Dix ans. Cela faisait aujourd'hui dix ans que j'avais fait mon premier passage télévisé. Un peu comme un anniversaire, je me remémorais avec nostalgie les bons moments passés comme miss météo de la chaîne la plus regardée d'Angleterre. Cela avait duré quelques mois seulement, mais cela avait été non seulement un tremplin pour mon avenir professionnel, mais aussi et surtout une chouette aventure. J'avais rencontré de bonnes personnes, qui m'avaient fait confiance et qui avaient guidé mes premiers pas. Pour une étudiante à peine diplômée, pleine d'ambition et de naïveté, cela avait été un véritable filet de protection. Grâce à deux ou trois anges gardiens, j'étais parvenue à passer outre les inconvénients du métier que sont la sur-médiatisation et l'influence des réseaux sociaux quand on est une personne publique, qui plus est avec un physique avantageux. Sans vantardise aucune, j'étais davantage suivie pour mon corps élancé et mes longs cheveux blonds que pour les informations que je livrais. Certes, ce n'était pas agréable. Et certaines critiques que je pouvais lire ou entendre, qu'elles soient virulentes et/ou très déplacées, me rappelaient quotidiennement que la place d'une belle femme à la télé n'était pas si facile à gérer. C'était même monnaie courante, surtout pour une miss météo, de se faire lourdement accoster. L'opinion publique avait tendance a oublié qu'une miss météo pouvait aussi être une journaliste en herbe ou une météorologue en devenir. En l'occurrence, je savais à l'époque que ce rôle n'était que le moyen d'accéder au poste dont j'avais tant rêvé. Et c'est en gardant cet objectif en tête que j'avais surmonté les premières difficultés pour gagner encore en assurance et gravir, assez rapidement, les échelons. Je vivais aujourd'hui de ma passion, et cet anniversaire me rendait fière. Comme un petit clin d'oeil, j'avais décidé d'assister au tournage du prochain journal météo d'ABC News 24, le premier de la nouvelle miss météo. Une belle brune au teint mat, grâce à qui l'audimat ne cesserait sûrement de grimper. Son attitude nerveuse me ramena une décennie plus tôt. Mais cette fois, c'était à moi de rassurer. « Hey. » glissai-je discrètement, pour être certaine de ne pas la brusquer. « Siloë Sandersen, je travaille ici aussi. Tu as l'air nerveuse... » C'était peu dire, à en juger par son sourire crispé.
kiss me under the light of a thousand stars. And I'm thinking 'bout how people fall in love in mysterious ways. Well, me—I fall in love with you every single day. ✻✻✻ Nerveuse. Ce mot était un doux euphémisme à côté de ce que ressentait Naomie en cet instant. Aujourd’hui c’était l’enregistrement de son premier journal météo d’ABC alors autant dire qu’elle se mettait une sacrée pression. Pourtant, les producteurs l’avaient rassuré, vu son physique et son excellente diction, elle passerait forcément bien à l’antenne. Oui mais ça ne suffisait pas. Elle allait, désormais, devoir faire attention à tout : diction, accent, posture, style vestimentaire … Les médias pouvaient ne pas être tendres même avec leurs collègues.
Pendant qu’elle soufflait de manière un peu ératique, elle se demanda durant un quart de seconde si elle ne préférait pas sa vie d’avant : celle de journaliste au Harper’s magazine. Au moins, elle pouvait arriver habillée comme une clocharde, sans maquillage … chose qu’elle ne faisait jamais mais dans l’hypothétique hypothèse où ça pourrait arriver, elle ne pourrait plus jamais le faire. Naomie était une jeune femme soignée qui avait toujours pensé que l’apparence, c’était primordial. Même lorsque son mari venait de lui mettre tellement de coup que chaque respiration était aussi douloureuse qu’un coup de poignard, elle voulait toujours paraître parfaite, d’ailleurs Rob avait toujours exigé d’elle qu’elle soit présentable en toute circonstance.
Assise face à un miroir, la maquilleuse – Sasha – lui racontait sa vie et sa dispute qui avait eu lieu pas plus tard que ce matin avec son petit ami. Naomie lui souriait et semblait être attentive à ce qu’elle disait mais en réalité, elle n’avait pas écouté une seule parole de la demoiselle.
La brésilienne était dans ses pensées, en train de penser aux innombrables fautes qu’elle pourrait commettre quand une personne interrompit le fil de ses pensées. Surprise, elle eut un sursaut et murmura un petit : « Hey … » Siloë – c’était le nom de cette charmante et surtout très sympathique jeune femme – semblait bien plus à l’aise qu’elle ! « Naomie Toretto. » lui dit-elle avec ce même sourire crispé. Son maquillage fin près, Sasha s’éclipsa laissant les deux vedettes ensemble. « Nerveuse c’est peu dire ... J’en ai pas dormi de la nuit. C’est la première fois que je passe à l’antenne. » Presque elle s’excusait mais c’était vraiment une première pour elle ! « Les boss ont dit que parfois, je passerais en direct pendant le journal du matin. Je suis soulagée que pour ma première fois, ça soit enregistré. Je serais au bord de l’infarctus si je devais un direct aujourd’hui. » Quand elle était nerveuse, elle parlait vraiment beaucoup trop ! « Je parle de moi mais toi, tu bosses dans quel service ici ? » C’était difficile de se souvenir de qui faisait quoi ici, il y avait tellement de monde chez ABC.
« Naomie Toretto. » Si la nouvelle recrue d'ABC me rendait un sourire éclatant, j'étais bien placée pour savoir ce qu'il cachait : un indicible stress. Vous voulez vous projeter à sa place ? Imaginez donc : c'est votre premier jour, dans une nouvelle ville, de nouveaux bureaux et de nouveaux collègues. Vous commencez à peine à reconnaitre brièvement quelques têtes, et voilà que vous êtes propulsée derrière une caméra... et toute une équipe de tournage qui cherche votre meilleur profil et attend de vous une parfaite diction - ce dernier point étant particulièrement difficile à conjuguer avec le stress qui vous tort l'estomac. Mais voilà, vous y êtes. Vous savez que vous pouvez le faire mais vous appréhendez des réactions : celles des innombrables gens prêts à épier vos moindres faits et gestes derrière leurs écrans. « Nerveuse c'est peu dire... J'en ai pas dormi de la nuit. C'est la première fois que je passe à l'antenne. » Sans même m'en rendre compte, j'opinai du chef avec insistance. « Tu n'imagines pas à quel point je comprends ! J'ai aussi été miss météo à mes débuts, et j'étais dans le même état que toi la première fois. J'aurais préféré me retrouver dans une petite cabane perdue au milieu du désert, un no man's land tu vois, plutôt que devant des milliers de téléspectateurs. » J'haussai les sourcils avant de me rendre compte que cela ne la rassurait sûrement pas. « Mais si c'était à refaire, je recommencerai sans hésiter. Tu verras ! » J'ignorais si le partage de ma courte expérience lui avait donné un peu de courage, mais elle continuait de me sourire. Un sourire légèrement crispé, mais tout à fait photogénique. « Les boss ont dit que parfois, je passerais en direct pendant le journal du matin. Je suis soulagée que pour ma première fois, ça soit enregistré. Je serais au bord de l'infarctus si je devais faire un direct aujourd'hui. » Il s'agissait effectivement d'une autre épreuve. « Un pas après l'autre, ne t'en fais pas. Et puis, si tu veux mon avis, les deux sont tops. L’enregistrement te donne plus de sérénité et de contrôle, mais le direct offre une super adrénaline. » Si elle n'avait pas été aussi stressée, je lui aurais sans doute davantage vanter les mérites du direct qui était, selon moi, plus ancré dans la réalité, plus vivant. Mais tout ce qu'elle voulait entendre, c'était que tout se passerait bien. Je lui adressai finalement une moue encourageante. « Je parle de moi mais toi, tu bosses dans quel service ici ? » « Oh excuse-moi, je ne me suis même pas présentée ! » enchainai-je spontanément, en portant une main sur ma bouche avant de secouer ma tête et ses idées floues. « Je suis journaliste ici depuis le début d'année, et je vais très prochainement animer la matinale d'ABC News 24. » annonçai-je fièrement. « Je ferai certainement bientôt ton lancement, du coup ! » ajoutai-je en référence à ses prochains directs sur la chaîne.
kiss me under the light of a thousand stars. And I'm thinking 'bout how people fall in love in mysterious ways. Well, me—I fall in love with you every single day. ✻✻✻ Naomie n’avait pas pensé que cette « première » présentation du journal météo la mettrait dans un tel état. Forcément, elle avait été à l’aise lors des essaies mais la pression de se savoir regardée pour la première fois par le pays tout entier … Bah forcément, ça mettait la pression ! De plus, c’était son véritable premier jour dans les studios d’ABC, elle s’était présentée la semaine dernière mais ne se rappelait déjà plus qui était cette jolie brunette à la mine angoissée, ni ce jeune homme avec ce pantalon trop petit. En réalité, elle avait rencontré tellement de monde qu’elle ne se souvenait plus de personne. Alors quand cette jolie blonde - Silöé - se présenta, non elle ne savait pas à qui elle avait à faire, mais elle était tellement sympa qu’elle fût immédiatement à l’aise avec elle. A l’aise dans le sens où le visage de la blondinette était avenant … Et elle avait bien de commencer à parler avec elle parce qu’apparemment, elle savait exactement ce qu’elle ressentait. Il se trouve que Silöé avait été miss météo à ses débuts et qu’elle était dans le même état qu’elle pour sa première fois à la caméra. C’était rassurant en un sens parce que Naomie se disait que son stress et son angoisse étaient normaux. Que le trac, tout le monde était logé à la même enseigne et que ça finirait sûrement par s’atténuer un peu.
« Oui je comprends ou tu veux en venir, » dit-elle avec un sourire, cette fois-ci, moins crispée. Être occupée avec quelqu’un faisait redescendre le stress et Naomie se sentait un petit mieux même si elle pensait toujours à ces milliers de téléspectateurs qui allaient l’épier. « Je suis partagée entre l’excitation, la fierté parce que c’est une occasion professionnelle unique et que je ne pouvais pas râter et en même temps … Voilà, c’est une nouvelle pression, arriver dans un nouveau pays, et s’acclimater … J’habitais à New York et je travaillais au Harper’s magazine, donc j’étais très loin des projecteurs. »
Secrètement, la jeune femme rêvait d’être sur le terrain, en direct … Vivre les choses directement en gros ! Mais chaque chose en son temps : déjà essayer de se faire un nom comme miss meteo, peut-être qu’un jour serait-elle reporter sur le terrain. Pour ça, il faudrait aussi qu’elle arrête d’être à deux doigts de l’infarctus quand on lui parle de direct : oui ça serait déjà un TRES bon début !
« C’est donc pour ça que tu n’as pas l’air de manquer d’oxygène quand tu parles du direct, tu es une habituée. » Plaisanta la jeune femme, admirant et même jalousant d’une certaine manière son aisance qui paraissait tout à fait naturelle. Un peu comme si elle avait toujours fait ça. « Et bien … ça sera rassurant pour moi d’avoir une tête connue pour mon lancement. » Et elle était sincère. La blondinette lui inspirait, pour le moment, confiance … Une chose qui était arrivée peut-être une fois depuis qu’elle était arrivée à Brisbane et c’était avec une certaine Evelyn …
« Oui je comprends ou tu veux en venir. » Si ma nouvelle collègue voyait où je voulais en venir, elle n'en était pas moins stressée. Je ne faisais que détourner son attention - et cela fonctionnait tout de même un minimum - mais elle ne faisait que regarder à droite, à gauche. Ses yeux balayaient le plateau à un rythme effréné, cherchant à ancrer quelques points de repère et, surtout, à s'assurer que tout était en ordre. J'étais passée par ce stade et je savais qu'il suffisait d'une toute petite modification sur le planning pour que ce soit la panique totale. « Je suis partagée entre l’excitation, la fierté parce que c’est une occasion professionnelle unique et que je ne pouvais pas râter et en même temps … Voilà, c’est une nouvelle pression, arriver dans un nouveau pays, et s’acclimater … J’habitais à New York et je travaillais au Harper’s magazine, donc j’étais très loin des projecteurs. » Je l'écoutais, pleine de compassion. J'avais vraiment l'impression de me voir, quelques années auparavant. J'étais une jeune diplômée en quête de l'opportunité de rêve. J'étais la petite blonde prometteuse qui comptait bien faire ses gammes - et son réseau - en présentant la météo de la chaine la plus regardée d'Angleterre. Et cela avait fonctionné, puisque j'avais très vite intégré l'équipe d'une émission de télé, en tant que chroniqueuse. « Je croyais que les New Yorkaises n'avaient peur de rien ? » lui dis-je en lui lançant un clin d'oeil. Ce cliché me venait tout droit des émissions et autres séries américaines contestables, mais très populaires. J'étais bien placée pour parler de clichés parce que j'avais eu l'occasion de travailler dessus, bien avant d'arriver chez ABC News 24, lors d'un reportage en Inde. Ce voyage m'avait énormément apporté, sur tous les plans, et j'en étais revenue grandie. J'avais suffisamment confiance en moi, aujourd'hui, pour affronter tous les défis qu'imposait mon métier. Et cela semblait impressionner Naomie. « C’est donc pour ça que tu n’as pas l’air de manquer d’oxygène quand tu parles du direct, tu es une habituée. » J'haussai les épaules, ne sachant que répondre. « L'expérience, ça te donne du crédit, ça te permet de croire que oui, tu es légitime sur ce poste. Mais au fond, j'ai toujours eu la fibre journalistique. Il a juste fallu qu'on me laisse l'opportunité de le prouver, parce que je comptais bien arriver à mes fins. » J'aurais pu déplacer des montagnes s'il le fallait. « C'était inné. Et je crois que ça l'est pour toi aussi. » Accorder autant d'importance à son premier enregistrement n'était pas insignifiant ; Naomie mettait énormément d'espoir dans cette opportunité, et il était hors de question de se louper. Pour moi, cela signifiait beaucoup. Elle voulait réussir, alors elle réussirait. Et peut-être qu'un jour, nous aurions la chance de travailler ensemble. « Et bien … ça sera rassurant pour moi d’avoir une tête connue pour mon lancement. » « Tu pourras compter sur moi ! » lançai-je avant d'entendre, comme Naomie, que ça s'agitait derrière nous. Les derniers réglages étaient en train d'être faits par les cadreurs, et depuis la régie, le réalisateur faisait de grands gestes dans notre direction. Je me tournai subitement vers Naomie. « Aie confiance en toi. » Je pesai chacun de mes mots. « Tu arrives de la grosse pomme, nous viens d'un chouette magazine et tu vas tout déchirer. Dis-le, d'ailleurs : je vais tout déchirer. » C'était un drôle de défi mais j'attendais vraiment qu'elle le dise, parce que ça la ferait rire - et donc ça la détendrait un peu - et parce qu'il suffisait qu'elle gagne en assurance pour que tout se passe bien. Le seul truc, c'est qu'elle n'avait plus que quelques secondes pour y croire.
kiss me under the light of a thousand stars. And I'm thinking 'bout how people fall in love in mysterious ways. Well, me—I fall in love with you every single day. ✻✻✻ Je croyais que les New Yorkaises n’avaient peur de rien. Cette simple phrase me fit pouffer de rire. Il est vrai que c’est souvent ce qu’on entendait à New York et des gens habitant à New York. Et puis, comme j’avais un certain âge j’étais aussi de la génération Sex and the City et Carrie Bradshaw n’avait peur de rien pas vrai ? « Bien essayé, » soulignais-je, « mais je suis brésilienne.» Ce qui était vrai en partie parce que j’étais bien née au Brésil mais j’avais toujours vécu aux Etats Unis : d’abord à Tacoma où j’y avais toute mon enfance et les années les plus cauchemardesques de ma vie. Puis j’avais pris un nouveau départ à New York donc oui, quand ça m’arrangeais, je me considérais comme New Yorkaise même si je ne niais pas et que j’étais très fière de mes origines.
En tout cas, j’étais très reconnaissante envers la belle blonde de détourner mon attention ne serait-ce que pour quelques minutes. Ça fonctionnait parce que je sentais les battements de mon cœur redevenir normaux et j’étais clairement moins obnubilée par l’espèce de chaos qui régnait autour de moi pour préparer mon premier point météo.
Je voyais bien que Siloë avait cette expérience dont je manquais cruellement mais je voulais faire bien. Je savais que ça ne serait pas parfait mais je voulais essayer de m’en rapprocher et je savais que ça en disait long sur ma motivation et mon envie de réussir. Si j’étais partie à l’autre bout du monde uniquement pour ce poste, ce n’était pas pour repartir le mois prochain parce que je n’avais pas assez mouillé ma chemise. Que ça plaise ou non à certains, j’étais prête à m’imposer, non pas par la force ou l’intimidation – j’en étais incapable et je ne saurais même pas comment faire – mais par mon professionnalisme et, je l’espère, à force de persévérance de mon expérience professionnelle que je comptais bien acquérir au fil du temps.
« J’espère qu’on me laissera suffisamment de temps pour prouver ce que je vaux surtout … » dis-je avant de soupirer longuement. Avoir un visa pour l’Australie était assez compliqué. Si tu as un visa de travail et que tu perds ce-dit travail, tu as très peu de temps pour en retrouver un sinon tu repars chez toi… Ce qui est normal en somme mais du coup, je me mettais d’autant plus la pression.
Je regardais autour de moi et voyais les cadreurs faire les derniers réglages, le réalisateur s’agiter … Bref, c’était presque prêt et bientôt on n’attendrait plus que moi. Une fois de plus, mon interlocutrice sortit les mots juste pour me faire sourire. « JE VAIS TOUT DECHIRER ! » m’écriais-je avant d’éclater de rire. Quelques personnes se retournèrent et je ne pus m’empêcher de rire d’autant plus. Ils allaient certainement me prendre pour une cinglée mais je m’en fichais. Et je remerciais du regard Siloë qui m’avait aidé à rendre l’attente mois monstrueuse.
« Oh mon dieu … On dirait que ça va être à moi ! » Dis-je tout en levant. Je lissais les plis de ma robe couleur bordeaux et même si mes jambes flageolaient, et que je me demandais comment j’allais arriver sur le plateau alors même que tenir debout me paraissait compliqué et quasi insurmontable, je soufflais un grand coup. Il était temps de se jeter dans la fosse aux lions !!
by brisounours
HJ : désolée pour le changement de façon de rp, je passe à la première personne parce que je faisais un sérieux blocage, :$ encore désolée, j’espère que ça te dérange pas !
J'avais toujours entendu que les new yorkais, et plus précisément les new yorkaises, étaient particulièrement investies et déterminées pour se créer une vie sur mesure. Que cela aboutisse ou non, il semblait que ce soit dans la culture de cette ville de croire en ses chances et, surtout, de s'en donner les moyens. Je supposai alors que cette demoiselle en provenance directe de la grosse pomme faisait partie de ce panel, mais son sourire en coin me rendit perplexe. « Bien essayé, » Ah, zut. « mais je suis brésilienne.» J'haussai les mains, paumes tournées vers le ciel. « Oh, c'est dans la tête ! » plaisantai-je, sans douter une seule seconde des incroyables ressources humaines de ce beau pays. Au moins, je pouvais me réjouir d'être parvenue à décrocher un sourire sur le visage de Naomie. Son stress avait un peu disparu... jusqu'à ce que le réalisateur lui adresse un signe de la main en guise d'appel. C'était l'heure, et le stress était de nouveau au rendez-vous. « J’espère qu’on me laissera suffisamment de temps pour prouver ce que je vaux surtout … » J'en étais persuadée. A en juger par l'importance qu'elle donnait à ce premier enregistrement et par l'envie et le motivation qu'elle démontrait, il n'y avait pas le moindre doute sur la réussite prochaine de Naomie. Pour autant, je me retrouvais tellement en elle que je ressentais tous les doutes qui l'habitaient soudainement, et je prenais à coeur le fait de la rassurer. Autant que possible. Et contre toute attente, cela fonctionna du feu de Dieu. « JE VAIS TOUT DECHIRER ! » lança-t-elle, avant d'éclater de rire. C'était le jour et la nuit, elle attirait tous les regards mais elle semblait n'en avoir rien à faire. Surprise de la voir se transcender autant, je ris de bon coeur avec elle... jusqu'à ce qu'elle reprenne conscience du monde qui l'entourait. « Oh mon dieu … On dirait que ça va être à moi ! » Naomie inspira profondément et lissa machinalement sa robe bordeaux. Je posai ma main sur son épaule et lui sourit en guise de soutien. Nul besoin de prononcer quelques mots supplémentaires puisque, de toute façon, elle n'entendrait plus rien. Pressée et angoissée, elle rejoignit le plateau et se plaça devant le fond vert. De loin, je lui adressai un pouce levé avant que le tournage ne débute. Les premières minutes furent laborieuses, et une nouvelle prise fut nécessaire pour que Naomie se détende enfin, mais je savais qu'elle y parviendrait. Je restai là, en retrait, nostalgique de voir qu'une autre femme dans ce monde vivait exactement la même chose que moi il y a quelques années. J'aurais pu rester là jusqu'à la fin de son enregistrement, mais c'était sans compter sur un appel urgent du directeur d'ABC News 24. Je jetai un dernier regard en direction de ma collègue, qui semblait beaucoup plus à l'aise, avant de quitter le studio le sourire aux lèvres.
FIN DU RP
Spoiler:
T'inquiète pas, c'est très bien ! Bon, je me suis permis de clore le sujet du coup Naomie va tout déchirer maintenant !