| the other side (mariassan) |
| | (#)Mar 27 Fév 2018 - 0:11 | |
| " T'as été récupérer Gina ? " Le téléphone collé à l'oreille, j'attends patiemment la réponse de mon père. Est-ce qu'il a pris la peine d'aller chercher sa fille aujourd'hui ou vais-je devoir annuler mes plans pour m'improviser maman de substitution, une soirée de plus ? Mes index pressant le bouton '0' de l'ascenseur, j'attends la réponse de mon géniteur. En guise de réponse, c'est le gazouillement de Gina que j'entends à l'autre bout du fil et, instantanément, un sourire se dessine sur mon visage. Je ne pensais pas pouvoir aimer quelqu'un de cette manière, aussi fort, et encore moins un bébé. Je n'ai jamais été franchement douée avec les enfants mais avec elle, étrangement, c'était presque comme si tout était simple et logique. Gina est ma petite sœur mais je passe plus de temps à m'occuper d'elle qu'à prendre soin de moi ces derniers temps. " J'vais chez les Hazard-Perry ce soir, m'attends pas " Que je souffle comme s'il en a quelque chose à faire. Il n'a jamais été intéressé par ma vie en trente ans, ce n'est pas maintenant que ça va changer. Mais je préfère le prévenir quand même pour ne pas finir devant la porte ce soir à ne pas pouvoir entrer chez moi. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et je file vers le bâtiment d'ABC à quelques rues de là. Mon père finit par raccrocher, devant prendre la route pour aller faire des courses avec Gina et j'accélère le pas. J'espère que je ne vais pas louper Charlie parce que j'ai des tas de choses à lui demander et à aborder avec lui à propos du journal que je souhaitais ouvrir il y a déjà quelques temps de ça. En discuter avec Ariane l'autre soir m'a donné envie de reprendre ce projet en mains et seule, je serai incapable de le faire, surtout en étant l'assistante de ce bon vieux Keynes. Je secoue légèrement la tête quand son visage s'immisce dans mon esprit. Non, non, non. J'ai quitté le bureau, je dois le laisser derrière et il ne mérite que ça, de toute façon. On s'entendait bien jusqu'à cette soirée de Noël et franchement, je m'en serais bien passée. Venir au boulot sans avoir envie d'y aller, c'est la pire chose qui puisse exister, on ne va pas se mentir, surtout après six mois presque parfait. De toute façon, en affaire comme dans la vie, il n'y avait qu'une pièce rapportée pour foutre la merde dans une dynamique aussi saine et parfaite qu'était celle de l'équipe de GQ. Juchée sur mes talons hauts, je tourne en direction du bâtiment qui abrite les locaux d'ABC. Je connais le chemin par cœur tellement je l'ai fait depuis juillet et aussi parce que c'est là que j'ai fait l'un de mes stages il y a plusieurs années. Le journalisme radio ne m'a jamais intéressé mais l'expérience était quand même pas mal dans son genre. L'immense porte vitrée s'ouvre à mon approche et je souris à la standardiste qui me fait signe d'approcher d'elle pour m'annoncer. On ne rentre pas comme dans un moulin ici, même si j'aimerais bien éviter de devoir me présenter et de me justifier à chaque fois. Mon visage est singulier non ? Il y a vraiment autant de colombienne avec mon physique ici, à Brisbane ? " Rodriguez, j'ai rendez-vous avec Monsieur Hazard-Perry " Menteuse, t'iras en Enfer. Enfin, qui dit que je n'y suis pas déjà, vu la chaleur qu'il fait ici ? Je sors mes papiers d'identité pour prouver que je ne suis pas une folle qui viendrait faire perdre son temps à un journaliste et lorsque je peux passer, c'est d'un sourire que je la remercie. Je profite du temps dans l'ascenseur pour passer un coup de rouges à lèvres carmin tout frais sur mes lèvres ainsi que pour réajuster ma robe short bleu à imprimés turquoise et violets. Je suis ici pour voir mon ami mais tout de même. Chaque occasion est bonne à prendre pour se faire de nouveaux contacts. Je me dirige vers le bureau de Charlie et il n'y a personne dedans. Je soupire doucement et me dirige vers la terrasse où il doit sûrement se trouver. Mes talons claquent sur le sol et un sourire se dessine sur mon visage lorsque je vois un jeune homme de dos, appuyé contre la balustrade. " C'est là que tu te caches ? " Soufflais-je en passant ma main sur l'omoplate gauche de ce supposé Charles. Sauf qu'une fois à côté de lui, mes yeux cherchent son visage et.. Woaw ! C'est clairement pas Charles ! Je retire ma main comme si je venais de me brûler. " Oh mince. Pardon, je vous ai pris pour quelqu'un d'autre " Je m'excuse rapidement et mon regard s'adapte à ce visage qui me rappelle quelque chose. Et il ne me faut pas bien longtemps pour mettre un nom sur ce faciès que j'ai déjà vu de bien plus près que ça. " Hassan ? " Ça doit faire une bonne dizaine d'années que je ne l'ai pas vu mais il n'a pas changé. Il a toujours autant de charme. Un regard échangé et je suis de retour à l'université. Et ça fait du bien. Beaucoup de bien. " Qu'est-ce que tu fais ici ? T'es plus prof ? " J'avais entendu Olivia en parler à un repas il y a quelques temps de ça… Mais elle ne m'avait pas tout dit, visiblement.
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| | | | (#)Jeu 15 Mar 2018 - 0:07 | |
| Lentement les choses avaient repris leur place initiale, et d’une place prépondérante de seule occupation estivale – faux, d’avoir eu la charge des deux mouflets d’Olivia et Qasim pendant quinze jours et d’avoir mis à disposition ses talents de bricoleurs chez Ginny en avaient été, aussi – son boulot chez ABC avait retrouvé sa place d’occupation annexe, le favoritisme d’Hassan pour son « vrai boulot » d’enseignant à peine voilé et pleinement assumé si on lui en touchait deux mots. Il avait appris à trouver ses marques aux studios, à se prendre au jeu, et à aimer les perspectives et les occasions qui lui étaient offertes de mettre en pratique ce qu'il passait d'ordinaire son temps à enseigner ; Mais si l'équilibre actuel lui convenait, plus qu'il ne l'aurait même imaginé à une époque, l'enseignement restait sa véritable vocation. Et c'était fou au fond, comme un parcours professionnel tenait parfois à rien, comme un choix fait il y avait de cela des années avait guidé tout ce à quoi il se consacrait aujourd'hui. « Aimer votre travail ne doit pas être une excuse pour l'utiliser comme rempart aux autres composantes de votre vie. » Vraiment ? Roulant des yeux sans même s'en cacher, Hassan avait adressé au psy un sourire teinté d'ironie avant de faire remarquer « Venant de quelqu'un dont le cabinet est situé juste en-dessous son appartement, et dont l'épouse exerce le même métier dans le cabinet de l'autre côté du couloir … Vous me permettrez de trouver le reproche un peu abusif. » Sans sourciller, et en conservant ce calme apparent que même quelqu'un d'aussi posé qu'Hassan finissait par trouver crispant, l'homme avait repris « Il ne s'agit pas d'un reproche. La dernière fois vous m'aviez parlé d'un besoin de combler l'ennui … C'est un besoin toujours présent ? » Marquant un temps d'hésitation, haussant vaguement les épaules, le brun s'était entendu souffler « Je ne connais personne qui apprécie de s'ennuyer. Soit on s'occupe, soit on … » Ressasse. Et il savait y faire, Hassan, ressasser encore et encore. S'y laisser glisser sans pouvoir rien faire chaque fois que le cerveau n'était pas occupé ailleurs, une copie à corriger, un polycopié à terminer, peu importe. Il savait y faire et il savait où cela menait irrémédiablement, ce qui lui pendait au nez s'il laissait couler. Alors retour à la case départ, le psy et sa façon d'enfoncer des portes ouvertes, les cachetons comme pansements sur une jambe de bois, et des questions dont Hassan connaissait déjà les réponses mais dont, simplement, celles-ci ne lui plaisaient pas. « J'ai une réunion dans une heure. » Au fond peut-être bien qu'il utilisait effectivement son boulot comme excuse derrière laquelle se cacher. Il aurait probablement le temps de méditer là-dessus sur le trajet jusqu'aux locaux d'ABC, le renouvellement d'ordonnance soigneusement rangé dans la poche intérieure de son blouson, et la moto qui filait sans demander son reste jusqu'à Spring Hill. Et la réunion qui s’étirait, s'étirait, la voisine de droite griffonnant de petits personnages dans l'une des marges de son bloc-notes et celui de gauche attaquant tellement le carton de son gobelet de café vide qu'il finirait probablement en lambeaux. La délivrance finalement tenait en la conclusion de ce qui les tenait tous agglutinés dans une pièce sans fenêtres, dont on s'échappait en poussant un soupir de soulagement que l'on espérait n'avoir pas été trop expressif, avant d'appeler l'ascenseur avec le besoin urgent de prendre l'air et, pour ce qui était d'Hassan, de s'accorder une pause nicotine qu'il voyait peu à peu devenir moins occasionnelle qu'elle n'aurait dû le rester. Mais que risquait-il à la clef après tout ? Un cancer ? So 2014. « C'est là que tu te caches ? » En même temps que la question, la main atterrissant avec légèreté sur son épaule l'avait fait se retourner, sur une bouche savamment habillée de rouge d'abord puis sur un regard confus « Oh mince. Pardon, je vous ai pris pour quelqu'un d'autre. » À l'évidence, qu'il s'apprêtait à répondre sans rancune, mais la scrutant comme elle le scrutait, la réalisation de celle et celui à qui ils avaient affaire semblait les avoir frappé l'un et l'autre à la même seconde avec presque autant de précision que la foudre. « Hassan ? » - « Marianna ? » Et avec le coup de vieux dans la figure qui allait avec, en prime, parce qu’il y avait une bonne décennie que l’un et l’autre n’avaient pas eu l’occasion de se croiser, et qu’à faire mentalement le calcul, ça piquait un peu. « Qu’est-ce que tu fais ici ? T’es plus prof ? » Dégainant la première, la jeune femme lui avait arraché un sourire amusé et le « On est bien renseignée, à ce que je vois. » qui allait avec, avant d’écraser son mégot pour le jeter dans le grand cendrier non loin d’eux et de prendre un air sérieux pour répondre « Naaan, trop de vacances, trop peu d’heures de cours. Prof, quel métier de feignant. » et tordre ainsi le coup à tous les jugements hâtifs que tout prof qui se respectait avait déjà eu l’occasion d’entendre, avec plus ou moins de malveillance. Retrouvant malgré tout rapidement son sourire et la volonté de donner une réponse plus sérieuse à la question, il avait repris « Non plus sérieusement, je bosse simplement ici en parallèle, on m’a proposé un poste de consultant. » Le mystère résolu quant à sa propre présence sur ce toit, lui était en revanche en droit de se poser la question au sujet de la jeune femme, et à son tour il avait questionné « Olivia aurait oublié de me mentionner que tu bossais pour ABC ... ? » Cela lui semblait cela dit assez peu probable. Reste qu’un autre fait avancé par la sud-américaine n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd, raison pour laquelle Hassan avait enchaîné « Tu cherchais quelqu’un ? » Pas qu’il n’ait la prétention de connaître chaque âme qui travaillerait dans ces murs, mais sait-on jamais, sur un malentendu.
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| | | | (#)Lun 2 Avr 2018 - 11:29 | |
| Vivre à cent à l'heure, ça a toujours été mon truc. Se lever, se préparer, conquérir le monde. J'ai toujours été comme ça mais depuis que Gina est dans ma vie, mon monde est bien bouleversé. Il m'a fallu du temps pour m'y habituer mais j'ai fini par le faire. J'ai fini par accepter de devenir une grande sœur / mère de substitution pour cet enfant parce que c'est comme ça. Et c'est comme ça que je m'inquiète de savoir si mon père, son père a été la chercher et si je ne suis pas – encore – obligée d'annuler mes plans pour aller m'occuper d'elle. C'est si courant que mes amis ont l'habitude que je les plante, que je repousse nos rendez-vous voire que j'emmène la petite avec moi. Elle est habituée à aller à droite, à gauche, à gazouiller et jouer dans un coin pendant que grande sœur boit un verre de vin à l'autre bout de la pièce. Pas ce qu'il y a de plus responsable mais je n'ai pas signé pour ça : je n'ai pas accouché de ce petit être et je fais de mon mieux. Des fois, ce n'est pas assez mais c'est tout ce que je peux donner. En tout cas, cette fin d'après-midi / début de soirée s'annonce plutôt bien. Tranquille, prête à aller chez Chaminou pour squatter sa piscine et discuter avec lui une bonne partie de la soirée voire même de la nuit. Je suis sûre qu'il a des tas de choses à me raconter et je suis toujours une bonne oreille – surtout après deux ou trois verres de vins. Et c'est à croire que j'ai déjà commencé les festivités parce que je me dirige vers un homme que je prends pour Charlie. Mais quand son visage se tourne vers moi, je me demande comment j'ai pu croire qu'il s'agissait de mon ami anglais. " Marianna ? " On se reconnaît mutuellement et en même temps. Je souris largement en acquiesçant. Ça fait vraiment beaucoup de bien de le voir. C'est bizarre mais tellement agréable, je ne peux pas mentir. Oh mon dieu. Et je sais pourquoi je continuais de demander de ses nouvelles à Olivia quand je l'avais au téléphone. Il avait toujours été sympa, agréable à regarder et à côtoyer. Et il n'avait pas changer. Les hommes, c'est comme le bon vin alors : alors l'âge, ils se bonifient. On dit ça des femmes en temps normal mais j'adapte ce proverbe à ma situation. " On est bien renseignée, à ce que je vois " J'hausse les épaules, le visage légèrement penché vers la droite comme pour dire que je plaide coupable. Rares sont les personnes qui m'intéressent et dont la vie m'intéresse mais il en fait partie, je ne peux pas le nier. C'est comme ça. " Naaan, trop de vacances, trop peu d'heures de cours. Prof, quel métier de feignant " Quel jugement hâtif ! Mais je reconnais bien l'ironie dans tout ça. À aucun moment un professeur se plaindrait de ça. Non, ils sont plutôt du genre à se plaindre qu'ils travaillent beaucoup chez eux et qu'au final, ils ne gagnent pas tant que ça. Franchement, ces pauvres petits professeurs qui sont contraints à corriger des copies chez eux, à préparer leurs cours dans leur salon, une boisson à portée de mains, avec tout le confort du monde. " Non plus sérieusement, je bosse simplement ici en parallèle, on m’a proposé un poste de consultant " Ça c'est un homme à marier. Double emploi, un visage à faire craquer n'importe quel être humain… Il n'y a que la cigarette qu'il vient d'éteindre qui noircit le tableau mais bon. Ça peut s'arranger. Pour lui et pour sa santé. Ainsi que pour l'odeur qu'il dégagera une fois que le temps sera moins clément. On sait tous que le tabac froid, ça sent mauvais. {color=crimson]" Tu vis toujours à 100 à l'heure alors. Liv ne m'a pas menti "[/color] Parce qu'on ne va pas se voiler la face, je lui avais demandé pourquoi elle ne l'invitait jamais en même temps que moi. Juste pour le revoir, pour passer un bon moment parce que les souvenirs que j'avais de lui n'étaient que positif. Et puis, c'était notre amie commune qui nous avait présenté à l'époque alors bon, autant entretenir la chose non ? " Olivia aurait oublié de me mentionner que tu bossais pour ABC ... ? " Je n'ai jamais eu l'ambition ni l'envie de bosser pour ABC. Sûrement un peu trop loin de ce que j'aimais vraiment, de celle que j'étais. L'information, ce n'est pas trop mon truc. Et pourtant, j'ai un diplôme en journalisme et bon, comment dire que l'information est la base du journalisme, qu'elle soit vraie ou fausse. " Tu cherchais quelqu’un ? " J'acquiesce rapidement et enchaîne, muette depuis trop longtemps. " Oui, je suis venue chercher Charles Hazard-Perry. Mais il doit encore être en train de bosser, ce n'est pas très grave… Je suis en bonne compagnie " Soufflais-je en passant une main dans mes cheveux pour ôter cette fichue mèche qui me barre le visage depuis ce matin. Le lissage rapide entre un biberon de lait et un changement de couche n'est pas l'idéal. " Du coup, non, je ne bosse pas ici. Je bosse pour GQ Magazine depuis mi-juillet. Mais bon, si vous avez une place de libre pour être assistante de l'éditrice ou quoi … Je serai presque prenante " Juste pour la forme, juste pour les collègues et la vue. Parce que même si ce n'est pas tous les jours faciles avec Jamie, j'aime mon travail et le professionnalisme qui découle de cette drôle de relation qui nous unit, lui et moi. " Comment vas-tu depuis toutes ces années alors ? " Marié, en couple, célibataire ? Oui, c'était essentiellement ça qui m'intéressait parce que mon cerveau – ou plutôt mes hormones – se mettaient en route trop rapidement. Mais je ne suis pas là pour ça et si nous avons pu partager un moment intime il y a quelques années, tout est plutôt différent aujourd'hui. Dix ans de plus. Et puis la vie. Je suis la même et il a sûrement changé. Il a changé, ça se voit dans sa gestuelle que je ne peux pas m'empêcher de détailler le plus discrètement que je le peux. " ABC et l'université donc… Tu ne dois plus avoir beaucoup de temps pour toi " Soufflais-je en m'appuyant sur la rembarre, le regard au loin. Busy, busy, busy. Pas de temps pour soi. Du temps seulement pour le plus important : la passion. Et c'est un tableau que je ne connais que trop bien.
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| | | | (#)Mar 1 Mai 2018 - 13:06 | |
| Brisbane était une grande ville, certes, mais pour autant Hassan restait persuadé qu’elle ne l’était pas suffisamment pour que soient qualifiées d’infimes les chances de retomber par hasard sur un visage connu, peu importe qu’on ne l'ait pas vu depuis quelques semaines ou quelques années. Les habitudes et les cercles de connaissances s’enchevêtraient de telle manière que retomber les uns sur les autres devenait, passé un certain âge, une possibilité : et Hassan avait assurément atteint cet âge. La surprise de retomber par hasard sur Marianna passée, le brun s’était donc simplement payé le luxe d’une brève plaisanterie concernant sa situation professionnelle, une situation professionnelle occupée, pourrait-on dire. « Tu vis toujours à cent à l’heure alors. Liv ne m’a pas menti. » lui avait d’ailleurs fait remarquer la jeune femme en esquissant un brin de sourire, le « Elle t’a dit ça ? » échappant au professeur à la fois surpris et reconnaissant que sa belle-sœur prenne la peine de tourner les choses de cette façon auprès d’autrui plutôt que de balancer à quel fiasco ressemblait actuellement son existence. Mais puisqu’ils en étaient à mentionner la blonde, Hassan avant questionné tout en sachant peu probable qu’Olivia ait oublié de lui mentionner la présence de Marianna chez ABC ; Non, elle cherchait probablement quelqu’un. « Oui, je suis venue chercher Charles Hazard-Perry. Mais il doit encore être en train de bosser, ce n'est pas très grave … Je suis en bonne compagnie. » Le sourire réceptif à la dernière réflexion, Hassan avait machinalement remis en place la montre à la fâcheuse tendance à tourner autour de son poignet, puis renseigné « Il avait une autre réunion après celle dont on sort à peine, elle ne devrait pas trop s’éterniser. » Dieu seul sait ce qu’il entendait par trop s’éterniser, cela dit, mais c’était bien le souci avec les réunions : un peu c’était utile, trop c’était de la gourmandise. Réprimant l’envie inutile de savoir comment Marianna connaissait l’un de ses anciens élèves, le brun l’avait plutôt laissée continuer et répondre à l’autre de ses deux questions « Du coup, non, je ne bosse pas ici. Je bosse pour GQ Magazine depuis mi-juillet. Mais bon, si vous avez une place de libre pour être assistante de l'éditrice ou quoi … Je serai presque prenante. » Si la mention de GQ l’avait fait tiquer – pour ce qu’il estimait être de mauvaises raisons – Hassan n’en avait rien laissé paraître, et par taquinerie plus que pour autre chose il avait appuyé un « Presque ? » tatillon avant d’ajouter, le fin sourire aux lèvres « Ça ne chôme pas non plus de ton côté, si je comprends bien. » Aucune chance que l’on ait le temps – ou même le droit – de se tourner gentiment les pouces en travaillant pour un magazine de cette trempe ; Et pour autant qu’il se souvienne Marianna était tout sauf le genre à se reposer sur ses lauriers. « Comment vas-tu depuis toutes ces années alors ? » Question un poil piège pour lui, mais fort heureusement suivie presque aussitôt d’un « ABC et l'université donc … Tu ne dois plus avoir beaucoup de temps pour toi. » suffisant pour lui permettre de noyer le poisson et de hausser vaguement les épaules « Ça occupe, mais j’ai toujours autant de mal à tenir en place, ça c’est quelque chose qui n’a pas changé. » Elle l’avait connu ainsi, au fond, au four et au moulin entre les cours, l’équipe de rugby, le BDE et les soirées étudiantes, en donnant l’air de ne pas avoir une minute à lui et malgré tout pas prêt à en lâcher le moindre centième. Et quoi de plus facile alors, d’ailleurs, pour jouer l’autruche et se persuader que c’était son psy qui voyait le mal partout en l’accusant de … Faire l’autruche, justement. « Je suis assez surpris de te savoir toujours à Brisbane, cela dit. » qu’il avait alors admis, comme pour détourner au passage la conversation sur elle. « Je t’aurais imaginé par monts et par vaux, un calepin dans une main et dans l’autre un stylo aussi aiguisé que ta paire de talons. » De quoi aiguiser aussi sa langue, qu’il savait bien pendue et allant de pair avec le caractère incendiaire dont elle lui avait laissé le souvenir. « T’as le temps pour un café, en attendant Charles ? » Celui de la cafétéria du personnel, pour sûr, bien plus digeste que la soupe de la machine à café du hall, qu’il n’oserait pas proposer même à son pire ennemi. Quoi que. « Vous vous connaissez depuis longtemps ? » Charles et elle, obviously. Encore la théorie des cercles de connaissances qui convergeaient.
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| | | | (#)Sam 2 Juin 2018 - 23:42 | |
| C'est quand même plutôt bizarre de croiser Hassan mais ça me fait plaisir. On ne s'est pas vu depuis des lustres et quand je demande de ses nouvelles à Liv, elle répond toujours avec enthousiasme. Mais pas assez d'enthousiasme pour nous inviter tous les deux à un repas en même temps. Je sais pas moi, on pourrait s'éviter bien des soucis et on polluerait moins de faire un co-voiturage en direction de chez mon amie. Oui, je rêve un peu mais je pense sérieusement qu'elle pourrait faire un peu plus d'effort. Enfin, je n'ai pas eu besoin d'elle sur ce coup et je suis bien contente là-dessus. " Elle t'a dit ça ? " Je souris et acquiesce légèrement. Et à chaque fois que je cherche à en savoir plus, elle me dit que je n'ai qu'à me pointer à l'université et voir où le vent me mène. Sauf que je ne suis pas comme ça, je ne stalke pas les gens, j'attends qu'ils viennent à moi. Et c'est un peu ce qui arrive aujourd'hui. Enfin, c'est moi qui arrive à lui mais l'idée est presque la même, je ne cherchais pas à le voir. C'est même la dernière personne que je m'attendais à croiser ici. Il faut croire qu'à chaque fois que je vais pour croiser mon ami, je tombe sur des personnes de son entourage plus ou moins proches. Son frère l'autre et maintenant... Ah, sacré Charles ! " Il avait une autre réunion après celle dont on sort à peine, elle ne devrait pas trop s’éterniser " J'hausse les épaules, comme pour signifier que je m'en fiche pas mal que cette réunion prenne encore dix minutes ou quarante. Je peux attendre un peu et quand la compagnie est bonne, on ne voit pas passer le temps et ça, c'est plutôt cool. On a surement des tas de choses à se dire avec Hassan, des tas de choses à rattraper pendant toutes ces années de silence. Il faut vraiment que j'arrête de faire ça, de ne penser qu'à mon petit nombril et au présent. Le futur c'est cool aussi, bien que je vive au jour le jour. Planifier, prévoir, analyser, étudier... C'est bien pour le boulot mais ça s'arrête là. " Presque ? " J'aime bien trop mon poste et mon environnement de travail pour déguerpir du jour au lendemain mais bon, je ne suis pas folle. Si l'offre est alléchante, peut-être que je changerais de boss. Ce n'est pas d'actualité et alors que Jamie a fait un pas en avant vers cette relation personnelle-amicale que j'aimerais avoir avec lui, je ne vais pas le poignarder de la sorte. Un peu trop fidèle sur ce coup, ça ne me ressemble pas. " Ça ne chôme pas non plus de ton côté, si je comprends bien " Je souris un peu plus et souffle légèrement. " On ne change pas les bonnes habitudes tu sais... Et puis, ce n'est pas en me tournant les pouces que je vais conquérir le monde du journalisme " Que je lance avant de rire quelques secondes. " Disons que c'est un stop sur ma route du succès " Et je ne suis pas mécontente de l'expérience que cela m'apporte. Ce n'est pas joyeux tous les jours, surtout les longues semaines qui ont suivi la soirée secret santa de GQ. On va dire qu'attaquer la petite amie de la boss n'était pas l'idée du siècle mais que voulez-vous... Quand une latine n'a pas ce qu'elle veut... Ça ne finit jamais bien. À force de persévérance et d'acharnement, j'obtiens toujours ce que je souhaite, c'est la base. Enfin, parler de moi c'est bien mais j'ai envie d'en savoir plus sur Hassan. Son statut de professeur a toujours été un léger turn on pour moi et là, de le savoir jongler entre ces deux emplois, ça a le don de me titiller quelque peu. Je veux en savoir plus, j'aimerais en savoir plus mais je ne peux pas forcément y aller franc jeu. Droit au but, c'est avec mes plus proches amis, ceux que je connais depuis si longtemps qu'ils ne seront pas vexés par mes questions indiscrètes. " Ça occupe, mais j’ai toujours autant de mal à tenir en place, ça c’est quelque chose qui n’a pas changé " Je le regarde et penche légèrement la tête de côté. Quelque chose qui n'a pas changé ? Donc le reste oui ? Des tonnes de questions me brûlent les lèvres mais je me retiens. Plus tard Marianna, plus tard. Fais durer la conversation, fais durer ce moment et Dieu seul sait où tout ça finira. " Rugby ? Toujours ? " Parce que ça m'a toujours fait craquer et s'il me répond par la négative, vous pourrez entendre mon coeur se décrocher et finir sur le sol. Les rugbymen... C'est quelque chose d'indescriptible pour moi. Et ce crétin de Priam ne me présente jamais son équipe. Il va peut-être falloir que je lui fasse comprendre que j'aimerais bien son coup de pouce. Je peux faire mon maximum de mon côté mais à un moment, je vais avoir besoin d'un peu d'aide. " Je suis assez surpris de te savoir toujours à Brisbane, cela dit " Il semblerait que la conversation revienne vers moi. " Oh ? " Et il éclaircit vite sa pensée, m'arrachant un sourire de fierté. " Je t’aurais imaginé par monts et par vaux, un calepin dans une main et dans l’autre un stylo aussi aiguisé que ta paire de talons " Étonnement, bouger n'a jamais été trop mon dada et je ne saurais dire pourquoi. Je suis peut-être trop bien ici. Trop bien dans cette ville, trop bien dans ma vie. Et je sais ce que ça annonce : l'installation de la monotonie et de l'ennui. Il va falloir remédier rapidement à tout ça. " Le poste d'assistante est temporaire alors qui sait, peut-être que je filerais bientôt pour de nouveaux horizons... Avec un binôme ça serait vraiment le top, on ne va pas se mentir " Et c'était sûrement ça qui m'avait retenu pendant toutes ces années ici. Je suis bien ici, certes, mais je ne suis pas seule. Et la chose qui me fait le plus peur au monde c'est bien ça ; finir seule. Sans amis. Parce que le reste, ça n'a pas grande importante pour moi. " Je me plais pas mal ici et dans ce que je fais mais ce poste est temporaire alors peut-être que ma prochaine aventure se passera à l'autre bout du pays " Ou du globe, je ne sais pas trop. Travailler avec Jamie est une chance folle et je le sais. J'apprends plus à ce poste qu'en huit ans d'études, je tente de tout emmagaziner pour envoyer du lourd lorsque mon propre magazine verra le jour mais... pour le moment, je suis coincée ici avec ma petite soeur. " T'as le temps pour un café, en attendant Charles ? " Je souris et tourne les talons en direction de la cafétéria. " Bien entendu. J'ai toujours du temps pour les Jaafari " Liv, sa famille et Hassan. C'est le Jaafari que j'ai le moins vu ces dernières années alors c'est celui pour qui j'ai le plus de temps. " Vous vous connaissez depuis longtemps ? " J'entre dans l'espace de travail et le suis jusqu'à la cafétéria. Légèrement plus petite que celle de GQ mais tout à l'air plus... clair et agréable ici. Ou c'est la présence d'Hassan qui fait ça. " Oui je l'ai rencontré à la fac il y a quelques années de ça maintenant, à son arrivée " Et comme beaucoup d'hommes, je ne me suis intéressée à lui qu'après avoir fini dans son lit. Ou le mien, je n'en sais trop rien. " Il a une sacré plume et tu me connais, je ne m'entoure que de la crème de la crème alors forcément... Je ne pouvais pas laisser passer ce petit anglais ! " La chose la plus importante pour moi est le travail et le journalisme. Alors bon, quand je croise des gens avec les mêmes centres d'intérêts que moi et qui ont du talent... Je suis un peu comme une moule à son rocher. Bien que j’essaie toujours de faire croire que je suis la rocher et eux, sont les moules. C'est comme ça... " Mais assez parlé de Charles. Il est bien gentil mais ce n'est pas en sa compagnie que je suis " Que je souffle doucement en souriant à Hassan. " Qu'est-ce que tu fais toujours à Brisbane toi ? Je suis sûre que des profs comme toi on en recherche partout... tu n'aurais aucun mal à trouver un emploi à l'autre bout du globe " Il a peut-être quelque chose - pour ne pas dire quelqu'un - qui le retient. " Je m'imagine de plus en plus quitter Brisbane une fois ma soeur sera un peu plus grande. Ou que sa mère prendra le rôle qui lui a été assignée en accouchant " Et c'est bizarre mais c'est vrai. Brisbane c'est génial mais peut-être que ce n'est pas assez grand pour moi, pour ma vie, pour mes projets personnels. Je dois voir plus grand. C'est le poste de Jamie que je veux et pas celui de son assistante. C'est aussi simple que ça.
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| | | | (#)Jeu 21 Juin 2018 - 0:05 | |
| Sans grande surprise, les années écoulées n'avaient pas entachées la réputation de l’un et de l’autre à être deux jeunes gens occupés, et au moment de comparer leurs états de service ni elle ni lui ne semblaient avoir le temps de chômer. Mais loin de s’en lamenter, la brune avait offert un haussement d’épaules insolent en justifiant « On ne change pas les bonnes habitudes tu sais ... Et puis, ce n'est pas en me tournant les pouces que je vais conquérir le monde du journalisme. Disons que c'est un stop sur ma route du succès. » Riant volontiers pour lui emboîter le pas, et se satisfaisant de cette explication qui, somme toute, faisait sens, il avait offert un hochement de tête affirmatif lorsqu'elle avait questionné « Rugby ? Toujours ? » mais s’était malgré tout senti l'obligation de faire preuve du minimum syndical d’honnêteté en admettant « Toujours. J’ai dû faire une pause quelques temps, mais d’entraîner les mômes sans courir moi-même sur un terrain commençait à devenir frustrant alors je me suis laissé convaincre de rechausser les crampons. » Et parmi toutes les tuiles et les contrariétés venues empiéter sur sa vie des derniers mois, d’avoir retrouvé la satisfaction d’un essai transformé à la perfection, d’un drop bien effectué ou d’une douche brûlante après un entraînement éreintant n’avait pas de comparaison. Revenant à elle dans cette capacité qu’avait Hassan à toujours faire dériver la conversation ailleurs que sur lui, il n’avait pas caché l’étonnement de la savoir ancrée à Brisbane, lui qui l’avait longtemps imaginée comme ces gens avec la bougeotte et trop de curiosité à revendre pour se contenter d’un seul et unique port d’attache. Mais la vie n’était pas toujours telle qu’on l’avait envisagée après tout, fut un temps lui aussi aurait été persuadé de ne pas couler ses jours tranquilles dans la ville qui l’avait aussi vu naître, mais des carrefours de vie auxquels il avait fallu faire des choix en avaient décidé autrement. « Le poste d'assistante est temporaire alors qui sait, peut-être que je filerais bientôt pour de nouveaux horizons ... Avec un binôme ça serait vraiment le top, on ne va pas se mentir. » avait-elle alors nuancé à son propre sujet, avant d’ajouter « Je me plais pas mal ici et dans ce que je fais mais ce poste est temporaire alors peut-être que ma prochaine aventure se passera à l'autre bout du pays. » Temporaire, elle insistait sur la formulation sans que l’on sache bien si c’était l’interlocuteur ou elle-même qu’elle avait besoin de convaincre, mais trop prévenant pour se permettre de le faire remarquer le brun avait préféré rebondir sur la recherche du binôme évoquée juste avant « C’est peut-être le moment de partir en chasse, du coup. Histoire de jauger les potentiels compagnons de route. » Inutile de préciser qu’on ne se cassait pas à l’autre bout du pays avec quelqu’un sans être certain de pouvoir le supporter même dans ses pires moments. Proposant finalement à Marianna de lui offrir un café en attendant que Charles termine avec sa réunion – et dieu sait qu’Hassan s’était largement contenté d’une seule, lui – il avait répondu par un sourire entendu lorsque la brune avait affirmé « Bien entendu. J'ai toujours du temps pour les Jaafari. » et quittant la terrasse il l’avait menée jusqu’à la cafétéria du personnel, assurance d’avoir à se mettre sous le palet un café de meilleure facture que celui proposé aux visiteurs de passage. Profitant du court trajet pour se renseigner sur la manière dont elle et son ex-poulain se connaissaient, il l’avait écoutée expliquer « Oui je l'ai rencontré à la fac il y a quelques années de ça maintenant, à son arrivée. Il a une sacré plume et tu me connais, je ne m'entoure que de la crème de la crème alors forcément ... Je ne pouvais pas laisser passer ce petit anglais ! » et hoché la tête tandis qu’arrivait leur tour de commander et qu’il troquait le café contre un thé à la menthe plus qu’habituel chez lui, avant de laisser Marianna demander ce qu’elle souhaitait et de régler leurs boissons à tous les deux. Alors qu’ils s’installaient sur les canapés de l’un des coins détentes, leur gobelet à la main, elle avait néanmoins décrété « Mais assez parlé de Charles. Il est bien gentil mais ce n'est pas en sa compagnie que je suis. Qu'est-ce que tu fais toujours à Brisbane toi ? Je suis sûre que des profs comme toi on en recherche partout ... tu n'aurais aucun mal à trouver un emploi à l'autre bout du globe. » Prenant le temps de s’asseoir et de donner au thé la première gorgée qui confirmait qu’il était encore trop chaud, le professeur avait dodeliné un instant la tête et répondu d’un ton un brin plus évasif qu’il n’en avait l’intention « J’ai accepté d’enseigner un semestre à l’université de Téhéran, il y a quelques temps, mais en fin de compte je crois que ça m’a permis de réaliser que j’étais plus casanier que je le pensais ... Et puis la vie, les obligations. J’ai toujours eu trop de choses pour me retenir sur ce caillou australien. » Il ne se sentait pas prisonnier pour autant, cela dit. Ses choix de vies avaient été faits en âme et conscience, et en connaissance de cause ; Privilégier son mariage et la possibilité d’une vie de famille à sa carrière, c’était un choix assumé et qu’il ne regrettait pas, même aujourd’hui. « Mais ça ne m’empêche pas d’accepter quelques séminaires ici et là de temps à autres, en Australie ou ailleurs. Ça me paraissait être le bon compromis, et de ce point de vue-là ABC et Amnesty proposent aussi des perspectives intéressantes. » Il ne savait pas si au milieu de ce qu’elle avait dit ou non Olivia aurait aussi mentionné Amnesty International, mais peu importe, ce n’était pas véritablement le sujet. « Je m'imagine de plus en plus quitter Brisbane une fois ma soeur sera un peu plus grande. Ou que sa mère prendra le rôle qui lui a été assignée en accouchant. » avait de son côté fait savoir Marianna, puisqu’ils en étaient à témoigner de leur envie plus ou moins relative d’évasion. Fronçant les sourcils, Hassan avait fait remarquer « Je n’avais pas souvenir que tu avais une sœur. » tout en se demandant du coup ce qu’elle entendait par un peu plus grande. « C’est ton premier job journalistique, GQ ? Ou bien t’as eu d’autres expériences temporaires avant celle-là ? » Il était curieux, finalement. Après tout Olivia semblait lui avoir conté les périples de sa vie professionnelle mais s’était bien gardée de lui rendre la pareille, alors une mise à niveau ne ferait pas de mal.
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| | | | (#)Sam 4 Aoû 2018 - 21:05 | |
| Des années sans se voir et pourtant rien n'a réellement changé. D'un point de vue professionnel du moins. Les cours, le journalisme et je souriais doucement de savoir qu'il continuait toujours d'entrainer des gosses au rugby. C'est quelque chose qui me fascine tellement. Ce sport, plutôt physique et 'violent' ne colle pas du tout avec l'image du professeur qu'Hassan dégage. Et pourtant, ça lui va si bien. Je l'imagine si bien, dans son short, à courir, la balle sous le bras. Et peut-être que ça m'émoustille un peu. C'est pas de ma faute. Je sais que les rugbyman ont de très jolies cuisses musclées - plus ou moins selon leur poste - et ça, c'est mon petit faible à moi. On a tous un point faible, quelque chose qui nous fait craquer et voilà le mien. Enfin, en matière de gente masculine. Parce que chez les femmes, c'est bien différent. Mais la question n'est pas là, loin de là même. " Et tu joues avec qui alors ? Que je vienne te voir un jour ou l'autre " J'avais promis à Priam de venir le voir dès que j'avais le temps pour l'encourager et j'allais faire de même avec Hassan. Il fallait juste que je trouve du temps pour tout coordonner. Ce n'est pas facile avec le boulot qui me prend de plus en plus de temps. On approche des périodes critiques, des sorties de collections, des fashion week alors forcément, c'est la course. Et, à côté de ça, je reprends doucement la main de mon propre magazine. Mais j'ai besoin d'aide et je le sais. La première étape de la résolution de mon programme est donc en route : j'ai reconnu avoir un problème et cherche une solution. " C’est peut-être le moment de partir en chasse, du coup. Histoire de jauger les potentiels compagnons de route " Je souris et lâche à voix mi-basse, comme si je lui confessais mon pire pécher " Pourquoi crois-tu que je cherche Charles ? " Certes l'anglais est un ami, j'apprécie passer du temps avec lui mais on ne va peut-être pas abuser. J'ai besoin de lui parler du magazine et de voir ce qu'il en pense, si ça le tente toujours ou non. Et rapidement Hassan cherche à savoir comment je connais Hazard-Perry. Rien à cacher. Une rencontre à l'université et puisqu'il se rapproche dangereusement de ce que j'appelle la perfection journalistique, je n'ai pas pu le laisser filer comme j'en ai laissé filé des dizaines. Le meilleur et c'est tout. C'est d'ailleurs pour cela que je travaille pour Jamie pour le moment. GQ est l'un des meilleur magazine au monde et mon boss, aussi con peut-il être, semble être le meilleur dans son métier. Après tout, les gérants de GQ Magazine n'auraient jamais embauché un abruti, on ne va pas se voiler. Il n'y a pas de secrets, on ne fait pas un magazine d'enfer avec un staff bas de gamme. Mais enfin, assez parlé de moi, de mes projets, de Charles et de tout ce qui me concerne. Ça me fait bien trop plaisir de croiser Hassan pour ne pas en savoir plus sur lui. Liv n'est jamais très bavarde sur son beau-frère, que voulez-vous. " J’ai accepté d’enseigner un semestre à l’université de Téhéran, il y a quelques temps, mais en fin de compte je crois que ça m’a permis de réaliser que j’étais plus casanier que je le pensais ... Et puis la vie, les obligations. J’ai toujours eu trop de choses pour me retenir sur ce caillou australien " Ça se comprend. Il y a quelques mois je n'aurais clairement pas eu ce discours mais aujourd'hui, c'est différent. J'ai Gina. Et je ne peux pas la laisser seule. Alors pour le moment, c'est ici que je vais tenter de m'épanouir. " Mais ça ne m’empêche pas d’accepter quelques séminaires ici et là de temps à autres, en Australie ou ailleurs. Ça me paraissait être le bon compromis, et de ce point de vue-là ABC et Amnesty proposent aussi des perspectives intéressantes " Un sourire se dessine sur mon visage. " Voyager, partager tout en ayant un point d'accroche " C'était plus une réflexion qu'autre chose. Mais je me doutais bien que c'était vraiment ce dont il s'agissait. Il avait fait des tas de choses, il avait bougé mais sa maison c'était ici. " C'est cool en tout cas, de pouvoir tout conjuguer " Soufflais-je avant de boire une gorgée de mon café. C'était ça qui me faisait peur plus qu'autre chose avec l'envie de reprendre le magazine, c'était la peur de ne pas pouvoir tout conjuguer. Ma vie personnelle/privée aussi minime soit-elle, ma soeur, GQ, les humeurs de mon boss et mon projet. Trop de choses pour une seule personne. Il fallait que je vive au présent mais j'avais du mal. " Je n’avais pas souvenir que tu avais une sœur " Je soupire doucement et croise les jambes, me redressant légèrement. Très long chapitre, ça aussi. Le genre de chapitre qu'on a envie de sauter pour avancer plus vite. Mais Gina, je ne peux pas l'oublier, je ne peux pas passer par dessus parce qu'elle est bien trop importante. " C’est ton premier job journalistique, GQ ? Ou bien t’as eu d’autres expériences temporaires avant celle-là ? " Une nouvelle gorgée de ma boisson et je réponds à ses interrogations, un rictus collé sur le visage. Si ça m'agacerait de faire un état de mon CV et de ma vie à qui que ce soit, ce n'est pas le cas avec le jeune Jaafari. Hypnotisant, regard planté dans le sien, je suis une enfant face à un crush retrouvé. " Gina a bientôt un an. Elle pourrait être mon microbe mais bon, je ne suis pas folle. Pas à ce point " Aucune envie d'avoir un enfant à moi. Ça va pas la tête. Je n'ai pas le temps. Ma carrière avant tout. Et elle occupe assez bien mes journées. Sans parler que pour avoir un enfant, il faut être deux. Là aussi, ça risque d'être compromis. " J'étais en free lance pendant trois ans, pendant la fin de mes études. Le jour où je trouverais quelque chose qui me tente vraiment, ça ne sera plus temporaire " Et je ne voyais qu'une seule issue à cette temporalité. " J'ai pas changé là dessus. Je suis incapable de me contenter d'un "super" job. Je veux le travail de mes rêves, je veux le job qui me fera me lever tous les jours en ayant hâte de quitter la maison pour s'enfermer dans un bureau ! Ça prend du temps. Pas facile de satisfaire une éternelle insatisfaite " Et j'hausse les épaules avec un petit sourire. Nouvelle gorgée et mon portable sonne dans mon sac à main. Je m'excuse rapidement auprès d'Hassan et réponds, le numéro de mon père s'étant affiché. Ce n'est jamais bon signe quand il m'appelle. La conversation est courte, bourrée d'insultes en espagnol. Je raccroche et me lève du fauteuil sur lequel j'étais assise. " Je suis désolée, il faut que j'y aille. Gina est tombée de la chaise haute et elle me réclame… " Que je souffle en commandant un uber. Cinq minutes. " J'espère te revoir rapidement " Un baiser sur sa joue - parce que je suis comme ça oui - et je file en direction de l'hôpital, là où j'ai demandé à mon père d'emmener Gina. |
| | | | | | | | the other side (mariassan) |
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