| (#)Dim 18 Nov 2018 - 10:39 | |
| Adossé contre le banc, je l'écoute me lâcher un petit désolé, si innocent, si sincère simplement empli de lui. De tout ce qu'il est. De tout ce qui me plaît chez lui. Son côté puppy. Et tout ce qui va avec, les insécurités et autres petites actions qui me laissaient penser que le garçon n'avait pas grande confiance en lui par moment. Je me rendais compte seulement maintenant, maintenant que mes lèvres avaient enfin touché les siennes, en cet instant précis où je m'accordais cette proximité sincère, que je réalisais réellement que c'était déjà trop tard. Que toutes ces fois où je voulais croire que je n'étais pas réellement attaché, que je pouvais m'enfuir à tout moment et ne jamais revenir, tout ça n'était qu'un tissus de mensonge. Incapable de partir, incapable de penser à être loin de lui. Sa main dans la mienne, je sens sa chaleur et entend mon sang battre contre mes tempes, encore sous le coup de tout ce qui vient de se passer. Contact sincère que je n'avais pas eu depuis longtemps. Contact pour l'âme, pas seulement parce que j'avais besoin de l'amour du corps. Avec Nathan c'était différent. Tellement différent que je savais qu'en y repensant, une fois que je me retrouverais seul, je paniquerais sûrement. Mais en ce moment, comme isolé du monde, tout paraît simple. Tout paraît possible.
Je sens qu'il a un regain d'énergie et je le vois se redresser. "Pas de soucis, c'est parti." Nous voilà debout, je sens qu'il n'est pas encore très assuré étant donné la proximité qu'il instaure avec moi tandis que nous marchons. Peut-être que c'est uniquement parce qu'il se sent encore un peu faible sur ses jambes. Peut-être que c'est aussi un peu pour autre chose... Assez machinalement je passe mon bras autour de ses épaules, l'air de rien du tout, comme si je faisais ça tous les jours, comme si j'avais fait ça toute ma vie. Autant pour le soutenir que pour réduire une fois encore cet espace entre nous qui ne cesse de me paraître trop grand. Une paire de fois il manque de trébucher, mais finit par se rattraper. C'était trop d'effort pour une seule journée, je me sens presque un peu coupable, d'avoir accepté cette montée qui était visiblement de trop. Je le note dans un coin de ma tête pour éviter la prochaine fois, être plus prudent ou que sais-je.
Je le ramène jusqu'à chez lui sans même me poser de question, le laisser rentrer seul ne me traversant même pas l'esprit. Enfin devant la porte, que je lui ouvre, je sens qu'il donne tout ce qu'il a pour parcourir ces derniers mètres qui sembleraient presque insurmontables. Je le regarde s'écrouler sur son lit, tenter de retrouver une respiration normale. Il finit par me remercier, le sourire aux lèvres. Sourire qui fait battre mon coeur encore plus fort. Je le regarde, assis sur le bord de son lit, scrutant presque chaque centimètre carré de son visage, pour pouvoir tenir jusqu'à la prochaine fois où je le reverrais. J'en oublie presque de répondre à son remerciement. "C'est normal tu sais." Le sourire d'imbécile toujours plaqué sur mon visage, vraiment du mal à m'en défaire. La fatigue qui semble s'être emparée de lui maintenant qu'il est arrivé à bon port m'indique qu'il est temps pour moi de mettre les voiles. "Je vais te laisser te reposer tranquillement." Le ton est doux, se veut bienveillant, pensant qu'il avait vraiment besoin de repos pour se remettre de tout ce qui a bien pu se passer en si peu de temps. "Et puis si tu as besoin de moi tu sais où me trouver." Je me tais un instant, avant d'ajouter doucement, "Enfin tu peux me venir me trouver même si t'as pas vraiment besoin de moi d'ailleurs hein..." Ma façon de lui dire que moi j'aurai sûrement un peu besoin de lui, besoin de le voir. Mais ça je ne veux pas me l'avouer. Alors je me contente de ça. Je plante mon regard dans le sien, les pieds ancrés dans le sol, comme si eux n'avaient pas décidé de s'en aller. Et au lieu me diriger vers la porte pour sortir, me voilà en train de m'avancer vers Nathan, m'abaissant doucement avant de poser ma main sur sa joue, et de faire se rencontrer nos lèvres une fois encore. Les yeux fermés, je sens un frisson me parcourir, essayant de ne pas perdre une miette de ce baiser. Baiser doux et innocent, comme j'en ai rarement eu dans ma vie. Je finis par me détacher, me doutant bien que si je reste plus longtemps, il sera vraiment trop difficile pour moi de franchir cette fameuse porte. Je lui souris une dernière fois avant de tourner les talons, mains dans les poches, pensées pleins la tête, ne sachant vraiment comment j'allais gérer tout ça. Sachant juste qu'en ce moment précis, à cet instant bien particulier, les choses allaient bien.
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