Know you're wonderin' why I been callin' like I got ulterior motives. But you know we had something so good. So I'm wonderin', can we still be friends? Doesn't have to end and if it ends, can we be friends? △
vittorio & heidi
Un sage homme avait un jour dit : Happiness can be found even in the darkest of times, when one only remembers to turn on the light. Et il y avait rarement eu citation plus à propos pour décrire ma vie à l’heure actuelle. Si professionnellement parlant, les choses continuaient de se développer plus ou moins selon ma volonté et que mon petit atelier de couture entamait lentement son ascension dans le monde impitoyable de la mode, ma vie personnelle se montrait légèrement plus récalcitrante ces derniers temps. A dire vrai, rien n’allait. J’enchaînais les déconvenues, les disputes, les déceptions et les erreurs à la pelle. Je m’étais même retrouvée à devoir faire face à un passé que j’avais bêtement cru révolu lorsque j’avais choisi de laisser Dean derrière moi à Adelaide pour revenir fouler le sol de ma ville natale. J’avais l’impression désagréable de ne plus rien contrôler et de voir toutes mes relations les plus anciennes imploser d’elles-mêmes au fil des mois. C’était épuisant et terriblement frustrant, d’autant plus que j’étais condamnée à attendre que le temps veuille bien faire son effet pour tenter de me laisser reconstruire les choses où elles s’étaient arrêtées. Et tout aurait pu être sombre si une lueur d’espoir ne luisait pas faiblement au loin. En effet, contre toute attente, avec Vittorio les choses étaient simples, presque évidentes : une conversation fluide sans le moindre malaise, une bonne dynamique appuyée par un goût commun pour les joutes verbales, le côté indéniablement rafraîchissant d’une relation toute neuve qui n’avait pas à souffrir des affres du temps et des erreurs passées. Au-delà de nos discussions qui ne tarissaient que rarement, Vitto se montrait digne de son sang italien, glissant çà et là, chaque fois que l’occasion s’y prêtait, de petites réflexions relevant de la séduction. Et si je voyais clair dans son petit jeu, cela n’enlevait rien au bénéfice que je retirais en me sentant belle, intéressante et désirable à travers son regard. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais l’âme d’une adolescente à ses côtés, prenant étrangement mon temps là où j’avais toujours eu la fâcheuse tendance à foncer tête baissée par le passé. Et c’était à notre rythme que nous en étions arrivés peu à peu à trois rencarts officiels passés et quelques entrevues au hasard de la vie et de nos connaissances communes. Il semblait que tout concourrait à nous laisser poursuivre notre rapprochement lent mais bien réel. Pourtant, parce que rien ne pouvait jamais se dérouler parfaitement, il y avait une ombre au tableau : les récentes révélations que Kaecy m’avaient faites. Par un malheureux hasard, une coïncidence sournoise et malveillante, il avait fallu que le fameux Italien dont ma colocataire me parlait depuis plusieurs mois ne soit nul autre que Vittorio. Véritable douche froide qui m’avait rapidement fait redescendre de mon petit nuage. Profitant d’avoir un emploi du temps chargé entre les nouvelles collections à préparer et mon emménagement avec Kaecy, saupoudrés de quelques drames relationnels (comme je semblais y être abonnée), j’avais réussi à éviter de recroiser Vitto sans que cela ne semble trop suspect. Mais faisant désormais face à un emploi du temps bien plus allégé, je n’avais plus d’autre choix que de prendre le taureau par les cornes. Le plan était simple, basique : lui dire la vérité, mettre un terme à ce petit jeu de séduction que nous avions rapidement entamé pour nous concentrer sur une amitié platonique mais non moins sympathique. Parce que, évidemment Vittorio étant l’un des rares éléments positifs de ma vie personnelle, je n’avais pu me résoudre à l’idée de l’évincer purement et simplement de mon entourage. Je voulais pouvoir profiter de ses blagues, admirer le sourire en coin qui étirait ses lèvres de temps à autre, continuer de compter sur lui pour me changer les idées lorsque je m’asphyxiais au milieu des drames de mon existence. Après tout, cette attirance indéniable que j’avais pour lui pouvait encore disparaitre, n’est-ce pas ? C’était du moins ce dont j’essayais de me persuader alors que je l’attendais sur la plage. Je lui avais envoyé ma position exacte grâce au GPS de mon téléphone et était arrivée légèrement en avance pour avoir le temps d’installer tout le matériel sur le spot de surf que j’avais choisi pour la journée. On était loin des lieux de prédilection des amateurs de sensation, mais Vittorio étant un novice en la matière, j'avais fait le choix de la sécurité. Il ne servait à rien de le jeter trop vite dans le grand bain. Ainsi, j’avais, pour l’occasion, emprunté la combinaison de Matteo et sa planche de surf, me basant sur sa morphologie légèrement similaire à celle de Vittorio pour espérer que l’ensemble lui aille comme un gant. En le voyant tout à coup arriver au loin, dans son maillot de bain, je me rendais soudainement compte que l’idée de faire nos retrouvailles sur la plage n’était peut-être pas le meilleur moyen de m’assurer que les choses resteraient totalement amicales entre nous. Néanmoins, je me raccrochais à l’idée qu’une fois en combinaison et maladroit sur sa planche de surf, peut-être le charme indéniable de l’italien en serait quelque peu diminué. Moi-même en maillot de bain, assise sur une serviette de bain en attendant son arrivée, je lui avais adressé un signe de la main, me redressant finalement alors qu’il arrivait peu à peu à ma hauteur. « Tu es donc venu. » glissais-je, sourire en coin sur les lèvres, comme si je doutais de le voir pointer le bout de son nez sur la plage malgré notre échange de texto. « Laisse-moi t’observer. » Et exagérant le trait, je m’étais mise à le jauger de la tête aux pieds : « Deux mains, dix doigts, deux pieds. » énumérais-je avant de relever les yeux pour lui lancer un regard de défi : « Tu n’as vraiment pas d’excuses cette fois-ci on dirait. » Et fidèle à ses habitudes d’européens auxquelles je commençais peu à peu à me faire, il était venu me faire la bise, comme à l’accoutumée. Je ne tardais pas à lui tendre un gobelet en carton, contenant un café encore fumant, alors que je gardais dans mon autre main mon propre breuvage. « J’ai sélectionné le meilleur café de la ville, j’espère qu’il trouvera un minimum grâce à tes yeux. » le taquinais-je, toujours amusée par les grands airs qu’il se donnait lorsqu’il s’offusquait des ersatz de café ou de nourriture italienne que, nous autres australiens, avions l’audace de servir. Sans être certaine de réussir à réellement ravir ses papilles, j’étais presque sûre qu’il noterait l’effort que j’avais fait pour aller traîner ma carcasse jusqu’au Death Before Decaf pour lui offrir ce qui se faisait de mieux à Brisbane selon moi – jugement que je ne réservais pas uniquement sous couvert de mon attachement indéniable au propriétaire de l’établissement. Et avec au fond des yeux une lueur malicieuse, alors que je le regardais par-dessus mon gobelet, j’attendais son verdict alors qu'il portait le café à ses lèvres pour un aspirer une gorgée.
Il lui semblait que les moments où ses mains étaient emmaillotées dans du sparadrap sous ses gants de boxe étaient les seuls où la cicatrice qui zébrait sa paume se faisait véritablement oublier. S’il avait pu rester ainsi strappé en permanence il l’aurait probablement fait, mais il savait ne faire que repousser l’inévitable en ne rendant pas à sa main la mobilité dont elle avait besoin pour terminer de guérir. Le gripper chargé de faire travailler ses articulations dès qu’il avait un moment de libre ne quittait plus sa main, Vittorio l’utilisant presque sans y penser désormais, par réflexe, parvenant presque à s’habituer aux tiraillements qui engourdissaient parfois sa paume. Incapable de se sortir du crâne ses dernières entrevues avec Nino et avec Gaïa, l’italien se sentait pris entre deux feux, coincés entre deux manières totalement contradictoires d’envisager la situation. Il ne savait plus qui blâmer, vers qui diriger sa rancœur et sa haine, et sans qu’il ne soit prêt à l'admettre le fait de n’avoir plus eu aucune nouvelle de son frère depuis leur confrontation au poste de police lui faisait souci. Était-ce le calme avant la tempête, ou bien Nino avait-il suivi à la lettre son conseil de se faire oublier ? Devait-il s’attendre à le voir débarquer face à Kaecy après l’avoir fait avec Liviana, et après ses agissements envers Gaïa ? L’idée lui faisait froid dans le dos, l’imprévisibilité de son cadet pouvant amener à tout et à rien. Pour autant il ne se faisait guère d'espoir lorsqu’il avait énoncé au locataire du casier 57 « J’ai besoin de retrouver quelqu’un. » Une mâchoire proéminente lui donnant de faux airs de bouledogue, le bonhomme était connu dans les étages du complexe sportif pour n’avoir pas que de bonnes fréquentations, mais pour une raison que l'italien ne s’expliquait pas Donnie continuait malgré tout de le tolérer, et Vitto préférait s’éviter des questions inutiles. « Qu’est-ce qu’il t’a fait, ce type, pour que tu le cherches avec autant d'insistance ? » que lui avait en tout cas balancé le chien de garde après qu'il eut donné des détails, l’italien se contentant de hausser les épaules « Ça, ça me regarde. Trouve-le, ton prix sera le mien. » Et s'il avait silencieusement prié pour que le prix en question ne soit pas bien au-dessus de ses moyens, en réalité il se savait effectivement prêt à payer quelque soit le montant. Si Nino était encore à Brisbane il devait lui mettre la main dessus. Obtenant un vague « Je verrai ce que je peux faire. » marmonné l'italien s’en était contenté et avait claqué la porte de son propre casier avant de déguerpir, son sac à dos chargé sur les épaules.
À l’autre bout de Logan City, Heidi venait de lui envoyer sa position GPS et attendait sagement – supposait-il – qu'il pointe le bout de son nez. Sa blessure à la main lui ayant permis de troquer l’initiation au surf contre une séance de cinéma en plein air lors de leur précédent rendez-vous, Vitto n'avait cette fois-ci pas trouvé de moyen de se soustraire à ce qui, pour autant, s'annoncer comme un fiasco annoncé. D’abord surpris que la jeune femme ait opté pour la plage artificielle de la ville, il s'en satisfaisait en supposant que les vagues y étaient moins agressives et qu’elle avait peut-être pitié de lui et de son ego absolument pas prêt à passer plus de temps à boire la tasse qu’à tenir sur sa planche. Et puis il n’avait pas de voiture, au fond, ce n’était pas à Gold Coast qu’il aurait pu la rejoindre. Enfourchant son vélo, l’italien avait prié pour que son sens de l’orientation ne lui fasse pas à nouveau défaut aujourd’hui, la dubitation à l’idée de ce qui l’attendait compensée par le fait d’y être en agréable compagnie. Elle n’était pas prise de tête, Heidi, et c’était probablement ce qui faisait du temps qu’ils passaient ensemble un interlude aussi agréable que bienvenu au milieu du capharnaüm qu’était son quotidien. Et il l’avait trouvée là, baignant nonchalamment dans le soleil sur un bout de serviette, et relevant la tête vers lui lorsqu’il avait attiré son attention dans un éclat de voix tout en déposant son sac à dos à ses pieds. « Tu es donc venu. » Lui claquant une bise lorsqu’elle s’était levée pour se remettre à sa hauteur, elle lui avait offert un « Laisse-moi t’observer. » auquel il avait répondu du tac au tac « Ça va devenir une habitude. » en s’autorisant un sourire en coin, Heidi ne tardant pas à reprendre d’un ton faussement implacable « Deux mains, dix doigts, deux pieds. Tu n’as vraiment pas d’excuses cette fois-ci on dirait. » La gratifiant de son meilleur soupir dramatique pour tenter de se donner une contenance, il avait répondu d’un ton qu’on pourrait qualifier de résigné « Faut croire que j’dois aimer me faire du mal. Mais j’espère pour toi que j'aurais toujours l’intégralité de mes doigts et de mes orteils à la fin de l’après-midi, j'tiens pas à nourrir les poissons. » Et de son point de vue cela aurait être à cent pour cent une plaisanterie s’ils n'avaient pas été dans un pays où le moindre petit insecte pouvait se révéler être un danger morte. Pays de sauvages. Sans se laisser impressionner la jeune femme lui avait finalement tendu un gobelet de café en arguant « J’ai sélectionné le meilleur café de la ville, j’espère qu’il trouvera un minimum grâce à tes yeux. » et sans se risquer à le saisir de sa main faiblarde il l’avait néanmoins récupéré en plissant les yeux d’un air faussement suspicieux « Ce n'est absolument pas une tentative pour m’amadouer, bien sûr ? » Sans plus aucune attente face aux promesses environnantes de café décent, il avait fait mine d'observer un instant le contenu du gobelet avant de le porter à ses lèvres pour donner un verdict. Se laissant le plaisir d’un faux suspens sans doute inutile mais qui l’amusait, il avait finalement admis en dodelinant la tête « Ça va, c’est décent. » simplement pour ne pas avoir à avouer que le café en question était tout à fait correct. Encore un peu trop dilué pour lui, certes, mais il fallait savoir se satisfaire des plus petites victoires. « Tu permets que je le savoure, avant qu’on passe à la partie noyade ? » Exagérer, lui ? Si peu. Et quelque part au milieu de tout cela subsistait aussi la crainte que le sujet Cora ne vienne sur le tapis, parce qu’au milieu du tourbillon médiatique dans lequel elle était prise Vitto ne savait plus ce qu’il pouvait dire ou ne pas dire.
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vittorio & heidi
Aussitôt que Vittorio était entré dans mon champ de vision, je n’avais pu m’empêcher de ressentir un sentiment de joie et de soulagement de le voir répondre à mon invitation aux allures de guet-apens pour lui. C’était plus fort que moi, le temps passe en sa compagnie était toujours particulièrement agréable. Prête à lui faire remarquer qu’il n’avait pas d’excuse cette fois-ci pour échapper à une séance de surf, je lui demandais de me laisser l’observer. « Ça va devenir une habitude. » qu’il rétorquait aussitôt avec un sourire en coin. Je me contenais alors de lui tirer la langue, pas prête de me laisser distraire. Parce que je commençais à connaître l’animal, très beau parleur, à l’image du cliché sur de d’origines, Vittorio était doué pour amadouer son audience. Mais c’était mal me connaître que de croire que je baisserai les armes si vite. Quand j’avais une idée derrière la tête, je ne l’avais pas ailleurs comme le disait l’expression consacrée. « Faut croire que j’dois aimer me faire du mal. Mais j’espère pour toi que j’aurais toujours l’intégralité de mes doigts et de mes orteils à la fin de l’après-midi, j’tiens pas à nourrir les poissons. » J’avais pouffé de rire face à ma théâtralité de l’italien. « C’est bien égoïste de ta part. C’est pas tous les jours qu’ils auraient l’occasion de goûter à la chair méditerranéenne. » répondis-je avec malice. « Enfin, pour éviter de me retrouver avec un procès aux fesses, je m’engage à ce que tu reviennes en un morceau. » ajoutais-je en feignant de bougonner, comme si les exigences de Vitto étaient dérisoires et indécentes. Décidant néanmoins de montrer au jeune homme la bonne volonté, je lui offrais une tasse de café en provenance directe du Death Before Decaf, espérant qu’il le trouverait à son goût - quand bien même écouter Vittorio s’offusquer de la qualité de la nourriture et des boissons servies en Australie était un de mes plaisirs coupables. « Ce n’est absolument pas une tentative pour m’amadouer, bien-sûr ? » me demandait-il suspicieux. Se doutait-il que j’apprenais vite a ses côtés ? Sûrement. Néanmoins, j’affichais un air offusqué, par principe. « Comme si j’avais besoin de ça pour t’amadouer voyons. » rétorquais-je avec un petit sourire en coin entendu. Une petite voix se chargeait de faire résonner un avertissement dans ma tête. C’était une pente savonneuse sur laquelle je m’aventurais quand l’implication de Kaecy dans cette histoire rendait tout plus compliqué. « Ça va, c’est décent. » tranchait finalement le fin palais de l’italien et je levais les yeux au ciel avant de lui asséner une petite tape sur le torse. J’avais cependant parfaitement conscience que le café de Matt venait de me faire remporter quelques points auprès du jeune homme. « Tu permets que je le savoure, avant qu’on passe à la partie noyade ? » J’avais aussitôt pouffé de rire à sa question. « Savoure donc, je ne suis pas une tortionnaire. » répondis-je avec malice tout en songeant que Vitto allait sûrement trouver quelque chose à y redire compte tenu de son enthousiasme à l’idée d’aller chevaucher les vagues sur une planche - du moins de tenter de le faire . « A vrai dire, ça tourne plutôt bien je devais justement te parler d’un truc. » ajoutais-je après un instant d’hésitation alors que je regardais Vittorio reporter son gobelet à ses lèvres. Je venais de me lancer, bien qu’incertaine d’avoir le courage et l’envie réelle de lancer le sujet Kaecy sur le tapis. Mais j’avais conscience que je ne pouvais plus reculer et que chaque seconde que je passerai en faisant de la rétention d’informations à ce propos rendrait la situation plus difficile. Je m’étais plongée dans l’observation quasi religieuse de mon propre gobelet de café, jouant nerveusement de mes doigts sur le couvercle en évitant ostensiblement le regard de l’italien. Et sans savoir si c’était la réalité, je sentais le regard lourd d’interrogation du jeune homme sur moi. Relevant finalement les yeux vers lui, je me lançais, le ton manquant cruellement de cette assurance qui me caractérisait pourtant habituellement. « Tu te souviens de notre second rencard ? » m’aventurais-je alors. [cooor=#cc6666]« Celui au restaurant. »[/color] précisais-je pour plus de clarté. « On a eu tous les deux cette conversation au sujet de nos vies sentimentales respectives. » continuais-je dans l’espoir vain de reculer l’échéance. Devrais-je réellement avoir cette conversation avec Vitto ? Au risque de détruire le côté spontané, naturel et sans prise de tête de notre relation ? Je savais que oui au fond mais mon courage semblait m’échapper cruellement désormais. « Tu m’as parlé de cette fille, celle pour qui tu es venu te perdre à l’autre bout du monde. Mais qui était finalement avec quelqu’un d’autre. » À nouveau je prenais un instant pour rassembler ma contenance, regardant Vittorio en soupirant légèrement. « Kaecy, c’est son prénom n’est-ce pas ? » demandais-je alors nerveusement, me mordillant aussitôt la lèvre inférieure. J’étais curieuse de découvrir la réaction du jeune homme avant de me rendre compte que dit comme ça, la situation pouvait prêter à confusion. « Rassure-toi je ne suis pas une psychopathe qui ait fait des recherches sur toi. » lâchais-je dans un rire jaune. « Kaecy est ma meilleure amie d’enfance et ma colocataire depuis le début de l’année. » l’informais-je finalement avant de guetter sa réaction.
Toute cette perspective d’après-midi ressemblait à un gros traquenard, dans lequel il ne s’était laissé embarquer que parce qu’Heidi en était l’instigatrice. Pour autant, et parce que sa réputation de latin n’était pas en reste, Vittorio ne comptait pas se priver de la possibilité de râler et de se perdre en simagrées plus ou moins justifiées, concernant les risques inhérents au fait de se trémousser sur une planche en attendant la vague tout d’abord, et concernant la mixture caféinée avec laquelle la jeune femme espérait l'amadouer, ensuite. Pas si mauvaise en définitive, mais à mettre sur l’échelle de ce qui se faisait dans ce pays et donc d’un public d'ordinaire beaucoup moins exigeant et difficile à satisfaire que lui. « Comme si j’avais besoin de ça pour t’amadouer voyons. » s'était-elle en tout cas empressée de minauder, arrachant au tatoué un sourire narquois valant toute réponse. Obtenant par ailleurs l'autorisation de prendre le temps de terminer son café – et qu’il accepte de le nommer comme tel en disait déjà long – avant qu’ils ne passent au plat de résistance, dans un « Savoure donc, je ne suis pas une tortionnaire. » un brin moqueur qu’il n’avait sans doute pas volé, il avait enfoncé ses orteils dans le sable chaud avec plus d’aise qu’il n’aurait été prêt à l’admettre. Loin d’en rester là, le visage d’Heidi s’était alors mué en une expression plus sérieuse, tandis qu’était annoncé comme une épée de Damoclès « A vrai dire, ça tourne plutôt bien je devais justement te parler d’un truc. » Méfiant, comme beaucoup au parfum du fait que lorsqu’une femme vous sortait l'argument du « il faut qu’on parle » il y avait généralement de quoi craindre la suite, il avait secoué la tête et questionné du regard pour qu’elle en vienne au fait, elle qui soudainement semblait plus intéressée par le fond de son gobelet en plastique que par le fait de le regarder lui – et qu’on se le dise, Vittorio n’avait pas pour habitude de se faire voler la vedette par un bout de plastique. « Tu te souviens de notre second rencard ? Celui au restaurant. » Celui du restaurant, oui, il s’en souvenait sans avoir besoin qu’elle fasse cette précision à vrai dire, et ne voyant pas trop où elle voulait en venir il s’était permis un « C’est une question piège ? » qu’accompagnait un sourcil arqué avec méfiance. Plus sérieuse que lui cependant, Heidi avait enchaîné « On a eu tous les deux cette conversation au sujet de nos vies sentimentales respectives. » et si l’italien avait acquiescé avec lenteur il ne voyait toujours pas où elle voulait en venir et ne cherchait pas à cacher son incrédulité. L’impatience l’important malgré lui, il lui avait alors coupé la parole pour répondre « Écoute si c’est une histoire de peur de l’engagement ou je ne sais quoi, j’te rappelle qu’on s’est engagés à rien de plus que mettre les pieds sur une planche de surf, alors j- … » Mais l’interrompant à son tour, Heidi avait repris toujours avec cet air qui lui donnait l’impression de manipuler le bouton d’activation de la bombe atomique. Ou si peu. « Tu m’as parlé de cette fille, celle pour qui tu es venu te perdre à l’autre bout du monde. Mais qui était finalement avec quelqu’un d’autre. » Maintenant il était perdu. Et trop occupé à se demander ce que Kaecy venait subitement faire dans l’équation, il lui avait en fin de compte fallu plusieurs secondes pour que le « Kaecy, c’est son prénom n’est-ce pas ? » ne lui monte au cerveau et qu’il bloque sur le prénom employé. « Je vois pas bien où tu ve- … attends, quoi ? » Incrédule, il avait laissé tout un tas de scénarios dévaler dans son crâne et machinalement fait un pas en arrière avec méfiance. Vittorio n’était pas du genre à étaler sa vie privée où que ce soit et auprès de qui que ce soit, et instantanément l’idée qu’autrui ait pu dégoter la moindre information à son sujet qu’il n’ait pas sciemment décidé de dévoiler activait un voyant d’alerte au-dessus de son crâne. Et peu importe que le autrui en question fasse moins d’un mètre soixante et s’exprime d’une voix fluette. « Rassure-toi je ne suis pas une psychopathe qui ait fait des recherches sur toi. » s’était en tout cas nerveusement défendue Heidi en le voyant réagir, reprenant presque aussitôt « Kaecy est ma meilleure amie d’enfance et ma colocataire depuis le début de l’année. » et provoquant chez Vitto une expression incrédule et un blanc dans la conversation qui s’était étiré durant plusieurs secondes. Jusqu’à ce que, malgré toute sa bonne volonté, un éclat de rire nerveux ne lui échappe et ne le persuade de terminer son gobelet de café pour se donner une contenance. Vraiment, c’était une blague. Retrouvant un minimum de sérieux, il n’avait cependant pas pu s’empêcher de faire remarquer « Au moins elle ne m’a pas menti, l’autre s'est vraiment fait la malle. » avec toute l’ironie dont il disposait, et comme s’il s'agissait là de l’information principale à retenir de la situation. Oui, bon. « Pardon, hm. » S’éclaircissant la gorge, il avait forcé le retour de sa poker face « C’est du haut-niveau de coïncidence, écoute. Enfin je vois pas quoi te dire d’autre. » Elle connaissait Kaecy, bon, le monde était petit, la coïncidence prêtait à rire deux minutes … Mais il ne voyait pas bien quoi lui dire de plus, et en même temps elle avait le regard de celle qui attendait autre chose. Une autre réaction, peut-être, et pourtant n'avait suivi qu’un vague roulement d’yeux tandis que Vitto avouait « Mais j’admets avoir sans doute un peu enjolivé la réalité en prétendant avoir traversé la moitié du globe uniquement pour elle. » L'envie de faire mouche face à une Heidi qui lui semblait verser un brin dans le romantisme, probablement. Pas que Kaecy n'ait pas penché du tout dans la balance, soit, mais elle n’avait pas été l’unique motivation à sa prise de décision. Sans compter qu'elle ne pesait actuellement plus assez lourd pour incliner la moindre de ses actions, ne s'en étant jusqu’à présent jamais donné les moyens.
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vittorio & heidi
Et sans autre forme de procès, je me décidais à lancer le sujet qui me taraudait l’esprit depuis que Kaecy avait laissé fuiter l’information – loin de se douter qu’elle venait de balancer une bombe. Je n’y allais pas vraiment avec le dos de la cuillère, décidant d’annoncer la couleur à l’italien avec la phrase qui était sans aucun doute la plus redoutée de toute la gente masculine, celle-là même qui poussait tout à chacun à se remémorer ses dernières actions en quête d’une erreur commise par le passé, attendant le verdict avec autant d’impatience que d’appréhension. Pas vraiment d’humeur cependant à faire durer le suspense – bien trop effrayée de me défiler si je n’y allais pas d’un coup sec – je poursuivais sur ma lancée, tête baissée et le cœur déjà l’amende vis-à-vis de cette confession qui avait le pouvoir de tout changer et de tout compliquer. Aussitôt, j’avais senti le bellâtre se crisper légèrement, perdant son sourire narquois et séducteur au profit d’un regard inquisiteur à mon attention : « C’est une question piège ? » Je secouais alors la tête, bien trop sérieuse pour que cela me ressemble réellement, alors que j’enchaînais, prenant pour acquis le fait qu’il n’avait rien oublié de notre précédente entrevue. « Écoute si c’est une histoire de peur de l’engagement ou je ne sais quoi, j’te rappelle qu’on s’est engagés à rien de plus que mettre les pieds sur une planche de surf, alors j- … » intervenait-il aussitôt, près se décharger de cette conversation qui ne s’annonçait pas réellement joyeuse comme l’on se débarrassait d’une patate chaude. Cette fois-ci, je ne le laissais pas continuer davantage, ne souhaitant pas lui laisser l’opportunité de me distraire de ce but que je m’étais fixé : lui dire la vérité au sujet de Kaecy. Garder les secrets, vivre sur des non-dits et des malentendus, c’était mon pire cauchemar et cela m’avait valu bien des désagréments et coûté bien des amitiés et des relations ces dernières années. A l’aube de mes trente ans, j’étais fermement décidée à changer ça et à ne pas laisser mes anciennes mauvaises habitudes reprendre le dessus. La Heidi 2.0 ne se défilait plus, elle s’armait et fonçait tête baissée dans le tas en espérant très fort ne pas s’y briser le cou, mettant fin sur le coup à tout malentendu. Je me sentais déjà assez mal de n’avoir rien dit à Kaecy lors de notre conversation à propos de Vittorio, au plus tôt cette situation serait éclaircie, au mieux ce serait pour nous tous. Me surprenant presque moi-même, j’avais poursuivi sur ma lancée, évoquant pour la première fois le nom de ma colocataire face à l’italien. « Je vois pas bien où tu ve- … attends, quoi ? » s’exclamait-il aussitôt dans un mouvement de recul que j’aurai presque dû prévoir mais que ne me faisait pas pour autant plaisir à voir. Mais je finissais bien rapidement par comprendre que ce pas en arrière esquissé par le jeune homme n’avait rien à faire avec le fait de voir Kaecy évoquée, mais plutôt le choc que je sois parvenue à remonter à pareille information sans qu’il ne m’en ait donné le moindre détail lui-même. Je me reprenais alors aussitôt, expliquant comment j’étais parvenue à savoir qui était cette mystérieuse jeune femme qui l’avait marqué suffisamment pour qu’il quitte sa Dolce Vita au profit d’un Man VS Wild revisité aux saveurs de cafés insipides sur le sol australien. Et ce fut alors l’incrédulité la plus totale qui faisait désormais place à la méfiance sur le visage de Vittorio. L’observant en silence, lèvres pincées sans trop savoir quoi dire, je l’avais regardé dans l’attente presque désespérée d’une réaction qui ne tardait pas à venir, mais qui me prenait de court. Pour sûr, je ne m’étais pas attendue à entendre son rire nerveux. Le voir prendre la poudre d’escampette, ça oui, le voir se défiler peu à peu en prétextant un rendez-vous urgent, ça oui, mais rire ? Oh, ça non. « Au moins elle ne m’a pas menti, l’autre s'est vraiment fait la malle. » Toujours déboussolée par sa réaction, je ne parvenais pas à trouver quoi répondre avant qu’il n’enchaîne à son tour : « Pardon, hm. C’est du haut-niveau de coïncidence, écoute. Enfin je vois pas quoi te dire d’autre. » Toujours aussi incertaine de la façon dont je devais réagir face à sa propre réaction, je restais muette à l’observer un instant. « Du haut niveau ? Tu veux rire ? C’est de la coïncidence niveau boss final de Dark Souls à ce stade. » rétorquais-je finalement, ne trouvant rien de mieux à faire que de comparer nos vies à un jeu vidéo – mais compte tenu des scénarios se déroulant dans celles-ci, il était presque sensé de se poser la question si tout ceci n’était pas qu’un gigantesque jeu vidéo. Sans savoir pourquoi la réaction de Vittorio me laissait perplexe. Pourtant maintenant que je me posais honnêtement la question de ce que j’avais attendu de cette conversation, je ne savais pas quoi répondre. J’avais redouté qu’il décide de ne plus me parler après ça, et ce n’était pas le cas. J’avais eu peur que cette révélation ne gâche notre toute naissante complicité et il ne semblait pas non plus désireux de s’éloigner de moi. Alors pourquoi ne parvenais-je pas à simplement me réjouir de tout ceci ? « Mais j’admets avoir sans doute un peu enjolivé la réalité en prétendant avoir traversé la moitié du globe uniquement pour elle. » tranchait-il alors. Ah. Ca par contre, je ne l’avais pas vu venir. Mais ça non plus, je ne savais pas quoi en penser. L’amitié et l’affection que je portais à Kaecy me poussaient à me sentir désolée pour elle, dans un sens. Quand une part de moi se réjouissait de savoir que peut-être, je n’aurai pas à faire une croix définitive sur mes entrevues sympathiques avec le jeune homme. « Je t’avoue que je ne sais pas quoi te dire non plus. » lâchais-je dans un pouffement de rire à la fois nerveux et soulagé. « Je m’attendais plutôt à te voir prendre tes jambes à ton cou, si je dois être honnête. » confessais-je alors dans une moue mi désolée mi amusée. « Enfin, tu ne penses pas à fuir à l’anglaise, hein ? » demandais-je alors en lui lançant un regard de défi. Jouant toujours un peu nerveusement avec mon gobelet de café, je me décidais à reprendre la parole sur un ton plus sérieux. « Je ne lui ai pas dit que je te connaissais. Je préférais voir ta réaction d’abord. » reprenais-je alors, décidant d’aller jusqu’au bout de ma confession, histoire de ne pas jeter aux ordures mes bonnes résolutions. « Si tu préfères que l’on fasse comme si on ne se connaissait pas et qu’on arrête de se voir, je comprendrais. La dernière chose dont j’ai envie c’est de me mettre entre vous. » dis-je alors, sans grand enthousiasme néanmoins, l’angoisse de le voir accepter cette proposition qui refaisait surface sournoisement. « Ça ne me ferait pas plaisir, mais je lui dois au moins ça. » Parce que ce ne serait pas la première fois que je me mettrais au milieu des relations de Kaecy, compliquant celles-ci sans même le vouloir. Et après le scandale que ma relation avec Elio avait fait, je n’étais pas prête à recommencer de sitôt. « Oh… » lâchais-je soudainement, comme prise d’une révélation divine, avant d’exploser de rire. « Cet autre homme dont tu parlais la dernière fois et là encore… C’est Elio n’est-ce pas ? » Détective Heidi avait reprit du poil de la bête et comme toujours, je finissais par assembler les pièces des différentes informations que je parvenais à glaner çà et là au hasard de mes conversations. Et cette fois-ci, je continuais de rire, parce que la situation était réellement hilarante si je ne m’étais pas trompée sur la question. « Ce n’est pas du tout ce que tu penses, Vitto. » Et pour cause, j’étais la mieux placée pour savoir qu’entre Kaecy et Elio, il n’avait jamais été question que d’une pure et franche amitié sans la moindre ambigüité.
Quelles étaient les chances, c’est vrai ? La probabilité qu’en arrachant la petite annonce « recherche colocataire » sur laquelle était noté le numéro de téléphone de Bob, l’italien se remonte jusqu’à celle dont le souvenir avait en partie motivé son expatriation précipitée au pays des températures extrêmes et des animaux mortels ? Faibles, ridicules, et malgré cela il avait rencontré Bob – qui lui avait présenté Cora – qui connaissait Heidi – qui clôturait le cheminement jusqu’à Kaecy, et tout dans cette situation aurait pu le prêter à rire avec amertume s’il n’était pas de naturel aussi méfiant. Il n’était même pas tant question d’Heidi et d’éventuelles mauvaises intentions, au fond la jeune femme avait l’odeur de ces personnes inoffensives face auxquelles on finissait par relâcher sa vigilance … Mais l’italien avait besoin de compartimenter sa vie. Besoin de ne pas mélanger les torchons et les serviettes, le professionnel et le personnel, l’officieux et l’officiel, le passé et l’actuel. Kaecy appartenait au passé, et Heidi aurait pu se creuser une place docile et agréable dans l’actuel si révélation fâcheuse il n’y avait pas eu. Et si le « Je t’avoue que je ne sais pas quoi te dire non plus. » s’était soldé par un rire empreint de nervosité auquel un « Je m’attendais plutôt à te voir prendre tes jambes à ton cou, si je dois être honnête. » était venu succéder, l’italien déjà sentait la désinvolture qu’il avait d’abord tenté d’adopter s’effriter au profit d’un fatalisme qu’il ne connaissait que trop bien, aussi habitué était-il à le ravaler pour continuer de donner le change. Nuovi posti, stessi problemi. « Enfin, tu ne penses pas à fuir à l’anglaise, hein ? » Entre ses doigts le gobelet cartonné faisait grise mine, subissant les affres de la nervosité de la jeune femme tandis qu’elle guettait sa réaction. Provisoirement bon joueur, Vittorio s’était néanmoins à son tour fendu d’un rire fugace au moment de répondre « Je trouverais difficilement une meilleure excuse que celle-ci pour échapper aux vagues, pourtant. » d’un air défiant, son propre gobelet de pseudo-café désormais terminé et ses bras ballants témoignant de sa résignation quant à l’activité du jour. Ayant plus à cœur que lui de mettre les choses au clair en profondeur, Heidi n’en était pas restée là pour autant, Kaecy de nouveau au centre de la conversation tandis qu’elle lui assurait « Je ne lui ai pas dit que je te connaissais. Je préférais voir ta réaction d’abord. » sans qu’il ne s’aventure à demander quelle réaction au juste avait-elle imaginé. « Si tu préfères que l’on fasse comme si on ne se connaissait pas et qu’on arrête de se voir, je comprendrais. La dernière chose dont j’ai envie c’est de me mettre entre vous. Ça ne me ferait pas plaisir, mais je lui dois au moins ça. » Croisant les bras sans lui accorder de réponse immédiate, l’Italien l’avait observée un moment comme s’il s’attendait à la voir subitement changer son fusil d’épaule – tout cela semblait n’avoir aucune logique. « Tu mettrais en péril plusieurs années d’amitié parce qu’un mec que tu connais à peine te le demande ? » Purement rhétorique, la question n’était là que pour illustrer sa vision des femmes et de leur conception si particulière de la limite entre camaraderie et concurrence – dans l’esprit un brin rétrograde du macho qu’il savait être, en tout cas. « Mais sans vouloir me vanter – ou si peu – si mon intention avait été de récupérer ta copine, elle serait avec moi à l’heure qu’il est. Ni toi ni personne ne se met plus en travers de quoi que ce soit. » Plus maintenant, du moins, et s’il y avait bien un adage auquel Vittorio s’accrochait c’était celui de pouvoir se faire avoir une fois, mais certainement pas deux. Le sous-entendu ne lui échappant pas la jeune femme n’avait en tout cas pas mis longtemps à relier les points avant de demander « Oh … Cet autre homme dont tu parlais la dernière fois et là encore … C’est Elio n’est-ce pas ? » mais pour autant il y avait de ces sujets qui fâchaient terriblement, et à peine l’avait-elle gratifié d’un « Ce n’est pas du tout ce que tu penses, Vitto. » un brin précipité que Vittorio avait secoué la tête et coupé court à la tentative d’explication et à sa saveur douce-amère de déjà-vu. « Tu sais quoi, je pense qu’on devrait s’en tenir au programme initial. Et éviter les sujets qui fâchent. » Le dénommé Elio en étant assurément un, sans grande surprise. Dès lors l’italien avait fait état d’une concentration presque trop assidue pour être honnête concernant le surf, les points d’équilibre et ce qu’il y avait d’indispensable à savoir sur comment prendre une vague sans en avaler la moitié la seconde suivante. Demi-victoire, la plage n’en était pas ressortie vidée de son bout d’océan mais le sang du jeune homme serait probablement plus salé qu’un jambon de pays pendant les jours qui suivraient, à la hauteur du nombre de tasses bues en tentant d’être un élève assidu. Pas un mot de plus concernant Kaecy, un talent inné d’un côté comme de l’autre à faire comme si de rien n’était, et finalement chacun était rentré chez soi en promettant de s’appeler sans avoir la moindre certitude de tenir sa parole.