La frénésie avait ralenti. Depuis un mois, les tabloïds faisaient état de ses secrets dans leur torchons, promettant à la première ménagère un peu trop curieuse, tous les détails les plus salaces et honteux la concernant. Sur papier glacé, on couche toute sa vie. On décortique la moindre information, le moindre fait et très rapidement, la moindre rumeur devient un fait d’histoire et cela ne fait que déchaîner cette curiosité malsaine envers elle. Certes, elle est un personnage public, ce qui fait croire au commun des mortels qu’ils ont droit de tout savoir mais, n’y a-t-il pas une limite ? Quand elle observe ce déchainement, de sa tour d’Ivoire, Cora fatigue. Mais, pour avoir connu d’autres personnes du milieu, victime de ce genre de harcèlement venant des médias, de bashing sur Twitter & autres network, elle sait que la place vient toujours à être reprise et que si elle se fait assez petite, assez claire. On se désintéressera d’elle. Ce qui après plusieurs semaines comment à se réaliser lentement. On fait état à la sécurité de l’hôtel de moins de personne à l’entrée qui tente d’interagir avec elle. Les unes ont changé pour d’autres sujets plus réceptifs, et si elle parvient à être encore discrète et à ne pas créer de seconde vague (Dieu merci qu’elle n’ait plus de famille à traîner en justice) Cora peut oser espérer avoir un répit, un semblant de liberté. Faible, mais existant. La situation a beau rester difficile à vivre pour le moment, elle sait qu’elle peut compter sur des amis qui ont fait le choix de ne pas la montrer du doigt et de comprendre ses choix et insécurités, ce qui est sûrement ce qui aide le mieux la jeune femme à garder la tête haute. Cette dignité qu’elle arbore, elle se décide à finalement l’emmener à travers la ville, bien cachée sous un attirail qui ne tromperait personne si l’être humain était capable de faire attention à ce qui l’entoure au lieu de ne regarder son nombril. Elle fait ses premiers pas dans la ville depuis sa retraite forcée et elle a déjà décidée de la destination qu’elle souhaite prendre. Son sens des réalités l’amène à choisir un chauffeur privé pour servir ce but qui sera aujourd’hui, de faire dix mètre en plein air sans attaque. De toute façon, dehors, il fait nuit. L’happy hour est terminé depuis un long moment et les bars commencent à fermer leurs portes, à se nettoyer pour la journée du lendemain. C’est à ce moment-là qu’elle fait son entrée au Death Before Decaf, le café bar de Matt, vidé de ses clients. Coup de chance – parce qu’autrement elle n’aurait eu qu’à rebrousser chemin – c’est le principal concerné qui fait la fermeture et elle n’ajoute rien tant que ce dernier ne s’est pas retourné pour rappeler les horaires de l’établissement. « J’ai voulu prendre un café en ville mais, la rumeur dit que y’a qu’ici qu’il est bon. » Elle fait la moue, juste pour qu’il accepte. Elle avait parlé à Ginny. Elle avait appris la querelle, et bien qu’empêtrée dans ses soucis. Elle n’est pas capable de laisser ça de côté. Nul doute que son excuse cache le fait qu’il n’y a qu’ici qu’elle pourra profiter d’un semblant de normalité. « Je voulais aussi voir comment tu allais. » Elle ne mentionne pas ce qu’elle sait. De toute manière, il est assez malin pour se douter lui-même qu’elle n’est pas ignorante.
Une autre journée, une autre routine. D’autres clients, d’autres cafés, d’autres envie de texter Ginny pour son anniversaire à venir, de prendre de ses nouvelles, et encore et toujours de l’inaction. Depuis l’annonce de son divorce aux parents que je ne l’ai pas revue, depuis plus d’un mois que le silence est complet entre nous, et encore plus qu’elle a creusé un fossé qui me semble impossible à surmonter, à contourner, à éviter. La personne la plus importante de ma vie qui me file entre les doigts, par ma faute, et le raisonnement qui est plus noir encore que ce que mon sourire montre, lorsque je sers les dernières tasses de la journée, lorsque je sors les factures, salue les clients, laisse partir Scarlett et Lewis à l’avance le temps de faire la fermeture du café avant d’errer dans les rues de Brisbane comme trop d’autres fois avant. À l’éloignement de Gin s’ajoutait tout le reste, Lene qui avait fini par me chasser de la maison comme elle l’annonçait depuis des semaines, Ezra qui s’était récolté un nez cassé par mes soins, Tad qui avait piqué exactement là où il ne fallait pas, Heidi qui était allée bavasser. C’est pas la joie, mais on ravale, on oublie, on fait comme si, on attend. Quoi? Ça, je l’ignore. Parce qu’en bout de ligne, je stagne. Parce que peu importe la rage qui guide mes menaces et mes coups, peu importe l’injustice que je clame haut et fort, les mauvaises intentions qu’on me prête qui, je le sais, sont tout sauf, il n’y a rien qui me semble être plausible, comme solution, comme conclusion. Et la frousse qui s’en prend à mon flot de réflexion, quand je réalise que si je suis bloqué, que si je ne fais rien, flottant, c’est probablement parce que je sais que le prochain geste sera décisif. Que peu importe ce que je ferai, ce sera en connaissance de cause, en risquant tout, gros. Même si les parents sont hors de l’équation, même s’ils n’ont plus un rond auquel je suis rattaché, qu'on les sorte de notre vie Ginny et moi n’a pas donné une solution sur un plateau d’argent. Au contraire. Cela a rendu la situation encore plus claire au sens où, si ma soeur est capable de jarter maman et papa aussi facilement de sa vie, eux qui jadis voulaient tout dire pour elle, c’est qu’elle devrait être plus que capable de faire pareil avec moi. J’entends à peine la porte tinter lorsque je sors la tête de derrière la machine à espresso, sourcils froncés plus par les pensées négatives que pour l’horaire des lieux qui n’est pas respecté. C’est une voix familière, un drapeau blanc qui me ramènera à l’ordre, et le visage de Cora qui se rapproche, qui a le ton de celle qui vient en paix. Étrange, de me dire que la meilleure amie de Ginny est ici sans commencer ses phrases d’accusations, de reproches, de piques, comme tous ceux qui semblent graviter autour de ma benjamine. Trop épuisé pour être sur mes gardes, trop incrédule pour céder, toutefois. « La rumeur a bon goût. » et d’un geste, j’allume distraitement la machine que je viens à peine de fermer, laissant l’eau se réchauffer, les engrenages rouler. Ce n’est pas très long avant que la rousse n’entre dans le vif du sujet, et je la remercie d’un regard de ne pas m’avoir fait le traitement de celle qui tourne autour du pot avant de cracher le morceau. « Ça dépend. » et une tasse entre les doigts, je la pose sous les robinets. « Devant tout le monde, en général? » me rappelant à peu près comment Cora prenait son café, je lance la coulée, laissant le bruit du liquide qui infuse combler les silences pesants du DBD after hours. « Ou quand y’a personne dans le coin? » un petit sourire entre le dépit et l’humour stupide qui orne mes lèvres, c’est une soucoupe que je finis par prendre, y déposer la tasse, la glisser vers la jeune femme. Elle sait comment je vais, elle le voit entre les rides qui creusent mon front, le voile noire qui se glisse sur mes iris, la mâchoire qui est tendue en tout temps, le ton qui est plus acide que ce que je voudrais, trop souvent. « Et toi? » et comme le déni est devenu mon motto ces jours-ci, autant changer l’angle de la conversation et prendre de ses propres nouvelles, à elle aussi, qui à ce que j’ai vu n’est pas particulièrement bien servie non plus côté drame ces derniers temps. « Y’a des trucs qui sont sortis dans les médias, mais comme j'aime les rumeurs juste quand elles parlent de mon café... » et dans ma voix, elle y décèlera la même empathie dont elle a pu faire preuve à son arrivée.
« La rumeur a bon goût. » Qu’il répond simplement, le geste qui allume la machine lui dictant qu’elle peut rester, s’avancer et prendre place en espérant peut-être un échange intéressant. Même si elle n’avait jamais partagé de grands moments avec l’aîné McGrath, elle l’avait toujours apprécié, elle avait toujours admiré sa présence et cette façon qu’il a de se soucier des autres. C’est bien le propre de Cora ça, d’observe les qualités des autres, celle qu’elle aimerait voir dans sa propre famille et qui faute de les croiser, qu’elle valorise au point d’oublier les mauvais côtés de ces personnes. Matt en est l’exemple parfait. Le grand frère qui donnerait tout pour sa cadette mais qui a merdé big time. Et malgré toute l’amitié que Cora ressent pour Ginny, malgré toute la compréhension qu’elle a pour sa décision et le soutien qu’elle lui apporte, il y’a son empathie qui ne peut s’empêcher de l’interpeller sur ce que Matt devient dans cette histoire. Et sans traîner plus, parce que ce n’est pas son genre et que Matt connait suffisamment sa relation à Ginny pour savoir qu’elle sait, que la dernière fois, au concert, si elle ne voyait pas pourquoi la discorde, c’était faute de timing. Mais il est assez intelligent pour se douter qu’aucun fait ne lui est inconnu et elle le sait, ce serait insultant que de faire celle qui tourne autour du pot, alors franchement, elle lui demande comment il se sent, comment va la vie, où il en est. « Ça dépend. » Qu’il commence à répondre, alors qu’elle écoute attentivement. « Devant tout le monde, en général? » Ses yeux sont grands ouverts. Elle est bien droite sur sa chaise, le visage qui se veut conciliant. « Ou quand y’a personne dans le coin? » Et elle grimace un sourire. Parce que, ça ne lui rappelle qu’elle, cette façade qu’elle porte sur son visage quand tout va mal, de ce coffre à secret qu’elle tient dans sa tête et de toutes ces émotions qu’elle réprime. Elle pense à tout ça, qui vient juste de lui exploser à la figure avec les évènements récents. Si elle peut lui dire une chose, c’est de ne pas suivre ses pas. Et c’est la tasse qui pose devant elle, son sourire qui le remercie. « Celle que tu voudras partager. Je ne suis pas dans une position d’exiger quoi que ce soit alors que tu peux me mettre dehors à tout moment » Qu’elle répond, sourire aux lèvres, l’humour qui se veut d’amener à faire disparaître le silence, le malaise qu’il y’a entre eux parce que la logique voudrait que Cora soit du côté de Ginny, qu’elle l’accuse, le pique et lui fasse regretter ses actes. Mais, Ginny est assez grande pour culpabiliser son frère si elle le souhaite, et Cora préfère ne pas prendre réellement de parti. Et toi? » Qu’il redemande, provoquant un haussement de sourcil équivoque, concernant tout ce qui lui arrive en ce moment. S’il souhaite vraiment savoir comment elle va, elle espère qu’il a la nuit devant. « Y’a des trucs qui sont sortis dans les médias, mais comme j'aime les rumeurs juste quand elles parlent de mon café... » Et son rire, qui résonne doucement dans le café face à sa réplique qui se veut compatissante. « Tu sais, je dois t’avouer qu’il s’en passe des choses dans ma vie en ce moment. » Et vu qu’il parle des médias, elle imagine qu’il a pu avoir son flot d’information et que là encore, il ne sert à rien de jouer l’idiote et de faire comme s’il ignorait ce qu’il doit savoir. « A ton avis, sur une échelle de 0 à 10, j’ai merdé comment pour me retrouver à être obligée de sortir au beau milieu de la nuit, cachée dans un sweat à capuche pour uniquement boire le meilleur café de la chaleur ? » Là encore, il vaudra de répondre qu’elle a bien merdé, mais elle se contente de répondre. « Disons qu’une partie de ce que tu as entendu est vrai. J’imagine qu’on a du inventé deux trois trucs pour faire vendre. J’ai eu interdiction de lire ce qui sort. »
La vue de Cora m’est familière, plus que je ne l’aurais cru. Même si on n’avait jamais été vraiment proches tous les deux, elle avait toujours été beaucoup plus à même de traîner avec Ginny et Edward de toute façon, ce n’était pas non plus pour cela que je n'appréciais pas sa présence, encore moins à l’instant. Elle arrive avec son drapeau blanc, elle arrive avec l’air de celle qui n’est pas là pour faire de remous, et si j’avais toujours trouvé qu’elle avait une tête sur les épaules et de bonnes valeurs, son attitude aujourd’hui ne fait que me confirmer qu’elle est une fille bien. « C’est tellement rare qu’on passe la porte ici sans vouloir me casser la gueule ces derniers temps, j’vais pas faire mon difficile non plus. » et c’est dit à la blague, parce qu’il faut bien en rire. Entre Ezra dont le sang devait encore avoir laissé une tache sur le plancher, là-bas, au fond, et Tad qui aurait facilement pu me sauter à la gorge si j’avais continué mon discours sur le trottoir y'a des semaines, c’était pas safe zone ici depuis le début de la guerre froide entre les siblings McGrath. Par chance, il restait encore dans ce monde une ou deux personne qui ne voulaient pas voir ma tête sur un bâton. « Alors... » et j’inspire, pas vraiment de temps à perdre à lui mentir, encore moins lorsqu’elle va directement au but avec moi, lorsqu’elle ne laisse pas la place à l’hésitation, aux fausses paroles, aux apparences. À quoi bon ne pas se parler des vraies choses, de toute façon? « Ça va pas. Et j’te dis pas ça pour avoir de la pitié mal placée, je sais que je la mérite pas. » les faits étaient les faits : j’avais merdé, j’avais cumulé les gaffes, j’avais mis la vie de ma soeur en danger, littéralement. Et autant cela me faisait bien chier de l’admettre, autant je savais que j’avais raison lorsque je laissais la culpabilité prendre le pouls sur le reste. « Mais ça a rarement été pire que ça. Même à Londres, quand Ginny était au plus mal… j’arrivais à me raccrocher parce que je savais qu’elle était là, qu’il y avait encore une chance de la sortir de tout ça, que je pourrais l’aider, expier mes fautes. » bien naïvement j’en conviens. La roue qui tourne, les responsabilités qui s’emboîtent, et l’effet papillon qui se charge du reste. Une seule connerie, un seul mauvais choix, bien que motivé avec de bonnes intentions, avait fini en beau gros closterfuck de conséquences et de dommages collatéraux. « Et là, y’a juste plus rien que je puisse faire j’ai l’impression. Que d’attendre. Et ça me rend fou. » la voix de la sagesse me dirait de laisser le temps au temps. Et elle aurait bien raison. Mais c’était tellement rageant, tellement frustrant, tellement pire de rester impassible face à tout ce qui se trame, plutôt que de vouloir au mieux lui prouver que j’étais désolé, racheter ma faute. Mais elle n’en avait que faire, elle était passée à autre chose déjà. La discussion est lourde, il m’en faut beaucoup pour ne pas craquer, et gardant mon air stoïque, je renvoie la balle à Cora qui elle aussi ne semble pas être au meilleur de sa forme. Elle me le confirme d’une phrase, mentionnant tout ce qui peut se passer dans sa vie à elle aussi, actuellement. Le rire est jaune. « Ça doit être la position des étoiles qui met nos vies dans cet état, une connerie du genre. » si seulement fallait juste attendre la prochaine pleine lune pour avoir espoir en une renaissance, en quelque chose de meilleur auquel aspirer. « J’dirais que quand tu fais quelque chose, tu as toujours su t’appliquer mieux que quiconque. Un beau 10 pour la demoiselle, donc. » et comme elle demande, je précise. Dans son cas comme dans le mien, valait mieux dédramatiser, valait mieux faire comme si c’était pas si grave, comme si on était plus forts que ça. Même si, entre ces 4 murs, un seul coup d’oeil partagé entre nous confirmait qu’on n’en menait pas particulièrement large. « Tu fais bien, y’a rien de bon à laisser des inconnus t’inventer un quotidien et des raisons à ta place. » elle confirme ne pas avoir lu ce qui se disait sur elle et c’est tant mieux. Ce genre de trucs ne suffit qu’à faire du mal de toute façon, qu’à peser là où ça grince, qu’à relancer les vieux démons et s’assurer de créer de la réaction, de la vente oui, mais des potins surtout. L’engrenage qu’il l’avait prise en grippe. « Pour ce que ça vaut, j’ai jamais été plus loin que les titres. » à quoi bon, quand on sait que tout ce qui a été écrit suffit à déclencher du drame, à faire des vagues? Je savais qu’elle avait eu un gamin, ça, les médias s’en étaient donné à coeur joie pour le préciser. Et je savais aussi que sa mère avait joué tout un rôle horrible dans cette histoire, que Cora avait enfin pu riposter, avec courage, confiance. Grand bien lui en fasse. « ... Et eux? Ginny, et Noah... ils vont comment? » je dois bien mettre 5 minutes au moins à rassembler mes forces, avant de poser la question qui fâche, celle à laquelle je n’ai plus le droit depuis que Gin m’a coupé de sa vie. Cora a toutes les raisons de m’arrêter, elle le fera sûrement si je dépasse les indications que ma soeur lui a refilées, mais au moins, j’aurai essayé.
« C’est tellement rare qu’on passe la porte ici sans vouloir me casser la gueule ces derniers temps, j’vais pas faire mon difficile non plus. » dit-il en l’accueillant, provoquant un sourire sur son visage bien que ses paroles offrent tout sauf de quoi. Ça a l’air d’être un rude moment pour Matt. Beaucoup de monde lui tourne le dos, rejoignant le côté très facile à rejoindre de Ginny et bien que Cora ne donnerait pas raison à Matt pour un coup, qu’elle ne dirait jamais qu’il a bien agit, elle reste fidèle à ses principes, prône que l’erreur est humaine et ne prend pas rôle dans une querelle qui n’est pas la sienne. Quelque part, elle a également beaucoup d’empathie à son égard, parce qu’elle ce que c’est qu’être la personna non grata d’un frère et/ou d’une sœur et d’avoir merdé très fort. « Alors... » Annonce-t-il, visiblement plus à cran qu’elle ne le pensait maintenant qu’il se montre un peu. « Ça va pas. Et j’te dis pas ça pour avoir de la pitié mal placée, je sais que je la mérite pas. » Et le visage de Cora s’adoucit, l’air de lui faire comprendre qu’elle sait qu’il ne cherche pas l’émouvoir, qu’il répond juste honnêtement à une question qu’elle a posé. « Mais ça a rarement été pire que ça. Même à Londres, quand Ginny était au plus mal… j’arrivais à me raccrocher parce que je savais qu’elle était là, qu’il y avait encore une chance de la sortir de tout ça, que je pourrais l’aider, expier mes fautes. » Et il explique, elle écoute en silence. « Et là, y’a juste plus rien que je puisse faire j’ai l’impression. Que d’attendre. Et ça me rend fou. » Elle comprend, mieux qu’il ne le pense, seulement elle n’ajoute rien, parce que c’est sûrement pas le moment pour qu’elle étale sa science, sa vie ou même qu’elle fasse une comparaison avec sa propre relation à son jumeau, elle était dans l’attente qui rend fou depuis tellement d’année qu’elle aurait l’impression de lui annoncer la pire nouvelle en mentionnant ce fait. De là, tout ce qu’elle parvient à faire, c’est l’écouter en silence et elle espère que ça suffit parce que la situation ne prête pas à ce qu’elle en dise plus ou à ce qu’elle cherche à le conforter en lui disant ce qu’il veut entendre. Non, il doit attendre. Et rapidement, il lui retourne sa question. Ça ne va pas mieux, mais elle a l’autodérision qui vient avec, et un peu d’humour, ça ne se refuse pas. « Ça doit être la position des étoiles qui met nos vies dans cet état, une connerie du genre. » Qu’il raconte en plaisantant. « J’dirais que quand tu fais quelque chose, tu as toujours su t’appliquer mieux que quiconque. Un beau 10 pour la demoiselle, donc. » Et l’ironie prend le pas. Elle adoucit le moment. Donne un peu l’impression que tout ceci est parfaitement habituel. « Mon côté perfectionniste, je suppose. » Qu’elle lâche, mimant la modestie avant d’aborder le sujet des journaux, des gros titres et de tout ce qui se dit en ligne. Elle ne lit pas tout ça, du moins, elle limite ses découvertes au minimum, autrement elle sait qu’elle n’aurait pas eu le courage de sortir sa face. « Tu fais bien, y’a rien de bon à laisser des inconnus t’inventer un quotidien et des raisons à ta place. » Et, c’est au tour de Matt de dédramatiser sa propre situation. « Pour ce que ça vaut, j’ai jamais été plus loin que les titres. » Qu’il annonce, elle ignore si c’est la vérité, ou non. Mais elle ne lui en voudrait pas d’avoir été curieux. Elle n’a pas joué franc-jeu, elle n’a pas été honnête et elle n’a partagé cet épisode de sa vie avec ses proches. Alors, elle accepte que les personnes qui ne font que la côtoyer occasionnellement aient eu besoin de savoir. Elle invite juste à ce que chacun dresse la ligne ce qu’elle aurait pu faire et ce qui a été inventé. « Ils ne mentent pas tous. Le jeu, c’est de savoir lesquels sont une version édulcorée de ma vie. » Elle pointe son nez à nouveau, l’auto-dérision. Sûr et certain qu’à l’avenir, ce sera un très bon jeu de boisson ces articles. Pour le moment, ça pique encore un peu. « ... Et eux? Ginny, et Noah... ils vont comment? » Qu’il s’essaie à demande, le regard du petit garçon qui ne sait pas s’il a droit à l’extra-cookie en prime, le regard qui donne un trop grand pouvoir à Cora et ça la rend mal à l’aise, le regard qui lui donne droit de déterminer ses émotions pour l’heure à venir. « Oui, ils ont la forme. Ginny m’a envoyé une photo de Noah l’autre jour, il a reçu son maillot Street Cat alors il était tout content. » Qu’elle raconte, sourire aux lèvres avant de tapoter sur son téléphone pour retrouver la photo, sûr que c’est pas la meilleure mention à faire mais, elle ne peut lui raconter la vie de Ginny tout comme elle ne peut pas ne pas répondre à sa question. Elle semble prise entre deux eaux. « Tiens ! » Et elle lui tend le téléphone, qu’il voit pas lui-même, qu’il se rassure tout seul. « Quant à Gin, elle s’en sort très bien. Tu sais, elle avait besoin d’être seule un moment et de sentir que c’est elle qui mène la barque. » Qu’elle ajoute, le ton de sa voix qui se veut rassurant, pas méchant du tout, pas piquant, juste honnête sur la situation, sans lui dire qu’elle a besoin d’être loin de lui. « Tu sais, il arrivera un moment où elle aura plus de place pour de la rancœur. Tiens bon en attendant. » Qu’elle ajoute, en le pensant sincèrement. Elle en avait fait l’expérience avec Bryn récemment et elle en est convaincue, à un moment, il n’y a plus de place pour le ressentiment et ce qui est important de vient clair. Ginny n’est pas une personne qui se laisse aller à cultiver une rancœur inutile, elle le sait et ça, ça peut être une promesse de salut.
Avoir une alliée, ça faisait étrange, tellement différent, bizarre, out of place. Même avec Heidi qui avait été à mes côtés pendant plusieurs années, les choses étaient pas aussi limpides, aussi claires, aussi faciles depuis l'épisode Ezra. Cora qui prend le temps de peser la blague, d’en rire, ou du moins, d’en sourire. Elle s’en sortirait. Parce qu’à l’instar de Ginny, ce genre de conneries lui passaient sur le dos, lui glissaient sur les plumes le temps qu’elle retrouve constance. « Si un jour je lis que t’étais un mec avant, ou que tu as eu une liaison avec un riche prince anglais, je te dirai, pour qu’on s’amuse à jouer à vrai ou faux. » et je surfe sur ses propres reproches de la presse, et le voile de vérité qu’elle leur laisse tout de même. Elle savait que de base, les journalistes n’étaient pas cons et illogiques - pas autant qu’ils ne le montraient - et qu’en vrai, y’avait du matériel là-dedans qui n’était pas inventé, juste diffamé. À ça, fallait juste apprendre à y donner de l’air, et à ne pas suffire aux ragots qui finiraient juste par rendre la situation encore plus invivable, sans qu’on en ait le moindre contrôle. La conversation qui divague encore et toujours vers Ginny, et je m’en veux, même si elle est venue ici, de lui poser les questions qui fâchent, de la mettre dans ce genre de position quand elle a simplement demandé à savoir si j’allais bien, sans vouloir s’y mettre le nez trop creux. Faut dire que je me fais violence pour lui demander, sachant qu’elle a tous les droits de refuser, mais l’entrain avec lequel elle me laisse savoir pour Noah, bribe minime de leur quotidien mais suffisante pour que je m’y accroche en attendant, fait toute la différence. Bien sûr que je tends la main pour prendre son portable, pour voir la petite tête blonde de mon neveu sur l’écran, bonhomme d’à peine 8 ans qui sourit de tout son coeur, qui a survécu au pire, qui affiche ses couleurs et son amour pour Tad. J’avais vraiment merdé avec le Cooper aussi, oh well. « La tête qu’il tire - oh, y’a sa dent d'en avant qui a fini par tomber. » et je commente, fier comme pas deux, les iris qui brillent et la voix qui tombe presque trop facilement dans la nostalgie. Cora s’aventure en terrain glissant avec une classe et un tempérament que je lui reconnais malgré nos altercations minimisées, et c’est une gorgée d’espresso qui accompagne mon hochement de tête assidu. « Je m’en doute. » y'a un soupir qui passe le long de mes lèvres pour la forme, avant que je prenne le temps de poser toutes mes idées, de m’assurer de ne pas encore une fois lui forcer la main, la rendre inconfortable, quand ses intentions sont nobles, qu’elle mérite pas de se sentir coincée, que je veux absolument pas qu’elle parte d’ici dans une poignée de minutes ou même d’heures avec l’impression que je me suis joué d’elle. Au contraire, elle est loin l’époque où j’ai pu être aussi honnête sans craindre le jugement avec qui que ce soit. « Et dans l’histoire, je pourrais pas être plus fier d’elle que je le suis actuellement. » l’oeil qui scintille de savoir Ginny si épanouie, et un voile de déception de ne pas y assiter, même à distance. « Ma soeur, mes soeurs, c’est mon monde tu sais. » pas de surprise ici, mes actions bien que très facilement jugées n’avaient fait qu’aller dans ce sens toute ma vie. La rousse ne dit pas un mot, me laissant toute la place nécessaire pour relancer mes réflexions, pour m’ouvrir le coeur même si je ne lui demande absolument rien en retour. « De la voir qui a su tenir bon si longtemps, qui s’en sort si bien, qui est tellement capable de tout porter sur ses épaules sans râler, ça me prouve à quel point j’ai toujours eu raison de dire que Gin, c’est la meilleure. » la photo d’elle et de Noah toujours à l’écran du téléphone de la Coverdale, c’est comme si je sentais le regard accusateur, quoi que toujours couvé de bienveillance de Gin qui anticipait la suite. « J’imagine que c’est encore et toujours le côté grand frère trop protecteur qui ressort, et ça va m’en prendre beaucoup pour le chasser. » un rire faiblard qui fend le silence, de ceux qui font mal, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. « J’aimerais juste apprendre à la voir comme une femme, comme une adulte, et pas comme la gamine qui rentrait en larmes à la maison à la fin de ses journées de cours. » et c’est weird à dire, à entendre, c’est malsain, ce lien fusionnel, ce besoin de la protéger, cette dualité de vouloir la voir grandir et de la retenir tout autant par les ailes quand je sais très bien, quand je vois encore plus que sans moi, elle y arrive non sans heurts. « Le temps, hen, le temps. » y’a rien d’autre à dire, y'a rien d’autre à faire, qu’attendre. Autant pour Ginny que pour moi, et c’est de là que part le stress invivable qui bouffe mon énergie, mon sommeil, mon moral. « T’as prévu aller les voir, bientôt? » je perce le calme dans lequel le café est plongé pour bouger un brin, pour me pencher vers l’arrière du comptoir, attraper mon sac, y sortir une boîte emballée par mes soins, identifies au nom du gamin. « J’ai pris ça, pour l’anniversaire de Noah. Y’a le même pour Gin, mais comme je sais que lui est pas au stade de me détester encore, j’aime mieux y aller à petite dose. » et je rigole, et je soupire. Janvier est loin, et j’espère qu’elle fera du messager le rôle le moins ingrat dans l’histoire parce qu'ici, il risque d'être déterminant pour la suite. Et je ne verrais pas ce travail être fait par quiconque d'autre qu'elle, en qui j'ai maintenant un confiance plus qu'infinie.
Il a le visage de celui qui demande la lune alors que la question est sortie d’entre ses lèvres. Sa réflexion prend quelques secondes, parce que même si Ginny ne voulait pas qu’elle partage ce genre d’information, Cora sait ce que c’est qu’être le siblings-paria, celui qu’on met de côté dans la famille et d’observer le regard de Matt qui ne demande que des nouvelles, il ne faut pas plus d’une seconde pour qu’elle se décide à répondre à sa question par la positive. Et parce qu’une image vaut mille mots, c’est le dernier sourire de Noah qu’elle lui tend, la dernière photo à date. « La tête qu’il tire - oh, y’a sa dent d'en avant qui a fini par tomber. » Elle garde son sourire en coin en l’observant s’émerveiller devant cette dernière photo de Noah. Elle ne reprend pas son téléphone tout de suite et le lui laisse dans la main, pour qu’il en profite un peu, pour qu’il retienne bien les traits grandit et en bonne santé du petit garçon. « Je m’en doute. » Qu’il répond, quand elle s’essaie à le tenir au courant sur l’état d’esprit de sa sœur. C’est une position difficile, à laquelle elle avait très peu réfléchit en venant ici que d’être celle qui sait mais qui ne peut pas tout dire. Si Cora pense que Ginny est mieux à découvrir la vie par elle-même, loin de ces personnes qui la retienne et qu’elle avait effectivement besoin d’air et qu’on lui donne sa chance d’être celle qui décide de sa vie et de celle de son fils. Elle ne pouvait s’empêcher d’en avoir le cœur brisé pour Matt qui ne pouvait pas assister à ça. Certains diront qu’il a creusé son malheur. Il n’empêche que pour elle, personne ne sait à l’avance la conséquence de ses actes et que là, la punition peut être sévère. « Et dans l’histoire, je pourrais pas être plus fier d’elle que je le suis actuellement. » Qu’il confie, ce qui la surprend momentanément, ce qui la rassure aussi, parce que Matt n’est pas ce monstre qui la retenu si longtemps. Juste un maladroit. « Ma soeur, mes soeurs, c’est mon monde tu sais. » Elle sait, l’expression de son visage le lui répond sans qu’elle n’ait à ouvrir la bouche. « De la voir qui a su tenir bon si longtemps, qui s’en sort si bien, qui est tellement capable de tout porter sur ses épaules sans râler, ça me prouve à quel point j’ai toujours eu raison de dire que Gin, c’est la meilleure. » Et elle ne peut le nier. Depuis leur toute première rencontre, Cora savait que la jeune femme était un esprit libre qui ne demandait qu’à ce qu’on lui laisse une chance. « J’imagine que c’est encore et toujours le côté grand frère trop protecteur qui ressort, et ça va m’en prendre beaucoup pour le chasser. » Qu’il ajoute, dévoilant une pointe de lucidité sur le fait que son comportement n’a pas aidé la jeune femme. « Oui. » Qu’elle répond simplement avant de se laisser à donner son avis. « Je pense que tu vas pouvoir mettre tout le temps devant toi à réfléchir à pourquoi tu dois laisser tomber cette vilaine habitude. Ce n’est pas sain, ni pour toi, ni pour elle. » De lui dire franchement que c’est ce qui avait causé le malheur de Ginny n’est pas nécessaire n’est pas de rigueur et Cora ne se laisserait pas aller à telle méchanceté, mais elle est elle, lucide sur ce sujet. « J’aimerais juste apprendre à la voir comme une femme, comme une adulte, et pas comme la gamine qui rentrait en larmes à la maison à la fin de ses journées de cours. » Elle ne peut s’empêcher de penser que Matt devrait consulter quant à cette surprotectivité qui est, comme elle le disait, malsaine pour lui. Malheureusement, elle ne sait quoi lui conseiller de réellement effectif. C’est un travail que lui doit faire sur lui-même et elle aurait trop peur en donnant son avis de mêler de ce qui ne la regarde pas. Hors, elle s’est fixée un objectif ce soir passant cette porte : celui d’être la plus neutre possible. « Et si tu commençais par te voir comme un homme à part entière plutôt qu’en tant que grand frère omniprésent ? Ginny est en train de reprendre sa vie en main. Peut-être que ça t’aiderait d’en faire autant ? » Et c’est un avis sincère. Parce que Matt ne semble qu’avoir sa sœur à la bouche, que déjà la dernière fois, ils avaient parlé d’elle et quand elle y pense, elle se demande s’il n’est pas comme ça parce qu’il n’a rien d’autre auquel se raccrocher. « Le temps, hen, le temps. » Qu’il répond, parce qu’au moins tout l’monde est d’accord là-dessus que c’est ça qui arrangera les choses, qui les fera voir plus clair. « T’as prévu aller les voir, bientôt? » Qu’il demande avant de partir en arrière, attirant sa curiosité. « J’ai pris ça, pour l’anniversaire de Noah. Y’a le même pour Gin, mais comme je sais que lui est pas au stade de me détester encore, j’aime mieux y aller à petite dose. » Ses doigts saisissent les bords du paquet pour l’attirer à elle. Elle a compris ce qu’il demande, mais il y’a un monde entre s’assurer que Matt va bien et apporter à Noah ce qui pourrait être considérer comme une tentative de chantage. Elle reste silencieuse, tout en pesant le pour et le contre de cette rencontre avant de reprendre parole, parce que le suspense semble pas loin de le tuer. « J’accepte de demander à Ginny si elle est d’accord pour que je passe ce paquet à Noah. Elle est sa mère et je ne veux pas outrepasser son amitié pour moi en faisant quelque choque qu’elle pourrait réprouver. » Elle est honnête. Ce n’est peut-être pas la réponse attendue, elle imagine bien qu’elle pourrait faire mieux mais, elle ne compte pas s’immiscer dans ce conflit. Être le messager est acceptable, elle ne sera rien d’autre. « En tous les cas, je pourrais te tenir au courant de sa réponse. Je sais que tu aurais préféré que je dise oui mais, je ne peux pas, ce ne serait pas honnête envers toi et ce serait une trahison pour Ginny. »
Pas de raison de voir le temps comme un obstacle, comme une mauvaise chose, de la bouche de Cora. Et elle a raison le pire, je le sais, je le sens. Que les jours qui passent, les semaines qui s’accumulent, tout ça, c’est nécessaire. « C’est une façon de voir les choses, en effet. » elle est extérieure à tout ça, elle a bien vu comment Ginny allait avant, et maintenant. Pareil pour moi, et pour tous ces moments où je n’en menais pas large. Mais bien sûr, y’a toujours ce Matt trop protecteur qui en rajoute, qui est incapable de rester là, immobile, impassible, devant un soeur qui le fuit. C’était pas sain tout ça, Cora l’avait bien dit, et d’avoir eu le corps frêle de Ginny entre mes bras une fois de trop avait suffit à ce que je le sente, ce jour-là, que j’avais dépassé les bornes. Mais c’était plus facile de ravaler, de nier, d’oublier, de me dire que mes bonnes intentions rachèteraient tout. Ça faisait moins mal à l’époque, et ça faisait moins mal aujourd’hui aussi. Mais c’était pas une question pour jouer à l’autruche plus longtemps, surtout quand, en ce moment, ma soeur reprenait du mieux. Avec et sans moi, surtout sans moi, mais là n’était pas la question. Si Gin réussissait à passer à travers tout ça, à se relever aussi fière et aussi forte sans l’aide de personne, qui est-ce que j’étais pour affirmer qu’elle avait besoin de moi à l’heure actuelle? Tout ce temps, c’était moi qui avait eu besoin d’elle, et pour la mériter, pour mériter sa confiance, j’en étais encore bien loin. « Tu sais, je pense depuis un moment à juste arrêter de garder tout ça pour moi, à peut-être voir un psy ou j’sais pas. » les doigts qui jouent avec l’anse de ma tasse, je laisse les mots monter vers Cora avant que mon regard les suivent. « Jill m’en a parlé la semaine dernière, depuis qu’elle voit le sien, c’est le jour et la nuit, alors je me dis qu’il y a peut-être du bon. » j’avais toujours cru qu’un psy était ce genre de béquille de laquelle on n’avait pas besoin en général, qui ne devait être là que pour une crise bien isolée, que pour une panique pas contrôlée, et puiS après plus rien. Mais à force de triturer le tout dans ma tête, et j’ai eu le temps d’y penser, en silence, du fin fond de la réserve. Et le truc fait du sens, encore plus maintenant que j’en parle à coeur ouvert avec Cora. « Au point où j’en suis… un nouveau départ ça serait pas de refus, ouais. » elle relance en proposant le plus simple, les bases pour recommencer, au mieux, pour moi. Le même stratagème que celui dans lequel s’est emportée Gin et qui semble tant lui réussir - pourquoi est-ce que je ne tenterais pas? « À commencer par me trouver un appart. » pas trop l’envie de m’étaler sur le fait que Lene s’est fait une joie de me kick off de la maison il y a un bon moment déjà, et que je vie dans l’arrière-boutique comme un malpropre. Mais tout de même, ce serait bien que j’arrête de me dire que tout ceci n’est que temporaire. Que j’en tire un peu de positif, un peu de constructif au moins. Dans un élan d’espoir, j’ose même lui refiler le boulot ingrat de messagère entre ma soeur et moi ; et sous toutes réserves, je ne manque pas un seul mot de son compromis. « J’en demande pas plus. » je sais bien que j’y suis allé fort, je sais bien que je la place en situation délicate, et le simple fait qu’elle accepte - même sous condition, me suffit plus qu’amplement. « Et si à un moment ou un autre tu sens que t’es pas à l’aise, tu me dis hen. » l’air que j’affiche est tellement plus soulagé, tellement plus en paix, que je dois me faire violence pour ne pas sourire trop grand, trop fort. Elle n’a pas dit oui, elle n’a pas eu besoin. Juste, de savoir qu’il reste encore en moi ne serait-ce qu’une petite parcelle, minime, de montrer que dans toute cette histoire je veux le meilleur pour Gin et Noah depuis toujours suffit. « C’est déjà assez cool d’avoir quelqu’un qui a pas envie de me sauter à la gorge 24/7, je prends que ce qu’on me donne. » et je laisse même aller un rire, pas trop confiant, mais assez soutenu pour qu’il puisse avoir l’air bien vrai. « J’ai l’impression de me répéter, mais elle a de la chance d’avoir des amis comme toi. Comme Tad, et toi. » et c’est là où le pincement au coeur passe direct. Tad. Si avec Cora tout me semblait si facile, c’est Tad avec qui je sais que j’ai amende honorable à faire - et ça, ça sera pas aussi calme que ça pouvait bien l’être avec la rousse depuis son arrivée.
Son opinion se résume en la simple expression du caractère malsain de la relation qui lie Matt à sa –ses – sœur(s). Ce qui devait être un comportement naturel à l’origine est devenu trop poussé à l’extrême et couplé à une maladresse de sa part, il a manqué d’avoir des conséquences pour le moins désastreuse et à caractère irréversible. Ginny avait vécu. Mais rien qu’en pensant à ce serait le présent si son sort avait été funeste, elle s’aperçoit que la bonne foi de Matt ne l’aurait pas sorti d’affaire et qu’il aurait pu finir en bombe à retardement. « C’est une façon de voir les choses, en effet. » Qu’il répond, alors que Cora soutient son regard parce que c’est plus qu’une simple façon de voir les choses, c’est une opinion qui doit être pas mal proche de la vérité et si elle n’en est pas certaine, c’est parce qu’elle n’a pas à sa disposition tous les éléments qui ont précédé sa rencontre avec l’artiste. « Tu sais, je pense depuis un moment à juste arrêter de garder tout ça pour moi, à peut-être voir un psy ou j’sais pas. » Qu’il reprend, sûrement poussé par le regard et les propos de l’actrice. « Jill m’en a parlé la semaine dernière, depuis qu’elle voit le sien, c’est le jour et la nuit, alors je me dis qu’il y a peut-être du bon. » Elle se mord l’intérieur de la joue. Bien qu’elle l’ait pensé, elle a du mal à se dire que le comportement mérite véritablement un suivi professionnel. Toutefois, elle note que c’est un pas vers un changement. « Si tu penses que ça pourrait t’aider, je ne suis pas la personne la mieux placée pour confirmer ou infirmer ta démarche. » Parce qu’elle ne le connait pas assez. Parce qu’elle n’est pas toute blanche. Parce que le sujet la met mal à l’aise. Elle s’autorise néanmoins à lui suggérer de penser à développer sa propre vie, son propre chemin qui ne tournerait pas autour de celui de Ginny. De faire des projets pour lui. Parce qu’à son âge, il est temps qu’il soit autre chose que juste un grand frère. « Au point où j’en suis… un nouveau départ ça serait pas de refus, ouais. » Un mince sourire se trace. Au moins, elle ne dit pas n’importe quoi. « À commencer par me trouver un appart. » Ce qui semble être son premier objectif obtient une réaction de Cora qu’elle réprime très rapidement. Si c’est le top de la liste, alors qu’il commence par ça. « Fais le point. A chaque moment de ma vie où je me retrouve dans une impasse, c’est ce que je fais. Je fais le point, et je met en œuvre la solution. » qu’elle étale, avant d’ajouter très rapidement. « Evidemment, c’est pas toujours un succès. Je t’épargne les détails. » Parce que, si sa technique était infaillible, elle n’en serait pas là, mais toujours est-il qu’elle s’était relevée après la naissance d’Arthur en se fixant un but, elle avait la même chose après sa séparation d’avec Priam et si sa vie n’était pas parfaite, elle avait réussi à construire des choses. Matt saisit l’occasion de lui demander un service. Demande qui met Cora dans une légère impasse. Si elle veut l’aider, elle se refuse à mettre Ginny au pied du mur et plutôt que de faire une fausse promesse, elle offre une réponse sans garantie. « J’en demande pas plus. » Très bien. Elle apprécie que Matt ne cherche pas à abuser de la situation. Elle a le sentiment qu’intérieurement, il a conscience qu’il ne peut pas aller trop vite. « Et si à un moment ou un autre tu sens que t’es pas à l’aise, tu me dis hen. » Qu’il précise, alors qu’elle se prend avoir les doigts qui tournent autour de son café. Elle hausse les épaules, l’air qui transmet sa bienveillance naturelle. « C’est déjà assez cool d’avoir quelqu’un qui a pas envie de me sauter à la gorge 24/7, je prends que ce qu’on me donne. » « Ne t’en fais pas, si je dois refuser, je le ferais. J’insiste juste parce que je ne veux pas que tu prennes pour acquis que Ginny dira oui. » Parce que la dernière chose qu’elle voudrait, ce serait que ça lui tombe dessus. « Et même si elle dit oui, ne pousse pas trop fort. » Sous-entendu, ne te motive pas à en demander plus parce qu’elle est convaincue que les choses s’arrangeront quand tous les deux arriveront à mener leur vie sans l’autre. Surtout dans le cas de Matt, qui semble moins bien vivre la séparation voulu par Ginny. « J’ai l’impression de me répéter, mais elle a de la chance d’avoir des amis comme toi. Comme Tad, et toi. » Elle hausse les épaules, légèrement gênée du compliment. Dans le fond, Cora ne pense pas que Ginny manque de chance avec un frère comme Matt. Le siens ne souhaite que sa disparition du globe et ne s’inquiète en rien la concernant. C’est difficile pour elle de ne pas être jalouse et de voir que ce lien est défait (momentanément, elle en est sûre, mais quand même) « Un jour, elle se rendra compte qu’elle a aussi de la chance de t’avoir. En attendant, on fait au mieux. » Enfin, surtout Tad, Cora avait malheureusement trop de prise avec les médias pour assurer un soutien digne de ce nom à Ginny. « Même Tad. J’ai eu l’écho de votre échange, mais je sens bien qu’il sait que la situation n’est pas optimale comme elle est. »
Elle avait du nerf, la rouquine. Et c’était probablement ce qui faisait que ma soeur l’estimait autant. Cora avait une tête sur les épaules, elle savait prendre le pour et le contre d’une situation, y apposer un regard neutre surtout. Ce que bien peu de gens avaient pu faire depuis le début de cette histoire, et elle dénotera à de nombreuses reprises autant dans mes regards que dans mes mots que je lui en serai éternellement reconnaissant. « Bah, au moins t’es assez honnête avec toi-même pour voir les choses en face. C’est pas donné à tout le monde. » pas besoin d’insister pour qu’on sache tous les deux que j’étais celui qui avait gardé la tête sous le sable le plus longtemps dans cette pièce. C’était pas une fierté, encore moins une nouvelle façon de gratter de la pitié. C’était juste la cold hard truth, et ça faisait du bien de la voir un peu plus clairement. Bien sûr, ce ne serait pas quelques paroles échangées, un encouragement ou deux, la promesse qu’elle tenterait de voir avec Gin si la possibilité d’un cadeau de ma part à Noah suffise, mais au moins, c’était un début, une piste de réflexion, un premier pas vers une direction plus saine pour moi, pour Ginny, pour tout le monde. « Je sais. » et j’inspire, le café terminé depuis un moment et l’envie de troquer les restes de liquide brûlant pour quelque chose de plus fort que je réprime. C’est bon, je n’avais pas besoin d’un énième échappatoire en une rasade d'alcool mal placée. « Je veux juste que tu saches que... » je prends le temps de bien poser ma pensée, encore et toujours plus alerte de faire tout en mon possible pour que mes mots ne soient pas pris à mal. « … je vais vraiment tout faire pour pas merder ce coup-ci. » l’engagement que je prends avec la meilleure amie de ma soeur, mais avec moi-même surtout, aucune arrière-pensée maladroite qu'elle aille lui dire, nah, c'était entre nous deux et personne d'autre. J’aurai qu’une seule chance, le jour où Ginny voudra qu’on retente, qu’on se retrouve, le jour où elle voudra à nouveau me parler comme le grand frère que je suis. C’était pas un truc que je prenais à la légère, c’était pas une option que j’allais brûler comme tout le reste. D’ici là, j’allais tout faire pour get my shit together, et m’assurer de régler mes vieux démons pour ne pas les lui imposer. Elle avait jamais demandé ça, de toute façon. « Prendre le temps qu’il faut, lui laisser toute la place dont elle a besoin. » c’était une bonne chose, aussi, surtout. De rien presser, d’y aller en douceur. Je la savais prudente, je la savais cartésienne, attentive, appliquée. Même si elle était la nana la plus désorganisée du monde au quotidien, pour ce qui était de sa confiance, Gin était on ne peut plus méticuleuse. Autant user de tout ce que je savais d’elle pour bien faire les choses pour nous deux, en temps et lieux. À commencer par reconnaître que pour l’instant, ma place reste sur le banc, que Cora et Tad sont beaucoup plus à même de graviter autour d’elle que je ne le suis actuellement. « C’est pas facile pour lui parce que je lui ai pas trop donné le choix à l’époque. Un autre que j’ai impliqué dans le truc sans calculer les conséquences » le Cooper qui avait été pris à travers le feu, à qui j’avais transférer mon stress et mes doutes et mes agissements en pensant à tort qu’il m’assurerait que je prenais des actions drastiques mais pour une bonne cause. « Ça partait pas d’un mauvais fond, j'espère que c’est ça qui me sauvera un jour à ses yeux. » je pense, j’espère, tellement fort. Parce que je sais, qu’il a à coeur que ma soeur aille bien, aille mieux. Et parce que je sais qu’un jour si je veux retrouver un semblant de relation avec Tad aussi, va falloir qu’il comprenne que moi également, j’avais tout sauf en tête l’immense merdier dans lequel je nous ai tous tiré. « M’enfin. Un lien brisé à la fois, hen. » il m’apparaît normal de ne pas trop m’emporter, de limiter les regrets à un par soir, les interventions à une après l’autre, autrement, je deviendrais beaucoup moins optimiste face à tout ceci. Évidemment, il y a un truc qui me chicote, la connaissant et connaissant un brin sa situation avec sa famille des mots des tabloïds, des bribes de conversations que j’avais pu attraper entre Cora et ma soeur jadis. « Et avec ton frère et ta soeur, ça se passe comment depuis les derniers événements? » parce que j’imagine qu’une bonne partie des conseils qu’elle apporte, elle les a elle-même testés, approuvés. « Je connais pas trop votre relation, mais j’imagine qu’avec tout ce qui arrive c’est pas facile non plus... » et surtout si d’avance, les rapports n’étaient pas des plus chaleureux. Loin de moi l’idée de me mettre le nez trop creux, et juste, j'entrouvre la porte, à ce qu’elle prenne la safe zone qu’est le DBD pour acquis elle aussi, qu’elle expie les mauvaises pensées, qu’elle se vide le coeur et trouve en moi une oreille supplémentaire si besoin. La famille hen, ce concept si logique auquel on s'accroche parfois tellement mal. Au final, peu importe comme on pouvait râler sur nos siblings, à quel point les gaffes se cumulaient, cet amour-là aussi cru et difficile soit-il était vrai et essentiel.
« Bah, au moins t’es assez honnête avec toi-même pour voir les choses en face. C’est pas donné à tout le monde. » Et pourtant, ça ne l’empêchait pas de reproduire toujours les mêmes erreurs. Si Cora était capable de voir sa faute et de faire le point sur sa situation et les problèmes qui l’entourent. Ses solutions restent du court terme et n’arrangent au final pas grand-chose. Preuve en est du tapage qui a lieu dans la presse et de son entourage qui tombe des nues parce que le secret était trop gros, trop bien caché. Elle a compris que cette manie de tout garder pour elle l’avait conduite à là où elle en est aujourd’hui. Est-ce pourtant sûr qu’à l’avenir, elle se défilera pas à la moindre occasion de s’ouvrir un peu ? Non, elle a très peu confiance en elle pour ne pas reprendre le même travers. Mais, les problèmes d’une personne à chaque fois et aujourd’hui, c’est le tour des McGrath. Problème dont elle sait qu’elle ne résoudra pas l’entière issue en une soirée, mais elle prend le risque d’accepter d’être le messager entre le frère et la sœur, sans garantie de succès. Ginny est encore secouée et mérite de s’affirmer. Ce qu’elle vit, Cora l’a vécu il y’a plusieurs années quand elle a pris son courage à deux mains pour virer sa mère. C’est tellement exaltant, d’avoir un champ entier d’opportunités à saisir, de pouvoir décider seule et sans avoir à tenir compte de personne. Matt doit la laisser s’exprimer. C’est primordial pour elle. « Je sais. » Qu’il répond, et Cora peine à le croire. Est-ce qu’il répond parce qu’elle a l’air d’avoir raison ? Est-ce qu’il y croit ? Est-ce qu’il n’essaie pas de juste dire oui pour qu’elle évite le fond du problème ? C’est compliqué à déchiffrer et ce qu’elle se répond, c’est que le temps verra et que ce qu’elle dit, c’est pour elle. Ginny saura se protéger seule. « Je veux juste que tu saches que... » Elle lève les yeux vers lui, l’écoute. « … je vais vraiment tout faire pour pas merder ce coup-ci. » Et là encore, elle veut y croire mais personne sait ce dont l’avenir sera fait et si Matt réussira vraiment à se faire à ce que Ginny soit une adulte à part entière. « Je te le souhaite Matt ! » Qu’elle glisse, doucement, ne sachant pas si elle doit le croire ou si elle doit attendre d’en avoir les premiers effets. « Prendre le temps qu’il faut, lui laisser toute la place dont elle a besoin. » Qu’il énumère et elle a conscience qu’il sait que c’est ce qu’il lui reste à faire, mais tiendra-t-il ? Il l’a dit plus tôt, que ça le rendait fou et elle a peur pour lui, qu’il craque. « C’est ce qu’il faut. J’espère que de ton côté, tu tiendras l’absence ? Attendre sans savoir combien de temps, c’est pas simple. Tu es entouré ? » Qu’elle se risque à demander, avant de finalement anticiper sur sa réponse. « Tu peux m’appeler, si jamais ne va pas. » C’est étrange proposé comme ça. C’est bien au-delà des frontières de leur relation, mais c’est son naturel, aider tant qu’elle peut, même si c’est juste parler. Après tout, elle sait qu’aider Matt, c’est aussi dans l’intérêt de Ginny, même si ce n’est pas la préoccupation de cette dernière en ce moment. Elle assure ses arrières, tout comme Tad. Matt ne tarde pas d’ailleurs à parler du jeune homme. « C’est pas facile pour lui parce que je lui ai pas trop donné le choix à l’époque. Un autre que j’ai impliqué dans le truc sans calculer les conséquences » Qu’il explique, une histoire dont Cora ne connait pas le contenu, juste les grandes lignes. « Ça partait pas d’un mauvais fond, j'espère que c’est ça qui me sauvera un jour à ses yeux. » « Tad n’est pas une personne méchante. » Qu’elle se contente de répondre. Elle ne connaissait pas le jeune homme assez bien, mais de ce que Ginny lui avait partagé, il avait cette gentillesse foncière que Cora ne pouvait pas croire qu’il ne tendrait pas une main à Matt. « M’enfin. Un lien brisé à la fois, hen. » L’ironie. Cora n’ajoute rien. Elle ne sait pas comment cette histoire se terminera et elle a peur de trop s’avancer et de se tromper en lui répondant. Il enchaine finalement en lui posant une question qui ne manque pas de la surprendre. « Et avec ton frère et ta soeur, ça se passe comment depuis les derniers événements? » Elle reste interdite quelques instants. Elle n’étaitp as venue dans l’intention de partager mais elle suppose qu’éviter la question n’aidera pas son problème d’intériorisation chronique. « Je connais pas trop votre relation, mais j’imagine qu’avec tout ce qui arrive c’est pas facile non plus... » C’était déjà pas facile avant. Elle soupire, se doutant bien que Ginny lui a partagé des bribes sans être spécifique. « Et bien, ma sœur n’a pas trop mal pris la nouvelle. Elle a été surprise, elle m’a fait des reproches, on a pas eu une conversation facile et finalement, ça nous a rapproché. » Qu’elle explique, vraiment heureuse de la situation, de sentir qu’elle a réussi à toucher un point, à trouver un terrain exploitable avec elle. « C’est pas facile avec elle, mais je me sens soutenue par elle. Et, ça me fait plaisir. » Qu’elle explique, avant de prendre des traits un peu plus noirs. « Finn, par contre, il a émis le souhait le soir où je lui ai tout dit d’être tenu loin de ce qu’il se passe, que je ne le mêle pas àa ça et je respecte son souhait. Tu sais, je ne suis pas dans sa vie depuis tellement d’année, on développe une seconde peau à force. » Et elle ne le dit pas pour qu’il le prenne pour lui, pour le décourager de sa propre situation mais parce qu’il a demandé et qu’elle n’allait pas mentir. « J’espère que vous avez la rancune moins tenace dans la famille. » Qu’elle se permet d’ajouter, pour alléger le propos.
Pas besoin d’en parler pendant des heures, pas besoin d'extérioriser ma peine à Cora jusqu’à avoir usé de toute sa patience, même si elle est illimitée. À l’entendre parler de sa propre situation, de sa famille qui s’effrite à l’instar de la mienne, y’a des similitudes qui me donnent autant envie de l’écouter, de la supporter, de lui offrir mon aide peu importe pour quoi, pour quand, pour qui elle aura besoin. Mais y’a aussi cette envie immuable de passer à autre chose, d’avancer là-dedans, de sentir que la situation autant pour elle que pour moi s’améliore. Je ne veux rien presser, je ne veux pas aller trop vite et récolter les méfaits de mon empressement trop tôt, trop mal, mais je n’ai plus envie de ressasser. J’en peux plus de rester ici, à vivre dans la réserve, à me morfondre. De l’entendre de la bouche de la Coverdale prend un tout autre sens, parce qu’elle n’a connu que le Matt joueur, le Matt léger, le Matt qui va foncièrement bien, et que comme tous les autres, elle se coltine un raté, une larve depuis trop longtemps à mon goût. Et j’inspire, et je capitule, et je décide à ce que cette phase de mauvaise foi et de dépit se termine en même tempd que mon café. « C’est encore à voir. Quand bien même j’avais de la poudre de perlimpinpin à proximité, je pense que y’a que le temps qui puisse faire quelque chose pour toi comme pour moi. » autant le voir pour ce que c’est. Du temps pour qu’autant Ginny que moi, on apprenne à mieux. Que je reprenne ma vie en main aussi, que je m’investisse dans le café, que je fasse quelque chose de mes dix doigts, que j’arrête de stagner, que je me trouve un appart aussi, ça serait pas tout mal. Et la remarque de Cora sur la rancune des McGrath me fait sourire. « Par chance, je suis la seule tête dure du lot ; Gin et Jill ont jamais été injustes et bloquées comme moi sur n’importe quelle carabistouille qui puisse les froisser, y’a au moins ça. » parce que je sais, parce que je suis au courant ; je m’attaque toujours à des balivernes. Je m’en fais pour rien et ce, depuis toujours. Je suis trop protecteur, trop jaloux, trop possessif, trop présent, étouffant. Et pour quoi? Pour ça. Pour me retrouver au pied du mur, pour me retrouver sans soeur, sans famille, sans potes de près ou de loin. « Merci, Cora. » que je souffle, ramassant sa tasse, inspirant longuement. « T’étais pas obligée de passer ici, encore moins de m’écouter, et surtout pas de repartir avec le cadeau pour Noah et… et pourtant, on en est là. » sa présence m’a fait du bien, j’ose espérer que j’ai pu aider un peu. Et y’a un sourire qui se dessine sur mes lèvres, le premier vrai, le premier honnête depuis bien longtemps. C’est pas tout, c’est pas fini, ça fait que commencer, mais je me dis que maintenant, j'ai peut-être un peu plus une idée précise de ce que je dois faire pour que toute cette histoire soit bénéfique à tout le monde. À commencer par Tad à qui je dois des excuses. La liste de tout ce que j’ai comme changements, comme ajustements à faire dans ma vie, qui se met en place dans ma tête, qui prend position, qui prend tout l’espace restant entre mes neurones épuisées. Du temps, de l’énergie, de la patience. Et l’incertitude au final de faire la bonne chose, mais les bonnes intentions qui tentent d'en faire au maximum. Le changement qui est nécessaire de toute façon ; parce que je peux pas faire pire, parce que je peux pas être plus bas, parce que ça peut pas vraiment se terminer comme ça. « Je dirai pas que je veux que ça revienne comme avant parce que c’était un mess. Mais j’ai bien hâte de voir ce que l’avenir nous réserve. » et d’un signe de menton, je lui désigne le bar qui s’étale le long du mur derrière moi. Comme une proposition, comme une invitation. Un dernier verre, et après on s’y attaque. Un dernier verre, et après, on retourne dans le vrai monde.