| | | (#)Dim 4 Mar 2018 - 12:50 | |
| Ça fait plus de deux mois que la demande en mariage est faites. Je l'ai préparé assez méticuleusement, c'était un coup de stress puis une effervescence de joie, la date a été trouvé et maintenant c'est la préparation qui commence. J'ai commencé a préparer un dossier pour une demande officielle à l'armée pour m'autoriser à porter mon uniforme lors du mariage et ça prend vraiment beaucoup plus de temps que je ne l'aurais pensé. C'est un sacré bazar toute cette paperasse et je pourrais m'éviter bien des galère si je mettais un simple costume. Mais Myrddin aime tellement me voir dans mon uniforme -et je dois dire que je m'y sens vraiment bien dedans- que je lui dois bien cette petite faveur. La surprise n'en sera que plus grande du côté de mon fiancé. Mais l'habillement n'est pas la seule chose à laquelle je dois pensée, il y a aussi tout ce qui traiteur, endroit pour la réception et tout ça. La journée est déjà décidé, ce sera le 10 Septembre prochain. Celui qui nous uniera est déjà réservé, j'ai plusieurs idées d'endroits aussi, mais pour l'instant je suis occupé à choisir le traiteur.
J'ai rendez-vous chez un traiteur de qualité moyenne auquel je me dit que je peux très bien lui laisser sa chance. Il m'avait envoyé un menu qui m'a semblé vraiment très bon du coup j'ai demandé à tester et il m'a donné rendez-vous aujourd'hui, à 14h. Le problème c'est que personne n'a pu venir avec moi. Que ce soit Nathan, Wesley ou l'un de mes frères, personne n'a voulut d'un bon repas gratuit. Du coup, je me retrouves seul et ça c'est moyen car j'ai vraiment besoin d'un regard extérieur. Enfin, peu importe, Myrddin devra se fier à mon seul jugement. Certes, il est souvent vrai et bon, mais ...là je n'ai pas trop envie d'être le seul juge.
Mais, n'ayant pas le choix, je me retrouve devant le traiteur à 13h55 et j'attends cinq minutes sur le trottoir. Tapotant ma cuisse, je marche nerveusement devant la vitrine, tout en me demandant pourquoi je suis aussi nerveux. Mais, alors que je me retourne vers la porte d'entrée, mon regard tombe sur le seul homme qui passe par là. Sans plus hésiter, je m'avance vers lui. «Bonjour monsieur ! » l’interpellais-je subitement « Je ...désolé de vous déranger et ...ça va vous paraître bizarre comme demande mais je ne le ferais pas si j'avais vraiment besoin de vous» expliquais-je avec toute la sincérité du monde « Je m'excuse à l'avance de vous importuner, mais … voilà, je vais me marier dans quelques mois, j'ai rendez-vous chez ce traiteur pour 14h afin de goûter le menu qu'ils me proposent et j'aurais vraiment, vraiment besoin d'un avis extérieur» le suppliais-je presque, au bord du désespoir «Je vous demande 45 minutes de votre temps, pas plus pour déguster un repas totalement gratuit » je me recule légèrement. « Alors ? Vous en dites quoi … ?» demandais-je, espérant sincèrement qu'il accepte ma proposition. Même si, franchement, à sa place, je ne le ferais sans doute pas. Quoique ….un repas gratuit chez un traiteur, ça ne se refuse pas, non ? |
| | | | (#)Sam 17 Mar 2018 - 18:06 | |
| Rigueur et organisation. Voilà bien deux caractéristiques qui m’accompagnent au quotidien, autant sur un professionnel que plus personnel. Et même si je peux m’accorder quelques libertés dans un programme défini, une fois qu’un planning est réalisé, j’aime à m’y tenir et à le suivre dans son intégralité. Cela n’empêche pas d’avoir affaire à quelques surprises desquelles je dois tenir compte et improviser, que j’aborde toujours avec un pragmatisme certains. Un pragmatisme qui ne m’a pas non plus fait défaut en cette semaine particulièrement chargée. Il faut dire que le nouveau projet dont Charles m’a fait part et qu’il désir entreprendre n’est pas des moindres. A la mise en scène, c’est de la chorégraphie qu’il veut y associer. Et si je suis plus qu’enchanté à l’idée d’avoir à penser la scénographie pour une création mêlant texte et danse, la tâche ne sera pas aisée de réaliser un décor qui entre en parfaite cohésion avec le parti pris de Charles à propos de la pièce et dont l’espace laisse toujours une certaine liberté chorégraphique. Une nouveauté pour moi, source de bien des contraintes. Et bien que la contrainte est essentielle pour permettre la création, mon travail de recherche au préalable reste actuellement assez complexe, pour ne pas dire que j’ai bien du mal à dépasser le point mort. Très prenant, mais sans grande avancée. Mais il faut dire qu’en ce moment, ma dévotion totale au travail s’est quelque peu amenuisée. Mon esprit bien plus tourné vers un pan de ma vie personnelle que focalisé comme à mon habitude sur la Northlight Company. Et pour cause : Vassili débarque sur Brisbane fin de cette semaine.
Des années que mon frère et moi ne nous sommes pas revus, je m’attendais bien à l’une de ses visites sur la ville australienne mais certainement pas à son emménagement. Depuis le temps que je lui suggère de toutes les manières possibles d’enfin quitter la Russie pour venir me rejoindre, je n’aurais jamais imaginé qu’il cèderai enfin. Du moins, pas de sitôt. Pourtant animé par cette volonté de voyager et voir du pays, il a toujours tenu à finir son diplôme en Russie avant de penser à s’émanciper de ces terres. Et bien, c’est chose faites ! C’est donc à Brisbane qu’il va entreprendre sa spécialisation en architecture du patrimoine. Je sais que ma réaction au téléphone à son annonce n’était pas aussi explosive que ma joie réelle, mais à mes peu de mots, Vassili a compris mon émotion. Et je n’ai pas laissé passer les jours avant de m’attaquer à l’organisation des préparatifs de son arrivée sur Brisbane. Plus particulièrement de son arrivée chez moi, puisque mon simple appartement va prendre l’aspect d’une collocation. Le point fait avec le propriétaire de l’appartement, j’ai passé ces quelques jours à entièrement réaménager l’espace de vie qui revêtait bien plus l’aspect d’une projection mentale de l’effervescence dans mes périodes de création plutôt qu’à un salon. Des dizaines de maquettes disposées de mon bureau jusqu’à la table de la salle à manger, des multitudes de livres débordant des étagères, le travail de tri fut long et fastidieux. Libérer des armoires pour qu’il puisse disposer ses affaires, déménager mon bureau dans ma propre chambre pour à la place y ajouter un canapé-lit. Une nouvelle disposition qui n’attend plus que l’arrivée de la personne concernée puisque de son côté, Vassili a déjà rempli toutes les formalités d’un déménagement dans un pays étranger depuis bien longtemps. Facilité par son acceptation dans une école d’architecture de Brisbane pour y finir sa spécialisation.
Enfin, pour l’heure, c’est d’un aspect tout aussi concret et pratique dont je dois m’occuper. Vivant seul, entre allers et retours de mon appartement au théâtre, je ne me suis jamais réellement préoccupé du confort ménager de celui-ci. Les repas ne sont pour moi qu’anecdotiques, remplissant principalement sa fonction de besoin vitale qu’une réelle source de réflexion. Frigo presque vide, matériel électro-ménager rendu au stricte minimum. Si je m’en passe bien, je sais que ça n’est pas le cas de Vassili, qui aura d’autant plus d’autres choses à penser à son arrivée que celle de faire les courses de cet ordre là. Et c’est donc tout naturellement que j’ai décidé de me rendre au centre commercial de Spring Hill afin d’y pallier. Je n’ai jamais aimé les centres commerciaux. Beaucoup de gens. Trop d’indécis. Et c’est toujours quand le temps me vient à manquer que j’ai besoin de m’y rendre pour x raison. Mais il faut croire que lorsqu’il s’agit de mon frère, l’optique de me rendre vers des grandes surfaces m’est moins désagréable. Ma présence n’étant pas requise au théâtre pour la journée, je ne suis pressé de rien. Profitant simplement du soleil en filigrane pour parcourir les rues jusqu’à ma destination, une cigarette se consumant tranquillement du bout de mes doigts.
“Bonjour monsieur !” C’est un homme d’une quarantaine d’années, peut-être moins, qui m’interpelle dans ma marche. Me figeant net face à cet adresse aussi énergique qu’inopinée, non pas brusqué par sa vive exclamation mais bien intrigué. Interrogateur dans mon regard face à ce qu’il me présente comme une demande qui me paraîtra bizarre. Peu habitué à ce type d’échange spontané dans la rue qui pourrait vite me rendre froid, c’est pour l’instant ma curiosité qui a pris le dessus. Et pour une demande étrange, la sienne n’est pas des moindres : futur marié, c’est d’un goûteur improvisé dont a besoin cet homme afin de l’aiguiller dans son choix de repas chez le traiteur devant lequel nous nous tenons. A son air presque désespéré, je sens mes yeux s’écarquiller, plongé dans un désarroi de courte durée. Il faut dire que la sincérité de sa demande est frappante, et que je ne peux m’empêcher de penser que l’organisation d’un mariage est décidément bien compliquée. Une pensée pour Myrddin dont j’ai récemment appris le mariage prochain. Prenant une dernière bouffée de ma cigarette presque entièrement consumée. “Un mariage ? Et bien, c’est certains que cette demande n’est pas banale…” Et j’avoue ne toujours pas savoir quoi répondre à une telle requête. Sûr que mon frère aurait sauté sur l’occasion d’entreprendre une nouvelle rencontre, friand de ce type de situation improbable. Et comme engaillardi à la pensé de Vassili aussi sociable que spontané. “Je suis en général assez occupé mais il se trouve que la seule activitée qui composait ma journée ne m’enchante pas au plus au point. Alors, écoutez, pourquoi pas. Si les 45 minutes ne se transforment pas en 2 heures je ne vois pas de raisons de vous dire non !” Car il reste vrai que les tergiversations interminables que ce genre de situation peut entraîner ont tendance à m’exaspérer au plus haut point. Pourtant, j’ai comme l’impression ça n’est pas du genre de mon interlocuteur non plus. “Laissez moi simplement le temps de finir ma cigarette et je vous emboîte le pas.” Ecrasant la clope sur un cendrier de la rue pour la jeter dans une poubelle prévue à cet effet, franchissant la porte du traiteur à la suite de cet homme.
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| | | | (#)Jeu 5 Avr 2018 - 22:56 | |
| Si je n'avais pas été aussi désespéré, je n'aurais sans doute jamais proposé à cet illustre inconnu de partager ce repas avec moi. Peut-être aurais-je avorté l'idée si j'avais été seul, ou peut-être aurai-je fait ce test de repas mais me serais-je senti obligé de revenir plus tard avec une autre personne ? Peu importe, ces questions ne se posent même pas car, passé la surprise, l'inconnu accepte presque volontiers cette proposition. Un long soupire de soulagement s'échappe de mes lèvres tandis qu'un large sourire radieux prend place sur mon visage. S'il n'avait pas eu sa clope, s'il n'était pas inconnu et si j'avais eu bien moins de bon sens, je pense que je lui aurais sauté dessus pour le prendre dans mes bras. Heureusement pour nous deux, je ne suis pas tactile et je préfère sincèrement les mots aux gestes. « Oui, oui bien sûr allez-y, prenez votre temps !» m'empressais-je d'accepter lorsqu'il me dit qu'il veut d'abord finir sa clope «Je vais déjà voir avec le chef à l'intérieur, vous pouvez me rejoindre dès que vous avez fini, ok ? Merci encore» le remerciais-je chaleureusement en passant à côté de lui pour entrer.
Une fois à l'intérieur, je me dirige vers le comptoir échange quelques mots avec la jeune femme qui se trouve derrière avant de la laisser partir dans l'arrière boutique. Pendant ce temps, j'attends tranquillement, observe un peu les mets qui sont exposés en vitrine et me demande si j'ai fait le bon choix en venant ici. A vrai dire, tout ça à l'air appétissant, certes, mais rien n'attire le regard. Je n'ai pas l'impression qu'il y ait quelque chose de spécial dans tout ça. Mais peu importe. Lorsque la cloche de la porte d'entrée sonne, indiquant l'entrée de quelqu'un, je me tourne vers la porte et mon regard capte celui de l'inconnu à la cigarette. Au même moment, un homme sort de l'autre pièce, sourire professionnel sur les lèvres «Monsieur Beauregard, si vous voulez bien me suivre » dit-il en désignant la pièce derrière lui. Je lance un coup d’œil à mon sauveur de la journée et lui fait signe de ma suivre avant d'entrer dans la pièce.
Une simple table avec deux chaise, sobrement mais proprement présenter. Jolie, attirante mais il manque ce petit quelque chose qui … «Mr. Owens, je suppose ? » je me retourne, voyant que l'homme s'adresse au brun et retire un rire. « Ah non, ce n'est pas mon fiancé» répondais-je rapidement à la place de l'autre « Sans offenses monsieur, hein» reprenais-je en posant une douce main sur l'épaule du jeune homme, reportant mon attention sur le chef « Myrddin ...enfin mon fiancé, n'a pas pu se libérer aujourd'hui. Du coup j'ai demandé à notre ami de m'accompagner pour avoir un autre avis» expliquais-je. Le seul mensonge là-dedans c'est le fait que je n'ai pas dit que c'est un simple inconnu que j'ai trouvé dans la rue et que ne savais pas, en se levant ce matin, qu'il allait avoir droit à un repas chaud et gratuit. «Oh, autant pour moi » s'excuse le traiteur en se reculant «Bon eh bien, Messieurs...installez-vous, je vous pris. Mon collègue va tout de suite venir vous apporter le menu et on va pouvoir commencer rapidement » reprend-t-il contenance en indiquant la table. Je souris, hoche la tête et m'installer sur une des chaises.
«Bon » reprenais-je, plus doucement, une fois seul avec l'homme «Je comptes sur vous pour être le plus sincère possible, ok ? Si quelque chose ne vous conviens pas, quoique ce soit, même un détail qui peu vous sembler sans importance peut tout changer. N'ayez pas peur de me froisser moi ou quelqu'un d'autre. Je veux que tout soit parfait pour mon mariage et chaque infime détail est d'une importance extrême » exagérais-je ? A peine. «Au fait je m'appelle Thomas » me présentais-je subitement en lui tendant la main. C'est en attrapant ses doigts dans les miens qu'une image me frappe subitement. «On ….on se serait pas déjà vu quelque part ? Votre visage me dit vaguement quelque chose ... » demandais-je, inclinant la tête sur le côté. |
| | | | (#)Mer 23 Mai 2018 - 2:32 | |
| Si je ne sais pas ce qui m’a pris d’accepter cette requête désespérée, je peux au moins dire à l’intonation soulagée de mon interlocuteur que je lui rends une fière chandelle. Une chance pour lui que je sois de bonne humeur et que mon emploi du temps ne soit pas aussi dense que d’habitude. Après tout, une autre personne se serait bien stoppée à ma suite pour accepter la demande si ma décision avait été celle de passer mon chemin. Car il est certains que je ne me serais pas arrêter par pure pitié. Pas mon genre. Mais c’est le plus simplement que je me suis porté volontaire pour l’expérience, suite d’un raisonnement logique de paramètres énumérés pour moi-même : j’ai du temps et rien à y perdre donc pourquoi pas m’arrêter un instant. Et c’est cigarette aux lèvres que j'acquiesce à sa proposition avant de le voir s’engouffrer chez le traiteur non sans un dernier remerciement : il n’est question que de quelques bouffées avant que je ne le rejoigne. Mais si je compte bien le retrouver à l’intérieur de la boutique du commerçant, c’est avec tranquillité que je finis ma cigarette, n’estimant pas utile de presser sa fin. Disposé à l’aider ne signifie pas non plus que je vais écourter ce petit plaisir. Pourtant, c’est les sourcils froncés que j’en viens à tirer les dernières bouffées de ma cigarette, pas tout à fait serein. Déjà tiquant à mon dernier regard lancé en direction de cet homme qui passe le pas de la porte : si je n’avais pas bien fait attention à son visage, l’esprit encore trop occupé à penser à Vassili et savoir quoi faire face à la demande, ça n’est qu’à présent que j’en viens à m’interroger sur l’identité de l’individu. Un vague air de déjà vu sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt. Et pourtant. Et pourtant il est bien rare que j’oublie un visage. Il faut dire que ma mémoire visuelle ne me fait que très rarement défaut et qu’il est bien agaçant de ne pouvoir mettre le doigt sur ce je-ne-sais-quoi qui me chiffonne. Un lieu par exemple. Celui où le chemin de cet homme et le mien se seraient déjà croisé. Au théâtre peut-être ? Probable. Car mon esprit a beau chercher il n’y voit pas d’autres endroits envisageables. Et c’est en écrasant le mégot de ma cigarette, me tournant vers le traiteur que les éléments viennent à s’imbriquer. Dévoilant une zone d’ombre aux informations liées les une aux autre bout à bout : le traiteur, un mariage, une nouvelle pensée pour Myrddin... Merde. Je n’avais pas reconnu Thomas. Passant à mon tour le pas de la porte venant tinter à mon entrée dans un bruit de clochettes, l’oeil mi-amusé mi-incrédule en direction de l’homme en question.
Si un doute subsistait, encore trop abasourdi par la coïncidence pour accorder autant de crédit à l’éclaircissement apporté sur mon interlocuteur, celui-ci n’est plus possible en entendant le nom porté à l’autre bout de la salle : Monsieur Beauregard. C’est bel et bien sûr Thomas que je viens de tomber par hasard. Fiancé de mon collègue de travail, futur époux. Peu glorieux de ma part de ne l’avoir reconnu que maintenant, quel ami je fais auprès de Myrddin. A ma décharge, nous ne nous sommes rencontrés qu’à deux reprises en coup de vent il y a au moins un an de cela. Il faut croire que son visage n’était pas assez ancré dans ma mémoire. Ou que l’arrivée nouvelle de mon frère me laisse bien songeur. Mais, enclin à le suivre, je peux au moins me rassurer en me disant que lui non plus ne m’a pas reconnu. Et c’est un sourire tout à fait amusé que j’arbore, suivant Thomas dans la salle en arrière boutique. Le moment pas encore venu pour des présentations, profitant simplement du coquace de la situation et ne portant que peu d’attention à la main posée sur mon épaule à sa réflexion à mon égard : non effectivement, je ne suis pas Myrddin Owens. Sans offenses Thomas. Bien trop amusé par la conjoncture pour placer une quelconque remarque. De toutes façons le temps ne m’en est pas laissé. Il faut dire que c’est bien vite que le chef traiteur nous incline à nous installer avant de partir s’enquérir des menus.
Laissés seuls dans la pièce, c’est ma bouche qui s'entrouvre comme pour émettre un son. Désireux de nous mettre sur un pied d’égalité au sujet de nos identités mutuelles. Pourtant, c’est mon familier interlocuteur qui prend le premier la parole, à présent bien plus calmement. Une requête et un maître-mot : faire preuve de sincérité. Pas de mots voilés pour l’occasion. Rien ne doit être pris à la légère pour le mariage. Et je ne peux m’empêcher cette pensée amusée envers Myrddin qui est décidément entre de bonnes mains. Si je comptais déjà m’acquitter de ma tâche avec rigueur en pensant cet homme un total inconnu, c’est avec cette même intention renforcée que je m’y attellerai s’agissant du compagnon de mon ami londonien. Pointilleux et exigeant dans la préparation des festivités, je ne manque pas d’hocher la tête à sa déclaration. “Ne vous faîtes pas de soucis là-dessus, je ne suis de toutes façons pas du genre à mâcher mes mots.” Me gardant bien de rajouter que d’autres au travail pourraient le confirmer. Et c’est comme égayé de cette dernière parole que mon interlocuteur vient me tendre la main, se présentant comme pour une première rencontre. Un dernier sourire amusé sur mon visage à l’interrogation de Thomas alors que ma main vient se saisir de la sienne dans un signe cordiale. Une situation décidément coquace. “Pour ma part il ne fait plus aucun doute que nous nous sommes déjà croisés même si le temps ne fait rien à l’affaire. Je suis Andreï, le scénographe pour la Northlight Company.” collègue et ami de Myrddin dont l’invitation au mariage m’est déjà parvenue depuis quelque temps. Sur la liste des invités pour lesquels nous nous retrouvons à choisir ensemble le buffet.
Instant de surprise mêlé à l’amusement. Il faut dire qu’aucun de nous deux n’aurait pensé retomber après tant de temps l’un sur l’autre. Encore moins dans de telles circonstances. Mais avoir accepté la demande m’enchante à présent beaucoup plus en sachant que c’est pour le mariage du Owens et du Beauregard que je vais donner ma contribution. “J’avouerai que ça n’est qu’en entrant chez le traiteur que vous vous êtes rappelé à ma mémoire et il n’y avait plus d’hésitations possibles à l’énonciation du nom de Myrddin. Nous avons bien été présentés l’un à l’autre il y a quelques temps à la suite d’une représentation” Souvenirs éparses qui se font bien plus clairs à présent. La trentaine qui se fait ressentir. Et c’est un homme dont la présence vient s’ajouter à ce moment de reconnaissance, souriant et menus en mains. “Alors Messieurs : si vous le voulez bien nous allons pouvoir débuter. Le chef fini de préparer les plats tests en cuisine mais nous pouvons déjà vérifier que le menu que nous avons à vous proposer vous convient pleinement.” S’installant au bureau en face de nous, ce sont les cartes qui sont posées sur la table. “Si vous avez des envies particulières, n’hésitez pas à nous en faire part. D’éventuelles modifications déjà à la lecture du menu. Préférences, éventuelles allergies… Tenez.” Tournant la carte dans notre direction, une pour deux, grand titre en haut de page d’une calligraphie travaillée : Entrée. Un léger mouvement de mon buste pour me rapprocher de Thomas avec ma chaise et pouvoir lire les différents propositions écrites. Et si je ne peux me prononcer pour le moment à la place de Thomas, le choix du menu lui revenant, je peux au moins m’imprégner des intitulés qui donnent à imaginer les plats concordant. Sous l’oeil d’un Thomas plus que concentré.
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| | | | (#)Dim 8 Juil 2018 - 16:36 | |
| Je ne pense pas que cet homme sait à quel point il me rend service en acceptant ma requête plutôt incongrue. Ce n'est pas tous les jours qu'on se fait attraper dans la rue et qu'on se fait proposer un repas chaud et gratuit. Et même si cet homme semble d'avoir réellement les moyens de se payer lui-même un bon repas, il finit tout de même par accepter, à mon grand soulagement. Au moins, je ne serais pas seul et j'aurais un autre avis totalement extérieur et ça c'est exactement ce qu'il me faut. D'autant plus qu'en nous installant à la table et après avoir échanger quelques banalité, je comprend rapidement qu'il est quelqu'un de très sincère. Il me le dit d'ailleurs lui-même qu'il n'est pas du genre à mâcher ses mots. «Parfait » déclarais-je, sobrement, avec un hochement de tête, souriant doucement.
Ce même sourire quitte mes lèvres alors que je pose mon regard sur mon interlocuteur et que son visage commence à me revenir à l'esprit. Je me rappelle de lui, de son physique, mais pas de son nom et ça me stresse. Alors je lui pose la question, m'excusant de ma mémoire qui me fait défaut. Mais au final, sa mémoire à lui est correcte et c'est, rapidement, qu'il me rappelle que nous avons déjà été présenté grâce à Myrddin. Andreï, de son prénom, n'est personne d'autre que le scénographe de leur compagnie. « Mais oui ! Andreï, évidemment !» m'exclamais-je en me redressant. Je lui offre un large sourire alors que la porte s'ouvre et que le chef revient, s'installe en face de nous et nous tend une carte.
Je me décale un peu vers Andreï alors que celui-ci en fait de même et pose la carte entre nous sur la table, observant l'intitulé des menus et ne prête que partiellement attention à ce que l'homme nous dit « ça m'a l'air pas mal ...» dis-je a Andreï, mon doigt parcourant les différents choix. «Enfin c'est toujours tellement mystérieux ...'terrine de légumes en tendresse périgourdine' » lisais-je sur un ton moqueur « Suffit de mettre deux ou trois jolis mots qu'on ne connaît pas et hop, ça fait tout de suite super 'gastronomique'» je roule des yeux puis secoue doucement la tête «là … 'prince du sud ouest aux miettes de truffe accompagné de son fagot du jardin en délicieuse rondeur' » je secoue doucement la tête avant de lever mon regard sur l'homme en face de nous qui, je le vois, aimerait beaucoup se cacher et se fait violence pour ne pas réagir «Enfin, on va tester tout le menu. Qu'en penses-tu, Andreï ? T'as envie d'un 'filet de ferra aux cêpes avec sauce du sous bois accompagné de son riz sauvage et délice méridionale' ? » demandais-je en prenant un ton bourgeois, me foutant vraiment bien de la gueule des intitulés du menu. |
| | | | (#)Ven 27 Juil 2018 - 11:24 | |
| Invités à suivre le traiteur dans une autre salle, nous asseyant autour d’un bureau, c’est une carte qui vient être placée entre nos mains. Et de cette proposition incongrue et impromptue de venir tester une carte d’un traiteur auprès d’un inconnu, c’est finalement la route de Thomas que je viens à croiser. La probabilité de passer un moment laborieux mise en déroute par la même occasion. Car si je ne connais que peu Thomas, je me vois déjà amateur de son humour caustique. Il faut dire que découvrant ensemble les intitulés du menu je ne me serai pas non plus vu les appréhendés avec plus de sérieux. Bien qu’acquieçant au “pas mal” de Thomas, je n’en mène pas plus large que lui face aux formules quelque peu pompeuses de chaque plat. Pas plus avancé sur la saveur d’une tendresse périgourdine qu’un prince du sud ouest. Au final, c’est toujours la dégustation qui saura décider du sort de ce traiteur bien moins bavard mais appliquant avec ferveur ce code du “le client est roi”. N’ayant pas perdu son sourire de circonstance malgré les remarques sensiblement moqueuses de mon homologue que j’ai tôt fait de rejoindre dans son jeu, me demandant ce que je pense de sa proposition d’un ton faussement souverain. “Ma foi mon cher, nous serions fou de ne pas nous laisser tenter par ces ‘figuetines de raviole aux légumes de trois couleurs sur leur lit de succulade en enfilade’ !” Quoique partiellement moqueur puisque s’il est vrai qu’il est aisé de tourner en dérision ces quelques intitulés, ils ne m’en donnent pas moins envie d’y planter un coup de fourchette. Ma remarque qui ne sera pas non plus tombée à côté de l’oreille du traiteur malgré sa patience bien mise à mal, n’en démontrant cependant rien. “Et bien messieurs, je comprends que la formulation puisse faire cet effet mais vous avez bien raison : ce qui compte c’est surtout le rendu du plat dans votre assiette et ses saveurs en bouche. Je vous laisse me suivre pour la dégustation.” D’un regard entendu avec Thomas non sans une touche d’espièglerie, c’est dans un même temps que nous nous levons afin de suivre le traiteur dans une salle adjacente.
Une table entièrement dressée sur laquelle une dizaine d’entrées et plats de taille réduite différents se côtoient. S’il y a un point sur lequel le traiteur ne nous aura pas menti, c’est bien la présentation. Aux yeux, rien à redire. Couleurs comme textures. Plaisant et appétissant d’apparence, c’est déjà ça. Encore faut-il que le reste suive et pas de doutes que Thomas attendra son traiteur au tournant. Ce dernier reprenant la parole, désignant de sa paume les entrées réparties sur la table. “Si vous voulez bien vous avancer.” Des fourchettes de dégustation apposées sur le côté dont nous sommes invités à nous saisir, c’est soudain bien plus conscient du rôle que j’ai à jouer dans cette dégustation que ma parole s’élève, me tournant vers Thomas, fourchette à la main. “Au fait, est-ce qu’il y a certaines saveurs que tu désires en particulier ou que tu sais qui ne seront pas du goût de Myrddin ? Que je puisse te donner un envie plus objectif sur les plats.” Car bien que je ne sois pas difficile en matière de nourriture, certains aliments ont toutefois le don de me rebuter. Et ça n’est ici pas de moi qu’il s’agit mais bien du mariage du Owens et du Beauregard et de leur buffet.
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| | | | (#)Sam 8 Sep 2018 - 18:37 | |
| Le menu que le chef nous montre est tellement pompeux que je ne peux m’empêcher de rigoler. Non seulement d’un rire amusé mais aussi et totalement moqueur. Et je fais ça sans retenue, malgré la présence du chef qui ne semble pas savoir où se mettre mais qui garde tout de même son professionnalisme. Je lis plusieurs dénominations de menu à haute voix et j’avoue être pas mal soulagé lorsqu’Andreï me suit dans mon délire. Il a décidément le même humour que moi et je pense que nous sommes fait pour parfaitement bien s’entendre. Ainsi mon rire s’intensifie un peu plus lorsque le jeune homme m’indique que nous serions idiot de nous priver de ‘figuetines de raviole aux légumes de trois couleurs sur leur lit de succulade en enfilade’ le tout sous le regard qui se fait plus blasé du chef.
Afin de, sans doute, couper cours à nos moqueries, il nous invite à le suivre. C’est ce que nous faisons après avoir échangé un regard amusé. C’est dans une pièce adjacente que nous le rejoignons et où nous découvrons les différents plats proposé. Je m’avance et observe la présentation et l’agencement sur les assiettes. Et j’avoue être un peu déçu par le tout. Le menu avait l’air tellement prometteur que voir ces met plutôt simples à mes yeux ne me convient pas totalement. Mais je m’installe tout de même afin de déguster.
Fourchette en main, c’est sur un ton curieux qu’Andreï me demande quelles sont les saveurs qui ne plaisent absolument pas à Myrddin « Franchement, il est aussi peu difficile que moi. Nous aimons tous les deux la cuisines différentes. Cela dit j’avoue que j’ai une bonne préférence pour le sucré/salé. J’adore par exemple les bouts de mangues dans une sauce de curry. Ou alors du pain d’épice dans une sauce brune, tu vois ?» demandais-je à Andreï alors que je tire une assiette vers moi «par contre j’aime pas du tout le goût du café dans les dessert ou tout ce qui est a base de bananes. J’adore le fruit en lui-même, mais j’ai beaucoup de mal avec le goût souvent trop chimique et peu naturel » j’hausse les épaules puis lève ma fourchette « Et Myrddin est allergique aux tomates. Il est donc extrêmement important que dans les plat il n’y ait pas de tomates, que ce soit en entier ou en sauce.» je fronce les sourcils en une moue de reflexion «je …crois que c’est tout. Bonne dégustation ! »
Et c’est comme ça qu’avec Andreï nous goûtons à tout. Et comme la présentation laissant à désirer, le goût n’est vraiment pas fameux non plus. Ce qui me conforte dans l’idée que ce traiteur est plus que moyen et que je le raye de ma liste. Après le dessert qui me laisse un goût amer dans la bouche, nous décidons de partir. Et c’est non sans promettre une invitation à |
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