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Si Leena restait, au fond, facilement impressionnable, elle avait tout de même pris du galon en matière d’aisance et d’estime d’elle-même. Se retrouver devant Matteo l’avait prise de court et mise sensiblement mal à l’aise, mais très vite cette sensation s’estompa, comme si l’air marin et le soleil tiède suffisaient à laver tout cela en quelques minutes. Elle n’était plus cette ado de l’époque, elle avait grandi et lui aussi, et le fait que Matteo semble un peu gêné lui aussi et réagisse de manière très douce et avenante la rassura immédiatement. Après tout, des années auparavant, ils ne s’étaient pas assez connus pour savoir qui ils étaient exactement – l’image qu’ils devaient avoir chacun de l’autre n’était probablement qu’une pâle version de la réalité. « C’est plutôt que j’ai repris » corrigea Leena doucement, avec un sourire. « Comme toi, surfer me fait toujours autant de bien ! Et le mieux, c’est que ça ne s’oublie pas… Enfin presque. Je pense que mes muscles ont un peu oublié ! » Cette fois elle se mit à rire franchement. C’était une certitude : demain elle aurait des courbatures, car elle n’avait plus du tout l’habitude de ce genre de mouvement. Même si elle était plutôt sportive, se déplaçant toujours en skate ou en vélo, et faisant au moins un footing par semaine, le surf était un sport qui demandait un grand investissement physique et qui mobilisait des muscles qu’elle n’avait pas sollicités depuis longtemps. Elle attrapa alors sa serviette et se tapota le visage et le cou, afin de sécher un peu l’eau qui lui coulait encore le long du corps. Heureusement qu’elle avait défait le haut de sa combinaison car il faisait chaud, et elle sentait avec plaisir les rayons du soleil sur sa peau. « Je ne suis toujours pas très grande ! » poursuivit-elle sur le même ton amusé. C’était peu de le dire : avec son mètre 57, elle ne faisait pas partie des plus grandes. Matteo en revanche, de son côté, avait sûrement plus changé physiquement qu’elle. « Oh non ce n’est pas indiscret du coup, tu veux t’asseoir avec moi deux minutes d’ailleurs ? » Elle montra sa grande serviette étendue sur le sable, qui leur laissait largement la place pour s’y installer tous les deux. « J’ai même du thé glacé et des gobelets, tu en veux un peu ? » Elle lui fit un grand sourire, qui montrait toute sa sincérité et le plaisir qu’elle avait également à le revoir. « Oh mais ce n’est pas du tout indiscret ! Avec ma meilleure amie on a bossé après le lycée pour se faire un peu d’argent, et puis on est parties faire le tour de l’Europe, pendant presque deux ans. J’ai eu un coup de cœur pour Londres et je m’y suis installée ensuite. J’y ai vécu sept ans, ça m’a permis de lancer ma marque et ma boutique de bijoux d’ailleurs ! Et voilà quelques mois que je suis revenue… » Bon. Autant Leena adorait parler autant elle ne se voyait pas livrer purement et simplement les raisons de son retour – qui n’étaient finalement pas très claires. C’était pour Rhett, oui, mais la situation était compliquée. Pour Tess aussi, mais le reste… « … Pour changer d’air, je ne sais pas combien de temps je vais rester de toute façon. On verra bien ! » Elle haussa les épaules, comme pour chasser les tensions qu’elle ressentait lorsqu’elle pensait à tout ça. « Et toi ? Tu as voyagé aussi ? » Elle avait l’impression que, lorsqu’il lui avait posé la question, il avait laissé entendre que lui aussi. « Tu fais quoi maintenant ? »

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Leena & Matteo

Grâce à mon métier, j’ai pu voir un peu du pays et surtout des coins du monde totalement différent de la maison, mais rien ne vaut mon pays natal. Je ne suis pas spécialement du genre patriotique, mais il faut tout de même avouer que l’Australie est un pays assez extraordinaire et notamment pour ces plages. Nous avons sans aucun doute les plus belles plages du monde. Des bancs de sable blancs à perdre de vue et qui nous apporte un paysage de carte postale avec son océan d’un bleu parfois très claire, parfois plus sombres. Tout au long de ses plages paradisiaques, nous avons, par conséquent, les meilleurs spots de surf au monde ! Non, je n’exagère pas, c’est sans doute écris dans tous les guides touristiques concernant notre beau pays. Ce sport est sans aucun doute une passion nationale et c’est justement ce que j’adore. Non, je n’exagère pas, c’est sans doute écris dans tous les guides touristiques concernant notre beau pays. Leena et moi, nous étions connus il y a de cela des années, et cela, grâce au surf. Je crois que j’ai fait la connaissance d’un bon nombre de mes amis autour de ce sport. L’avantage d’être Australien. Aujourd’hui ne déroge pas à la règle puisque c’est une fois sorti de l’eau, ma planche sous le bras, que je retrouve mon amie d’enfance. Elle a bien changé depuis toutes ces années, mais je suis content de la croiser. Elle m’avoue avoir repris le surf depuis peu et c’est donc une belle coïncidence que je la croise ici aujourd’hui. Je ne peux m’empêcher de rire quelque peu lorsqu’elle me fait savoir que ses muscles la feront sans aucun doute souffrir demain. « Mais ce sont les meilleures courbatures que l’on puisse avoir ! » dis-je en souriant. Je suis loin d’être un sportif sadique qui adore avoir des courbatures, mais il a rien de mieux que de se sentir un peu fatiguer après une bonne session de glisse.

Leena me propose rapidement de prendre place avec elle sur le sable pour que l’on puisse discuter plus tranquillement et sa proposition me fait sourire. « Ce serait avec plaisir ! » Je défais le haut de ma combinaison afin de me retrouver torse nu et pose ma planche sur le sable à côté de la jeune femme afin de m’asseoir dessus et éviter de me mettre du sable de partout. C’est tout naturellement et avec un énorme sourire que la brunette me raconte tout ce qu’elle a bien pu faire dans sa vie depuis les dernières années. Elle m’explique avec un grand sourire avoir créé sa propre boutique de bijoux tout en ayant vécu à l’étranger pendant quelques années. C’est quelque chose de plus en plus courant, j’ai l’impression, les jeunes qui partent s’installer à l’étranger et je trouve cela plutôt cool. « Wow, c’est plutôt génial ça comme expérience. Surtout le tour d’Europe, ça devait être génial. Tu as dû découvrir des choses magnifiques ! » dis-je avec le sourire. « Ca marche bien ta marque ? Je devrais te mettre en contact avec ma sœur qui a sa boutique de couture en ville. » ajoutais-je en pensant tout de suite à la passion de ma sœur. Rapidement, Leena me retourne mon questionnement et je perds quelque peu mon sourire. Mon expérience est quelque peu moins fabuleuse. « J’ai voyagé oui, enfin si on peut dire cela comme cela. » avouais-je timidement. « Quand j’ai eu 18 ans, je me suis engagé dans l’armée Australienne. J’ai fait bon nombre de missions en dehors du pays pendant plusieurs années. » Je soupire un peu et me doute que Leena a sans aucun doute déjà entendu parler de mon histoire puisque cela a fait la Une pendant des semaines à mon retour et puis je n’ai pas honte de ce qui m’est arriver. Je ne veux juste pas la mettre mal à l’aise. « Lors de ma dernière mission, mon camp a été attaqué et j’ai eu des soucis. Je.. J’ai un peu été porté disparu, on va dire et depuis, j’ai des petits soucis de mémoire et des séquelles physiques également. » Je n’ose trop relever la tête, mais essaye de sourire à la jeune femme. « Mais sur une note beaucoup plus positive, je suis devenu papa d’une petite princesse. » De suite, un sourire étire mes lèvres en évoquant mon bébé. « Enfin une vie bien occupée quoi. » Je ris quelque peu voulant détendre l’atmosphère.

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Matteo accepta son offre et ils se retrouvèrent assis l'un à côté de l'autre sur cette immense plage australienne — le vent qui séchait le sel sur sa peau, le soleil, l'air marin, tout cela détendait extraordinairement Leena, et tout cela avait aussi un petit goût de paradis. Pas seulement pour le lieu et le moment, mais aussi parce qu'elle était devenue capable de surpasser ses peurs et sa timidité d'avant, elle était capable de discuter avec Matteo bien tranquillement, quand il avait appartenu à ce type de personnes qui lui faisaient si peur et qui lui paraissaient si peu accessibles. C'était là toute la magie de la sérendipité, se dit-elle, à se retrouver ainsi aujourd'hui, et à profiter d'une petite pause ensemble. Elle leur servit le thé glacé dans les verres et en tendit un à Matteo. « Oui, quand on dit que les voyages forment la jeunesse, c'est tellement vrai ! J'ai vu des choses magnifiques, rencontrés des gens merveilleux, et j'ai pris en maturité, ce qui ne m'a pas fait de mal ! » Elle eut un petit rire et but à son verre — elle avait la bouche sèche de tout ce sel et de ce soleil. Quand Matteo parla de sa soeur, Leena eut comme une révélation. Mais bien sûr ! Son nom de famille lui avait totalement échappé, et voilà qu'elle faisait le lien avec Heidi. Elle ouvrit grand la bouche et le regarda : « Mais, je n'avais même pas percuté ! Tu es le frère d'Heidi ! » Partagée entre le fait de rester naturel (et donc d'avouer sa fan-attitude à Matteo) ou de rester plus mesurée, elle décida de ne pas s'embarrasser, et tant pis s'il la pensait folle. « Je la connais très bien, enfin, je veux dire... » Elle retint un sourire. « Je suis ses collections à fond, je suis fan de son travail. Vu que je traîne souvent dans son magasin depuis mon retour à Brisbane, elle a fini par me remarquer et venir me voir, et on a échangé sur nos créations. Elle est très sympa ! J'adore sa façon de travailler. » Si seulement, se dit-elle, si seulement elle avait comme Heidi réussi à se lancer, réussi à créer toutes ces collections de vêtements qui lui trottaient dans la tête, et surtout avec autant de talent ! « Mais c'est gentil de proposer en tout cas ! N'hésite pas à lui parler de moi... Quoi que... Je ne sais pas, elle va finir par croire que je suis amoureuse d'elle je pense » Sur ces mots elle rit de bon coeur, espérant que Matteo comprenne qu'elle plaisantait, malgré le fait qu'il restait absolument véridique qu'elle avait une passion sans bornes pour les créations et le savoir-faire d'Heidi Hellington.

Comme elle le questionnait en retour, elle sentit Matteo devenir un peu plus grave. Ce qu'il racontait faisait un certain écho dans les souvenirs de Leena — tout d'un coup l'histoire d'un militaire disparu et revenu lui disait quelque chose dans la vie de Brisbane — mais c'était trop peu et trop diffus ; depuis Londres elle s'était totalement détachée des nouvelles de sa ville d'origine, il n'y avait guère que Kelly pour lui raconter les nouvelles et les potins, ce n'était pas trop le genre de Tess du reste. Elle écouta sans mot dire les mots de Matteo, plus doux et mesurés, et faillit lui poser la main sur le bras tant elle ressentait d'empathie pour lui. Dans ce genre de circonstances elle était une bonne oreille, et toute la douceur qui émanait d'elle était tout naturellement dirigée vers lui. « Mon Dieu ! Quelle histoire... Je n'ose même pas imaginer les souvenirs avec lesquels tu dois vivre. C'est très courageux de ta part en tout cas. Tout le monde n'aurait pas pu s'en remettre... C'est bien que tu continues à faire du surf, ce genre de chose ! Ça doit t'aider à penser à autre chose ! » Elle eut un petit sourire amical. Elle n'y connaissait rien, à part ce qu'on pouvait entendre dans les médias, à propos de tous les traumatismes liés à la guerre, mais elle savait seulement gérer les traumatismes lambdas et le besoin qu'on avait d'être entouré, de continuer une vie normale, parce que c'était la seule manière de ne pas sombrer. Elle se demandait comment il occupait ses journées, s'il avait trouvé un travail, mais n'osait pas trop insister non plus. C'était toujours délicat de s'intéresser aux gens sans paraître intrusif ou sans les bousculer dans leur intimité. La nouvelle de sa fille, en revanche, illumina le visage de Leena d'un grand sourire. « Oh, félicitations ! Tu dois être tellement heureux ! Comment s'appelle-t-elle ? Tu as des photos ?! » Elle réagit un peu tard qu'ils étaient en combinaison de plongée — mais ses affaires n'étaient pas très loin. « Je n'arrive pas à y croire, tu es papa ! C'est vrai que c'est normal à nos âges, mais je ne suis tellement pas dans ce mood dans ma tête... Et tu es encore avec la maman ? » demanda-t-elle prudemment. Quelque chose dans l'attitude de Matteo laissait présager qu'il menait malgré tout une vie plutôt solitaire.

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Leena & Matteo

J’ai toujours été impressionné par ces jeunes qui partent loin de chez eux pour voyager, cela demande beaucoup de courage et de volonté. Je pense que si je ne m’étais pas engagé aussi jeune, j’aurais eu la même idée que Leena. Partir à l’aventure avec un simple sac à dos comme compagnon. L’idée est tout ce qu’il y a de plus excitante tout de même. C’est donc avec attention que j’écoute le récit de la brunette. Les voyages semblent avoir complètement transformé sa vie et je trouve cela véritablement incroyable. « C’est vraiment génial ce que tu as fait. » Je souris tandis que Leena me parle de la création de sa petite entreprise. Elle semble avoir construit quelque chose de véritablement intéressant et qui me fait de suite penser à la boutique de ma sœur. Le visage de Leena semble s’illuminer du moment où j’évoque Heidi. Les voyages semblent avoir complètement transformé sa vie et je trouve cela véritablement incroyable. La surprise qui se lit sur son visage me fait sourire. Je manque d’exploser de rire lorsque la brunette commence un petit discours sur son admiration pour le travail de ma sœur. « Visiblement, tu la connais déjà bien. » dis-je sans pouvoir effacer le sourire de mes lèvres. Je dois dire que mon cœur de grand frère se gonfle de fierté lorsque j’entends les compliments que ma sœur peut recevoir pour son travail. J’ai eu l’occasion de voir sa boutique il y a peu et je suis véritablement fier de ce qu’elle a pu accomplir. Leena semble vraiment passionnée et m’invite a évoquer son nom auprès de ma sœur. Je hoche la tête en signe d’approbation. « Je lui parlerai de toi ! Je signalerai quand même que tu n’es pas dingue et que je te connais. » dis-je pour la taquiner un peu. « Je suis sûr que vous pourriez faire une belle collaboration toutes les deux. » ajoutais-je même si je n’ai jamais eu l’occasion de voir les créations de Leena, je ne doute pas qu’une collaboration entre les deux soit possible.

Assez rapidement, c’est autour de la jeune femme de me questionner sur ma vie actuelle. Autant dire que mes réponses vont être un peu moins joyeuse que celle de Leena. Non pas que ma vie soit pourrie loin de là, mais je n’ai pas vécu que des choses faciles ces dernières années. Ne voulant pas entrer dans les détails afin de ne pas mettre mon amie mal à l’aise, je lui raconte les grandes lignes. L’accident sans en évoquer les terribles répercussions qu’il a encore sur moi aujourd’hui et sans évoquer cette année d’errance en Iraq sans mes souvenirs. Comme beaucoup de gens Leena réagit assez rapide et tente de dire quelque chose pour ne pas laisser l’ambiance conviviale retomber entre nous. Je sais que les gens sont très rapidement gênés et généralement ne savent pas quoi dire lorsque je leur parle de mes dernières années de vie. Je souris un peu afin de lui faire comprendre que ce n’est rien. « Surfer me permet de me vider l’esprit, c’est sûr, j’en ai besoin. Même si mon médecin serait en train de hurler s’il me voyait sur une planche. » Oui, techniquement, je ne suis pas censé forcer. Mon corps a subi plusieurs traumatismes dont il ne c’est jamais réellement remis et je devrais prendre du temps pour moi afin de me reposer et de laisser le temps à mon corps de guérir, mais c’est tout simplement impossible pour moi. « Je ne regrette pas d’avoir servi mon pays, mais bon… J’aurais aimé que les choses se terminent autrement. » dis-je en soupirant quelque peu. Pour égayer les choses, j’évoque rapidement la naissance de ma princesse ce qui ramène de suite un sourire sur les lèvres de Leena. De suite, elle me demande une photo et le papa gâteau que je suis se relève presque directement pour aller chercher mon sac posé un tout petit peu plus haut sur la plage. Je sors mon portable de la poche de mon sac et il me suit de l’allumer pour le montrer à Leena puisque Cami est en photo de fond d’écran. « Elle s’appelle Cami et elle a tout juste plus d’un an. » Je déverrouille mon téléphone et ouvre le dossier empli de photos de ma fille pour les montrer à mon amie. [color=darkcyan]« Elle est belle ma princesse hein ? » dis-je sans pouvoir me retenir. Oui, je suis vraiment un papa gaga de sa fille. « Je t’avoue que ce n’était pas du tout prévu, c’est une surprise de la vie. » Une belle surprise. La plus belle de ma vie sans aucun doute. « Je suis vraiment heureux de l’avoir parce que je ne sais pas si je m’en serais sorti sans elle. » ajoutais-je tout en posant les yeux sur les photos de ma fille que Leena continue à faire défiler doucement tout en me questionnant encore un peu. « Non, je ne suis plus avec la maman.. Oui, je suis vraiment un papa gaga de sa fille. » Elle m’a abandonné, mais ça, je ne le dirais pas à haute voix. « Mais tant que je peux voir ma fille, c’est le plus important. » Bien entendu, Cleo me manque plus que tout au monde, je ne sais pas si un jour, je pourrais l’oublier, mais je n’ai pas spécialement envie de parler de tout cela. « Tu as quelqu’un dans ta vie toi ? » demandais-je alors timidement ne voulant pas mettre la jeune femme mal à l’aise, mais juste souhaitant continuer la conversation.

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Leena rougissait légèrement (heureusement que le soleil et le sel faisaient illusion) en écoutant Matteo lui parler de sa soeur, Matteo qui s'imaginait visiblement qu'Heidi et Leena pouvaient collaborer en toute simplicité. Il ne mesurait sans doute pas les différences qui existaient entre les deux créatrices, l'une bien plus lancée et propulsée sur le devant de la scène que l'autre. Mais c'était flatteur, et Leena ravala ses paroles, estimant que pour une fois elle ne se dénigrerait pas d'avantage, comme elle en avait la fâcheuse habitude. Au lieu de cela elle sourit de bon coeur à l'idée de Matteo qui préciserait qu'elle n'était pas « dingue », puis la conversation dériva sur la suite. Ce moment était agréable : non seulement la langueur post-surf se transformait en un délicieux bain de soleil sur la plage mais en plus Matteo était de très bonne compagnie, et toute gêne avait quittée Leena maintenant qu'ils discutaient bien tranquillement. Il était simple, doux, naturel ; on aurait pu imaginer qu'il était de ces mecs trop beaux et tristement célèbres pour se la raconter et entretenir le mystère, mais pas du tout. Il était juste lui-même, il s'intéressait aux gens, et quelque chose dans son attitude et sa manière d'être touchait particulièrement Leena. « C'est vrai que ça vide la tête, c'est pour ça que je fais du sport... Mais tu es encore blessé ?! Tu ne devrais pas alors, tu as des problèmes où ? ... Enfin, c'est peut être indiscret, désolée. » Elle se reprit à temps, se sentant un peu mal à l'aise sur le coup. C'était si facile de lui parler qu'elle prenait trop de libertés, comme si elle le connaissait intimement depuis si longtemps. Comme Matteo sortait ensuite les photos de sa fille, Leena les observa en souriant à chacune — la petite Cami était adorable. Pendant ce temps elle essayait de se figurer l'histoire : un bébé inattendu, une grande joie pour le papa visiblement le plus gaga de la Terre, mais une séparation des parents. Leena avait vu juste. Mais en tout cas, le sourire qu'il avait sur les lèvres et la petite flamme qui s'allumait dans ses yeux lorsqu'il parlait de Cami confirmait totalement ses paroles : elle était sans aucun doute la lumière de ses jours. « Elle est tellement mignonne !! Je comprends que tu sois si fan ! Et elle a l'air de te rendre si heureux ! Je pense qu'elle a bien de la chance d'avoir un papa comme toi ! » Clairement, elle avait suffisamment d'histoires autour d'elle pour mesurer combien les parents aimants étaient précieux. Si aujourd'hui son père était trop absent et imbibé d'alcool pour entretenir l'ombre d'une relation avec quiconque, elle chérissait précieusement les souvenirs qu'elle avait avec lui étant enfant, et combien il lui était dévoué. Cela lui faisait chaud au coeur d'y repenser, bien que la réalité aujourd'hui soit bien différente. « Vous faites comment, c'est partagé, tu as la garde une semaine sur deux ? Tu arrives à tout combiner avec ton emploi du temps ? Enfin, je ne sais même pas si tu as une activité professionnelle depuis que tu es rentré ?... » Encore une fois elle tâtonnait, espérant de pas aller trop loin. En vérité elle trouvait le parcours de Matteo impressionnant, surtout vu l'importance qu'il semblait accorder à son bébé : Leena avait pour sa part tellement du mal à agencer toute sa vie que devoir prendre un compte la vie d'un enfant entièrement dépendant d'elle lui semblait absolument impensable. Elle finit par prendre son courage à deux mains pour répondre au sujet de sa vie amoureuse, se sentant pour une fois assez libre — quelque chose chez Matteo la détendait, elle ne se sentait pas jugée. « Arf, c'est compliqué... » Elle but un peu de thé glacé. Puis elle eut un petit sourire d'excuse : « Je te préviens, c'est une histoire un peu longue ! En fait, je suis amoureuse de mon meilleur ami, Rhett. Ouais, je sais, schéma classique... Mais je commence à me demander si c'est pas réciproque, et dans ce cas, si on ne devrait pas faire quelque chose, mais ni lui ni moi on ne fait le premier pas... On fait comme si de rien n'était. Ah oui, et j'ai oublié de préciser : on couche ensemble depuis des années. » Elle mit sa main sur sa bouche et eut un petit rire, consciente que dite ainsi, dans les grandes lignes, son histoire était terriblement cliché et surtout terriblement évidente. « Te moque pas, je raccourcis le tout hein ! On s'est rencontré à Londres, on a vécu des années inséparables, c'est la personne avec qui je m'entends le mieux, on est là l'un pour l'autre, en plus il a eu un accident grave lui aussi, il a été renversé par une voiture et son genou est foutu, il a du abandonner sa carrière de sportif pro. Et puis avec le temps on a commencé à être physique et à coucher ensemble de temps en temps, juste comme ça... Maintenant c'est régulier et, surtout, je suis entre autres rentrée pour lui à Brisbane. J'ai du mal à vivre loin de lui. Et je crois que je voudrais savoir le vrai du faux. » Elle haussa les épaules. « Enfin, je ne sais pas si j'aurais le courage. Voilà, comme ça tu en sais plus sur moi : je suis bavarde comme une pie et je suis une grosse flipettte ! » Elle éclata de rire. Sentant que le soleil brûlait un peu trop ses épaules, elle attrapa un paréo qu'elle glissa sur son dos. « Tu en penses quoi, d'un regard extérieur ? Et toi, tu as de nouveau quelqu'un dans ta vie ? » Après tout pourquoi pas, et quelque part elle espérait que oui, car il devait avoir en loin temps de noirceur et de choses à régler au fond de lui, à cause de son traumatisme, que Leena se sentait triste d'imaginer qu'il se sente seul.

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Leena & Matteo

Parler avec Leena est quelque chose de très sympathique. Cela me fait du bien de me poser un peu. Du soleil, le bruit des vagues et une amie. Rien de mieux. Comment bien finir la journée comme on dit. Je lui souris quelque peu tout en lui expliquant que je continue à surfer malgré ma blessure. Comme la plupart de mes proches, elle me demande pourquoi je continuer à forcer. Honnêtement, je sais que je devrais juste me poser et laisser mon épaule prendre le temps de se remettre des chocs qu’elle a subi. Je le sais et pourtant, je suis tout simplement incapable de le faire. Je ne sais pas rester tranquille chez moi. Absolument pas. J’ai toujours besoin de bouger, d’être en action, de faire quelque chose. Alors je continue et puis un jour j’aurais trop mal et je pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Je sais juste que si je m’arrête pour prendre soin de moi, je vais finir par trop ressasser, je vais partir en vrille et personne n’as envie de me voir comme cela. Je préfère donc rester occuper. « Non ce n’est pas indiscret ne t’en fais pas. J’ai des petits soucis à l’épaule à cause de la blessure que j’ai eue suite à une explosion sur mon camp en Iraq. » Par habitude, je lève la main droite pour aller toucher la cicatrice qui court sur mon omoplate gauche tout en me tournant quelque peu pour que Leena est un aperçu de tout cela. « J’ai souvent de vives douleurs, mais je ne sais pas rester calme alors bon. » Je souris quelque peu. Je suis incapable de rester calme chez moi et c’est comme ça, je n’ai pas l’intention de changer.

La conversation vire tout doucement vers ma situation familiale et surtout ma petite princesse. Je suis un véritable papa gâteau. Je ne le cache pas du tout, je n’en ai absolument pas honte. J’adore passer du temps avec ma fille et j’adorer parler d’elle à tout le monde. Je ne force jamais la conversation, je ne veux ennuyer personne, mais c’est vrai que lorsqu’on me lance sur le sujet, j’ai parfois du mal à savoir m’arrêter. C’est donc avec grand plaisir que je montre des photos de mon bébé à la brunette. « Elle est la meilleure chose qui me soit arriver ces derniers temps. » Cela peut sonner quelque peu cliché, je le sais, mais c’est tellement vrai. Mon retour à été tout ce qui a de plus chaotique et Cami m’apporte une véritable stabilité. Tout ce dont j’ai besoin pour ne pas sombrer. « Pour le moment, je l’ai uniquement un week-end sur deux. Être papa, c’est franchement nouveau pour moi et je préfère y aller petit à petit, tu vois. Elle n'a pas l’habitude de me voir en plus donc… Je veux qu’elle prenne ses repères doucement. » dis-je tout en rangeant mon téléphone. Pour le moment, cette organisation me convient bien. Je passe tout mon weekend avec ma fille et c’est tout ce qui compte. Pourtant, j’espère que bientôt, on pourra passer à une véritable garde alternée pour que ma fille puisse grandir avec sa maman, mais également avec son papa. « Pour répondre à ta question, je bosse dans un garage en ville. C’est pas ce que je préfère, mais ça paie les factures et de quoi gâtée mon bébé ! » C’est tout ce qui compte pour moi. Je ne passerais pas le reste de ma vie dans ce garage, c’est certain, mais pour le moment, je fais avec. « Je compte pas y passer ma vie, mais pour le moment ça m’aide bien. Ça me permet de rester occuper. »

C’est un peu de manière curieuse que je finis par interroger un peu Leena à mon tour. Je ne l’ai pas vu depuis des années et après avoir parlé de ma vie sentimentale, je m’interroge un peu sur la sienne. Bien entendu, je ne la force pas à me répondre, mais c’est avec son sourire inégalable qu’elle commence à me parler de la situation dans laquelle elle se trouve actuellement. Il ne faudra pas longtemps pour que je comprenne ou se trouve la complexité. Je n’ai jamais vraiment vécu ce genre de situation même si le départ de notre relation avec Cleo est basé sur notre amitié. Je l’écoute attentivement en lui souriant quelque peu. Je ne suis pas là pour la juger, bien au contraire. Mon histoire pourrait en faire rire plus d’un et je n’ai jamais été du genre à me moquer. Je me sens même presque mal pour Leena, car elle semble perdue au sein de tout cela et ce n’est pas une situation très facile à vivre, je suppose. Alors lorsqu’elle me demande mon avis, je prends le temps de lui répondre, afin de ne pas la blesser en disant quelque chose de maladroit. « Tu sais… Je pense qu’il faut que tu aies une véritable conversation avec lui. Même si ça te fait peur, parce que je sais que ça fait peur. Mais tu ne peux pas vivre dans le doute comme cela encore longtemps non ? » Je relève la tête pour croiser son regard. « Tu es jeune et très jolie, tu ne devrais pas te coincer dans une relation sans avenir. » J’ai peur de la blesser en disant cela et m’empresse d’ajouter. « Mais ce n’est que mon avis et je suis pas vraiment un expert là-dedans, tu sais. » Je souris maladroitement et pour ne pas provoquer un malaise décide de répondre à la dernière question de Leena. « Moi, je suis célibataire. Je… Je crois que j’aime encore trop Cleo pour aller voir ailleurs… » Je baisse la tête en parlant de ça, pas vraiment fier de rester coincé dans cette relation sans réciprocité concrète. « Donc tu vois, je ne suis pas un exemple… »

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Quand Matteo lui montra sa cicatrice, Leena hocha la tête silencieusement. C’était une jolie balafre qui laissait présager un bon nombre d’histoires derrières – la guerre, en somme. Cette notion était à la fois si réelle et si lointaine pour Leena qu’elle ne savait pas par quel bout la prendre. Ce qu’elle ne parvenait pas à imaginer, c’était le regard de Matteo sur la vie à présent, comment il faisait pour se glisser dans la peau d’un homme normal, comment il dormait la nuit, comment il envisageait la suite, la vie civile. Vu le nombre des choses qu’elle avait apprises sur les vétérans et la difficulté pour les soldats de se remettre de leur traumatisme, elle trouvait cela particulièrement courageux ; jamais elle n’aurait pu y survivre, elle en était certaine. Elle comprenait qu’il ne veuille pas rester calme – encore plus s’il avait connu des choses douloureuses, qui devaient remettre tout le reste en perspective. À moindre échelle, au vu de ce qu’elle avait traversé à l’adolescence, l’éclatement de sa famille et les années tumultueuses ensuite, elle ne s’imaginait pas une seule seconde ne rien faire. C’était peut-être un instinct de vie ou de survie, mais en tout cas, elle comprenait parfaitement Matteo sur ce point. Mais à en juger de la façon dont il parlait de sa fille – et qui donnait à Leena un grand sourire, son bonheur était communicatif – il avait trouvé en elle quelque chose pour aller de l’avant, et cela faisait plaisir à voir. « Tu le mérites, j’en suis sûre » murmura-t-elle gentiment ; les histoires de couple étaient souvent compliquées et la sienne l’était visiblement, mais toute l’implication qu’il avait pour sa fille lui faisait honneur. « Je comprends, j’ai eu pas mal de jobs en parallèle, histoire d’avoir de quoi financer ma boutique. C’est bien de s’occuper en tout cas. Et tu me donneras l’adresse, je saurais où aller si j’ai un problème avec mon scooter ! » Elle se mit à rire, passant sous silence le fait qu’elle était terrifiée des voitures et de la conduite en général, ce qui aux yeux d’un mécano devait passer pour une peur assez ridicule. Elle n’avait jamais été très à l’aise au volant – vivre à Londres avait été merveilleux pour cela, elle se déplaçait uniquement en bus ou en métro – et l’accident de Rhett n’avait rien arrangé à son anxiété. À Brisbane, contrainte d’avoir un moyen de locomotion autre que le vélo ou sa planche de skate, elle avait opté pour un scooter d’occasion, plus maniable qu’une voiture. Elle ne se sentait pas nécessairement plus en sécurité, mais elle se sentait au moins moins dangereuse qu’au volant.

Puis la conversation dériva sur Rhett, et elle attendit non sans une pointe de crainte la réaction de Matteo. Non pas parce qu’elle doutait de ses paroles – mais parce qu’elle devinait la réponse, plus ou moins la même que toutes celles qu’on lui donnait. Et elle détestait savoir que c’était sans doute la meilleure chose à faire. Elle hocha un peu tristement la tête, sentit ses joues rosir une nouvelle fois quand il la qualifia de très jolie ; la Leena adolescente n’aurait jamais cru que Matteo s’adresse ainsi à elle un jour. Une relation sans avenir. Elle baissa les yeux sur le sable avec lequel elle jouait, qui coulait entre ses doigts. « C’est vrai. Je sais que tu as raison, mais notre relation est si équilibrée pour le moment… Enfin, en apparence. Le problème c’est que si je décide de lui parler, je sais ce que je perds, mais je ne sais pas ce que je gagne. C’est un risque que je suis trop lâche pour prendre pour le moment je crois » conclut-elle en haussant les épaules. Et pourtant elle en avait fait du chemin, elle avait travaillé son courage et son assurance, mais cet obstacle-là lui paraissait insurmontable. Elle voulait que Rhett sente comme elle et que les choses se fassent d’elles-mêmes, comme cela s’était fait jusqu’à maintenant : de voisins ils étaient devenus amis, d’amis ils étaient devenus meilleurs amis, et elle avait fini dans son lit sans que cela change quoi que ce soit au reste. Aujourd’hui, elle avait juste envie que cela aille un peu plus loin, sans tout remettre en question. « Peut-être que je devrais aller voir ailleurs justement, mais j’en suis incapable aussi. » Elle avait répondu en écho à la confession de Matteo, et releva le regard vers lui en lui souriant. « Je comprends, c’est difficile, surtout avec Cami au milieu, ça te rattache à sa mère d’une certaine manière. Tu n’as jamais eu d’aventure, jamais été tenté ? » Peut-être qu’il ne le voulait même pas, après tout, au-delà d’en être capable. « On pourrait ouvrir un club de relation unilatérale ! » conclut-elle, en éclatant de rire cette fois. C’était une belle journée, elle avait tout de même envie de ne pas plomber leur moral, à tous les deux. « Qui consistera à surfer la journée et boire la nuit pour oublier, c’est un beau programme, non ? » En matière de soirée et de fête elle n’était pas la dernière – l’idée de boire des verres en bonne compagnie, de s’amuser et de danser était toujours quelque chose qui lui égayait forcément les idées. « Tu sors un peu, malgré ta vie de jeune papa ? » Elle lui lança un petit sourire pour le taquiner.

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Leena & Matteo

Être ici sur cette plage, en compagnie de Leena est un instant suspendu hors du temps pour moi. Cela me permet un peu de décrocher de ma folle vie. Je suis heureux d’être rentré à Brisbane, j’ai ma place ici, je sais pourquoi je suis là. Pourtant, parfois, j’ai presque envie de m’enfuir. Ne pas avoir tout mes souvenirs est quelque chose d’incroyablement frustrant pour moi. Tellement que parfois, je perds patience, je m’énerve et j’ai envie de décrocher. Venir surfer me perd de faire une pause et avoir croisé le chemin de Leena aujourd’hui est comme un petit rayon de soleil supplémentaire dans ma journée. La jeune femme est tellement souriante que cela en deviens contagieux. Je me souviens très peu d’elle et pourtant, j’ai l’impression de toujours avoir eu cette image d’une fille très solaire, joviale et tendre. Elle me le prouve encore aujourd’hui. La discussion se fait sans tabou, sans barrières. On se parle ouvertement. J’évoque ma blessure, ma nouvelle vie de famille sans me cacher. Depuis mon retour, il est assez rare que je m’ouvre comme cela à quelqu’un que je reconnais à peine. Je dois faire confiance à Leena sans vraiment me poser de question, sûrement une trace de notre relation passée même si cette dernière semble datée. Je me sens bien en sa compagnie et un petit rire s’échappe même d’entre mes lèvres lorsqu’elle me parle de son scooter. « Je t’imagine bien sur une petite vespa tien. » dis-je en me moquant, toujours gentiment bien entendu. « Mais hésite pas à venir nous voir, oui. »

C’est doucement, sans rien forcer, que la conversation se dirige vers la vie privée de Leena. Plus précisément pour parler de sa vie sentimentale. Je crois que je n’ai jamais été très bien placé pour donner des conseils sur ce genre de sujet. Je sais que ma relation avec Cleo était plutôt parfaite lorsque nous étions encore ensemble. Il paraît que nous nous disputions très peu et que nous étions très soudé. Je me souviens parfois de tout cela, de nos soirées en amoureux, de nos moments à deux. Il m’arrive d’être heurté de plein fouet par une vague de sentiments lié à Cleo. Elle me manque énormément, mais là n’es pas le sujet de la conversation. Malgré mon manque de confiance sur les conseils amoureux, j’écoute attentivement ce que Leena me raconte. La relation avec son meilleur ami semble plutôt complexe et pourtant, j’ai l’impression de la comprendre. Elle s’accroche a ce qu’elle ressent pour lui et je suis vraiment mal placé pour lui reprocher cela. Alors je ne peux que hocher la tête lorsqu’elle me dit être terrifiée d’avoir une conversation sincère avec ce fameux Rhett. « Je comprends Leena. Vraiment. » Je soupire un peu et relève la tête vers elle en souriant quelque peu. « On est jamais prêt pour tout cela, je crois… Égoïstement on veux les garde près de nous-même si on sait qu’une discussion sincère serait la meilleure des solutions. » Je me doute que je ne dois pas vraiment l’aider avec mes propos, mais je ne veux pas l’enfoncer. Je ne suis pas là pour cela. « L’important dans tout cela, c’est toi Leena. Il ne faut pas que tu souffres de trop. Ne te laisse pas noyée par tout cela. » Il faut qu’elle pense à elle malgré tout, malgré ce qu’elle peut ressentir pour ce jeune homme. Je lui souris une nouvelle fois et pose doucement ma main sur son genou. Je sais que l’on vient tout juste de se retrouver, mais c’est ma manière à moi de lui montrer que je peux être présent pour elle. Un nouveau rire, un peu nerveux cette fois-ci, s’échappe d’entre mes lèvres lorsque j’entends sa proposition de monter un club un peu spécial. « Ca pourrait être sympa comme thème de soirée. » Je ris à nouveau en levant les yeux au ciel. « Pourtant, je ne pense pas être dans une relation unilatérale. Je… Je pense que Cleo est juste perdue entre nous deux. Elle me pensait mort, elle a recommencer sa vie ailleurs. Au plus profond de moi, j’espère qu’elle m’aime encore et que je pourrais le retrouver un jour. » Dieu que je me sens bête d’avouer tout cela à haute voix. « Désolé… Je m’accroche à cela alors que ça ne va probablement jamais se produire. » Il faudrait que je décroche un peu, que je sorte, que je fasse de nouvelles rencontres et pourtant, je ne me sens pas prêt à passer ce cap-là. « Je sors un peu, mais je ne cherche pas spécialement à faire de nouvelles rencontres, on va dire. » Pourtant, je crois que je serais capable de me retourner sur une jeune femme comme Leena. Il faut avouer qu’elle est magnifique après tout. Je crois que je divague quelque peu. « Je crois que je préfère profiter de ma vie de jeune papa justement. Les relations amoureuses, on verra plus tard, je crois… Mais on devrait sortir une fois toi et moi. Non ? » Pourquoi pas lui proposer après tout.

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Matteo n’aurait certainement pas la solution à tous ses problèmes mais quelque chose disait à Leena qu’il serait de bons conseils – qu’elle serait apaisée, parce qu’il avait un avis extérieur et ne la jugerait pas. Sans trop de surprise, elle comprit qu’il lui conseillait globalement ce que les autres personnes proches de sa vie lui avait déjà dit, que la période de déni devrait forcément se terminer un jour, et que pour l’instant c’était elle qui souffrait, sans trop savoir ce qu’il en était pour Rhett en face. Elle soupira, lasse d’être toujours prise au piège de problématiques qu’elle rendait insolubles. Son regard se perdit dans les vagues qui venaient rouler sur le sable clair, méditant sur la question suivante : à partir de quel moment allait-elle considérer qu’elle se noyait dans toute cette histoire ? C’était peut-être déjà le cas, mais elle n’était pas prête à s’y résoudre. « Oui, tu as raison, je crois que je le sais au fond, mais c’est toujours difficile de s’y faire… » Il n’avait visiblement pas de problème à la comprendre, et cela procurait à Leena un sentiment rassurant, chaleureux, assez inexplicable. Elle regarda Matteo de nouveau, avec un petit sourire. Il n’y avait rien qu’elle aimait plus au monde que ce genre de rencontre et de découverte, et elle était particulièrement heureuse d’avoir décidé de venir surfer aujourd’hui. Lorsqu’il parlait de Cleo de nouveau, Leena se rendit compte de la dimension qu’elle n’avait pas du tout prise en compte : pour Cleo, Matteo avait disparu de la surface de la Terre, et tout ce qu’elle ressentait pour lui avait été remodelé par la « mort » du père de sa fille. Son retour avait dû être complètement bouleversant, qu’elle l’aime encore ou pas ; pour Leena qui avait perdu une personne chère sans savoir s’il allait revenir un jour ou pas, elle pouvait aisément comprendre tout le dilemme et la complexité de ce que cela avait entraîné. Elle avait l’impression de ne pas pouvoir servir à grand-chose et de ne pas savoir comment le conseiller : sans savoir ce qu’avait traversé Cleo, n’était-ce pas risqué de conseiller à Matteo de tenir bon et d’espérer si la jeune femme avait complètement refait sa vie, mais n’était-ce pas dommage de lâcher prise si il y avait encore une chance ? « Ouah, c’est vrai que c’est une situation assez… Inédite » Elle-même, elle avait imaginé tellement de fois l’impossible : que son frère revienne de nulle part, peu importe le scénario ; à chaque fois elle imaginait la joie la submerger mais à chaque fois la question était la même, comment renouer avec quelqu’un qui n’est plus la personne que l’on a aimée, qui a forcément changer ? « Tu as eu l’occasion d’en parler avec elle ? J’imagine qu’il n’y a qu’elle qui peut te faire comprendre s’il y a de l’espoir ou non… » conclut-elle prudemment.

Sans trop de surprise, il semblait avoir une vie plutôt solitaire et surtout très tournée vers sa fille ; mais quand il répondit une idée germa dans la tête de Leena, qui hésita pourtant une seconde – elle ne voulait pas l’obliger à faire des choses dont il n’avait pas envie, et elle ne parvenait pas à savoir s’il ne sortait pas parce qu’il n’en avait pas très envie ou simplement pas le temps, pas l’occasion. Matteo la devança, et elle lui répondit avec un grand sourire enthousiaste : « Avec plaisir !! Je pensais justement à ça. J’ai redécouvert pas mal de nouveaux endroits de Brisbane où il fait bon sortir. Si tu veux je pourrais t’y emmener ! Tu me diras ce qui te plaît comme ambiance. Et puis, c’est sans compter le fait qu’on peut aussi se retrouver pour surfer de temps en temps ! » À vrai dire, l’idée de renouer d’avantage avec Matteo lui plaisait beaucoup, et elle sentait que les choses seraient simples et naturelles. « Tu pourras me présenter ta fille aussi un jour ! » Leena n’avait jamais désiré avoir d’enfant jusqu’à maintenant, mais elle aimait beaucoup être en leur compagnie. « Je vais prendre ton numéro et je t’envoie un message, comme ça tu auras le mien, d’acc ? » Elle farfouilla dans son sac pour en sortir son téléphone rangé dans une pochette plastique pour le protéger de l’eau et du sable et s’apprêta à enregistrer le nom de Matteo.

(#)Sam 1 Sep 2018 - 23:23

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Leena & Matteo

J’ai bien conscience de donner des conseils quelque peu générique à Leena, mais je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus. Je n’ai jamais vraiment été très doué pour des conseils et c’est encore bien pire lorsqu’il s’agit de vie sentimentale. Je crois qu’avec tout ce qui m’arrive en ce moment je suis vraiment le dernier capable de donner des conseils à qui que ce soit. Je vois bien que je n’aide pas du tout la brunette et cela me fait un peu mal au cœur. J’aimerais pouvoir faire plus pour elle, mais je ne veux pas non plus trop m’immiscer dans sa vie privée. Je me doute qu’elle ait entendu ce genre de conseils plus d’une fois et c’est probablement ce qui doit la rendre lasse. Je peux comprendre, mais je ne sais que lui dire de plus. « Ça ira Leena, prend du temps pour toi, pour réfléchir à tout cela. » C’est bien tout ce que je peux lui souhaiter après tout, qu’elle arrive à mettre les choses aux clairs avec ce fameux Rhett. Assez rapidement, on en vient à parler de ma relation. Je tente, tant bien que mal, de lui expliquer la situation sans en faire trop non plus. J’ai bien conscience que ma relation avec Cleo ressemble au scénario d’une comédie romantique pathétique et je n’ai pas spécialement envie de recevoir des regards de pitiés. Je vois le visage de Leena passer par un peu toutes les émotions et malgré tout cela me fait sourire. « C’est assez inédit en effet. » Je hausse quelque peu les épaules essayant de ne pas penser a tout cela. Si je commence à laisser mes pensées vagabonder vers Cleo, je vais me perdre dans mon monde et me couper complètement de la conversation. « On ne se parle pas vraiment, c’est vraiment assez compliqué. » répondis-je à sa question en haussant quelque peu les épaules. « On arrive à communiquer uniquement quand il s’agit de notre fille, le reste ça passe pas trop. »

C’est d’ailleurs comme cela que notre conversation tourne vers nos vies de célibataire et surtout comme on occupe nos soirées. L’idée de Leena me fait d’ailleurs assez rire. Comme si on pouvait se monter un petit club pour palier à nos soirées de solitaire. Quoique… Je suis sûre qu’elle pourrait avoir du monde. En attendant, je préfère lui proposer une soirée tous les deux. On, c’est retrouver quelque peu par hasard sur cette plage, mais il est vrai que je serais très heureux de la revoir à nouveau. On pourrait très bien se faire un restaurant entre amis ou même juste aller boire un verre au bord de la plage. Visiblement, cela semble plaire à la brunette. « J’aime bien l’idée de se retrouver pour surfer déjà. » Ce n’est pas que je n’aime pas sortir, mais il est vrai que j’ai parfois du mal à me retrouver au milieu d’une foule. Vu ce que viens de me proposer Leena elle a dû découvrir quelques boîtes de nuit ou endroit très huppé et je crois que ce n’est pas vraiment fait pour moi tout cela. « J’ai un peu du mal avec les foules, mais on pourra tenter oui. » Je souris et hoche très rapidement la tête lorsqu’elle me parle de ma fille. « Oh oui, on pourrait faire ça aussi. Je l’emmène souvent au parc quand il fait beau ou tu pourras même passer à la maison. » En parlant de tout cela, je la vois fouiller dans son sac et elle me tends son téléphone portable. Je rentre mon numéro et en profite pour prendre le sien en même temps. « Je me suis envoyé un message comme ça, j’aurais ton numéro également. » dis-je tout en lui rendant son mobile. J’en profite pour récupérer mon sac et jeter un coup d’œil sur ma montre. « Je suis désolé ma belle, mais je vais devoir y aller. Je travaille en début d’après-midi et il faudrait que je prenne une petite douche. » Je peux pas vraiment arriver au boulot en sentant le sel et la transpiration quand même. Je pourrais, mais je me sentirais quand même moins à l’aise pour faire ma journée de boulot. « Je suis vraiment content de t’avoir revu en tout cas. » Je me lève quelque peu et essuie mes mains sur ma combinaison. Je récupère ma planche et mon sac à dos tout en souriant à nouveau à Leena qui s’est lever également. Je viens embrasser sa joue doucement. « On se tient au courant alors et on se revoit rapidement ? »

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